Se revoir au milieu des milliers d'étoiles
  @Sylvia Norwood

L'hôpital est maintenant un endroit que Rebecca fréquente souvent suite à la nouvelle de son cancer. Cette nouvelle qui a changé sa vie. Elle profite plus de chaque moment de sa vie. Elle veut passer plus de temps que possible avec ses proches mais, surtout de sa nièce qui va tout hérité si elle succombe à ce foutu cancer. Heureusement que sa nièce trouve toujours le moment pour l'aider à pouvoir l'apporter à l'hôpital pour ses rendez-vous. Valeria l'aide également à se rendre à son rendez-vous. Elle reste parfois et parfois non. C'est tout de même une jeune femme de vingt ans. Rebecca comprend que sa nièce veut profiter de la vie. Par contre, quand Rebecca a finit son traitement. Elle est toujours là pour l'accueillir et prendre soin d'elle pendant la soirée. D'ailleurs, Rebecca prend quelques jours de congé. Elle ne veut pas avouer à grand monde à propos de son cancer. Peut-être que bientôt, elle n'aura pas le choix. Beaucoup se doutent de quelque chose. Rebecca ne dit rien jusqu'à quand qu'une personne ose lui poser la question. Pour le moment, elle aime bien rester dans sa bulle et avoir de l'aide de son nièce qui est une perle dans sa vie.

Valeria dépose sa tante devant la chambre de Sylvia. Valeria va chercher des boissons à base de sucre pour l'aider après son traitement. Elle se trouve dans la chambre de sa voisine qui est dans le coma depuis six ans. Son mari est plein d'espoir de retrouver sa femme un jour. Un tel amour ne se trouve pas au coin de la rue. Rebecca n'a pas pu ressentir une telle amour. Parfois, Rebecca va faire un tour dans sa chambre d'hôpital afin de prendre se nouvelles. Elle peut même lui parler même si elle se connait peu. Plusieurs rumeurs disent qu'elle est réveillé. Elle veut voir de ses propres yeux si cela est vrai ou non. Elle ne sait pas si cela est vrai. Cela lui donne espoir à croire qu'elle peut également survivre de son cancer. Sylvia est bien réveillée. Rebecca ne connait pas grand chose de son état. Rebecca qui dans une chaise roulante. Elle s'approche de Sylvia qui est entendu dans le lit.

- Tu te souviens de moi ? Je suis Rebecca, ta voisine.

Rebecca ne sait pas si elle se souvient de tout. Elle ne connait pas de détails. Elle n'a pas eu la chance de voir un médecin.

Avant l’accident, un euphémisme pour résumer le long coma de six ans et surtout la perte d’un enfant innocent, avant l’accident donc Sylvia sortait très peu de chez elle. Elle n’avait pratiquement pas d’amis ou même d’amies, ne se mêlait pas à la foule de mamans qui venaient chercher leurs progénitures à l’école, ne participait pas à la vie du quartier où elle habitait. Les fêtes locales, les kermesses ou toutes autres célébrations qui faisaient vivre et battre les rues de l’ouest, Sylvia les fuyaient comme la peste. Elle avait si peu d’interactions extérieures la belle, qu’elle se sentait recluse dans sa propre maison. Une bâtisse, comme son mari aimait la nommer, reculée, presque cachée, son havre de paix qu’il disait alors que sa femme s’y sentait emprisonnée. Son foyer devenait de plus en plus un véritable mausolée… jusqu’à l’asphyxier !

Aujourd’hui, alors qu’elle vient de se réveiller, Sylvia est persuadée qu’elle n’y remettra sans doute jamais plus les pieds. Ce serait au-dessus de ses forces que de se retrouver nez à nez, confrontée à son passé, une vie toute entière qu’elle a d’ailleurs fuit un soir funeste de janvier. Depuis que Nyls lui a appris la terrible nouvelle, la meurtrière a tant ressassé la journée qui l’a conduite dans cet hôpital, où elle a végété durant de longues années, réexaminé avec attention l’enchaînement des événements jusqu’au feu rouge qu’elle a sciemment décidé de passer. Le trou noir qui lui a succédé. Elle aimerait tellement revenir en arrière, faire le chemin inverse mais peu importe ses souhaits elle se retrouve irrémédiablement en prise avec la vérité…

Inexorablement les larmes lui montent aux yeux. Sylvia ne comprend pas pourquoi elle est "miraculeusement" sortie du coma. Pas plus qu’elle ne comprend pourquoi ce n’est pas elle qui est morte ce soir-là. Et tandis que la longue litanie des questions tourne en boucle dans son esprit tourmenté elle ne voit pas la jeune femme entrer, s'approcher, l’entend juste se présenter comme une voisine depuis longtemps oubliée…

- Non… je ne me souviens pas, dit-elle dans un sanglot alors que ses larmes redoublent d’intensité.

Pourtant les souvenirs c’est tout ce dont elle voudrait se débarrasser !

Se revoir au milieu des milliers d'étoiles
  @Sylvia Norwood

Rebecca ne peut pas comprendre c'est quoi être dans un coma depuis longtemps. Elle comprend que c'est la maladie. Elle a appris récemment qu'elle a un cancer. Ce n'est pas du tout facile tous les jours. Rebecca devrait bientôt devoir être en congé de maladie. Rebecca essaie de beaucoup travailler enfin de pouvoir prendre quelques jours de congé. Elle n'accepte pas du tout le fait d'avoir un cancer. Ce n'est pas du tout ce qu'elle souhaitait. Elle est maintenant enfin heureuse. Ce n'est pas la vie de rêve. Elle a une vie avec un métier qu'elle aime. Elle est famille d'accueil et elle a de l'aide de sa nièce, Valéria. Elle a encore la boutique de ses parents. Elle est marié à un homme qu'il n'est pas vraiment présent. Elle sait qu'elle ne peut pas avoir tout. Elle est déjà heureuse avec ce qu'elle a. Encore un autre traitement aujourd'hui, comme à son habitude, Rebecca arrive très tôt à ses rendez-vous pour aller voir certaines personnes dont Sylvia. Sylvia est sa voisine, enfin elle l'était. Maintenant, on peut dire que sa maison est à l'hôpital la pauvre. Rebecca ne connait peu de détails de Sylvia. C'est tout de même une connaissance. Rebecca a peut-être croiser que cinq fois, Sylvia. Rebecca a un grand coeur. Elle sait qu'elle s'inquiète pour des gens qu'elle ne connait peu. C'est tout de même gentil n'est pas ? Rebecca a souvent venu dans cette chambre avec Valéria, simplement pour lui parler de tout et de rien. Valéria lui fait ses ongles. Parfois quand Rebecca avait l'énergie, elle le faisait également. Valéria ne voulait pas lui parler. Rebecca est tellement heureuse de pouvoir voir Sylvia, réveillée. Elle sourit. Par contre, Sylvia lui indique qu'elle ne se souvient pas d'elle. Sylvia a les larmes aux yeux. Ca doit vraiment difficile de se réveiller après autant de temps. Rebecca comprend son sentiment même si elle ne l'a pas vécu.

- On s'est croiser que quelques fois sans plus. C'est normal que tu te souviens peu de moi. Ne t'en fais pas. Même si on se connait peu, je voulais tout de même prendre de tes nouvelles et voir comment tu allais. Je suis heureuse que tu sois réveillé.

Rebecca a quand même assez de patience. Elle essaie de lui expliquer dans ses mots comment elle se sent par rapport à elle. Rebecca ne sait pas si elle a sa place ici. Elle est du genre à s'imposer. Plusieurs personnes doivent l'avoir abandonner depuis ce temps. Même si elle peut que compter sur une voisine c'est mieux que rien...

Sylvia voit autour d’elle les gens s’agiter. S’inquiéter. S’étonner. Mais elle n’a rien demandé. Elle restait prostrée, n’attendait rien en particulier. Aujourd’hui encore elle ne voulait voir personne entrer, dans cette chambre qui a été la sienne durant de longues années, assimilée désormais à un tombeau où elle aurait pu succomber. Une force mystérieuse l’en a empêché. Sylvia ne sait pas l’identifier. Elle ne sait pas pourquoi elle a fini par se réveiller. Depuis elle est clouée. Dans ce lit. À la merci des docteurs, des infirmières et infirmiers, psychologues et autres kinés. À croire qu’il se reliaient à tours de rôle sans jamais s’inquiéter. De savoir si elle était fatiguée. De comprendre qu’elle en avait assez. Pourtant Sylvia donnerait tout ce qui lui reste, pas grand-chose à vrai dire, même pas l’espoir de renaître, pour qu’on la laisse enfin respirer.

Outre le corps médical et ses perpétuels examens, la porte s’ouvre parfois vers des visages familiers. Celui de son mari. Celui de sa fille. Elle avait honte devant eux. Honte d’avoir appuyé sur la pédale de l’accélérateur sans réfléchir. Honte d’avoir tué. Honte de les avoir abandonnés. Honte d’être allongée sans pouvoir bouger. Elle restait donc prisonnière de ce corps qui refuse obstinément de l’écouter. Bien sûr elle essaie de se résonner. De mettre des mots sur ce qu’il lui est arrivé. De patienter. Mais c’est encore trop frais. Trop compliqué. D’accepter.

- C’est gentil… qu’elle répond à cette voisine dont elle ne connaît pas le prénom. Ni le visage. Sans doute qu’elle en revanche sait tout d’elle. Son histoire. Ce qui l’a conduite dans ce mouroir…

La honte et les remords s’affichent encore derrière les larmes. Son seul exutoire !

Se revoir au milieu des milliers d'étoiles
  @Sylvia Norwood

Rebecca ne sait pas grand chose de Sylvia. Elle sait un peu de détails concernant son accident. C'est une moyenne ville. Les gens parlent malgré eux. Rebecca a su l'histoire avec une voisine un peu trop curieuse. Elle sait que par contre, Sylvia est assez solitaire. Rebecca l'a peu croisé. Rebecca pourrait simplement la mettre dans les dossiers oubliés. Ce n'est pas le genre de Rebecca. Rebecca s'inquiète toujours même pour des gens qu'elle connait peu. C'est peut-être pour cette raison qu'elle a choisit le domaine qu'elle travaille. En ce moment, elle est en arrêt de travail. Elle espère un jour pouvoir tourner la page de ce cancer si difficile. Rebecca passe beaucoup de temps à l'hôpital, un peu trop de temps. Rebecca veut profiter de la vie. Elle ne le peut pas autant qu'elle veut en ce moment. Heureusement qu'elle est bien entouré. Surtout elle a sa nièce pour l'aider. Sa nièce qui a voulu vivre chez elle, rien pour son confort. Elle ne peut pas non plus l'empêcher de vivre, c'est seulement une jeune adulte. Rebecca ne veut pas avoir l'air étrange. Elle est là pour prendre de ses nouvelles. Sylvia ne semble pas tout à fait à l'aise avec elle. C'est peut-être parce que les deux femmes se connaissent pas vraiment. Il faut la comprendre. En plus, après autant de temps dans le coma. Cela doit être difficile de se réveiller avec tant de changement. Avant de pouvoir lui poser quelques questions. Rebecca a envie de s'ouvrir à cette presque parfaite inconnu.

- Je viens ici pour un cancer. J'ai un cancer depuis quelques semaines. J'ai commencé mes traitements depuis deux semaines. Cela est vraiment difficile pour moi s'assumer ce diagnostic. J'en n'ai pas parler à personne pendant les premiers semaines. Maintenant, tout le monde s'inquiète pour moi. J'essaie de rester forte pour eux.

Même si les deux femmes ne vivent pas la même chose. Elles peuvent tout de même se comprendre. Rebecca trouve cela important de pouvoir se confier à elle. Elle peut ainsi la connaître plus. Rebecca n'est pas du genre à s'ouvrir facilement.

- Alors dit moi comment vas tu ? Cela doit être difficile de se réveiller après autant de temps. Tu as beaucoup de rééducation à faire.

Rebecca se dit que peut-être maintenant cela sera plus facile de s'ouvrir à elle. C'est à voir comment Sylvia se sent à l'aise.

Depuis son miraculeux réveil, Sylvia savait qu’elle aurait de douloureux combats à mener. Son corps en premier qu’il va falloir se réapproprier. Même si en définitive son inertie n’était pas le réel problème qui la préoccupait. Depuis que Nyls s’était assis sur le fauteuil encore à côté d’elle, lui avait avoué, le souffle coupé, que dans sa chute elle avait entraîné avec elle une jeune victime qui n’avait rien demandé, Sylvia n’ose littéralement plus respirer. Pourquoi elle et pas la malheureuse qui a péri parce qu’elle voulait simplement s’échapper ? Pourquoi le destin s’acharnait ? Pourquoi il l’avait choisi elle et non pas la petite Samara à qui l’avenir souriait ? Mais de réponses à ces questions Sylvia n’en aura jamais !

Recouverte d’un drap, un linceul censé la protéger, la blessée reçoit la visite de Rebecca. Elle ne la connaît pas. Ou plutôt elle devrait la reconnaître, savoir qu’elle est la voisine de ce quartier où elle vivait. Mais maintenant son adresse est la chambre 64b. Elle va devoir s’y habituer. A n’être qu’un numéro, à vivre dans une toute petite pièce, dans un lit médicalisé. Sylvia ne perçoit pas qu’au détour d’un couloir, d’une allée que d’autres drames se jouaient. Que d’autres souffrances étaient partagées !

Elle écoute attentivement ce que Rebecca vient de lui avouer. Cette maladie qu’elle doit elle aussi endurer !

- Je suis sincèrement désolée… finit-elle par balbutier. Mais s’en était trop. Bien plus qu’elle ne pouvait le supporter. Sa charge était telle qu’elle pouvait difficilement compatir, sans se départir de son propre malheur qui l’accablait. Chaque seconde qui passait était une véritable souffrance qu’elle n’arrivait simplement pas à oublier. Quant à se confier… il était encore bien trop tôt pour y arriver !

- Et toi alors ! Les traitements ne sont pas trop lourds à porter ?!

Se revoir au milieu des milliers d'étoiles
  @Sylvia Norwood

Rebecca voit clairement que Sylvia n'est pas trop à l'aise en sa présence vu que toutes les deux se connaissent très peu. Rebecca se dit que si elle parle d'elle. Peut-être que Sylvia va pouvoir se sentir plus à l'aise. Rebecca ne sait pas quel genre de personne elle est. Rebecca ne connait pas sa voisine personnellement. Elle ne sait pas quel genre de personne elle est. Rebecca lui dit un peu son histoire concernant son cancer. Rebecca ne va pas dans les détails. Par contre, elle trouve important de lui parler que toutes les deux vivent un moment difficile. Elles pourraient se soutenir. Sylvia ne semble pas savoir ou se mettre. Sylvia lui dit simplement qu'elle est désolé qu'elle vit une telle épreuve. Ses mots lui font du bien.

- Merci c'est gentil. J'imagine que je vais traverser ce moment difficile avec ma nièce et mon mari.

Rebecca lui sourit. Rebecca n'a pas trop d'énergie donc moins de motivation sur le fait qu'elle va surmonter le cancer. Cela dépend des jours. Elle doit essayer de se battre pour sa nièce, son mari ainsi que le reste de ses proches. Il n'a pas de doute la dessus. Sylvia ne veut pas trop répondre à sa question. Par contre, Sylvia retourne la question à Rebecca.

- Je viens de commencer mes traitements. Ce n'est pas facile. J'ai des nausées et je suis si fatigué alors que d'habitude j'ai beaucoup d'énergie.

Sylvia n’a pas tout de suite compris ce que Rebecca pouvait faire à l’hôpital, pourquoi elle était là ?! A moins d’être en quête de sensationnalismes, qui pourrait venir de son plein gré, pour prendre des nouvelles d’une voisine à peine rencontrée ? Entendre qu’elle est malade, qu’elle a elle aussi un long parcours de soins semé d’embûches afin d'espérer guérir, rassure pour l’instant la miraculée. Non pas qu’elle se réjouisse de cet état de fait, mais au moins elle peut ainsi expliquer sa présence à son chevet !

- C’est important la famille, fit-elle plus ou moins convaincue. Sylvia avait elle aussi un mari, mais surtout une fille. C’est pour sa petite, qui avait d’ailleurs beaucoup grandit, qu’elle ne se laissait pas totalement aller, submerger par le chagrin, ces vagues de tristesse qui parfois la brisait. Son mari quant à lui, avait été si froid, si distant à son réveil, qu’il avait érigé d’emblée et entre eux des barrières infranchissables. L’épouse éconduite se demande encore s’il n’avait pas affiché sciemment son mépris. Après tout, s’était-elle dit, c’est tout ce qu’elle mérite puisqu’elle a fauché la vie…

- Il va falloir s’accrocher Rebecca ! La pauvre Sylvia ne sait pas à qui ces bonnes paroles sont destinées. Qui voulait-elle convaincre ? Elle-même ou cette nouvelle complice ?!