a life, a story - Installez-vous confortablement. Prenez un petit thé, café ou même une petite bière fraiche. Vous êtes prêts ? Bien, je vais vous raconter l’histoire de Rosalie Aliénor Hayes. (NB : Et ça va être long !)

C’est lors d’une nuit hivernale que des cris venant d’une jolie maison viennent à déchirer le silence de la nuit. Madame Hayes vient de donner naissance à d’adorables jumeaux. Un garçon et une fille. Les deux grands frères s’étant précipités pour rencontrer les nouvelles petites terreurs. Oui, Mme Hayes avait décidé d’accoucher à la maison, avec l’aide d’une sage-femme. C’est ainsi qu’est née la demoiselle.

Quelques années plus tard, la fratrie s’est vue agrandie par deux autres garçons. Six enfants, dont une seule fille. On pourrait croire qu’elle s’est sentie seule et désemparée face à tant de testostérone, mais pas le moins du monde. Au contraire, elle s’amusait à les mener à la baguette. Cette famille était enviée par certains et jalousée par d’autres. Un père de famille séduisant et risquant sa vie pour sa nation, une femme magnifique qui donnait de son temps pour sauver des vies et six adorables garnements. Malheureusement, nulle famille n’est parfaite. Elles ont toutes leurs secrets, leurs failles, leurs disputes. La maison du bonheur, elle n’existe pas. Tout n’est que façade, mensonge et hypocrisie.

Du haut de ses seize ans, Rosalie croyait avoir eu la chance de vivre dans une famille aimante et unie, aux revenus plus que suffisants, sans pour autant faire partie de l’élite. Mais, un jour en rentrant plus tôt du lycée, la jeune fille a décidé de faire un petit crochet par l’hôpital où travaillait sa mère, pour lui proposer de manger ensemble. Elle était infirmière aux urgences. Connaissant le personnel, Rosalie les salua tous avant d’aller dans la salle de repos, afin d’attendre sa mère. Quelle ne fut pas sa surprise quand en ouvrant la porte, elle découvre celle qu’elle a toujours admirée dans les bras d’un de ses collèges.

- Oh non… Rosalie, attends ! lance-t-elle à sa fille.

Trop tard. La blondinette a tourné les talons avant de quitter furieusement l’hôpital. Dégoutée, déçue, trahie… Tant de sentiments la consument. Mais, elle sait que ça ne sera rien comparer à ce que son père va ressentir. Lui qui risque sa vie et qui se dévoue à sa famille. La matriarche finit par retrouver sa famille en dehors de son lieu de travail. Elle tente de s’expliquer, mais elle voit le regard froid et empli de haine de sa fille. Rien de ce qu’elle pourra dire pourra justifier la trahison qu’elle vient de causer à toute la famille.

- Tu me dégoutes. Certes, papa est souvent absent ou en mission. Mais ça ne te donne aucun droit de lui planter un couteau dans le dos ! Je ne veux même pas savoir depuis combien de temps ça dure. Alors, on va mettre les choses aux clairs dès maintenant. Dit l’adolescente en regardant sa mère droit dans les yeux. Tu vas tout dire à papa. Tu vas assumer tes conneries.

Certains diront qu’elle n’aurait pas dû se mêler des histoires de ses parents. Ce sont de grandes personnes et c’est vrai. Mais, Rosalie a une sainte horreur des mensonges et de la trahison. N’ayant d’autres choix, la mère de famille a fini par tout avouer à son mari, lors de son retour de mission. Je peux vous dire que les murs de la belle bâtisse ont tremblé, tant la dispute a été violente. Des verres et des vases brisés jonchant le sol. Un trou dans le mur causé par le patriarche, qui a préféré se blesser la main plutôt que de la lever sur sa femme. Enfin, son ex-femme.

La douce petite famille Hayes était à présent brisée. L’ex-madame Hayes a fini par quitter le domicile conjugal avant de quitter l’État avec son amant. Donnant une dernière claque à sa famille. Le plus jeune ayant seulement cinq ans, au moment des faits.

Avant le divorce de ses parents, la petite blonde était une enfant et une adolescente solaire. Toujours la banane, le petit mot pour rire et faisant preuve de malice pour amuser ses amis et ses camarades. Elle était la petite comique du groupe. Mais, elle était également très futée et intelligente. Ses professeurs ont souhaité qu’elle saute une classe, mais elle a refusé, préférant rester avec ses amis. Enfant, elle passait ses journées à jouer avec ses frères. Un peu garçon manqué, elle aimait s’habiller comme ses aînés. Petit baggy, t-shirt, baskets et casquette. Elle jouait au foot et faisait même du skate avec eux. Une enfance dont elle y pense à nouveau avec nostalgie et des étoiles plein les yeux. À l’adolescence, elle a commencé à s’affirmer un peu plus en tant que jeune fille. Elle est devenue plus féminine et prêtant une attention particulière à son apparence. Sorties entre amis, les premiers petits copains (avec les premières remontrances et menaces de ses frères). Encore une fois, elle en garde un bon souvenir.

Malheureusement, après la découverte de l’infidélité de sa mère, Rosalie s’est rebellée. Son père absent, elle a dû garder ce secret pour elle afin de ne pas perturber ses frères, surtout les plus jeunes. Néanmoins, elle a été un vrai calvaire pour sa mère. Elle ne lui obéissait plus, elle lui répondait. Terminée la douce et gentille petite Rose. Elle était devenue plus rebelle et désobéissante. Après une énième dispute avec sa génitrice, Rosalie a fugué de chez elle pendant un mois. Sa mère et ses frères se sont énormément inquiétés pour elle. Mais sur le moment, elle s’est montrée égoïste, ne prêtant guère attention à la peine qu’elle pouvait leur causer.

Durant ce mois, elle a erré seule dans les rues de la ville. Du moins, la première nuit. La seconde, elle a fait la rencontre d’un garçon. Un peu plus âgé qu’elle. Ce garçon faisait partie d’un gang. L’ayant d’abord charrié, il a été surpris par sa vivacité et son répondant. Elle ne se laissait pas faire la p’tite ! C’est comme ça que la jeune fille a faire la rencontre du gang. Des amis dont elle a toujours gardé contact, encore aujourd’hui. Elle les revoit souvent. Surtout leur chef. Oui, ce jeune garçon à l’époque est désormais à la tête de ce gang. C’est aussi avec lui qu’elle a perdu sa virginité à l’arrière d’une voiture. Loin d’être le lieu rêvé pour une première fois, elle y a pris beaucoup de plaisir et elle a apprécié ce moment. Entre eux, ça n’a été l’histoire que de quelques nuits charnelles et de flirts. Un premier amour court mais intense. À présent, ils sont toujours amis, fusionnels même. Rosalie pourrait l’appeler à n’importe quelle heure, qu’il pourrait débarquer dans la minute, laissant tout en plan, même sa copine du moment. Rosalie sera toujours prioritaire dans sa vie, tout comme elle, avec lui.

Le mois qui a suivi, Rosalie a décidé de nier sa mère sous les bons conseils de ses nouveaux amis qu’elle fréquentait de plus en plus. Ce qui n’était guère aux gouts de ses frères et de sa mère. Autant vous dire, qu’elle s’en fichait comme de sa première petite culotte. Ils ont été là un moment pénible de sa vie. Ils auront toujours une place spéciale dans son cœur.

Après le divorce de ses parents, Rosalie s’est sentie mieux. Plus légère. Preuve que les secrets et les mensonges ne sont guères pour elle. Ça la rend trop austère et trop froide. Elle n’aime pas cette partie de sa personnalité. Ayant décidé de suivre les traces de son père, Rosalie a décidé de rentrer dans les forces de l’ordre. Non pas en tant que militaire, mais en tant que flic. Elle est entrée à l’Académie de police, étant encore trop jeune pour faire l’Académie du FBI, tout en suivant des cours de psychologie. Déterminée, bosseuse, assidue. Elle s’était battue pour être l’une des meilleures, souhaitant se faire remarquer.

C’est lors de son entrée à l’Académie de police qu’elle a rencontré Noah. Un jeune flic de deux ans de plus qu’elle. Au départ, la relation a été tendue. Lui faisant vivre des petits bizutages, jusqu’au jour, où tout a changé.

- Cap’ de m’embrasser ? lance-t-il avec son petit sourire charmeur.

Bien qu’insupportable et un emmerdeur en toute catégorie, la blonde en est tombée amoureuse. À force, ils se sont beaucoup rapprochés. Les défauts du jeune homme, se transformant en qualités à ses yeux. Joueuse, elle lui souffle un « cap », avant de l’embrasser. Ainsi est née sa plus belle histoire d’amour.

Chose rarissime, ainsi qu’avec un peu de temps, tous les hommes Hayes l’ont adopté dans la famille. Rencontrée à dix-huit ans, elle a vécu quatre années magiques à ses côtés. C’est alors qu’âgée bientôt de vingt-deux ans, elle découvre qu’elle est enceinte. Elle angoisse, elle est terrorisée à l’idée de l’annoncer à Noah.

- Assieds-toi, faut que je te parle… dit-elle à son copain, alors qu’ils se trouvent actuellement chez lui. Voilà, je.. Hum… je suis enceinte. Dit-elle d’un coup, appréhendant sa réaction.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il la porte dans ses bras, l’embrassant comme un fou.

- Tu ne pouvais pas m’annoncer de meilleure nouvelle. Je sais que ce n’était pas prévu, mais je sais que c’est toi que je veux comme mère pour mes enfants. Tu vas voir, on va gérer de fou ! dit-il avec un grand sourire.

Rosalie ne put être plus heureuse que ce soir-là. Une soirée et une nuit où elle lui a fait part de toute sa gratitude dans un moment charnel et passionnel.

Malheureusement, le destin a décidé de s’en mêler. Trop de bonnes choses arrivaient à la jolie Rosalie Hayes. Le destin est donc venu frapper à sa porte. Venant tout juste de fêter ses vingt-deux ans, il y a deux mois, enceinte de cinq. Les amoureux venaient de quitter une soirée chez des amis, afin de rentrer chez eux. Avant de démarrer, Noah s’est tourné vers sa belle.

- Épouse-moi. Lâche-t-il de but en blanc.
- Qu..Quoi ?! demande-t-elle en faisant les grands yeux.
- Je sais, ce n’est pas la demande la plus romantique, je n’ai pas encore de bague, mais j’en ai marre d’attendre alors que je sais ce que je veux. Je te veux, toi. Je veux que tu sois ma femme. Je veux pouvoir montrer au monde la chance que j’ai de t’avoir à mes côtés.
- Oui… Oui, je veux t’épouser ! dit-elle en riant avant de l’embrasser passionnément, tout en étant émue, comme elle ne l’a jamais été.

C’est heureux et plus amoureux que jamais, qu’ils finissent par prendre la route pour rentrer. Tout est si calme, si paisible. Rosalie se met à chanter par-dessus la chanson qui passe actuellement à la radio. « My Love « de Justin Timberlake. Des phares, les aveuglants. Un bruit sourd. Des cris. La voiture qui fait des tonneaux et finit dans un fossé. Il n’aura fallu qu’une seconde pour que sa vie de rêve se transforme en cauchemar. Étourdie, Rosalie ouvrit difficilement les yeux. Elle a mal, très mal, mais elle ne sent plus ses jambes. Loin d’être le cadet de ses soucis, elle tourne son regard vers Noah. Elle le voit les yeux ouverts, inerte.

- Noah…chéri…non… Non… NOAH !!! crie-t-elle de douleur, non pas physique, mais émotionnelle, sentant son cœur qui se brise en comprenant qu’il est mort.

Elle parvient à attraper son téléphone afin d’appeler le 911, avant de sombrer dans l’inconscience.

Un mois plus tard, Rosalie se réveille dans un lit d’hôpital. Perdue, elle met quelques secondes avant de se rappeler de l’accident, bien que ça reste encore très flou dans son esprit. Elle murmure le nom de Noah, avant de voir son père se lever du fauteuil. La jeune femme vient de passer deux mois dans le coma. Elle pose son regard sur son ventre qui est devenu plat. Elle a les larmes yeux. Elle lève le regard vers son père qui lui caresse les cheveux. Rosalie comprend qu’elle a perdu le bébé, sa petite fille.

- Noah… souffle-t-elle avant de voir le regard de son père se baisser. Non.. Non… Dis-moi qu’il va bien… supplie-t-elle son père avant de se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps, criant de désespoir.

Elle souffre tellement en elle, qu’elle ne réalise que plus tard, qu’elle a perdu l’usage de ses jambes. La voilà à présent dans les méandres de l’enfer.

Deux mois plus tard, vivant chez son père avec ses petits frères, Rosalie ne va pas bien. Elle va mal, très mal. Elle repousse tout le monde, elle se montre désagréable, méchante, blessante. Elle veut être seule. La dépression la consume. Elle passe son temps à regarder des photos de Noah et elle. Elle ne se nourrit plus, elle ne fait plus rien. C’est alors qu’un jour, n’ayant plus envie de se battre, elle comment l’irréparable. C’est l’un de ses petits frères, celui qui a six ans de moins qu’elle, qui la trouve inerte dans son lit. Criant après son père, celui-ci n’attend pas les secours, l’emmenant lui-même à l’hôpital. Heureusement, ils sont intervenus à temps, stoppant l’hémorragie.

À son réveil, c’est son frère aîné qu’elle découvre assis près d’elle. Elle lui souffle qu’elle a échoué. Il ne fallait pas la sauver, elle ne voulait pas l’être. L’aîné de la famille se lève du fauteuil et prend le visage de sa petite sœur en coupe. Il la regarde droit dans les yeux.

- Tu vas vivre et tu vas te battre. Tu vas montrer à ses médecins, à tout le monde que t’es une warrior, une guerrière, une Hayes. Noah et ta fille ne voudraient pas te voir comme ça. Ils n’ont pas envie de te voir maintenant. Tu as encore trop de choses à accomplir ici, des méchants à arrêter. Tu n’as pas le droit de nous laisser. T’es le socle de notre famille, notre pilier. Alors tu vas les rendre fiers et les faire vivre à travers toi. Tu vas commencer par des cours de rééducation, ensuite, tu vas t’occuper de ton mental. J’ai trouvé un groupe de parole, ça te fera du bien de parler de tout ça, avec des gens qui te comprennent. Et sache que c’est non négociable. Je vais te coller aux basques p’tite sœur, t’es même pas prête.

Rosalie éclate en sanglots dans les bras de son frère.

Aujourd’hui, Rosalie est devenue une jeune trentenaire très active. Elle court, elle marche, elle danse. Bref, elle a récupéré l’usage de ses jambes, là où les médecins se sont montrés pessimistes. À son poignet gauche, elle s’est fait tatouer deux petits cœurs avec le prénom de Noah. Ils n’avaient pas encore choisi le prénom de leur fille. À présent, elle vit sa vie à fond et elle fait en sorte de les rendre fières. Chaque année, à la même date, elle se recueille à la tombe du jeune homme.  Lui faisant la promesse de continuer à se battre et surtout, de retrouver l’assassin.

Oui, le chauffard s’est enfui. La police a classé l’affaire n’ayant pas assez d’éléments pour poursuivre l’enquête. Devenue agent du FBI, autant dire qu’en parallèle de ses autres affaires, elle travaille à retrouver l’auteur du drame qui a bouleversé sa vie à tout jamais.

Ayant repris du poil de la bête, la demoiselle a retrouvé sa personnalité solaire, son franc-parler et son humour. Elle a perdu quelques amis en route, il faut dire que son caractère n’a pas été facile à gérer après son accident. Elle ne leur en veut pas. Mais au moins, elle sait qui sont les vrais, ceux qui sont restés malgré tous les obstacles. Elle a également fait de nouvelles rencontres. Que ce sont dans le groupe de parole, par le biais de son métier ou tout simplement des rencontres. Le cœur sur la main, la jeune femme reste d’un soutien sans faille pour son entourage. Elle voit régulièrement ses frères et son père qui a décidé d’arrêter de partir en mission, devenant un mentor pour les jeunes recrues. En parallèle avec son boulot de flic, Rosalie a ouvert un studio de danse où elle donne gratuitement, des cours pour les jeunes. Ayant prit un grand complexe, elle loue ainsi ses locaux à ceux qui souhaitent donner des cours de danses, de peintures, de chants, de théâtre… Bref, tout ce qui a attrait au monde de l’art. Noah était un passionné d’art sous toutes ses formes.

D’un point de vue intime, la demoiselle est devenue bien plus enjôleuse, charmeuse, entreprenante. Elle joue de son charisme, de son joli petit minois pour faire tomber les hommes dans son lit. Elle donne facilement son corps pour un moment charnel, lui permettant ainsi d’effacer temporairement le vide qui sommeille en elle.  En ce qui concerne son cœur, c’est plus compliqué. Elle aurait l’impression de tromper Noah, elle a du mal à refaire sa vie sentimentalement parlant. Mais, elle n’est pas à l’abri d’un coup de foudre. D’une rencontre qui pourrait tout remettre en question et apaiser ses craintes. Elle ne le cherche pas spécialement, elle attend que ça lui tombe dessus.

Profitant ainsi de la vie dans le lit d’autres hommes. Aimant particulièrement quand c’est passionnel et sauvage. Elle a besoin de se sentir vivante, d’où son intérêt pour les sensations fortes. Ce n’est pas pour rien qu’elle a une moto. Bien qu’elle possède aussi une voiture, en cas de voyage avec ses boules de poils. Un chat siamois, Quinny et un chiot de trois mois, un mélange entre un berger allemand et un loup, au pelage aussi noir que la nuit.

C’est ici que se termine notre chapitre. Le prochain étant une page blanche, peut-être en feriez-vous partie.