a life, a story - Ayala Goldstein, de son nom de naissance, est venue au monde au début d’un été particulièrement chaud dans la capitale britannique. Elle est la benjamine d’une fratrie composée de trois enfants. Unique fille au milieu de deux frères jumeaux de trois ans ses ainés. Elle a toujours été proche des siens, c’est ainsi qu’on l’avait élevée, dans un esprit de famille omniprésent. Elle a grandi également aux côtés de sa grand-tante paternelle, personne très importante à ses yeux qu’elle considère comme sa grand-mère. C’est elle qui a recueilli et élevé son père lorsqu’il n’était encore qu’un bébé. Sombre histoire familiale. Le père d’Ayla est né à Paris durant la seconde guerre mondiale au sein d’une famille juive française aux origines allemandes. Ses parents ainsi que ses frères et sœurs furent tous déportés dans les camps lors des rafles. Il fut ainsi le seul que sa tante paternelle pu cacher et sauver de l’horreur. Cette tante vénérée fuit par la suite en Angleterre avec le petit pour tenter de s’y reconstruire. Ce sont donc des origines très diverses qui composent l’histoire d’Ayla. Et grandir en n’ayant jamais connu toute une partie de sa famille contribua forcément à forger sa personnalité, faisant d’elle la femme qu’elle est devenue. Pourtant elle n’en parle pas avec les autres, et rarement avec les deux principaux concernés. Sa mère quant à elle est une britannique d’origine canadienne dont les parents sont venus s’installer au Royaume-Uni pour y travailler. La brune et ses frères grandirent donc dans cet univers cosmopolite saupoudré de culture juive et anglo-canadienne. Soucieux que la fratrie ne se sente jamais menacée, leurs parents ne leur imposèrent aucune religion, souhaitant les éduquer dans un univers laïc mais néanmoins emprunt de traditions héritées de leurs origines. Cela se traduisait notamment dans leurs habitudes de vie et dans leur cuisine où l’on dégustait régulièrement poutine et tcholent. Ayla se rappelle surtout d’une éducation bienveillante, tolérante et ouverte sur le monde, une grande richesse de son enfance. Elle adorait également les heures passées avec sa grand-tante, véritable puit de savoir. Elle se rappelait de la douceur et la patience de cette femme, des petits surnoms affectueux qu’elle donnait à Ayla en yiddish, langue vernaculaire de ses ancêtres. La brunette se perdait dans les histoires qu’elle racontait. Elle aimait l’entendre parler de sa vie, de sa famille. Elle aimait aussi apprendre des choses à ses côtés, cette tante lui transmit notamment le goût des langues et particulièrement de l’allemand et du français, apprentissage qu’elle poursuivit durant ses études. Et ici on ne plaisantait pas avec les études. S’il y avait bien certaines choses sacrées dans cette famille au delà des liens proches qu’ils entretenaient, c’était la rigueur, la réussite et le travail. Si les Goldstein étaient aimants, ils étaient aussi extrêmement sévères et élitistes envers la scolarité de leurs enfants. La fratrie devait ainsi avoir le goût de l’instruction, travailler dur et réussir. Il n’y avait de place que pour les grandes et nobles professions dans cette famille. Voilà pourquoi Ayla eut tendance à reproduire la même chose par la suite avec ses enfants. Quand on grandit dans l’excellence on ne peut que poursuivre cette quête d’excellence. Fille d’un avocat renommé et d’une ingénieure, elle s’est toujours dit qu’elle aussi exercerait un métier respectable et élitiste. C’était une élève studieuse et douée, elle a d’ailleurs adoré ses années de scolarité. Déjà petite l’éducation transmise par ses parents lui apporta une grande culture et une curiosité naturelle à s’ouvrir au monde. La médecine apparut vite comme une évidence à ses yeux, c’était motivant, challengeant, difficile, mais un véritable sentiment d’accomplissement une fois le diplôme décroché. Et quoi de mieux que de voir la fierté briller dans le regard de ses parents. Et de manière plus implicite, soigner et sauver les autres était aussi une sorte de tentative de réparation envers les siens. Faire le bien pour effacer le mal.

C’est très jeune sur les bancs de l’école qu’Ayla rencontra celui qui deviendra son futur mari, ce fut le coup de foudre, le grand amour d’une vie. Ils poursuivirent toutes leurs études ensemble. Ayla s’était toujours imaginé mère, entourée de nombreux enfants avec lesquels elle partagerait les valeurs familiales si chères à son cœur. Elle voulait recréer la famille de son enfance, celle dans laquelle elle avait grandi et qui était si idéale à ses yeux. Mais la vie réserve toujours son lot de surprises et son rêve se réalisa plus tôt qu’elle ne l’aurait envisagé. À peine majeure et déjà enceinte. Ce n’était pas forcément calculé de cette manière alors que la brune s’engageait tout juste dans de longues études de médecine, mais loin d’être une catastrophe à ses yeux, elle le considéra comme une bénédiction, un cadeau du ciel. Très fusionnelle avec son petit-ami, ils se fiancèrent et se marièrent avant la naissance de leur fils, Thomas. Et son cœur de toute jeune maman implosa pour la première fois lorsqu’elle posa les yeux sur cette merveille. Le couple Fraser se soutenait toujours dans les épreuves et tenait bon malgré la difficulté qu’élever un enfant peut représenter, surtout lorsqu’on est soi-même encore très jeune, à peine sorti de l’adolescence et pas encore vraiment adulte. Alors qu’ils sortaient tout juste des nuits courtes et compliquées une petite Maureen pointa déjà le bout de son nez l’année suivante, venant agrandir encore ce petit cocon du bonheur, épuisant mais rempli d’amour. La grande maturité d’Ayla déjà à cet âge facilita beaucoup les choses. Ce n’est que six ans plus tard que les jumeaux, Grace et Collin, firent à leur tour leur apparition. Un délai nécessaire pour élever leurs deux premiers enfants tout en composant au mieux avec leur parcours d’étudiants. Et ils réussirent le pari de terminer leurs études avec succès tout en élevant leur tribu, non sans une aide précieuse de leurs familles. Tout n’était pas parfait et ils apprenaient chaque jour dans le rôle de parents d’une fratrie de quatre petits êtres, mais une chose est certaine, ils donnèrent le meilleur d’eux même pour que la progéniture ne manque de rien et grandisse sans menace ni préoccupation autre que celles des enfants de leurs âges. La brune, bien consciente que son mari a beaucoup sacrifié pour lui permettre de réaliser son rêve et devenir le médecin qu’elle souhaitait, lui a rendu la pareille par la suite lorsqu’il a fallu le soutenir avec son entreprise et le suivre de l’autre côté de l’Atlantique. Se séparer de ses propres parents, de ses frères et de son Angleterre natale fut une épreuve pour Ayla, eux qui étaient si soudés. Mais par amour elle aurait suivi son mari au bout du monde et puis il y avait ses enfants, sa bouée de sauvetage dans la tempête. Ce départ était aussi le bienvenu pour lui apporter un nouveau souffle peu de temps seulement après le décès de sa grand-tante à laquelle elle tenait tant.

Ayla a toujours été très fière de ses enfants bien qu’elle leur dise rarement n’ayant pas été élevée dans les grandes effusions et démonstrations sentimentales. Elle le gardait dans son cœur mais n’en pensait pas moins. Ils étaient sa plus grande réussite et son plus grand bonheur. Elle se complaisait dans son rôle de mère mais n’était pas forcément toujours très adroite. Dans sa carrière professionnelle, Ayla s’était engagée plusieurs fois aux côtés d’autres médecins pour aller soigner des populations menacées, parfois au détriment de sa propre famille. Elle partait pour des missions de quelques mois à l’étranger, laissant mari et enfants. Si cela pouvait paraître atypique, c’était en réalité quelque chose de très apprécié chez les anglo-saxons qui prônent les enrichissements professionnels et aventures extérieures au cours de leur carrière. La mère de famille est bien consciente aujourd’hui du mal qu’elle a pu faire aux siens par son absence mais c’était nécessaire, elle en avait besoin. Conséquence d’une jeune femme devenue maman trop tôt qui n’avait pu poursuivre tous ses rêves. Et bien au delà de ça, il fallait qu’elle fasse quelque chose contre l’injustice et la violence de ce monde. Avec cette expérience, elle développa de solides compétences dans la médecine de guerre, d’urgence et la traumatologie, ce qui lui vaut  à ce jour d’être fréquemment contactée par ses confrères pour certains avis. Son mari non plus ne brillait pas par sa présence au sein du clan familial, très pris par son entreprise. Les enfants apprirent vite à devenir indépendants. Et cette culpabilité de les avoir souvent laissé rattrapa Ayla et Pierce par la suite. Alors tant bien que mal ils essayaient de se racheter. Le départ des enfants de la maison des années plus tard lui avait déchiré le cœur, mais elle comprenait que cela était salvateur pour eux. Car même s’ils étaient des parents aimants, elle avait bien conscience de la pression qu’ils avaient pu exercer sur leurs épaules concernant leur avenir professionnel. Particulièrement son mari qui avait de grandes attentes pour eux. Ayla de son côté était en réalité plus douce, plus compréhensive et souple, elle avait souvent essayé de calmer les ardeurs du père de famille mais elle l’avait néanmoins soutenu dans ses discours, en couple uni qu’ils formaient. Au final, les enfants Fraser avaient pour la plupart choisi des voies bien différentes des attentes parentales et ce n’était pas grave car ils brillaient chacun dans leur domaine, et c’était ça l’essentiel pour toute mère, leur épanouissement. Secrètement, Ayla suivait de près leurs carrières. Elle avait ainsi regardé toute la filmographie de Maureen, bien que certaines de ses séries auraient sûrement été jugées bien peu orthodoxes par sa grand-tante. Sa fille avait du talent, vraiment. De la même manière, elle avait suivi de près la participation de Thomas à l’émission du Meilleur Pâtissier, en bonne supportrice de son aîné, sans lui dire qu’elle regardait chaque semaine les épisodes. Puis l’ouverture de sa pâtisserie. Et souvent, elle lui commandait des desserts depuis son cabinet sans qu’il ne soit au courant maintenant qu’il avait toute une équipe sous ses ordres. Là encore Ayla ressentait une grande fierté devant son premier bébé devenu ce jeune homme si talentueux. Et puis les jumeaux, ses derniers petits trésors. Respectivement juriste et musicien. Comme pour les autres, leur mère suivait leur évolution professionnelle avec attention. Grace, la juriste, celle qui avait finalement emprunté la voie la plus attendue par ses parents. Mais peu importe ce qu’elle aurait fait, au même titre que les autres, sa mère l’aurait soutenue dans son cœur. Et puis Collin, d’abord talentueux basketteur puis musicien. Elle avait suivi certains de ses matchs, même si elle ne connaissait pas grand chose au basket elle avait fait l’effort de s’y intéresser de son côté, et elle écoutait désormais avec intérêt ses compositions.

Si seulement la brune connaissait tous les secrets que ses enfants gardaient pour eux et les tourments qu’ils traversaient, elle se battrait comme une lionne pour les protéger des douleurs de la vie. Peut-être maladroitement, à sa manière, mais Ayla aimait ces quatre merveilleux êtres plus que tout depuis leur premier souffle. Et cet amour viscéral trouva son apothéose lors de l’annonce du cancer de Thomas. C’était comme si l’univers s’écroulait, comme si on lui avait arraché le cœur. Non, son fils tellement aimé et attendu ne pouvait pas traverser une telle épreuve. C’était impossible. Elle s’en voulait terriblement de lui avoir visiblement transmis les mauvais gènes, de ne pas avoir été suffisamment à ses côtés. Elle aurait voulu garder ses enfants pour elle, au creux de ses bras protecteurs, pour que jamais ils n’aient à souffrir des horreurs de ce monde, mais il était impossible de les enfermer dans une cage dorée aussi sécure soit-elle, et elle devait ainsi se résoudre à les voir parfois tomber. Mais cette fois-ci elle serait toujours là pour les aider à se relever.

Little facts :
Elle a toujours entretenu une relation très fusionnelle avec sa famille, conséquence d’avoir grandi sans oncle, tante, ni cousin puisque son père avait perdu tous les siens et sa mère était fille unique • elle a essayé de reproduire cela avec son mari et ses enfants mais avec plus ou moins de succès • elle a beaucoup voyagé étant enfant et possède une bonne connaissance de nombreux pays • elle parle anglais, allemand et français • elle possède aussi quelques notions de yiddish transmises par sa grand-tante en hommage à ses racines • elle est sensible à la cause des autres et défendra facilement les plus opprimés • elle joue du piano • elle s’habille toujours de manière élégante et raffinée, clin d’œil à son éducation britannique • elle a conservé son accent britannique qui fait son charme • c’est une grande lectrice, elle possède une quantité de livres impressionnante dans sa bibliothèque • passionnée d’histoire, elle visite régulièrement de nombreux musées, son préféré restant pour toujours le British Museum • elle adore se promener dans les parcs de la ville • femme active, c’est aussi une passionnée de course à pieds, elle la pratique plusieurs fois par semaine, véritable exutoire pour elle • elle essaie d’avoir la main verte et de cultiver toutes sortes de plantes mais ce n’est pas toujours un succès • ce n’est pas une grande gourmande mais elle ne refusera jamais une pâtisserie de son fils • elle a toujours aimé écrire des lettres même si le monde d’aujourd’hui est résolument tourné vers les réseaux, elle écrit très régulièrement à sa famille et ses amis restés en Angleterre, et elle écrivait déjà chaque semaine à son mari et ses enfants lorsqu’elle partait en mission loin de la maison.