anecdotes - 01. Daisy n'était pas prévue au programme. Sa mère est retombée enceinte très peu de temps après son premier accouchement. Une grossesse compliquée qui a longuement alité sa mère. Daisy est née prématurément et les deux rousses ont faillis y laissé la vie mais tout s'est bien terminé.
02. Si beaucoup pensent qu'elle n'est qu'un joli minois, une pompom girl sans rien dans le crâne, la plus mauvaise note de sa scolarité à été un B-. Elle a toujours été douée pour les cours sans fournir le moindre effort.
03. Sur ses réseaux sociaux, il lui arrive régulièrement de faire des collaborations sponsorisées avec des marques de bijoux et de cosmétiques.
04. En étant attentif, on reconnait son visage dans de nombreuses publicités de vêtements pour enfants ou servi de modèle coiffure dans des magasines. Elle a également souvent donné la réplique à de plus grands acteurs dans de petites scènes de film ou de série. Jusqu'à présent, toujours pas de grand rôle pour elle.
05. Menteuse hors pair, elle est la complice parfaite pour une fête surprise car rien ne transparaîtra. L'art de pleurer sur commande et de jouer la comédie n'a plus aucun secret pour elle. Etrangement, lorsqu'elle doit suivre un script pour une audition, ce don naturel semble s'envoler.
06. Très, voire trop, souvent en couple dès que quelqu'un lui plait, Daisy a une liste d'ex longue comme le bras. Elle n'était pas amoureuse de tous·tes mais elle n'aime pas rester seule trop longtemps. Il est rare qu'elle culpabilise de se servir de quelqu'un pour en rendre un·e autre jaloux·se ou de juste avoir besoin de quelqu'un a son bras comme elle achèterait un nouveau sac à main.
07. Tout doit être bien rangé.. malheureusement, les emplacements bougent régulièrement. Trop souvent, elle décide de tout réorganiser, de changer la décoration et de déplacer les meubles.
08. La rouquine possède beaucoup trop de maquillage pour un seul être humain. Une bonne partie n'a même pas été achetée par ses soins mais offert par des marques en échange de publicité sur les réseaux. Les artistes du Red Night lui servent régulièrement de cobayes.
09. Rares sont les privilégiés qui peuvent la voir au naturel sans que cela ne lui pose problème. Si un livreur sonne à la porte alors qu'elle estime ne pas être présentable, elle préfèrera faire la morte que d'ouvrir.
10. Au collège et au lycée, le comportement de la reine des abeilles a poussé plusieurs élèves à quitter l'établissement. L'un d'entre eux a été jusqu'à tenter de mettre fin à ses jours. Avec l'argent de sa famille, elle n'a jamais vraiment été inquiétée.

a life, a story - Tiens, comme ça tu m'oublieras pas ! lâcha la petite Daisy en posant son dessin sur le cercueil de son père. Ses ballerines roses à paillettes faisaient tâche dans le décor et tranchaient avec sa petite robe noire mais sa famille n'avait pas eu le courage de batailler plus longtemps pour lui faire enfiler autre chose. Daisy tenait à ses ballerines roses, les dernières que son père lui avait acheté avant d'entrer à l'hôpital pour l'ultime fois. Elle voulait lui faire plaisir, elle ne voyait pas où était le mal. Tout le monde avait pleuré la dernière fois qu'ils s'étaient vu alors elle avait fait pareil, suivi le mouvement sans vraiment comprendre ce qui se passait. Aujourd'hui, c'était pareil. Sa mère, sa sœur, son frère, les gens qu'elle ne connaissait pas... Les trois frères et sœurs s'étaient étreints avant de rentrer dans un silence angoissant. La mère de famille ne mit que très peu de temps à retrouver ses vieux démons, ceux qu'elle avait réussi à quitter avant la naissance de son fils. Toxicomane qui avait jeté son argent dans la drogue pendant des années même après que ses riches parents lui aient coupé les vivres, incapable de s'arrêter par la volonté seule. Son mari et ses enfants lui en avaient donné la force mais la perte de l'homme de sa vie l'avait trop chamboulée. Daphnée était majeure mais elle devait déjà s'occuper de sa petite Bianca. Ce sont donc les grands-parents qui se sont occupés de Popeye et Daisy, passant de la classe moyenne au grand luxe. Contrairement à son frère, Daisy s'est très vite acclimatée à ce qui lui semblait être une vie de princesse du haut de ses sept ans fêtés peu avant le décès de son père. Il nous rejoint quand papa ? Un sourire forcé et triste étirait les lèvres de sa grand-mère. « On en a déjà parlé chérie, ton papa... il est plus là » Daisy pencha la tête sur le côté. Oui d'accord il est mort, mais il revient quand ? Et maman, elle est où ? Son grand-père prit la relève pour tout lui réexpliquer et arrondir les angles en disant que sa mère était partie se soigner. Mais son cerveau de fillette de sept ans ne pouvait pas admettre que la mort était une chose définitive. Elle ne pouvait pas ou ne voulait pas comprendre qu'elle ne reverrait jamais son père, qu'elle ne mangerait plus jamais ses délicieux pancakes au sirop d'érable au petit déjeuner, qu'il n'allait pas construire cette cabane dans les arbres qu'il leur avait promis. Les larmes de Daisy finirent par remonter à ses yeux et par déborder. Elle commençait enfin à comprendre... Choyée par ses grands-parents dès son plus jeune âge, ils lui offraient tout l’amour et la tendresse dont elle avait besoin et un paquet de choses dont elle n’avait pas besoin également. Daisy a appris à être une fille modèle. Être belle tout en étant intelligente. Bien s’habiller. Bien parler. Avoir de bonnes notes à l'école. Daisy a sans nul doute mieux écouté ces leçons de vie que Poppy. Chaque fois que leur mère sortait de cure, elle essayait de revenir dans la vie de ses enfants, entrainant chaque fois sa fille dans divers castings comme elle avait pu le faire avec plus de sobriété à l'époque où ils étaient tous les cinq. Les photos, les caméras, le maquillage, les paillettes.. tout était un jeu pour la rouquine qui y voyait l'occasion de passer du temps avec sa maman mais avec le temps, Daisy a perdu espoir. Elle voyait sa mère revenir, essayer d’être une mère pendant quelques semaines, parfois quelques mois… et céder à ses vieux démons une nouvelle fois. Au final, la simple idée d’avoir une relation à peu près normale avec sa mère lui était complètement sorti de la tête. Il faut dire que les grands-parents ne disaient pas que du bien de leur fille… inconsciemment, ils avaient poussé Daisy à ne plus vouloir d’elle.

La petite fille sage n'est pas restée sage bien longtemps, la popularité l'a vite gagnée. Midinette narcissique habillée en Chanel et Dolce & Gabbana, il y avait de quoi douter de la sincérité de ses "amis" mais la reine appréciait d'être entourée par sa cour, qu'importe qu'ils soient honnêtes ou hypocrites. Le temps de l’adolescence s’est accompagné du temps des fêtes. Ses grands-parents lui laissaient rarement l’occasion de sortir. Oh bien sûr, elle n’était pas obligée de rentrer immédiatement après l’école, elle pouvait traîner un peu avec ses copains, aller boire un chocolat chaud au café du coin mais elle ne devait pas rentrer trop tard et elle devait les prévenir par SMS, elle avait également l’autorisation de dormir chez des amis mais après vérification avec les parents. Comme elle n’avait jamais donné de raison de ne pas lui faire confiance, ils avaient un peu arrêté de vérifier. Et c’est à ce moment que Daisy en a profité. Elle avait quinze ans et c’était sa première grosse fête. La première fois qu’elle buvait de l’alcool en dehors des quelques gorgées de vin qu’elle était autorisée à boire lors des repas. Première bière, première vodka, premiers véritables flirts… Quand elle sortait accompagnée de son frère, ça allait mais lorsqu'elle allait sans lui à une fête, il fallait qu'elle trouve des excuses. Les exposés, les anniversaires, juste dormir chez des copains… ça commençait à devenir louche aux yeux de ses grands-parents… et finalement, elle avait opté pour une autre option : faire le mur. Un véritable parcours du combattant pour réussir à revenir dans sa chambre avant six heures du matin pour que ses grands-parents ne se rendent compte de rien. Evidemment, une fois ça n’avait pas loupé et c’était bien la première fois qu’elle se faisait réellement engueuler par eux. Pendant plusieurs semaines, elle avait été plus que punie puisque ses moindres faits et gestes été épiés pour qu’elle ne recommence pas ses bêtises. Elle leur en avait beaucoup voulu d’être ainsi traitée comme une gosse, il lui avait fallu pas mal de recul pour comprendre qu’ils étaient surtout fous d’inquiétude à l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose. Au lycée, elle avait tout pour elle : sa fidèle cour derrière elle ; presque toujours un petit-ami ou une petite-amie au bras, avec sa popularité, elle n'a même pas ou peu eu à essuyer de remarques homophobes, humiliant les quelques fous qui osaient se risquer à attaquer la reine de la ruche ; toujours dans le top trois des meilleurs élèves ; capitaine des cheerleaders.. Daisy était enviée et admirée par beaucoup, profondément détestée par d'autres.

Diplôme en poche, majorité atteinte, Daisy quitta Monterey pour Los Angeles. Son objectif : devenir une grande actrice. Les castings – même si elle en avait eu marre à une période – elle y avait pris goût. Naturellement bonne actrice, c’était une évidence. Mais elle déchanta bien vite devant toutes ces salles d’attente remplies de femmes toutes aussi belles les unes que les autres. La rouquine décrocha de petits rôles, un épisode de séries policière par-ci, une publicité par-là. Pas de quoi se faire un nom même si ça allongeait la liste des trucs dans lesquels elle avait tourné. Puis sa chance s’était présentée. Enfin, on reconnaissait son talent. Enfin, elle avait brillamment passé le casting d’un gros film hollywoodien, de quoi lancer définitivement sa carrière. Elle le voulait, ce rôle. Elle avait usé de mêmes armes vicieuses que ses pétasses d’adversaires pour faire fuir certaines candidates. Elle avait supporté les coups bas, les remarques désobligeantes, les attitudes sexistes. Le showbiz, c’était ça, elle n’allait pas s’offusquer d’une remarque misogyne ou d’une main un peu baladeuse, sinon elle n’aurait jamais sa chance de percer. Mais ce producteur… « Si tu veux vraiment le rôle, tu sais ce que t’as à faire » naïvement, elle avait pensé qu’elle devait travailler. La main qu’il posa sur sa hanche la ramena vite à la réalité. Il n’était pas question de coucher pour réussir et il n’était pas question de bosser avec quelqu’un comme ça. S’il y avait bien deux choses que Daisy n’était pas prête à sacrifier, c’était ses cheveux et sa dignité. Coup de genou qu’elle lui envoya droit entre les jambes, comme le lui avait appris sa grande-sœur. C’est évidemment à ce moment qu’un témoin passa, jamais au moment où le producteur collait des mains aux fesses et tenaient des propos odieux. « T’es finie, ma p’tite » Sourire narquois. Parole donnée et tenue. L’exagérée réputation d’hystérique, colérique et agressive de Daisy fit le tour du milieu, il n’avait fallu que quelques mots de la part de ce type pour qu’elle soit blacklistée des plus grosses productions. Dépitée, Daisy rentra à l’abri de sa petite ville natale. Lâchant l’affaire pour le moment, elle entama des études d’esthétique, chaque visage devenant une toile entre ses mains. En parallèle, elle suivit des cours de stylisme : à quoi bon porter des robes de créateurs quand on peut être un grand créateur. Pour le moment, elle n’en était pas à ce stade mais elle avait le mérite de porter pièces uniques. Etudes terminées, elle travailla quelques temps dans des salons de beauté et chez de petites esthéticiennes. Finalement, c’est dans un cabaret qu’elle posa ses valises, laissant tomber la cire dépilatoire et les french manucures au profit de visage sur lesquels elle pouvait laisser exploser son imagination en abusant des strass et des paillettes.

C’était censé être un jour de fête. Elle avait prévu de faire la fiesta pour sa nièce vendredi soir, pas être assise là, dans le couloir à pleurer la mort de sa grande-sœur et de son beau-frère en attendant que la reine du jour se réveille. Son père était mort, sa mère était aux abonnées absentes, son frère était au fond du trou et elle ne pouvait même pas compter sur son petit-ami. Voilà des jours, peut-être des semaines qu’il avait tout simplement cessé de répondre à ses messages au point qu’elle ne sache pas si elle devait être en colère ou folle d’inquiétude. A ce stade, était-elle seulement encore en couple ? Probablement pas. C’était fini et elle ne voulait pas entendre ses excuses, qu’il continue à jouer les fantômes. Au milieu de tout ça, en regardant Bianca dans son lit d’hôpital, Poppy prostré et la messagerie de sa mère, Daisy se sentait terriblement seule. Elle refoula son chagrin, l’enferma dans une boite qu’elle scella avant de l’abandonner dans un coin, concentrant son énergie sur son frère et sur sa nièce pour les maintenir à flots. Ignorant sa peine autant qu’elle le pouvait en adoptant un sourire de façade et un maquillage toujours incapable. Dans sa courte vie, elle avait été confrontée à plusieurs décès dans son entourage proche et plus éloigné, famille, amis d’enfance, voisins, … Elle avait dû être l’épaule quand d’autres affrontaient cette épreuve comme pour son frère avec Harvey. A chaque drame, sa carapace se renforçait et elle sentait sa capacité à aimer s’amenuiser.