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Tic-tac, tic-tac, tic-tac. Je regardais avancer lentement mais sûrement l’aiguille des secondes de l’horloge de mon salon. Cela faisait deux semaines qu’Ezio était parti pour le travail. Nous avions fixé un rendez-vous ce soir à 19 heures pour qu’il puisse voir Carla. Il était 18h30. En toute honnêteté, moi, j’avais réellement besoin de parler à quelqu’un. Par quelqu’un, j’entendais un adulte. Parce que Carla, je lui parlais tout le temps et je l’aimais plus que n’importe qui, mais là, j’étais en manque de contacts sociaux. Je ne connaissais personne dans cette ville et être Maman célibataire, c’était un vrai boulot à temps plein. Je n’avais plus le temps de sortir, plus l’occasion de prendre du temps pour moi. Techniquement, les sorties ne me manquaient pas. J’avais été enfermée dans une prison dorée pendant de nombreuses années alors maintenant, Carla ou pas, c’était la délivrance.

Dire que j’avais voulu Carla serait mentir. Peu importe mon histoire, peu importe à quel point mon mari était un enfoiré, Carla était tout de même née d’une aventure hors mariage. Malgré tout, même si je m’en voulais d’avoir trompé mon mari par principe, je ne regrettais pas du tout la naissance ma princesse. Il avait suffi d’une relation sexuelle et d’un putain de préservatif non fonctionnel. On pouvait donc dire officiellement au vu de tous ces éléments que le destin avait voulu la naissance de Carla, non ? C’était tellement improbable que je tombe enceinte et pourtant, c’était ce qui était arrivé. C’est que cela devait être le désir de Dieu !

Pendant l’absence d’Ezio, j’avais eu l’occasion de beaucoup réfléchir. Avant qu’Ezio s’en aille, j’avais remarqué qu’une femme se rendait régulièrement chez lui et sans que je sache très bien expliquer pourquoi, cela m’avait énervée. Je n’étais pas jalouse. Je n’étais pas amoureuse d’Ezio, donc je n’avais pas de raison de l’être. Seulement, Carla méritait la meilleure vie qui soit et la meilleure vie qui soit, c’était une vie entourée de ses deux parents. Elle n’avait certainement pas besoin d’une belle-mère, la situation était déjà bien assez compliquée ainsi. Faisons un petit résumé : elle était non souhaitée et donc le fruit d’un accident, le mari de sa Maman risquait à tout moment de s’enfuir de prison – je ne doutais pas des ressources de Sergeï – et de partir à sa recherche pour vérifier qu’il n’était réellement pas le père biologique. Lorsqu’il en aurait la confirmation, je préférais ne pas savoir ce qu’il tenterait de faire. Le père de ma fille était aux abonnés absents la majorité du temps, même si, il fallait bien reconnaître que je n’avais pas grand-chose à reprocher à Ezio. Bref, autant vous dire que Carla ne grandissait pas dans les meilleures conditions. Alors, il fallait bien qu’au moins une personne se batte pour elle et qui de mieux qualifié que moi, sa Maman ? J’avais donc mis en place un plan. Tout d’abord, j’allais proposer à Ezio que nous emménagions ensemble Ensuite, il s’agissait d’éjecter la fameuse femme qui rendait régulièrement visite à Ezio. Carla avait déjà un ‘beau-père’ dangereux, pas besoin d’ajouter une folle belle-mère dans la balance. Et puis, petit à petit, il allait falloir que j’arrive à séduire Ezio pour que nous soyons officiellement en couple et que Carla grandisse dans une famille aimante et soudée. Peut-être que nous réussirions même à développer des sentiments l’un pour l’autre, Ezio et moi ? Le sexe était incroyable, c’était déjà un bon point de validé !

Bon, il était grand temps de mettre mon plan à exécution. Carla était dans son parc.
- On va aller voir Papa, ma chérie ?
Je lui souris tendrement avant de me rendre dans la salle de bain. Un peu de maquillage ne me ferait pas de mal, même si c’était clairement d’un ravalement de façade que j’avais besoin. Je ne dormais plus que quelques heures par nuit depuis que j’avais Carla. Entre l’allaitement et le fait qu’elle dormait très très mal et qu’elle finissait toujours dans mon lit, je devais sacrifier mon sommeil pour elle. J’appliquai de l’anti-cernes, du blush et du mascara avant de me changer. J’optai pour une jupe qui me mettait un minimum en valeur au lieu de mon jeans qui était devenu un incontournable tellement c’était ce qu’il y avait de plus pratique. J’avais un top d’allaitement pour le haut. Rien de bien sexy, mais Carla aurait faim à un moment donné, c’était certain, donc je devais penser ‘pratique’ plutôt que ‘sexy’. J’étais une Maman désormais. Ma garde-robes n’était pas très fournie de toute façon. Et dire qu’à Washington, j’avais un dressing énorme rempli de vêtements tous plus sexy les uns que les autres. Sergeï n’aimait pas que je mette des pantalons. Un réel macho misogyne qui adorait me voir comme un objet… Mais quel bon choix, ce mari ! Je n’avais pas pris la peine de faire amener mes vêtements et mes biens jusqu’à Monterey. J’avais trop peur que Sergeï tombe sur ma nouvelle adresse alors, j’avais fait une croix sur tout mon luxe et j’avais fait passer Carla avant tout. C’était ce que je devrais toujours faire maintenant.

Il était enfin 19 heures ! Je pris Carla dans mes bras ainsi que le sac à langer. Quelques secondes plus tard, je sonnais à la porte d’Ezio qui m’ouvrit rapidement. Opération séduction : on !
- Bonjour Papa !
Je lui tendis Carla, non pas mécontente d’avoir l’impression de lui transférer les responsabilités de parents en même temps. Carla, je l’aimais énormément, ne vous méprenez pas, mais là, c’était comme si quelqu’un enlevait un poids de mes épaules. Ce n’était pas ma fille qui était un poids, c’était plutôt tout le package qui était lié à elle : pour une fois, je pouvais fermer les yeux tout en sachant qu’elle était en sécurité parce qu’elle était sous surveillance de quelqu’un. Quelqu’un qui n’était pas moi. Je puisai dans mes dernières forces pour m’adresser à mon voisin. Je ne devais pas oublier mon plan initial.
- Tu as l’air en forme, Ezio !
En même temps, même une personne qui sortait d’une longue convalescence aurait l’air plus en forme que moi…
- Ca a été le boulot ? La petite princesse ne t’a pas trop manqué ? Toi, tu lui as beaucoup manqué en tout cas !
Utiliser Carla comme une arme, c’était malin ! Il allait falloir que je prépare bien le terrain et puis je pourrais passer à l’attaque en lui proposant de cohabiter, mais... une chose à la fois!

@Ezio Butler

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Dire qu’Ezio m’avait manqué serait mentir, mais je devais reconnaître que je m’étais tout de même habituée à sa présence périodique dans ma vie. Dans notre vie, à Carla et moi. J’aimais savoir qu’il serait derrière moi si je n’y arrivais plus seule. Je pense que je ne pourrais jamais reconnaître que j’étais incapable de m’occuper seule de ma fille et ce, peu importe le taux de fatigue auquel je devais faire face, mais j’aimais me dire qu’Ezio était assez intelligent et subtile pour voir que j’avais besoin d’aide. Ezio, il était… différent. Différent de tous les hommes que je connaissais et encore plus de mon ex-mari. Il en était même aux antipodes. C’était d’ailleurs pour cette raison que j’avais eu des relations intimes avec lui. Il avait été le seul homme parmi de nombreuses femmes. Il avait été l’élu en quelques sortes. Et quel élu… L’élu pour ma descendance. Je ne l’avais pas vue venir, celle-là ! Évidemment, tout serait tellement plus simple si Ezio et moi vivions ensemble ! C’était donc la mission du jour.

Et il était temps de m’y atteler parce qu’Ezio venait d’ouvrir la porte pour nous laisser entrer. Je lui avais immédiatement tendu Carla. Il avait souri et l’avait prise dans ses bras avant de me dévisager. Super… Je ne ressemblais à rien. Il me le confirma d’ailleurs en me disant que j’avais l’air fatiguée et en me demandant si Carla m’empêchait de dormir.
- Disons que la princesse n’aime pas beaucoup dormir pendant la nuit.
Je souris à Carla, comme pour lui montrer que je ne lui en voulais pas.
- On peut entrer ?
Je continuai à sourire, mais cette fois, d’un air plus charmeur et en me tournant vers Ezio. J’avais comme l’impression que consciemment ou inconsciemment, il ne nous invitait pas à entrer pour une raison bien précise. Attendait-il de la visite ? Impossible, il savait que nous venions. Son appartement était-il en bazar ? J’en doutais. Et puis je n’en avais que faire, cela ne pouvait pas être pire que le mien où traînaient partout des affaires de ma princesse : jouets, livres en tissus, biberons, affaires à langer, … Alors, comme pour le rassurer, je lui fis part de mes pensées :
- Tu sais, ton appartement ne peut pas être dans un pire état que le mien ! Tu préfères qu’on aille chez moi ?
J’espérais ne pas le mettre mal à l’aise en lui faisant savoir que j’avais compris son petit jeu et qu’il me semblait qu’il faisait exprès de nous laisser tout près de la porte d’entrée. Peut-être voulait-il Carla pour lui tout seul ? Ce serait avec plaisir ! Un peu de repos pour moi. Mais d’abord, il fallait que je discute un peu avec lui et que je mette mon plan à exécution et c’est d’ailleurs ce que je fis sans plus attendre.
- Tu sais, ce serait quand même beaucoup plus simple si on partageait un appartement tous les trois.
Je posai ma main sur son avant-bras et le regardai dans les yeux pour essayer de le séduire comme je le pouvais. Cela avait fonctionné une fois, il y avait donc moyen ! Au fond, Ezio et moi ne nous connaissions pas si bien que ça. Il ne savait donc pas que quand j’avais une idée en tête, je n’étais pas près de la lâcher. Il avait donc intérêt à être bien accroché !

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Alors qu’Ezio regarde tendrement Carla, je me surprends à les observer en souriant, en me mordillant la lèvre, tellement je suis attendrie par ce portrait de famille. Putain, il ne manquerait plus que je commence à craquer pour Ezio… Ce n’était pas ça, le plan. Je ne voulais pas m’attacher. Je ne voulais plus m’attacher. Du moins, pas tout de suite. La dernière fois que je l’avais fait, j’en avais clairement bien subi les conséquences. Le plan, c’était séduire Ezio, développer un lien de confiance et puis, peut-être tomber amoureuse, mais ça, c’était la toute dernière étape du plan ! L’étape facultative, en quelques sortes. Lorsqu’Ezio se met à rire doucement quand j’annonce que Carla ne dort pas beaucoup la nuit, je dus prendre sur moi pour ne pas lui lancer de piques. Il avait la belle vie, lui. Certes, il était là pour notre fille, mais ce n’était pas lui qui était Papa célibataire. Non, lui, il partait sans cesse pour le boulot et s’en occupait quand il le pouvait. Bon, de toute façon, je ne comptais pas lui laisser Carla beaucoup plus souvent parce qu’elle était ma raison de vivre et que chaque minute passée sans elle me paraissait interminable, mais il fallait quand même qu’il se rende compte qu’il avait beaucoup d’avantages. Toutefois, je me mordis la lèvre pour ne pas être trop piquante et lui dis sur un ton de défi :
- Tu sais quoi ? Je vais venir te l’amener pour toutes les nuits de cette semaine !
Je me mis à rire pour lui montrer que je plaisantais. De toute façon, ce n’était pas possible… Je mettais un point d’honneur à allaiter Carla et je n’avais pas envie de tirer mon lait si je n’étais pas obligée de le faire. Nous en revenions donc à mon plan initial : cohabiter ! Avant même que je puisse lui faire part de mon idée, Ezio me proposa de laisser quelques affaires chez lui pour ne pas que nous devions toujours tout déménager. En même temps, il se mit sur le côté pour le laisser entrer. Ce que je fis, sans manquer d’observer son appartement et tout en lui répondant :
- Tu es sûr que tu es prêt à ce que ton appartement ressemble à une salle de jeux ?
Avec un petit sourire, j’ajoutai :
- Tu n’as pas peur de faire fuir tes nombreuses prétendantes ?
Cette question me permettrait de me positionner. Essayer de comprendre qui était cette femme que j’avais déjà aperçue entrer dans l’immeuble. Ezio était très attentionné. Un homme à marier ! J’étais à peine assise dans le divan qu’il apportait déjà de quoi boire. Du soft. Il m’aurait bien fallu plus fort avec ce que j’allais lui proposer, mais bon, j’étais invitée, je le remerciai donc et me mis à boire tout en ouvrant mon cœur et en lui proposant de cohabiter. Ma demande est rapidement refusée. Ezio me sort des explications qui, selon moi, sont un peu bateau. Je suis sûre que c’est à cause de la pimbêche qui lui tourne autour. Ezio m’assure qu’elle fera tout ce qu’il peut pour que l’on soit bien. Laisse-moi rire ! À la première bombasse qui croise sa route, il nous abandonne. Je refuse de lui montrer ma déception. Après tout, je me doutais bien que ce ne serait pas aussi facile. Je souris et je décide de minauder un peu. Je pose main sur son avant-bras et je lui souris d’un air charmeur.
- Je comprends. Mais tu sais, je pense qu’on doit assumer notre erreur et que Carla ne doit pas pâtir de nos actes. La meilleure solution, c’est qu’elle grandisse avec son Papa et sa Maman. Tu ne crois pas?
Je lui fis des yeux doux. Pour ne pas qu’il me dise non immédiatement, je lançai alors :
- Ne serait-ce pas l’heure d’un apéro ? Je peux aller chercher quelque chose chez moi si tu n’as rien !
Il serait certainement plus corruptible avec un peu d’alcool dans le sang !