a life, a story -

Au coeur de ses souvenirs

Le pire,

Tw : harcèlement scolaire, humiliation
Son cœur bat à vive allure, l’angoisse le tenaille, les larmes coulent sur ses joues sans qu’il ne puisse rien y faire. Il supplie, il implore les autres de lui venir en aide. Il entend les rires, il perçoit chaque ricanement, la plus petite moquerie et au milieu de tout ce vacarme, le son implorant de ses pleurs, de ses hauts le cœur. Il n’y voit rien, on lui a recouvert la tête d’un sac dans lequel il peine à respirer, à reprendre simplement une bouffée d’oxygène, il étouffe sous la panique, il suffoque sous le poids de l’humiliation. Après l’avoir débarrassé de son t-shirt, on lui a noué les mains derrière le dos et on le pousse à avancer. Il n’a aucune idée de l’endroit où on l’emmène, du nombre de personnes qui se trouvent tout autour. La seule chose qu’il voudrait, lui, c’est disparaître et ne plus jamais refaire surface. Que tout s’arrête. Que les humiliations cessent, qu’on le laisse tranquille, qu’une autre victime prenne sa place. Une année à endurer ce calvaire sans fin, à baisser la tête devant les remarques, à courber l’échine face au mépris des autres collégiens. On se moque de tout, de ses lunettes aux verres épais, de ses boutons d’adolescents, de son appareil dentaire, de ses kilos en trop, tout est passé au crible, tout est analysé, scruté, violemment critiqué. Parfois bousculé, tantôt molesté, il ne peut rien faire d’autre que d’avancer et de traverser les couloirs la tête basse, en espérant que personne ne le remarque. Et surtout, il se tait. Personne ne sait, pas même Irini. Ils ne sont pas dans la même classe de sport, là où tout a commencé. Personne ne dit rien. Tout le monde regarde et, bien trop heureux de ne pas être la cible des brutes, se contente de rire et de ne rien dire.

Ravalant un sanglot, il sent qu’on l’arrête enfin et qu’on lui délie les mains pour les accrocher quelque part. Il continue d’implorer leur pitié, de ne pas lui faire une chose pareille, que quelqu’un lui vienne en aide ou finisse par l’achever. S’il ne voit toujours rien, il n’ignore pas qu’on est en train de lui retirer le reste de ses fringues. Ses pleurs redoublent, son humiliation lui brûle la gorge, lui déchire le ventre, lui donne envie de hurler, de tout casser. Il se débat, dans un sursaut d’orgueil mais il n’y a rien à faire, il est trop bien attaché. Il entend les autres élèves, il peut deviner leurs visages et lui, tout ce qu’il peut faire, c’est tenté de se cacher, de se camoufler à leurs yeux cruels.

Il restera ainsi, de longues minutes, jusqu’à ce qu’un professeur intervienne enfin et ne fasse disperser la foule. Il lui retire doucement le sac et le détache en lui tendant sa veste pour qu’il s’en couvre. Les épaules voutées de honte, il le remercie du bout des lèvres avant de s’enfuir dans les vestiaires pour retrouver ses habits et les revêtir.

C’est, à ce jour, le pire souvenir qu’il garde dans sa vie. La période du collège a été la plus dure à traverser pour lui, parce qu’il n’a jamais osé parler de ce qu’il subissait au quotidien. Et les traitements ont duré deux ans, jusqu'à ce qu'il passe au lycée. Jusqu'à ce qu'on le sauve de cet enfer.

Parce que les choses ont aisément recommencé une fois qu'il a passé les portes de l'école supérieure. Et tout allait reprendre, les humiliations et tout le reste. Pas assez fort pour le supporter à nouveau, il était persuadé, cette fois, de ne pas réussir à encaisser. Jusqu'à ce que, contre toute attente, trois élèves se détachent du groupe de simples spectateurs et interviennent contre la brute qui le molestait. En voyant une résistance en face, de la part de trois figures populaires, personne n'a osé broncher. Et c'est ainsi que la plus belle amitié de sa vie a débuté. Ses trois amis qui l'ont soutenu, épaulé, qui lui ont appris à faire face, à se défendre, à se révolter. Il a pu compter sur leur soutien sans faille, il s'est lié d'amitié avec eux et depuis ce jour, ils sont tous devenus inséparables. De trio, ils sont passé quatuor et plus rien n'a pu se mettre en travers de leur route.  

Comme le meilleur,

Son plus beau souvenir, il n’a besoin que de quelques secondes pour l’invoquer. Il se trouve dans une chambre d’hôpital, aux côtés de la personne la plus importante de sa vie et, dans ses bras, un petit être endormi respire paisiblement. Si on demande à Ionas d’évoquer les bons moments de sa vie, il n’en n’existe pas un seul où sa sœur n’est pas présente, voir la personne centrale de son souvenir. Il ont tout vécu ensemble, les plus belles joies, quelques grandes peines mais elle est sa constante, son équilibre, sa boussole et son repère. Sans elle, il a parfois l’impression qu’il n’est capable de rien, qu’il n’arrivera pas à avancer sans son soutien, à simplement y voir sans sa lumière pour l’éclairer. Dans son ombre depuis des années, inconsciemment caché dans la beauté de son âme, il veille attentif à ce qu’elle continue de briller.

Mais ce jour-là reste gravé dans sa mémoire, impossible d’oublier les images qu’il a en tête. Il se souvient de tout, de la poigne de sa jumelle à chaque contraction douloureuse, de sa force à chaque fois qu’elle a dû dépasser sa douleur pour continuer à pousser pour faire naître sa petite merveille. Il a le cœur encore battant qu’elle lui ait permis d’assister à ça, de la soutenir dans un moment exceptionnel. Et il est là, les larmes aux yeux de découvrir le nom inscrit sur ce bracelet. Hélios, Ionas, Dimitriou. L’émotion l’étreint et il relève la tête pour croiser son regard, pour se pencher vers elle et déposer un baiser sur sa joue. Pour la remercier, d’être aussi exceptionnelle. Si tout n’a pas été simple entre eux ces dernières années et que les épreuves de la vie les ont éprouvé mais surtout, les ont rapproché plus que jamais, ils sont réunis, à présent, ils sont à la maison et voilà qu’il tient entre ses bras l’enfant de sa sœur. Qu’il berce tendrement, avec attention et prudence. Alors, quand la jeune maman s’endort, épuisée d’avoir donné la vie, Ionas finit par s’asseoir dans le fauteuil sans lâcher son petit prince. Il le berce, l’apaise quand il semble se réveiller et fredonne quelques paroles qui lui passent par la tête. Une habitude qu’il gardera longtemps, pendant des années. Et son cœur s’apaise au rythme de sa respiration innocente. « Bienvenue dans ce monde, mini Ionas. » Chuchote-t-il tendrement, à l’attention seule de son neveu.

en vrac

La musique, c'est tout sa vie. On lui a découvert, plus jeune, ce que les artistes appellent l'oreille absolue. Il peut reconnaître n'importe quelle mélodie et la reproduire aussi aisément que s'il l'avait travaillé pendant des heures. Ce talent incroyable lui a permis de devenir un prodige de la musique. Il a appris à jouer de la guitare, du piano, du violon et de la contrebasse. Depuis quelques mois, il prend des cours de saxophone et de batterie, même s'il apprend surtout par lui-même. Il chante extrêmement bien, il compose, il écrit et il joue. Il pourrait passer des heures enfermé dans son studio à poser des notes sur un papier et les mettre à bout pour en faire des mélodies. Sa plus grande crainte serait de ne pas pouvoir en vivre un jour, d'échouer là où il essaye de briller pour la première fois de sa vie. (++) Ce n'est pas un grand sportif mais s'il y a deux choses qu'il adore faire, c'est nager et patiner. Il a une véritable passion pour l'eau et pour la glace et s'il n'est pas en train de jouer de la musique, soyez sûrs que vous pourrez le trouver dans l'océan ou à la patinoire. (++) Depuis son agression, Ionas a décidé de sortir de son cocon et de s'affirmer. Il est également avide de nouvelles aventures et de se dévoiler. Et pour cela, il a l'intention de passer par de nouvelles expériences inédites. Alors, il a trouvé qu'apprendre à conduire une moto était de loin la plus brillante idée qu'il ait pu avoir cette année. Mais il se débrouille bien et il obtiendra bientôt son permis (++) Il raffole de la glace à la pistache (++) Il est ambidextre et il a appris à manier ses instruments des deux mains (++) Il vit chez sa soeur aînée depuis quelques mois. Depuis qu'il assume son homosexualité, il ne se sent plus à l'aise dans la maison de ses parents et il n'a pas les moyens de vivre seul ou en colocation. (++) Il n'a aucun tatouage mais il s'est percé l'oreille droite il y a deux ans. Il a quelques cicatrices, conséquences d'une enfance un peu maladroite. Il a un centre de gravité légèrement différent des autres et sa maladresse est devenue légendaire. Il s'est ouvert plus souvent que n'importe qui. Il ne compte plus ses blessures de guerre et ses cicatrices, elles font partie de lui, à présent.

Sa famille a une grande importance pour lui. Bien sûr, il est extrêmement proche de sa jumelle. Irini est tout pour lui et il se cache bien souvent dans son ombre pour éviter de se faire remarquer. Il admire sa force et ses ambitions, il soutient chacune d'entre elle et la pousse à réaliser ses rêves, l'y aide si cela est nécessaire. (++) Mais il n'en oublie pas le reste de sa fratrie. Sa soeur aînée l'a recueilli il y a quelques mois, quand il a exprimé le souhait de s'extraire de chez les parents. Elle ne lui demande rien, si ce n'est de se débrouiller pour se payer ce dont il a besoin. Il est proche d'elle, mais pas suffisamment pour lui avouer tout ce qu'il est, pour l'instant. Elle lui a offert son tout premier instrument de musique, il l'aime énormément. (++) Il est également très proche de l'autre homme de cette fratrie. Antonios est un modèle pour lui, il voudrait davantage lui ressembler, c'était en tout cas son souhait quand il était petit. Il apprend à accepter à être lui-même, en priorité. Mais il aime sa famille, malgré les secrets qu'il leur cache encore, même s'il se cache dans leur ombre, il fera toujours tout pour eux.

Il a adopté un lapin nain l'année dernière (++) Il n'est pas très à l'aise dans les hauteurs, il préfère rester sur la terre ferme (++) Il a une fascination pour les requins et pour la faune marine en général. (++) Il n'est vraiment pas du matin, il déteste qu'on le force à se lever, en revanche, il peut veiller tard sans le moindre problème (++) Il fume depuis quelques années mais il a toujours réussi à cacher cette mauvaise habitude à ses parents (++) Il met toujours un temps infini à se préparer et de manière générale, il est toujours en retard, même s'il s'y prend en avance (++) Indécis, prendre une décision lui est difficile, même pour des choix aussi simples que bleu ou vert (++) Il change de goût tous les quatre matins, ne lui demandez jamais sa couleur préférée, son animal préféré, son plat préféré ou quoi que ce soit d'autre, il se réveille avec une nouvelle envie en tête chaque matin et des goûts différents de la veille.