Une rage. Une rage monumentale, un excès dans le regard qui ne s’éteint pas. L’envie de tuer parcourt un instant son esprit mais il l’éjecte de son esprit. Le dilemme est grand. Frapper, ou ne pas frapper. Aller le voir ou rester à tenter de canaliser cette colère. Encore aujourd’hui, au travail, il a été agressif avec tout le monde. On ne le reconnaît pas. Aiden aboit, incapable de contenir cette haine qui hurle entre ses entrailles. Il aimerait lui casser la gueule, à Killian, d’avoir touché sa femme alors qu’il l’a prévenu depuis des années. Il ne se remet pas de cette trahison. Il a jamais pu le saquer, ce gamin. Y’avait toujours quelque chose de profondément ancré dans l’âme d’Aiden, qui ne supportait pas l’air hautain de ce mec. Puis, ils vivaient dans des mondes tellement différents.

Aiden voulait faire les choses « bien ». Essayer de s’en prendre à lui d’une autre manière. Lui ruiner ses espoirs de réinsertion : car oui, Aiden avait découvert que monsieur avait un casier judiciaire, qu’il était revenu depuis peu. Soleria n’avait pas été très bavarde à ce sujet, alors Aiden avait creusé seul, de son côté. Il avait voulu faire chanter quelqu’un mais on l’avait innocenté quelques mois plus tard. Soit Aiden trouvait de nouvelles preuves pour le faire tomber et le renvoyer en prison, soit il lui cassait la gueule. Il préférait la deuxième option mais avec son métier, en cas de problème, il aurait le droit à une mise à pied, même s’il est chef d’une équipe. Et malgré son temps passé au FBI. Parce que la hiérarchie, c’est tous des cons.

Sauf qu’Aiden, il tourne en rond. Il tient plus, il s’énerve, il a rien pour sortir sa colère. Des infos, il en a. Mais de quoi le chopper, il a rien. Il grogne comme un lion en cage, prêt à se déchaîner comme un chien enragé. Y’a plus de contrôle, que de la haine. Aiden est un animal blessé désormais, qui ne cherche qu’une chose : attaquer. Sur un simple coup de tête, alors qu’il roulait vers chez Darwin, Aiden fait une embardée, direction le garage. C’est là qu’il bosse Killian. Là que, bizarrement, Aiden a besoin d’aller pour réparer un soi-disant voyant sur sa voiture. Il va lui en coller une.

Aiden se gare, la rage au ventre. Il le cherche du regard sans le trouver. Il essaye de retrouver son calme quand un homme vient lui demander de quoi il a besoin.

« Bonjour ! Vous allez bien ? » Un petit sourire hypocrite en prime. « Je suis venue la dernière fois avec ma voiture. Je l’ai donné à Killian Rivers pour qu’il s’en occupe. C’est possible de lui parler, j’ai une question à lui poser. »

Si le mec ne le laissait pas passer, Aiden finirait par sortir son badge du FBI, de toute façon.  

Première fois que j'remets les pieds dans mon garage depuis ma sortie d'taule. J'peux vous assurer que ça fait un bien fou de m'retrouver à travers tous ces tas d'ferrailles qui n'demande qu'à être réparé par mes propres soins. Un peu comme l'con que j'suis. J'déconne tellement. J'ai besoin d'être fixé. Même si y'a bien du boulot qui m'attends, j'prends l'temps d'bien saluer tout l'monde. C'comme être d'retour à la maison. Quoi que, j'me suis trouvé plusieurs maisons au cours des derniers mois. Pas qu'la mienne ne m'convienne plus, mais j'me sens plus à ma place à travers des criminels ou des tas d'ferrailles faut croire. La taule est devenue pour moi un endroit clef, un endroit phare d'ma vie. Et y'a plus rien qui m'fait peur maintenant que j'y ai gouté. Même pas l'idée d'y retourner. Au contraire, quand j'ai quitté c't'endroit, c'comme si j'perdais une partie d'moi. Comme si j'tais plus complet. Ouais, j'suis clairement brisé. Seule chose qui m'a réparé un tant soit peu, c'est d'me taper la femme d'un autre. Sauf que c'tait pas n'importe laquelle femme. Soleria Adelson. Avec Sole, on s'est perdu, l'un à travers l'autre. On s'est laissé aller à c'te putain d'pulsion qui nous pourrissait l'existence !

Oh putain ! Mais qui j'vois pas débarquer juste là !? Aiden Adelson. L'pauvre mari cocu. Mais c'est d'la magie ou quoi ? Juste comme si j'venais d'l'invoquer. « Adelson ! Laissez-le entrer !» Que j'ordonne à la réceptionniste. Ma voix est beaucoup trop familière, trop chaleureuse. Y'a carrément quelque chose qui cloche. J'me dirige vers lui, mettant mon bras autour de son cou. J'l'amène avec moi, le dirigeant vers le fond du garage, là ou on n'sera que nous deux. Oups, quelques employés sur notre passage, j'dois faire bonne figure. « Adelson ! Tu racontes quoi ? Y'a des années non ? » Mon vieux pote ! J'lui donne une tape sur le torse tout en saluant d'la tête un collègue. Comme il parle pas, bah j'enchaine « Ah ouais c'est moi qui commence ? Parfait, j'attendais qu'tu m'demandes. T'as pas perdu les bonnes manières à c'que je vois... juste ta femme mais bon, s't'un autre sujet ça n'est-ce pas !? » Oups ? Ça m'a vraiment échappé ? Maintenant qu'nous sommes à l'autre bout du garage, à l'abri de tout regard extérieur, mon ton devient beaucoup plus agressif et mon bras se resserrent autour de lui « Faut vraiment être un crétin d'première pour laisser filer quelqu'un comme Soleria. » Et alors qu'la colère monte en moi comme un volcan sur l'point d'être en irruption, j'réfléchis plus, j'fais que baisser mon chandail en insistant pour lui montrer mon cou. « Tu vois c't'espèce de succion ? Eh bien, c'est ta femme qui m'la faite. J'l'ai encore sur la peau Adelson. Et tu sais très bien que c'pas la seule chose qu'elle m'a faite. » J'crois qu'j'ai gagné avec mon regard malicieux, enflammé. Reste plus qu'à attendre que son poing s'ramasse sur ma figure d'pourriture.

Aiden n’a jamais été le gamin bagarreur du groupe, quand il était gamin. Il était plutôt de ceux qui observent de loin puis passent à l’action. En grandissant, il a dû apprendre à contrôler ses émotions et ses pulsions, en particulier quand il est entré au FBI. Il lui a fallu apprendre à répondre sagement aux provocations mais malheureusement, on ne lui a jamais appris à répondre sagement quand un enfoiré de première couche avec sa femme.

En arrivant ici, Aiden avait de quoi foutre Killian une nouvelle fois derrière les barreaux. Et à ce moment, bye bye monsieur Rivers. Sauf que si Aiden flanchait, plus rien ne tenait debout. Et il y perdrait peut-être bien son job.
Quand Killian lui permet d’entrer dans le garage d’une manière bien trop joyeuse et qu’il l’attrape par le cou comme un ami, la colère de l’agent monte. Les faux-semblants lui donne envie d’hurler. Mais il a appris à gérer ses émotions, à ne pas se laisser emporter. Durant tout le temps du trajet, il tente tant bien que mal d’encaisser les coups mentaux de Killian, s’enferme dans un silence que lui seul connaît jusqu’à ce qu’ils soient seuls après que Killian lui ait montré fièrement le succion qu’il a au cou. La colère monte doucement mais Aiden la fait redescendre, laissant un sourire courir sur ses lèvres. Il se détacha de son pseudo-ami et le fixa d’un regard pénétrant.

— Tu crois pouvoir me provoquer, Killian ? Ce n’est pas parce que je suis en colère que. Tes manigances vont simplement te valoir un coup de poing dans la gueule. Crois-moi, celui-là, tu l’auras, dit-il en lui montrant son poing fermé. Mais en attendant, j’ai bien mieux pour toi.

Il déposa un dossier fourni sur la table.

— Ça fait pas longtemps que t’es sortit de taule, n’est-ce pas, Killlian ? À peine quelques mois, non ? C’était bien ton séjour, là-bas ? Parce que tu risques d’y retourner dans très peu de temps, mon grand. J’ai de quoi t’y remettre quelques temps, juste histoire qu’elle t’oublie, qu’elle te haïsse et que chacun reprendre le cours de sa vie. Tu vois ce que je veux dire ? Tu vas replonger, Kill. Et cette fois, je me ferai un malin plaisir à m’assurer que tu y restes pour de bon.