Sioleb's Wedding Day

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OUTFIT |Je croyais vraiment que je n’assisterai pas à ce jour fabuleux ; celui où mon frère se lie à l’amour de sa vie. Dire que j’ai été septique, les premiers temps. Après tout, Siobhan lui a brisé le cœur et quand on fait du mal à Caleb, je peux me montrer très rancunière et il le sait. Oh oui, il savait que je ne la porterai pas dans mon coeur, que je ne ferais pas semblant. Pourtant avant mon départ, j’ai fini par accepter qu’elle fasse partie de sa vie, de la mienne et de celle de notre entourage. C’est ce qu’il voulait, alors… Il était heureux avec elle, il a réussi à imposer sa place dans sa vie à elle, tout comme lui, a réussi à faire de même. Je n’ai pu nier l’évidence, ça se voyait, rien qu’en les observant. Et aujourd'hui, j’en suis encore plus convaincue : ils sont faits l’un pour l’autre.

J’ai mis plusieurs heures à me préparer parce que j’éprouve de la difficulté, juste à m’habiller mais je n’ai pas voulu manquer le mariage de mon grand frère. C’est un jour tellement important pour lui, que j’aurais remué ciel et terre pour faire acte de présence. Lorsque je suis arrivée sur les lieux, je n’étais pas seule. Alan m'y accompagnait. Ce mercenaire sorti de nulle part, qui m’a littéralement sauvé la vie, avec son équipe, il y a plusieurs jours de cela. Dire que je n’avais aucune notion du temps, là-bas, mais c’est grâce à lui, si je suis en vie aujourd’hui. Grâce à lui, je retrouve ma maison, mon foyer. Je crois que je lui serais éternellement reconnaissante. Durant tout le trajet, je me suis montrée très nerveuse, je n’ai plus vu ma famille depuis des mois et mes fils ont dû tellement grandir. J’ai même fait part de mes peurs, à Alan, qui s’est montré très à l’écoute et m’a assuré que tout se passerait bien.

J’ai donc retrouvé Connor, et nos enfants. Alan s’est montré très réservé et n’a pas voulu interrompre ce moment, ni se sentir de trop je suppose. Dans tous les cas, il a disparu de mon champ de vision mais j’avoue que sur le moment, je n’y ai pas prêté attention tout de suite. J’ai simplement profité de l’amour de ma vie, de nos petits garçons, à l’écart de tout le monde. Nous sommes allés marcher, ou en tout cas, ce que j’ai pu mais seulement se retrouver entre nous, le temps de quelques instants, c’était tout ce dont j’avais besoin dans l’immédiat. Je suis allée faire un arrêt à la salle de bain, avant de rejoindre timidement la réception. Je me tiens toujours à l’écart, je demande à  Connor de s'occuper des enfants tandis que dans l’ombre, j’observe mon frère, au milieu de la piste de danse.

Dans les bras de sa femme, je ne peux que sourire. Je n’ai aucun moyen de le voir mais je sais qu’à cet instant, mon visage s’illumine. Il était heureux avant mon départ, c’est ce que j’ai retenu. Et il l’est encore plus aujourd’hui. À côté de moi, se tient Alan, je ne l’ai pas entendu arriver.

— Tu as disparu longtemps…

Je lui fais cette remarque, en chuchotant. Jusqu’à maintenant, personne ne semble avoir remarqué ma présence. En tout cas, les gens que je connais et puis, je suis assez discrète, depuis mon arrivée ici. J’ai besoin de retrouver mon grand frère mais je ne veux pas l’interrompre lors de sa première danse, avec son épouse, alors je préfère attendre et les admirer de loin. J’engage donc la conversation avec Alan, pendant un moment, puis Caleb se retrouve à danser avec maman, et là encore, je n’arrive pas à retenir mes larmes, elles coulent sur mes joues. Sans bouger de ma place, je regarde longuement ma famille, reçoit ensuite un léger coup de coude de la part de mon invité et lorsque je le regarde, d’un hochement de tête, il m’intime d’aller rejoindre Caleb. Il a raison, c’est le bon moment. Je hoche la tête à mon tour et lui souris. En inspirant profondément, j’avance doucement, mais sûrement vers la piste de danse. Tout à coup, je sens les regards des invités sur moi, ceux qui me connaissent semblent réagir assez vite, d’autres chuchotent mais je m’en tiens à mon objectif. Caleb est dos, maman ne tarde pas à remarquer ma présence, qu’elle s’arrête net de danser et ne me quitte pas du regard. Je lui fais signe de ne rien dire (nos retrouvailles approchent maman, je serais dans tes bras bien assez vite) Mon index sur les lèvres, j’ose espérer que l’effet de surprise sera à la hauteur de nos retrouvailles avec Caleb. Alors avant qu’il ne puisse se retourner, je murmure dans son dos :

— M'accorderais-tu cette danse ?

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Le plus beau jour de ma vie.

Et de très loin, bien évidemment. Je ne réalise pas encore l’immense privilège que le destin m’a accordé: celui de pouvoir faire de la femme que j’aime celle qui sera présente à mes côtés jusqu’à mon dernier souffle. C’est une promesse que je savais être capable de faire mais le bonheur de pouvoir lire dans les yeux de Sio la même envie est considérable. Elle dépasse les frontières du réel, de la bienséance et du à peine croyable. Je flotte, littéralement, marchant à pas de loup sur des nuages moelleux qui me réconfortent. Toute la peine, la souffrance et les incertitudes que j’ai pu ressentir au cours des derniers mois s’envolent, comme par magie, remplacés par l’inestimable bonheur d’être un jeune marié.

Enfin, un marié de plus de quarante balais, mais ça, c’est un détail dont on se passera, hein, merci bien.

Après la cérémonie s’enchaîne la séance photos ainsi que le jeté de bouquet. Désormais, c’est au tour du champagne de couler à flot et des petits fours à être dévorés par un parterre d’invités que je découvre encore. Bien entendu, je salue avec grand enthousiasme mes proches, y compris les Adelson. Je présente Siobhan comme l’une des leurs et je suis heureux mais pas pour autant soulagé de constater qu’ils l'accueillent dans le clan avec une profonde sincérité. Je n’en attendais pas moins de mon incroyable famille et je ressens la même chaleur qui émane de la part des Fitzgerald. Après un rapide hochement de tête envers Niamh (du genre plutôt glacial mais loin d’être hypocrite), la poignée de main solennelle que j’échange avec le Doyen Fitz se passe de mots. Je n’hésite pas à trinquer avec tous ce qui me le réclame, n’oubliant pas un mot d’ordre, afin d’éviter de terminer la soirée à quatre pattes: être raisonnable.
Mais plus rapidement que je ne l’aurais espéré, une certaine musique emplit la salle de réception, sonnant le glas d’un tête à tête romantique à souhait.

Allez, Caleb, c’est le moment. Celle de la danse qui t’effraie tant mais pour laquelle tu as passé des heures et des heures à t’entraîner.
T’es grand, ce soir, mon Caleb. Rien ne te fait peur.

De toute manière, comment être effrayé tandis que la plus belle et précieuse des mariées s’avance vers moi, afin de laisser notre amour commun prendre le dessus sur le reste…? Dès les premières notes de la musique, j’oublie mon stress, mon inquiétude et laissent de côté les milliers de questions qui m’envahissent.
Je me laisse aller, tout simplement.
Je ne vois pas le temps passer, niché dans les bras de Siobhan Adelson. Et au fur et à mesure que la fin de notre chanson arrive, timidement, je sens qu’il est temps de passer à un tout autre instant de communion. Je ne cherche pas longtemps celle qui vient m’offrir une étreinte maternelle, ma chère maman, celle que je remercie tous les jours de m’avoir mis au monde. Siobhan, comme l’âme pure et parfaite que j’ai toujours eu la chance d’apercevoir, s’éclipse, pour laisser la place à Madame Adelson, première du nom. Je ne quitte pas son regard, lutte pour ne pas fondre en larmes, malgré l’émotion qui atteint un douloureux paroxysme. Malgré l’aspect nettement moins romantique de la seconde chanson, je reste plongé dans une tendresse sans nom, osant même déposer un doux baiser sur la joue de celle sans qui rien n’aurait pu être possible.

Ma chère maman, celle que je partage avec un autre enfant Adelson.

Oui, bien entendu, je ne peux m’empêcher de penser à Delia. Ma petite sœur qui me manque, plus que jamais, en cette journée essentielle. Je ne peux accepter qu’elle ne sera pas présente lors du plus beau souvenir de toute mon existence… Mais je me fais une raison. Où qu’elle soit, j’espère sincèrement qu’elle finira par revenir, pour retrouver ses enfants, Connor… Et surtout, son frère qui ne peut plus supporter une telle attente.
Un trou béant dans ma poitrine qui ne s’explique pas et finira par se refermer à la seconde où je pourrais de nouveau poser mon regard sur son visage que j’ai découvert lors de ses premières heures de vie.

L’émotion est palpable mais face à ma mère adorée, je tiens bon. J’occulte tout le négatif pour me concentrer sur l’exceptionnel, le parfait, le mythique. Doyenne Adelson gigote, ne semble plus pouvoir se retenir, ne plus vouloir de mes bras qui l’entourent. Fronçant des sourcils, je me demande ce qui peut soudain la perturber…
Jusqu’à découvrir une apparition aussi fantomatique que miraculeuse.

Ma petite sœur.
Elle semble abîmée, mais c’est bien elle.
Elle semble épuisée, mais c’est bien elle.
Elle semble émue, mais c’est bien elle.
Et le temps s’arrête. Je ne sens même pas ma mère me glisser des bras, pour terminer sa course contre le torse de mon père, sanglotant face à une image qu’elle n’espérait plus possible: celle de ses deux enfants réunis.

Quant à moi, je ne comprends pas ma chance. N’estime pas à quel point mon espérance a fini par devenir réelle. Suffoquant, je me contente de plaquer ma soeur contre moi, souhaitant ainsi la protéger de toutes les horreurs du monde, tout en murmurant, interdit:

Delia, putain… T’en as mis, du temps, petite sœur.

Incapable de me retenir, je finis par m’effondrer en larmes, pleurant tel un gosse.
Pour une fois, les rôles sont inversés.
L’aîné est en proie à une vague foudroyante, à une émotion bien trop intense pour lutter contre.
Delia…
T’es en vie. T’es là, face à moi.
Promets moi de ne plus jamais repartir…

Et la danse semble être accessoire. Cette fois-ci, il s’agit simplement de gestes qui se passent de paroles. Je suis tout bonnement incapable de prononcer le moindre mot. Je me contente de caresser la joue de Delia, avant de la contraindre à ne plus bouger, incapable de se mouvoir dans la prison que je lui offre.
La plus douce, celle de l’amour fraternel.
Delia…
Tu m’as tant manqué, ma sœur…

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OUTFIT | Pour rien au monde, je n’aurais manqué ce jour si fabuleux. Mon frère qui se marie. une seconde fois. Qui l’aurait cru ? Quand il a épousé Anya, mon adorée, je croyais sincèrement que ce serait pour toute la vie. Qu’ils nous feraient de merveilleux enfants et qu’ils grandiraient assurément, avec les miens, si je décidais d’en avoir un jour. A l’époque, ils avaient tout pour être heureux mais c’est ensemble qu’ils se sont pris la plus grande des claques en plein visage. A deux, ils ne pouvaient procréer. Ils étaient incompatibles, génétiquement. Je ne connais pas grand chose sur la génétique, encore moins sur l’aide médicale à la procréation, mais ça a mis un grand coup de pied dans la fourmilière toute cette histoire. Et les années ont passé, petit à petit, ils se sont éloignés. J’ai toujours eu beaucoup de mal à accepter leur séparation, mais je crois aujourd’hui que c’était écrit quelque part, pour que mon frère adoré puisse rencontrer son véritable amour. Dans le fond, Anya n’était pas son amour, même si elle a été un coup de coeur pour moi. Elle n’est pas la marraine de mes enfants pour rien, pour moi, elle fera toujours partie de ma famille, même si elle a cessé de l’être pour Caleb. Je ne peux pas lui en vouloir de refaire sa vie, il mérite d’être heureux et c’est ce que je constate à cet instant.

Première danse pour Siobhan et Caleb. Je ne peux pas m’empêcher de les fixer, avec insistance. Avec beaucoup d’amour, puisqu’ils en dégagent tout autant. C’est vrai que Siobhan, je ne la connais pas vraiment. Je suis partie bien trop tôt, et je suis revenue bien plus tard que pour apprendre à la connaître. Ceci dit, tout n’est pas perdu. Je suis là maintenant, et je ne compte plus du tout partir. Cette dernière mission m’a fait comprendre des tas de choses et m’a fait réalisé à quel point ma famille était plus importante que mon pays. Je me suis battue pour lui, aujourd’hui je dois me battre pour les miens. Et l’une des premières choses que je compte faire, c’est de profiter de mes petits garçons, de mon amoureux. J’ai sincèrement besoin de me retrouver dans ma bulle, ne fusse que quelques jours, et puis les autres suivront, c’est plus que certain. Retrouver ma famille les un après les autres est primordial alors ça prendra le temps que ça prendra mais je compte bien retrouver tout ce que j’avais, avant mon départ. Je veux faire des efforts et en découvrir davantage sur la nouvelle épouse de mon frangin. Elle a une adorable petite fille, que j’ai repérée au loin sur ma gauche. C’est une jeune femme qui ressemble étrangement comme deux gouttes d’eau à Siobhan, qui court après l’enfant. Sûrement l’une de ses sœurs ? Mais quand je l’ai vue pour la dernière fois, cette petite fille qui gambade avec assurance, elle était très petite. Elle a changé tout comme Jacob. Il a eu beaucoup de mal à me faire confiance quand je l’ai pris dans mes bras. En même temps, qui suis-je pour lui ? Il sait que je suis sa mère, mais je n’ai pas développé ce lien entre nous, ce qui me fait beaucoup de mal. Mais je le dis, et le redis ; Je suis ici pour rester à présent !

Les larmes coulent sur mes joues. Ils sont si beaux, au milieu de la salle. Tous les yeux sont rivés sur ce couple charmant, et je peux y lire, y sentir même, tout l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre. Mon frère a trouver sa personne, tout comme sa femme. Je leur souhaite tellement de bonheur. Malgré les vents et marées de leurs vies respectives, ils ont réussi à se trouver, à se tenir la main pour ne plus jamais se lâcher. Moi qui était méfiante avant mon départ, je dois avouer que ce n’est plus du tout ce que je ressens à cet instant. Non, je suis soulagée même. Regardez-les. Regardez à quel point Caleb est heureux, simplement à sa place. C’est tout ce que je voulais pour lui. Alors, fini les interrogatoires ou les doutes à l’égard de cette brune magnifique. Je ferme mon dossier d’enquêtrice. J’ai la réponse à ma question. Quand le tour de danser avec notre mère arrive, je reste toujours en retrait mais il me tarde à présent d’aller rejoindre mon frère. Je laisse cependant quelques instants à ma mère de profiter de son garçon, encore un petit peu. Je me retiens juste de ne pas sangloter. L’émotion de le voir là, dans son costume, c’est quelque chose de fort ! JE ne réalise pas encore ma chance d’être auprès d’eux, même s’ils l’ignorent encore. J’aurais pu mourir là-bas.

Plus, je me retiens, moins j’ai envie de rester dans l’ombre. Alors, aussi bien que je le peux, j’abandonne Alan mon cavalier (après un hochement de tête pour me faire déguerpir de ma cachette) je m’avance doucement vers le centre de la piste de danse où maman ne tarde pas à me voir. Je crois qu’elle se décompose sur place. Elle ne s’y attendait pas. Alors même si j’ai plus qu’envie de me réfugier dans ses bras, je me rappelle les messages que j’ai reçu de Caleb pendant mes mois d’absence. Je les ai tous découverts, en même temps, ce matin même. J’y ai lu tout son désarroi, toute sa douleur. Son impatience de nous retrouver tous les deux. Je ne doute pas un seul instant, que mes parents, et autres membres de notre famille se soient fait du sang d’encre pour moi et qu’ils espéraient tous mon retour à la maison, mais les mots de mon grand frère m'ont totalement bouleversés. Il avait plus que besoin de moi aujourd’hui, plus qu’un autre jour et je suis fière d’être là. J’ai manqué un bout de la cérémonie, c’est vrai mais je suis là, c’est tout ce qui m’importe. Je m’en serais voulue toute ma vie si je n’avais pas pu être présente en ce merveilleux vingt quatre février. Quand j’arrive dans son dos en lui demandant une danse, je sais que je ne vais pas danser. Déjà, parce que je suis plutôt mal en point et que ça me demanderait un effort encore plus important, et de deux, je vais avoir mieux à faire, de toute façon.

Quand il se retourne vers moi, mon cœur cesse de battre, ma respiration se bloque et je me retiens de toutes mes forces, de ne pas éclater en sanglots. Il me bloque immédiatement contre lui, sans imaginer les douleurs qui me traversent le haut du corps, mais qu’importe, je n’en ai strictement rien à faire. Ce qui compte c’est que je sois là.

Qu’il soit là.
Que nous soyons là, tous les deux.

Et les promesses que je me suis faites, s’envolent comme par magie. Incapable de retenir mes larmes, je pleure. Oh oui, je pleure, comme une madeleine, m’accroche à mon frère autant que j’en suis capable, lui souffle au creux de son oreille :

— Je sais.

J’ai mis trop de temps à revenir de l’enfer, je le sais Caleb. Je me suis battue tous les jours pour rester en vie, c’est déjà pas si mal mais ce sont des détails que tu ne sauras jamais, sois en certain. Il y a des choses qui ne sont pas bonnes à dire, et celles-ci, je les emporterai avec moi, jusque dans ma tombe. Tu n’es pas celui qui pansera ces douloureuses blessures, ce n’est pas ton rôle.

Je relève le regard, tout en restant dans ses bras. L’étreinte qu’il m’offre pourrait même durer des heures et des heures, voire des jours, je m’en fiche. Ma place est ici. Enfin.  J’aperçois nos parents qui attendent leur tour de me prendre dans leurs bras, les larmes aux yeux. Mais il n’y a pas qu’eux. Voilà que nous sommes au centre de l’attention. Je n’aime pas ça.

Attrape moi la main, Caleb. Emmenez-moi avec toi, j’étouffe, ici…

Je lui dirais bien mais c’est tellement déplacé. Je referme les yeux, immédiatement. Je veux profiter encore de ses bras réconfortants. Je suis enfin chez moi.

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Sioleb's Wedding Day

Will you grant me this dance? -  @Delia Adelson      

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Est-ce un mirage? Un souhait bien trop fort qui a fini par devenir si réel, pour mes yeux émerveillés? Ou une réalité que je prends un temps infini à considérer comme l’instant présent…?
Bouleversé, piétiné par le flot d’émotions qui me gagne, je n’arrive toujours pas à y croire. Elle est là. Le bras en écharpe, la jambe dans le plâtre… Mais l’enfant Adelson, deuxième du nom, est bien présent. Tandis que je laisse une étreinte nous réunir pour de bon, je ne cesse de répéter en boucle, complètement décontenancé:

Delia… Delia, putain…

Incapable d’ajouter quoi que ce soit, je me niche dans son cou, serrant toujours plus fort mes bras autour de son buste, au risque de l’entendre pousser quelques gémissements de douleur. Bordel, Caleb, tu remarques pas à quel point ta soeur semble… blessée? Elle a réussi à s’extirper de son Enfer, mais non sans des séquelles profondes et surtout visibles. Levant aussitôt la tête dans sa direction, je comprends immédiatement le message silencieux qu’elle me donne. Dans son regard, je comprends qu’elle atteint des limites difficiles et que je dois agir en conséquence.
Caleb, il est temps de lire entre les lignes. D’une voix bien plus maîtrisé soudainement, je lui dis, affirmatif:

Delia, viens, on va s’éclipser. Laisse-moi t’aider.

Attendre son approbation? Pourquoi donc une telle perte de temps? Mon sixième sens me hurle de prendre les devants, de ne pas laisser Delia au centre d’une telle attention. Je retrouve ma condition de grand frère protecteur, j’enroule mon bras droit autour de ses épaules et nous prenons le temps nécessaire afin de quitter la salle. J’en oublie presque un regard en direction de Sio, mon épouse, je manque à tous mes devoirs.
Mais Delia Adelson est devenue la priorité numéro un, je refuse de la laisser dans un état de confusion aussi troublant.

Enfin, après ce qui semble être une éternité, nous passons les deux portes battantes de la salle. Je lance un regard sur ma gauche, sur ma droite. Je ne connais pas bien les lieux, mais je sens que nous devons nous éloigner, suffisamment pour nous concocter une bulle où nous pourrions être tous les deux, afin de sacraliser ces retrouvailles.

Je trouverais, ma sœur. Je te protègerais, maintenant que j’en ai enfin l’opportunité.
Je te le promets.

Traversant ce couloir (Putain, mais il est long de presque un kilomètre ou quoi?! On ne peut pas dire que Delia soit lourde à soutenir, mais quand même, arriverons-nous un jour à destination?!), je ne croise pas âme qui vive. Enfin… presque. Tandis que je transporte Delia jusqu’à une porte que je repère au loin, nous passons à côté d’une silhouette fantomatique, qui semble être celle d’un homme. L’obscurité ambiante n'aide pas, je plisse des yeux, tente de reconnaître ce visage aux traits tirés parmi les invités que j’ai au préalable croisé durant la soirée. Un cousin de Sio? Le fils d’un couple d’amis à nos parents? Je n’en sais rien et sincèrement, je m’en fiche comme de l’an quarante. Tout ce qui compte, c’est que je puisse installer Delia confortablement, qu’elle cesse de fournir des efforts physiques qui la diminue, caresser sa joue, entendre sa voix, profiter de sa présence.
Mais lorsque j’arrive à sa hauteur, mon épaule frôle celle de l’inconnu. Frissons qui parcourt l’intégralité de ma colonne vertébrale, je me fige, tourne la tête, de manière imperceptible.
Qu’est ce qu’il se passe, putain…?
Préférant poursuivre mon chemin, ma démarche toujours ralentie par Delia, nous finissons par atteindre ensemble ce petit salon au sein duquel, dieu merci, se trouve un sofa suffisamment confortable pour accueillir ma sœur diminuée. La posant avec autant de douceur dont je suis capable d’offrir, je soupire tout en retirant ma veste, essuyant les quelques gouttes de sueur qui sont apparus sur mon front et j’ajoute, dans un rire semi-moqueur:

Delia, putain, t’es pas légère hein! Enfin même si t’as perdu un peu de poids depuis…

… Depuis ton séjour dans une contrée d’où tu aurais pu ne pas rentrer vivante? Putain, Caleb, sérieusement, tu les enchaînes, les bourdes. C’est pas plutôt toi qui devrait fissa se remettre au sport? T’es de mauvaise foi, mon con. Décidant enfin de fermer ma gueule, une décision sans appel qui soulage tout le monde j’ai l’impression, j’attrape une chaise, que je fais glisser sur le carrelage, afin de prendre place face à ma petite sœur. Mais le sort s’acharne, un minuscule caillou semble s’être glissé sous un des pieds, je provoque donc un boucan monstrueux tandis que je pose la paume de ma main sur mon visage dépité.

Pour la discrétion, on repassera.

Mais là n’est pas l’essentiel. Tout ce qui compte, c’est de pouvoir m’installer face à Delia, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Pouvoir sentir son souffle sur le mien, ses prunelles observer les miennes… Quel privilège.
On se rend compte de l’importance des êtres faisant partie de notre vie lorsque nous sommes à deux doigts de les perdre. Pourtant, je sais que j’aime Delia, bien au-delà de notre lien de sang, de nos points communs ou de nos différences.
Nous partageons le même sang.
Ce dernier qu’elle a sans doute dû verser à outrance, durant sa disparition. Tout en caressant le dos de sa main que je n’ai pas hésité à attraper, j’ose lui demander, tout en observant ses sévices corporels:

Delia… Putain, t’as l’air d’avoir morflé. Tu… Qu’est… Bon sang, qu’est ce qu’il s’est passé?

Tandis que durant ce mariage, j’ai été ébloui par la cohérence de l’amour et de la paix qui me soutiennent désormais, je suis une fois de plus devenu aveugle, la faute à cette incompréhension qui me gagne. Cette obscurité est insupportable, j’ai besoin de savoir, de comprendre.
Delia, je t’en prie: Confie-toi à moi…

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