Et paf, ça fait des chocapics !
with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

Eli… toujours dans un coin de ma foutue caboche, elle est devenue si…

Elle est particulière. Notre lien est particulier. Il a toujours été si étrange et naturel à la fois. Aujourd’hui, je comprends pourquoi. Arrivée dans l’adolescence, nos chemins se sont croisés une fois et cette rencontre a scellé notre destin à tout jamais. Il y a des choses que je préfère occulter, et ne garder que le meilleur. Comme simplement ce baiser qu’elle m’a donné sur la joue pour me remercier. Ce n’était pas grand chose et pourtant, elle m'a directement foudroyé le cœur,… l’âme, de par ce geste.

Et je suis là, à ressasser ces vieux souvenirs, les mélangeant aux plus récents. Avec Claire. Eli. Deux prénoms, pour une même personnalité. Et maintenant, je comprends pourquoi je me sentais si lié, si attaché à cette merveilleuse blonde toutes ces années. Sur cette fameuse aire d’autoroute, quelque chose s’est produit. Quelque chose d’horrible, aussi bien pour Eli que pour moi et j’ai réussi à faire abstraction de toute cette noirceur. J’ai pu, avec l’aide de Silver, m’en sortir un peu près correctement. Je ne dis pas que je vis bien à présent mais disons que j’ai accepté mon sors…

Je ne suis pas à l’abri d’un nouveau rebondissement dans cette affaire, vu ce qu’il s’est passé mais je tente de ne pas y penser. Chose pratiquement impossible depuis que j’ai découvert que Claire était étroitement liée à Eli. Et inversément. Cette nuit-là me tourne en boucle dans ma tête. Du coup, j’en ai parlé à mon pote Caleb. En tout cas, j’ai essayé d’être le plus vague possible, pour ne pas changer et surtout pour ne pas lui dire toute la vérité. J’suis juste venu à l’essentiel sans mentionner quelque chose qui pourrait l’incriminer moi ou même Eli… Claire…

Par la force des choses, sans savoir exactement pourquoi, j’ai accepté que mon ami me refile une place pour un repas dans… le noir ?

Oui oui, j’ai bien entendu : DANS LE NOIR.

Je ne connaissais pas du tout ce concept mais ça peut être fun, en effet.
Alors j’me suis vêtu comme à l’accoutumée : costume sans cravate. Mocassins, un peu de gel dans les cheveux… bref, te fais pas trop beau mon vieux, tu vas être dans le noir… prends plutôt une pastille à la menthe, tu sentiras bon de la gueule au moins ! Et voilà que j’arrive devant le fameux hôtel-resto au concept bizarroïde de manger dans le noir. J’espère qu’il vont pas me servir du homard ou des crevettes géantes à décortiquer, j’suis tellement une plaie avec cette merde !!!

Complètement dans le noir, une serveuse s’empresse de me retirer ma veste de costume, et m’aide à m’installer à la table dont le numéro figure sur mon billet d’entrée. Je n’ai aucune information sur mon acolyte de soirée, tout ce que j’espère c’est que ce sera pas un boulet! Et j’espère. que ça vaut le coup, Adelson, sinon je jure que…
Je ne termine pas ma phrase que j’entends la chaise en face de la mienne se tirer. Je me racle la gorge, avant de dire :

Salut… euh… moi c’est Daniel. Mais tu peux m’appeler Dan… Et toi, qui es-tu ?

Pitié, une voix douce et enchantée. Pitié, pas une voix de camionneur… Je me casse direct si tel est le cas !!

Aaaah c’est tellement angoissant de se retrouver dans le noir. On ne sait pas sur qui on va tomber. Ce soir, Stan, tu écoutes, tu ne regardes pas… et t’évite de foutre de la bouffe partout hein. Soit propre…

Putain, dans quoi j’me suis fourré… avec l’aide de Caleb !

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Bon, Alba… La rouge ou la noire…?

Tendant deux longues robes élégantes retenues par des cintres en velours, plantée devant le lit, en sous-vêtements, j’attends que ma fille finisse par me donner son avis mais elle reste dubitative, plissant des yeux, faisant mine de réfléchir avec application au choix cornélien que je lui soumets. Câlinant avidement notre staffy Baya, elle se contente de hausser les épaules, ce qui ne m’aide clairement pas à me décider. Je grimace, me retient de soupirer de déception. Moi qui comptait sur elle pour choisir! Jetant les deux robes sur le lit, je croise les bras sur ma poitrine frissonnante et lève les yeux au ciel quand Alba finit par souligner, après avoir grogner, à priori désespérée:

De toute façon, Maman, tu t’en fous, tu seras dans le noir, n’est ce pas?

Pas faux. J’ai toujours eu la certitude que ma fille était intelligente, en voilà la preuve ultime. Elle n’a pas tord, je ne sais vraiment pas pourquoi je me torture l’esprit au sujet de ma tenue alors qu’aucun des convives avec lesquels je partagerais mon repas ne pourra admirer mon choix.
Oui, ce soir, je m’apprête à passer une soirée incroyable, hors du commun, qui sort des sentiers battus.
Et que je n’ai pas vraiment choisi, d’ailleurs. Il faut dire que ce genre de programme est hors de portée, pour la petite bourse que je possède. Vivre une expérience pareille, celle d’un dîner plongée dans le noir, est un cadeau offert par Siobhan, ma patronne au sein de la clinique Mom & Me. Elle aurait été ravie de partager ce magnifique instant avec Caleb, son futur mari… mais le sort en a décidé autrement. Bien occupée et surtout dans l’obligation d’être au chevet de son adorable bébé miracle Maddie qui est malade depuis quelques jours, elle m’a généreusement offert sa place, m'assurant que je ne le regretterais pas.
J’ai confiance en elle et malgré ma certaine appréhension, j’ai décidé de me laisser aller. De toute manière, je ne peux pas dire que je sois une habituée des sorties. Loin d’être une fêtarde, je suis davantage à l’aise en bonne casanière, à bouquiner au coin du feu en sirotant un verre de vin.
Mais ce soir, c’est différent. Laissant mes craintes de côté, j’ai décidé de profiter. Et de choisir la rouge, tiens.
J’ai toujours été de cette trempe: longue à la détente mais une fois que je suis lancée, rien ne peut m’arrêter. Une courte demi-heure plus tard, je suis fin prête. Maquillée et coiffée avec soin, même si une fois de plus, je réalise que cela ne servira pas à grand-chose, une fois attablée et plongée dans l’obscurité la plus totale. Mais je ne me voyais pas non plus débarquer en jogging et les cheveux en chignon flou, tout de même!

Le taxi que j’ai commandé ne tardant pas à arriver, j’embrasse rapidement Alba et Baya et m’engouffre dans l’habitacle, direction l’hôtel restaurant où aura lieu le repas le plus étrange et déboussolant que je ne vivrais jamais. Je sens une drôle de boule se former dans mon estomac qui crie également famine, mais je fais la sourde oreille. Pas question de me dégonfler à quelques minutes du top départ de ce repas! De toute manière, devant l’hôtesse, je ne fais pas la maligne et me laisse diriger, docilement. Quelle drôle de sensation, d’être privée de la vue! Tous mes autres sens se mettent alors en alerte, à commencer par mon ouïe quand j’entends une voix masculine s’élever de l’autre côté de la table. Sursautant, je suis décontenancée et finit par lui répondre:

Joanne, je m’appelle Joanne et… Oh, mon Dieu, je suis désolée!

Il semblerait que ma main se soit aventurée sur une partie bien intime de son anatomie… Est-ce une oreille que je sens sous mes doigts? Ou bien la naissance d’une barbe parfaitement entretenue? Je ne sais pas, je suis fébrile, complètement désorientée. On dirait bien que mon esprit entreprenant refait des siennes! Reprenant mes esprits, je finis par poser mes mains sur mes cuisses et sens la présence d’une serveuse, qui s’approche de nous afin de nous offrir une coupe de champagne qu’elle glisse entre mes doigts fins et nous indique qu’un amuse bouche nous est servi. La remerciant, tournant la tête dans tous les sens, je finis par demander au fameux Daniel, ayant parfaitement compris que nous allons partager ensemble ce repas mystérieux:

Vous… Tu… On trinque?

Bon, l’exercice semble périlleux mais après tout, c’est une soirée d’exception qui s’offre à nous.
Autant le débuter comme il se doit!

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Un repas dans le noir, c’est toute une histoire hein? Je ne sais pas ce qu’il m’a pris d’accepter le billet de mon pote parce que je déteste ne pas avoir le contrôle de la situation. Déjà être privé de la vue me rend très nerveux mais je n’ai pas envie de tomber sur quelqu’un qui ne pourrait pas me correspondre. J’entends par là une meuf à l’allure d’un bûcheron ou quelque chose du genre. À foutre la gerbe de sa vie, tout à fait. Alors ouais, j’angoisse en attendant mon invitée surprise. Mais quand j’entends sa fine voix, pendant qu’elle me touche, je peux néanmoins me détendre. Tous mes autres sens sont en éveil, comme l’odorat où je distingue un parfum fleuri mélangé à une note sucrée. Je ne sais pas ce que porte la jeune femme mais WOW ça sent divinement bon. Les présentations faites, je reste un peu désorienté, me racle la gorge. Bordel j’ai eu peur sérieux! Je peux enfin me détendre.

Ce n’est pas grave voyons. Enchanté Joanne. C’est un très joli prénom…

Bah quoi? C’est vrai. C’est joli. La voix, le prénom… c’est bien parfait. Plus qu’à espérer qu’elle soit jolie. Ce serait le comble d’avoir Maurice en face de moi. Hein!!!! Mais qui suis-je pour exiger la perfection? J’y vois rien et je ne verrais rien de ce dîner… j’ai juste à me comporter comme un parfait cavalier et elle ne disparaîtra pas avant le plat principal.

Et donc, mes sens en éveil, j’ai le réflexe de regarder autour de moi, comme si je pouvais voir quelque chose. Notre hôtesse, Chelsea, nous offre le champagne dans des coupes en plastiques pour éviter la casse. Elle nous fait toucher les couverts pour qu’on sache où ils se trouvent et nous explique même qu’elle est non-voyante de naissance. Ce que je trouve intéressant, c’est que ce soir, je me mets à la place de cette jeune fille. Je la remercie comme il se doit tout en tenant ma coupe. Et lorsque je tends la main vers mon invitée, je lui touche le poignet, que je glisse délicatement entre mes longs doigts. Sa peau est douce, son poignet tout petit. Accroché à celui-ci, un fin bracelet que je distingue très nettement. Je peux même entendre le tintement que font les breloques lorsqu’elles se touchent. Je ne veux pas me montrer impoli, alors doucement j’approche mon verre du sien, sans lâcher son bras:

Trinquons donc à ce dîner surprenant ! Je suis certain que nous allons passer une belle soirée!

Très divertissante, sans aucun doute. Je bois quelques gorgées de ce merveilleux champagne. Finalement, Caleb, l’idée du siècle que ton bébé soit justement tombé malade pile poil ce soir, je sens que la soirée ne fait que commencer et me réserve tout un tas de surprises! Posant les mains sur la table, j’invite Joanne à goûter les amuse-bouches, posés à côté de nos assiettes. Je pioche ensuite à mon tour sans faire le goinfre. L’hôtesse nous a dit que ce serait un moment de découverte gastronomique, que nous ne saurions pas ce que nous allions manger. Néanmoins, elle s’informe de nos restrictions alimentaires. Je n’en ai pas. Ça tombe bien. Je suis prêt à tout goûter ce soir! Je veux être surpris, puisqu’on est dans le thème d’y aller à l’aveugle… Finalement, je demande à Joanne :

Dis moi… ton nom ne me dit rien, comment connais-tu Caleb?

Lui et moi, ça fait quelques années qu’on se connaît, il venait de se marier à cette folle furieuse de Anya… mon dieu, j’ai vite fait de m’éloigner de l’amour, parce qu’épouser une femme comme elle..  OUF, il lui a fallu du courage. Mais ça a l’air qu’il a été heureux, pendant un moment. Et maintenant qu’il a rencontré Siobhan, je ne l’ai jamais vu aussi amoureux de toute ma vie. Clairement, elle a changé sa vie et je lui souhaite d’être aussi heureux dans vingt ans comme aujourd’hui. Trouver l’amour, le vrai, j’imagine que ça ne se rencontre pas à tous les coins de rues. La preuve, j’ai jamais rencontré cette perle rare… OH MAIS ATTENDEZ!!! Je dis vraiment n’importe quoi là… Je rectifie: je ne pensais pas avoir trouvé la perle rare jusqu’à récemment. Enfin presque, c’est trop long à expliquer. Mais tout ce que je peux dire c’est qu’une certaine blonde m'a foudroyé le cœur voilà plus de trente ans. Et même si nous entretenons une relation plutôt épisodique, elle ne me laisse pas indifférent. Malheureusement, il semblerait qu’elle se satisfasse de ce que nous nous offrons l’un et l’autre.  Impossible pour moi de lui dire réellement ce que je ressens pour elle… elle disparaît. TOUJOURS. Elle n’est pas là, quand j’ai besoin d’elle… Et moi, je l’attends. J’espère. Je me morfonds. Je remets tout en doute… c’est l’amour qui fait ça hein? Bordel, j’suis contaminé, c’est ça ?? Il avait raison, le salaud! Mais comptez pas sur moi pour dire à Caleb  qu’il avait raison à mon sujet… je vais en entendre parler encore pendant dix ans. Non merci.

Et donc, je n'ai jamais entendu parler de Joanne, aussi loin que je côtoie le détective privé. A moins que ce soit la future mariée ? Mais ouiiiii!!! Jsuis bête, s’il m’a refilé sa place, il est évident que c’est Siobhan qui lui à donné la sienne… elle cherche à la caser ou quoi??

Non, c’est sûr que c’est pas Caleb! C’est sûrement Siobhan qui t’as donné son billet, c’est ça ??

Pas besoin de jouer les apprentis détectives pour savoir sur un plus un est égal à deux. Mais mon air de grands seigneurs s’entend parfaitement bien dans mon timbre de voix, à défaut de me voir la face fière! Ah j'te jure… si je n’existerais pas, il faudrait m’inventer, c’est sur…

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20 octobre 2023, Monterey, CA.

Je crois que je ne me suis jamais autant senti gênée de toute mon existence. Qu’est ce qui me prend, de rougir de la sorte, de toucher son visage avec autant d’entrain? Bon, de toute manière, il sera incapable de distinguer mon malaise… Et après tout, j’ai des circonstances atténuantes, difficile de se repérer dans un noir aussi profond! Suite au compliment allégrement flatteur que me lance Daniel, je lui réponds, d’une voix tendre:

Merci! Ma mère a tenu à rendre hommage à sa première patronne, qu’elle adorait. Voilà pourquoi je m’appelle ainsi.

… Pourquoi viens-je donc lui raconter ce détail aussi intime? C’est une caractéristique personnelle que je ne raconte jamais à personne, d’ordinaire. Mais je ne sais pas comment expliquer ce que je ressens, à cet instant. Dans l’obscurité la plus intense, tout parait plus simple, la parole est le seul sens sur lequel nous pouvons compter pour apprendre à nous connaître. Au diable les perfides jugements physiques, ici, nous devons compter sur nos autres sens afin de nous faire un avis, quitte à se fier à notre instinct le plus primaire. La voix de Daniel, elle, m’inspire une certaine attirance incontrôlable. Bon dieu, mais que m'arrive-t-il, à la fin? Une chaleur apparaît dans mon bas ventre et fort heureusement, l’intervention de notre hôtesse, qui nous explique être mal voyante, me permet de reprendre mes esprits. Nous la remercions pour le champagne, je m’apprête à trinquer, sans réellement savoir où diriger ma propre flûte en plastique. Mais tel un boulet de canon, les doigts de Daniel se posent sur mon poignet afin de mener la danse. Un frisson parcourt mon échine dorsale et je ne pipe mot tandis que j’avale goulument une gorgée qui doit représenter la moitié du verre. Ces doigts! Cette douceur…
Bon, Joanne, il semblerait que tu aies faim. De cette manière et d’une autre à la fois…
Nous attaquons par les amuses bouches, qui s’avèrent être délicieuses. Les saveurs explosent en bouche, et sans la vue, je n’ai aucune idée préconçue de ce que je suis en train de manger. Je peux relever la présence de fromage, sans doute de la burrata… couplée à du pesto? À la question de Daniel, qui me sort de mes songes, je réponds, assez enjouée:

Je n’ai pas la chance de connaître Caleb mais plutôt sa future femme, Siobhan, qui est ma patronne, à la clinique Mom & Me. Et toi… Caleb, tu le connais depuis longtemps?

Il était évident que la seconde place allait être offerte à son tour. Daniel doit sûrement être un ami au futur mari de Siobhan, cela ne fait aucun doute. Mais malgré mes déductions, je suis curieuse d’apprendre à le connaître.
Chelsea, notre serveuse attirée, s’approche de nous pour nous retirer l’assiette à présent terminée et nous apporte nos entrées, nous attachant une large serviette autour du cou. Je présume donc que le prochain plat est quelque peu salissant… Pouffant de rire, je souligne, croisant mes jambes et me redressant afin de caler mon dos contre le dossier de la chaise:

Si seulement nous pouvions nous voir! On doit avoir fière allure, dis donc!... Et puis, je pourrais savoir si le choix de ma robe est assez convenable pour l’endroit, ça paraît si chic…

Et tandis que je termine ma phrase, mon pied frôle inexorablement la cuisse de Daniel. Geste incontrôlé, maladresse impromptue, qu’importe, je perds ma chaussure, un talon aiguille de marque française, aux pieds de ceux de Daniel.
Bon Dieu, Joanne, quand cesseras-tu d’être aussi gauche…?
Gémissant, je me demande ce que je dois faire: tenter de passer sous la table pour la récupérer? Ou bien demander poliment à Daniel de me faire la grâce de me rendre mon soulier? Telle Cendrillon, minuit approchant, tout peut encore se transformer… En espérant qu’il ressemble davantage au prince charmant qu’à un affreux crapaud!

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Information loin d’être pertinente, mais qui me fait sourire, bien sûr. Un sourire dissimulé puisque, de toute façon, on est dans le noir. Et à part moi que cela fait sourire, j’imagine que ça ne sert pas à grand-chose. Ne pas voir, décuple les autres sens, oui, mais quand on n’est pas habitué, c’est surtout très perturbant. L’hôtesse de la soirée, très agréable à entendre également, nous a donc fait comprendre qu’elle était aveugle, et en nous mettant à sa place avec ce genre de dîner, est toute une expérience, qui j’en suis certain, nous fera regarder le monde d’une autre façon.

Mes doigts effleurant le poignet de la demoiselle à ma table, m'aident surtout à diriger mon verre de plastique vers le sien, pour trinquer à cette soirée étonnante, et remplie de surprises, j’en mettrais ma main à couper. Caressant rapidement l’intérieur de son poignet avec mon pouce, je finis par la lâcher et boire quelques gorgées de mon champagne, qui est très doux. Et la conversation peut débuter entre nous. Immédiatement, je l'interroge à propos de ses liens avec Caleb, mon ami de longue date, mais je me ravise assez vite, après avoir réfléchi à mes propres paroles.. Joanne doit être davantage amie avec Siobhan. Je ne la connais pas plus que ça à vrai dire. On a été présenté, oui, mais je ne reste jamais assez longtemps dans les parages pour me faire des amis, c’est souvent le contraire qu’il se produit, je me demande bien pourquoi ? Mais je sais aussi que la future mariée ne me porte pas tellement dans son cœur, suffit de voir le regard qu’elle me lance quand on se croise rapidement, comme l’autre jour quand je suis venu déposer les boutons de manchettes personnalisés pour Caleb. Je suppose sans difficulté qu’il a dû glisser deux ou trois mots à mon sujet, hein ?

Tout en dégustant les quelques amuses bouches, j’écoute Joanne me raconter comment elle connaît la future mariée, davantage que le futur marié et je me rappelle des mots qu’elle disait tout à l’heure, à propos de la patronne de sa mère ? Quelque chose dans ce goût-là.

Si un jour prochain tu as une fille, choisi un prénom qui est plus facile à prononcer, j’ai cru qu’elle allait m’arracher la langue, la première fois que j’ai écorché son prénom !

Je me mets à rire, généreusement. Nan mais il aurait fallu être là pour le croire. Siobhan m’a fusillé du regard, mais m’a gentiment corrigé. J’avais tout intérêt à m’appliquer la fois suivante. En tout cas, c’était assez drôle de mon point de vue, plutôt léger. Mais j’ajoute, concernant Caleb :

Presque de la vieille école… ça doit faire un peu plus d’une quinzaine d'années à présent. On en a vécu des trucs de fous !

Les nanas un temps avant son mariage, les soirées poker, la picole… les nanas encore… Bref, que des affaires de gars qui profitent de leur vie tout simplement. Je sursaute quand j’entends la voix de Chelsea qui récupère les assiettes vides, nous attache de grandes serviettes autour du cou.

C’est à quel moment qu’on panique ?

Je pose la question à Chelsea qui se met à rire, mais nous rassure que c’est une découverte. Que ça n’a pas forcément pour but d’être politiquement correcte. Qu’on risque de “salir” un petit peu. Bon… de mieux en mieux tout ça !!!

Je tique aux paroles de Joanne, qui à l’air de bien s’amuser, mais je suis tout de même plus que curieux de découvrir la robe qu’elle porte, maintenant qu’elle en parle. Mais au moment même où je m’apprête à rétorquer, je sens son pied s’aventurer sur ma cuisse, ce qui me fige immédiatement. Nan mais, elle le fait exprès ou quoi ? Tout d’abord, elle me tripote le visage, ensuite la cuisse… Y’a t-il une attente particulière à cela ? Message que je dois déchiffrer ouuuuu… ?

BORDEL !!!! Est-ce que je demande à ce qu’on rallume la lumière, s’il vous plaît ? Oh, je sais !!! J’vais faire une crise de claustrophobie, ils n’auront plus le choix ? Hum… non, j’aurais déjà fait une syncope depuis longtemps, si c’était le cas. Je me racle la gorge pour recouvrer mes esprits (oui oui, m’en faut pas beaucoup pour s'émoustiller, bah quoi ? Et puis ? ça fait quelque chose à quelqu’un ???) Bon, j’me disais aussi… Profitant de l’absence de notre hôtesse, je me penche vers la table pour murmurer:

Donne-moi ton pied, Joanne… vas-y…

J’insiste un peu, la sentant hésitante, tout en ramassant son escarpin après l’avoir chercher à l’aveugle. Et j’vous jure, que c’est un exercice des plus périlleux. Et quand je sens le bout de ses doigts de pieds contre mon genou, je saisi sa cheville tel un gant de velour et glissant sa chaussure à talons hauts comme l’a fait le prince à Cendrillon (Oui on connait tous nos classiques, même les plus cons d’entre nous!!), je me mets à caresser sa peau, si douce. Le temps s’arrête pour quelques secondes et lorsque j’entends de nouveau la voix de Chelsea, je m’empresse de lâcher la jambe de mon invitée, retrouvant la réalité. Dis donc, c’était bizarre, ça…

Je remercie la jeune femme, et découvre non sans peine que nous allons déguster du homard… Rien qu’à l’odeur, je mettrais ma main à couper que c’est ça. Et cerise sur le Sundae, on doit le décortiquer… Il sert à ça, le bavoir bébé taille adulte !

Fantastique !

Fais je remarquer à Joanne. On parle du repas, ou du petit moment bizarre échangé ? Hum…

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J’agis comme à l’accoutumé, je me montre spontanée, bavarde, expliquant ainsi à Daniel l’origine de mon prénom. Durant quelques secondes, je me sens gênée mais après tout… N’avons nous plus que ce sens afin d’apprendre à nous connaître? Faire la conversation paraît si naturel, l’intonation de sa voix me donne quelques pistes afin de l’imaginer, physiquement parlant. Je le perçois plutôt grand, brun, au regard intense…
Joanne, tu es plutôt en train d’imaginer ton ex compagnon, là, et ce n’est certainement pas la chose la plus saine ni même la plus appropriée, vu le contexte.
Mon geste ne sera pas remarqué, mais je frisonne et secoue la tête, comme pour me concentrer, me replonger sur l’instant présent. Hormis l’ouïe et la parole, je peux compter sur le toucher… Moi qui reste une femme plutôt tactile, ne serait-il pas venu le moment de prouver que ta curiosité reste sans appel, peu importe les circonstances?
En tout cas, je ne peux m’empêcher de rire en écoutant Daniel m’expliquer son lien avec Caleb et Siobhan. D’ailleurs, en l’écoutant blaguer sur le prénom de ma patronne, je ne peux m’empêcher de m’offusquer et de rétorquer, la voix pincée:

Oh, tu exagères, son prénom est magnifique. Il est si original… Mais je n’ai pas encore le plaisir de connaître son futur mari. Je le rencontrerais lors de la cérémonie, j’imagine!

Mais rapidement, notre conversation est perturbée par l’arrivée de la suite du dîner et par l’intervention de Chelsea. Je pouffe également de rire quand je sens une main m’attacher une grande serviette autour du cou, sentant que Daniel ressens le même genre d’appréhension. Rien ne pourrait être plus étrange que ce repas partagé avec un sombre inconnu, j’en suis définitivement convaincu. Sauf peut-être l’incident de ma chaussure perdue? Me serais-je trompé de programme en me prenant pour Cendrillon? Chère Joanne, tu n’as rien d’une héroïne, bien au contraire. Tu es l’inverse d’un main character, tu piétines dans une existence bien rangée, que tu penses vainement contrôler mais rien n’est assuré, bien au contraire. Tu navigues grâce à des souvenirs, des espoirs, des illusions.
Ce soir, balaie ces intrus qui peuvent te détruire, gâcher ta vie.
Vivre, c’est tout ce qui compte. Ne réfléchis plus. N’insiste pas à te complaire dans des restrictions qui n’ont plus aucun sens.

À la demande murmurée par Daniel, je me penche, réflexe bien naturel et lui rétorque, comme réponse spontanée:

Euh… Ok, oui, euh, tiens euh… le voilà…

Je lève la jambe, lui apportant ainsi la partie de mon anatomie qu’il m'a demandée. Ses doigts autour de ma cheville, la douceur qu’il insuffle en m’enfilant mon escarpin… Bon Dieu, j’en suis toute émoustillée! J’aimerais me tortiller, bondir de ma chaise, sortir, fuir… Mais je ne fais rien. Je me contente de me laisser faire.  
Joanne, que tu es audacieuse, ce soir! Continue, tu es sur la bonne voie.

Le homard s’avère être excellent, bien que particulièrement cocasse à manger. Cette fois-ci, plus de place pour la discussion, nous nous concentrons sur nos gestes malheureux, je crois bien que j’ai envoyé un bout de la tête de ce pauvre animal directement dans l’assiette de Daniel. Pouffant de rire entre deux bouchées, je me détends peu à peu, sirote mon verre de vin qui ne semble connaître aucune fin. Je soupçonne Chelsea de venir nous resservir dès que possible, ce qui fait que je n’arrive pas à mesurer la quantité d’alcool que j’ai ingurgité. Oh, et puis, vous savez quoi? On s’en fiche royalement. J’ai oublié de me brider, c’est terminé, toute cette frustration…
M’essuyant sans aucune gêne les mains sur mon bavoir pour adulte, que l’on vient ensuite me détacher du cou tout en me proposant une coupelle d’eau citronnée afin de me nettoyer définitivement les doigts, je finis par claquer de la langue contre mes lèvres et prononce cette phrase qui peut-être perçue comme une ouverture d’une autre forme d’appétit:

Bon… Le dessert ne devrait pas tarder! Il me tarde de le déguster…

Mon Dieu, Joanne, tu devrais sincèrement arrêter de t’enivrer de la sorte. Cela te pousse à dire n’importe quoi! Et que fais-tu de ta bienséance? De tes limites qui t’ont toujours protégé?
Mais il est si rare que je me lâche… Autant en profiter, de cette apartée féérique…
Cendrillon attend son Prince Charmant, Minuit ne devrait plus tarder…

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Je plaisante,  bien sûr. Siobhan est une femme délicieuse, et magnifique. Si seulement j’pouvais en dire autant du veinard qui va l’épouser, hein… mais en vérité, je sais que cette dernière ne m’apprécie pas des masses, j’compose avec et puis c’est tout. Bref, j’ose peut-être un peu trop dans mes vannes, Joanne est offusquée, je peux l’entendre dans sa voix. Ce qui me fait rire, d’ailleurs. Mais ce soir, c’est léger, je ne prends pas mes remarques au sérieux. Je souhaite simplement profiter de cette soirée peu ordinaire en bonne compagnie, j’ose le croire. Je crois que c’est bien parti, nous deux. On n’a pas de foutre le camp, c’est que c’est bon signe des deux côtés. Maintenant que j’ai établi son lien avec la future mariée, je cherche à déterminer celui qu’elle a, avec Caleb et… elle n’a pas encore rencontré le phénomène ! Je lui dirais bien bonne chance mais mon vieux copain, il est tout aussi adorable que sa future femme, alors…

Ce serait un peu embêtant, qu’il s’y pointe pas, hein ?

Caleb faire marche arrière ? Oh non, j’crois pas ! Il est tellement fou amoureux de la brune au prénom imprononçable. Faudrait être sacrément con pour tout abandonner…

Quoi qu’il en soit, je préfère qu’on s’oriente sur cette soirée, sur elle et moi, plutôt que sur nos amis respectifs. Je sens que le dîner risque d’être amusant, avec nos bavoirs bébés format adulte, qu’on nous attache autour du cou. Le but d’être dans le noir est tout de même de découvrir des mets, autrement qu’à l’accoutumée, et je sens déjà que ça va partir en sucette,t oute cette histoire. Quand il faut découvrir le corps d’une demoiselle, ok je sais y faire… la bouffe, un peu moins. J’aime pas ne pas savoir, pour être honnête. Et si en plus, c’est salissant… jme demande quand est-ce qu’on se met à paniquer, nous deux ?? Ou moi tout seul, peu importe ?? Mais avant de se goinfrer et se salir comme pas permis, j’me sens pris dans une nouvelle version de Cendrillon où Joanne perd sa chaussure, pas loin, je peux sentir son pied me toucher la cuisse. Je tente de garder le contrôle pour ne pas imaginer tout et n’importe quoi mais je soupçonne Joanne de me draguer de cette manière. Puis, j’suis loin d’être fermé à ce genre de comportement ! La chaussure retrouve sa propriétaire, et Chelsea nous apporte le plat de résistance. Le repas, un homard que l’on déguste dans le noir, n’a pas l’air d’être très coopératif dans l’assiette de Joanne puisqu’un bout élit domicile dans la mienne mais avant d’y être, la carcasse a eu le temps de se faire ricochet sur mon torse. Une chance qu’on a les serviettes pour se protéger. Je me mets à rire en même temps que mon accompagnante. Décidément, cette soirée est fantastique. Elle est légère et il y a bien longtemps que je n’avais plus pris le temps de dîner en bonne compagnie. Même si je ne l’ai pas encore vue, j’ai  une vague idée de la délicieuse jeune femme qui se trouve en face de moi. Elle sent divinement bon, sa peau est douce…

Ma coupe de vin ne semble connaître aucune fin mais je ne bois pas suffisamment pour réellement le savoir et entre nous, j’aime mieux avoir mes idées claires quand je suis avec une femme. Imaginez que j’fasse n’importe quoi ? C’est déjà arrivé par le passé et en vieillissant, on acquiert de l’expérience et surtout, on sait ce qu’on ne doit plus reproduire… Une fois débarrassé, Joanne s'impatiente pour le dessert. On dirait un enfant, tiens ! Et j’ai des tas de neveux et nièces alors j’sais exactement de quoi je parle. L'impatience rythme leur vie depuis toujours! En réalité, je ne sais pas trop comment je dois prendre cette remarque, mais je lui dis  :

Si le dessert n’est pas à notre goût, jte propose qu’on s’en prenne un autre,... j’ai cru voir que le bar de l’hôtel était ouvert plus tard.

Ouais, c’est une bonne idée. Un autre verre, comme si t’en buvais pas assez, crétin !!! Et Joanne, elle va finir sous la table, aussi… Enfin, sous la table d’ivresse, n’allez pas croire autre chose, namého! Et en parlant de dessert, j’entends la douce voix de Chelsea qui nous propose plusieurs minis desserts qu’on va découvrir avec les doigts. Encore avec les mains… parce que les fourchettes sont obsolètes c’est ça ? Tout en souriant, même si personne ne le voit, je remercie notre hôtesse de la soirée et dis à Joanne  :

A toi l’honneur

Ma main s’avance vers l’assiette que Chelsea nous a soigneusement indiquée être au milieu de notre table et directement, mes doigts effleurent ceux de Joanne. Mais, jme connais, zéro gêne, zéro bla bla, j’retire pas ma main pour autant. Je m’amuse, même :

T’as la peau douce, Joanne.

Et paf, ça fait des chocapics !
with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

Cette soirée est tout simplement délicieuse et pas seulement à cause de l'exceptionnelle qualité du repas. Malgré mon appréhension et mon jugement sans doute trop hâtif concernant ce genre de dîner, je réussis à me détendre, à profiter de l’instant, à rire, à sourire, même si mon partenaire est bien incapable d’observer à quel point je me transforme. Je suis tellement soumise à mes tensions actuelles, tellement… sur le qui-vive. Mais au cours de cette soirée, j’apprends à me servir de mes autres sens, à m’adapter et surtout à voir le positif, peu importe où il se trouve, ce qui m’apporte également l’occasion de relativiser.
Et puis, sans me montrer hypocrite, la quantité d’alcool sans fin que je bois facilite mon détachement et la voix suave de Daniel me transporte, à un point que je pourrais presque qualifier de tomber sous le charme…
Vraiment, je ne sais pas ce qui m’arrive. Mais ce dont je suis sûre, même absolument certaine, c’est que j’apprécie ce partage. Ce tête à tête bien incongru… Et que Daniel me plaît, avec sa voix, avec ses gestes, avec l’image que je me fais de lui, même si j’ai bien conscience que cela est très fantasmé.
À l’évocation du mariage des protagonistes qui sont à l’origine de notre récente rencontre, je souris, sachant pertinemment que Daniel ne peut pas me voir, et réponds, du tac au tac:

Oh, il a intérêt à s’y rendre, sinon, Siobhan ira le chercher par la peau du cou! Mais ils ont l’air très amoureux… J’ai hâte de m’y rendre, la cérémonie promet d’être très intense et spectaculaire.

Je termine ma tirade par un rire timide. Au fond, je suis tellement impatiente de participer à ce mariage! Il promet une réelle tornade d’émotions et puis… j’ai hâte de pouvoir choisir une robe, prendre le temps de me préparer, de me faire aussi belle que possible, mais toujours moins que la mariée, cela va de soi. Mais je suis rapidement de retour sur Terre, avec la dernière remarque non sans conséquences de Daniel. Surprise mais loin d’être offusquée, je hausse mes sourcils si loin, heureusement que je suis invisible à son regard car les mimiques faciales que je suis en train de produire doivent vraiment être comiques! Mais après tout, c’est moi qui ai tendu une perche au sujet du dessert, Daniel n’a fait que la saisir, avec beaucoup de vigueur, d’ailleurs… Mon caractère naturel m’ordonne de m’offusquer ou au pire, de ne rien répondre et de laisser un long et gênant silence s’installer. Je suis la première surprise en rebondissant sur ses dires:

Je… Que dirais-tu d’aller prendre un verre au bar, quel que soit notre verdict au sujet du dessert…?

Mon Dieu, Joanne, mais que t’arrive-t-il?! Tu es si… audacieuse! Le vin est délicieux, il me délie la langue et au fond, je n’ai pas envie que cette soirée s’achève après notre dernière bouchée avalée. La fameuse dernière assiette arrive enfin et notre adorable serveuse nous informe que le contenu se déguste directement avec les doigts. Étant un véritable bec sucré, je m’empresse de laisser ma main courir le long de l’assiette jusqu’à ce qu’elle rencontre celle de Daniel. Mais je ne réagis pas mal, bien au contraire, je laisse le contact se prolonger tout en rétorquant à la suite du compliment lancé par sa voix si craquante:

Oh, euh… Merci. Et tes doigts sont… tout aussi agréables à toucher.

Bon, ok, qui êtes vous et qu’avez vous fait de Mademoiselle Prescott?! Je ne sais pas, je me sens si différente et libérée. Tandis que nous dégustons nos bouchées sucrées, le repas touche enfin à sa fin. Nous sommes invités à quitter notre siège, par notre prévenante Chelsea et elle nous raccompagne jusqu’à la porte qui nous mène à la liberté. Mais durant ces quelques minutes, je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’ai pas quitté physiquement Daniel. Ma main toujours solidement empoignée sur son avant bras, je cligne des yeux, ces derniers tentant de s'habituer à la soudaine luminosité, tandis que nous nous retrouvons hors de la salle. Je souris, découvre enfin… la bête.

Bel homme, à la carrure sexy, regard bleu océan, âge avancé qui lui confère un charisme indéniable. Rougissante, je hausse les épaules, me contente de lui envoyer un complice clin d’oeil et murmure, quelque peu gênée:

… Joanne, enchantée. Alors, toujours partant pour ce verre?

Non, il est hors de question de me défiler, et je n’ai aucune envie de rentrer chez moi, en tout cas, pas tout de suite. Nous nous dirigeons donc naturellement vers notre prochain lieu de plaisir, si j’ose dire. Le bar est plein à craquer. Mais fort heureusement, nous pouvons compter sur la chance ce soir, un couple vient de libérer deux tabourets à peine quelques minutes après notre arrivée. Tandis que nous nous croisons, je souris poliment et écoute distraitement leur conversation, tournant autour de leur réservation au spectacle proposé par l’hôtel, sur le thème du burlesque, qui ne se terminera pas avant une heure avancée de la nuit. Je souris doucement tout en m’installant au comptoir, commandant rapidement un cocktail. Tournant la tête en direction du visage énigmatique et très attirant de Daniel, je demande, sur le ton de la courtoisie avec une pointe d’amusement dans la voix:

Et… toi? Qu’est ce qui te ferait envie, dis moi…?

Joanne Prescott, là, tu atteins des sommets.
Pourrais-tu... le provoquer?...

Et puis... Le verre arrive, et je pose mes doigts sur ce qui semble être un dessous de verre. Mais à y regarder de plus près, non, ce n'est pas ça...
C'est la carte correspondant à une chambre d'hôtel. Appartenant sans doute au précédent couple qui était installé ici.
Et si...?

Et paf, ça fait des chocapics !
with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

Quand on aime une personne au point de ne voir qu’elle et seulement elle, alors oui, la suite logique est de l’épouser. Et si Caleb a décidé d’épouser sa demoiselle, alors je ne peux que lui souhaiter du bonheur. Je l’espère sincèrement, que cette seconde chance puisse lui permettre d’être celui qu’il a toujours été ; un homme profondément romantique. Alors ouais, on a vécu des folies ensemble. Et des filles, y’en a eu tout un paquet, mais je connais Caleb depuis bien longtemps maintenant, il est loyal. Y’a pas plus loyale que lui, malgré qu’il soit un tantinet impulsif, et qu’il ne réfléchit pas toujours aux conséquences des choix qu’il fait. Surtout quand ils sont mauvais. Mais au fond, c’est un bon gars et sans doute que, au fond de moi, j’ai envie de connaître ce même bonheur. J’ai moi-même été marié, j’ai aspiré à une vie comme toutes les autres, bien entendu, une femme que j’aimerai plus que tout au monde, et fonder ma propre famille. Au lieu de ça, j’ai eu une véritable diablesse sans cœur, et j’ai surtout joué un rôle majeur dans l’éducation des enfants de ma sœur, c’est tout. Je ne  m’en plains pas, loin de là. J’aime chacun de mes neveux et nièces et je serais toujours disponible pour eux, quoi qu’il advienne. Ils sont ma famille et je suis très attachée à celle-ci. Ceci dit, quand Joanne me dit qu’elle sera présente à la cérémonie, je préfère faire comme si je n’avais rien entendu. C’est évident qu’elle y sera, elle est l’amie de Siobhan après tout, le contraire m’aurait étonné. Mais j’imagine sans difficulté, qu’elle doit elle aussi, se douter pour moi. Et si jamais ça ne marchait pas ce soir, je risque de la croiser au mariage et… oh la la, catastrophe ! On va plutôt penser à autre chose, non  ??

Le dessert. Oui, le dessert est une très bonne diversion. D’ailleurs, je suis tout à fait apte à lui proposer un verre ou même plusieurs si elle le désire (Ok peut-être pas, elle boit suffisamment, j’entends le verre se poser et se poser assez souvent sur la table) mais avec ces mots, je veux juste lui proposer de continuer la soirée, histoire qu’elle ne se termine pas juste après ce charmant repas des plus étonnants. Mais Joanne semble avoir compris où je voulais réellement en venir alors je ne peux que sourire. Sourire qui s’étire jusqu’aux oreilles et dont elle ne peut profiter. Je souffle alors :  

J’en dis que c’est une excellente idée, Joanne.

Prononcer son prénom d’une manière particulière, lui confère un pouvoir extraordinaire, aux allures sensuelles. Si si… La tension est telle que je pourrais mettre fin au dîner tout de suite, on oublie le petit verre au bar et on se trouve une chambre dans cet endroit !!! Bon ok, faudrait déjà que je puisse l’admirer avant de fantasmer comme un malade sur sa voix adorable et sa sublime peau douce. Le dessert au centre de notre table, voilà que nos doigts s’effleurent et je peux sentir une certaine agitation chez ma compagne ce soir. Comme si au fond, elle ça faisait un bail qu’elle n’était pas sortie tout court, parce qu’un repas dans le noir, ça oui, c’est nouveau et ça peut facilement nous rendre très alerte, mais c’est différent maintenant. y’a autre chose dans l’air, comme si la chimie opérait ? C’est con ce que je dis … Attendez un peu la suite pour voir…

Le repas étant terminé, Chelsea nous invite à prendre congé, pour que nous puissions retourner dans le monde réel et c’est entièrement satisfaits que nous quittons le restaurant, tandis que Joanne ne m’a pas lâché le bras une seule seconde. Difficilement, nous retrouvons la lumière du jour, ou du moins, la lumière artificielle de ce majestueux hall d’entrée, que compose cet établissement de haut standing. Et là, je la découvre… Je découvre, la belle.

Je ne peux que l’admirer. De haut en bas, avec un merveilleux sourire sur les lèvres. Joanne est resplendissante. Cette robe la met terriblement en valeur et j’en oublierai presque mes mots tant je suis subjugué par sa beauté. Je hoche la tête, revenant sur terre, parce que les étoiles sont à des millions de kilomètres. Il serait imprudent de m’y perdre, vous trouvez pas ?

Daniel. Et sache que ta robe est assez convenable pour l’endroit…

Faisant référence à tout à l’heure où elle s'inquiétait de ne pas pouvoir se voir, en se demandant si sa robe allait convenir ou non, je peux lui assurer que oui, finalement. Posant ma main sur la sienne tandis qu’elle s’accroche à mon bras, nous nous dirigeons vers le bar, qui ne manque pas de clients, c’est le cas de le dire. Les gens qui rient, parlent, sont nombreux ce soir mais fort heureusement pour nous, deux d’entre eux quittent le bar, nous laissant ainsi deux tabourets libres. La providence, le hasard, peu importe, il semblerait que la soirée n’est pas prête de se finir. Et en plus, en si belle compagnie, pourquoi aurais-je envie de mettre les voiles. Quand je parlais de chimie tout à l'heure, rien qu’au son de sa voix, je peux nettement concevoir qu’à présent, cette chimie prend de l’ampleur, me réchauffe l’âme. Je n’ai vraiment pas envie que ça s’arrête. Au contraire, je suis curieux de voir où cette fin de soirée, cette nuit, pourrait nous conduire…

En s’installant au comptoir, je laisse Joanne commander la première, demande ensuite au serveur un verre scotch sans glace qu’il ne tarde pas à déposer devant nous. Tout en souriant à la magnifique et enivrante Joanne, je lui réponds:

Ce qui me ferait env…

Mes yeux accompagnent alors les siens, je n’ai pas le temps de terminer ma phrase. Sous son verre, il semblerait qu’une carte magnétique correspondant très certainement à une chambre d’hôtel. Et non, j’y suis pour rien dans ce petit tour de passe-passe. J’aurais bien aimé m'attribuer le mérite mais sans doute que cette clé appartient aux personnes qui étaient là tout à l’heure. Je hausse un sourcil, et de ma voix enjouée, je lui murmure :

Intéressant… tu ne trouves pas ?

Je hoche la tête, l’invite à quitter le bar. Je ne prends même pas la peine de boire mon verre que je dépose quelques billets sur le comptoir pour compenser du gaspillage que je laisse derrière moi. Ceci dit, je me pose tel un ‘i’ devant Joanne et lui tends la main. J’imagine qu’il lui faut quelques minutes pour se décider, parce que je ne fais pas dans la dentelle et mes intentions envers elles sont… loin d’être chaste. Et je crois que dans le fond, elle a compris où je voulais en venir. Et puis, elle attrape ma main, dans un long soupir. Un soupir qui ne se veut pas désagréable mais totalement en accord avec l’instant présent. C’est maintenant qu’il faut vivre sa vie, pas dans dix ans, avec des regrets. Je ne lui ferais aucun mal, ce n’est pas là le but de la manœuvre…

Tout en se dirigeant dans le couloir, je me stoppe net, pose un regard hésitant sur la délicieuse Joanne avant de simplement glisser l’une de mes mains sur sa nuque, me débarrassant de sa longue chevelure noire. J’approche son visage du mien, dépose ensuite mes lèvres sur les siennes. Ce premier contact est explosif, je le sens, il fait naître en moi une passion débordante. Une passion que je connais que trop bien, qui m’emporte bien souvent sous des draps qui volent de milles façons. Puis, je m’éloigne, rompant l’échange brutalement qu’elle pourrait presque s’en plaindre. Et moi avec, d’ailleurs mais je ne veux pas rester au mieux de ce couloir, entouré d'ascenseurs qui attendent qu'on monte jusqu’en haut, avec eux.

Je n’ajoute rien, lui souris tout bonnement, avant d’appuyer sur le bouton d’appel de l'ascenseur. Très vite, les portes s’ouvrent, je n’ai pas quitté Joanne des yeux. Je la dévore, complètement. J’ai juste envie de poser mes doigts sur sa peau délicate, m’aventurer sur ce corps que j’ai hâte de découvrir. Je l’invite à entrer à l’intérieur, appuie sur le bouton du 12è étage. A en croire la carte, c’est à cet étage qu’il faut aller. J’inspire profondément, jette un oeil à Joanne sui fixe intensément le petit cadran au-dessus des portes : 2…3…4…5…6… les étages défilent, et je décide spontanément d’appuyer sur le bouton d’arrêt, mettant fin à la montée spectaculaire de la cabine. Stan ? Serais-tu un poil impatient, hum ? Très certainement oui. Alors, je me tourne vers cette magnifique femme, m’approche d’elle sans un mot. Je glisse une main sur sa nuque, l’autre sur sa hanche et la pousse gentiment contre la paroi de notre prison. Je murmure, avant de poser ma bouche contre la sienne :

Me permettrais-tu ? …

Oui bon, tu demandes et tu exécutes. Faudrait peut-être lui laisser le temps d’y réfléchir, tu crois pas ?

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with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

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Je me découvre, ce soir.
Je me transforme ou plutôt, si je veux me montrer honnête, je laisse la partie la plus aventureuse et joueuse de ma personnalité pointer le bout de son nez et prendre le dessus. Moi qui passe mon temps à tout contrôler, à être sur tous les fronts et à gérer mes différentes missions, je freine beaucoup de pulsions qu’une femme de mon âge peut ressentir sans passer pour une folle. Ce soir, j’ai oublié que j’étais une infirmière dévouée, une maman accomplie, une femme active, accessible et sociable. J’ai laissé la Joanne entreprenante et coquine tenter de mener la danse.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne semble pas avoir oublié la chorégraphie…

Le compliment lancé par Daniel sur ma robe ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde, bien au contraire. Et ma réaction, j’en suis la première étonnée: je rougis, certes, mais je me sens surtout… flattée. Je ne cherche pas à le contredire, bien au contraire, usant plutôt de mes charmes en lui lançant un clin d'œil équivoque. Je ne me reconnais pas mais semble flotter au-dessus des conventions. Nous nous installons au comptoir de ce bar élégant et surchargé de clients, commandons à boire. Et remarquons, à quelques secondes d’intervalles, ce drôle d’élément perturbateur laissé par Dame Destin, sous un des verres. Elle semble être de la même humeur que nous ce soir: quelque peu suggestive, à peine lascive.

Intéressant, tu ne trouves pas…?

Cette question reste en suspens, comme figée dans le temps. J’entrouvre mes lèvres, hésite entre rire, suite à une bouffée de gêne qui contamine mes entrailles ou mordiller ma lèvre du bas, rebondie et gonflée d’excitation.
Je suis tiraillée. Mais la corde sur laquelle je m’accroche s’avère bien fragile et il se pourrait que je finisse par succomber à la tentation…
Après tout, pourquoi donc lutter? Je suis une femme célibataire qui vient de profiter d’un repas exceptionnel, qui vient de vivre une expérience hors du commun et qui vient de rencontrer un homme aussi charismatique que séduisant. Pourquoi donc refuserais-je une pareille opportunité? J’ai le droit de savourer les choses jusqu’à leur dernière miette.
J’ajouterais même que j’ai envie de croquer à pleines dents dans le fruit défendu. Cette pomme paraît si… délicieuse.
Le temps de ma réflexion n’a duré que quelques minutes qui ont dû paraître une véritable éternité, du point de vue de Daniel. Comme pour imager la fin de ce combat intérieur que j’ai mené et qui a fini par se clôre par une prise de décision inconsidérée, je soupire et attrape la main qu’il me tend.

Après tout, je ne risque rien, n’est ce pas…?

Sans réaliser comment nous en sommes arrivés là, le premier contact physique se produit. Je sens les doigts de Daniel se faufiler jusqu’à ma nuque, ses lèvres se presser contre les miennes. La Joanne qui prend le contrôle à 95% du temps aurait reculé face à une telle proximité mais je suis plus que soulagée de réaliser que les 5% restants sont les seuls qui comptent, ce soir. Je réponds à ses avances en laissant ma langue se faufiler jusqu’à la sienne, prolongeant ainsi le baiser en lui apportant une toute autre dimension. Nos salives se mélangent, nos langues font connaissances et…
Et soudain, le contact se rompt. Aussi brutalement qu’il a connu son démarrage.
Gémissant, en profitant pour passer mes doigts sur ma bouche, pensant fugacement que j’ai sans doute du rouge à lèvre qui a dû s’éparpiller autour de mes lèvres, je me reconnecte à la réalité. Mon Dieu, mais qu’est ce qu’il m’arrive…
Qu’est ce que je suis en train de faire, moi qui me suis toujours refusé les aventures sans lendemain… Moi qui n’ai jamais voulu tomber dans ce genre de piège, me voilà ainsi entre les griffes d’un homme déterminé à partager une nuit torride… Non, je dois refuser, je dois tourner les talons, je dois…
… le suivre. Dans cet ascenseur, qu’il appelle, dans lequel… Une certaine tension sexuelle se met à remplir l’atmosphère.
Joanne, par pitié, arrête de réfléchir. Et laisse toi porter. Bon sang, tu le mérites, non?!

L’ascenseur ouvre ses portes, nous nous y engouffrons sans attendre une minute de plus. Daniel prend les devants, appuie sur le bouton numéroté douze, qui s’illumine. Je tente de me concentrer en dévorant des yeux l’écran laissant défiler les étages. Sous mes pieds, je sens la cabine grimper, plus haut, toujours plus haut… À l’image de mon désir pour Daniel. Entre mes cuisses, je sens des tremblements inconsidérés me gagner, une chaleur se propage dans tout mon organisme. Je baisse la tête, durant une seconde ou deux, à peine plus, et sans comprendre comment, je me retrouve plaquée contre la paroi, les mains de mon partenaire découvrant mon corps, à des endroits plus que sensibles à mes yeux. Notamment les hanches. Quand je sens la pression de ses doigts contre ces dernières, je gémis, plante mon regard dans celui de Daniel et réponds à son audacieuse question par une réponse bien hésitante qui finit par symboliser toutes mes envies:

Tu… Ahem, tu… Oui, Daniel, je te permets tout… Tout…

Le souffle coupé, je me plaque contre son torse et me plonge dans un baiser passionné. Je monte la barre encore plus haut en attrapant sa nuque, tout en le forçant à se débarrasser de sa veste de costume pour ensuite déboutonner sa chemise. L’exercice s’avère être bien long, alors, prise d’une incroyable pulsion, je finis par tout bonnement arracher sa chemise, les résistants boutons finissant leur course sur le sol de l’ascenseur. Je n’ai pas le temps, je me sens si pressée, presque affamée. Je ne quitte pas les lèvres de Daniel tandis que je laisse courir mes mains sur son torse, tout en les laissant terminer leur course à la frontière de son pantalon. Portée par un aplomb bien étrangère dans mon cas, je n’ai pas envie de m’arrêter en si bon chemin. De son côté, Daniel fait connaissance avec mon corps, ma nudité, sans perdre une seconde. Je sens ma robe me quitter, je me retrouve en sous-vêtements, la bretelle de mon soutien gorge glissant le long de mon épaule. Toujours perchée sur mes hauts talons, je laisse quelques grognements et gémissements de plaisir s’échapper de mes lèvres, que je n’arrête pas de lécher. Je me déplace, toujours liée à Stan, je me retrouve contre une paroi opposée. Je suis en proie à une telle excitation, je me sens prête pour l’explosion et…  

Et soudain, les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Sans doute à cause d’un mouvement un peu brusque, mes fesses plaquées contre les différents boutons qui ont réactivé cette machine infernale?
Sans doute car on ne peut pas dire que Daniel y aille de main morte, avec mon corps bouillonnant…
Et le pire, dans tout ça? C’est que j’ai adoré ce tête à tête…
Il ne peut donc pas se terminer ainsi. Et la carte, alors, qu’allons nous en faire…?

Et paf, ça fait des chocapics !
with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

tw :: Sexe, sous hide

Le premier baiser que j’échange avec Joanne connaît sa part d’incertitude. C’est normal, on ne se connait pas. Nos corps se retrouvent en terrain inconnu et il est évident qu’ils doivent d’abord s’apprivoiser. Pourtant, en scellant ce premier contact, je sais exactement quelle direction prendre avec elle, je ne me montre en aucun cas hésitant, bien au contraire. Joanne doit très certainement comprendre mes soudaines intentions. L'ascenseur dans lequel on s’apprête à monter, risque d’être le lieu de tous les fantasmes, je le sens. Après tout, je me connais : je suis un homme passionné et quand j’ai quelque chose derrière la tête, et bien forcément, je ne l’ai pas ailleurs. Je ne me suis jamais caché, je n’ai jamais tourné autour du pot et là, à présent, je ne désire qu’une seule chose : pouvoir découvrir chaque partie de l’anatomie de la jeune femme qui s’accompagne ce soir.

Et c’est sans surprise que, dans l'ascenseur, malgré ma demande de la découvrir, je décide de venir prendre ce petit quelque chose de sensuel, ce petit quelque chose de diablement attirant. Dans ses yeux brillants, je peux y lire une certaine audace. Une audace qui ne semble pas lui être familière et pourtant, y’a pas de doute possible, elle aussi souhaite la même chose que moi. Je ne sais pas exactement à quel étage nous nous trouvons, mais c’est pas vraiment important. Je préfère stopper son ascension pour pouvoir profiter de cette délicieuse jeune femme tant qu’il est possible de le faire. Je me sens bien pressé ce soir, mais je crois que ce dîner dans le noir  n’a fait que m’ouvrir davantage l’appétit. Je crois que c’est un peu le but de ce genre de repas en tête à tête. Je ne peux pas dire que je ne me reconnais pas là, ce serait mentir. Je suis exactement le même homme qu’avec toutes mes compagnes de soirées. Et non, Joanne n’est sans doute pas l’exception. En tout cas, ce n’est pas la première chose que je me dis à son sujet.

Et paf, ça fait des chocapics !
with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

tw :: ça va déraper sur du hide dans un ou deux posts...  

Cela faisait des années que je n’avais pas laissé un tel plaisir me consumer. Je ne me reconnais pas, frissonnant de plaisir à chaque caresse, chaque contact avec la peau de Daniel. Je me sens foudroyée par un plaisir sans limite, qui m’électrise, qui me galvanise. Cette sensation m’avait manqué, je le réalise à présent… Mais elle est aussi plus que familière. Après tout, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, n’est ce pas…? Je ne pense qu’à une seule chose: ne pas être trop rouillée. Ne pas décevoir les attentes d’un homme qui semble habitué… À composer avec cette excitation qui ne connaît aucune limite.
Daniel mène la danse et curieusement, je me sens parfaitement à l’aise. Je ne ressens aucune pression, ce sentiment de confiance ne cesse de grandir, entre deux gestes frénétiques. Les barrières se brisent, les unes après les autres, l’empressement se fait sentir et la bienséance n’a plus de raison d’être, surtout quand je finis par arracher tous les boutons de sa chemise.

Décidément, le dessert est particulièrement savoureux… Qui aurait crû que ce repas insolite se terminerait sur une note aussi surprenante? Loin d’être sucrée mais plutôt… délicieusement épicée…?

Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent, Daniel fait une remarque pertinente, soulignant qu’on y est. Mais ce qu’il ne réalise pas, c’est la portée de ses propos. Je me sens comme à la croisée des chemins… Mais je n’ai pas envie de me torturer l’esprit davantage. Durant des années, je me suis privée de ces opportunités, empêchée de ressentir du plaisir, à cause d’une culpabilité qui me paralysait à la simple idée de m’offrir à un autre homme qu’à celui que je considérais comme l’homme de ma vie.
Mais ce soir, tout est différent. Je me suis libérée de ces chaînes, et tandis que ma robe est à moitié enlevée, mes cheveux décoiffés et mon entrejambe… plutôt réchauffée, je réalise que rien n’est impossible, tant que je l’ai décidé.
Oh, et puis, pourquoi attendre…? J’ai déjà un pied de l’autre côté de la barrière, inutile de prétendre davantage que la situation pourrait comporter un potentiel retour en arrière. Et surtout, je n’ai aucune envie de reculer. Au contraire, j’ai envie de marcher, de courir en direction de Daniel… Pour me jeter dans ses bras, pour profiter de chaque opportunité qu’il m’offrira et pour ne rien regretter. Surtout pas.

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with @Stanislas Harlow & @Joanne Prescott
20 octobre 2023, Monterey, CA.

tw :: sexe sous hide.    

Tout est terminé, l’explosion est enfin passée. Restant sur le dos, j’approche les paumes de mes mains sur mes joues, réalise enfin ce qui vient de m’arriver. Ce que nous avons fait.
Et dire que je devais simplement dîner, ce soir… Le programme était on ne peut plus simple, j’aurais dû repartir aussitôt que la dernière bouchée du dessert était avalée.
Mais je serais passé à côté de la plus gourmande des friandises. Quel dommage cela aurait été…

Fermant les yeux, la main contre le torse de Daniel, je n’ai qu’une envie: recommencer. À la fois extrêmement satisfaite mais également avide de renouer avec ces sensations aussi vite que possible, je me dis qu’adopter une attitude raisonnable n’est peut-être pas une si mauvaise idée que cela.

Je peux enfin me reposer. Dormir, ne sachant pas ce qui se déroulera le lendemain matin…
Mais pour la première fois depuis des années et des années, je m’en fiche. Je n’ai pas peur de ce qui arrivera, je me contente de savourer l’instant, de laisser le plaisir se diffuser dans mon enveloppe charnelle. Je pouffe de rire, glousse telle une adolescente, sentant bien que ce dérapage n’est pas sérieux. Pourtant, je ne regrette rien.
Une aparté, le temps d’une nuit, qui n’aura aucune prise sur mon existence.
Sans doute que Daniel nous commandera un petit déjeuner directement apporté dans la chambre, comme prochain repas commun. Mais nous verrons cela demain.
Pour le moment, tout ce qu’il me reste à faire, c’est de dormir…