Cayden Page. J'ai choisi ce nom en voulant changer de vie. Je ne voulais plus être ce loser qui craignait tout le monde. Non. J'avais changé et je n'étais pas prêt de retourner au point de départ. Je n'avais pas d'endroit où loger, je vivais dans un hangar pendant toute ma période de lycée, à Los Angeles. Et c'est là que j'ai eu de nouvelles fréquentations. Un gang plutôt mal perçu dans la ville. La roue avait tourné, c'était ces merdeux qui me craignaient maintenant et comme toujours j'en jouais très bien. J'avais besoin d'argent, je me suis lancé dans des trafics de drogues à tout va. J'étais presque devenu le bras droit du boss, un homme de confiance comme ils disent dans le métier. Mais un autre réseau s'était formé et on était rivaux bien entendu. Ils ne pouvaient pas y avoir deux patrons en ville. J'ai dû jouer un double-jeu avec cet autre gang mais le plan était foireux. On en est venus aux mains. Il y eut un mort dans l'histoire et il s'avère que ce n'était qu'un début parmi les plusieurs règlements de compte que mon boss devait rendre. Je n'ai pas eu de sanction, l'histoire étant toujours en cours mais presque dans les dossiers oubliés tellement sa mort a été camouflée. Ma méthode s'est appliquée au fil du temps et est devenue beaucoup plus propre, au point de m'en faire profit, ayant décidé d'en faire mon principal métier. Tueur à gages pour vous servir, à mon compte et jamais découvert ni même à ce jour. Je garde toujours mon emploi dissimulé sous cette image d'élève studieux qui parvient à monter dans son cours au point de pouvoir arriver à l'université si j'en avais envie. Et j'en avais envie. Mais bien que tout ça soit une partie de moi, j'ai dû fuir par rapport aux conséquences de mes actes. Des hommes me recherchaient. C'est aussi simple que ça. Mais j'ai tout fait pour arriver à avoir un petit bagage.

Elijah Fitzgerald. Et me voilà. Nouveau nom. Nouvelle vie. Nouvelle identité. Je ne sais pas pourquoi j'ai débarqué à Austin. J'aurais pu partir dans une autre ville où je passerais incognito ou même dans un autre continent mais je n'avais pas envie d'aller plus loin. J'ai voyagé pendant deux ans pourtant, deux grandes années sabbatiques. J'ai fait tout le nécessaire pour passer inaperçu et mener une vie simple bien que dans le fond elle soit compliquée, mon passé pouvant ressurgir à n'importe quel moment. J'ai pris des cours de mathématiques, en option en même temps que mon cursus de droit car j'ai toujours été bon dans les matières scientifiques et en secondaire dans la criminologie histoire de savoir comment les "experts" expliquent les raisons et le fonctionnement de nous, meurtriers. J'ai obtenu ma licence et mon master. Je pouvais même me lancer dans cette carrière, je m'étais imaginé profileur. Les choses en amenant une autre, je me suis retrouvé dans l'une des plus grosses boîtes événementielles d'Austin, le Butler's Event. C'est dans cette ville que j'y ai aussi fait la rencontre d'Albane, cette jeune violoniste talentueuse qui a su prendre mon coeur malgré nos différences. Pourquoi y rester si elle n'y était plus? J'y suis resté un an de plus avant d'avoir des nouvelles d'une vieille connaissance qui d'après ses messages avait besoin d'aide et d'urgence. J'étais de nouveau sur un marché dont je ne voulais plus appartenir.

Barry Jackson. C'est sous ce nom que j'ai été présenté au reste du clan de Lars, l'ami qui m'a contacté. Il avait besoin de renfort. Une vendetta, ce qu'il y a de plus basique. Tu tues telle personne, je tue la même personne dans le camp adverse, à la même position. Donnant-Donnant. Ou reprenant-reprenant, au choix. Il n'a cependant pas fait long feu lors d'une énième bataille. Et il fallait une relève. Il y aurait pu avoir bien d'autres candidats mais allez savoir pourquoi ils m'ont choisi. Je crois que Lars a un peu trop glorifié mes exploits - si on peut les appelant ainsi. J'ai repris la tête de sa mafia locale, allant faire le porte à porte pour récupérer l'argent non payé en temps et en heure, la gestion des biens dont il avait fait l'acquisition. Que des affaires louches, doutez vous. Et dire que j'avais prévu d'arrêter ces conneries. Je les ai donc aidé pendant bien quatre ans à récupérer leurs terres et leur honneur. Une période ensanglantée et stratégique, un accord qu'on a délibérément trahi pour les mettre à genoux, le chef adverse exterminé. Je n'avais cependant pas pris en compte un détail, ce n'est qu'après l'égorgement que j'ai croisé les yeux de sa fille. Et je me rappellerais de son visage pendant longtemps. Au cas où qu'elle reviendrait dans ma vie pour se venger, ce qui serait légitime. L'affaire réglée, j'ai récupéré le pactole qui m'était destiné et ai nommé celui qui reprendra la tête de cette grande famille. Des saluts adressés, de loin et je m'en suis allé, ayant communiqué vaguement l'endroit où j'allais si besoin, en leur priant de ne pas me demander sauf si cela était vraiment nécessaire. Et je m'en suis allé pour réellement mettre de l'ordre dans ma vie et me séparer de ce bordel qui me suit depuis plus de la moitié de mon existence.

Charles Pixley La dernière en date. Je suis parti immédiatement en direction de la Grèce, à Aegiali dans l'île d'Amorgos. J'ai finalement réussi à avoir cette vie paisible dont j'ai tant rêvé. Je me suis offert une petite maison avec vue sur la mer, en hauteur et j'ai simplement flâné. J'y ai appris le grec, ou du moins un parler correct, la langue étant difficile. Je me suis trouvé une passion pour la photographie que je n'aurais jamais soupçonné et j'ai continué à lire autant que cela pouvait être possible pendant bien deux ans et demi. Et je continuais à suivre quelques informations par rapport à Albane et j'ai ouïe dire qu'elle s'était installée à Monterey, pour une raison que j'ignore, elle qui aurait pu vivre dans les plus belles villes du monde. C'est la raison pour laquelle j'ai débarqué ici, il y a maintenant trois mois. J’y ai acheté une bâtisse qui n’est simplement que ma maison, éloignée du centre que j'ai bien commencé à retaper. Il y a bien évidemment du travail à faire encore mais j'ai pris le soin de bien l'isoler durant les premières semaines et de la peindre aux couleurs qu'Albane préféraient. Une vie routinière qui me change de la tourmente dont j'ai fait preuve. Je ne demande qu'à me faire oublier. Et de vivre paisiblement.