A life, a story :
(1985) Victor est le fruit d’une grossesse tardive, inattendue, accueillie sans enthousiasme dans un foyer paisible. Les Nash avaient-ils pressenti le petit diable qui allait pourrir leur existence ? Victor devient vite le vilain garnement que tous les adultes détestent. Le genre à presser les sonnettes avant de s’enfuir en courant, à jeter des cailloux sur les vitres après le crépuscule et courir dans les parterres fleuris – avec un chien à ses trousses, c’est encore mieux. Cancre à l’école, tornade dévastatrice en dehors, l’adolescent chétif cultive son étiquette de bon à rien qui va mal finir. Dans son domaine, Victor est le meilleur et c’est tout ce qui lui importe.

(2001) Une série d’attentats frappe cruellement l’Amérique. Un choc pour la nation, y compris pour Victor. Réceptif à la ritournelle guerrière et aux campagnes de propagande, il crève d’envie de buter du terroriste. Trop jeune pour s’enrôler, il s’inscrit à un club de tir avec l’accord parental. Les Nash soutiennent leur fils dans sa lubie militaire, moitié par patriotisme, moitié par pragmatisme : grâce à l’armée, ils espèrent que Victor apprendra à filer droit avant que ses bêtises le mènent derrière des barreaux.

(2004-2005) Victor échoue lamentablement au test de recrutement des Marines. Physique émacié, mental instable : un boulet qu’aucun corps prestigieux ne désire trainer. En cette période marquée par la guerre en Irak et la lutte mondiale contre le terrorisme, l’US Army (armée de terre) a cruellement besoin de soldats et recrute même d’anciens taulards. Victor rejoint l’usine à soldats avec le fond du panier, vivier des futures bévues et syndromes de stress post-traumatiques qui entacheront l’armée américaine. Comment échappe-t-il à ce morne destin ? Le sergent instructeur Highway. Un dur à cuire, un fossile du Viêt Nam comme on n’en fait plus. Dur, excentrique, marginal, mais juste et avisé. Figure quasi biblique ; sculpteur de l’âme humaine. Highway enseigne à Victor et ses camarades les vertus de la discipline et leur inculque –à coups de pied au cul et tours du casernement au pas de course– les valeurs fondamentales de l’Amérique. La transformation est radicale : Victor canalise sa bouillonnante énergie en direction d’idéaux plus nobles. Ses compagnons deviennent ses frères d’armes. Son binôme Rio, ancien délinquant d’origine mexicaine au passé trouble et au tempérament rebelle, devient le frère qu’il n’a jamais eu. Thomas Libbs, un intellectuel au caractère doux, complète l’étrange trio inséparable. Désormais Victor ressent en lui le besoin profond de combattre le visage du mal et de l’injustice, de choir les tyrans qui dépouillent les âmes innocentes de leur liberté et de leur dignité.
Avant de s’envoler pour sa première mission, Victor fait pénitence auprès de ses parents et anciens voisins. Affermi, irradiant d’enthousiasme et d’amabilités, le jeune soldat attire les prétendantes. Une histoire passionnée, intense, et Victor épouse l’une d’elles avec son ami Rio pour témoin. Le divorce sera prononcé en 2007, entre deux déploiements. Porter le drapeau étoilé hors du sol américain met en berne celui du couple, Victor a compris la leçon.

(2005-2020) Highway a bien formé la compagnie qui devient l’un des fleurons de l’infanterie américaine. Les « ploucs » gagnent le respect des autres brigades en portant secours à un groupe de Marines cernés par l’ennemi. Irak, Afghanistan, Sahel, Philippines, les théâtres d’opérations se succèdent et ne se ressemblent pas. Les affrontements armés constituent une part infime de la vie d’un soldat – ce sont néanmoins des moments décisifs, terriblement intenses, où tout peut arriver. Victor apprend beaucoup de ses voyages, gagne en maturité. Soldat complet, vif et efficace, il gravit les échelons sans écueil. Opérations extérieures, manœuvres interarmées, stages de perfectionnement, il se porte toujours volontaire pour s’améliorer et découvrir de nouveaux horizons. Son ami Rio, beaucoup moins zélé, passe sous ses ordres ; l’intelligent Thomas s’oriente vers des spécialités techniques.
Au fil des ans, le cœur de Victor s’adoucit en même temps que sa volonté s’endurcit. Ses mains habiles sculptent des effigies en bois, témoins muets des malheurs et des merveilles qui essaiment sur chaque continent. Habitats misérables, dévastés ; visages en larmes ; enfants dénutris ; mères et jeunes filles traumatisées ; hommes mutilés et éteints. Mais aussi des regards braves, des postures fières, des rires criants de spontanéité. Pléthore d’animaux et sites majestueux, préservés de la sauvagerie humaine. Des peuples riches d’une culture millénaire, des œuvres éblouissantes et des créations ingénieuses. L’échine se courbe d’humilité, la conscience s’éveille. L’influence des intérêts économiques, des manœuvres géopolitiques et des tractations souterraines n’échappe plus à l’intelligence du sergent Nash. Cependant il garde foi en sa mission : les forts ont le devoir de prendre les armes pour défendre les faibles, à l’échelle des individus comme des nations. Ce principe guide chacune de ses actions, y compris lors des retours au pays. Des élans protecteurs, parfois brutaux, lui valent quelques séjours en cellule – des faits légers, sans inscription au casier judiciaire.
En 2015, son meilleur ami Rio est blessé au cours d’une bataille en Afghanistan. Les risques du métier, la fatalité. Aucune erreur n’a été commise. Rio est déclaré inapte au service et rentre dans son Texas natal. Il coupe les ponts avec Victor et son ancien bataillon. La séparation est un crève-cœur pour Victor, une descente vers l’abyme dont il finit par se relever.
En 2016 les tensions s’accroissent. L’élection de Donald Trump divise et déchire jusque sous les tentes militaires. Quelquefois Victor, usé par la fatigue et le stress des conflits, s’isole et purge ses nerfs. Ou trouve douceur et réconfort dans les bras d’une femme. Puis le sergent Nash reprend sa place au milieu de ses hommes, nimbé d’une aura de droiture et de résilience. Une tape d’encouragement sur une épaule lasse, une taquinerie sur les yeux de panda d’un visage éreinté, une parole aimable sur le nouveau-né, l’épouse ou la famille que tous reverront bientôt. La cohésion d’une troupe repose sur la fraternité ; comme chez un couple, elle s’entretient par des attentions constantes.

(2021) Le retrait précipité et tragique d’Afghanistan conduit Victor au bord du gouffre. Tant de larmes et de sang versés, tant de soldats américains, combattants et civils afghans ensevelis, tant d’espoir pour finalement rendre le contrôle du pays aux talibans ? Comme beaucoup de ses frères d’armes, Victor a le sentiment d’un énorme gâchis. Son vieil ami Thomas trouve la mort au cours du repli calamiteux jusqu’à Kaboul, décrété en urgence par le président Biden. Une balle perdue qui lui a traversé la gorge. Victor explose de colère, invective son officier supérieur. Il s’approprie un véhicule afin de secourir un couple d’interprètes-traducteurs afghans laissés sur le carreau. Deux loyaux collaborateurs qui rêvaient de progrès démocratique dans leur pays, livrés à un sort funeste sans la protection des Américains. Le sauvetage réussit in extremis ; Victor écope d’une éraflure au bras, son gilet pare-balle ayant absorbé une rafale tandis qu’il couvrait le dos de l’épouse enceinte. Face à la police militaire, le sergent Nash n’exprime aucun regret : il a fait ce qu’il devait faire –ce que son pays aurait dû faire–, et il recommencerait sans hésiter. Après un jugement expéditif en cours martial, la sanction tombe : Victor est retiré des unités combattantes, affecté jusqu’à nouvel ordre sur une base logistique.

(Tout ce qui suit a été joué en RP ou discuté, au moins en partie.)

(2022) Victor panse ses plaies – la mort inepte de Thomas, son honneur bafoué. Loin de se lamenter, il s’efforce de tirer le meilleur parti de sa nouvelle affectation. Chaque mois, il envoie à sa hiérarchie une demande de réintégration au sein d’un régiment d’infanterie. La vie de soldat est la seule qu’il connaisse, la seule à laquelle il aspire. À moins que son exil à Monterey marque le début d’une nouvelle aventure ? Victor fait diverses rencontres, certaines enrichissantes, la plupart éphémères. Un libraire bienveillant, sage et ouvert d’esprit, en difficulté financière, pour qui Victor obtient un contrat de fournisseur de livres pour divers établissements militaires. Sa fille biologiste, admirable, qui instruit Victor sur les problèmes écologiques du monde moderne ; ensemble, il relâche une tortue de l’Aquarium dans l’océan. Un cafetier devant lequel Victor démarre chaque jour du bon pied, une jeune aventurière férue aux voyages, un lieutenant des Marines en stage au Presidio, des hommes et femmes d’horizons divers. Quelques débuts d’amitié ; de rares expériences intimes. La vie civile garde cependant un goût amer. Rien ne parvient à combler le vide laissé par ses compagnons de l’infanterie.
Septembre 2022, la vie de Victor bascule. Une frêle embarcation solitaire au large des côtes, une tempête, la mort qui manque de l’engloutir. Tori Espinoza, linguiste pour l’armée et fille d’un commandant de la police militaire, le découvre sur la plage. Prend soin du naufragé inconscient. Son frère Ruben a disparu. Victor et Tori livrent une bataille sans merci pour le retrouver ; vivent une relation intense et passionnée. Tout le monde en sort perdant, à l’exception de l’armée qui voit un trafic d’armes et de munitions démantelé dans le Colorado. Ruben Espinoza est mis en terre, assassiné avec sa compagne. Tori part faire son deuil auprès des siens. Victor, devenu justicier hors-la-loi, laisse derrière lui une trainée de sang et de larmes.
Fin octobre 2022, Adria, la sœur de Rio au tempérament de feu, débarque à Monterey depuis le Texas. L’ancien frère d’armes et ami disparu s’est reconverti dans le trafic d’opioïdes pour des gens en souffrance, abandonnés par le système. Parmi eux, des vétérans. Rio lui-même est devenu dépendant après le traitement médicamenteux des médecins militaires, lorsqu’il fut blessé en Afghanistan. Un refus d’étendre ses ventes à d’autres populations, et les Mexicains qui acheminent ces drogues de synthèse ont assassiné l’épouse de Rio. Victor renoue avec l’ami jamais oublié, le frère qui fut son témoin de mariage ; l’ancien binôme d’infanterie se reforme. Victor accueille chez lui Adria, la prochaine cible potentielle du cartel, et veille sur elle. Les épreuves rapprochent intimement les deux trentenaires esseulés. Rio demeure au Texas, feignant la soumission au cartel. Durant leur temps libre, le trio uni dans la douleur joint ses efforts et organise une succession de représailles impitoyables. Fraternité, loyauté, justice et vengeance se mêlent dans une débauche de violence.
Fin janvier 2023, Rio se sacrifie dans l’attaque finale, trouvant la paix à laquelle il aspirait. La veille, il confiait à Victor son bonheur de voir sa sœur unique et son meilleur ami ensemble, épris l’un de l’autre et soudés.
Adria, folle de rage et de douleur, bondit au secours de Rio. Victor réussit à la couvrir d’ultimes tirs meurtriers, mais échoue à la freiner. Une explosion cruelle ; les flammes dévorent Adria. Un côté du visage sévèrement brûlé, lésions multiples, traitements médicaux à vie. Grâce à l’argent de la drogue, Adria part se réfugier au Canada – loin des souvenirs atroces, hors d’atteinte d’une possible vendetta.

(2023) Victor se retrouve à nouveau seul, l’âme alourdie de batailles et de peines supplémentaires. Devenu redresseur de torts par la force des choses, il continue d’appliquer ses principes dans l’aide parfois brutale qu’il apporte aux laissés pour compte. Les combats et les infortunes des mois précédents ont assombri son caractère, terni ses espoirs. La police commence à s’interroger sur ses activités. Aux yeux de la loi civile, ses actes sont criminels. Victor a franchi la ligne et ne regrette pas. Que ce soit en Afghanistan lorsqu’il a secouru un couple de collaborateurs afghans, au Colorado lorsqu’il a détruit l’excroissance d’un groupe terroriste vénézuélien, au Texas lorsqu’il a combattu des narcotrafiquants avec Rio et Adria, Victor a accompli son devoir. Un devoir aux conséquences parfois dramatiques.
Et maintenant ?

Résumé chronologique (clic) :

Anecdotes :
(superhuman) repousse constamment les limites de sa condition physique au moyen de défis insanes ; dernier en date : escalader à mains nues la plus haute falaise de San Carlos beach en quinze minutes ☆ (R&R) pour détendre ses muscles après des efforts intenses, il aime braver les courants du Pacifique et nager sous une mer d’étoiles ; c’est aussi pour lui une forme de méditation ☆ (dog of war) quelques cicatrices balafrent son corps, issues d’entrainements militaires et d’accidents sans gravité ; comme la grande majorité des soldats professionnels, Victor n’a jamais reçu de blessure sérieuse au combat (les métiers de camionneur et électricien sont nettement plus dangereux, chiffres à l’appui) ☆ (for greater good) incapable de rester passif face à un malheur, un acte de malveillance ou d’injustice ; emploie le verbe ou les poings avec un souci d’efficacité ☆ (food for thoughts) se cultive à travers la lecture et les émissions radio, s’intéresse peu aux domaines frivoles et boude la télévision ☆ (old style) réfractaire aux activités numériques, en particulier virtuelles, il ne fréquente aucun réseau social ; tape au clavier avec un seul doigt – deux quand il y met de la bonne volonté ☆ (quality over quantity) déteste la junk food et dédaigne les produits de mauvaise qualité ; PepsiCo et McDo ne sont clairement pas les symboles de l’Amérique qu’il cite avec fierté ☆ (man diet) zéro talent pour la cuisine et un appétit d’ogre, ça donne des placards remplis de pâtes, riz, flocons d’avoine et protéines en poudre ; quasiment végétarien ; repas occasionnels au restaurant, dont la rareté accentue la saveur ☆ (outsider lair) loue une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville, pourvue d’un atelier et trois chambres ☆ (secret garden) son atelier est jonché d’effigies en bois qu’il a sculptées, de plans de travail couverts de copeaux, ciseaux et gouges ; pour évacuer des émotions fortes, il lui arrive d’embarquer guitare électrique & ampli afin de jouer en pleine nature ; rechigne à évoquer ces activités artistiques, plus intimes et cathartiques que de simples hobbies ☆ (secret base) fin 2022, Victor a fait l’acquisition d’un ancien terrain viticole à l’extérieur de la ville, attenant à la montagne, laquelle abrite une vaste grotte aménagée servant autrefois à la vinification ; l’endroit sert à la fois de terrain d’entrainement et de stockage clandestin, notamment pour divers équipements militaires ☆ (mother earth) Au fil de ses voyages, écoutes et réflexions, Victor a développé une spiritualité proche de l’animisme ; il croit à la conscience qui habite les assemblages d’atomes, voit des signes et synchronicités dans les coïncidences ; il respecte la nature, la vie, mais aussi les fruits respectables du labeur humain ☆ (true males need true cars) conduit une Chevrolet Camaro SS décapotable à la robe bleue et blanche (photo de la bête), muscle car purement américaine qui associe lignes classiques et modernité.