On fait tout avec de l'argent, excepté des hommes.

On fait tout avec de l'argent, excepté des hommes.
ft @Eden Beckett

On fait tout avec de l'argent, excepté des hommes. 1291754676

Putain, mais qu’est ce que je fous là…

Voilà la pensée qui traverse mon esprit, tandis que je patiente avec agacement dans une file d’attente composée de clients d’une banque où je ne pensais pas foutre les pieds dans de telles conditions. Quand j’étais adolescent, mon père m’a ouvert un compte afin de placer l’argent que le reste de la famille Keller envoyait pour mes anniversaires ou Noël, afin que je ne dilapide pas tout en petits trains ou camions de pompier. Quand j’ai reçu mes premiers salaires, j’étais tel un fou, je courais jusqu’au comptoir afin de déposer mes premiers chèques, que j’ai obtenu après de longues supplications auprès de la comptable de "The Real News" et qui me servaient surtout à payer mes excursions aux quatre coins du pays. Et quand j’ai obtenu de fortes primes grâce aux ventes records d’un journal que j’ai fini par diriger, j’ai été reçu avec les honneurs, dans le bureau du directeur de la banque, flûte de champagne à la main et sourire narquois flanqué au coin de mes lèvres.
Oui, dans la Banque Centrale de Monterey, je peux aisément retracer mon ascension. Ma grimpée jusqu’au sommet d’une sphère sociale que j’ai toujours adulé, je suis devenu l’homme dont j’ai toujours rêvé.
Et puis, il y a eu la descente aux Enfers.
La rencontre avec le casino a changé ma vie et m’a petit à petit plongé dans des dettes dont je n’arrive plus aujourd’hui à me défaire. La pression familiale grossit à chaque seconde et je vis dans une sorte de déni qui paralyse. Ignorant à quel point mes problèmes d’argent deviennent de plus en plus gravissimes, la politique de l’autruche ne peut plus durer. Courrier officiel que j’ai reçu l’autre jour de la part du fameux directeur qui me baisait les pieds il y a quelques mois de cela, je suis à présent à deux doigts de devenir interdit bancaire.
Et cette simple idée m’est complètement insupportable.
Geignant une nouvelle fois, je finis par craquer. Il m’est insoutenable d’attendre une seconde de plus, voilà pourquoi je finis par tourner les talons, la tête baissée, poussant la majestueuse porte de l’établissement afin de retrouver la rue, son brouhaha et surtout, sa foule pressante que je ne sais éviter. Dans la précipitation, je finis par rentrer dans un passant et je grogne, piqué dans mon égo, plus qu’à fleur de peau:

Vous ne pouvez pas faire atten…

Mais je ne termine pas ma phrase, préférant la laisser en suspens tandis que je bloque sur le visage du pauvre homme inconnu que je viens de bousculer. Enfin… Non, je le connais, celui-là. Il me suffit de quelques secondes durant lesquelles mon cerveau s’active à toute allure et je finis par baragouiner un prénom, dont je suis certain qu’il est le bon:

Oh, Eden… Je… Salut! Comment vas-tu?

Sourire à la limite de l'hypocrisie, gêne qui ne fait que s’accroître dans ma poitrine.
Et maintenant, il va falloir s’expliquer…
Chose qui est loin d’être aisée, je me sens si mal à l’aise, si en colère. En proie à une injustice de tous les diables, à une haine qui gronde et grandit dans ma poitrine.
Et qui peut exploser à tout moment, éloignez-vous, les dégâts risquent d’être sans précédents…

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Break It to Me

Depuis quelques mois maintenant, les journées d’Eden s’enchaînent et se ressemblent et il est aisé de dire qu’il prend ses habitudes dans un quotidien de plus en plus merveilleux. Et tandis qu’il nage dans le bonheur absolu, il se rend compte à quel point la vie peut être belle. Particulièrement aujourd’hui. Ensoleillée, bien qu’un peu fraîche, il revient de son dernier rendez-vous à pied. Il a pris l’habitude de quelques consultations à domicile, depuis quelques temps et il commence à bien aimer l’intimité que cela lui permet de créer avec ses clientes. Cela leur permet un échange plus fluide, plus personnel et force est de constater qu’elles sont généralement plus détendues que dans l’ambiance un peu formelle du salon où il tatoue depuis un an, depuis qu’il est revenu. Comme ce voyage autour du monde lui semble loin à présent qu’il a retrouvé un quotidien chargé.

Il marche d’un pas sûr et rapide pour rejoindre son lieu de travail et commencer à bosser sur le projet qu’on lui a confié. Il est peut-être trop empressé, parce qu’il se retrouve heurté par quelqu’un, ou est-ce que c’est lui qui lui rentre dedans ? Toujours est-il que l’homme semble nerveux et vouloir en découdre ? Quand il découvre le visage soucieux qui lui fait face, il ne lui faut qu’une seconde pour le reconnaître, ce qui semble son cas, à lui aussi. Eden le salue d’un signe de la tête en souriant, ravi de rencontrer une tête connue. « Désolé, j’étais peut-être perdu dans mes pensées… » Même s’il n’est toujours pas sûr que ce soit lui, le fautif de cette collision. « Ca va bien et toi ? » Il ne pourrait même pas commencer à raconter à quel point il trouve la vie merveilleuse, en ce moment, surtout qu’Ezra ne semble pas être tout à fait dans le même état d’esprit. Du coin de l’œil, il voit que quelque chose a dû lui échapper et il se penche pour le ramasser. « Je crois que tu as fait tomber ça… » Il se redresse et lui tend l’enveloppe, non sans voir qui la lui adresse ou encore le tampon rouge inquiétant qui n’annonce rien de bon. Tandis qu’il relève la tête pour voir d’où Ezra sort à cet instant, Eden ne met pas très longtemps à établir les bonnes connexions. « Tout va bien Ezra ? » Il lui demande, soudain soucieux. Il fronce légèrement les sourcils. Ils ne se sont pas rencontrés n’importe où, tous les deux. Ils ont un point commun de taille, quelque chose qui les lie et qui les détruit, s’ils laissent cette addiction prendre le dessus sur leurs émotions.

Depuis plusieurs mois, Eden n’a plus mis les pieds dans un casino, depuis qu’il est revenu, il a tenu tête à ses envies, à ses pulsions. Grâce à Casey, dans un premier temps, puis Archie est arrivé dans sa vie et finalement, l’envie de le retrouver était toujours plus forte que celle d’aller jouer. C’est fascinant, de remplacer une addiction par un autre et pourtant, c’est bien ce qu’il a l’impression d’avoir fait. Mais peu importe, tant que ça marche, il ne se plaindra pas un instant. En revanche, il sait que pour Ezra, les choses sont différentes et il a besoin d’être sûr que tout va bien, même si ce n’est assurément pas le cas. Il se rend à peine compte qu’il a finalement gardé l’enveloppe dans la main, il ne l’a pas lâché pour la lui rendre. Il fixe l’homme qui lui fait face. « Tu as des ennuis ? » Il demande, conscient de mettre les deux pieds dans le plat mais la mine soucieuse de l’homme l’inquiète énormément, surtout si on ajoute à cela les éléments qu’il a sous les yeux. Il sait trop bien ce que tout perdre peut signifier, il n’a pas envie que cela arrive à quelqu’un d’autre, il doit l’aider, l’idée devient à cet instant, complètement obsessionnelle.

@Ezra Keller fire

On fait tout avec de l'argent, excepté des hommes.
ft @Eden Beckett

Je le connais. J’en suis sûr.
Mais d’où, exactement…?
Et ouais, faut dire qu’avec l’âge, ma mémoire flanche. Ne réponds plus aussi facilement qu’autrefois. Cette fichue mémoire, sur laquelle je me suis tant reposé, au fur et à mesure des années. Qui a été mon allié le plus fidèle, dans ma profession, qui m’a sauvé la mise un nombre incalculable de fois. Il semblerait qu’à cet instant, elle m’ai posé un lapin historique.
Mais je refuse de lâcher l’affaire. Je plisse des yeux, je cherche, je cherche, je cherche… Et je trouve enfin! PUTAIN, ÇA Y EST! LE CASINO! Un pote du casino, oui, ça y est, je me souviens! Me retenant de jeter mon poing dans les airs, signe d’une victoire plus que précieuse en ces temps troublés, je me contente d’observer Eden se pencher vers le sol, ramassant l’enveloppe que j’ai malencontreusement laissée tomber.
Merde. Manquait que plus que ça.
Je suis percé à jour, me sentant nu comme un ver. Extrêmement mal à l’aise, je bredouille, mon regard ne cessant de fixer un point imaginaire juste derrière lui:

Ah putain… Merci…

Et comment la gêne atteint son inquiétant paroxysme. Dans mon esprit confus, je cherche des explications, une option de fuite… Mais rien ne me vient. Je semble vidé, paniqué, fatigué et acculé. La sensation que mon coeur semble exploser dans ma poitrine tant il cogne fortement, je perds mes moyens, cède à l’agressivité, tout en m’écriant:

Non… Enfin… Bon, rends-moi ça!

D’un geste impatient, je lui arrache l’enveloppe des mains. Comme ça. Brutalement, sans l’ombre d’un regret. Mais ils ne sont pas loin, je n’oublie pas que nous sommes en pleine rue, à la vue de passants qui ne semblent pas s’arrêter sur notre échange. Mais je suis méfiant, j’ai une réputation à tenir, je ne peux pas me comporter de manière aussi arrogante. Appuyant sur mon front du bout des doigts de la main droite, je cherche mes mots, une grande première dans mon cas:

Pardon, je… Je suis un peu nerveux…

Nerveux, Keller?! Mais t’es en pleine redescente, mon con, et pourtant, tu ne prends pas de drogue! Mis à part tes visites au casino qui te filent le boost d’adrénaline qui est devenu si essentiel dans ta vie? Oh, en parlant de notre point commun, je saute sur l’occasion pour rebondir sur une la meilleure défense qui soit, l’attaque:

Tu… Je ne te vois plus au casino, Eden? Comment ça se fait?

Si mon interlocuteur est malin, il pourra déceler, dans le grain de ma voix, une sorte de supplication. Je ne me contente pas de faire la conversation, je cherche un échappatoire, des réponses aux mille questions que je me pose par seconde. Je suis piégé, en proie à mes atroces addictions. Je me suis laissé embarquer dans une facilité qui me ronge désormais. J’ai tenté de me complaire dans des soirées sans fin, pensant que je pourrais battre l’ennemi à son propre jeu.
Mais j’ai perdu la partie, j’en tiens la preuve entre les mains…

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Break It to Me

La nervosité d’Ezra lui explose en pleine figure. Il la perçoit dans sa voix, dans son regard fuyant, dans la manière paniquée qu’il a de regarder sa main qui tient l’enveloppe qu’il lui tend. Il est sur ses gardes, complètement alerte et pourtant, il semble tellement déboussolé. Cela interpelle immédiatement Eden et l’inquiète aussitôt. Il fronce légèrement les sourcils, soufflé par son animosité soudaine. « Non… Enfin… Bon, rends-moi ça! » Il ne fait aucun geste pour l’empêcher de récupérer son bien, qu’il n’avait de toute manière pas l’intention de garder. Il pourrait en comprendre le sens, s’il avait envie de fouiller dans la vie de l’homme qui lui fait face. Immédiatement agressif, il passe aux excuses en un temps record. Eden a du mal à suivre ses pensées, sa façon de se comporter. Quelque chose cloche, c’est plus qu’évident, en réalité. Il n’a pas le moindre doute. Il s’apprête à lui répondre que ce n’est pas grave, qu’il n’a vraiment rien fait de mal que l’homme lui échappe à nouveau, semble chercher ailleurs une échappatoire qu’il ne trouve pas. Sa panique lui saute aux yeux, il en est spectateur, il ne peut rien faire pour l’apaiser, parce qu’il ignore tout de ce qui le ronge. Quand leurs regards se croisent à nouveau, Ezra détourne toute son attention ailleurs. « Tu… Je ne te vois plus au casino, Eden? Comment ça se fait? » Le jeune tatoueur hoche légèrement la tête, il a compris, il lui semble, ce qu’est en train de faire le joueur de casino.

Alors, parce qu’il ne voit pas les choses autrement, il lui répond de la manière la plus sincère qui soit. « J’ai arrêté Ezra, j’ai décidé de tout arrêter. » Il le dit d’une voix claire, sûr de lui. Cela fait plusieurs mois, depuis qu’il est revenu en ville, en réalité. Il a décidé de ne plus foutre un pied dans un casino pour assurer sa vie future. Ce passe-temps, cette drogue, cette addiction a fini par lui coûter trop cher, il ne peut plus la laisser dicter sa vie et son comportement, c’est terminé. « Je ne mettrai plus les pieds au casino, j’ai compris que ça me faisait plus de mal que de bien. » Et il a l’impression, très diffuse, que c’est également le cas d’Ezra. Y a-t-il quelque chose de vraiment sain à passer des soirées entières à dépenser de la thune dans des jeux pensés pour qu’ils perdent ? Il s’agit d’une spirale infernale dans laquelle ils se retrouvent enfermés malgré eux. Certains gèrent ça très bien, ne passent pas leur vie à prendre des paris insensés. Lui, si. Il s’agite nerveusement, gagné par ce qui semble ronger Ezra. Il jette un œil nouveau à l’enveloppe qu’il tient. Pour parfaire son petit discours, pour achever de le convaincre que l’addiction au jeu est un problème, il se lance dans sa dernière confession. « J’ai rejoint un groupe de parole, pour m’aider. » Il plante son regard dans le sien, cherche à lui témoigner son soutien. Il ne le jugera pas, il n’est pas là pour ça. « Ezra, est-ce que tu es sûr que tout va bien ? » Il insiste, il a besoin de savoir parce que, vu d’ici, rien ne semble réellement aller pour le plus âgé. Eden porte sa main à son épaule, pour l’aider à s’ancrer à la réalité, pour qu’il s’appuie sur lui, s’il en ressent le besoin. « Est-ce que je peux t’offrir un café ? Qu’on puisse discuter dans un lieu plus discret ? » C’est peut-être plus facile que de parler en pleine rue de ce problème qu’ils partagent. Enfin, si Ezra est prêt à s’avouer qu’il a des ennuis, parce que c’est exactement ce qu’il semble avoir. Le regard bienveillant se pose sur lui. S’il a envie de se confier, la porte d’Eden est grande ouverte. A lui de décider s’il veut la franchir et venir à sa rencontre. Dans ses yeux, une légère demande, comme s’il le suppliait d’accepter. Il peut l’aider, il sait qu’il le peut, et il en envie. Parce qu’il sait, à quel point c’est dangereux, à quel point ça peut détruire des vies.

@Ezra Keller fire