a life, a story Si je devais résumer ma vie aujourd’hui ? Je dirais qu’elle se compose depuis toujours d’un enchaînements d’erreurs et de mauvais choix.

VANCOUVER (Canada) – naissance à 4 ans
C’est à Vancouver que je suis née et que j’ai fait mes premiers pas. C’est là aussi que j’ai forgé mon caractère de princesse douce, mais exigeante. Il faut dire que j’avais beaucoup d’humais à mon service : j’étais la petite dernière d’une famille de six enfants. Alors, j’étais rapidement devenue la petite mascotte de qui on exerçait les moindres désirs. Nos parents avaient les moyens et étaient encore plus riches intellectuellement, donc nous ne lésinions pas sur les activités : musées en tous genres, zoos, cours divers, sport aussi. Nourrie de toute cette culture dès mon plus jeune âge, j’étais rapidement devenue un petit génie.

PARIS (France) – 4 à 8 ans
C’est à Paris que j’ai appris à rouler à vélo sans les petits roues. À 4 ans, toute la famille s’était envolée pour la capitale française où nous avions le loisir de découvrir de nouveaux musées, mais aussi d’apprendre une nouvelle langue. Il s’avéra que j’étais particulièrement douée pour cela. À mon âge, j’étais une petite éponge linguistique. Mes parents étaient diplomates et nous ne restions jamais en place bien longtemps. Alors, quatre années plus tard,  c’est vers Moscou que nous nous envolions. Sans ma sœur aînée. Elle avait déjà vingt ans et elle voulait rester à Paris. Elle y était toujours, d’ailleurs.

MOSCOU (Russie) – 8 à 12 ans
C’est à Moscou que j’avais appris à devenir un réel caméléon et à m’adapter à toutes les cultures et tous les types de situations. J’étais encore enfant, mais j’étais déjà bien plus mature que certains adultes. J’étais scolarisée dans une école privée et j’avais ajouté une corde à mon arc, une langue à ma palette : je parlais désormais anglais, russe et français.

SYDNEY (Australie) – 12 à 17 ans
C’est en Australie que j’ai pris connaissance de ma bisexualité et là-bas que j’ai perdu ma virginité. Nous sommes restés dans le pays des kangourous un peu plus longtemps qu’ailleurs. J’aimais beaucoup l’Australie, j’y ai appris à surfer. Il y faisait chaud et les plages étaient magnifiques. Le souci, c’était que je commençais à ressentir le besoin de me poser. C’était compliqué pour moi de devoir à chaque fois reconstruire tout en partant de zéro. Et pourtant, le jour de mes 17 ans, alors que j’avais un merveilleux petit ami et un groupe d’amis exceptionnel, mes parents m’annoncèrent que nous devions nous installer à Stockholm.

STOCKHOLM (Suède) – 17 à 21 ans
C’est en Suède que je fus diplômée avec la meilleure distinction. J’avais fait des études en traduction et interprétation. Je maîtrisais désormais quatre langues plutôt bien puisque j’avais pu ajouter le suédois dans la liste. J’étais très jeune. Beaucoup plus jeune que les autres étudiants. J’étais aussi bien meilleure qu’eux. J’avais vécu tellement plus de choses qu’eux, je connaissais non seulement les autres langues, mais aussi les autres cultures et c’était ce qui rendait un interprète excellent dans son métier.

LE MONDE – 21 à 24 ans
C’est au cours de ces voyages professionnels que ma vie avait basculé. Je fus rapidement engagée par les plus grands de ce monde pour leur servir d’interprètes : des présidents d’États aux PDG d’entreprises en passant par de grands scientifiques, j’étais cette femme dans l’ombre. Je parcourais à nouveau le monde, mais seule, cette fois. C’est à 24 ans que j’avais interprété pour Sergeï à Washington. Sergeï était un riche magnat de l’immobilier russe, un beau parleur avec une belle gueule. Il avait très rapidement réussi à me séduire. Il avait les moyens et puis surtout, il était charismatique. Un soir, après une réunion, il m’avait convaincu de le rejoindre dans sa suite où il m’avait promis monts et merveilles. J’étais tout de suite tombée amoureuse de cet homme mystérieux. Trois semaines plus tard, nous étions fiancés.

WASHINGTON – 25 à 35 ans
Un an plus tard, nous nous disions oui officiellement entourés d’environ 500 personnes, dont ma famille au complet, malgré la méfiance de mes proches envers cet homme dont j’étais désormais l’épouse. Et ils avaient raison: quelques mois plus tard, Sergeï commença à me montrer son vrai visage. Tout d’abord, il m’obligea à réduire mes activités professionnelles. Il avait assez d’argent pour me payer tout ce que je voulais et il ne voulait pas que je passe du temps avec d’autres hommes ni d’autres femmes que lui. Petit à petit, il me coupa entièrement du monde extérieur. Je n’avais plus que le droit de téléphoner de façon sporadique à mes parents et mes frères et sœurs, mais uniquement si je ne me plaignais pas. Je passais donc mes journées seule dans notre immense demeure en attendant son retour de ses longues journées d’affaires. Parfois, lorsqu’il rentrait, il était d’une humeur massacrante et alors, j’en prenais pour mon grade. Il ne me frappait jamais, mais il ne tarissait pas de remarques désobligeantes à mon égard. J’encaissais. J’encaissais en rêvant des belles plages chaudes d’Australie ou encore des musées de Paris. Les choses s’étaient encore envenimées lorsque Sergeï avait commencé à ramener des femmes chez nous. Ils s’enfermaient dans son bureau et mon mari prétendait qu’ils travaillaient sur ses dossiers, mais je savais très bien que ce n’était pas ce qu’ils faisaient. Je me renfermais de plus en plus sur moi-même, je devais prendre sur moi pour le laisser me toucher, je cherchais une échappatoire. C’est après dix ans de mariage que l’opportunité se présenta. Un soir, alors que nous étions prêts à aller nous coucher, quelqu’un frappa à la porte. J’allai ouvrir après m’être mis quelque chose sur le dos. Sergeï aimait que je sois sexy pour lui.
- FBI, mains en l’air, personne ne bouge.
J’étais donc là, en peignoir et complètement nue en dessous, mains en l’air alors que plusieurs hommes armés fouillaient la maison. Sergeï avait essayé de fuir, en vain. Je passai plusieurs jours en cellule jusqu’à ce que mon innocence soit clamée. Mon cher mari était apparemment à la tête d’un trafic de drogue. Tous nos comptes étaient gelés, mais je n’en avais que faire. Je devais en profiter pour disparaître. Avec l’aide de mes parents et de mes frères et sœurs, je trouvai un appartement dans la petite ville de Monterey en Californie.

MONTEREY/WASHINGTON/MONTEREY – 35 et 36 ans
Je me sentais comme un poisson dans l’eau ici ! Je pouvais surfer à nouveau, le climat était plus qu’agréable, les gens étaient super sympas, mon appartement n’était vraiment pas mal et puis surtout, je ne devais pas tout le temps faire attention à mes moindres faits et gestes. J’étais libre. Je repris même mes activités d’indépendante, mais en tant que traductrice cette fois. Au moins, plus besoin de parcourir le monde. Et puis ce voisin du dessous, qu’est-ce qu’il était sexy. Comment s’appelait-il déjà ? Ah oui. Ezio ! Nous avons rapidement sympathisés. Il était doux, gentil, attentionné. Bref, un homme à marier. Tout le contraire de Sergeï. J’avais tellement besoin de douceur. C’était aussi la raison pour laquelle je profitais pleinement de ma liberté en couchant à droite à gauche, mais uniquement avec des femmes. Après tout, les femmes étaient connues pour être généralement plus douces que les hommes. J’avais enlevé mon alliance dès mon arrivée à Monterey. J’essayais de me convaincre que je n’avais jamais été mariée. Mon voisin Ezio ne me laissait pas indifférente. Apparemment, c’était réciproque. Il avait été l'exception qui confirme la règle: le seul homme avec qui j'avais couché durant cette période. J’avais bien compris qu’il ne cherchait rien de plus qu’une aventure sans lendemain et cela me convenait tout à fait. Après ce que j’avais vécu, je n’étais pas prête à m’attacher à quelqu’un à nouveau. Le sexe était bon et nous avions repris notre vie de voisins comme si de rien n’était après ce moment d’égarement. C’est un mois plus tard que le souci arriva. Retard de règles… Je n'étais jamais en retard. Jamais. Je ne prenais pas la pilule, mais Ezio et moi nous étions protégés. Et je n’avais couché qu’avec des femmes à part lui… Putain. Il ne manquait plus que ça. Je fis rapidement un test de grossesse… qui fut positif. Le destin était contre moi ou quoi ? Je fis rapidement le calcul des dates. Il n’y avait que mon voisin qui pouvait être le père. Impossible autrement. Devais-je lui dire ? Je n’en eu pas l’occasion. Quelques jours plus tard, alors que j’étais en pleine réflexion, je fus appelée à témoigner contre mon mari par le tribunal de Washington où je me rendis sur le champ sans prévenir Ezio. Cela me permettrait de réfléchir à la suite. En tout cas, maintenant que j’étais enceinte, il était hors de question que mon mari sorte de prison, sinon, j’étais morte et mon bébé l’était aussi. Or, cet enfant était une bénédiction. J’avais toujours rêvé être Maman. J’avais simplement mis ce désir de côté parce qu’il était inimaginable que j’aie un enfant avec Sergeï. J’étais restée à Washington plusieurs mois. Sergeï avait vu mon ventre grossir au fur et à mesure du procès. Il m’avait menacée en apprenant que le bébé n’était pas de lui. Il ne me croyait pas. Peu m'importait. J’avais attendu le verdict. Il était condamné à cinq années de prison. Je ressentis du soulagement en entendant la sentence. J’étais enceinte de huit mois. Je décidai de prendre l’avion malgré les contre-indications et je retournai à Monterey. C’était là que je me sentais bien. Je voulais être loin de mon mari. Commencer ma vie avec ma petite fille. Il me restait un détail à régler :
- Ezio ? Faut que je te parle.
Il ouvrit la porte.
- Je suis enceinte. Comme tu peux le voir... Et c’est de toi. C’est une petite fille. J’ai décidé de l’appeler Carla. C’est pour dans moins d’un mois.
Voilà. C’était fait. Ma nouvelle vie pouvait commencer. L’accouchement s’était passé sans encombre. Ezio était vraiment parfait. Il s’occupait de notre fille quand il le pouvait, il m’aidait financièrement quand j’en avais besoin. Je ne pouvais pas rêver mieux comme arrangement. C’était sans compter sur cette femme… Celle qui passait beaucoup de temps chez mon voisin. Il était hors de question que je me fasse remplacer en fait. Après tout, Carla méritait de grandir entourée de ses deux parents, il n’y avait pas de place dans sa vie pour une belle-mère. Et Ezio allait devoir assumer les conséquences de ses actes. Il était responsable à 50% de la naissance Carla, il devait donc lui offrir la vie qu’elle méritait. Il était grand temps d’activer mon mode ‘princesse’. N’oubliez pas que je n’aimais pas ne pas avoir ce que je voulais !