a life, a story - Maël, aaah Maël.
Il a toujours été ce qu’il est. Même petit, il n’a jamais été l’enfant bavard et fanfaron en recherche constante d’attention. Son truc à lui, c’était le calme et l’économie de mots. Pas du genre bruyant, il a toujours préféré faire ses petites bêtises en douce, ne révélant qu’un sourire malicieux assumé lorsqu’on le prenait sur le fait. Trouble fête ? Pas forcément, disons qu’il aime l’adrénaline depuis l’enfance. Ce petit piment qui rend l’humain surhumain. Sûrement quelque chose d'hériter de ses parents.
Inexpressif et bourru dans les quelques mots qu’il utilise, il a pendant longtemps été un gamin solitaire à l’école. Ce n’est pas difficile de se faire un groupe d'amis quand on n’en veut tout simplement pas. A la maison, il a été seul jusqu’à ses six ans alors jusqu’à cet âge-là, le fait de ne pas avoir de copain ne faisait que lui rappeler le quotidien de la maison. A la maison, il avait toute l’attention de ses parents. A l’école, c’était les maîtresses. Les adultes, ça ne parle pas inutilement. Ça ne crie pas. C’est mieux.
Puis Blake est arrivée. A changer son quotidien. Elle a été accompagnée de son petit frère un an plus tard. Plus bruyant mais pas moins attachant. L’enfant était déjà protecteur avec ses parents, surtout avec sa maman. Vous le voyez l’enfant pas très haut qui se place devant sa mère pour dire à l’adulte que s’il continue, il va avoir à faire à lui. Eh bien, c’est ce petit Maëlan Rivers qui n’a pas froid au yeux. Qui n’a pas peur de menacer et d'exécuter. Puis, l’arrivée des plus petits, de sa sœur -son âme jumelle- et son petit frère -vrai trouble fête, lui-, n’a fait qu’attiser un petit peu plus ce sentiment. Un mot de travers. Un geste déplacé et Maël ne réfléchissait pas plus, ça partait tout seul. Ça a toujours été comme ça.
Pourtant, il n’est pas violent Maël, il ne fait simplement pas l’effort de se retenir. Il est le calme et en même temps la tempête. Il sait se retenir mais ne le fait simplement pas souvent. Un sifflement dans la rue et il se retournait le regard lourd de sens. Le respect est important. Autant que la famille. Alors manquer de respect à sa famille. S’il ne fallait pas embêter Blake,  c’était la même chose pour Corban. On le dit sur-protecteur depuis toujours. Pourtant, il se souvient très bien du jour où il n’a pas pu protéger sa sœur. C’était la prison ou elle et elle s’était sacrifiée. Il avait remis les pieds dans les combats clandestins pour extérioriser sa colère de la voir enfermée. Parce que Maël, gérer sa colère, il sait pas faire.

Ce n’est qu’au collège qu’il a eu ses premiers potes. Il a donné sa confiance et n’a jamais eu à la reprendre. Même si ça ne l’a pas rendu plus bavard, il s’est bien amusé. Les chiens ne font pas des chats et ces derniers ne s’en approchent pas. Traînant dans des lieux divertissants et peu recommandables, il sait plusieurs fois retrouvé embarqué à des soirées dans des cimetières, dans des parcs d’attractions fermés ou abandonnés, à faire des courses de voitures ou de participer à des combats clandestins et puis d’autres genre de bêtises qu’on fait au lycée. Surtout quand on a accès avec aisance à l’illégalité dans laquelle on a toujours été bercée. Le genre de connerie qui envoie votre sœur en camp de redressement pour jeune quand vous vous faites chopper…
Ce n’était pas un féru de cours. Durant une longue période, il n’y est allé que pour s’amuser. Déflorer des lycéennes dans les toilettes les plus sordides du lycée. Ce genre de choses. Il a mis un premier pied à la fac pour ces mêmes raisons. Les étudiantes sont mignonnes. Moins maintenant, elles ont l’âge de Corban. C’est dégueulasse. Puis sa spécialité finance et contrôle de gestion a fini par l’intéresser. Pour les chiffres, il n’y avait pas de travail de groupe. Pas besoin de papoter pour rien dire. Les chiffres, c’est simple. En cours, il était devant pour éviter les bavardages et les nuisances des autres étudiants en chaleur et sur le côté pour rappeler aux gens de le laisser tranquille. En cours, c’était le mec habillé en noir. Celui au regard imperturbable, à l’aura sinistre et à l’attitude arrogante et détestable. Celui avec quelques tatouages par-ci par-là.
Quelques-uns ont été fait au lycée. Des fêtes trop alcoolisées. Un pote qui essaie. Certains ont été recouverts, d’autres non. D’autres viennent de L.A -Los Angeles pour ceux qui n'y connaissent rien-. De cette période post-fac où Maëlan s’est dit qu’il pourrait essayer la légalité. Rien à voir avec ses études, lassé des chiffres, il se fait employer par concours de circonstances comme garde du corps de star. C’est sympa. Mais ça manque de quelque chose. Il ne prend qu’un an pour se lasser de tout cela. Sincèrement, ça manque de piment. Proche de sa famille, il ne ressent pas le besoin de rentrer alors il se trouve un nouveau job. Videur et vigile pour une boîte de strip-tease. C’est sympa. Les meufs sont belles et pas difficiles. Le job ne demande pas trop de tchat, juste des gros bras. Mais la légalité manque de ce frisson du danger. C’est trop propre. Pas assez sordide. Il est sain d’esprit mais comment dire qu’il tient à ce frisson. Il rentre à Monterey l’année d’après et retrouve son quotidien et ses proches avec un sourire aux lèvres. C'est rare de le voir expressif en public

La distance ne tue pas les relations. Elle ne détruit pas les liens du sang. Revenu comme s’il n’était jamais parti, Maël n’a jamais perdu sa place dans cette ville. Embarqué dans l’affaire de sa sœur, c’est avec force qu’il la soutient et l’aide au quotidien. Laisser sa sœur faire affaire avec les pourris de cette ville, pas sans sa protection. Les activités légales cachent le frisson de l’illégal. Tout est lissé, bien caché. Blake prend les devants, Maël surveille les arrières. Blake négocie, Maël menace. L’illusion du mauvais garçon, de l’homme dangereux, il la tient à la perfection. Elle lui va bien au teint. Il tient même à la préserver pour elle. Pour sa sécurité.
Lui sans elle, ça n’existe pas.
Pourtant voilà que la vie met son grain de sel. Voilà que la vie veut tout lui enlever. Des méfaits, il en a commis mais le karma n’est-il pas trop injuste ? Il donnerait sa vie pour qu'elle reste de ce monde. Il sait qu'elle se battra pour combattre le cancer mais Maël est pessimiste. Des horreurs, il en a bien trop vu pour croire au bon côté de la vie. Sa sœur, son tout, va lui être enlevée. Son sang est devenu colère et voilà qu’il remet les pieds dans les combats clandestins. Pas pour les bonnes raisons. Il n’a rien à prouver. Seulement la colère, il ne sait pas la gérer, il sait seulement quand il a besoin de la dégager. Il n'a pas besoin de fric, il en veut même pas. Il veut qu’on lui rende sa sœur. Il veut que le cancer dégage. Il veut l’emmener ailleurs, la sauver par il ne sait quel moyen. Mais ça, il ne peut pas le faire. Impuissance, c’est un sentiment qu’il connaît mal. Ça le frustre, ça l’enrage alors il part se défouler. Taper sur des inconnus qui ont besoin de se sentir exister. Des cons qui devrait avoir un cancer à la place de sa sœur.
Il est une bombe à retardement.