J’vais pas vous mentir, quand ma fille m’a inscrit à ce concours, j’ai pas vraiment sauté d’joie. J’ai aucun talent à exposer sur une scène moi, à part si l’fait d’être un gros looser c’est un talent. Moi j’suis bon à rien. La cause est noble c’est certain même si j’suis pas capable d’vous dire où ça s’trouve le Congo… Puis si ça peut faire marrer ma fille et quelques personnes de m’voir ridicule sur la scène du camping, j’me dis que l’peu de dignité qui m’reste après cinq ans de taule devrait survivre à ça !

J’ai mis ma belle tenue d’artiste pour l’ocassion, bordel j’peux vous dire que juste porter ce machin à rayures jaune et noir, c’est d’l’art ! J’me suis pas creusé l’citron pour trouver un truc à présenter, j’ai pas de talent et j’vais bien l’prouver ce soir.

J’arrive sur scène, après un beau gars qui vient d’exciter toutes les filles, j’ai l’air d’un con dans ma tenue de p’tite abeille. Deux salles, deux ambiances ! Y’a une p’tite musique en arrière-plan, puis y’a moi, un gaillard tatoué qui sait pas trop ce qu’il fout là, avec son p’tit bloc note tout pourri et un feutre à moitié rongé.

J’viens m’asseoir au bord d’la scène, même si ce côté sage ça m’va pas trop.

- Salut, j’vais demander trois p’tits mots aux gens du public, toi par exemple ? Quoi ? Moustache… Ok super… Et toi, mon pote tu t’sens comment après le show d’avant ? En ? En colère… Ok, ta meuf a un peu trop regardé, c’est ça ? Ok, ok… Et toi ma p’tite… Elle est comment ta maman ? Douce ! Oh… Mmm… Sympas. Moustache, colère et douce… Pas super cool, mais ça va l’faire, tiens toi là, viens là m’tenir le micro pendant que j’dessine.

Ouais, j’suis en train de dessiner, ah ça calme après un show de malade hein. Moi ça m’fait un peu marrer, j’affiche un air hyper concentré jusqu’à ce que quelqu’un vienne tenir l’fameux micro pour que j’puisse parler en bon hyperactif que je suis.

- Désolé pour ce break, m’enfin, vous avez dû l’remarquer, sans doute pas besoin de l’préciser : moi j’suis plutôt un modèle d’occasion.

Premiers rires.

- Quarantenaire tout ça, j’me suis dis que les gens sont pas venu pour souffrir alors j’ai décidé de pas m’mettre à poils, voyez ?

Ça mérite quelques applaudissements un élan d’bonté pareil, j’crois.

- Faut bien s’l’avouer, physiquement, ça casse pas trois pattes à une brouette. J’ai plein d’tatouages, hein ? On dirait la porte des chiottes qu’on avait tous au collège, avec plein d’tags là. J’ai vu que sur snap-tagram ou j’sais plus quoi, c’est la mode de faire péter trois mots et dessiner un modèle de tatouage, donc c'est bien avec ça que j'compte vous éblouir ce soir, ouais je sais. Ça craint.

Au final, c'est bien ça mon talent à moi, non ? Faire l'idiot.
En tout cas, ça fait bien marrer certain et c'est tout c'qui compte.
J'fais pas un bide total avec mon humour de daron...

- Y’en a pas beaucoup qui l’savent, mais j’ai passé cinq ans d’ma vie dans un pensionnat carrément pourri, mais j’ai appris à dessiner comme un dieu là bas, j’vous jure. Alors celui ou celle qui remportera l’enchère, va repartir avec un magnifique dessin à s’faire tatouer ou à offrir à un ami qui aime se faire tatouer ! Oh j’sais bien j’aurai pu mettre le feu aux cheveux qui m’reste puis faire la roue, tout ça, mais j’me suis dis qu’offrir un dessin signé de la main d’un artiste tel que moi, ça vaut l’détour.

En conclusion…

- Au moins, même si l’gars est pas terrible, vous repartirez avec un chef d’oeuvre, hein ?

Je me lève d’un bond, j’ai déposé mon dernier coup de griffe sur mon calepin, j’attrape le micro d’une main, bon sang c’est une vraie torture de rester assis cinq minutes là ! J'trotte un peu pour m'dégourdir les jambes, mais j'prend sur moi pour pas cavaler comme un lapin, si quelqu'un mise 1$ sur ma pomme, ça sera déjà énorme. Bordel et tous ces gens qui me regardent, et si mon dessin leur plait pas… Bah tant mieux pour eux !

- J'ai terminé, voila mon crayon, ne vous jetez pas dessus comme des tigresses !

J'balançais mon feutre dans la foule comme une vraie rock star, bon sang, dieu merci que le ridicule n'a encore jamais tué personne sans quoi je serais mort un paquet de fois, déjà à l'instant même où j'ai enfilé ce marcel. Et là dans un geste presque magistral je présentais à tous enfin le glorieux résultat pour ces grands amateurs de tatouages ci présents :

- Et voila ! annonçais-je dans un français épouvantable, avec un air beaucoup trop fier et adorablement enfantin.

hj : Je suis tellement désolé pour ceux qui ont lu ça, c'était tellement ridiculement mauvais

Alejandro avait décidé de venir faire un tour aux différents shows proposés. Il entrait alors dans la salle de spectacle et se montra intrigué par le bagout incroyable de cet homme, ignorant alors qu'il s'agissait d'un ami de Paloma dont elle lui avait parlé quelques fois. Ne pouvant s'empêcher de rire à ses paroles, ce gars-là, il sait mettre le show, y'a pas à dire. Laissant passer une jeune fille qui le prenait alors en photo, comprenant qu'il s'agissait de sa fille. Geste mignon de celle-ci, il ne pouvait que fondre de voir des liens familiaux aussi soudés. Le destin ne lui a pas permis d'avoir d'enfant mais à suivre les grossesses de ses patientes, il est un peu papa au fond. Il souriait alors à la jeune fille qui semblait fière de voir son père et décidait alors de miser à son tour.

Après tout c'était pour une belle cause et même si le dessin n'était pas si incroyable, il en gardera un bon souvenir. Et il s'agissait d'une bonne cause. Il était alors resté jusqu'à la fin du show, curieux de voir si sa mise remportera le gros lot.

show must go on

Paloma a vraiment besoin de faire une sortie depuis qu'elle a vécu ce moment traumatisant avec son mari. Paloma n'a fait que travailler et passer du temps en famille. Elle a eu du mal à sortir depuis ce jour. Elle a également voulu profiter du temps en famille. Paloma a eu quelque chose qu'elle n'a pas eu dans sa vie. C'est l'anxiété, elle a la peur qu'il arrive quelque chose. Elle a du travailler sur cela rapidement car, elle se sent qu'elle ne peut pas faire tout ce qu'elle veut. Après quelques semaines de travail, elle se sent mieux. Paloma a vu et attendu parler de l'évènement de la ville qui présente des gens pour un show. Paloma n'a pas eu la chance d'aller à quelque chose comme auparavant. Paloma a opter pour un look assez simple aujourd'hui. Elle n'avait pas envie de se mettre à son meilleur. Elle voulait quand même se sentir jolie. Elle a opter pour une belle robe qui est bleu et rouge avec un bandeau. À sa grande surprise, Jayson va faire un show ce soir. Paloma va voir quand elle saura là. Elle s'assoit. Elle regarde le spectacle. Elle est vraiment surprise de ce qui se passe devant elle. Elle ne sait pas si elle doit rire ou rien dire. Elle fait un petit rire par ci par là sans trop qu'elle fait remarquer. Elle espère gagner quand même pour passer un moment avec Jayson.

Ça y est, peu à peu, je me glisse dans l'ambiance légère et festive de cette slave de shows, tous plus divertissants et impressionnants les uns que les autres. Mais quand je m'arrête sur la prestation d'un homme que je ne connais pas mais qui semble... captiver de manière tout aussi intense qu'originale son auditoire, je ne peux m'empêcher de rejoindre les rangs des fidèles spectateurs, suivant la représentation, ébahie. Lorsqu'elle semble être terminée, je pouffe grossièrement de rire mais lève le bras, avançant une mise tout en baragouinant:

Le mouton est sublime, j'aimerais le garder, s'il vous plaît!

Et pas de fausses promesses: j'espère sincèrement pouvoir récupérer le chef d'oeuvre, il me rappellera ce magnifique fou rire et formidable moment que je viens de vivre, lors de cette soirée.

Ce soir, je suis d’humeur joueuse. Pourquoi ne pas aller regarder le show de l’été à la plage du camping de Monterey. Et pourquoi pas même, tant qu’à y être, miser sur quelques performances ? Ce n’est pas comme si j’étais à ça près dans mon budget. J’pouvais bien dépenser sur ce qui me chante après tout. Et puis, ça ne peut que me faire du bien de sortir de ce qui s’apparente le plus à une prison ces derniers jours. Enfermée dans ce cocon que nous nous étions construit mes filles et moi, j’peux pas dire que ce soit le bonheur absolu à tous les jours. Bon certes, une prison où j’ai la permission d’avoir un peu plus de style et où je peux sortir quand ça me chante, c’qui est quand même bien. J’ai pas à me plaindre finalement j’crois. Faut dire que j’étais bien hors de toute civilisation aussi. J’peux vous dire que j’en ai vu des vertes et des pas mûres avec Sin, cette ado, j’vous dis. Elle va finir par me donner des cheveux blancs avant l’temps si ça continue ainsi.

Arrivée sur la plage, j’essaie de me faufiler à travers la foule de gens. C’est difficile de se frayer un passage sans bousculer une bonne vieille dame. Ce sont elles, les plus déchaînées. Elles sont venues en groupe miser sur les jeunes pompiers là. J’les vois bien comment elles les regardent avec leur petit sourire qui révèle leur dentier bien blanc. Attention mamie, t’es sur le point de le perdre ton dentier tellement tu baves... Après cette vision d’horreur, c’est là que je tombe sur... un sorti de prison. Oh non ! J’regrette presque immédiatement d’avoir comparé ma situation à une prison. À voir comment ce mec est fringué, c’est pas vraiment difficile à deviner. J’ai quelques amies dans le milieu de la mode, et c’est clairement un look de sorti de prison qu’il dégage. Je vie une petite période d’anxiété tout d’un coup, à m’retrouver dans la même pièce qu’un mec qui a fait très clairement de la prison et qui nomme ça un pensionnat. Outre cette information qui n’arrête pas de faire des ravages dans mon cerveau, j’essaie de rester concentrée sur ce qu’il est en train de produire. Je plisse légèrement les yeux, essayant de comprendre ce qu’il vient de dessiner. C’est que je suis vraiment pas vite ou ça ressemble vraiment à rien ce truc ? Ah bien, j’crois apercevoir ce qui ressemble à une chèvre. Ah non, sa chèvre n’a pas de cornes. C’est possible ? C'est pas une chèvre alors... bien dommage parce que moi, bah j’aime bien les chèvres. Il m’aurait probablement gagné avec ce dessin. Mais là, je sais même pas sur quoi je mise !? En plus, je comprends pas l’anglais moi.

« Angry sheep ça veut dire quoi ça ? » Je retourne ma tête dans tous les sens, visage crispé et yeux plissés, comme si les écritures ou même une simple idée de ce que ça peut bien vouloir dire viendrait à moi comme par magie. Mais je suis sous le choc ! Quand la voix de la blonde s’élève et qu’elle se met à parler d’un mouton. Mais où elle voit un mouton elle ? Elle parle d’un mouton noir, dans la salle probablement ? C’est ça ?? Ça doit être ça. Mais c’est qui le mouton noir ? Le seul qui ne mise pas ? Mais pourquoi je comprends rien à sa référence ? Mais quand miraculeusement ma tête revient droite, je m’exclame à la dame juste à côté « Ah oui, le dessin !!!! C’est un mouton, je vois. Par chance que c’était pas un mouton dans la salle » J’laisse échapper un petit rire, mais j’crois qu’elle ne m’a pas trouvé très drôle. Sinon, faudrait peut-être qu’elle le dise à son visage. Bon après tout, j’suis là pour miser non ? Mais j’arrive plus à trouver mon argent. Qu’est-ce que j’en ai fait ? J’crois que je l’ai laissé dans ma sacoche, qui elle est dans ma voiture. Oups ? J’pique une course jusqu’à ma voiture dans l’espoir que le show ne soit pas encore terminé. C’est que, j’éprouve presque une affection pour ce tableau maintenant. « Attendez, je veux miser !! » J’m’écris au cas où il serait trop tard.

HJ : J’suis vraiment désolée, j’ai essayé d’être à ta hauteur. J’ai essayé fort d’être aussi drôle que toi, mais j’crois que j’ai fait pire que mauvais. Mais je me suis tellement éclatée à écrire ce poste

Une soirée sympa s'annonce en ville et j'ai surtout appris que des beaux garçons pourront faire un show. Je suis donc la première motivée et je m'octroie donc la joie de m'habiller d'une belle robe à paillettes et de mes Louboutin noires. Je suis excitée et ravie de pouvoir participer à cela alors je file déjà au lieu de rendez-vous. Pas mal de monde, je me trouve une place assise non loin de la scène mais pas devant non plus. Je veux me montrer discrète pour m'assurer de ne pas avoir de mauvaises surprises. Résultat, je suis là et je patiente. Finalement on annonce Jayson et ma surprise est grande. Le petit coquin il s'est caché de me dire ça ! Je souris en coin, alors là je vais tout donner pour qu'il puisse être mien ce soir. Je le laisse faire son show, je ris et je suis heureuse de le voir s'amuser. Il semble plutôt à l'aise malgré surement sa peur et finalement je le trouve encore plus touchant. Je suis heureuse de le voir aussi épanoui. Une fois le show terminé, il est temps de misé mais beaucoup de monde et surtout de femmes sont sur le coup. Merde, hors de question que je passe à côté de lui ! Je sens finalement une sorte de jalousie s'installer et je me lève d'une traite. - Bravooooo jeune homme ! Très beau show, ce soir vous et moi... - Je lui offre un clin d'œil en riant comme une adolescente. Finalement je croise fort les doigts pour obtenir ce privilège, dans tous les cas il est clair que nous allons nous revoir.

Mains dans les poches, casquette enfoncée sur le crâne, Victor observe et évalue la scène où il se donnera plus tard en spectacle. Longueur, profondeur, hauteur. Emplacement et acoustique des haut-parleurs.
Petite musique ringarde. Un gars débarque d’un pas alangui. Silhouette d’asperge déglinguée, maillot abeille, probablement un caleçon à fleurs pour compléter le tableau. Allure de chien errant. Faciès du même acabit, tignasse qui n’a pas reçu la visite d’un peigne depuis la première guerre du Golfe.
Victor le trouve aussitôt sympathique.
Vaguement familier.
Ce gars sur scène, avec les tatouages de taulard et les cernes jusqu’aux genoux, c’aurait pu être lui. Lui, Rio, ainsi qu’un tas de laissés pour compte auxquels l’armée avait inculqué la discipline et un code de conduite à coups de rangers au fondement.
— M’man ! M’man ! J’veux voir le show ! braille un gamin à côté de Victor. Haut comme trois pommes, l’enfant ne voit rien de la scène.
— C’est pas intéressant, rétorque la mère. Tu veux pas qu’on aille manger une glace en attendant le prochain ?
Victor fronce les sourcils. S’accroupit tranquillement près du môme et force un sourire.
— Je peux te porter sur mes épaules. Tu auras la meilleure vue sur le spectacle, et je parie ma casquette qu’il vaut le coup. (Il lève la tête.) Si ta mère est d’accord, bien entendu.
Gênée, l’adulte accepte. Elle surveille Victor et son fils d’un œil méfiant.
— Salut, j’vais demander trois p’tits mots aux gens du public.
De sa position surélevée, le gamin agite les bras avec enthousiasme.
—  Toi par exemple ?
— Moustache ! braille le gamin de sa voix fluette.
La mère rougit.
— Denis rêve d’avoir une moustache comme son père, pépie-t-elle d’une voix à peine audible.
— Quoi ?
— Moustache ! répète Victor.
Drôle de lubie pour un gosse. À son âge, Victor fantasmait de raser le crâne de son père endormi, y tracer un cercle fléché d’un glorieux Asshole! au marqueur noir. Pas la même époque. Le gars sur scène semble perplexe lui aussi :
— Moustache…
Victor acquiesce.
Le gamin exulte, joue du tam-tam sur le crâne de Victor.
— Ok super…
Il vaut mieux que ton spectacle le soit, super, s’irrite Victor, j’ai pas signé pour un rôle de percussion.
Ses doutes se dissipent rapidement. Le dessinateur a un humour qui lui plait. Au-delà de l’humour, une honnêteté et une spontanéité touchante. Ce gars-là n’est pas monté sur scène avec un déguisement comme Victor a prévu de faire. Il n’exécute pas une représentation savamment préparée. Il joue son propre rôle. Victor observe autour de lui. Beaucoup rigolent. Certains franchement, d’autres avec un dédain. Combien voient l’homme derrière le comique ? Combien mesurent le cran nécessaire pour se mettre en scène ? Victor n’en sait rien. Il n’est pas télépathe.
— M’man ! M’man ! M’sieur l’abeille a dessiné un putain d’mouton à moustache ! braille le gamin en lui martelant le dessus de la casquette.
— Denis ! intervient la mère.
Victor dépose le joueur de tam-tam dans le sable ; la bonté a des limites.
Le visage de M’man ! M’man ! a tourné au rouge écrevisse. Le militaire comprend mieux pourquoi elle voulait distraire son bambin avec une glace.
— Merci m’sieur ! Merci m’sieur ! J’ai tout vu, c’était super génial !
Denis se jette sur Victor et lui fait un câlin. La fougue quelquefois agaçante, souvent touchante de l’enfance.
— Je te le fais pas dire. Ça valait le coup d’œil.
Sourire en coin, Victor lui ébouriffe les cheveux. Le prix spécial du show ne ferait pas l’unanimité parmi les chasseurs de têtes des studios Pixar, mais ce mouton enragé à moustache n’est pas mal du tout. Meilleur que les gribouillis de Victor, assurément. Il n’a pas progressé depuis l’école élémentaire – ses dessins d’enfant étaient déjà médiocres.
Le militaire fouille ses poches, y déniche quelques billets.
Le gamin libère son étreinte.
— Si je remporte l’enchère, je t’offre cette œuvre d’art. Mais à une condition.
— Putain, ouais !
— Denis !
M’man ! M’man ! ne sait plus où se mettre.
— Que ce dessin te rappelle cette journée où tu as promis à ta mère de faire attention à ton langage.
— Pu-euh oui, monsieur !

hrp : Pour ma part, j’ai adoré ta participation et te remercie pour cette œuvre graphique monumentale cet agréable petit moment de lecture    Toutefois je n’ai pas la prétention d’avoir bon goût

De voir Azara rire ainsi, je me disais que me ridiculiser en valait la peine. A vrai dire, le moindre de ses sourires me raccroche à la pensée que vivre en valait la peine, simplement pour avoir la joie d’assister à son bonheur. C’est beau hein ? Si seulement j’étais capable de ce genre de jolies phrases, hein ? Ça me faciliterait grandement mes rapports avec les autres, y’a pas photo !

J’lui fais un grand sourire pour, justement, sa photo. J’présente beaucoup trop fièrement ce p’tit chef d'œuvre, j’me dis que ça nous fera une histoire drôle à raconter, un jour.

J’me laisse déconcentrer par un aboiement rauque, j’l'aperçois, j’crois… Truffe, avec Terry et son look d’enfer. J’perd le fil d’mes pensées à ce moment là. Il y a toutes ces voix et les tenues des gens, ça brille de partout, c’est trop beau l’monde dehors, j’vous promet ! J’en étais où déjà ? Ah oui, j’étais en train de m’faire prendre en photo. J’suis pas l’mec le plus photogénique d’la terre, au contraire, mais bon j’me prends pas la tête avec mon image, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris…

Merde.

- Zaza ?!

Crotte, le micro.

Elle est quand même pas… Si. Si elle est en train de mettre de l’argent sur son vieux père ! Pourquoi ? Elle peut avoir tous les dessins qu’elle veut, mais je lui arrache la peau si elle se tatoue une horreur pareille ! J’le sens un peu dépassé par ce qu’il s’passe là, toutes ces personnes qui ont de l’argent à gâcher pour passer une soirée avec moi. J’me dis que l’Congo ça doit être une sacré destination !

J’reconnais l’aura unique de Sandra, j’entend pas ce qu’elle me dit, mais elle m’chauffe un p’tit peu avec son p’tit clin d’oeil là…. J’secoue la tête parce que j’suis en train de lui sourire comme un imbécile heureux. Y’a une petite blonde hystérique qui gueule qu’elle veut miser, j’peux pas m’empêcher de rire. J’dois être dans une dimension parallèle, genre un univers où j’suis un mec attractif quoi. C’est assez fun à vivre une fois dans sa vie, j’dois dire.

- C’était pas une vanne que l’marché de l’occasion a explosé ses dernières années. Ça tombe bien j’suis en pleine phase de reconditionnement…

En conditionnelle, c’est presque pareil, non ?

- Réinitialisation des paramètres, tout ça… Mais calmez vous sur les enchères, hein ? J’serais jamais un Iphone A347. Non… Ça c’est un avion, ou un fusil d'assaut…

J’crois qu’la mise à jour va être rapide y’a pas grand-chose dans l’système de mon p’tit cerveau merdique à souhait.

- J’me demande bien avec qui j’vais me retrouver en tête à tête…  C’qui compte dans cette histoire, au final, c’est qu’on m’file un p’tit repas gratos, parce que ça voudra dire que j’vais être comme un de ces grands peintres célèbres là… Vous savez ? Euh… Marc le Chacal Et Picassiette ?

Que je la ferme bon sang, que l’on m’arrache ce micro parce que j’vous jure que j’peux pas mettre mon cerveau sur pause là ! J’peux pas !

- Ceux qui vivaient d’leur art quoi ! Comme moi, l’poète mal fagoté.

J’pose le micro, c’est sans doute la meilleure idée que j’ai parce que j’suis pas à court de conneries à dire, loin de là. Là dans l’immédiat, j’ai plein de trucs qui m’font envie d’faire et j’sens un trop plein d’énergie qui m’bouffe les entrailles. Alors j’vais pour sortir de scène, j’saute au pied de celle-ci, c’était vachement haut et j’avais franchement manqué de faire un groooos bisou au sol, heureusement il y avait quelques bras pour me rattraper.

Sérieux, les gars, elle est pas belle la vie ?

HJ : vous m'avez tellement éclaté avec vos réponses, merci beaucoup