Agacé, je marchais de long en large sur le trottoir, insultant sans vergogne la personne qui se trouvait à l'autre bout de la conversation téléphonique j'avais. Peu importe si c'était le directeur d'un magazine, il était hors de question qu'il publie ces affreuses photos. J'ignorais où il avait trouvé son photographe mais c'était du travail d'amateur. Normalement c'était mon manager qui devait gérer ce genre de choses mais en ce moment j'avais besoin de décharger ma colère sur quelqu'un et quoi de mieux que de le faire sur le coupable ? Il y avait aussi autre chose qui me torturait l'esprit. Février arrivait à grand pas et par la même occasion le départ de Paul. J'appréhendais notre séparation, ignorant comment j'allai survivre par la suite parce que Paul était la personne qui réussissait à m'apaiser rapidement.

- Il a osé me raccrocher au nez ?!

Je continuais de l'insulter en coréen, me fichant complètement du regard des passants qui devaient me prendre soit pour un fou soit pour une personne en colère. Les deux étaient toutefois vrai. Je soupirai, me pinçant l'arête du nez pour tenter de retrouver un semblant de calme. Je devrais songer à m'acheter un jacuzzi ou un spa pour me détendre. Je n'avais qu'une piscine mais en hiver ce n'était pas terrible même si elle était chauffante évidemment. Comble du bonheur, j'avais un rendez-vous ensuite mais ça allait être difficile de sourire si je ne réussissais pas à calmer mes nerfs. Tant pis, je n’avais pas la tenue adéquate mais il y avait un complexe sportif pas loin et j'avais bien besoin de frapper sur quelque chose à défaut de quelqu'un. Je tapais rapidement l'adresse sur google Mapp avant de suivre le chemin indiqué. Je payais l'entrée, et me dirigeais vers les vestiaires pour y laisser mes affaires inutiles. Une fois au milieu des machines et autres matériels, je levais les yeux au ciel face aux muscles déjà bien saillants de certains hommes. Sérieusement ? Je me souvenais encore de l'un des commentaires d'un producteur qui m'avait balancé que je n'étais pas assez viril pour un rôle. Je l'avais encore en travers de la gorge d'ailleurs.

Laissant de côté les bodybuldés, je trouvais le coin où se cachait les punching balls. Mais il n'y avait pas qu'eux que j'avais trouvé. Il ne manquait plus que ça pour finir ma journée.

- Magnifique !

Un type qui avait osé me ghoster alors qu'on avait quand même sympathiser. Du jour au lendemain, je n'avais pas eu de nouvelles. Autant dire que j'avais mal pris ce comportement, d'autant plus que lorsque j'avais tenté de l'appeler la voix robotique du : ce numéro n'est plus attribué" m'avais un peu mis en colère. Je vous laisse imaginer qui avait eu le droit de subir ma frustration ensuite.

- Visiblement t'es pas mort. Pas encore.

Je plissais les yeux, un air menaçant sur le visage. Peut-être que j'allai vraiment frapper quelqu'un maintenant, à moins que ce pauvre mec ait une bonne excuse à me dire pour m'avoir lâchement abandonné.

Comme approche il y avait surement plus amical mais j'étais énervé du coup de fil juste avant alors c'était ce mec qui avait le droit à ma mauvaise humeur. Cette dernière ne risquait pas de s'améliorer vu que visiblement il ne me reconnaissait même pas. C'était comme me donner un nouveau coup de poignard bien que mon visage exprimait surtout de la colère encore. C'était impossible que je me sois trompé de personne car même si j'occultais beaucoup de gens, ceux avec qui j'avais eu un bon feeling restait dans ma mémoire - ils étaient tellement rares. Le fait que mon interlocuteur m'ait zappé confirmait le fait qu'il en avait eu rien à faire de ma gueule. C'était différent d'Eden mais le fond restait le même : c'était des enfoirés sans cœur.

- Non je m'amuse à interpeller les étrangers.

Rétorquais-je avec agacement. Cela paraissait évident que je n’allai pas confronter un inconnu, je n'avais pas que cela à faire. Même si à ses yeux j'étais l'inconnu dans l'équation. Je n'avais aucune envie de lui raconter où on s'était rencontré, je ne pouvais pas paraître aussi désespéré alors qu'on avait fait que boire et discuter, rien de plus. Ce n'était pas comme si on avait eu une aventure. L'homme avait manifestement pris ma menace à la lettre, ce qui m'avait fait lever les yeux au ciel. Je me souvenais qu'il avait un autre caractère mais peut-être que c'était encore que du flan et qu'il s'était créé une personnalité simplement pour profiter de ma sympathie.

- Non. Mais tu n'as plus répondu à mes messages alors je me suis inquiété. Enfin, vu que tu ne sais pas qui je suis ça n'a surement aucune importance pour toi ce que je raconte.

Il ignorait visiblement aussi que j'étais une célébrité mais cela je ne pouvais rien y faire, ce n'était pas le seul dans ce pays à ne pas me reconnaître à ce niveau-là. Pas que cela me déplaisait, j'avais au moins la paix de cette façon. J'étais juste frustré que ce gars ne m'ait pas gardé en mémoire. Je ne me rappelais pas avoir dit quelque chose de mal dans nos échanges passés mais entre le point de vue chacun, parfois ce n’était pas le même.