Pour un article de plus.
ft   @Qiang Lian    

Je crois que j’y suis. Enfin, je suis arrivé.
Levant les yeux en direction d’un immeuble d’une hauteur raisonnable, je plisse des paupières et me sert de ma main droite comme une visière afin de farouchement me protéger des agressifs rayons d’un soleil éclatant qui règne dans le ciel, ce matin-là. Notre magnifique ville de Monterey a survécu à un été plus que caniculaire et malgré quelques bribes d’un vent glacial, le soleil reste de la partie et ne semble pas prêt à nous quitter de sitôt. Vêtu d’un simple tee shirt de marque et d’un jean parfaitement ajusté, je soupire, jette une dernière fois un coup d'œil sur le minuscule morceau de papier que je finis par chiffonner et enfoncer dans la poche arrière de mon pantalon.
Je n’ai plus aucun doute, c’est la bonne adresse.
Là où habite, à priori, l’objet de mon futur article. L’agression ultra violente et surtout gratuite d’un agent de police est intéressante, si captivante que j’ai décidé de m’occuper de ce futur papier moi-même. Être le grand patron du journal de la ville, The Real News, possède de nombreux avantages et le plus intéressant reste celui de gérer mon emploi du temps comme cela me chante. Je pourrais me tourner les pouces derrière mon effrayant bureau jusqu’au soir ou bien aboyer sur la dizaine de collaborateurs tous plus incompétents les uns que les autres qui m'entoure. Mais au lieu de cela, ce matin, j’ai décidé de m’atteler à la rédaction d’un article qui fera, je l’espère, beaucoup de bruit. Je compte bien en faire ma une pour le lendemain, alors, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois dégoter cette interview. Et je compte bien utiliser tous les moyens possibles afin d’arriver à mes fins. Peu importe le temps que cela prendra, peu importe si je dois mentir, tricher, corrompre.
Sans le savoir, je prends cet article très à cœur. Il me sert d’excuse afin de ne pas rentrer à la maison, là où je pourrais retrouver ma vie de famille qui sombre, jour après jour, une femme qui me suspecte sans doute de ne plus m’investir dans notre couple et auprès d’enfants envers qui je me sens comme un parfait étranger.
Mais ces démons, je dois les laisser de côté. Pour le moment, je suis Ezra Keller, un journaliste aux dents longues et à la soif de dégoter la vérité afin de l’écrire et de la présenter au reste du monde.
Enfin décidé, je me dirige vers la porte de l’immeuble, que je franchis sans encombre après avoir aidé une habitante, une adorable grand mère, à porter ses courses jusqu’à son logement et qui se fait un plaisir de m’indiquer où se trouve exactement l’appartement de l’homme qui m’intéresse tant. Après avoir chaudement accepté ses remerciements et un paquet de biscuits faits maison, je me recoiffe, distraitement, inspire longuement et toque à la porte d’un autre appartement, plein d’assurance. Dès que la porte s’ouvre, j’arbore mon plus charmant sourire et pose cette question chargée de bon sens et de spontanéité:

Monsieur Lian? Bonjour, est-ce que je peux entrer?

Bon, on dirait bien que t’es rouillé, vieux Keller. T’étais un as en la matière, mais il semble que t’es un peu… trop frontal.
Croisons les doigts pour que cette tactique s’avère payante, tout compte fait…

Pour un article de plus.
ft   @Ezra Keller    

Comme un lion dans une cage, le policier tournait en rond dans son appartement. Le médecin lui avait ordonné de se reposer et il ne pouvait pas retourner travailler. Qiang n'avait pas l'habitude de rester les bras croisés. Pendant plusieurs années il avait voué tout son temps à son boulot, mettant en péril ses relations. Le jeune père était le genre de flic à sauter dans sa voiture dès la moindre urgence, annulant à la dernière minute un rendez-vous avec le mec qu'il voyait. Evidemment, une fois c'était compréhensif, deux fois c'était un peu frustrant, mais au bout de trois fois c'était énervant. Alors ça finissait par une rupture. Il y avait aussi le fait que Qiang souhaitait rester dans l'ombre et ne pas afficher son homosexualité. Pas par honte, non, mais par crainte de la fureur paternelle si jamais cela arrivait jusqu'à ses oreilles. Ca aussi ses anciennes relations ne le comprenaient pas. Alors le jeune homme continuait de se perdre encore plus dans son travail pour oublier sa peine. Puis il y avait Zoé à présent aussi, il essayait d'être présent le plus possible pour elle mais encore une fois son boulot prenait le dessus. Il ne voulait pas que l'on l'affecte à un poste ennuyant. Il était un homme de terrain, quand bien même cela amenait à des agressions surprises. Le coupable n'avait pas encore été retrouvé et il était compliqué de toute façon de chercher quelque chose dont on ignorait l'apparence. Le type l'avait attaqué par derrrière et il n'avait donc pas vu son visage. La seule chose dont Qiang se rappelait c'était le coup sur son crâne. Heureusement, rien de grave n'avait été détecté ensuite dans les différents examens qu'il avait fait. Sa tête était plus dure qu'il ne l'avait pensé. Cependant, il avait encore souvent des migraines et il devait prendre une sacrée dose de médicaments pour pouvoir dormir. Malgré son état, il continuait de veiller sur Zoé et il sortait tout de même un peu pour l'accompagner jusqu'à l'école avant de rentrer chez lui retrouver sa solitude. Ses collègues l'appelaient de temps en temps pour prendre des nouvelles mais presque personne ne venait lui rendre visite; pour la simple bonne raison que Qiang n'avait jamais invité personne chez lui à part son meilleur ami, Linh et peu de ses ex. Sa plus longue relation était la plus récente et elle s'était terminé avec le même motif que d'habitude. Qiang se sentait responsable évidemment mais Léo sera plus heureux avec quelqu'un d'autre que lui. Probablement.

Il était actuellement en train de lire un livre super ennuyant lorsque des coups sur sa porte s'était fait entendre. Qui cela pouvait-il bien être ? Le policier avait soupiré, de mauvais poil aujourd'hui, et posé son bouquin sur la table basse avant de se lever pour aller ouvrir. Il ne s'attendait pas à voir un inconnu sur le pas de sa porte.

- C'est bien moi. Et vous êtes ?

Demanda t-il, pas vraiment prêt à laisser entrer une personne qu'il ne connaissait pas dans son appartement.

Pour un article de plus.
ft   @Qiang Lian    

Je suis un journaliste.
Un putain de journaliste.
Et c’est tout ce qui me caractérise. Depuis toujours et aussi longtemps que possible. Tant que la passion fera battre mon coeur, je serais invincible. Seul face au reste du monde, je n’aurai qu’une seule envie: le dévorer. Et prétendre en être le Roi est un défi qui est loin de m’effrayer. J’ai toujours été très ambitieux, sans doute trop, mais qu’importe. Je suis en phase avec moi-même et être détesté n’est qu’un futil détail qui m’importe peu.
À cet instant précis, je n’écoute que mon instinct le plus primaire dans mon existence professionnelle, celui qui m’a toujours guidé et profondément animé. Même si aujourd’hui, j’occupe la place la plus haute de la sphère des médias, je n’ai jamais perdu l’essence même de ce qui compose ma profession: dénicher la vérité. Même si la tâche paraît ardue, voir impossible, je fonce tête baissée et je ne m’arrête que lorsque j’ai obtenu ce que je désire. Écrire le plus sensationnel des articles a toujours été à mes yeux le défi ultime, au point que nombre de mes pairs me surnomment, affectueusement ou non, “le pitbull”. Quand j’attrape une proie dans ma mâchoire, je ne la lâche pas avant d’en avoir décidé.
Parfois, je mords, parfois, je me montre clément.
J’opterais aisément pour la seconde option tandis que je découvre enfin le visage du prochain sujet de mon article. Je sens ma respiration manquer, les battements de mon cœur s'accélérer. Mais heureusement pour moi, je garde un impressionnant sang froid. Certes, cela fait des années que je ne me suis pas livré à ce fâcheux exercice mais au fond, ça doit être comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Je prends le temps de respirer, d’offrir un sourire aussi charmeur que sincère. Dans ma poche, je peux sentir la protubérance provoquée à cause de mon smartphone et de mon bloc-notes. Ma méthode de collecte des informations est un savant mélange entre nouvelle technologie et notation à l’ancienne, un combo que j’apprécie et que je ne changerais pour rien au monde, je suis bien trop attaché à mes habitudes, dans le travail. Mais la tâche s’avère bien plus complexe. Je sens bien que Monsieur Lian est sur le qui vive. Et qui ne le serait pas?! Réfléchissant à la vitesse de la lumière, j'entrouvre mes lèvres afin de baragouiner une excuse qui, je l’espère, sera convaincante:

Vous… À en juger par l’impression que vous me faîtes, vous ne pouvez pas rester plus longtemps sans un nouveau système de surveillance! La sécurité, c’est important, non? Il ne faudrait pas que vous puissiez recevoir des visites mal intentionnées…  

Bon, Ezra, t’es clairement pas crédible et tu es le premier à le savoir.
Mais au fond, qui ne tente rien n’a rien… Et c’est bien le jour pour commencer à croire en un adage aussi con qu’inspirant.
N’est ce pas…?

Pour un article de plus.
ft   @Ezra Keller    

Le policier avait haussé un sourcil face au commentaire de l'inconnu sur la sécurité. Visiblement, il ne savait pas que dans ce domaine, Qiang était déjà bien renseigné et qu'il y avait depuis longtemps une alarme chez lui, surtout avec une enfant qui s'était ajouté dans l'appartement. Toutefois, l'homme qui lui faisait face ne ressemblait pas du tout à un vendeur en porte à porte. Ceci ne faisait qu'encore plus rendre Qiang suspicieux, ses yeux ressemblant à ceux d'un serpent alors qu'il fixait son vis à vis.

- Mon appartement est très bien sécurisé. Mais vous n'êtes pas un vendeur n'est-ce pas ?

Supposa-t-il à voix haute, espérant que cet homme n'était pas un voleur mais généralement il venait sonner chez les personnes âgées pour profiter de leur faiblesse et non chez un jeune homme. Il y avait aussi d'autres personnes vicieuses qui était capable de se faire passer pour quelqu'un d'autre : les journalistes. Son agression n'avait pas fait le tour du monde mais simplement remplis une petite case dans les faits divers et Qiang avait refusé toute demande d'interview à ce sujet. Il n'aimait pas se mettre dans la lumière et il n'y avait de toute manière pas grand-chose à dire.

- Dites-moi ce que vous faites véritablement ici ou j'appelle le gardien

Il faudrait que ce dernier soit informé que des personnes non invitées se permettaient d'entrer. C'était pour cette raison que le jeune père n'appréciait pas trop de vivre dans un immeuble mais à l'époque il vivait seul et il s'était mal vu acheter une maison rien que pour lui. A présent il y avait Zoé comme habitant supplémentaire mais il ne voulait pas perturber la petite qui avait fini par s'habituer à ce nouvel endroit.

Pour un article de plus.
ft   @Qiang Lian    

Je suis toujours sur le pas de la porte, ne sachant pas encore si le flic, objet de mon prochain article, acceptera de me laisser entrer. Mon cœur cogne contre ma poitrine, l’attente est tout bonnement insupportable. Je suis le premier à l’avouer, ma méthode est bien hasardeuse. Et pourtant, je ne suis pas capable de mieux, à l’instant T. Très hésitant et plus qu’en colère de me montrer aussi peu malin, je bouillonne et tente de ne rien laisser transparaître.
La question claque dans l’air, impossible de passer outre. La suspicion est à son comble, voilà pourquoi je finis par abdiquer, n’oubliant pas mon sourire légendaire afin de répondre, le plus simplement du monde:

En effet, je ne suis pas un vendeur ambulant. Ezra Keller, rédacteur en chef du journal de la ville de Monterey, “The Real News”. Enchanté.

Enfin, la vérité prend possession de ce curieux échange. De toute manière, inutile de poursuivre un mensonge aussi ridicule, il ne tiendrait pas plus longtemps. Keller, ne te voile pas la face plus longtemps, tu n’es plus aussi efficace qu’avant. Fût un temps où tu pouvais embobiner n’importe qui pour obtenir les informations les plus confidentielles. Où rien ne te faisait peur et aucun défi ne te paraissait inatteignable. Mais à force de vouloir grimper les échelons afin de te retrouver au sommet de ta profession, tu en as oublié l’essence même: la recherche active de la vérité. Tu te pavanes mais tu n’agis plus… Pauvre de toi.
Keller, tu es à présent dos au mur. Pas d’échappatoire possible, c’est le moment de tout donner. D’abattre tes dernières cartes, toi qui ne cesse de t’entraîner au casino de la ville. Chaque soir, quasiment toutes les nuits de la semaine, tu cherches ce frisson, cette adrénaline et tu ne cesses de flirter avec la limite du raisonnable.
Pourquoi donc continuer à te restreindre alors que clairement, il n’y a plus aucune autre option envisageable, à part celle d’être enfin transparent avec le flic?
Après une longue inspiration, je finis par plonger mes mains dans les poches arrières de mon jean et avoue, le regard planté sur le visage suspicieux de mon, je l’espère, futur hôte:

J’ai appris pour votre agression. Et j’aimerais en faire un article. Non pas en présentant une victime mais plutôt en expliquant à quel point un tel déchaînement de violence n’est pas acceptable. Qu’est ce que vous en pensez, vous…?

C’est comme à la roulette, en quelque sorte. J’ai lancé les dés.
Les jeux sont faits, rien ne va plus…!

Pour un article de plus.
ft   @Ezra Keller    

Son intuition avait encore vu juste. Il aurait préféré se tromper pour une fois mais son interlocuteur ne mentait pas, cela se voyait et le nom Keller lui disait aussi vaguement quelque chose - autre que celui de son ex petit-ami. Ce dernier était heureusement pas au courant du lien par alliance qu'il y avait entre eux, inexistant actuellement de toute manière. Qiang refusant d'afficher son couple, ce qui avait amené Leo à en avoir marre et à rompre en plus d'autres choses dont le policier était uniquement responsable.

- Et qu'est-ce que vous me voulez monsieur Keller ?

Il se doutait bien que le journaliste n'était pas venu entrer par effraction dans l'immeuble et sonner à sa porte simplement pour lui parler de la pluie et du beau temps. Surtout après avoir essayé de l'entourlouper avec la sécurité. Qiang n'appréciait pas trop les paparazzis, ces personnes qui passaient leur temps à fouiner n'importe où et semer la zizanie surtout chez les peoples. Qiang avait eu sa dose, notamment lorsqu'il était plus jeune après la mort de sa mère. Etant le fils d'un grand chef d'entreprise qui pesait des millions de dollars sur la santé, évidemment que la famille Lian n'avait pas été laissé tranquille.

- Je vois

Il n'était guète emballer par cette idée, surtout que ce n'était pas un passage dont il était très fier quand bien même ce n'était pas de sa faute si un type l'avait frappé par derrière. Mais si l'article de Keller était bien monté, peut-être que cela permettrait aux civils de faire attention de leur côté ou même ses collègues.

- Je veux bien répondre à vos questions mais seulement si vous me jurez que mon nom n'apparaîtra pas.

Il pouvait l'appeler X si besoin ou même Robert mais Qiang n'avait pas envie d'attirer l'attention sur sa personne et encore moins l'inquiétude de son père. Ce dernier ne vivait pas à Monterey mais il était au courant de -presque - tout en ce qui concernait son fils unique. Autant dire que lorsqu'il avait appris pour son agression monsieur Lian avait fait en sorte que cela soit le meilleur médecin qui s'occupe de lui.

Pour un article de plus.
ft   @Qiang Lian    

Bon, on ne peut pas dire qu’il soit particulièrement coopératif, le bougue. Faudrait pas pousser, hein, Keller, tandis que tu forces le passage afin de pénétrer chez lui. Non pas grâce à la force physique mais plutôt celle que tu fournis grâce à ton arme la plus précieuse: la persuasion.
J’ai toujours su convaincre, galvaniser les foules, étant un orateur de choix et présentant à chaque fois un argumentaire qu’on ne pouvait défaire. C’est dans ma nature la plus profonde, d’obtenir gain de cause. J’aimerais aisément pû devenir avocat, défendre les plus faibles ou ceux qui auraient tout simplement besoin de justice… Mais j’ai préféré mettre à profit ce talent en servant la noble cause du journalisme. C’est tout de même mieux que de finir trader à Wall Street, n’est ce pas?
Quoi que, il n’est jamais trop tard pour changer de carrière.
Mais qu’est ce que tu racontes là?! Journaliste, c’est dans ton sang, c’est une passion qui t’anime depuis toujours. Déjà, au lycée, je tenais le journal du lycée, sorte de gazette qui n’intéressait pas grand monde, jusqu’au jour où j’ai décidé d’en faire le point de ralliement de nombreux ragots et évènements en tout genre. Quelques mois après, je recevais le prix d’excellence de la part du directeur en personne.
Voilà ce qu’est un Keller dans toute sa puissance.

Mais revenons-en à nos moutons. Le noble âge d’or d’Ezra Keller n’est pas tout à fait enterré, je suis encore plus que valable, je peux encore briller et plus encore. Sourcillant quand aux derniers propos du policier, je rétorque aussitôt, aussi convaincu que convainquant:

Je le jure sur tout ce que j’ai de plus cher.

Et la main du mauvais côté de la poitrine, hein, on en parle? Côté du portefeuille, ce qui compte le plus à tes yeux, n’est ce pas, Keller? Oh et puis, qu’est ce qu’on en a à foutre, hein? Tout ce qui compte, c’est que j'obtienne enfin l'entrevue tant convoitée.
Le plus dur reste à venir.
Je fais mon entrée dans l’appartement, je tente de ne pas paraître trop intrusif mais c’est plus fort que moi, mon regard ne cesse de vaciller sur chaque détail de son intérieur, tentant d’y débusquer des informations diverses. Prenant définitivement mes aises, je m’installe sur le canapé, tout en dégainant mon calepin et mon stylo fétiche, commençant mon interrogatoire:

Très bien Monsieur Lian… J’ai besoin que vous me racontiez en détails cette histoire sordide.

Mes sourcils se froncent, j’arbore mon air le plus sérieux, le plus déterminé, le plus focalisé qui soit.
En route pour un des articles les plus retentissants de l’année…

Pour un article de plus.
ft   @Ezra Keller    

Qiang ne savait pas vraiment s'il pouvait faire confiance à ce journaliste, s'il allait tenir parole et garder son nom anonyme dans son article. Il n'avait pas envie d'avoir des ennuis avec sa hiérarchie ou de subir des représailles de la part qu'il avait dérangé dans ce bâtiment abandonné avec les autres policiers. Mais il supposait aussi que Ezra n'allait pas partir sans rien, il avait l'air têtu et prêt à tout pour avoir son article. Qiang ne savait pas vraiment ce que cette affaire pouvait apporter, à ses yeux c'était un fait divers parmi les autres. Le jeune homme avait fini par se pousser pour laisser entrer le journaliste dans son appartement parfaitement rangé. N'ayant rien à faire, Qiang s'était lancé dans le ménage à fond et même si d'habitude ce n'était pas bordélique, on voyait bien que c'était un peu trop propre.
Il avait haussé un sourcil lorsque le journaliste s'était posé sur le canapé comme s'il était chez lui. Qiang secoua la tête, allant chercher un verre d'eau dans la cuisine ouverte du salon.

- On avait reçu le signalement d'une planque de dealer

Commença-t-il en posant le verre d'eau sur la table basse devant le journaliste. Il aurait pu lui proposer un café aussi mais il avait l'air surtout avide de son histoire.

- Un groupe de policier a été envoyé là-bas et j'en faisais partie. C'était un grand bâtiment alors on s'est séparé par équipe de deux...A un moment donné je me suis retrouvé tout seul et un type m'a frappé derrière le crâne avec une barre de fer.

Par réflexe, il avait posé sa main sur sa blessure qui n'était pas encore totalement guérie. Le médecin l'avait prévenu que cela mettrait du temps ainsi que ses migraines à partir.

- Il a continué ensuite à me frapper jusqu'à ce que je m'écroule. Lorsque je me suis réveillé j'étais à l'hôpital.

Il n'y avait rien d'extraordinaire de plus à raconter. Ce type n'avait pas dit un mot ou quoi lors de l'agression. Mais lorsque sa collègue était arrivée, elle n'avait vu personne. C'était en tous les cas ce qu'elle lui avait dit.

- Je n'ai pas vu son visage. J'ignore qui est ce type. Je sais que la police ait retourné dans le bâtiment avec plus de renforts mais ils n'ont rien trouvé.

Cela aurait été trop simple évidemment. Les dealers avaient dû changer de planque à la suite de ça. Qiang était frustré de cet échec, s'il avait été plus prudent, les choses auraient été différentes.