a life, a story - Accoudé au comptoir, tu fais tourner le liquide alcoolisé dans son verre, dans le sens des aiguilles d’une montre. Du coin de l'œil, tu l’as repérée : ta prochaine cible. Elle est là, à discuter avec d’autres pingouins, de la pluie et du beau temps. T’as rien appris, jusqu’à présent mais t’écoutes, d’une oreille. La serveuse au bar t’intéresse un peu, pour pas dire beaucoup. Sa paire d’obus, sortant légèrement de son décolleté, te fait de l’effet et tu la soupçonne de le faire exprès. Alors soit la demoiselle veut un pourboire en conséquence, soit elle espère que tu lui offres un verre, voire plus ? Et par plus, tu entends le petit tour dans la suite luxueuse que t’as réservée sous le pseudonyme de Daniel, au nom de ton entreprise fictive.

Parce que toi Stan, tu diriges réellement une entreprise, à Monterey. C’est une holding financière et chaque année, ta marge de bénéfice va en s’améliorant. T’es un maître dans l'art quand il s’agit de mener tout ton petit monde à la baguette. Alors  bien que tu sois intransigeant, que (oui admettons-le) tu te montres sévère avec ceux qui bossent pour toi, il n’en reste pas moins que tu prends soin de ton personnel. Tu les récompenses comme il se doit avec un bon salaire, une augmentation chaque année, et des promotions à ne plus savoir qu’en faire. Sans compter que chaque année pour Noël, tu les envois passer un weekend mémorable à la Barbade. Tout frais payé, peu importe ce qu’ils commandent ou réservent, c’est pour toi. Enfin, presque. Ce sont des frais qui entrent en compte pour la boîte alors, techniquement tu paies pas grand chose de ta poche, pour pas dire rien du tout !

Tu avales le fond de ton triple sec, tousse légèrement. Non pas que ce soit l’alcool qui t’arrache la gueule mais parce que tu viens de l'apercevoir, elle. La Blonde. Celle qui t’es familière, celle que t”as déjà eu l’occasion de croiser, plusieurs fois, tel un mirage dans la plus belle des intimités. Elle. Claire. Un prénom qui sonne telle une caresse de velours au creux de ton bas ventre. Tu te rappelles inévitablement la façon dont tu dessinais les courbes de son corps, du bout des doigts, dans une ambiance tamisée. Sensuelle. Dépourvue de tout ce stress qui forge ton quotidien. Cette femme, c’est quelque chose, tu le sais. Tu lui dirais bien qui tu es, au fond. Ce que tu fais réellement dans la vie et même si être le PDG d’une grosse entreprise semble être le boulot idéale, toi, c’est pas ça qui t’anime. T’es un escroc. Oui, mon con, tu voles les gens, et tu en tires une certaine satisfaction. Du vol à la tire, tu as vite grimpé les échelons. Tu es devenu plus consciencieux, plus méthodique. Plus patient aussi mais surtout, tu ne manques pas d'idées pour soutirer tout le fric que tu peux. Le pire dans tout ça, c’est que de l’argent t’en a à la pelle. Oh oui, tu vis bien à présent et les chèques que tu signes à différentes œuvres caritatives te donnent sans doute bonne conscience. Tu le fais parce que tu viens d’un milieu modeste. Tu n’as manqué de rien avec ta jumelle mais tu sais que dans le monde, d’autres enfants, d'autres familles n'ont pas eu ta chance de ne jamais manquer de nourriture ou d’un toit au-dessus de ta tête.

Puis tu passes la nuit avec cette blonde. Finalement, la serveuse pouvait bien se rhabiller. T’es là, à boucler la ceinture de ton pantalon, debout, devant la commode. Tu attrappes ta montre que tu enfiles à ton poignet, et tu l’observes depuis le miroir en face de toi. Elle est là, allongée sur le lit, tirant légèrement sur le drap de soie pour cacher ses courbes magnifiques, sa poitrine ensorcelante. Qu’est-ce que tu donnerais pas, pour pouvoir poser tes lèvres encore une fois, sur cette partie si douce de son corps parfait ? Tu es sur le point de reprendre ta vie normale, sur le point de quitter Portland et retrouver ta jolie Monterey. T’as plus le temps pour un second round, là, mon vieux. T’as un avion à prendre. Et tout en l’observant, tu passes ta chaîne en or autour du cou. Discrète, tu la portes depuis toujours. Cadeau de tes parents, reçu à votre confirmation. Ta sœur a également la sienne. Délicatement, tu fais passer la croix sous ton t-shirt et tu te demandes comment t’as fait pour vivre jusqu'à maintenant, sans cette femme dans ta vie ? Vos chemins se croisent si souvent, ces dernières années et pourtant, tu ne l’as pas encore intégrée dans ta vie. Ta vraie vie, bien entendu. Et puis, tu la connais si peu… Tu ne sais rien d’elle.


Commandement numéro un ; Tu aimeras Dieu par-dessus tout.

Dieu et toutes ces foutues croyances, ont fait partie de ta vie pendant un moment. Petit garçon, tu voyais ta mère et ton père honorer les saintes écritures. Sans que tu ne saches pourquoi, parce que tu ne comprenais pas l’importance de ces instants. Enfin, importants, surtout pour dissimuler des choses, dites non catholiques, illégales même. Alors ta jumelle et toi, vous avez fait partie de ce monde-là. Vous alliez à l’église, récoltez de l’argent pour les enfants défavorisés, les enfants malades (ce que tu croyais, forcément) Derrière tout ceci, se cachait bien évidemment une organisation criminelle. Pas de celles qu’on voit à la télévision ou faisant partir d’un réseau sans fin, mais plutôt d’une petite entreprise familiale qui comptait deux personnes : Papa et maman !

Commandement numéro deux ; Tu ne te feras point d’image taillée.

Alors tu vénères quelqu’un ou quelque chose dont tu ne connais rien. Tu agis tel  un pantin, manipulé par des adultes au même titre que ta sœur, Silver. Elle aussi obéit et agit comme toi, comme le veut papa et maman et très jeune vous êtes embarqués dans une spirale sans nom. Tu fais ta première communion , ensuite la deuxième, tout comme ta jumelle. C’est là que vous recevez une chaîne en or avec une croix. Elle est discrète mais très belle; Tu te dis que c’est le plus beau cadeau que tu as reçu de toute ta vie. T’es qu’un gosse, tu piges pas tout encore. Mais idéalisé un dieu dont tu te fiches royalement, au fond, c’est loin d’être évident. Toi tu vénérais plutôt tous ces chanteurs du moment, comme Donna Summer, Pink Floyd, Elvis Presley, ou encore Queen. T’en avais rien à battre d’un Dieu. Tu l’avais jamais vu, juste entendu parlé de lui… Et en fin de compte, tout ceci n’était qu’une couverture…

Commandement numéro trois ; Tu ne prendras point le nom de L’Eternel, ton dieu, en vain.

Alors quand tes parents faisaient l'aumône au nom de Dieu, t’as suivi le mouvement. T’as embarqué malgré toi dans cette vaste comédie, cette saleté d’arnaque; donner au nécessiteux, quelle belle ambition. Oui, mais en fait non. C’était loin d'être le cas. A travers l’église qu’ils fréquentaient depuis des années déjà, papa et maman ont récolté beaucoup d’argent. Beaucoup d’argent que les différents organismes ne verraient jamais la couleur, parce qu’ils empochaient tout. Et jamais à Monterey. Vous étiez souvent sur les routes, étant  jeune, jamais à la maison. Et les rares fois où vous passiez du temps avec votre grand-mère, vous en profitiez le plus possible. Cette vieille dame, elle prenait soin de vous quand tes parents avaient décidé de repartir quelques jours, quelques semaines pour faire tout ce qu’ils vous autorisaient à faire aussi, à présent. Mais c’était votre petit secret, personne ne devait savoir. Personne, pas même grand-maman. Alors t’as fermé ton clapet, comme ta sœur, et pendant leur absence, tu t’es entraîné. Oui, t’as joué les pickpockets de temps en temps pour te perfectionner et ça a drôlement bien porté ses fruits, bien des années plus tard. Parce qu’aujourd’hui, tu ne t’arrêtes plus à ce genre de magouilles. Tu vises bien plus haut et bien plus gros.

Commandement numéro quatre ; Tu feras du sabbat, un jour sacré.

Et non, ce n'est pas le jour du seigneur qui t'empêchera de faire ce que tu fais le mieux : voler. Au contraire, tu te souviens que c’est à l’église que tu as commencé avec papa et maman. Ramasser les billets laissés dans les paniers d’offrandes était devenu une habitude pour toi. Tu passais de main en main et à la fin, tu glissais quelques billets dans tes poches. Pas tous, bien sûr, parce que le curé il l’aurait vu sinon. Lui aussi devait s’en mettre plein les poches, tu te dis mais sans grande conviction.  Et avec les années, tu n’as jamais changé ton fusil d’épaule. Jour sacré ou non, toi tu t’en mettais plein les poches. Ta jumelle suivait le pas. A vous deux, vous faisiez une sacrée équipe. Surtout depuis que papa et maman ont disparu. Mais ça, on y reviendra plus tard. Vous étiez presque livré à vous-même malgré les nouveaux proches qui vous accompagnaient chaque instants.

Commandement numéro cinq ; Tu honoreras ton père et ta mère.

Alors ça, tu as toujours fait en sorte que tes parents soient fiers de toi. T’as jamais été dans le sens contraire, tu as tracé ta route comme ils l’avaient souhaité. T’es devenu un voleur, comme eux. Alors, bien qu’ils pouvaient avoir des défauts, ne pas toujours être présents pour ta jumelle et toi, t’as toujours été un fils modèle. En apparence, bien sûr, pour les artifices, pour en mettre plein la vue aux autres. Les seules personnes avec qui tu te montrais sous tes plus beaux jours, mais aussi les plus mauvais, c’était Silver, puis Savie. Bien entendu. Bien que ton ancienne voisine, et actuellement sexfriend, n’ait jamais rien su sur tes activités illégales, tu lui as montré plus que tu ne l'aurais cru sur toi et tes émotions..

C’est au début de l’adolescence que vos parents ont disparu. Partis pour leur dixième anniversaire de mariage sur les côtes mexicaines, à bord d’un petit voilier de complaisance vous appartenant, jamais plus, vous n’aurez de leurs nouvelles. Le voilier a également disparu. En regardant les infos à la télévision, c’est là que vous avez compris que quelque chose de mauvais se tramait. Et puis, vous avez cherché des réponses, avec votre grand-mère. Elle a appelé les autorités, exigé des explications telle une mère inquiète. Une tempère les aurait surpris, en pleine mer, la radio émettait un message de détresse et c’est ainsi  que quelques heures plus tard, ils n’ont plus donné signe de vie. Tes parents étaient simplement portés disparus, on ne retrouvera jamais leur corps, ni le voilier. Même après plus de trente ans, cette histoire te hante et l’espoir qu’un jour ils reviennent à la maison. Ils ont raté tellement de choses dans votre vie. Elle ne serait peut-être pas celle qu’elle est aujourd’hui, si papa et maman n’avaient pas pris le voilier, ce jour-là. L’espoir, c’est ce qui nous maintient, sans ça, nous n’avons plus rien…

Commandement numéro six ; Tu ne tueras point.

Pendant longtemps, cette histoire t’a hantée. Tu n’as jamais rien dit à personne, sauf à ta jumelle, Silver. Impossible de lui cacher quoi que ce soit, elle lit en toi comme dans un livre ouvert. Et puis, non zéro secret entre vous. Tu ne peux définitivement pas lui mentir. Entre elle et toi, c’est une véritable histoire d’amour fraternel. Tu ne conçois pas ta vie sans elle. Silver fait partie de chaque étape de la tienne et jamais elle n’a failli à son rôle, même dans la plus sombre partie de sa vie. Le Karma ne l’a pas épargnée mais tu as toujours été à ses côtés pour la soutenir. Comme elle le fait avec toi depuis de nombreuses années. Comme cette nuit là où tout à basculé.

Avec l’un de tes potes, vous traînez sur une aire d’autoroute. Tu avais environ quinze ans, donc loin d’avoir le droit d’acheter de l’alcool et encore moins d’en consommer. Par contre, ton pote, beaucoup plus âgé que toi, n’a pas eu de mal à s’en procurer. Derrière la station service, vous buvez vos bières sur le capot de la voiture. D’autres copains sont censés vous retrouver pour la suite de la soirée. Au loin, tu remarques une famille faire un arrêt. Tu observes de loin, continue de t’amuser avec les gars. Silver était supposé vous rejoindre elle aussi, mais avait préféré troquer votre soirée picole contre une plus tranquille devant un film à se goinfrer de popcorn. Soit elle était avec un garçon, soit avec mamie !

Une envie urgente te fait t’éloigner de ton groupe et c’est en t’approchant des toilettes publiques que tu entends des cris. A cet âge là, tu te croyais un homme. Rien ne te faisait peur alors t’as pas hésité à rentrer dans les toilettes des dames. Et c’est là que tu l’as vue. Elle. Cette jeune fille sous les mains d’un type beaucoup plus baraqué que toi. Ta raison à pris le dessus, tu as à peine mis deux secondes pour réfléchir à la situation, t’es sorti t’as récupéré quelque chose par terre, tu ne saurais dire ce que c’était, dans l’action ça ne t’a pas paru important et lorsque tu es rentré, tu as porté le premier coup sur la tête de ce gros dégueulasse. Il s’est écroulé par terre. Sous le choc, la jeune fille était tétanisée. Tu lui as attrapé la main et tu l’as sortie de là. Tu lui as dit de ne pas s’en faire, qu’elle pouvait rentrer chez elle, de tout oublier. Qu’il ne s’était rien passé. Elle t’a remercié, t’a serré dans ses bras en te disant qu’elle s’appelait Eli. Vous vous êtes juré de ne jamais en parler à qui que ce soit.

Tu t’es ensuite précipité vers tes potes leur demandant de décamper sur le champ et ils t’ont ramené chez toi sans te poser plus de questions qu’il ne fallait. Tu ne sais pas ce qu’est devenu l’homme que tu as assommé dans les toilettes mais le sang qui coulait de sa tête sur le carrelage, tu ne l’oublieras jamais. Et malgré la promesse que tu as faite à la fille de l’air d’autoroute, c’est a ta sœur que t’as tout raconté. Et si un jour cela venait à se savoir, elle serait ton alibi. Depuis, tu as fait en sorte de mettre toute cette histoire dans un coin de ta tête, enfermé à doubles tours…

Commandement numéro sept ; Tu ne commettras point l'adultère.

Ta relation avec Savie ne date pas d'aujourd'hui. Elle a commencé tôt. Très tôt, même. Cette petite fille qui jouait à la poupée dans le jardin, tandis que ta jumelle lui servait le thé. Elle faisait semblant, parce qu’elle la gardait cette journée-là. Toi tu voulais faire plaisir à ton père alors tu tondais la pelouse. Savie, Savie… que dire sur elle ? Elle a surtout été ton addiction, bien des années, sans que tuè ne développes le moindre sentiment amoureux à son égard. Savannah, tu l’aimes, oui, mais tu l’aimes surtout comme un ami très proche, tu l’aimes surtout sous les draps. C’est étrange de se dire que tu es passé d’un gars qui adorait la petite fille des voisins comme un ami, comme un grand frère protecteur, alors que rendue à l’âge adulte, tu l’as adoré de bien des façons mais certainement plus comme un grand frère. Quand ta sœur est tombée enceinte à dix-huit ans, il n’était plus question de faire du babysitting pour qui que ce soit, elle avait bien d'autres choses à faire, une vie à construire et toi t’as pris le relai. Enfin, reprendre c’est vite dit. T’as dépanné tes voisins de temps à autre, parce que t’étais plus occupé à faire le pickpocket comme te l’ont si bien appris tes parents que de t’occuper des enfants du quartier.

Et puis, elle a grandi, et tu lui a appris quelques petites combines pour s’marrer, changer un peu du “train-train” quotidien. Toi, tu jouais au magicien avec toutes les filles qui se présentaient à toi. Oui, toutes, sauf elle, bien entendu. Savie, tu veux la protéger du monde et ainsi, jalousement, la garder pour toi et toi tout seul. Mais t’es pas amoureux, c’est ça le pire. C’est différent de l’amour, c’est bien plus profond, bien plus intense. Bien plus beau, à ton sens. Et la première fois qu’elle a posé ses lèvres sur les tiennes, t’as pas compris mais t’as laissé faire. Et sa première fois, sa toute première fois, c’est toi qu’elle a choisi. Tu ne lui as fait aucun mal, tu as été doux avec elle, parce qu’elle méritait toute la douceur de ce monde, de cette partie de la vie qu’elle ne connaissait pas encore. Parfois, elle peut être violente, sombre et dépravée. Mais toi Stan, tu voulais lui donner la meilleure version de cette partie. Au fond, tu te disais qu’au moins sa première fois ne serait pas avec le crétin puceau et boutonneux de l’épicerie au coin de la rue, elle aurait droit à quelqu’un de délicat qui saurait comment s’y prendre oui mais au fond : au fin fond de ton coeur, t’as su que c’était mal. Parce que tu serais incappable de lui donner ce qu’elle méritait le plus. Savannah mérite un amour parfait, pas l’illusion que tu lui as servi sur un plateau d’argent ce soir-là… et puis les autres qui ont suivi.

Oui Stan, t’as jamais arrêté de la satisfaire sexuellement. Entre une pause déjeuner, entre un changement de shift ou encore entre deux relations… Jamais tu n’as su tenir tes distances avec la blonde. Pas même quand t’as rencontré ta femme.Tu la fréquentais depuis plusieurs mois quand Savie a décidé de se fiancer à  son gars, là. Et toi, mine de rien ça t’a fait un petit quelque chose à l’âme. T’étais pas prêt à te passer d’elle, pas prêt à te sevrer de cette relation toxique et interdite. Mais cette frustration de ne plus pouvoir la toucher, l’embrasser, la serrer dans tes bras, bin, elle a pris de l’ampleur. Une si grosse ampleur que t’as fini par épouser Lizzie, en espérant que ça calme tes ardeurs. Et Lizzie, c’était la fille du procureur, t’avais plus le droit aux faux pas. Du moins, avec ta double vie. Arnaqueur professionnel de père en fils, de mère en fille, tu te devais de te tenir à carreau et ta jumelle aussi. Pourtant, quand Savannah s’est retrouvée seule, t’as pas pu t’en empêcher. T’as pas pu rester loin d’elle. Il a fallu que tu retournes la voir et que… tout redémarre entre vous. Au départ, tu voulais juste la consoler parce qu’elle venait de quitter son rigolo après une énième dispute. Après, elle y est retournée, et t’as pas trop aimé ça, il faut le dire. Et tu te dis pas amoureux ? Cette attraction, cette alchimie entre vous.. Elle est forte, très forte. Mais peut-être pas suffisamment, finalement. Plus depuis que tu as rencontré cette autre blonde, en tout cas. Là, tu l’as senti. Ce changement s'opèrer en toi. T’as beau aimer les femmes, mon vieux, celle-là, elle ne te laisse pas indifférent.

Alors oui, mon gars, l’adultère tu connais bien ça. T’as jamais été fidèle, à aucune femme. Qu’elle s’appelle Savannah, Claire, Lizzie ou encore Sabrina, Hélène, Mélody etc, penser avec ta tête au lieu de ta queue, c’est pas trop ton délire. Tu préfères t'aventurer sous les draps de ces demoiselles, sans penser aux conséquences, aux répercussions que cela pourrait engendrer… Sans doute qu’un jour, tu te retrouveras face au jugement dernier. Où tu devras répondre de tes actes passés, mais en attendant, tu continues à vivre tel un célibataire endurci, parce que c’est ce que tu es dans le fond. T’as pas une seule nana à ton bras, pas une seule qui pourrait te faire quitter ce monde de folie. Il t’en faudrait une oui. Juste une. La bonne qui te ferait renoncer à l'infidélité, la bonne qui changerait ta vie, ton avenir… Bientôt le demi-siècle, Stan. Tu prends de l’âge et si tu veux pas finir tes vieux jours tout seul comme un vieux garçon, c’est le moment de trouver la femme de ta vie… la vraie.

Commandement numéro huit ; Tu ne voleras pas.

Alors là, on peut dire que ce commandement, c’est du n’importe quoi. Toi tu as toujours volé. Les gens, l’argent, et même le cœur des filles à de nombreuses reprises. Tu as baigné dans l’illégalité depuis ta plus tendre enfance. On peut même affirmer que tu es né dans une bassine pleine de billets verts. Alors pour toi, c’est un mode de vie tout à fait normal. T’as jamais vu ça d’un mauvais œil, bien au contraire. Et tes petites amies du moment trouvaient ça tellement excitant. Tu leur as montré quelques petites combines, rien de bien méchant, ni dans l’exagération. Tout en souplesse, évidemment. Durant toutes ces années, tu as forgé ta propre manière de faire, par ce que tu ne voulais pas être la copie conforme de tes parents. En tout cas, plus en grandissant. Petit, cela ne te dérangeait pas, au contraire. Ressembler à papa et maman était une fierté, une nécessité même. Tout ce que tu voulais c’était qu’eux, soient aussi fiers de toi. Ton comportement ne visait qu’à leur faire plaisir.. Puis, ils ont disparu et tout a été remis en question. De tes arnaques, à ta vie personnelle.

Commandement numéro neuf ; Tu ne mentiras pas.

Mentir. C’est ta deuxième nature. T’as pas trop le choix quand on y regarde de plus près. Tu es né dans une famille de voleurs et de menteurs professionnels. Il est donc d’une logique que tu sois pareil. Façonner à leur image, tu es une parfaite copie conforme aux parents Harlow. Ta jumelle aussi a le don de mentir, mais forcément, elle a choisi un tout autre chemin dans la vie et tu ne peux pas lui en vouloir. Par contre mentir, tricher et tout ce que l’on voudra pour sauver ton cul blondinet, elle est la première à le faire, sans poser de question. Elle rechigne, c’est un fait mais jamais elle ne fera quelque chose de contraire pour te nuire. Tout comme toi. Si un jour tu dois lui sauver la peau à n’importe quel titre, tu le feras sans hésiter.

Et tu ne mens pas que pour voler. Tu mens aussi dans ta vie de tous les jours. Tu mens à Savie, sur tes activités. Bien que tu lui aies montré des p’tits tours de passe-passe, elle ne sait rien de tout ceci. En fait, elle a droit au Harlow que tout le monde connait, sauf que la blonde, elle a des privilèges que tu ne partages pas avec tout le monde… ou presque, tiens. T’en tenir qu’a une seule femme, oh non t’es pas capable. Tu picores un peu partout, hein, mon salaud ? Et puis, tu mens aussi à Claire. Le pire selon toi, parce qu’elle te plait plus que tu n’oses l’avouer. Elle te fait vibrer, te fait ressentir des choses improbables. Et le pire hein, c’est qu’elle ne connait même pas ton prénom. Elle t’appelle Daniel. Ce nom d’emprunt pour ne pas avoir à donner ta véritable identité. Parce que tu ne veux mettre personne en danger. Voler des gens, et pas toujours des fréquentables, requiert une habileté sans faille. Tu peux pas te permettre de faire des erreurs. Alors tu mens, encore et toujours.

Tu as menti à Lizzie aussi, plus d’une fois. Mais elle aussi, a pris ce putain de chemin. Et quand t’as voulu des gamins, elle t’a refusé ce droit légitime. Elle n’a jamais voulu d’enfant et toi si. Alors tu as divorcé voilà quelques années, et c’est bien mieux comme ceci. Si aujourd’hui, à quarante six ans, tu t’es fait une raison de ne pas être père, ça reste dans un coin de ta tête et tu doutes qu’un jour tu parviendras à oublier. Tu regrettes de ne pas avoir épousé la bonne femme, parce que tu n’étais pas amoureux d’elle à la base mais au moins, t’espérais qu’elle te donnerait un fils, au moins. Mais nan, cette pétasse pensait qu’à sa petite personne et ne voulait pas voir son corps se déformer avec la grossesse. Tu lui as même proposé une mère porteuse, au cas où mais elle ne voulait pas de cette responsabilité. Un enfant, c’était bien trop compliqué à gérer pour elle…


Commandement numéro dix ; Tu ne convoiteras point.

Le dernier commandement de ta vie, celui qui te demande de ne convoiter autrui. Que ce soit une personne ou du matériel, le seigneur veut que tu vives une vie sans artifices. Mais encore une fois, Stan Harlow ne rentre pas dans le moule. Tu es et resteras toujours matérialiste. Enfin, on s’entend que petit tu t’es vu privé de beaucoup de choses alors en grandissant, tu as dépensé plus qu’il ne fallait. Tu n’as jamais manqué de rien et a toujours fait en sorte de gâter ton entourage. Que ce soit ta jumelle et ses enfants, tes adorables neveux que tu aimes plus que tout au monde. Si tu n’as pas eu la chance d’avoir des enfants, tu sais qu’eux, ont un rôle important dans ta vie et Silver le sait très bien. Quelque part, tu as toujours eu un fond de jalousie de voir des couples avec des enfants mais jamais tu n’as été jaloux de ta sœur. A chaque étape de leurs vies, tu étais présent. Ça s’arrête là