a life, a story
I - Née en Lousiane, elle en a gardé des souvenirs haut en couleur et un amour pour la cuisine et la musique. Quoi qu'elle fasse, elle le fait en dansant. La richesse culturelle de son État natal, ses histoires à faire frémir les nuits opaques, la font rêver. S'est-elle déjà essayée au vaudou ? Oui. Sans succès, malheureusement.

II- Gamine rêveuse, toujours la tête pleine d'histoires à dormir debout, sa vie prend un tournant dramatique au détour d'une rue. Un homme alcoolisé percute de plein fouet la Ford familiale. De cet épisode tragique, Riley garde des souvenirs hachés, douloureux, et une nouvelle dénomination : orpheline. Quel mot détestable !

III - Elle a 12 ans quand on la déracine. Pas vraiment le temps de dire au-revoir à ses amis qu'on lui demande de partir. Ou plutôt, on l'envoie valdinguer dans un trou paumé. La voilà balourdée, telle une valise trop encombrante. Personne n'a l'air de vouloir d'elle dans la famille. Personne sauf Gran'Ma. Alors, c'est décidé. Pour elle, ce sera l'Alabama.

IV - Le silence devient sa meilleure arme. Elle et ses yeux délavés, tellement grands qu'ils donnent l'impression de lui bouffer le visage. Riley n'a aucune idée de ce qu'elle fait ici. Mais, elle est en colère. Gran'Ma est souvent la cible de cette rage intérieure. Des mots soigneusement choisis, une langue acérée, et cette fausse apparence de calme quand elle les prononce. La vieille dame ne flanche pas. Elle reste droite et fière pour éduquer la gosse. Elle aussi, a connu son lot de drame. Ça ne la rend pas moins humaine. Souvent dure, toujours juste, elle fait de son mieux pour comprendre celle qui partage désormais son toit. La cuisine reste la seule pièce où elles parviennent à s'entendre. Riley s'y tempère, les narines saturés d'odeurs sucrées. Elle fronce le nez. Les épices lui manquent, et elle s'en plaint. - Tu n'as qu'à cuisiner toi-même. Dans la vie, il n'y a que deux possibilités : subir ou agir. De quel bois es-tu faite ? Certainement pas de celui des moutons.

V - Des difficultés cardiaques envoient régulièrement Gan'Ma à l'hôpital. Par charité, des voisins acceptent d'accueillir Riley le temps de ses hospitalisations, de ses check-up, des tests d'effort. Cette famille, trop nombreuse, laisse à la môme un goût de jalousie. Heureusement, la présence du plus jeune des Beckett lui fait oublier ses tracas. Eden est à peine plus âgé qu'elle. Il est drôle, irrévérencieux, et il la fait sourire. Du coin de l'œil, elle l'observe. Premier amour à l'engouement immense. Elle rêve de ses lèvres sur les siennes. Le sentiment n'est pas partagé. Riley s'en fiche. Elle rêve du jour où il se rendra compte que sa princesse porte des baskets et des jeans troués.

VI - L'adolescence apporte son lots de contrariétés. En quête d'une féminité aux abonnés absentes, Riley se cherche sans se trouver. Dès qu'elle croit se comprendre, le sens lui échappe encore. Elle n'est pas taillée pour l'école. Les remontrances de sa grand-mère n'y changent rien. Ce qu'elle voudrait, elle, c'est cuisiner, danser, vivre. Et, peut-être plaire un peu. Ce qui n'arrive jamais. Elle est la bonne copine, la pote divertissante, toujours prête à suivre pour les bêtises. Aucune grande ambition ne l'anime.

VII - Diplômée de justesse, elle refuse de poursuivre ses études. Pas même de formation en cuisine. Partir quelques années et laisser Gran'Ma seule ? Impensable. Elle est quasiment sa seule famille. Riley trouve un petit job, dans un restau du coin. Elle y fera son trou petit à petit.

VIII - À 23 ans, elle y rencontre Lucas. À force de patience, il finit par gagner son affection. Ce n'est pas tout à fait son cœur. Mais, bon... Petit à petit, il s'y loge. Les deux jeunes gens emménagent ensemble. Il a la qualité de la supporter sans trop de mal. Trois ans plus tard, il faute. Lassé ? Peut-être. Cet épisode fait ressurgir les angoisses profondes de Riley. Elle le quitte, non sans oublier de crever ses pneus et de rayer sa carrosserie. D'un majeur bien dressé, elle le plante là. Ses larmes n'y changeront rien. Elle le déteste.

IX - Le voir tous les jours, au boulot, est un enfer. Supporter son regard sur elle, ses yeux mouillés de honte. C'en est trop. Sans avertissement préalable, elle lâche tout. Retour à la case départ, même si le temps a passé.

X - L'état de santé de Gran'Ma empire. Les factures s'accumulent si bien que ça finit par les étrangler toutes deux. Son maigre héritage y passe. Fin Novembre 2021, c'est la fin. Le cœur de la vieille dame finit par lâcher. Pourtant, Riley pourrait jurer que c'est le sien propre qui cesse de battre.

XI - Débordée par la vente de leur petite maison, le tri des objets d'une vie entière, Riley perd la notion du temps, autant que celle de l'avenir. En tout cas, jusqu'à ce qu'elle reçoive une lettre d'acceptation dans un cursus de cuisine, à Monterey. Une véritable histoire à dormir debout, c'est à n'y rien comprendre. Elle ignore comment sa grand-mère s'y est prise pour les inscriptions, ni comment elle a trouvé les finances pour régler ses frais de scolarité. Mais, cette petite lettre recelait tant de promesses d'avenir.

Comment s'organiser pour essayer d'avancer ? Une visite au Beckett, une conversation avec l'un des aînés... Puis, de fil en aiguille, le numéro de Joséphine, revue quelques semaines plus tôt. Sans trop y croire, Riley lui passe un coup de téléphone, non sans avoir rédigé une liste d'arguments à laquelle se référer pour la convaincre de lui filer un coup de main. Elle lui offre plus que ça : un toit pour vivre en attendant, à la condition qu'elle accepte de partager l'endroit avec Eden et de garder un œil sur lui. Facile !

XII - Il a dit " Merci d'avoir rendu ma vie plus lumineuse ces dernières semaines, j'aurais aimé pouvoir te donner plus, mais on se retrouvera. Je t'aime et profites." Juste avant d'enfin poser ses lèvres sur les siennes. Mais bordel, QUI DIT ÇA ? Autrement dit : Eden a fini par se tirer pour faire le tour du monde, la laissant seule dans un appartement de bourge, beaucoup trop grand pour elle.

Alors, quand il revient, fin 2022, elle montre les crocs. Si jusque là, elle a fait semblant de tenir bon, la petite bombe qu'elle est explose au visage de cet imbécile. - Je t'ai manqué ? Putain mais tu CROIS QUOI ? Je te manquais quand je chialais dans les bras de mes potes ? Je te manquais quand je me bourrais la gueule tous les soirs ou presque pour oublier ? Je te manquais aussi quand chaque fois, c'était plus difficile de retourner dans cet appartement de merde parce que TOI tu n'y étais PLUS ?  Je te manquais quand je regardais mon téléphone toutes les heures ? Quand je stalkais ton facebook ? Ton insta ? Quand je dormais dans tes putain de tee-shirts à la con ? À peine le temps de reprendre son souffle, qu'elle enchaîne : -  T'es vraiment un imbécile, putain !  Tu m'entraînais pas du tout dans ta chute, tu m'empêchais de SOMBRER ! T'es qu'un con, et tu sais quoi ? Floor is lava, bitch ! 10, 9, 8.... Le muret et MON vélo sont hors-jeu ! 7. 6. Du nerf, Eden !


Évidemment qu'elle le pardonne dans la foulée. Parce que quoi qu'il advienne, elle sera toujours amoureuse de lui. Même si, avec le temps, elle a bien compris que leur relation transcende complètement les normes établies.

XIII - Les détails sont le sel de la personnalité
- Chanson favorite :  Fly me to the moon, Frank Sinatra. Des frissons à coup sûr. C'est sa chanson fétiche, celle que son père lui chantait pour l'endormir et effrayer ses cauchemars.
- L'impression d'être seule au monde, depuis le décès de sa grand-mère lui colle à la peau. Riley a perdu ses parent dans un accidents de voiture quand elle avait 12 ans. Elle  n'a pas beaucoup de contact avec ses oncles et tantes, quelques uns avec ses cousins et cousines. Rien de tout ceci ne lui donne l'impression d'avoir un endroit où aller, quelque part où se réfugier. La solitude la ronge. Elle la combat comme elle peut. Parfois, elle s'accroche un peu trop fort aux amitiés qu'elle tisse.
- Militante : elle s'investit dans plusieurs associations autour du soutien aux plus démunies, du féminisme et de la bientraitance animale.
-  Harry Potter reste sa saga préférée. D'ailleurs, elle peut vous soutenir une thèse sur les raisons pour lesquelles Luna Lovegood est définitivement une héroïne sous-estimée. Globalement, Riley se laisse facilement emporter par tout ce qui traite du surnaturel et de la science-fiction. Grande enfant, les Disney la font rêver,  et elle ne boude pas son plaisir devant quelques séries plus légères et contemporaines comme New Girl ou Big Bang Theory.
- Elle n'a pas de voiture. Elle se déplace à pied, en rollers, en trottinette ou en vélo.
- Quelle est sa pire manie ? Riley vit sa vie en dansant, des oreillettes en permanence pendues à ses oreilles. Elle se ronge la peau autour des ongles lorsqu'elle est nerveuse. Et surtout, elle est somnabule et soliloque.
- Sa grand-mère, Harriet reste son modèle. Si tout n'a pas toujours été rose entre elles, cette femme a assuré la majeure partie de l'éducation de Riley. Elle considère qu'elle lui doit tout et lui dédie chacune de ses victoires, la main accroché autour d'une petite croix en or dont elle ne se sépare jamais.
- Elle adore dormir. À heures très irrégulières et un peu n'importe comment, aussi. Pour sa défense, son rythme de vie anarchique lui permet rarement d'enchaîner les dix heures de sommeil nécessaire à sa survie.
- Elle est détentrice d'une dette faramineuse auprès d'un hôpital en Alabama.