a life, a story - « maman, maman... calme-toi, et respire un bon coup, s'il te plait. » Tu as beau la supplier à travers ton portable, ta mère débite un nombre incalculable de mots qui n'ont aucun sens. A vrai dire, tu reconnais les mots suivants : heureuse - weekend prochain - mariage - bébé. Woww. Tu dois l'arrêter de suite, elle est capable de t'envoyer dans l'heure le plan de table de ton futur mariage, alors que tu viens juste de lui annoncer que tu es en couple avec Gregory. Là, tout de suite, tu sais que c'était une mauvaise idée, mais tu n'en pouvais plus de l'entendre te dire qu'une carrière ne fait pas le bonheur. Mais c'est ton bonheur et tu t'en fiches d'avoir fêter tes 35 ans, que tu ne portes pas d'enfant et qu'aucun gros cailloux ne domine ton doigt. Parce que tu es heureuse dans ce que tu fais. Mais ta très chère mère est comme sur un petit nuage.« Je le savais ! Ce petit il était fait pour toi dés le lycée. » C'est bien là, le problème maman. Tu le connais depuis le lycée, c'est un ami. Un véritable ami au point d'accepter ta demande saugrenue que d'être sa petite amie, pour de faux. Quel ami fait ce genre de chose ? Gregory. Après il faut bien avouer que ta plaidoirie était excellente. Où tu as réussi à l'avoir à l'usure, tu ne sais cependant pas pourquoi il a accepté et désormais mais tu lui es redevable. Tu es la petite amie de Gregory et tu te doutes bien que tu es dans la merde. Mais t'es du genre à ignorer les mauvais signaux, et tu vas gérer. Tu gères toujours. Après tout, tu fais une confiance aveugle à Gregory, après tout vous vous connaissez par coeur. Tu étais là quand il a vécu la pire période de son existence, tu as su être présente sans en faire trop, l'écouter ou non quand ça n'allait pas. Tu n'oses imaginer comment toi tu aurais réagi si cela devait t'arriver. Parce que oui, il n'y pas qu'une seule fille Sighbury, il y a également une petite soeur, que tu aimes plus que tout, la preuve vous vivez en colocation. Certes, la situation risque d'être compliquée tu n'as pas osé lui dire que Gregory n'était pas vraiment l'homme de ta vie, mais tu gèreras la situation plus tard. « maman, tu sais tu en fais beaucoup trop... » Je l'entends soupirer par téléphone. « laisse moi gérer mon coeur, boquez votre weekend, avec ton père on va s'organiser un très beau repas. » Tu roules des yeux, agacée mais en même temps, tu pensais la calmer, hors ce n'était pas encore le cas. Tu voulais couper court à cette discussion envahissante. « on verra, si on est libre... je dois te laisser, je dois partir bosser. »« tu es toujours sur l'affaire Lawson ? » Tu l'entends glousser à son nom. C'est une fan de tout ce drama, et tu n'as pas envie d'en parler. Elle me tanne depuis le début pour avoir un autographe de monsieur Lawson, tu comprends, pour une fois que tu as une affaire croustillante. Sauf que ma mère est intrusive comme toujours, et qu'elle ne sait pas gérer cela. Lawson, Eugene. Ce cher Eugene. Bon tu admets que c'est l'affaire de ta carrière, que tu étais bourré de préjugé et que tu as accepté ce dossier pour monter plus rapidement les échelons. Sauf que ce n'est pas que cela, loin de là. Ce n'est plus cela et tu dois désormais admettre qu'il te touche plus que tu ne veux te le dire. Tu as pris un malin plaisir à attendre ses venues au cabinet et TU sais que c'est une très mauvaise idée, que tu ne dois pas te laisser aller à des sentiments qui n'ont rien à faire là, mais t'es un chou à la crème, tu fonds... complètement. Et là tu sais que tu vas droit dans le mur... sauf que tu es la plus posée de tous, et tu vas gérer. Tu gères. « Je dois filer, maman je t'embrasse. » « N'oublie pas de manger, mon coeur. Je t'embrasse. » Et voilà, en un seul mot, qui tu le sais anodin elle vient de raviver une plaie. Cette angoisse permanente. Maman sait, elle te connait et tu ne sais comment la rassurer. Ta relation avec la nourriture a toujours été très délicate, à tes dix-huit ans, tu es tombée dans des troubles alimentaires, à l'université. Tu ne prenais pas le temps de manger, tu croulais sous les révisions et tout ce qui va avec. Tu n'en as jamais vraiment parlé, c'est ta mère qui a tout vu, enfin c'est ta soeur qui t'as sorti de là et tu suis une thérapie depuis. Tu le caches sous ta joie de vivre, ton hyper activité et tout ça... Tu fais avec tu n'es plus en danger, mais ta mère s'inquiète et même si elle tente de bien agir, ce genre comportement t'angoisse, te rappelle combien tu peux être vulnérable. Tu raccroches et tu files immédiatement au cabinet, tu as des batailles à affronter.