(outfit) - 12 septembre 2015 - @Sebastian Hayes // C’est un tourbillon insensé. Sa vie, celle qu’il pensait méprisait à cent pour cent à pris un chemin qu’il n’avait pas vu venir et qu’il ne maîtrise pas et dans ce chaos surprise, il a perdu pied et il a fuit, fuit tout ce qui avait de l’importance. Cette vie est désormais la sienne, il n’a pas d’autre choix et faire marche arrière n’est pas une option, pas un seul instant. En ouvrant les yeux ce matin, il sait qu’il est temps et malgré l’inquiétude qui pèse sur ses épaules il sait au plus profond de lui même que fuir et se taire n’est plus la solution. La discussion de la vieille avec Rosalie lui a fait un bien fou, elle a toujours su apaiser ses angoisses et le comprendre sans difficultés, ils sont un tout ensemble, une moitié chacun qui s’assemble à la perfection et maintenant qu’elle sait bien qu’elle ai promis de ne rien dire il doit parler à l’homme qu’il admire le plus sur cette terre. Allongé dans son lit, il réalise qu’il a dormi presque une nuit entière et que Maddy dort encore tout près de lui. En dépit de tout, la vision de cette petite chose endormie près de lui, lui réchauffe le cœur et il voudrait graver cette image dans sa mémoire pour l’éternité. Discrètement, il sort du lit et profite de ces quelques secondes de répit pour prendre une douche express avant d’enfiler la seule tenue propre qu’il semble encore avoir. Lorsqu’il revient dans la chambre, elle est assise sur le lit un sourire sur les lèvres en train de jouer avec un ours en peluche.  « Salut ma puce... » elle tend immédiatement les bras vers lui et il la serre contre elle, tendrement, pendant de brève secondes. C’est fou, il ne pensait pas que les choses pourraient se passer ainsi mais il l’aime, il aime cet enfant sans être capable d’expliquer pourquoi, ni comment. Il aime cette gamine, sa fille, son bébé, son grand bébé.  « … on a quelqu’un a voir aujourd’hui, tu vas l’adorer, c’est le meilleur de tous crois moi » il y faut encore du temps mais quelque chose s’est créer entre eux, elle rit, semble impatiente, il l’entends dans le son de sa voix. Sans attendre, il fouille dans le tas de vêtement au sol pour lui choisir une tenue qu’elle valide avec le sourire avant d’aller la préparer. Le manque de sommeil se fait encore sentir, il pourrait dormir pendant trois jours d’affilés, il en rêve presque mais les choses finiront par s’arranger, il le faut. Maddy habillé et accroché dans ses bras, il quitte la maison et l’installe dans sa voiture avant de prendre la route en direction de chez son père. Il sait d’avance que la discussion sera longue, qu’il va devoir se faire pardonner ses silences et le tourment qu’il a causé mais il s’est juré de ne pas se dégonfler, il doit être fort, pour la petite brunette aux yeux bleus qui joue avec sa poupée sur la banquette arrière. Une fois arrivée, il se gare dans l’allée, juste derrière la voiture de son paternel et sort la petite. Il balance son sac sur son épaule et la prend dans ses bras avant de sonner à la porte. Les secondes défilent, c’est une torture et il entends la clé tourner dans la serrure et le visage surpris de son père devant lui. Il inspire, son regard plongé dans le sien  « Salut papa... » il tourne son visage vers la petite qui le regard avec ses grands yeux bleus, ceux des Hayes  « … je te présente Maddy, ma fille et ta petite fille » il dit d’une voix tremblante, son cœur se serre, il pourrait s’effondrer dans ses bras à cet instant, c’est un adulte maintenant pourtant plus que jamais il a besoin de son père.

La vie nous réserve souvent quelques surprises. Parfois les meilleures de toutes et parfois, certaines que nous aurions préféré éviter. Notre vie a été récemment chamboulé, passant d’un bonheur certain à une séparation que nous n’avons pas pu venir. Cette… tragédie, parce qu’il n’y a pas d’autres mots pour décrire la situation, ne m’a même pas effleuré l’esprit. Il n’y avait pourtant pas d’autres issues possible que celle de la fin heureuse, celle du bonheur absolu, ce dénouement que nous attendions tous, que nous espérions tous. Je soupirais en fixant mon reflet dans le miroir, fatigué, épuisé par les turbulences de ces derniers jours. Le message de Rosalie la veille, m’informant que tout va bien a suffi à me rassurer. Il est vivant et en un seul morceau et quelque part, c’est tout ce qui compte. Je poussais un soupir avant de remonter dans ma chambre, je n’avais pas la tête à faire grand-chose, à part me ressasser encore et encore ce message, les préparatifs, la déception, la tristesse… Un message, c’est la seule information à laquelle nous avions eu droit, un message mettant fin à toute l’euphorie que nous avions hâte de vivre. Un simple message nous expliquant que tout était fini. Un message brutal, violent, dont les conséquences seraient irrévocables. Mon premier réflexe a été de l’appeler pour essayer de comprendre, pour le raisonner. Mais sa messagerie encore et toujours me rappela qu’il n’avait envie de parler à personne. Dans ce genre de moment, les pires scénarios vous traversent l’esprit, j’ai pensé à une menace liée à son travail, à un accident, à une demande de rançon, à un danger… Parce que je connaissais parfaitement mon fils pour savoir qu’il n’aurait jamais été aussi loin de son plein gré. Jamais. Je soufflais en entendant la sonnerie de ma porte, je n’avais franchement envie de voir personne d’extérieur à la famille, je n’avais aucune explication à donner. Les enfants étaient éparpillés à droite à gauche, donc à moins que l’un d’eux ait de nouveau oublié ses clefs ? Lorsque la porte s’ouvrit enfin, je… je ne m’attendais pas à cet enfant. Mon cœur se contracta dans ma poitrine, et une bouffée de tout un tas de sentiments me submergea. Je… “Raphael…” Surpris, choqué, et surtout… Rassuré de le voir. Soulagé qu’il soit toujours entier et en bonne santé. Les cernes sous ses yeux trahissaient son état de fatigue, mais je ne fis aucun commentaire, rien du tout et m’approchais de lui pour le serrer dans mes bras. Je ferme les yeux quelques instants, respire son parfum, inspire profondément… Et surtout, espérant que ce soit bien réel et non pas mon imagination qui me joue des tours. Je te présente Maddy. Je ne comprends pas tout de suite et me détache, baissant les yeux sur… ce petit ange que je n’avais même pas remarqué, que je n’avais même pas vu et que j’ai failli écraser. Essayant de me ressaisir tant bien que mal de mes retrouvailles avec mon fils, je prends une gifle monumentale en posant mon regard sur elle. Maddy. Sa fille. Ma petite fille. Elle avait les yeux bleus, ceux de son père, les miens, l’héritage des Hayes. Il n’y avait aucun doute…. Aucun. L’information eu du mal à monter jusqu’à mon cerveau et encaisser le coup est assez difficile. Je relève les yeux vers Raphael, les sourcils froncés. Et ce que j’y lis… Je l’interroge du regard, pas sûr de comprendre tout ce qui se passe. De nouveau, je me focalise sur la petite chose dans ses bras. Incapable de respirer, incapable de cligner des yeux, je continuer à la fixer, sans émettre le moindre son, le moindre bruit. Le petit bébé cligne des yeux et me regarde d’une drôle de façon, sans doute cherchant à comprendre qui je suis. Le coup de cœur est presque immédiat et à ce qui se dessine sur son visage, ce qui pourrait s’apparenter à un sourire, eu un effet spontanée sur moi. “Bonjour petite princesse.” Je lui murmure tout près d’elle. Je vais doucement chatouiller son ventre, sa réaction me fit tout de suite rire. “Tu viens voir papy ?” je demande d’une voix toujours très faible, raisonnant comme un murmure. Je tends doucement mes bras vers elle et la récupère, la serrant tout doucement contre moi. Papy… Je ne pensais pas le devenir aussi jeune, pourtant, avoir ce petit ange dans mes bras me rappelle les meilleurs souvenirs de ma vie, lorsque mes enfants avaient cet âge là. “Entre et ferme la porte derrière toi.” Je dis sur un ton autoritaire à mon fils, en m’éloignant. Je n’en dis pas plus. Il y avait pourtant tellement à dire, tellement de questions, de non-dits, de malentendus sans doute, mais pour le moment, et pour une des rares fois de mon existence, rien ne me vient, je préfère le laisser venir à moi et m’expliquer ce qui se passe.