Siobhan et Caleb nous offrirent un des plus beaux mariages auxquels j’eu la chance d’assister. Tout était à leur image, chic, élégant et surtout, débordant d’amour et de bienveillance. Le bonheur se respirait à chaque coin de la salle. Je m’étais complètement laissé aller, accompagner Niamh s’est avéré être une excellente idée, je me doutais que je ne serais pas déçu. Niamh est ma plus vieille amie, et au-delà de ça, c’est celle avec qui je m’entends le mieux, celle qui arrive à me comprendre parfois mieux que moi-même. Notre relation est si légère, exactement ce dont j’ai besoin. Donc lorsqu’elle m’a parlé de l’accompagner à un tel évènement aussi important pour elle, je n’ai pas hésité. Moi à ses côtés a surpris plus d’un, notre amitié n’était pourtant un secret pour personne. J’ai aussi lu l’incompréhension dans les yeux de mes enfants, ce qui ne m'a pas étonné étant donné ma discrétion sur ma vie privée. Seul Raphaël savait que je serais là, Raphaël que j’ai vu faire dansé Emilie et pas uniquement pour une seule danse. Ma surprise a rapidement laissé place à la fierté, je jubilais intérieurement du spectacle qu’ils m’offraient. J’aurais pu applaudir ou faire une danse de la joie, mais j’ai préféré capturé le moment avec mon téléphone, histoire d’immortaliser cet instant magique et de leur en laisser un souvenir. J’étais extrêmement fier de le voir enfin se donner les moyens d’être heureux et d’avancer. La culpabilité aurait fini par avoir sa peau à ce garçon. Rosalie de son côté était accompagnée d’un garçon que je ne connaissais pas et que je ne me rappelle pas avoir déjà vu. J’insiste depuis des mois pour qu’elle accepte enfin de s’ouvrir et de voir quelqu’un, lors de notre dernière discussion, elle n’était pas dans cette optique et donner la chance à une jeune homme ne semblait pas être de l’ordre du jour. J'étais donc ravi de la voir accompagnée et non pas seul pour cette journée. Après avoir fait danser ma cavalière, je la laissais retourner à ses occupations. En tant qu’aîné de la mariée, elle avait une pression folle sur les épaules et un stress constant tout le long de la soirée. J’avais fait danser ma fille, et même mon fils lorsque l’occasion s’est présentée. Car nous sommes aussi ainsi chez les Hayes, à casser les codes et à ne prêter aucune importance au regard des autres. Coupe de champagne en main et sourire aux lèvres, j’observais de loin les différents couples qui dansaient sur la piste. Une voix familière me fit sortir de mes pensées, tournant la tête, je croisais le regard d’Emilie et lui répondis tout de suite avec un sourire. “Bien sûr, viens par là.” Je posais ma coupe de champagne et tendis ma main gauche vers elle. Je la fis tournoyer avant de poser mon autre main sur son dos. “Toi aussi, dis donc. Tu es rayonnante.” Je répondis à son compliment en la complimentant à mon tour, elle est resplendissante et je comprends tout à fait pourquoi mon fils a eu tant de mal à lui résister. “J’aime bien jouer le jeu pour des occasions aussi importantes.” J’avais cette fois fait un effort particulier, même si dans la vie de tous les jours, j’avais tendance à être toujours tiré par quatre épingles. Hors de question de sortir de la maison non apprêté et une chemise non repassée ne sera jamais glissée sur mon torse. “C’est Raphaël qui m’a aidé à le choisir.” L’informais-je, en repensant à notre après-midi shopping.

Alors que la fête bat son plein, Emilie s’approche, un sourire aux lèvres pour réclamer une danse. Comment la lui refuser ? Je n’en ai pas l’intention. Cette jeune femme a pratiquement fait partie de la famille, depuis son histoire passée avec mon fils, ils ont failli se passer la bague au doigt, avant que tout n’explose et que leur histoire n’aboutisse pas. Malgré la fin triste à laquelle ils eurent droit, ce n’est pas encore fini. “Mon fils a de bons goûts.” Je lui fis remarquer lorsqu’elle dit être magnifique. Et elle l’est. Mais ses qualités ne se résument pas seulement à sa beauté, c’est son côté mordant et à la fois chaleureux qui a rendu Raphael si fou d’elle. Leur histoire a connu plusieurs virgules, mais pas de point final. Rien n’est figé. Lorsque je les ai vu danser sur la piste, le regard plongé l’un dans l’autre, ils avaient l’air plus amoureux que jamais et je suis persuadé qu’ils le sont toujours. Cette histoire aura sa fin heureuse, et n’aura pas d’autres issues. Son compliment me fit rire, y aller franco et ne pas passer par quatre chemins est ancré en elle. “Toujours, je n’y peux rien, c’est inné chez moi.” Je lui réponds sur un ton taquin, en haussant les épaules. L’humour est de la partie ce soir et il le faut bien, le bonheur des mariés est contaminant, la joie se propage chez toutes les personnes présentes. Tous, sans exception, ont un sourire flottant sur les lèvres. Je ne suis pas sûr de comprendre sa question lorsqu’elle demande si l’effort fait est pour quelqu’un en particulier, peut-être est-il préférable pour moi de ne pas la comprendre, je réponds donc sincèrement. “Pour Siobhan, Caleb, et ce jour si important.” Que j’ai d’ailleurs la chance de partager avec eux, en étant le cavalier de la sœur aînée et organisatrice de l’évènement. La journée semblait magique et le bonheur infaillible. “J’aurais voulu lui transmettre d’autres qualités, mais… On va faire avec.” Je dis en émettant un petit rire et en haussant les épaules. Même si j’aime bien la taquiner, Raphael a d’innombrables qualités que je suis incapable de compter sur mes dix doigts. “Très longtemps oui, je ne compte plus les années.” Niamh est mon repère, sans doute l’élément fixe de ma vie, ma stabilité. Nous avons la même relation depuis des années, une relation basée sur la bienveillance, sur la sincérité. Elle est une oreille attentive à tout ce que je peux lui raconter, sur le bar, sur les enfants, sur les tracas de la vie quotidienne. Je n’hésite pas à lui demander conseil parfois, lorsque je trouve mon comportement trop sévère, parfois trop stricte, lorsque le côté militaire prend le dessus sur le papa. Je me sens suffisamment à l’aise pour me vider l’esprit, car elle comprend, elle comprend mes réactions et certaines de mes décisions, même celles qui ne sont pas faciles. Elle est cette douceur qui manque à ma vie. Elle réussit même à être rassurante lorsque de mon point de vue, il n’y a plus aucun espoir ou quelque chose à sauver. Avec elle, je ne suis ni le gérant du bar, ni l’ancien militaire, ni même papa ou papy Hayes. Juste Sébastian. “Merci.” Je réponds sincèrement avec un sourire flottant en me remémorant quelques souvenirs, quelques anecdotes avec l’ainée Fitz. Inconsciemment, je la cherche du regard, et lui offris un jolie sourire, suivi d’un clin d’œil lorsque mon regard croisa enfin le sien. Si je ne l’ai pas prise au mot lorsqu’elle a évoqué le mot couple, je ne me prive cependant pas de lui renvoyer la balle. “J’aimerais dire la même chose de Raphael et toi.” Je lui fis remarquer en arquant un sourcil.