25 mars 2024 — jour 1

Elle trépignait d’impatience. Luna avait déjà déposé Freya chez Naveen, pour le début de semaine, avec des instructions claires. Elle avait envoyé un message à son père pour qu’il s’occupe de sa fille en fin de semaine. Elle avait préparé sa valise, la recommençant cinq fois parce qu’elle avait pris bien trop de choses avec elle, ne sachant quoi emmener. Chaque fois qu’elle se disait que tel objet pourrait hypothétiquement lui servir, elle finissait par revenir sur sa décision, l’enlevant de la valise. Du haut de l’immeuble, elle regardait plusieurs fois par la fenêtre en attendant l’arrivée de Nathan, qui devait passer la chercher. Elle marchait dans tous les sens dans l’appartement et il n’était même pas huit heures du matin. Elle plaignait Ezeckiel, qui devait être en train de ronfler dans sa chambre. Un jour, elle le savait, cette cohabitation ne pourrait plus durer. Cela faisait trois mois que Nathan et Luna étaient ensemble. Il avait l’air de tolérer qu’un autre homme partage le même appartement qu’elle mais elle se doutait qu’un jour ou l’autre, ce ne serait plus viable.
Lorsqu’elle le vit arriver en bas de l’immeuble, elle se précipita pour terminer de se préparer et tout ranger. Lorsqu’il arriva en haut, elle l’embrassa amoureusement avec la joie d’une jeune femme qui part enfin en vacances avec son copain. Elle remarqua, lorsqu’il portait sa valise, qu’il grimaçait.

« Désolé ! J’ai refait tellement de fois ma valise, je savais pas quoi emmener. Je crois qu’au final, j’ai emmené trop de choses … » Elle souriait, tenant sa main. Elle posa son regard sur lui, admirant son visage, heureuse.

Une fois en bas, il le regarda mettre la valise dans la voiture et tenta de lui donner un coup de main, mais c’était inutile. En revanche, elle fut agréablement surprise de découvrir le maillot de basket avec le nom Kennedy à l’arrière.

« Oh, tu l’as vraiment fait ? Merci ! » Elle attrapa le maillot et prit aussitôt Nathan dans ses bras. Elle lui embrassa la joue et se détacha de lui. Son grand sourire ne s’enleva pas quand il lui ouvrit la portière. Au contraire, il s’agrandissait davantage. Elle fit une légère révérence pour le remercier et monta dans son « carrosse » comme une enfant vivant un conte de fées. Qui aurait cru que Nathan Kennedy soit aussi galant et charmant. « Merci mon amour. »

Elle le regarda monter dans la voiture, de son côté et prendre la route. L’impatience était de mise. Luna n’avait qu’une hâte : être là-bas et profiter d’une semaine de détente complète avec l’homme qu’elle aimait.

« Hum ! Excellente question ! En vrai, j’aimerais troooop savoir. But ! Je crois que je préfère full surprise. Je te fais confiance. Mais je brûle d’impatience de savoir, ça va être trop loooong d’attendre. T’as pas intérêt à me taquiner sur tes surprises, sinon je risque de te poser un milliard de questions et ce sera même plus des surprises. »

Toute excitée, elle se dandinait un peu dans la voiture. Elle alluma la musique à fond et se mit à chanter sur toutes les musiques qui passait, exprimant sa joie de partir en voyage. Une fois arrivés à l’aéroport, ils enregistrèrent leurs valises et attendirent longuement de la file d’attente. Luna en profita pour se rapprocher de Nathan, lui faire un câlin puis lui racontant sa semaine. Elle lui embrassait la joue. Attrapait sa main et jouait avec ses doigts. Tout était un bon prétexte pour combler l’attente. Enfin, ils entrèrent dans la longue allée qui menait à l’avion. Luna avait l’habitude de voyager ainsi, elle avait bougé pendant de longues années, avant et après la naissance de Freya. Pourtant, rien n’était comparable à son excitation du moment. On avait l’impression qu’elle tournait dans tous les sens et qu’elle était intarissable, ne cessant de parler, de raconter des anecdotes, de s’intéresser aux réponses de Nathan. Ils s’installèrent finalement dans l’avion.

« Alors, par contre, une chose. Même si j’ai déjà pris l’avion, j’ai toujours un peu peur des turbulences au décollage. J’ai l’impression que mon corps va me lâcher. Ça me fait les mêmes sensations que quand on fait une attraction à sensations fortes par exemple. Pas toi ? »

25 mars 2024 — jour 1

Cela faisait plus d’un mois que Luna lui avait dit les fameux mots. Quand elle regardait Nathan, Luna ne pouvait s’empêcher de tomber davantage amoureuse de lui chaque jour mais elle réfrénait ses émotions, de peur de souffrir. D’un moment à l’autre, elle sentait qu’il pourrait lui échapper. Et si elle s’investissait trop, elle tomberait en le perdant. Elle essaya de profiter de chaque instant, tout en se contenant mais cela commençait à être trop dur pour elle. Luna avait évoqué la situation avec son père et forcément, comme un bon père, il lui avait dit de se préserver. Les belles paroles de son père lui avait fait du bien, malgré tout et Luna restait seulement dans l’attente d’une réponse de la part de Nathan, tout en faisant preuve de patience.

Nathan et elle riaient de sa valise trop lourde. À chaque rire, chaque sourire, chaque geste complice, Luna sentait son anxiété face à ce sujet se réduire drastiquement. Elle en oubliait cet évènement et ne faisait que profiter. En revanche, quand elle se retrouvait seule face à elle-même, l’esprit de la jeune femme se mettait à réfléchir bien trop, l’empêchant d’avoir les idées claires. Heureusement, entre sa fille et son métier, Luna avait peu de temps pour elle et pour s’en faire face à cette situation.

« Oh ! Je crois que les ai laissé là-haut ! » Elle feignit une crainte subite, avec de grands yeux ébahis, cherchant la réaction de Nathan. Puis, quelques secondes plus tard, son visage se tranquillisa. « Nan, je rigole ! Tout est là. » lança-t-elle, amusée d’embêter son amour.

Elle fut surprise de se voir offrir le fameux maillot dont il avait parlé en message. Nathan lui embrassa le front et appuya le fait qu’il avait tenu sa promesse. Luna ne put s’empêcher d’afficher un immense sourire. Comment douter de cet homme quand il avait de subtiles attentions qui parlaient tellement mieux que trois petits mots. La blonde était tout simplement comblée de bonheur. Et ça lui suffisait — du moins, pour le moment.

Le trajet fut animé par Luna qui chantait et s’ambiançait dans la voiture, jusqu’à l’arrivée à l’aéroport. Une petite confidence sur les turbulences et elle tourna la tête vers Nathan, cherchant sa réaction.

« Ah ouais, t’as peur de rien ? T’es sûr ? » lança-t-elle avec un sourire ravageur et espiègle. « Je te parie que je peux te faire peur ! Bon, pas maintenant, mais je sais que j’y arriverai dans la semaine. » Elle haussa deux fois les sourcils, pour le provoquer, avant d’ajouter : « Peut-être bien. On verra ça. »

Luna s’asseya côté hublot, remerciant Nathan de l’attention. Il dépassait toutes ses espérances. Le jeune homme était presque parfait pour elle … Comment pouvait-il ne pas dire « je t’aime » mais offrir de si belles attentions à celle avec qui il était ? Lorsque l’avion décolla, Luna s’accrocha au bras de Nathan, la mine peu rassurée. Elle sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine tandis que l’avion montait dans les airs. Elle mit un long moment avant de répondre à Nathan, attendant que l’avion se stabilise à plat dans les cieux. Elle souffla pour évacuer le stress et chercha du réconfort dans les yeux du jeune homme.

« Moi, je dis, on peut faire les deux ! On parle et on regarde un truc. En même temps ! » Son idée la fit rire. Une hôtesse de l’air s’approcha pour leur proposer à boire ou à manger avec leur chariot. Luna demanda un thé et accepta la petite collation proposée. « Tu veux rien manger ? » s’enquit-elle auprès de Nathan. Elle commença à regarder les films disponibles avant de se tourner vers le jeune homme. « Bon, la vraie question c’est : est-ce qu’on regarde un nouveau film qu’on avait envie de voir ou est-ce qu’on poursuit une série qu’on regardait ensemble ? »

25 mars 2024 — jour 1

Les deux tourtereaux avaient déjà échangés de nombreuses fois au sujet de leurs parents, parce que ce sont forcément des choses qui reviennent de temps à autre. Nathan savait que sa mère était dans le coma mais elle n’avait par exemple jamais précisé pourquoi. Elle avait évoqué un accident mais ne lui avait jamais dit que sa mère était à l’origine de l’accident qui avait coûté la vie à un enfant. Elle lui avait parlé de sa relation qui se dégradait avec son père à cause de la situation actuelle, elle lui avait raconté que sa mère s’était réveillée, qu’elle s’entendait bien mieux avec son père mais les discussions n’allaient pas plus loin parce qu’elle avait dû mal à évoquer ces situations. De son côté, elle ne connaissait pas non plus toute la vie de Nathan. Elle avait compris qu’il n’appréciait pas beaucoup son père mais elle n’avait pas cherché à en connaître les détails. Chacun décidant de taire les fantômes de leur passé pour se concentrer sur le bonheur que leur apportait cette relation.

Quand ils n’étaient pas encore partis, elle avait apprécié les paroles du jeune homme, prêt aux petites attentions pour la demoiselle. Au fond, elle aimait sa façon de lui avouer ses sentiments. C’était une autre manière de faire, mais elle savait que c’était encore plus sincère que des mots. C’était ce qui lui faisait constamment garder le sourire quand elle était avec lui.
Lorsque l’avion décolla, après que Luna ait évoqué sa peur des turbulences, elle ne put s’empêcher de s’accrocher à lui, retenant un cri de frayeur. Ce qui lui fit complètement oublier les turbulences, ce fut ses mots. Autant heureuse que choquée, incapable d’être sûre qu’il l’avait bien dit. Elle resta accrochée à son regard, sentant son cœur faire des bonds dans sa poitrine. Ne sachant quoi dire ni quoi faire, elle se tut et détourna les yeux tout en restant accrochée à lui. Pourtant, elle n’avait pas oublié et la phrase tournait dans sa tête.

« Nate ? Avant de regarder un truc … Tu … enfin. » Elle n’osait pas en parler, comme pour se dire que ce moment, tant qu’il restait dans sa tête, au moins il était réel. Et si elle l’avait rêvé, elle ne l’embarrasserait pas. Elle choisit un film au hasard et le lança avant de se tourner vers lui. Elle plongea son regard dans le sien et l’embrassa. Elle recula doucement et chuchota, incertaine. « J’ai bien entendu, tout à l’heure, n’est-ce pas ? » Elle avait ce mélange de bonheur et d’incertitude dans le cœur qui la rendait fébrile. Elle chercha la sincérité dans le regard.

Quand elle obtint sa réponse, tout sourire, Luna colla sa tête contre l’épaule de Nathan et finit par s’endormir alors qu’elle prétendait tout à l’heure être prête à faire un milliard de choses à la fois. Toutes ces émotions l’avaient épuisé. C’est au moment de l’atterrissage qu’elle se réveilla, toujours blottie contre son amour. Elle regarda à travers le hublot. « Ça y est, Nate ? On est arrivés ? » Toute excitée, elle attendit que l’avion s’arrête et ils quittèrent l’avion puis l’aéroport. « Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ? Comment on va au Spring Break, on prend un bus, un taxi ? C’est encore loin ? Mon dieu, que j’ai hâte. Y’a une soirée, le premier soir ? » Elle sauta sur place, d’une jambe sur l’autre pour tenter de contenir son impatience.