Un seul mot d'ordre: se détendre!

Un seul mot d'ordre: se détendre!
ft @Luna Norwood gros câlin

Une pause. J’ai besoin d’une pause.
En ce moment, tout va vite, dans ma vie. Presque trop, à m’en donner le tournis. Je ne vois plus le temps passer, j’enchaîne les défis personnels en m’engageant toujours plus intensément au sein du centre d'aide aux femmes battues, ayant proposé mes services comme bénévole et plus encore. Du côté de ma vie professionnelle, c’est également une course dans laquelle je semble avoir trouvé mon rythme de croisière, n’étant plus aussi essoufflée qu'auparavant. Les clients s’enchaînent, je n’ai quasiment plus de zones creuses dans mon agenda et depuis ma participation au concours de tatouage lors d’un salon, il y a quelques semaines déjà, les commandes affluent, si bien que je n’aurais plus de disponibilité pour l’année à venir.
Non, tout est tellement beau à explorer, dans mon quotidien désormais.
Excepté sur le plan amoureux.
Un fiasco qui ne cesse de se reproduire, des déceptions qui succèdent aux désillusions. Je ne désespère pas, en soi, je n’attendais rien de Monsieur le Procureur. Cette histoire était vouée à l’échec, pourtant, en véritable amoureuse de l’amour, je n’ai pas pu m’empêcher de croire que quelque chose était possible. Que notre attirance magnétique avait pour but de nous mener sur un chemin certes sinueux mais qui restait tout de même intéressant et magnifique à exploiter.
Je me suis fourvoyée, une fois de plus.

Je digère donc ce que je considère comme un échec, depuis des jours. Je me plonge éperdument dans le travail, quitte à me provoquer de terribles maux de dos à force d’être courbée sur ma chaise, à dessiner sans relâche, parfois très tard dans la nuit. Je devais me rendre à l’évidence: il devenait nécessaire de prendre soin de moi et sur le champ. Mais je n’allais pas louper une occasion en or de profiter de ce temps libre en charmante compagnie. J’avais immédiatement pensé à Luna pour ces quelques heures de détente absolue, que j’avais eu par message et qui m’avait confié être également débordée, à cause du travail. Ce n’était pas une mince affaire de faire coïncider nos emplois du temps respectifs mais je ne désespérais pas. Nous allions y arriver. Je lui avais envoyé un texto la prévenant que j’étais disponible. Que j’étais là.
Pour prendre soin de moi… Mais également pour elle. Je croise les doigts pour que cet appel finisse par obtenir une réponse positive. Il faut toujours y croire, dans la vie…

Pénétrant dans le spa, en début d’après midi, je suis accueillie par une charmante hôtesse, qui me débarrasse de mes affaires et me propose de la suivre jusqu’à une pièce chaude et sentant bon la rose afin de me mettre à l’aise. Ce qui signifie me mettre nue… Ou presque. Extrêmement pudique, je patiente sagement, attendant de me retrouver seule, ce qui finit par arriver tandis qu’elle réalise avoir oublié de prendre les serviettes propres, je suis à priori la première cliente de cette session. Profitant de son absence pour me retrouver en sous-vêtements, ne conservant que le bas, j’enroule une serviette autour de ma poitrine, ayant fini par en débusquer une, attachant mes cheveux bien en haut de mon crâne, commençant à réaliser le bien que cela va me faire qu’on me bichonne un peu. Quand je sens une présence dans mon dos, je m’exclame, persuadée qu’il s’agit de l’hôtesse:

Merci mais j’ai fini par trouver, il en restait une dans la cabine et…

Mais mon interlocutrice n’est clairement pas celle que j’imaginais. Surprise, je resserre instinctivement le tissu en coton autour de ma poitrine et murmure, très heureuse de découvrir ce visage familier:

Oh, Luna! C’est toi. Tu as pu venir, finalement?

Question bien rhétorique qui n’a pour but que de briser la glace entre nous, tandis que l’atmosphère ambiante se réchauffe considérablement.
On dirait que l’après-midi va finir par être sincèrement intéressante…

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@Andrea Hopkins coeur

septembre 2023

Le ciel était couvert quand Luna regarda à travers sa fenêtre, dans son appartement de l’immeuble communautaire. Freya était en train de colorier, sortant ses nombreux feutres et un milliard de feuilles. La jeune femme essayait de penser à autre chose mais elle avait l’estomac noué. Elle ne pouvait oublier les instants précieux passés aux côtés d’Andrea. Elle ne savait pas très bien ce qu’il était en train de se passer entre elles. Luna avait cru voir des signaux, elle avait embrassé la jeune femme mais elle avait été repoussée pour être à nouveau sollicitée par message. Andrea lui avait révélé avoir aimé ce moment à deux. Mais Luna n’avait pas envie de se faire avoir deux fois, alors elle hésitait à aller à ce spa, proposé par la blonde. Midi passé, Luna décida de s’écarter de sa contemplation et prépara Freya : ça ne lui coûtait rien d’aller au spa. Elle n’avait rien à perdre. Soit elle passait un bon moment de détente et au mieux, elle passait un excellent moment car cette attirance était partagée. Mais elle ne pouvait pas continuer à tourner en rond ainsi sans rien faire. Déjà, elle n’avait pas osé lui répondre. Elle ne pouvait pas lui poser un lapin.

Luna déposa Freya chez Naveen pour l’après-midi. Il avait accepté de garder la jeune fille jusqu’à ce que Luna rentre. Il la poussa même à filer à ce spa, appuyant sur le fait qu’elle avait besoin de temps pour elle. Luna donnait beaucoup pour son travail d’ambulancière et pour sa fille, au point d’arriver au bord du gouffre dans certains moments, tout près de l’épuisement. Il était temps qu’elle prenne soin d’elle.
Elle se présenta au spa et on l’accompagna dans une pièce en l’intimant de se déshabiller, tout en restant en sous-vêtements, mais seulement bas. Luna, pudique de nature, mit un certain temps avant de se déshabiller complètement et enroula une serviette autour d’elle avant de pénétrer dans la pièce où elle était censée se faire masser. Elle avança doucement en reconnaissant Andrea, n’osant pas encore élever les voix. Elle serra contre elle sa serviette, gênée.

« Oui … j’ai pu me libérer. »

Elle regarda autour d’elle pour admirer la pièce et posa ses yeux sur le corps d’Andrea, d’une rare élégance. N’osant pas faire un commentaire à ce sujet, elle ajouta :

« Je ne sais pas trop comment ça se passe, j’ai jamais vraiment fait tout ça … ça me perturbe tellement d’être si peu vêtue, en plus … »

Quand elle se rendit compte qu’elle commençait à rougir en croisant le regard d’Andrea, elle détourna les yeux. Pourvu qu’elle n’ait rien vu.

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ft @Luna Norwood gros câlin

J’ai la sensation de me regarder dans un miroir.
De faire face à mes propres angoisses.

Il ne s’agissait pas d’une des membres du personnel du spa, non, certainement pas. Devant mon regard timide se trouve une Luna tout aussi décontenancée par cette nudité éprouvante. Je fuis le contact physique et à la fois, je détaille autant que possible le visage de celle que je n’avais pas revue depuis des semaines. Je réalise ainsi à quel point cette femme que je considère comme une amie m’a manqué, je me suis inquiétée à ce sujet, sans pour autant la bombarder de messages afin d’obtenir des réponses à mes trop nombreuses questions. Notre dernier tête à tête s’est soldé par une bien étrange finalité, que je ne cesse d’analyser, encore et encore, sans trouver d’explication logique à un tel comportement. Je m’en veux, bien entendu, de ne pas avoir réussi à la retenir, d’avoir été aussi bouleversée, au point de lui instaurer un malaise incohérent.
Mais tout ceci fait partie du passé, je dois me tourner vers l’avenir, avancer, ne plus ruminer. C’est une leçon que j’ai apprise avec l’expérience de Jacob, mon ex futur mari, et qui doit me servir dans mes relations actuelles.
Sentant le malaise de Luna envahir l’espace, je m’approche d’elle, m’arrêtant tout de même à une distance raisonnable et me veut rassurante, tout en lui disant:

Ne t’en fais pas, elles ne devraient pas tarder à arriver… Il y a du thé, tu en veux…?

N’attendant pas une réponse de sa part pour passer à l’action, je m’occupe de servir deux généreuses tasses, liquide fumant qui s’échappe tandis que le silence, oui, le silence, perdue entre nous. Gênée, je cherche pourtant des options autres que la fuite, je n’ai pas envie d’arriver à cette solution finale qui ne serait pas polie envers Luna. Tournant sur moi-même, je repère deux fauteuils confortables et j’ajoute, pointant du doigt en leur direction:

Je crois qu’on peut s'asseoir, le temps que les masseuses arrivent…

Prenant ainsi mes aises, je m’installe, tout en faisant bien attention de ne renverser aucune goutte de ce thé qui pourrait me brûler si seulement il rencontre en contact avec ma peau. Je sirote quelques gorgées, manque de m’étrangler tant je suis impatiente dans chacun de mes gestes. J’ose ensuite poser une question qui me taraude au sujet de Luna, qui franchit la barrière de mes lèvres sans aucune hésitation:

Luna, comment vas-tu? Je dois avouer que ne pas avoir de tes nouvelles m’a grandement perturbé, j’ai cru… Que… J’avais fait quelque chose de mal…?

Joignant ces confidences d’un geste tendre, pressant sa main dans la mienne, j’ose franchir cette barrière impossible qui s’est dressée entre nous et que je regrette amèrement.
Quelque part, j’espère que le personnel du spa ne débarquera pas trop tôt… Je sens que nous avons besoin de parler, en tête à tête. À moitié nues, offrant une certaine intimité émotionnelle pour accompagner ces fragiles silhouettes entourées de serviettes moelleuses, nous sommes seules. Entourées par ces non dits oppressants…

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@Andrea Hopkins coeur

septembre 2023

Elle n’était pas vraiment venue là pour se détendre. Du moins, pas totalement. Si Luna jonglait entre son métier d’ambulancière et son rôle de maman comme elle pouvait, elle appréciait énormément la compagnie d’Andrea. Depuis qu’elle avait fait sa connaissance, elle avait la sensation d’être en connexion avec la jeune femme, comme si elle l’avait presque connu toute sa vie. Alors qu’elle s’était sentie très proche d’elle lors de leurs dernières retrouvailles, en haut d’un toit, les étoiles dans les yeux, Luna avait pensé à une sortie romantique. À quelque chose qui se voulait doux, sans trop d’arrières-pensées mais qui laissait place à des peaux qui se frôlent, des regards accentués qui s’échangent. Elles les avaient cru en connexion mais Luna s’était rendue compte que son baiser était déplacé quand elle n’avait vu aucune réaction d’Andrea. Peut-être avait-elle était trop surprise. Leurs échanges par message avaient laissé sous entendre à Luna qu’il y avait peut-être un espoir qu’il se passe quelque chose entre elle et Andrea. Alors, Luna s’était dit que la réaction que la jeune blonde lui avait montré après le baiser devait venir d’une simple surprise et d’un besoin de réfléchir à la situation. Peut-être n’avait-elle pas tout envisagé de cette façon ? Luna ne savait quoi penser mais elle savait qu’elle devait cesser de réfléchir. Se faire des noeuds au cerveau pour des réponses qu’elle n’obtiendrait jamais, ça ne servirait à rien.

Quand elle fut en présence d’Andrea, Luna tenta de se détendre : en vain. Elle sentait les muscles de ses épaules crispés. Elle regardait Andrea, cherchait le malaise dans son regard ou peut-être son envie de s’en aller, de partir loin d’elle. Mais finalement, elle lui montra tout le contraire : elle s’approcha, décontenançant Luna qui se rendit compte que ça lui faisait du bien, cette légère proximité. Elle sentait que Andrea était aux petits soins avec elle, en particulier quand elle la rassura et lui proposa du thé.

« Je … euh … oui, pourquoi pas … »

Elle était hésitante, ne sachant sur quel pied danser. Elle avait envie de la prendre dans ses bras, de la serrer fort mais elle en était incapable. Elle restait là, comme une marionnette qu’on ne bouge pas, les mains serrées contre elle pour maintenir la serviette bien sur sa poitrine. Elle regardait Andrea servir les deux tasses de thé, admirant ses gestes sans un mot. Les masseuses étaient longues à arriver et Luna sentait ce silence pesant entre elles qui l’embêtait. Elle aurait voulu dire quelque chose, elle ouvrit la bouche, mais rien ne sortit. Et c’est finalement Andrea qui lui proposa d’aller s’asseoir dans les fauteuils.

« Euh … oui, bonne idée. »

Elle restait toujours aussi mal à l’aise, perturbée. Mais elle décida de s’asseoir et de tenter de prendre une gorgée de thé brûlant. Elle lâcha un léger gémissement de douleur quand sa langue entra en contact avec l’eau chaude, lui brûlant les papilles. Elle déposa sa tasse tout en écoutant Andrea. À ses mots, elle poussa un profond soupir, l’air désolée. C’est la main dans la sienne, l’électricité soudaine qui calma la jeune ambulancière.

« Andrea, je … j’ai cru … j’ai cru sentir une proximité entre nous, la dernière fois, j’en suis désolée. J’apprécie beaucoup ta présence et … comme j’ai cru mal faire, j’ai préféré me taire, de peur d’avoir cassé quelque chose. Je comprendrais si tu souhaites qu’il ne se passe rien entre nous mais … je, enfin. »

Elle regarda les deux mains, l’une dans l’autre et serra les dents, haïssant d’avance ce qu’elle allait dire.

« Si jamais tu n’es pas du même avis, je … j’aimerai que l’on calme cette proximité physique qui me donne espoir. Je suis désolée, tu dois être tactile avec tout le monde, j’imagine mais ce n’est pas mon habitude et ton affection … est agréable. Mais elle n’est pas un sens amical, pour moi. »

Désormais, Luna avait vidé son sac. Elle souffla de soulagement, contente d’avoir réussi à dire tout ce qu’elle pensait sans trop d’interruption. Elle pria intérieurement pour que les masseuses prennent leur temps, au point pour avoir la réponse à ses questionnements.

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ft @Luna Norwood gros câlin

La chaleur décontracte les muscles. Et pas seulement.

Siroter un thé en compagnie de Luna me fait un bien fou, malgré une situation complexe à déchiffrer du point de vue de ma partenaire. Je suis foudroyée par une gêne sans précédent qui s’insurge entre nous, à mon plus grand regret. Je la chasse autant que faire se peut, grâce à une bienveillance sans faille et une volonté d’être à son écoute. Je suis habitée par une sensation familière, que je ressens à chaque fois que je retrouve Luna. Moi qui ai toujours été sensible aux gens, de leurs caractères et de leurs singularité, je suis touchée par cette femme sans même savoir réellement pourquoi. Mais tout ne s’explique pas toujours, quand il s’agit de sentiments. Tout est si confus, alors, j’agis comme j’ai toujours su le faire: avec douceur et tendresse, sans doute mal dosée. J’observe avec attention Luna me confier le fond de sa pensée, m’expliquer à quel point mon attitude la dérange. Et c’est à cet instant que mon cœur se brise en mille morceaux. Je réalise à quel point l’aspect tendancieux de notre relation peut la heurter et c’est pourquoi je tente de lui offrir des excuses compréhensibles, d’une voix douce:

Je suis désolée, tellement désolée, Luna… Mais je dois avouer que je suis surtout confuse. Je ne peux pas dire que tu me laisses indifférente…

Et ces masseuses, sont-elles en pleine pause café pour mettre autant de temps à rejoindre leurs clientes? Je suis exaspérée par un tel manque de professionnalisme et à la fois, j’apprécie ce tête à tête avec Luna. Certes, je suis déboussolée, au point de délaisser ma tasse de thé qui refroidit tranquillement sur la table. Qu’est ce que je disais, déjà? Je suis complètement perdue. Tenant mon front entre mes mains tremblantes, je tente de faire le tri dans mon esprit, confiant verbalement ces pensées incessantes:

Tu sais, depuis cette nuit, j’ai… J’ai vécu une désillusion amoureuse, très douloureuse et… Depuis, je pense beaucoup à toi, tu sais…

J’ose enfin exprimer mes sentiments profonds et retrouver son doux visage pour lequel je chavire secrètement. Je réalise les propos que je viens de tenir, les conséquences qu’ils peuvent provoquer.
Il est désormais impossible de faire machine arrière. La franchise, mère de toute sûreté.
Et également la maîtresse d’un risque bien trop audacieux à prendre…

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@Andrea Hopkins coeur

septembre 2023

Cette situation ambigüe, Luna n'aimait pas y être confrontée. Elle ne se sentait jamais à l'aise dans ce genre de situations, complètement déboussolée, elle ne savait jamais comment réagir. De plus, elle avait peur de se faire des idées alors qu'il ne se passait peut-être rien du tout dans la tête d'Andrea. La chose qu'elle avait le plus besoin, peut-être, c'était d'être réconfortée. Elle avait peur, tremblait un peu. Elle stressait à la réponse qu'elle pourrait obtenir d'Andrea, peur d'être déçue. Surtout quand on reçoit des signaux dans tous les sens. Elle serrait les dents, anxieuse. Tentait de siroter son thé, mais elle tremblait trop et il était trop chaud de toute façon pour être bu. Sa jambe tressautait. Il fallait qu'elle se détente. Elle sentait son cœur palpiter bien trop fort dans sa poitrine. Si Luna était parfaitement capable de rester concentrée dans des situations stressantes dans son métier, quand il s'agissait de relations amoureuses, tout devenait soudainement compliqué. C'était inexplicable. Au travail, elle savait s'adapter et rester bien concentrée sur le fait de sauver des vies. Peut-être que c'était l'adrénaline qui la maintenait. Mais ici, là, maintenant, à quoi se raccrocher ? Pas d'adrénaline. Juste la personne et elle, avec son cœur qui ne cesse de battre très fort dans sa poitrine, ses mains qui deviennent moites et sa peur qui grandit à chaque seconde. Andrea, enfin, prend la parole pour s'exprimer. Les premiers mots sont agréables à attendre. Néanmoins, elle sent qu'il y a un « mais ». Alors, elle se tait. Elle écoute, tout en songeant que les masseuses peuvent arriver d'une minute à l'autre. Elle comprit assez rapidement qu'il y avait eu quelqu'un d'autre dans la vie d'Andrea mais qu'elle l'appréciait, raison pour laquelle c'était si compliqué.

« Oh, je comprends. Je ... »

Elle aurait aimé poursuivre à ce moment-là mais les masseuses étaient entrées. Alors, Luna s'était tue, s'installant pour profiter du massage. Pendant un long moment, elle avait songé à cette courte discussion. Les mots tournaient en rond dans sa tête. La désillusion amoureuse signifiait qu'elle avait été amoureuse juste avant elle, qu'elle avait encore des sentiments pour cette personne. Luna avait peur à cet instant de devenir un pansement. Pourtant, elle repensait à sa douceur, à la façon dont elle agissait avec elle, à leur proximité simple. Durant le massage, elle ne put s'endormir mais comme leur table n'étaient pas trop éloignées, Luna et Andrea pouvaient échanger un regard et même un sourire. À un moment, Luna tendit même sa main pour attraper celle d'Andrea.

« Merci pour ta confession. »

Elle décida de ne pas en dire davantage pour ne pas la mettre mal à l'aise devant les autres femmes et attendit la fin du massage, quand elles furent seules pour pouvoir lui donner le fond de sa pensée. Elle avait eu une bonne heure pour y réfléchir, assez pour savoir quoi dire.

« Je suis désolée pour ta désillusion, Andrea. Vraiment. Je pense beaucoup à toi aussi. » Elle sourit en finissant de se rhabiller et ajouta : « Je crois qu'on a une heure au spa aussi, on peut aller y faire un tour après ce bon massage ? »

Le massage l'avait tellement détendue qu'elle ne se préoccupait plus de rien. Tout semblait aller pour le mieux, elle respirait enfin que tout soit dit.

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ft @Luna Norwood gros câlin

La vérité triomphera toujours du malaise qui peut s’instaurer à cause des non-dits.

C’est grâce à cette puissante croyance que je surmonte la gêne ressentie au cours de notre échange. Sans savoir pourquoi, je compare la situation que je suis en train de vivre en compagnie de Luna avec un drôle de souvenir d’adolescence. Quand Dave, un des gars les plus populaires du lycée, me faisait tellement craquer que j’avais fini par lui écrire un petit mot que j’avais glissé dans son casier, lui avouant mes sentiments et lui proposant de sortir avec moi, le samedi soir suivant. Le cœur battant, je l’avais observé, cachée à l’autre bout du couloir, découvrir ma missive. La lire avec attention. Avant de la chiffonner et de la jeter sans ménagement dans la poubelle la plus proche, prenant ensuite la direction de son entraînement de basket.
Je me souviens de la douleur ressentie, de la fêlure qui, je le pensais sincèrement, ne pourrait jamais disparaître dans ma poitrine.
Et puis, un matin, j’avais oublié Dave, ce petit mot stupide et la vie avait suivi son cours.
J’espère sincèrement que Luna ne se retrouve pas dans cette situation, je ne le permettrait pas. Elle qui est si adorable ne mérite pas le traitement que je lui inflige.
Mais aimer l’autre, c’est aussi la respecter, la chérir et se montrer honnête avec elle.
C’est grâce à cette affirmation que je conserve le courage nécessaire de tenir son regard. N’osant rien ajouter de plus de peur d’enfoncer le clou…

Mais enfin, les masseuses arrivent dans la pièce, sauvées par le gong! Je n’ai pas le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’il est temps pour Luna et moi de s’allonger sur des tables et de profiter de la magie qui émane de leurs doigts de fées. Je ferme les yeux, soupire et durant de longues minutes, je réussis à faire le vide dans mon esprit, à m’apaiser. Et tandis que je tourne enfin la tête en direction de l’autre table où est installée mon amie, je découvre son bras tendu et n’hésite pas une seule seconde pour me joindre à elle. Je serre tendrement la main de Luna et me contente d’ajouter, avec une douceur sans égale, qu’elle mérite tant:

Je t’en prie, Luna. Je tiens beaucoup à toi, trop pour te perdre.

Et je ne le supporterais pas, je ne veux pas imaginer que notre amitié se retrouve détruite à cause d’envies non comblées, à cause de directions impossibles à prendre. Non, si je suis de retour à Monterey, à prendre ce nouveau départ, c’est pour que l’apaisement me gagne enfin, que mon avenir se déroule correctement, que l’ordre des choses finisse par être rétabli.
C’est tout ce que je demande. Ce que je mérite serait sans doute bien trop prétentieux…?

La suite du programme proposée par Luna me convient, l’heure suivante au spa fût si agréable qu’elle est passée à la vitesse de la lumière. Le mésentante entre nous s’étant enfin dissipé, pour toujours, je l’espère, nous quittons enfin l’établissement, nous attardant quelques secondes sur le trottoir où je lui demande, remplaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille:

Merci pour ce moment, pour ta franchise. J’espère sincèrement que ce n’était pas la dernière fois que nous nous voyons…?

La réponse reste en suspens, tandis que je retrouve, à mon tour, la main de Luna. Que je la serre doucement et que je cherche simplement à lui faire comprendre une vérité que je ne veux plus cacher:

Elle compte pour moi. Et la dernière chose que je désire, c’est que tout s’arrête ici…

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@Andrea Hopkins coeur

septembre 2023

Pouvoir prendre la main de la jeune femme lui avait fait du bien. Du moins, l'acte d'oser tendre la main puis celle de voir que Andrea prenait la sienne était plaisant. Elle ne souhaitait pas tout prendre comme un message ou tenter de tout interpréter mais c'était plus fort qu'elle : Luna aimait essayer de déchiffrer et de comprendre ce que les autres avaient envie de dire. Parfois au point de mal comprendre ou de faire un biais de confirmation : elle cherchait un certain message venant vers elle et dès qu'elle obtenait une réponse positive de la personne, elle la prenait pour un pas vers elle. De nombreuses fois, elle s'était trompée ainsi, cherchant douloureusement cette attention qui ne venait pas. Elle se moquait bien de tous les messages qui lui disaient que la personne n'était pas intéressée : elle prenait seulement le signal le plus infime, même le moins parlant, pour se faire des films dans sa tête et croire que cela allait arranger les choses. C'était peut-être ce qu'elle avait fait, la première fois, sur ce toit avec Andrea. Quand la jeune femme n'y voyait que quelque chose d'amical et que Luna s'était déjà vue l'embrasser, sortir avec elle, tomber doucement amoureuse. Elle allait généralement toujours trop vite en besogne et durant toute son adolescence, elle s'était confrontée à de nombreux murs parce qu'elle voulait aller trop vite. Elle ne laissait pas le temps au temps, de peur de perdre sa chance. Elle fonçait, tête baissée, manquant de réfléchir. Parfois encore aujourd'hui, cela lui portait préjudice. La chance qu'elle avait avec Andrea, c'était sa douceur, sa compréhension et son honnêteté.

Les mots de la blonde avaient été directement droit au cœur de Luna qui s'empêcha de trop interpréter ses mots. Elle aurait déjà pu être en train de se dire que Andrea commençait à avoir des sentiments pour elle, oubliant la désillusion de la jeune femme venait de lui faire part. À nouveau, il y avait ce biais de confirmation qui venait altérer sa perception, l'empêchant de réfléchir clairement. Luna aurait aimé que ce jour se prolonge encore longtemps, que cette séance au spa se termine l'une et l'autre dans les bras. Elle songeait qu'elle commençait peut-être à ressentir quelque chose mais elle n'en était pas sûre. Elle la regarda pourtant, sans rien faire, sur ce trottoir, le cœur battant. Elle regarde Andrea venir attraper sa main, le seul signal qu'elle attendait. Celui où elle se dit que désormais, tout est possible.

« Si tu as le désir qu'on continue de se voir, non, ce ne sera pas la dernière fois. » Elle rêvait de la rapprocher d'elle, de poser sa main sur visage pour sentir sa joue dans le creux de sa paume mais elle ne bouge pas. « Si tu as du temps, on peut essayer de se revoir dans la semaine ... » Plus qu'une sortie, elle rêvait de lui proposer une soirée, un date, un restaurant mais elle sentait que ce serait déplacée. Aussi se retint-elle, n'en ajoutant pas plus. Elle ne voudra pas envoyer valser la confiance qui était en train de s'instaurer. Prendre son temps. Ne pas se précipiter. Être patiente. Mais qu'est-ce que c'était dur, bon sang ! C'était plus fort qu'elle. « Ça te dirait pas, une sortie en soirée ? On s'habille bien et on va dans un bel endroit ? Que toi et moi ? » Non, elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle voulait encore aller trop vite en besogne.