a life, a story - Mon histoire ?
Vous voulez réellement connaître mon histoire, ou c’est celle de mon frère qui vous intéresse le plus ? Parce qu’elle est étonnante, la sienne… Gamin, il avait des rêves, des espérences propres à lui. Une carrière toute tracée, avec des défis à relever et bien plus colossaux les uns que les autres, comme quand on passe le niveau supérieur dans un jeu vidéo, vous voyez ? En grandissant, les rêves des autres ont remplacé les siens et sa carrière… et bien… un vrai fiasco. A l’image de ma propre histoire, puisque je vivais dans son ombre. J'y vis encore, d’ailleurs… Il suffit que je vous observe pour le comprendre. Je ne suis “que” la deuxième, l’autre enfant, derrière les projecteurs pendant que l’aîné s’y trouve devant…

Mon rêve à moi, c’était de devenir architecte. De rencontrer l’amour de ma vie, me marier, acheter une maison. Et avoir des enfants. Oui beaucoup d’enfants que j’aimerais plus que ma propre vie. Ma liste de choses à faire a été modifiée à de nombreuses reprises mais j’ai barré autant que j’ai coché. Je ne suis pas devenue architecte, pourtant j’avais les bons outils, les bonnes idées pour réussir à marquer d’une simple petite croix, la case, de cette fichue feuille d’un cahier de notes de tout ce qu’il y a de plus ordinaire. A deux doigts d'être en quelque sorte, la PDG de ma propre existence. Au lieu de cela, je suis un peu comme sa secrétaire. Je retranscris, je subis et surtout, je ferme mon clapet. Je regarde ma vie défiler sans avoir la possibilité de changer quoi que ce soit qui ferait une différence. LA différence.

Et puis, rencontrer l’amour : j’y ai cru. J’y crois encore, parfois. Mais… je n’avais pas le temps. Je n’ai pas le temps. Alors, vous pensez bien que j’en avais encore moins pour faire des enfants. Dépassée par le train de vie d’Eugène, la vérité c’est que, plus le temps passe, plus je sens que plus rien d’extraordinaire ne pourrait m’arriver. Que la flamme s’éteint, petit à petit. Et je me raccroche à cette liste de choses à faire, à ces rêves manqués, à ces ambitions inachevées, inassouvies. Un jour… Je me dis qu’un jour… peut-être…
Je regarde ce crayon de plombs entre mes doigts, au-dessus de cette grande feuille blanche à croquis, réfléchissant à ce que j’ai manqué, à ce que j’ai laissé filer et à ce que j’ai perdu. Quand un architecte se met à composer comme le ferait un musicien sur son fidèle instrument, il y a tout un processus à respecter. Le développement de conception architecturale comporte plusieurs phases de conception principales, sept (7) pour être précise et dont chacune d’elle, joue un rôle essentiel dans la réussite du projet.


Phase numéro une : La pré-conception.
Avant tout, l’architecte s’interface avec le client pour connaître le terrain, les structures existantes, les souhaits, du dit client… Notre famille avait pourtant l’air d’être comme toutes les autres ; normale. Typiquement américaine avec de grands espoirs pour leurs deux enfants. Et bien, non, pas vraiment. Il n’y avait rien de normal dans notre famille. De l’ambition, il y en avait à la pelle oui, mais pas pour moi. Pour l’aîné, l’enfant prodige. à travers mon grand frère, nos parents sont devenus avares, désireux de devenir célèbre à travers les textes appris par cœur d’un jeune garçon qui ne comprenait pas encore l’ampleur ni l’impact émotionnel et personnel de ces foutus espoirs à la con. Et moi, j’étais là, en arrière plan, incappable de faire une quelconque différence. Incappable de protester. Je le savais, je le voyais ; il y avait quelque chose de pas normal dans cette maison. Ils l’ont poussé, à bout, ils l’ont forgé à leur image, ruinant ainsi, ses rêves d’enfant, à Eugène. Et par extension, ils ont bousillé les miens.

Phase numéro deux : La conception schématique.
Là encore, on traduit les souhaits du client, on indique les croquis, les dessins, les rendus 3D, les plans d’élévation, pour rendre plus réaliste ce qu’on veut. Eugène. Toujours Eugène. Il était de plus en plus sous le feu des projecteurs. C’est à lui qu’on a demandé de se surpasser, c’est à lui qu’on a forcé à lire des textes encore et toujours plus gros, même quand il ne voulait pas, même quand il était fatigué. Toujours dans son ombre, j’ai appris à m’y faire. Après tout, ce n’était pas si mal. Parfois. J'avais l'avantage de pouvoir aller à l’école, contrairement à lui. J’ai eu l’avantage d’être jetée dans le bus scolaire le matin, de m’instruire et de retrouver l’ambiance étouffante de notre foyer, le soir venu. Et ma soif d’apprendre n’a fait que grandir. J’ai développé une certaine dextérité pour le dessin à main levée. J'épluchais tous les livres de notre bibliothèque, à la recherche d'images que je pourrais reproduire à l’aide de mon seul crayon de plombs. Et je me suis surtout fascinée pour les formes géométriques, ainsi que les bâtiments, bien plus tard.

Phase numéro trois : Le développement de la conception.
A cette phase du développement, l’intention de la conception se manifeste sous une forme beaucoup plus détaillée. Le plan est plus précis, les finitions deviennent un sujet particulièrement important, car le coût total peut affecter tout le projet. Déterminée à devenir cette femme de pouvoir, j’ai continué à vivre dans l’ombre de mon frère. Notre père est mort il y a quelques années et je crois que ma génitrice ne s’en ait pas vraiment remise. En fait, je crois que Eugène et moi, on a jamais été que tous les deux, de toute façon. Il suffisait que nos regards se croisent pour qu’on se comprenne tout de suite. J’ai toujours été très admirative de ses sacrifices, et puis, je crois qu’on aimait nos parents, plus qu’on aurait dû, qu’on voulait juste bien faire, juste se faire bien voir, parce que nous étions les enfants et eux les adultes. Quelque part, on cherchait simplement leur approbation, à leur faire plaisir parce que c’est ça le lien d’un enfant à son parent. Il est très fort et peu importe ce qu’on fait ou ne fait pas, on ne coupera jamais réellement le cordon. Comme moi, avec Eugène. Je l’aime, c’est mon frangin, c’est mon âme sœur… ça ne s’explique pas, c’est génétique. Quand il a sombré dans toutes ces addictions, j’ai juste voulu me rapprocher de lui. Au départ, je n’y voyais aucun mal, surtout quand il passait ses soirées à jouer, encore et encore. A perdre son argent. A en gagner, parfois. J’étais pas là pour le réprimander, j’étais surtout là pour essayer de me mettre à sa place. Parce que décider de me mettre à sa place, c’était pouvoir le comprendre plutôt que le juger. J’voulais pas tirer les cartes du paquet trop vite ou mettre le carrosse de Cendrillon devant les souris, ou les chevaux. Un truc du genre, vous voyez le style, quoi ! J’ai voulu l’aider, jusqu’à ce que, d’une certaine manière, j’ai pris du plaisir à jouer à ses côtés. Oh rien de bien méchant, rassurez-vous. A l’époque, j’ai jeté mon dévolu sur cette folle machine bandit manchot. Une pièce après l’autre, on tourne la manivelle et on attend que trois images identiques apparaissent en ligne droite. Et quand ce n’est pas le cas, on recommence, encore et encore. Le nœud à l’estomac se forme, l’impatience se fait ressentir, l'excitation qui prend vie, qui me fait hurler à plein poumons quand la machine sonne de plus belles, m’informe que j’ai gagné… L'appât du gain, c’est ce qui nous pousse à recommencer encore et encore, jusqu’à ce qu’elle vous dévore petit à petit…

Phase numéro quatre : Le document de construction.
Et c’est là que la conception devient réalité. Les choses sérieuses s’imposent, aboutissent, doucement mais sûrement. Je suis tombée amoureuse, comme je l’ai désiré, à une époque. Je n’avais pas fini mes études quand il est entré dans ma vie. Au début, je ne l’ai pas présenté à Eugène, parce que je voulais vivre cette vie secrètement. Je voulais un peu d’intimité. Chose que je n’avais pas l’impression d’avoir ces derniers temps. Comme souvent, les enfants stars ne réussissent pas forcément leur carrière. Eugène n’a pas été épargné et moi non plus, par extension. A ses côtés, j’ai essayé d’aider, d’être présente pour lui, à chaque étape de sa réhabilitation. La drogue a fait des ravages. L’alcool aussi. Sans parler des jeux d’argent, des jeux de hasard. Je me suis dit que j’y arriverai. Que si je m’intéressais davantage à lui qu’a mes prétendues soucis de révisions, il s’en sortirait mieux que tous ces gamins célèbres. Je me suis dit que… je suffirais, à lui faire entendre raison. A chaque fois qu’il entrait en cure de désintox, je jurai que c’était la dernière fois. Oui, je le pensais sincèrement. Mais je suis une battante, je n’arrêterai jamais d’être celle qui le pousse, parce que c’est ce que j’ai toujours fait. Je l’ai toujours aidé avec de meilleures intentions que nos géniteurs à trouver sa voie, à prouver au monde entier qu’il est l’homme le plus merveilleux qui soit sur cette planète bleue !

Enfin, l’homme le plus merveilleux du monde, après celui qui faisait battre mon cœur, à une époque. Il a été très présent, sans doute un peu trop par moment. Il m’en a demandé tout autant, qu’Eugène me demandait l’énergie nécessaire à son train de vie chaotique. Je ne lui en veux pas, mais mon train de vie à moi était calqué sur celui du frangin. Incapable de couper le cordon, je crois que j’ai bousillé une bonne partie de ma vie amoureuse, toute seule. Et quand il est revenu, nous nous sommes forgé dans une spirale infernale, pas saine du tout. Mes habitudes avaient changé, mes priorités aussi. Et de cette boucle infernale, on a sans cesse tourné en rond. Je l’ai aimé autant que je l’ai détesté de m’avoir brisé le cœur, mais au fond, je suis responsable de mon malheur. Avoir l’illusion d’être maîtresse de son destin et de le détenir réellement entre les mains n’est absolument pas la même chose. Je me suis fourvoyée, et aujourd’hui, je sabote chaque relation que j’entreprends, sans vraiment le faire exprès, vous voyez ? J’investis le peu d’énergie que j’ai et parfois, ce n’est pas assez. Enfin que dis-je ? Je sais pertinemment que c’est loiiiiin d'être suffisant mais mon frangin a besoin de moi. Je ne peux pas l’abandonner. Je ne serais pas comme nos parents. Il n’en ai pas question. Et si Manoé était différent ? …

Phase numéro cinq : Le permis de construire.
A ce stade, on soumet tous les dessins du permis dans le cadre d’obtenir le permis et l'acceptation de ce dernier est le processus le plus long.
Accepter. C’est difficile. Accepter qu’on aura jamais réellement une vie à nous. une vie pour moi. Pour moi toute seule. Depuis qu’Eugène est devenu père, je ressens une profonde mélancolie. La tristesse de ne pas être une mère me fait beaucoup de peine. Par le passé, j’y ai songé, mais ce ton de reproche constamment dans mes oreilles me fait rebrousser chemin. Alors vouloir des enfants, avec mon train de vie merdique, c’est pratiquement impossible. Et mon neveu, je l’aime plus que tout au monde. Au fond, j’ai un peu le rôle de mère depuis que la sienne s’est barrée sous prétexte qu’elle subissait beaucoup trop de pression. La garce !!! Tu veux que je te montre ce que c’est la pression, connasse ?? Du coup, c’est moi qui me lève la nuit quand il pleure, quand il cherche de l’attention. Eugène essaie comme il peut, de lui offrir ce que nous n’avons jamais eu mais c’est pas facile. Depuis que ce documentaire est sorti sur Netflix, plus rien ne va dans cette famille. J’ai dû l’envoyer chez Martha Sighbury, une avocate tête de lion, tête sur les épaules et bien plus combative que moi pour mener ce combat de titans à bien, parce que j’ai du boulot par-dessus la tête, l’année dernière je me suis fait larguée, pour la énième fois (on connaît tous les raisons) et ça m’a usée jusqu’à l’os, je dois m’occuper du bambin, et d’Eugène, en plus de ça. Moralement, c’est compliqué, mais j’accepte. On se soutient, avec le frangin, c’est ça le deal, c’est ce que nous avons toujours fait, tous les deux. Pourtant, j’ai la sensation que, depuis quelques mois, je prétends à un nouveau bonheur, une nouvelle histoire. Est-ce permis, dans ce train de la vie qui roule à dix milles kilomètres heure ? Je l’ignore mais je crois que j’ai le droit d’essayer, non ?

Manoé. Manoé Callahan. Il m’est un peu tombée dans les bras. Ou c’est l’inverse ? Oui, ça doit être l’inverse, parce que la première fois que j’ai croisé son profond regard sécurisant, il essuyait le comptoir sur lequel une tasse de café s’était malencontreusement renversée. Une cliente distraite qu’on surnomme Nikki n’avait pas fait attention. Sans faire exprès, il avait du café sur sa chemise bleue navy. Je ne me souviens pas du nombre de fois où je me suis excusée mais ça a bien duré un bon dix minutes avant que je lui propose les services de buanderie, que je paierai de ma poche pour faire laver sa chemise souillée de caféine. Et depuis ce jour-là, pendant plusieurs semaines, à intervalle régulier, je venais prendre mon café, je lui souriais, partait travailler et revenais jour après jour. Jusqu’à ce qu’on échangé nos numéros de téléphone, qu’on sorte ensemble et qu’on échange notre premier baiser. ça doit faire environ six mois, maintenant. Et alors que c’est encore le début d’une histoire ? Enfin, sans prise de tête évidemment, j’ai l’impression qu’on n’est plus tout à fait sur la même longueur d’onde. Je veux dire, il est distant, par moment et je le sens bien, moi aussi, ça m’arrive. Parfois, j’ai juste besoin d’affection, parce que je me sens seule. Et lui alors ? Tu crois pas qu’il se sent seul quand tu décides d’annuler tous tes plans avec ton mec parce que Lawson premier du nom crie au secours ? Hum…

Phase numéro six : L’appel d'offres & de négociation.
Même si j’ai arrêté mes études à quelques mois de mon diplôme, j’ai tout de même pu rebondir sur autre chose, même si ce n’est pas ce que j’ai toujours voulu faire. La vie est faite de sacrifices, de marchandage et… oui encore et toujours de sacrifices. J’en ai fait des tas, durant toute mon existence. Je ne vis que par ça, alors c’est devenu une habitude, je ne cherche plus à changer cela. Je l’ai fait pendant des années et ça ne m’a franchement pas réussi, vous êtes d’accord ? En bossant à mi-temps dans une galerie d’arts au centre ville de Monterey, je m’efforce d’être disponible pour mon frère. Je ne peux réellement pas accumuler trop d'heures, parce qu’il faut récupérer le bébé à la garderie, il faut l’emmener chez le pédiatre ou l’ORL lorsque je soupçonne une otite. Et Eugène et bien… c’est un père, pas une mère. Et les mères, elles savent comment s’y prendre. L'instinct parle pour elles, à presque tous les coups. Je ne peux pas comparer mon quotidien avec ce petit garçon, et celui que j’avais avec ma mère. Elle était… En fait, elle n’était pas faite pour être mère, ça ne l’a pas empêché de procréer, à deux reprises. Pourtant, on dit souvent qu’il faut apprendre de ses erreurs. Elle aurait dû se rendre compte après Eugène, qu’elle n’était pas faite pour ça, mais bon, elle ne devait pas avoir toutes ses idées claires (pour rester polie) quand elle s’est dit, “recommençons, pour le fun!” Franchement !!

Phase numéro sept : La phase finale.
Le rôle de l'architecte passe de la conception à la gestion de projet. Bien qu'ils ne gèrent pas physiquement le chantier, ils effectuent des visites régulières sur place pour s'assurer que le projet est exécuté conformément à leurs plans. Et c’est ce que j’aurais dû faire : m’en tenir au plan initial. Faire mes études (les terminer, surtout), rencontrer l’homme de ma vie, acheter une maison et fonder notre propre famille. Et au lieu de ça, je loue un studio deux pièces dans lequel je ne dors pas puisque je vis continuellement dans la demeure du frangin, occupant la chambre voisine à celle du bébé. Je rêve de dessiner des plans de bâtiments à longueur de journée mais pour cela, il faudrait que je termine ce que j’ai commencé il y a quelques années, et surtout trouver le temps de m’y replonger. Je me terre dans un boulot que j’apprécie moyennement mais qui au final, m’arrange bien. Je suis tout de même au bord du précipice. La charge mentale devient ingérable, j’ai peur de péter un câble. Enfin, j’suis certaine que ça finira par arriver et en vrai, je n’ai pas envie d’assister à la chute que je suppose vertigineuse.


Assise sur mon tabouret, je remarque que j’ai dessiné. Mon subconscient est remarquable, m’a fait faire ce que j’ai toujours voulu, au fond. Cette maison, qui pourrait facilement être la mienne, est somptueuse, vue de l’extérieur. Tout y est épuré, doux et apaisant. On s’y croirait vraiment. Peut-être que… Et si… ?

Si je voyais dans l’avenir, sans doute que je serais plus confiante mais je n’en perds pas ma détermination pour autant. Il est peut-être temps d’ouvrir un nouveau chapitre sur la vie des Lawson ou plus précisément, sur l’effacée, l’autre, la seconde ? L’ombre d’Eric. Quelque chose qui y ressemble, en tout cas. Je n’ai pas besoin de vivre de folles aventures, j’ai juste besoin de retrouver l’équilibre familial qui me fait cruellement défaut depuis toujours. A croire que nos parents nous ont carrément laissé leur empreinte toxique sur nos gènes, sans doute pour répéter les erreurs du passé et ça me fait très peur. Je suis fatiguée, Eugène devrait le comprendre, pourtant, j’ai l’impression qu’il fait comme s’il ne voyait rien. Il voit, c’est sûr. Il doit bien voir que j’aspire à autre chose. Cette vie, que je n’ai pas choisie, ne me convient plus. Elle ne m’a jamais vraiment convenue mais il est important aujourd’hui, de mettre les mots exacts sur ce que je ressens, sur ce que je veux, et ne veux plus…

Alors, parfois, j’aimerais un bouton “pause” pour souffler. Disparaître, pourquoi pas ? Le temps d’un songe, seulement. Je suis très patiente d’ordinaire mais là, j’ai juste envie de fondre en larmes et d’abandonner, parce que Nicole Lawson a décidé de dire non, je ne veux pas. Non, je ne veux plus. Non.

Juste, non.

Dire non, c’est facile, quand c’est dans la tête. Le dire à voix haute, c’est totalement différent… Suis-je prête à dire non à l’unique personne qui partage ma vie depuis toujours ?