tw : troubles alimentaires, disparition

Une nuit à la salle de sport pour bien commencer l'année, Lola ne pouvait pas rêver mieux mais pourtant depuis fin novembre rien n'allait. Jusqu'à présent, elle appréciait travailler à la salle de sport mais depuis qu'elle doit désormais représenter la Californie à Miss USA, elle a dû réduire ses heures. Alors c'est peut-être pour ça que son patron a insisté pour qu'elle travaille un premier janvier. De toute façon, le réveillon de la Saint-Sylvestre avait un goût amer. Sans Sam, rien n'avait de saveur et dans sa peine, elle avait déjà perdu deux kilos depuis Hawaï. Elle se rendit alors sur son lieu de travail en trainant des pieds presque mais comme un masque, son sourire éclatant s'affichait sur son visage alors qu'elle saluait les occupants en se mettant à son poste à l'accueil. Sourire colgate qu'elle s'emploie à arborer pour ne pas avoir à se justifier.

Pourtant, elle voyait bien les regards de pitié qui se posent sur elle que ce soit dans la rue ou quand elle va faire les courses avec un membre de sa famille d'adoption. Sans parler des commentaires qu'elle peut entendre mais elle a appris à rien dire, à encaisser et à tout garder pour elle. Qui sont ceux au fond, ceux qui la connaisse vraiment ? La Miss California pourrait les compter sur les doigts d'une main. Allie, Lars, Daphné, Loïs et Kenny (même si elle prenait un malin plaisir à embêter son frère adoptif depuis la disparition de Sam, tout a été redistribué). Il n'y a pas une minute sans laquelle, elle se sent coupable d'avoir été la dernière des idiotes avec sa sœur adoptive. Si un Dieu existe, il la punie pour son attitude, hautaine, froide et critique. Elle n'a que ce qu'elle mérite et c'est parce qu'elle a été méchante avec la blonde que celle-ci a fini par disparaitre dans la nature. Se blâmant encore et encore, elle a laissé l'anorexie prendre plus d'ampleur. Elle ne se souvient même plus si elle a mangé aujourd'hui alors qu'il est prêt de 21 heures quand elle prend son service. Derrière son bureau, une gourde d'eau, elle but alors quelques gorgées tout en regardant autour d'elle, son masque toujours bien affiché sur son visage.

Un jeune homme poussa alors la porte, elle le reconnut immédiatement, Corban Rivers. Le genre de garçon qui lui plait autant qu'elle déteste mais dans son rôle d'hôtesse d'accueil, elle levait les yeux vers lui, toujours impressionnée par sa grande taille.

« Bonsoir Corban. Bonne année, toi aussi tu la commences à la salle de sport ? Ou ça fait partie de tes résolutions que tu vas finalement pas tenir ? » commença-t-elle, alors.

Elle marqua une pause, fatiguée de jouer le rôle de la garce sans cœur. Elle ne veut plus être la reine de beauté qu'on méprise, ce qu'elle veut c'est avoir enfin une vie normale. Pourtant, elle a voulu tout ça, la lumière, les regards fixés sur elle, ce besoin de reconnaissance. Les compliments, les followers mais tout ça devient trop dur à porter pour une jeune fille qui n'a pas encore vingt ans.

« Pardon. T'as toujours été assidu. J'espère que tu brilleras au basket, cette année. Go Otters ! » reprit-elle, plus calmement.

Mieux, Lola. Tu t'améliores qu'elle se dit dans son for intérieur. Elle pourrait presque s'applaudir. Ses yeux se posèrent alors sur le regard du basketteur qui lui faisait face et elle se mordit la lèvre inférieure. N'empêche qu'il a un truc. Impressionnée, attirée certainement, elle ne saurait mettre un mort sur la nature de ce qu'elle ressent. Jamais elle n'a été douée pour exprimer ses sentiments alors que pourtant, elle a réussi à être élue plusieurs fois reine de beauté. Egalement ancienne cheerleader, elle a toujours été populaire mais au fond, ceux qui sont adulés, c'est ceux qui jouent le plus un rôle.

CODAGE PAR AMATIS

   

Baby don't get greedy

   

Baby, you got lucky 'cause you're rocking with the best
And I'm greedy. I ain't talking money, I'm just physically obsessed.
gym with @Lola Harlow

   On ne va pas se mentir, tu t'étais pris une sacré cuite hier. Le Nouvel An oblige, tu n'avais pas refusé l'invitation d'un de tes amis à une grosse soirée près de l'université. Comme toutes les autres fois, tu avais bu jusqu'à plus soif et en espérant oublier tout ce qui te tracassait. C'était d'ailleurs pour ça que tu buvais en général. Ça n'a d'ailleurs pas loupé puisque tu as émergé dans le lit d'une parfaite inconnue, dans ton apparat le plus simple. Ce n'était pas la première fois et ce ne serait sûrement pas la dernière. Petit hic : quand tu oublies, tu oublies tout. Et il va s'en dire que tu ne saurais même pas mettre un nom sur la chevelure blonde qui te chatouille l'épaule. Vite, il fallait que tu t'échappes avant qu'elle ne se réveille et que la situation devienne malaisante. Ni une ni deux, tu avais sauté dans tes vêtements éparpillés dans la pièce et tu avais filé à l'anglaise.

   De retour à ta colocation, tu avais erré à droite à gauche pour trouver de quoi te mettre sous la dent. Tel un zombie, tu trainais la patte et grognait de temps en temps, signe que tu avais faim et que t'avais un putain de mal de crâne. Sur le moment boire c'est bien, mais la redescente du lendemain est moins plaisante à voir. En tout cas, ce qui était sûr c'est que tu n'allais pas faire grand chose de la journée. Sûrement te poser devant ton pc pour te mater quelque chose ou jouer un peu, à la limite. Si tes trois neurones qui se battent en duel te le permettaient. Heureusement que c'était encore les vacances de Noël et que tu avais un peu de temps pour travailler tes cours, sinon tu serais dans une belle merde.

   Après avoir larvé pendant une bonne partie de la journée, tu te décidas enfin à te bouger un peu les fesses. Enfin, c'était plutôt ton pote de promo qui t'avait incendié de messages pour que tu l'accompagnes à la salle. Tu n'en avais pas spécialement envie aujourd'hui, surtout vu ton état, mais c'est vrai que ça ne pouvait pas te faire de mal. Ça décrassera la machine après tout ce que tu t'es enfilé hier. Tu partis donc rejoindre ton ami directement à l'entrée de la salle, ne préférant pas manger avant de pousser et risquer de dégueuler. Avec toi, seulement ton sac de sport et à l'intérieur une gourde d'eau, une serviette et deux-trois collations au cas où tu aies un coup de mou. Le shaker, ça sera pour après la séance. Jared passa les portes en premier, toi sur sur ses talons. Tu n'avais même pas encore passé les portiques que la voix de l’hôtesse t'interpella. Ton pote te regarda étrangement et tu lui fis un signe de la main d'aller se changer sans toi. Déjà parce que tu étais déjà en tenue et surtout tu n'avais pas envie qu'il ne te gâche ton moment avec des blagues vaseuses que tu ferais déjà très bien sans lui. Ta tête se tourna de nouveau vers ton interlocutrice. Piquante, comme d'habitude. Mais ce n'était pas pour te déplaire. Elle était vraiment ton type de fille. De ses cheveux bruns toujours bien coiffés à ses ongles manucurés à la perfection, en passant par son ton acéré à chaque fois qu'elle te parlait. Si elle avait été une fille facile, tu n'y aurais pas vu autant de défi. Ouais, c'était tout con mais tu appréciais particulièrement le jeu qui s'était installé naturellement entre vous.

- Bonsoir... Lola, dis-tu lentement en faisant mine de ne pas la connaître et de chercher son nom sur son badge d'hôtesse. Bonne année à toi aussi, miss.

   Si ça ne faisait pas longtemps que vous vous connaissiez, tu savais très bien qu'elle était miss. Enfin, c'était bien seulement parce que tu t'étais abonné à elle sur instagram. De base, ce n'était pas spécialement un domaine qui t'attirait mais il fallait dire que ses posts t'avaient mis la puce à l'oreille. Ouais, elle était vraiment canon, y a pas à dire. Et c'est qu'elle n'avait pas la langue dans sa bouche en plus de ça.

- Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir, tu sais, enchainas-tu après qu'elle ait sorti les crocs.

   Tu plissas les yeux, t'accoudant à son comptoir alors qu'une de tes mains remonta la anse de ton sac qui commençait à se faire la malle. Tu en profitas d'être plus proche d'elle pour t'amuser avec un stylo qui trainait entre ses papiers pendant qu'elle s'excusait. Sa façon de parler était étrange, tu n'avais pas l'habitude qu'elle s'assagisse aussi vite. Le stylo tournait entre tes doigts, ton regard posé dessus, alors que tu repris la parole :

- Tu es fan des Otters toi maintenant ? Depuis quand ? Hm, c'est pour ça que tu me suis sur insta en fait. T'es une stalkeuse, ajoutas-tu en relevant les yeux vers elle avec un petit sourire narquois.

   Tu la charriais, évidemment. Et puis si quelqu'un était un stalkeur sur insta, c'était bien toi. Sans mentir, tu avais dû scroller son profil pendant 10 bonnes minutes. Peut-être plus. Cela te faisait toujours autant rire qu'à côté de toi elle paraissait vraiment minuscule. Elle devait faire quoi, 1m60 à tout casser ? Et encore, tu es appuyé sur son bureau alors la différence se voit un peu moins. Une chose de plus chez elle qui te plaisait. Fallait que t'arrêtes, tu devenais obsédée par cette nana.

love.disaster

tw : troubles alimentaires, disparition

Le coeur n'est pas à la fête pour Lola, comment se réjouir de cette nouvelle année alors que rien ne va pourtant elle a appris à sourire, à ne rien montrer. Adepte du sois belle et tais toi comme elle l'a appris dans ses nombreux concours. Est-ce qu'un jour la vie sera moins compliquée, moins cruelle ? Elle n'était pas sûre que cela arrive un jour. Pourtant, elle se montre toujours très hautaine, froide parce que c'est plus simple d'être ainsi plutôt que de montrer ses faiblesses. Elle souriait aux paroles de Corban, il était heureux de la voir, première nouvelle.

Le garçon n'a jamais été vraiment loquace, elle fronçait les sourcils tout en l'observant. Etonné qu'il fasse la conversation alors qu'il avait certainement autre chose à faire avec son pote. Elle ne voulait pas le déranger non plus dans sa séance mais la façon dont il la regarde, ça la fait se sentir désirée. Il a certainement une idée derrière la tête et elle igonre s'il a envie de se prendre au jeu. Après tout, il est plutôt pas mal à regarder, c'est certain mais ce qui la frêne vraiment au fond c'est son rapprochement avec Naveen. Totalement son opposé.

« Ah oui ? J'en suis la première étonnée. » déclara-t-elle, surprise.

Elle fronçait les sourcils une nouvelle fois à ses paroles, avant de lever les yeux au ciel. Une stalkeuse, non mais n'importe quoi. Elle soupirait tout en le fixant. La seule raison de pourquoi, elle le suivait, c'était purement par visibilité. Les basketteurs sont populaires à l'université, ça lui offre ainsi de potentiels followers, rien de plus. Les rares photos qu'elle like sont celles de ses amis ou d'influenceurs et influenceuses.

« Fan, j'sais pas mais je suis un peu tout le monde à l'université, tu sais. Après tout, je fais partie de l'équipe de track and field donc c'est aussi par soutien. J'te stalke absolument pas. Si y'a bien un seul stalkeur, ici, c'est toi. Avoue que je t'obsède, Corban.  » lança-t-elle, sur un ton asséré.

Elle le fixait de ses yeux noirs, attendant impatiemment ce qu'il trouverait à lui dire. Un sourire narquois se dessinait alors sur ses lèvres. C'était excitant de le provoquer et elle ne lui laissera pas avoir aussi facilement le dernier mot. Peut-être qu'au fond, elle aime ça, le provoquer et laisser ce petit jeu de séduction évoluait. Pourtant, il est tout ce qu'elle déteste. Imbu de lui-même et qui enchaine les relations sans lendemain, Lola jamais elle n'a eu de relation sérieuse et elle s'en cache. Sous ses airs de princesse capricieuse, elle est encore bien ignorante sur beaucoup de choses, les relations amoureuses en partie. Mais devoir avouer cette vérité, c'était impossible, ça serait beaucoup trop risqué même, cela pourrait nuire à sa popularité. Les apparences sont devenues bien trop importantes pour elle, au point qu'elle continue de se mettre constamment en danger. Les troubles alimentaires ont pris beaucoup trop d'amplitude depuis la disparition de Sam. Mais ça, elle n'en est pas encore consciente, pour elle c'est la normalité, c'est comme ça qu'elle doit être. Mince et parfaite, sinon jamais elle ne gagnerait le sésame tant convoité d'une couronne de Miss California ou Miss Univers. Monde impitoyable qu'est celui des concours de beauté qui lui ont peut-être lavé le cerveau, à force de vouloir être tellement parfaite.

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