a life, a story -
Cher journal,

C'est la première fois que je me lance à te confier mes pensées, toi, le bouquin. Ma folle dingue de thérapeute pense que ça peut m’aider. D’où parler à un objet inanimé, ça peut m’aider ? Sérieux frère, où est l'intérêt là-dedans ? Autant parler à mon chien, au moins j'aurais de vraies interactions. Me voilà en train de raconter ma vie... aussi excitante qu'une mouche volant en rond. Mais au moins, tu ne risques pas de t'endormir… CAR T’ES PAS VIVANT ! J’pense qu’en vrai, je l’ai saoulé avec mes blagues à deux balles et mon refus d'être sérieuse. Du coup, autant que je m’adresse à toi.

T’sais Jerry… ouais, je vais t’appeler Jerry, c’est cool ça. Ma vie ressemble à une montagne russe. J'suis pas capable de rester en place, et j’crois que ça se voit dans ma manière de réfléchir. J’te jure, j’ai un milliard de choses qui se bousculent dans ma tête en même temps. J’me fatigue moi-même, frère ! Tu dois penser que, au moins, je dors la nuit. Mouais, pas vraiment. Mais bon, je garde le positif : je suis hyper productive, même si l’anticerne et la boisson énergisante Monster sont mes meilleurs amis.

Bon, l’intro est déjà trop longue. J’suis saoulée. Toi tu ne dois pas l’être, car t’es un objet. À moins que Toy Story soit une histoire vraie. Si c'est le cas, j’suis désolée de t’avoir volé acheté, acheté !

Par contre, attends-toi pas à ce que je te raconte tout en détail, hein. Sinon, t'auras pas assez de pages. Je vais surtout te balancer les moments forts de ma vie. Trois plombes pour un récit, non merci. Surtout que Marcus et Luna vont se demander où j’suis passée.

Allez, c’est parti ! Je vais titrer chaque paragraphe avec des films, des chansons ou des séries. Ça me correspond bien, j’adore me poser devant Netflix ou encore de télécharger des films (illégalement bien sûr, oupsi).

▬ Bonnie and Clyde[/b], les bandits du dimanche ▬
tw :: braquage ayant causé un décès

Avant de te plonger dans certains chapitres de ma vie, j’vais te parler de mes darons, enfin, du moins ce que j'ai pu déterrer à leur sujet. Ma vie, mon identité, un tissu de conneries. Je les ai connus sous les noms de Joyce et Arthur McAvoy. Maman faisait la fleuriste, et papa était dans le bois en tant qu'ébéniste. T’vois, ces parents pépères sans histoire et à la vie tranquille. Bah, ils se sont bien foutus de ma gueule. Lorsqu'ils sont décédés, t’sais ce que j’ai appris ? J'ai découvert que leur vrai nom, c'était Faith et Dorian Esteves. J’peux te dire que du haut de mes sept piges, je ne captais pas trop. Maintenant, je peux te le dire : c’étaient des braqueurs. J'ai encore du mal à m'faire à l'idée que je les connaissais pas.

Pour faire court, leur dernier coup a dérapé. Avec l'aide d'un complice, ils ont braqué une petite banque à Atlanta. Mais, l'un des gardiens a sorti son arme pour tirer sur ma mère, mais mon père a été plus rapide. Tu captes ? Mon père a tué un homme. Un homme qui ne faisait que son taf. J’te raconte pas l’état dans lequel j’étais, et même aujourd’hui, c'est pas simple à avaler.

Tu te demandes comment j’ai su ça ? À dix-huit ans, je suis revenue à Monterey et enfin, j'ai pu obtenir un parloir avec Danny Robertson. C'était le complice de mes parents. J'avais soif de vérité. J'pouvais pas faire ça avant, j'étais mineure. Tu te doutes bien qu’aucun de mes enfoirés de tuteurs n'avait daigné sacrifier son temps pour m'accompagner. Bref, il m'a tout balancé. Il m'a expliqué que ma mère était enceinte de moi, chose qu'elle a découvert la veille du braquage. Danny m'a avoué qu'il avait besoin de frics et qu’il était impossible de tout annuler, bien que mon père voulait. Il m’a raconté que c’était mon daron qui l’avait balancé anonymement, affirmant être celui qui avait tué le gardien (oui, ils sont parvenus à s’échapper de la banque avant l’arrivée des flics, c’était une toute petite banque de quartier). En retour, il les a balancés aux autorités, mais manque de bol pour lui, mes parents s’étaient déjà fait la malle et changé d’identité.

Alors, bien entendu, je ne l’ai pas cru sur parole et je suis allée au comico pour confirmer ses dires. J’en avais besoin. J’espérais qu’il m’avait raconté de vieux mythos. Que ce n’était pas mon père qui avait ouvert le feu… Mais c’était bien le cas. Il l’a fait pour nous protéger, maman et moi. Une famille a perdu l’un des leurs à cause de lui. Je lui en veux, si tu savais.

▬ Sans un bruit, même Mimi la mouche doit arrêter de voler ▬
tw :: meurtres des parents.

Il est grand temps, je suppose de te parler de la nuit du 10 janvier 2007. Je crois que c’est cette partie-là que ma thérapeute veut que je fasse ressortir dans ce cahier. Je me souviens encore du bruit de la pluie cogne sur la fenêtre à moitié ouverte, l’odeur de l'herbe mouillée chatouillant mon petit nez, de l’orage qui gronde tandis que je me sens en sécurité et bien au chaud sous ma couette à l’effigie de Balto et tenant fermement contre moi ma nouvelle petite peluche Stitch. Elle vient tout droit du parc de Disneyland Resort de Californie. On y est allés le week-end dernier. J’te jure Jerry, j’en avais les étoiles plein les yeux ! L’un de mes meilleurs souvenirs.

Deux jours après, arrive la nuit qui a tout bousculé dans ma vie. Une nuit qui continue encore de me hanter dans mes cauchemars les plus sombres, seize ans après.

Comme je te l’ai dit, je dormais à poing fermé, plongé dans mes songes, quand j’ai senti une main se poser sur ma bouche assez brusquement. J’te raconte pas le bond que j’ai fait. Il m’a demandé de ne pas faire de bruit, que quelqu’un se trouvait dans la maison et que je devais aller me cacher sous le lit.

Le stylo finit par être reposé sur le carnet, ses coudes s’appuyant sur le bureau. Elle pose son visage dans le creux de ses mains. Le rythme cardiaque de Hope s'affole, sa respiration devient défaillante et son corps tremble légèrement. Elle revit cette soirée comme si c'était hier. Elle n'a oublié aucun détail. Pourtant, elle aimerait être amnésique pour ne plus se souvenir du drame qui a touché sa famille.
- Hope, ma puce, écoute-moi attentivement. Il y a quelqu’un dans la maison. Tu vas te cacher sous le lit, tu ne bouges pas et tu ne fais aucun bruit. La police va arriver. Tout se passera bien.
- J’ai peur, papa...
- Je sais, ma princesse, mais il faut que tu sois forte et courageuse. Je t’aime si fort. Allez, cache-toi, murmure-t-il après avoir embrassé son front.
Seize ans, Hope. Seize ans. Il faut extraire tes démons une bonne fois pour toutes. Les yeux fermés, la demoiselle passe les paumes de ses mains sur ses yeux pour sécher ses larmes avant même qu'elles ne déferlent le long de ses joues.

C’est dur Jerry. C’est un supplice de devoir me replonger dans les souvenirs de cette nuit, c’est une torture. Tu sais, j’en fais encore des crises d’angoisses la nuit quand je me réveille en sursaut. Putain, je déteste me montrer vulnérable, au point de le cacher à tout le monde. C’est pour ça que je m’arrange toujours à dormir seule. Personne pour me voir dans cet état, si j’viens à avoir une nouvelle crise.

Bon, allons-y que l’on en finisse. Après m’être cachée sous le lit, Stitch collé contre moi, mon père a refait rapidement mon lit et fermé la fenêtre avant de repartir dans le couloir. J’ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai entendu des cris. J’te jure, j’en ai eu le sang glacé. J’entends encore les coups de feu qui résonnent dans ma tête et les supplications de ma mère. Puis, un autre coup de feu et enfin, le silence. J’avais mon corps qui tremblait, Stitch devant ma bouche pour ne pas faire de bruit alors que mes larmes inondaient mes joues. J’ai cru que j’allais y passer moi aussi, Jerry.

Il est entré dans ma chambre.
Il a fouillé mon placard.
Heureusement, il n’a pas regardé sous le lit. Peut-être parce que la sirène de la police l’a effrayé.
Au moins, il a foiré quelque chose. J’ai vu son visage à travers mon miroir sur pied. C’était le complice de mes parents pendant le braquage. Évidemment, je ne le savais pas. Ce n’était qu’un inconnu pour moi.
Il s’est vengé, m’a-t-il dit au parloir. Tu sais qu’il n’a aucun regret, ce connard ?! Il a bousillé ma vie, il m’a volé mes parents pour une histoire de frics et de vengeance. Heureusement, il a pris perpét’.

Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de sortir de ma cachette quand il est parti. Quand tu as sept ans, tu ne réfléchis pas plus loin que le bout de ton nez et t’es juste curieux. Je suis allée dans le couloir et j’ai vu le corps de mon père… puis celui de ma mère dans sa chambre. J’te passe les détails sordides. Écrire tout ça, ça ne m’aidera pas à virer ces images de ma tête. J’dois apprendre à cohabiter avec.

Une larme tombe sur le papier du carnet, noircie par l’encre du stylo. Replonger dans ses souvenirs les plus douloureux, lui a demandé un effort draconien. Hope finit par refermer le cahier avant d’aller s’allonger dans son lit en larmes, en serrant la peluche Stitch contre elle. Le seul objet de son enfance qu’elle a toujours gardé auprès d’elle.

▬ Oliver Twist, c’est ringard sauf le Disney "Oliver et compagnie" (t’sais avec le chat roux en mode bébé Garfield) ▬
tw :: violences en foyer, fugue

Je sais Jerry, je sais. Ça fait deux jours que j’te snob. Genre, tu t’en es rendu compte, toi objet inanimé que t’es. Mais, j’ai eu besoin de prendre un peu de recul, tu vois ? Faire un retour dans le passé, c’est éprouvant parfois.

Bref, passons à la suite.

Après la mort de mes parents, j’ai été trimballée de foyer en foyer. Franchement, qui voudrait adopter une gosse qui a été témoin du meurtre de ses parents, qui se sont avérés être des braqueurs de banques. En plus, j'ai passé cinq mois sans lâcher un mot. Un mutisme causé par un traumatisme. La psy de l'époque, elle appelait ça du mutisme sélectif. Un jargon de psy. J’te raconte pas le bagage émotionnel et psychologique que j’ai dû me taper. Je n’en veux pas aux gens de ne pas avoir eu envie de m’adopter. Sérieux, même moi, j'aurais pas voulu m'adopter, non plus. Soyons honnêtes, j’étais cassée, brisée. Qui a envie d’une gosse abimée alors qu’il y en a plein qui n’ont pas un passé aussi houleux que le mien ? Même ma tante n’a pas voulu de moi, la mère de Luna.

Luna. Elle est cool cette fille. Elle est tout le contraire de moi côté caractère, mais c’est ce que j’adore chez elle. Elle me calme quand j’démarre au quart de tour. Elle est douce et c’est une super maman pour sa princesse. Quand on a appris l’existence l’une de l’autre, elle m’a proposé de venir vivre avec sa mère et elle. J’ai refusé. Je savais par l’assistante sociale qui disait au téléphone que la seule personne qui me restait dans cette famille, ne voulait pas de moi. Encore une fois, j’la comprends.

Luna est parfaite.
Moi, je suis un aimant à emmerdes.

Le truc, c’est que j’sais pas si ma cousine aurait apprécié d'apprendre que sa mère m’a laissé m’démerder alors que j’avais sept ans, que l’on aurait pu grandir ensemble. Qu’en vrai, elle savait que j’existais, mais qu’elle ne lui a jamais parlé de moi. J’veux pas foutre la merde entre elles. Donc, je la boucle. À quoi ça servirait aujourd'hui de lui lancer ça ?

En huit ans, j’ai dû connaitre une quinzaine de famille d’accueil. Les meilleures, c'étaient celles où j'étais invisible. Genre, je pouvais disparaitre pendant des plombes, ils s’en foutaient complètement. J’créchais souvent chez Marcus. J’te raconte pas le nombre de fois où j’ai escaladé jusqu’à la fenêtre de sa chambre. J’pense qu’il se doutait bien que la vie en foyer n’était pas simple. Surtout quand j’avais une marque rouge sur le visage, ou encore quand je grimaçais parce qu’il me faisait rire mais que le type m’a fait rencontrer sa ceinture, car j’étais trop insolente. J’peux te dire un truc, c’est qu’au bout d’une dizaine de coups, tu finis par te blinder au point que ça ne te fait plus rien. À ce moment-là, j’peux t’assurer que je devenais leur pire cauchemar. Ils pouvaient plus rien contre moi. Du coup, je prenais des coups pour les autres gosses. Les plus jeunes. Je les ai protégés autant que j’ai pu, comme on l’a fait pour moi.

J’n’ai pas que de mauvais souvenirs, t’sais. J’ai fait de très belles rencontres parmi les jeunes. Unis dans la même galère. Par contre, dès les premiers foyers, j’ai eu la connerie de trop m’attacher justement. Ce qui fait que quand ils quittaient le foyer car ils ont eu la chance d’être adoptés, je l’ai vécu comme un abandon. Ils m’ont oublié. Enfin, jusqu’à ce que le destin s’en mêle et que l’on se retrouve par hasard.

J’avais quinze ans quand j’ai fugué pour la énième fois, mais cette fois-ci, avec la ferme intention de ne pas retourner dans ma famille d’accueil. Le mec était chelou, il voulait qu’on l’appelle « papa » et il avait un regard… tu ne voudrais pas rester seule avec lui. Alors ouais, son "papa", il se l'est mis où je pense. Ça le faisait chier et moi ça m’amusait. Je n’ai pas trainé à dégager de cette baraque, je ne le sentais pas. Avec l’adolescence, ton corps change, et j’suis pas conne, je remarque quand on me regarde. J’me suis barrée avant de vivre un traumatisme de plus.

Le truc, c’est que si je restais en ville, j’avais de grandes chances que les flics me choppent et que ce soit le retour à la case départ. J'en pouvais plus des foyers, de l'école, où j'étais en plein décrochage. Avec mon sac à dos, j'ai filé retrouver Marcus dans sa chambre afin de le mettre dans la confidence de mon départ. Après tout, on se connait depuis qu’on est gamins, il était normal que je l’en avertisse. Je lui ai promis de rester en contact, que je reviendrais de temps en temps pour le faire chier. Genre, qu’il ne pense pas se débarrasser de moi comme ça. Il a été la raison de mes allées et venues en ville. Je n’ai qu’une parole. Je sais trop bien ce que c'est que de pas tenir ses promesses, de se sentir abandonné. Alors j’évite de le faire aux gens qui comptent pour moi.

Avant même qu'il se réveille, j'étais déjà en route pour de nouvelles aventures. J'ai traversé quasi tous les États du pays. J’te rassure, je n’ai passé que très peu de nuits à la belle étoile. J’ai vite compris que mon beau petit sourire pouvait amadouer plus d’une personne et j’en ai joué. J’entrais dans des hôtels en même temps qu’une famille, avant d’aller me coucher dans une salle de réunion ou une chambre si je parvenais à dérober une carte magnétique. Et sinon, j'ai usé de la technique "Maman, j'ai raté l'avion" pour dormir chez des personnes aux grands cœurs, avant de disparaitre au petit matin. Puis, je suis devenue un Jedi dans l’art de voler. Il y aurait un concours de pickpocket, je l’emporterais haut la main ! Comment ça, je ne devrais pas en être fière ? C’est un talent comme un autre. Le mensonge, le vol, l’arnaque… ça fait partie de moi à présent. Cela dit, je ne m’en prends qu’aux riches, promis ! J’suis un peu la Robine des bois ! J’postulerais peut-être chez Disney si jamais ils en font un live-action.

▬ Requiem for a dream, avec Dumbo et les éléphants roses au casting ▬
tw :: mention sexualité (note sur un site), consommation de drogues, overdose (pas de décès)

À force de voyager comme je l’ai fait, j’ai rencontré beaucoup de monde. Que ce soit à travers des petits boulots (bah oui, je ne volais pas tout le temps non plus), d’une passion, ou autre. Des personnes bienveillantes et d’autres qui le sont moins.

Tu sais Jerry, je n’ai été amoureuse qu’une seule fois. J’avais quatorze ans, il avait un an de plus et il s’intéressait à moi. Moi, l’orpheline. J'étais tellement naïve, je croyais à l'amour parfait, genre Disney. Il a réussi à me séduire et à me mettre dans son lit. Première fois. Sur le coup, c’était très bien. Mais, j’ai déchanté deux jours plus tard quand j’ai découvert un site. Il se trouve qu’une bande de queutards n’a pas trouvé mieux que de noter les filles avec qui ils ont couché. Ouais, j’ai le plaisir de m’y retrouver. J’te raconte pas les commentaires. J’en ai encore la nausée rien que d’y penser.

Le site a fuité, il a tourné. J’te raconte pas l’enfer pour les filles qui ont été mentionnées. Bien sûr, pour certains, ces mecs étaient des champions et les filles, des trainées. De vrais cons. Évidemment, j’ai donné un coup dans les couilles du mec, avant de commencer à sécher les cours. Tu te doutes bien que maintenant, je ne fais plus confiance quand un gars me sort monts et merveilles. Je me suis pas mal renfermée sur moi-même à cette période. J’mangeais plus rien et j’me suis sentie salie. La conséquence aujourd’hui, c’est que je me refuse de tomber amoureuse et que je préfère les relations purement physiques.

Depuis, les mecs que j'ai rencontrés n'ont pas eu l'honneur de me briser le cœur. Y a eu quelques gars avec qui j'ai failli ressentir un truc, mais je coupais court. Cela étant, il m’est arrivé d’avoir un début de sentiment pour l’un ou l’autre, mais j’ai rapidement pris mes distances dans ces cas-là. J’ai aussi rencontré un gars avec qui le feeling était super bien passé. Sérieux, j’suis resté un moment dans cette ville pour trainer avec lui et ses potes.

Le hic, c'est qu'il était pas du tout fréquentable. Il m'a fait plonger dans le monde de la drogue.
Premier joint.
Premier rail de coke.
Première amphétamine.
Première piqure d’héroïne.

J'étais défoncée, Jerry, en permanence, j'touchais même plus le sol.
C’était il y a presque deux ans, à New York.
Mais un soir, j’étais assise dans une ruelle avec un garrot autour du bras et l’aiguille dans une main. J’venais de me faire un p’tit shoot. Sauf que ça ne s’est pas bien passé. Je me suis sentie très mal, impossible de garder les yeux ouverts. J’faisais une overdose.

J’peux pas te raconter ce qu’il s’est passé ensuite, mais j’me suis retrouvée dans un lit avec une serviette sur le front. Un mec m’avait trouvé et ramené chez lui. Il était plus âgé que moi. On ne se connaissait pas, mais il a pris soin de moi. Le pauvre, j’ai été hyper désagréable au début. J’pensais qu’il attendait des remerciements d’un genre particulier, mais pas du tout. Il s’est montré bienveillant et il m’a aidé à me désintoxiquer. Ç’a été long et douloureux. J’ai cru en mourir. Grâce à lui aujourd’hui, je ne suis plus dépendante de cette crasse. Bon, il m’arrive de fumer un joint de temps en temps, mais je ne vais pas plus loin. J’te jure, je ressemblais à un cadavre ambulant et surtout, j’ai failli y rester. De ce qu’il m’a dit, on m’a refourgué de la came de mauvaise qualité. Cool.

Ce gars, il est devenu mon ange gardien. Mon frère de cœur. Un pilier essentiel dans ma vie, ainsi que le groupe de potes auquel il m’a présenté. Je les connais depuis un an, et putain, je les considère comme ma famille. Ils sont passionnés par la danse et ils ont formé un petit crew. On allait kiffer à Central Park, tu sais, là où les artistes se la donnent (oui, ils m’ont tout de suite adopté dans le groupe).

Pour la première fois, je me suis sentie à ma place.

▬ Chesapeake Shores, le retour au bercail avec une bécane volée ▬

Il y a six mois, complètement rétablie de mon overdose, j’ai ressenti le besoin de retourner à Monterey et de me poser. Je m’attendais à devoir laisser le crew derrière moi et j’dois t’avouer que c’est ça qui aurait pu m’empêcher de revenir à la maison. Ils sont devenus tellement importants dans ma vie… mais surprise, surprise, ils avaient envie de me suivre. Certains étaient aussi originaire de cette ville, pour d’autres c’était l’aventure. Quoi qu’il en soit, on a plié bagage pour rejoindre Monterey. Enfin, ils sont partis de leur côté et moi du mien. Il se trouve que j’ai découvert que j’avais une frousse bleue de prendre l’avion. Donc, j'ai opté pour la voie terrestre. Ils étaient chauds pour m'accompagner, mais j'ai refusé. J'avais besoin de faire cette route solo, histoire de me retrouver avec moi-même.

Le voyage m'a aussi permis de rendre visite à de vieux potes, mais j'ai aussi volé une bécane à un mec. Une Harley-Davidson à laquelle je n'ai pas pu résister. J'ai viré la plaque d'immatriculation et j'en ai collé une nouvelle. Le proprio ne l'a toujours pas retrouvée, et moi, je la bichonne, tu peux pas savoir !

Une bonne semaine plus tard, j’étais de retour à Monterey, définitivement.

Par le plus grand des hasards, à peine arrivée que j’étais embauchée dans un bar où je me suis arrêtée, car ils cherchaient à embaucher. En plus, une personne galérait à faire démarrer sa moto et je lui ai apporté mon aide.  Le patron, il ressemblait à un grand nounours. Géant, musclé, barbu et tatoué. Il aurait pu me faire peur, mais je ne suis pas facile à impressionner (sauf s’il avait la gueule d’un avion, j’avoue). Étrangement, le feeling est très vite passé et aujourd’hui, il n’est pas que mon patron. C’est un peu un parrain pour moi. Mon père aurait eu plus ou moins son âge aujourd’hui. J’me demande parfois, si je ne fais pas un transfert, faut que j’fasse gaffe de ne pas trop m’attacher. On n’sait jamais.

Il a fallu que j’trouve où dormir ensuite. J’aurais pu me prendre un appartement dans un petit immeuble et mener ma p’tite vie tranquillement, mais non ! J’t’ai dit, je ne fais jamais comme tout le monde. Sur ma route, j'ai découvert un vieux bâtiment. Je n’y aurais pas prêté attention sur le coup, si je n’avais pas entendu des éclats de voix et de la musique provenir de cet endroit. T’sais, je suis très curieuse, donc je me suis arrêtée pour aller voir. T’imagines, j’aurais pu tomber sur un cinglé et j’serais pas occupée à te chatouiller avec mon stylo.

J’ai découvert une petite communauté : des marginaux pour certains et de tout âge. En fait, ils étaient en train de retaper cet endroit pour y faire des appartements et des pièces communes. Je suis tombée amoureuse de l’endroit. Un grand jardin, une grande pièce commune au rez-de-chaussée et des appartements sur trois étages. La seule règle pour y vivre, c’est de donner de son temps aux autres et aider à la rénovation de cet endroit. J’te jure, je m’éclate trop ! Jamais de la vie, j’déménage ! C’est un peu comme une très grande coloc’ ! Moi qui adore la solitude, c’est assez paradoxal d’aimer ce genre d’endroit. Mais justement, j’ai mon propre appart’ pour pouvoir m'isoler et m'enfermer dans la bulle.

Bon, j’reprends rapidement mes repères dans cette ville. Je retrouve d’anciens potes, Marcus et Luna. Ma vie suit son cours jusqu’à ce que je tombe sur une annonce pour être vendeuse dans un magasin… d’antiquité. J’suis entrée par curiosité, et comment te dire… j’ai eu un gros coup de cœur pour cet endroit. T’sais, je suis assez sensible aux énergies d’un lieu ou d’objets chargés d’histoires. C’est bizarre, j’sais. Bon, j’n'avais que peu d’expérience dans la vente et encore moins dans ce type de magasin, mais j’suis allée au culot. Crois-moi, j’me suis vendue comme jamais et j’ai été prise. Bon, maintenant je me documente de fou sur les objets. J’pensais pas, mais j’ai deux boulots hyper différents l’un de l’autre et j’voudrais pas changer ça. Cela dit, ne crois pas que je me suis assagie pour autant, hein. Je reste une pickpocket dans l’âme.

En plus, Val’, l’une des patronnes de la boutique, m’a proposé de l’accompagner voir un match de roller derby. Avant de la connaitre, je ne savais même pas que ça existait ce sport. Bah… révélation ! J’ai trop kiffé ! C’est violent, sportif : un vrai défouloir. C’est comme ça qu’aujourd’hui ben je suis la dernière recrue de l’équipe. J’ai choisi le pseudo de MacQueen. Mac, car c’est mon surnom et c’est en lien avec mon nom de famille, et Queen parce que je suis une reine qu’est-ce que tu veux.

J'essaie de ne pas trop me retourner vers le passé, de foncer vers l'avenir. C'est pas facile tous les jours, mais je me bats. J'essaie de sortir de ma bulle, de ne pas être trop froide avec les gens. Je crois qu'à force de vivre en communauté, d'avoir des potes, ça peut m'aider. J'veux pas finir comme une vieille peau aigrie, bloquée dans le passé. L'overdose, je crois que ça m'a remis un peu les idées en place. Aujourd'hui, c'est le début d'une nouvelle vie, non ?

Refermant son carnet, Hope vient de poser le point final à son histoire. Finalement, c'était libérateur de coucher ses pensées sur le papier. Il est temps pour elle de sortir de ce tunnel sombre dans lequel elle est tombée après la mort de ses parents, un tunnel qu'elle n'a jamais vraiment quitté. Mais il se pourrait bien qu'elle y reste encore un moment lorsque la vérité sur sa naissance éclatera, déclenchant une nouvelle crise identitaire.

Qui est donc réellement Hope McAvoy ?

○ VRACS ○
01. Échangée à la naissance, elle va découvrir qu'elle est la dernière chance pour sauver la vie d'un frère/soeur qu'elle ne connait pas.
02. À six ans, ses "parents" ont été tué durant la nuit par leur ancien complice.
03. Ballotée de foyers en foyers, elle finit par fuguée à l'âge de quinze ans, avant de mener une vie de nomade à travers le pays.
04. Son point d'ancrage a toujours été son lieu de naissance, Monterey.
05. Voleuse, arnaqueuse, manipulatrice, elle connait toutes les ficelles pour survivre dans la rue.
06. Passionnée de danse et de chant, elle a fait la connaissance d'un petit crew qu'elle considère comme sa famille.
07. À la suite d'une overdose, causée par une drogue de mauvaise qualité, elle est sauvée par un homme qui la prendra sous son aile.
08. Ancienne toxico, il n'est cependant pas impossible de la voir avec un joint au bec et un verre de vodka dans sa main gauche.
09. Récemment, elle a rejoint les Furies sous le pseudo de MacQueen, groupe féminin de roller-derby.
10. Crayon en main, casque sur la tête, elle a un talent inné pour le dessin.
11. Par le biais de ses voyages, elle a ouvert un compte insta où elle poste des photos, se découvrant un intérêt certain pour la photographie.
12. Ne quitte quasiment jamais son téléphone et ses écouteurs.
13. Depuis quelques mois, elle est l'heureuse maman d'un chien-loup âgé de six mois, répondant au doux nom de Shadow.
14. Si elle vous fait un doigt d'honneur, ne le prenez pas mal, c'est un signe affectueux pour elle.
15. A son retour à Monterey, elle a débarqué avec une moto volée.
16. Autodidacte, elle a appris tout ce qu’il faut savoir en mécanique, piratage, dessin, photographie.
17. Dingue de jeux vidéo en solo ou en ligne, elle est plutôt très douée.
18. Raffole des bonbons qui piques et affectionne le skate et le surf
19. Commence à s’intéresser à l’ésotérisme et à l’astronomie, elle pourrait regardait les étoiles durant des heures tout en écoutant de la musique.
20. Adore donner des surnoms à la con.
21. A une peur bleue de l'avion.
22. S'est retrouvée sur un site de "cotation" de ses prouesses sexuelles après avoir perdu sa virginité avec un mec.