@Sawyer Salomon @Olena Salomon @Stefan Salomon @Norah Salomon @Tsvetan Salomon

tw :: mention de guerre.
Installé dans la voiture de Délia, je ne dis pas un seul mot. Et ce que j’apprécie par-dessus tout avec elle, c’est qu’elle ne cherche pas à me faire parler. Elle était présente avec moi quand ce médecin m’a annoncé que la prothèse que j’attends depuis ce que j’ai l’impression d’être une éternité ne pourrait toujours pas être moulé sur cette partie de mon corps que je ne supporte pas. Je dois bien l’avouer, je n’ai pas totalement écouté les raisons de ce nouveau retard, mais de ce que j’ai compris, il y a une infection au niveau de la cicatrice et tant qu’elle n’est pas résorbée, ils ne peuvent rien faire. Je regarde le paysage défilé à travers la vitre, les poings serrés et je ne vais même pas pouvoir me morfondre sur mon lit en rentrant car ma sœur Sawyer a eu la bonne idée d’organiser un repas ce soir à la maison avec nos frères et sœurs. Ce n’est pas que je n’ai pas envie de les voir, au contraire. Je suis sincèrement heureux de les avoir revus, ils sont tous venus me voir au moins une fois à l’hôpital et j’en étais vraiment très émus à chaque fois mais ce soir j’aurai préféré ne voir personne. Surtout que je ne sais pas vraiment caché mes sentiments et je n’ai clairement pas envie qu’ils s’en prennent plein la tête, juste parce que je suis de mauvaise humeur.

Lorsque Délia s’arrête devant chez Sawyer, elle me fait un petit sourire, je sais qu’elle sait que c’est difficile pour moi à cet instant, je sais qu’elle sait que je lui enverrai un message quand je serai en étant d’en parler, je sais qu’elle sait qu’elle est la seule personne avec qui j’aurai envie d’en parler, je sais qu’elle sait qu’elle est la seule personne qui compte vraiment pour moi, après ma famille bien sûr. Je referme la porte de sa voiture, elle me fait un nouveau signe de la main avant de démarrer avec une petite moue qui veut dire bon courage, elle sait que j’ai ce repas ce soir et j’imagine sans difficulté, qu’elle doit savoir que je ne suis pas d’humeur à faire une quelconque réunion de famille à cet instant. Aidé de mes béquilles, je finis quand même par entrer dans la maison. Je dois bien l’avouer, j’ai hésité à repartir, à esquiver ce repas mais je ne peux pas faire ça à ma petite sœur. Je suis conscient qu’elle a organisé ce repas pour tenter de me remonter le moral. Je ne suis pas dupe, tout comme Sawyer ne l’est pas, elle sait que je passe mes nuits à tourner en rond dans sa maison. A peine la porte franchie, je sens une bonne odeur de nourriture. Je devrais me sentir mieux, je devrais me dire que ce n’est qu’un repas, où finalement je vais bien manger mais après avoir eu envie de m’enfuir, j’ai maintenant envie d’aller me cacher dans ma chambre avant de me rappeler que j’ai plus de 40 ans et que ce n’est clairement pas le comportement d’un homme de plus de 40 ans, n’est-ce pas ?

Je rejoins alors finalement ma sœur dans la cuisine. Elle semble concentrée sur ce qu’elle fait. Je m’approche alors d’elle doucement et je tente ma dernière carte :

Je me sens crevé… ça te gêne si je vais me reposer… on se fera ça plus tard ?

tw :: aucun.

Terminer la fin d’année 2023 avec les funérailles de ton frère aîné, tu étais très loin de te douter que deux mois et demi plus tard, tu retrouverais ton frère aîné, en vie. Dans un sale état, certes, mais vivant. Après un peu plus de vingt ans, ce n’est certainement pas de cette manière que tu pensais renouer mais après tout, c’est toujours mieux que rien. Dans ce qui fût une tragédie quelques mois plus tôt, tu as également renoué avec tes autres frères et sœurs. Stefan, qui est revenu dans ta vie voilà près de deux ans, c’est le premier qui a osé faire un pas dans ta direction. Les autres ont suivi, mais il aura fallu les fausses funérailles de Matt, pour cela.

Aujourd’hui, tu tentes de te faire une place, dans la vie de chacun, même dans celle de Norah qui n’était qu’une toute petite fille, quand tu es partie. En vérité, elle a l’âge de ta propre fille, alors tu voyais en elle l’enfant qui t'avait cruellement été arraché. Et tu voyais surtout en elle, un manque énorme de ne pas être celle que tu aurais dû être pour Harper. Tes parents t’ont privés de ton propre enfant et la même année, tu accueillais une petite sœur. C’était assez conflictuel, dans ton cœur. L’aimer et la détester en même temps. Pourquoi elle et pourquoi pas ton bébé, à toi ? Quelle différence ça aurait fait, un bébé de plus ? Et puis, en grandissant tu as compris; sous aucun prétexte, tu ne devais mettre cette vie stricte et respectée de tous, en péril. Et quand on y regarde de plus près, la famille a quand même volé en éclat.

Aujourd’hui, tu accueilles tout le monde. Il y aura des retardataires mais ce n’est pas ça le plus important. C’est pour Matt que tu fais ça et c’est aussi un peu pour toi. Il est temps que cette famille sache pourquoi tu es partie. Certains le savent déjà, comme Matt et Olena, mais personne ne sait pour Harper. Serait-ce donc LE souper des confidences ? Et si ça l’était ? Quand Matt rentre à la maison, dans laquelle tu l’as encouragé à rester à sa sortie de l’hôpital, tu es dans la cuisine. Tu t’es donnée beaucoup de mal pour ta famille parce que tu ne cuisines pas en temps normal. Sur ton réfrigérateur, y’a une tonne de fleurs traiteurs pour chaque soir de la semaine mais c’est pas un vrai repas en famille si on ne se donne pas un peu de mal, n’est-ce pas ? Tu enlèves les maniques des mains après avoir posé ton plat dans le four et remarqué que la cuisine était sans dessus-dessous. Tu souffles tout en t’adressant à Matt qui semble vouloir se défiler. Tu souris :

« Bien tenté ! »

Ils ne vont pas tarder. Peut-être qu’il n’aura pas le temps de passer sous la douche, c’est ce que tu te dis, en regardant l’horloge sur le mur de la cuisine. A voir la tête de ton frère, tu comprends que quelque chose cloche. Ce n’est pas parce que vous ne vous êtes pas vu pendant vingt ans que ça ne t’empêche pas de ressentir les choses. Il avait son rendez-vous médical, aujourd’hui. Il est même parti avec ta voisine… & Il était censé avoir sa prothèse, non ? Tu fronces les sourcils et ajoute :

« Ça s’est mal passé ? » - Tu dis, en posant ta main sur son bras.

Et puis, la sonnette retenti…

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tw :: aucun.

Mon frère Matt est vivant.

Une nouvelle affirmation que je me répète en boucle et qui sonne bien mieux que la précédente. Assister aux funérailles de mon grand frère a été l’une des épreuves les plus difficiles à endurer de toute mon existence, j’en conserve un souvenir déplorable, j’y ai été dans la pire version de moi-même. Car je devais gérer ce deuil impossible, car je devais également garder la face en présence de mes frères et sœurs. Camoufler mes émotions n’a jamais été mon fort et le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai plutôt mal géré la situation, par la suite. Notamment avec Magdalena. Le week-end qu’elle nous a organisé à Yosemite a été une preuve d’amour de sa part face à laquelle je n’ai pas pu tout de suite répondre. Bougon, fermé, hermétique. Je me suis comporté comme un con, putain. Égocentré, il est hors de question que je réitère mes erreurs ce soir, un évènement demande toute mon attention et toute la bonne foi dont je peux faire preuve.

Une réunion de famille.

Chez Sawyer, ma grande sœur, celle qui est, sans l’ombre d’un doute, l'épicentre de notre clan. Son souhait de nous réunir, au grand complet, est une idée formidable, c’est ce que ne cesse de me répéter Magda. Quelque part, je sais qu’elle a raison et je suis heureux de pouvoir retrouver ma famille au grand complet, que je fuis depuis bien trop longtemps en parcourant le monde depuis ma majorité. Mais je me connais, je vais réagir comme un con, être maladroit, me terrer dans le silence avant de parler pour ne rien dire.
Mais tandis que je toque doucement à la porte, je sais que je ne peux plus faire machine arrière. Il va falloir se comporter dignement, en attendant que ma moitié me rejoigne, après ses activités prenantes. Quelque part, je l’envie. J’aurais aimé trouver une excuse pour me défiler, mais non, je suis là. Je réponds présent. Inspirant longuement et attendant une réponse, mon impatience me joue des tours et je fais mon entrée, me dirigeant automatiquement vers la cuisine, repérant deux Salomon et abordant la première:

Salut… Sawyer. J’ai ramené des bières… J’savais pas vraiment quoi prendre.

Putain mais pourquoi je rougis, hein…? Haussant des épaules et posant mon pack sur le comptoir de la cuisine, je demande, tel un enfant:

Euh… Je dérange…?

Au passage, j’en oublie mes manières. Offrant un sourire timide à mon frère, je le salue en l’approchant, posant doucement ma main sur son épaule et grommelant, mal à l’aise, ne sachant pas vraiment quoi dire:

Matt… Comment tu vas? Tu tiens le choc?

Quelle putain de phrase bateau. Franchement, je n’avais pas autre chose à lui balancer, hein? Et mon regard qui ne peut s’empêcher de dériver, inlassablement, sur sa blessure, son membre manquant.
Bah dis donc, quelle délicatesse, Stefan, tu fais fort, là, hein…
Espérons qu’un autre membre du clan s’occupe de briser cette gêne incessante genre… maintenant!


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tw : aucun.

La vie nous avait fait enduré des choses difficiles ces derniers temps. En réalité, quand j'y repensais, je réalisais qu'on avait toujours été une famille dysfonctionnelle et ce, en partie à cause des décisions de nos parents. Ils ne pouvaient pas être accusé de nos erreurs d'adultes mais ils avaient forgé des enfants avec des traumas, il ne fallait pas se le cacher. J'avais les miens et je n'avais pas toujours été des plus faciles à supporter, Micah en savait quelque chose. La mort de Matt puis son retour m'avait littéralement chamboulé et pourtant, je me sentais toujours aussi proche de mon frère. Lui et moi, on ne communiquait pas toujours de la meilleure façon, et dernièrement il avait eu tendance à se renfermer sur lui même. Comment le blâmer après ce qu'il avait vécu ? Dans ce malheur, j'avais retrouvé Sawyer et c'était ce qui m'était arrivé de mieux ces dernières années. Sans elle dans ma vie, il me semblait que j'avais pris les pires décisions.

Ce soir, elle nous avait tous invités pour diner. On allait se retrouver et j’espérais que tout se passe bien. Quand les Salomon se retrouvaient, ça pouvait être tout ou rien. J'étais cependant prête à faire face et à soutenir mes frères et sœurs. Est ce que Sawyer allait profiter du moment pour parler d'Harper ? Je n'en savais rien mais je ne comptais pas lui couper l'herbe sous le pied, elle ferait comme elle le sent. Je me garais devant chez ma sœur et je descendais, une bouteille à la main. Remontant l'allée, je frappais ensuite à la porte. Salut, dis je à Sawyer quand elle ouvrait. Je lui offrais un sourire bienveillant et la prenais dans mes bras. J'ai apporté ça, je n'y connais pas grand chose mais on m'a dit que c'était du bon vin, Et j'avais cru le sommelier sur parole. Je regardais dans la maison, Matt était bien là et Stefan également. J'allais saluer mes frères sans demander à Matt comment il se sentait. J'avais entendu Stef lui demander et je me doutais que c'était la question qu'il souhaitait éviter alors autant ne pas en rajouter une couche.

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tw : aucun.

Le tournage de la première saison de Missing Girl est presque terminé, cette année 2023 a été particulièrement intense pour moi. Parce qu'entre mon succès, j'ai aussi dû faire face à des épreuves que je n'aurais jamais cru vivre. Matt qu'on croyait mort est en réalité en vie. Rien qui peut me rendre plus heureuse. Avoir toute ma famille près de moi, c'est quelque chose qui n'est pas arrivé depuis des années, je compte bien profiter. Sawyer nous a tous invité chez elle pour un repas de famille.

Légèrement nerveuse, je m'étais arrêté dans une pâtisserie pour acheter un gâteau. Arrivant sur place, je pousse la porte entrouverte. J'entre dans la maison de ma sœur ainée, personne dans le salon je me dirige alors dans la cuisine et me retrouve face à ma famille. « Coucou, tout le monde. J'ai apporté le dessert. J'espère que personne n'a pas fait overdose de chocolat à Pâques. » que je déclare pour détendre un peu l'atmosphère. Parce qu'en face d'eux, ma nervosité semblait s'être envolée, je pouvais tout de même lire un peu de gêne dans le regard de Stefan. J'espère ainsi empêcher une discussion difficile.  

Je m'approche pour lui faire la bise après avoir posé mon paquet dans le frigidaire. « Qu'est-ce que vous foutez tous dans la cuisine alors qu'on pourrait être dans le salon à boire la bouteille que Lena a ramené ? » que je demande, ensuite.


Je passe ensuite à mes sœurs et m'attarde un peu plus sur l'ainé de la famille, heureuse de le savoir en vie. Mon intuition a été bonne. Je lui souris quelques secondes avant de me diriger dans le salon, heureuse de partager ce moment en famille. « Laissons Sawyer terminer et allons discuter dans le salon. » que je propose, en passant le bras autour d'Olena. Peut-être que ça fera venir le reste de la fratrie. Je retire ma veste que j'accroche sur le porte-manteau et m'installe ensuite autour de la table basse. Pourquoi tout le monde semble gêné ? N'est-ce pas cool d'être tous réunis, alors pourquoi tirer la gueule et qu'on peut profiter.


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tw :: mention de guerre.
Je me doutais bien que ma sœur Sawyer ne me laisserait pas me défiler ainsi. Son sourire me fait presque culpabiliser d’avoir émis cette idée à haute voix devant elle. Allez ce n’est qu’une soirée !! Et puis si ça se trouve, personne ne va venir… non ce n’est pas gentil de penser cela, j’ai vraiment l’impression que ma sœur s’est donnée du mal pour cette soirée. Alors peut-être qu’ils seront tous crevés et qu’ils partiront tôt. J’ai quitté la maison familiale très jeune et je dois bien l’avouer je n’ai pas connu après cela les repas de famille alors forcément c’est un peu une première pour moi ce soir, combiné à la mauvaise nouvelle que je viens d’apprendre, ça ne donne pas un très bon mélange si vous voulez mon avis. J’aimerai tellement que Délia soit là… Je ferme les yeux un instant, je ne dois pas penser à elle, je ne peux pas penser à elle en ces termes… même si soyons honnête, je n’arrête pas de le faire. J’ai beau savoir qu’elle est en couple avec « l’autre connard » euh Connor pardon, je ne peux m’empêcher de m’imaginer dans ses bras…

Sawyer me sort de mes pensées en posant sa main sur mon bras et en me demandant si cela s’est mal passé. Je n’ai malheureusement pas le temps de lui répondre que l’on sonne à la porte. C’est donc foutu, il y aura bien du monde ce soir dans cette maison. Nous n’avons pas le temps d’aller ouvrir que Stefan débarque dans la cuisine. Il salut Sawyer en posant des bières sur le comptoir, ça c’est une bonne idée au moins ! Puis posant à son tour une main sur mon épaule, il me demande comment je vais, si je tiens le choc. J’aurai envie de lui répondre la vérité, j’aurai envie de lui demander comment il pense que je vais, j’aurai envie de hurler que je n’ai pas d’autre choix que de tenir le choc pour tous ceux qui sont morts là bas… mais je ne peux pas. Je ne veux pas affoler qui que ce soit, je ne veux pas leur faire peur, je ne peux pas leur faire peur. Et puis après ça donnerait quoi ? Ils seraient tous compatissants j’en suis sûre, mais ça ne changerait rien à ce que je ressens à l’intérieur. Il n’y a qu’une personne sur cette terre qui est capable d’apaiser au moins un peu ce que je ressens c’est Délia… Mais avant que je ne puisse répondre, on frappe à la porte. Sawyer se dirige alors vers celle-ci et ouvre à Olena, une autre de mes sœurs qui entre avec une bouteille de vin. Elles nous rejoignent rapidement alors que souriant timidement je réponds :

Oui, oui ça va…

Je commence presque à devenir bon comédien ! Sawyer me jette quand même un regard plus qu’explicite. Nous habitons ensemble depuis un moment maintenant alors elle sait… elle sait bien que je ne vais pas bien, mais elle ne dit rien. Je pense même qu’elle a compris que ce soir c’est encore pire que d’habitude. Mais personne n’a le temps d’ajouter quoi que ce soit que Norah nous rejoint à son tour. Elle apporte du chocolat, faisant une petite blague sur Päques, heureusement qu’elle n’a pas évoqué Noël, je crois que j’aurai eu plus de mal à supporter. J’ai encore du mal à réaliser que j’ai passé tant de temps enfermé là bas. Je connais un peu moins Norah pourtant lorsqu’elle nous fait une remarque sur le fait que nous restons tous ici, je reconnais un peu de Sawyer dans sa réaction. C’est rigolo de trouver un trait de personnalité aussi présent chez Sawyer chez une autre de mes sœurs. Elle quitte la cuisine suivie d’Olena, je me tourne alors vers Sawyer et je lui lance :

Tu as besoin d’aide pour quelque chose ?

Je suis conscient qu’avec mes béquilles c’est galère mais bon, je ne veux pas non plus laisser Sawyer se débrouiller toute seule. Puis me tournant vers Stefan qui semble toujours un peu gêné par sa remarque que je n’ai pas du beaucoup aidé avec ma réponse, je lui demande :

On pourrait s’ouvrir une bière nous ? Qu’en penses-tu ?

tw :: aucun.

Tu sais que quelque chose ne va pas avec ton grand frère. La gueule qu’il tire prouve que son rendez-vous à l’hôpital ne s’est pas déroulé comme prévu et tu l’interroges immédiatement, après avoir chassé l’idée de reporter le dîner à un autre moment. Tes frères et soeurs ont besoin de savoir qu’il est réellement là et il est surtout question de retrouver un début de complicité entre vous. Depuis que tu es partie, il y a plus de vingt ans, tu as besoin, aujourd’hui, de faire partie de leur vie et d’exprimer tes regrets. Parce que ça, t’en a des tas, n’est-ce pas ?

Interrompu par Stefan, tu lui fais un grand sourire en regardant le pack de bière qu’il pose sur le comptoir et tu lui lance

Bien sûr que non, voyons… Merci pour les bières, c’est toujours gagnant. Autant que le vin, d’ailleurs.

Généralement c’est souvent ce que l’on rapporte aux hôtes, histoire de ne pas venir les mains vides.  Ou des fleurs, aussi, mais comme ce n’est pas vraiment une soirée qui t'est dédiée, pourquoi y aurait-il des fleurs ?

Tu laisses les garçons, accueillant Olena, à son tour par une étreinte. Elle n’est pas dérangeante, plutôt impressionnante. Tu as été si longtemps privée de ce genre de démonstration que ça t’a quelque peu mise à l’écart, le reste de ta vie alors une embrassade avec ta petite sœur te laisse pantoise. Tu remercies Olena pour le vin. (Qu’est-ce qu’on disait, hein ?) avant de regagner la cuisine et de ranger un peu tout ce foutoir. Quand c’est au tour de la petite Salomon de faire irruption à la maison, ton coeur s’emballe un peu plus. Pourquoi ? Parce que pour elle, tu estimes que tu lui dois  bien plus qu’aux autres. Même âge que ta fille, c’est sans doute la seule pour laquelle tes sentiments ont été en conflit si longtemps. Amour et haine, joie et chagrin…

Très bonne idée, le chocolat, on n’en a jamais assez !

Dis-tu avant de retourner à ton plat dans le four. Rien de bien compliqué ni sophistiqué. Quelques pâtes, une tonne de légumes, de la sauce et du fromage pour compléter le tout. T’es pas une grande cuisinière, faut bien faire avec ce qui est accessible pour toi. Tu réponds ensuite à la question de Matt tandis que les filles quittent la cuisine :

Non, vas-y. Profites de tout le monde.

Qu’il commence par prendre une bière avec Stefan. Tu t’occupes de sortir les verres et verse généreusement le vin que Olena a rapporté  dans les verres sur le comptoir. Tu demandes ensuite à tes frères de vous rejoindre et offre à tes sœurs le breuvage sacré des dieux, à ce qu’il parait. Lorsque tout le monde se retrouve dans le salon, tu inspires profondément et ajoute :

C’est un plaisir de vous accueillir ici. Malgré les apparences et les années qui ont passé, je me sens enfin complète…

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tw :: aucun.

J’sens comme une gêne dans l’atmosphère et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça me rend foutrement mal à l’aise. J’ai la sensation très forte que je viens d’interrompre une conversation de la plus haute importance entre Matt et Sawyer. Je suis plongé dans un souvenir d’enfance, quand les grands jouaient ensemble, demandant aux plus petits de les laisser tranquille. Et je me sens minable, bordel. C'est pas normal, d'avoir trente ans et de se sentir encore inférieur à ce point...?

Je suis donc soulagé tandis que j’aperçois Olena faire son entrée. En guise de salutation, je lui souris tendrement et lève mollement la main droite. Putain, j’pourrais faire mieux, non? La dernière fois que nous nous sommes vus, c’est… Et bien, je suis incapable de le déterminer avec précision. Qu’est ce que je crains. Mais pour ma défense, j’avais d’autres chats à fouetter que d’entretenir des rapports avec ma sainte famille que je fuis depuis des années. Comme préparer ma demande en mariage, par exemple…

Je réalise soudain que je vais devoir leur annoncer ce changement majeur dans mon existence. Mais comment s’y prendre?! Déjà que j’ai eu la sensation d’attirer l’attention sur ma petite personne au propre mariage de mon meilleur ami… Ce serait vraiment égoïste de monopoliser la conversation tandis que le clan est pour la première fois réuni depuis l'enterrement fictif de mon grand frère. Nerveux, je m’accroche à mon trousseau de clés, que je fais tourner entre mes doigts, agissant comme le sale gosse insupportable que j’ai toujours été. Le stress, sans aucun doute, me fait perdre la parole et je préfère observer la suite des évènements en me tenant légèrement en retrait. Norah apparaît quelques minutes après Olena, son sourire illumine tout de suite la pièce. Elle est ravissante et le baiser que je dépose sur sa joue se veut tendre et mon regard malicieux. Doucement, je semble reprendre un certain aplomb et ajoute à l’attention du clan:

Oui, très bonne idée, Olena fait toujours d’excellents choix, on devrait goûter ça, j’ai hâte.

Mais qu’est ce que je raconte à la fin, hein?! J’ai toujours détesté le vin… J’suis vraiment con, quand je m’y met, hein. Mais je suis comme sauvé par le gong quand Matt se tourne vers moi et me propose qu’on s’ouvre une bière, entre hommes. Putain. Ça sonne comme une envie de parler, ça, non? Ou alors, c’est l’inverse? Il préfère ma compagnie car il sait que je ne suis pas comme mes sœurs et que je n’insisterais pas pour obtenir des explications sur le fond de sa pensée?! Putain mais pourquoi je me pose ce milliard de questions, hein?! C’est la faute à Magda, ça, elle m’a rendu sensible, humain et empathique. J’devrais la remercier, au fond, et pas la fustiger, elle qui me rend si meilleur.

Dans un souffle, je réponds à mon grand frère, tentant de masquer mon appréhension à travers une voix extrêmement bourrue:

Volontiers. Je t’en apporte une.

Je joins un acte véritable à cette parole et décapsule une bouteille bien fraîche, débusquée dans la porte du frigo, que je tends à mon frangin. Putain mais je suis vraiment insupportable, hein! Il ne peut pas l’attraper, il est entravé par des béquilles. Immédiatement, je replie mon bras contre mon torse et reste pour couvrir ses arrières tandis que nous rejoignons les filles, dans le salon, qui se sont allègrement servi un verre de cette horreur. Je m’affale dans le canapé, n’attend pas de trinquer avec le reste de ma fratrie et avale une généreuse gorgée de bière, ajoutant ensuite:

Tu nous as manqué, Sawyer. Les Salomon ne sont pas les mêmes, sans toi.

Et que me vaut cette liberté émotionnelle, tout à coup, hein?! Me raclant la gorge, j’ajoute ensuite, sentant bien que la conversation retombera inévitablement sur ce sujet:

Et je tiens à te dire que je suis heureux que tu ne sois pas mort, Matt.

C’est en effet digne de l’enfant maladroit que j’étais. Et que je serais toujours, de toute évidence…


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tw : aucun.

A peine étais-je arrivée que Norah prenait ma suite. Ma petite sœur qui, je n'en doutais pas, allait devenir une grande actrice. Elle était talentueuse et elle n'était pas la dernière pour sauter sur les bonnes opportunités. Je réalisais que je ne lui avais pas toujours dit mais j'étais atrocement fière d'elle. Lui offrant un large sourire, j'embrassais sa joue avant de faire les gros yeux. Qui pouvait faire une overdose de chocolat ? C'était impossible, du moins pour la grosse gourmande que j'étais. Je souriais à Stefan quand il complimentait mes choix et je validais ensuite la proposition de Norah et la suivais dans le salon. C'était un peu étrange de tous se retrouver là alors que la dernière fois que nous nous étions réunis, c'était après avoir appris la mort de Matt. Je ne savais pas comment me placer dans cet océan d'émotions ; je devinais que mon frère ne se sentait pas spécialement bien, après ce qu'il avait du vivre, et que je n'osais pas imaginer, est ce qu'il avait vraiment envie de festoyer ? Ce n'était pas une certitude mais l'invitation de Sawyer était touchante.

On était désormais tous là, réunis. Je les regardais un à un ne réalisant pas encore à quel point cet instant était peut-être le premier d'une longue série du moins, on l'espérait, on l'espérait tous ? On est vraiment heureux d'être là, dis je tendrement avant d'approuver les paroles de mon autre frère. Sans Sawyer, nous n'étions pas complet, une pièce de notre puzzle étant manquante. Je souriais légèrement aux paroles de Stef' ; maladroit mais en même temps touchant, c'était tout lui ça. On peut dire qu'on l'est tous en fait, ajoutais je. C'est bon de te revoir, Même si il n'était plus le même, ça se voyait à son regard. Il fallait donner du temps au temps.

@Matt Salomon ; @Sawyer Salomon ; @Stefan Salomon ; @Norah Salomon ; @Tsvetan Salomon  

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tw :: mention de guerre.
Même si ce n’est pas chez moi, j’habite ici depuis un moment déjà alors forcément même si avec mes deux béquilles, les déplacement sont toujours un peu risqués, je propose mon aide à Sawyer qui la refuse immédiatement me proposant d’aller profiter de notre fratrie. Je la remercie d’un clin d’œil et propose alors à Stefan de boire une bière. Moi le vin, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé !! Il accepte aussitôt mais dans sa grande générosité me la tend alors que je tente difficilement d’avancer avec mes béquilles. Il va toutes me les faire aujourd’hui !! Je ne dis rien et le regarde replier son bras sur lui-même. Nous avançons alors jusqu’au canapé qui heureusement pour nous est suffisamment grand pour acceuillir tout le monde. Je m’installe près de mon frère et peut enfin prendre la bière qu’il me tend. Je décapsule ma bouteille et m’apprête à trinquer avec lui quand je le vois boire une bonne gorgée de bière. Je souris amusé avant de boire à mon tour ! Il a raison pourquoi se prendre la tête à trinquer !

Sawyer nous rejoint finalement, et se lance dans un tout petit discours pour dire à quel point elle est heureuse que l’on soit enfin tous réunis. Ma bière à la bouche, je la reprends rapidement et la lève dans sa direction, elle a tellement raison. Stefan fait une remarque très juste sur Sawyer, il est évident que la famille n’a jamais été la même sans elle mais quand il me dit qu’il est heureux que je ne sois pas mort, pile au moment où je venais de prendre une gorgée de ma bière, je ne peux m’empêcher de cracher sur le beau tapis de ma sœur. Je sens que je vais me faire enguirlander encore mais clairement ce n’est pas de ma faute quand même ! Olena ajoute qu’ils sont tous contents que je sois là alors que je vois les yeux de ma sœur se lever. J’ajoute rapidement :

Ce n’est pas de ma faute, je te jure !! Non mais c’est vrai c’est Stefan là…

Je donne un coup de coude à mon frère, espérant le dérider un peu. Je n’ai pas envie d’aborder ce sujet aujourd’hui, peut-être même jamais et quand je suis en famille, j’aimerai pouvoir profiter simplement sans me prendre la tête. Heureusement, il n’y a pratiquement sur le tapis, c’est plutôt mon pantalon qui a pris le plus gros, mais j’avoue que ça me soucis de me changer, surtout que j’aimerai moi aussi prendre la parole. J’ajoute alors rapidement à toute ma fratrie :

Non sans rire… je suis heureux d’être avec vous aujourd’hui… je vous remercie tous d’être venus me voir à l’hôpital… vous n’imaginez pas que le bien que ça m’a fait… et d’ailleurs, puisqu’on est tous réunis, je vous annonce que vous êtes tous tonton et tata… car je suis papa… je l’ai appris avant de partir en mission… et bon… voilà je vous l’annonce maintenant !

tw mention de décès et d'alcool.
Ces retrouvailles en famille me font chaud au cœur et je me sens vraiment soulagée de les savoir tous auprès de moi, sains et saufs. Sinon avec qui je parlerais de mes prochains succès que ce soit dans la chanson ou sur le petit écran. Peut-être que c'est mon côté starlette qui reprend le dessus mais je suis particulièrement déçue d'être éclipsée au profit de mes ainés. Laissant tout de même, le privilège à Matt de mener la conversation parce qu'on lui doit bien ça non ? Celui qui est revenu entre les morts et sans mauvais jeu de mots. Ce que Stefan ne manque pas de dire, toujours le premier à mettre les pieds dans le plat. Je lève les yeux au ciel et me tourne vers ma fratrie.

« Oui, on est contents mais en attendant on a toujours pas trinqué. A ce rythme, le repas va refroidir et on aura même pas goûté à la bouteille. » que je m'écris pour les rappeler un peu à l'ordre.

Je sais pas vraiment si ça va changer quelque chose mais sur mes paroles, j'entreprends d'essayer d'ouvrir la bouteille, ce qui s'avère un échec parce que je suis même pas foutue d'utiliser correctement un tire-bouchon. Coupée dans mon élan par la grande révélation de Matt, je reste bouche-bée alors qu'il vient de nous prendre qu'il est père. Moi, tata ? Mais j'espère que le gamin est prêt pour suivre mes traces et devenir la prochaine grande star. Fallait bien que le nom Salomon soit reconnu aussi pour les générations à venir.

« Oh, waouh ! Félicitations à toi. Raison de plus pour ouvrir cette bouteille. J'suis pas douée alors je vous laisse l'honneur, les gars.  »  que je déclare, enthousiaste. J'adresse un clin d'œil à Stefan et lui tend la bouteille, je suis sûre qu'il peut faire ça et je lui tapote au passage l'épaule, le sourire vissé sur le bord de mes lèvres.  « Si tu arrives à décapsuler une bière, tu peux bien débouchonner le vin pour nous ? » que je lui demande, presque en quémandant et en faisant les yeux doux.

Parce que personne ne peut me résister et que j'ai appris à jouer la comédie et là il s'agit d'une véritable envie et non d'un caprice. Ma franchise s'intensifie et je m'amuse déjà alors que je n'ai même pas une goutte d'alcool dans le sang.


@Matt Salomon ; @Sawyer Salomon ; @Stefan Salomon ;  @Olena Salomon  

tw :: aucun.

Y’a pas à dire, j’arrive à tous les coups à détendre l’ambiance.

Mais c’est pour ça qu’on m’aime, hein? Je l’espère en tout cas. Je ne veux pas faire de gaffe mais je ne pouvais pas non plus me retenir, la tentation était trop forte. Je peux lire dans le regard de mes sœurs que j’ai sans doute exprimé la remarque de trop. Ou celle qui réussit à détendre l’ambiance? En mettant ainsi les pieds dans le plat, j’aborde le sujet qui plane au-dessus de nos têtes depuis que nous sommes réunis. Notre grand frère, Matt, est vivant. Et bordel, la dernière fois que nous avons été rassemblés, nous, les Salomon, c’était pour son putain d’enterrement! On ne peut pas faire comme si ça n’était jamais arrivé, n’est ce pas?! Je sens bien que ma réflexion a été trop intense, j’aurais dû la garder pour moi. J’en ai même fait cracher Matt avec sa bière! Merde alors, ça, c’était drôle, mais j’ose pas pouffer, j’en ai déjà assez fait. J’ose alors un regard timide en direction de Sawyer, et ensuite de Matt, qui prend la parole. Pour nous confier un aveu auquel nous n’étions pas prêts, ça, c’est certain! Ébahi, je cligne des yeux, je dois sûrement avoir l’air stupide. Je réalise pas vraiment ce qu’il se passe, alors, je répète, cherchant aussi judicieusement que possible mes mots:

Quoi…? T’es… Papa…? Quand, comment, pourquoi?!

Putain mais c’est pas vrai, c’est quoi ce foutu bordel, hein? Mais sa vie, c’est… C’est pire qu’un film, elle est bourrée de rebondissements! Complètement sous le choc, je remarque à peine ma petite sœur qui me tend sa bouteille de vin, espérant que je l'ouvre. Secouant vivement la tête, je l’attrape fermement, ainsi que le tire bouchon, et bredouille, pris de court:

Wow, euh ouais, Norah, je peux faire ça…

Y’a pas à dire, il nous faut absolument de l’alcool, là. Faut vraiment qu’on surmonte tout ça. J’ai la sensation qu’une véritable cocotte minute est sur le point d’exploser et que les révélations peuvent s’enchaîner à la vitesse de la lumière. Une fois que le bouchon est délivré, je tends la bouteille, sans regarder, en direction d’une de mes soeurs et ajoute, comme de l’huile sur le feu:

Matt euh… J’veux pas te vexer mais t’es… T’es pas en état de draguer ou de faire des galipettes là, hein, j’me trompe?

J’en loupe VRAIMENT pas une, putain.
C’est qu’on ne s’ennuie jamais vraiment, chez les Salomon…


@Matt Salomon ; @Olena Salomon ; @Sawyer Salomon ; @Norah Salomon  

tw :: aucun.

Je suis nerveuse.
Je n’ai jamais été aussi nerveuse de toute ma vie.
Mais pourquoi ça m’arrive maintenant ?

J’ai cherché et essayé au moins dix tenues pour le dîner de ce soir. Et ce n'est pas un dîner comme les autres. Oh non, ce soir, je rencontre les Salomon !! Les frères et sœurs de mon Pulcino. L’angoisse. Elle s’est installée au moment même où il à prononcé les mots : dîner. Sawyer. Frères et soeurs. Et immédiatement après ça, j’me suis demandé : Et si je ne leur plaisais pas ? C’est vrai quoi ? J’ déboule dans sa vie comme un canon à neige, j’lui rends la vie presque impossible… enfin, pour autant que je sache, on se mène la vie dure tous les deux mais j’suis pas au courant de ce qu'il se dit en coulisse moi. Alors j’angoisse peut-être parce que je sais que je n’ai pas été irréprochable et que ça peut faire tache sur mon CV de petite amie modèle qui n’en est pas vraiment une. Modèle, j’veux dire. Petite amie, c’est surrr !!!

Du coup, j’ai enfilé une robe que Stefan affectionne tout particulièrement… mais bien trop facile à enlever, il pourrait ne pas s’empêcher de glisser ses doigts par-dessous. Trop risqué. Un pantalon noir et un chemisier… je soupire. Trop formel pour ce genre de présentation. J’vais pas à un entretien d’embauche même si ça y ressemble, en quelque sorte. J’ai une fratrie moi aussi, je sais quels genre de questions traversent la tête au moment où on rencontre la personne qui partage intimement la vie de son frère ou de sa sœur. Je sais que j’y échapperai pas mais quand même j’me fais tout un scénario dans ma tête, me préparant au pire… Stefan c’est l’amour de ma vie, je le sais. Je le sens au plus profond de moi. Tout ce que je désire, c’est qu’il soit heureux. Et tout ce que je veux aussi, c’est que sa famille me voit de la même manière que Stefan me voit également. Je ne me suis jamais sentie aussi importante pour quelqu’un, qu’en le lisant dans ses yeux.

Une robe neutre, simple et sans artifice. Gage de sûreté, je ne veux pas en faire des tonnes. Déjà que je suis terriblement nerveuse en sonnant à la porte de chez Sawyer, une bouteille de vin italien, entre les mains. Le vin, ça me connaît, ça aussi c’est un gage de sûreté, dans ma famille. Et quand la porte s’ouvre sur une blonde étincelante, j’en perds mes mots. J’ai pas le souvenir qu’elle était si impressionnante, la grande soeur de mon Pulcino.

Bonsoir, Sawyer… J’ai apporté du vin. Italien. J’espère que ça plaira.

Je peux sentir les pulsations jusque dans mes tempes. Très désagréable. Je ne me reconnais pas du tout. J’suis pas du genre à me laisser porter par mes émotions, tout en perdant le contrôle mais qu’est-ce qu’il faut pas faire, pour faire plaisir à son petit ami, hein ?


@Matt Salomon ; @Olena Salomon ; @Sawyer Salomon ; @Norah Salomon ; @Stefan Salomon

tw :: aucun.

Retrouver tes frères et sœurs aujourd’hui À Monterey, n’a pas la même saveur qu’à Boston, l’année dernière. Elle est bien meilleure, bien plus savoureuse. Elle est à l’image que tu te faisais de ces retrouvailles, dans tes rêves les plus fous. Il ne s’est pas passé un seul jour sans que tu ne penses à eux, sans que tu ne regrettes ton choix mais ton orgueil a toujours pris le dessus, quoi que tu fasses, quoi que tu penses. Les circonstances sont différentes, les enjeux aussi. Pendant des années tu as cru avoir fermé la porte à ton passé mais aujourd’hui tu sais que les clés n’ont jamais été bien loin, avec l’espoir —même inavoué— que vous vous retrouverez un jour ou l’autre. La seule porte que tu es certaine de ne jamais rouvrir, c’est celle où tes parents se trouvent. Pour toi, tu les as perdues le jour où ils ont changé le cours de ton existence, celle qui a marqué ta jeunesse et condamné ton avenir. Souvent, quand le sujet de tes parents arrivait dans la conversation, tu disais simplement qu’ils étaient morts, parce que pour toi, c’était le cas, peu importe la façon dont tu choisissais de les faire disparaître de ta vie.

Rassemblé à la table de salon, tu contemples ta fratrie de loin, tantôt en souriant, tantôt en roulant des yeux. Tu as envie de t'intégrer à eux. Eux, qui n’ont jamais cessé d’être ensemble. Suffit de voir comment ils se comportent les uns avec les autres pour deviner tout de suite combien ils sont plus ou moins proches. Toi, t’arrive un peu sur le tard, surtout avec Norah que tu connais à peine, dans le fond. Une autre de tes erreurs que tu comptes réparer prochainement. Même si tu as envie d’aller les rejoindre, de te rapprocher comme le ferait n’importe lequel d’entre vous, tu reste à une distance raisonnable afin de les admirer, simplement. Capturer ces rires, ces sourires, ces simples changements de bouteille de main en main… et l’annonce de Matt qui en laisse plus d’un sur le cul. Lui, père ? Et tandis que tout le monde se questionne, ou le questionne à ce sujet plutôt, tu songes à son aveux. Avant de partir en mission… mais c’était quand ça ? Stefan et Norah s’occupent du vin et toi, tu observe Matt, du coin de l’œil, fronçant même les sourcils. Les derniers mots de ton p’tit frère au sujet  de romance te font te demander si…

Est-ce que ça à voir avec…

Pas le temps de terminer ta phrase qu’on sonne à la porte. Tu penses directement à la voisine : Délia. Tu ne sais pas pourquoi mais tu lis quelque chose dans le regard de Matt qui pourrait sous-entendre qu’il y a un lien. C’est pas  parce que tu as été absente pendant des années que tu as perdu de ton flair concernant l'aîné de ta fratrie. Tu as toujours été proche d’Olena et lui, et à vous trois, vous formiez ce trio redoutable. Il n’y avait aucun secret entre vous. Et tandis que tu traines toujours ton secret, concernant l’enfant que tu as eu à l’adolescence, et dont certain connaissent l’existence, tu ouvres la porte sur une magnifique jeune femme. Une jeune femme que tu as déjà rencontré l’année dernière et qui n’a fait que tourmenter l’esprit de ton jeune frère, Stefan. Et quand tu dis tourment c’est dans le bon sens du terme. Il est tout aussi mordu d’elle, qu’elle ne l’est de lui, apparemment. Tu l’accueilles avec un grand sourire :

Magdalena ! Ça fait plaisir de te revoir.  Entre, reste pas dans l’entrée…

Lui dis-tu, avant d’attraper la bouteille de vin qu’elle te tend, s’excusant de ne pas avoir trouver mieux comme présent.

Vu les amateurs de vin qu’il y a ici, je suis certaine qu’il va plaire.

Tu l’invites à avancer jusqu’au salon où tout le monde se tourne vers vous. Ce n’est pas à toi de faire les présentations, alors tu regardes Stefan en lui faisant un clin d’œil, afin qu’il se charge lui-même des présentations de sa dulcinée.


@Matt Salomon ; @Olena Salomon ; @Stefan Salomon ; @Norah Salomon ; @Magdalena Pastore