a life, a story UN. Fruit d’une aventure d’un soir, mon père ne m’a jamais reconnue comme étant sa fille. Née après un déni de grossesse, ma mère était une femme addicte à tout un tas de substances toutes plus nocives les unes que les autres. Bien que je n’en ai aucun souvenir, le seul fait d’avoir cette information me pousse à me tenir à l’écart de ce monde. Une promesse à moi-même probablement lié à un traumatisme enfoui qui me pousse à ne jamais vouloir ressembler à celle qui m’a donné la vie. DEUX. Rapidement, la sœur cadette de ma mère a pris les devants. Elle qui avait toujours fait de son mieux pour épauler et soutenir ma mère du mieux qu’elle pouvait à bien vite compris que l’environnement et les comportements autodestructeurs de ma mère n’étaient pas sains pour élever et éduquer un enfant. Démunie fac aux refus de prise de conscience et de soins de ma mère, c’est elle qui a fait le nécessaire pour sortir l’enfant que j’étais de cet environnement toxique. TROIS. Ma tante, seule famille de ma mère, a fini par obtenir ma garde, si la situation devait être provisoire, elle est rapidement devenue définitive. Décision motivée par la ferme intention de ma mère à continuer de mener sa vie comme elle l’entendait, refusant toujours les soins dont elle avait réellement besoin. Je ne saurai pas dire avec exactitude comment les choses se sont passées, je n’étais qu’une enfant qui ne comprenait pas la situation et encore moins ses conséquences. QUATRE. J'ai deux ans, lorsque je quitte sans le moindre souvenir ma Grande-Bretagne natale. Mutation du mari de ma tante pour le projet d'expansion de son entreprise à l'internationale. C'est ce qui nous conduisait, à Monterey. Si le projet n'a pas porté ses fruits, les années qui se sont écoulées ont fait construire à ceux qui étaient désormais ma famille leur vie à Monterey. Ils ne se voyaient donc pas repartir pour la Grande-Bretagne puisqu'ils n'avaient aucune attache là-bas. CINQ. Petite fille plutôt sociable, j'ai grandi dans les rues de Monterey entourées d'une famille aimante et qui a toujours m'a toujours considérée comme sa propre fille. Intelligente et sans histoire, j'ai eu une enfance tout ce qu'il y a de plus normal aux yeux du monde. Mais les enfants grandissent, les langues commencent à se délier et le passé fini toujours par nous rattraper. SIX. C'est à l'entrée dans l'adolescence que les choses ont finie par se compliquer. Les rumeurs sur mon passé familial et le fait que mes parents ne le soient pas vraiment sont venus bousculer ma vie et ma construction en tant que personne. Ceux qui étaient officieusement mes parents avaient une aisance financière plus que correcte. Une mère médecin et un père avocat, les revenus de la famille permettaient de m'ouvrir les portes des meilleures écoles. Si j'ai su en profiter pour faire de mon mieux pour avoir les meilleurs résultats possibles, mes études ont aussi été pour moi une période difficile pendant laquelle j'ai dû me forger un caractère pour me défendre. SEPT. Les rumeurs circulent vite. Le bouche à oreille a fini par faire de ma vie scolaire une période qui m'a retourné plus d'une fois l'estomac. Mon passé, bien que je n'en ai aucun souvenir, me rattrapait. Je devenais rapidement la fille d'une junkie qui n'avait pas sa place ici, au milieu de ceux qui se considéraient comme l'élite. Si tous n'étaient pas invivables, certains n'hésitaient pas à me rabaisser ou à m'humilier sans le moindre scrupule. Se pensant intouchables. Si j'ai commencé par le subit, tentant de garder mon calme pour ne pas attirer d'ennuis à ceux qui m'avaient offert une vie bien différente de celle qui m'était destinée. C'est finalement, à cette période que j'ai finie par me construire un caractère impulsif et solitaire. Comprenant bien les messages que certains de mes camarades me faisaient passer. HUIT. Si les enfants sont parfois cruels entre eux, les adultes ne sont, parfois, pas mieux. Je l'ai appris en fréquentant celui qui encore aujourd'hui, est mon meilleur ami. Nos familles, liées par le travail, se voyaient régulièrement et, à chaque fois, je ressentais bien que je n'étais pas la bienvenue. J'ai donc connu mon meilleur ami dès mon plus jeune âge, mais notre relation n'a jamais été vraiment acceptée par ses parents. Ce qui ne nous a pas empêcher de nous fréquenter au fil des années, usant de plans et d'idées pour contourner cette autorité suprême. À nouveau, mon passé et les rumeurs qui en découlaient jouaient en ma défaveur. Leur fils ne pouvant pas être le gamin de bonne famille qui traîne avec la fille de junkie. Je faisais tache au milieu du tableau et, toute ma vie, on me l'aura fait comprendre. Ce qui, avec le temps, sera devenu une force, plus le temps passais et plus j'avais l'impression d'être inatteignable. NEUF. Malgré les efforts de ceux qui sont devenus officiellement mes parents lors de mes vingt ans, c'est ce climat concurrentiel et impitoyable qui m'a poussé à me construire une carapace et refuser de faire complètement partit d'un milieu dans lequel on m'a trop souvent rappelé que je n'étais pas à ma place. Aujourd'hui encore, il n'est pas rare que je sois étiqueté comme la fille qui n'est pas à sa place et qui n'est là où elle en ait uniquement grâce à ses parents qui ne le sont pas vraiment. À la différence prête qu'aujourd'hui, je ne me laisse plus faire. Les enfants finissent par grandir, c'est inévitable et ils se construisent en fonction de ce qu'ils vivent. DIX. Dans ce monde qui n'a pas toujours été tendre, je me suis souvent réfugiée dans le dessin, une passion qui ne me quitte pas. Malgré mon bon coup de crayon, j'ai accepté de travailler dans le cabinet d'avocat de mon père a qui, je le sais, je dois beaucoup. Cependant, il m'arrive de prendre quelques contrats sur des projets d'illustrations. Ces petits contrats me donnent l'impression de ne plus être, l'espace de quelques heures, celle qu'on voudrait que je sois, mais bien celle que j'ai envie d'être. Il n'est d'ailleurs pas rare que, dans le fond de mon bureau, je griffonne sur ma tablette plutôt que de faire ce pour quoi je suis payée. Après tout, on me considère déjà comme illégitime, qu'est-ce que j'ai de plus à perdre ? ONZE. Vingt-neuf années sont passées depuis que j'ai quitté ma Grande-Bretagne natale. Je n'ai à ce jour aucune nouvelle de ma mère. J'ignore ce qu'elle est devenue et sa sœur, qui m'a élevé à sa place, n'a jamais renoué contact. Elle a essayé pourtant, mais ma mère biologique n'avait visiblement pas envie de cette vie-là. Je ne remercierais jamais assez ma tante pour ce qu'elle a fait pour moi et la vie qu'elle m'a offerte alors qu'elle n'en avait aucune obligation.