lose yourself
ft. @Sasha Singh & @Caron Seabrook

TW : Gang de rue & violence.

À l’époque où Cam avait seize ans.

- J’veux pas d’ton aide… j’en ai pas besoin. J’ai besoin d’l’aide de personne.

Que j’ai fini par lui cracher en l’poussant. Me sortir de là ? Me sortir d'où ? D’la rue ? Y’a un sacré bail que j’y crois plus. D’toute façon, j’ai pas besoin d’être sauvé. J’suis très bien capable de me débrouiller seul, comme j’lai toujours fait depuis la mort de ma mère. Depuis que je l'ai retrouvé dans ce banc de neige, aiguilles plantées dans les bras et en dessous des pieds. Cette image qui me hante, que je ne cesse de revoir, même les yeux fermés. Bien heureusement, j’suis pas seul. J’me sens pas comme si je l’étais. Care est là, comme elle l’a toujours été. Même si, j'suis bon qu’à la repousser, comme tous les autres. C’est que j’voudrais surtout pas qu’elle s’inquiète pour moi, c’qu’elle a bien tendance à faire malgré elle. Depuis qu’on est plus voisins, que j’me promène de dessous de ponts en coffre de voiture, j’ai plus trop d’nouvelles d’elle. Et j’dois dire que… c’est mieux ainsi.

Ça a commencé par de petits délits. Au départ, j’devais commettre des actes de vandalisme et du vol à l’étalage pour faire mes preuves. Montrer que j’étais loyal, que j’étais pas qu’un p’tit con qui pourrait les trahir à la moindre occasion et qu’ma gueule resterait bien fermée coûte que coûte, même sous la menace… Que j’prenais tout ça bien au sérieux et que j’allais pas balancer la moindre info sur ce que je savais. Parce que j’en savais bien des choses, ils aimaient bien me mettre dans la confidence. Au fil du temps, j’ai fini par les faire, mes preuves. Tout ça, pour finir par me commettre entièrement à ce gang, en réalisant de bien plus grands délits comme la vente de drogue. La drogue… cette satanée drogue, je devais bien la vendre. Je n’avais pas d’autre choix si je n’voulais pas finir tabassé ou encore pire, tuer. Ma vie était maintenant centrée sur la délinquance, la violence, la peur et la destruction. Je n’allais plus à l’école, je ne voyais plus Care et j’ai passé proche d’aller en centre de détention. Au moins, j’me répétais que j'aurais eu droit à un toit où dormir…Ce qui fût bien compliqué à l’époque. J’ai testé plusieurs méthodes différentes: le coffre de voiture, les dessous de ponts, les stationnements souterrains. Mais je n’avais encore jamais essayé les garages…

Cette nuit-là, je n’avais nulle part où aller pour être protégé de cette pluie torrentielle et de ce vent à décorner les bœufs. J’errais dans les rues du quartier ouest à la recherche d’un endroit clos. Certains musées, la base militaire, le poste de police, l'aquarium, le salon de coiffure, les hôtels, les cafés, les restaurants, les immeubles avec de jolis appartements, les villas sur le bord des plages… mais ce qui m'attire à l'œil immédiatement, ce sont les maisons avec de jolis jardins et plus particulièrement, de grands garages. M’approchant dangereusement du lieu que j’ai choisi pour dormir au chaud ce soir, j’aperçois que la porte du garage est entrouverte. La lumière est allumée, tandis que je glisse ma tête dans l’entremise de celle-ci, je tombe nez à nez avec une jeune femme, vêtue de son imperméable, parapluie à la main. Elle s’apprêtait probablement à affronter la tempête qui commence à se lever. Je la vois s’approcher de moi, hésitante… Mais elle n’est pas seule. Elle est suivie de près par une autre tête brune qui m’est bien reconnaissable. Caron. Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ? Dans quel endroit est-ce que je viens de tomber ?

Entrant dans le garage sans même me poser de question et contournant la jeune femme qui me fait face, je plante mes yeux bleus dans ceux de la personne en qui j’ai le plus confiance dans ce monde

- Care ? Tu vas bien ? On est où là ? Viens, j’te ramène à la maison…

Mes mains sur ses épaules, mon regard accroché au sien, j’attends une réponse, préférablement à l’affirmative de sa part. C’est comme si je venais de lui faire la promesse que peu importe, je rentrerais avec elle. Ça devrait la rassurer, non ? J’aurais envie de lui proposer de partir loin d’ici et d'aller nous réfugier dans un endroit où personne n’arrivera à nous retrouver. Ignorant complètement la brune à nos côtés, je veux simplement m’assurer que Caron est bien ici de son plein gré. Après tout, qu’est-ce qu’elle vient faire dans ce quartier de riches, bien loin de la maison ? Et surtout, c’est qui cette nana avec qui elle traine ? Elle ne m'inspire rien de bon, vraiment… Lançant un regard de méfiance en sa direction, j’ose enfin m’adresser à elle

- J’suis Cam, Cam Russell et toi… t’es qui ?

Toujours une pointe de méfiance dans la voix, un regard furieux dirigé vers elle, je m'abstiens fortement de ne pas péter les plombs. Si jamais elle n’ose, ne serait-ce que de toucher un seul cheveux de Caron, elle connaîtra ma furie.

Qui aurait pu croire que les choses avaient aussi mal commencé entre nous ?

***

À l'époque, j’aurais fait n’importe quoi pour la drogue. J’vous jure, j’me suis jamais retrouvé aussi isolé qu’à cette période. La drogue a ruiné bien des vies dont celle de ma mère et celle de ma fiancée, mais aussi, la mienne. Je les ai toutes les deux perdues face à cette addiction. Elles ont choisi la drogue, au lieu de me choisir. Heureusement qu’aujourd’hui, je suis entourée de personnes formidables telles que Caron & Sasha, mes deux acolytes de toujours.