« L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. »
Andrea Hopkins
2434
The Red Feather (Camille ; elle)
La complexe Dianna Agron
Wildheart ♥ (av.) _ magma (sign.) _ Wildheart ♥ (bannière)
Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Nyls Norwood // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Eli Hartley // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
Trente trois années que je foule cette terre, perdue dans une bulle parfois oppressante. Terriblement seule, différente, femme qui s'inscrit dans une réalité qu'elle cherche désespérément à construire sur les ruines d'un douloureux et traumatisant passé.
Célibataire aux portes de mon mariage, je me suis sauvée, jetant le bouquet par terre et attrapant un taxi pour m'enfuir loin de cet amour toxique. Refaire confiance? Impossible. Enfin, il ne faut jamais dire jamais...
Ancienne éditrice, je balbutie à présent comme artiste tatoueur, venant d'ouvrir mon propre salon en plein cœur du centre ville.
Dans une belle maison au bord de la plage, dans le quartier ouest de Monterey. Grâce à Jeremy, mon frère jumeau, j'ai quitté mon appartement misérable et je mène ainsi une vie de célibataire au calme, ayant une magnifique vue comme source d'inspiration.
À l'aube d'une nouvelle ère, je me dresse face à mon avenir, tournant définitivement le dos à mon passé.
✲ Adepte de l'astrologie.
✲ Gauchère.
✲ Connaît la filmographie de Christopher Nolan sur le bout des doigts.
✲ Ne se sépare jamais d'un large chouchou qu'elle colle contre son nez quand elle est stressée.
✲ Apprécie chanter, dans le plus grand des secrets.
✲ Allergique aux chats.
✲ Toujours en possession d’un petit carnet où elle y note ses pensées.
✲ Pratique le tir à l'arc depuis toute petite, étant même médaillée régionale.
✲ Possède une cicatrice sur le genou droit.
✲ Un tatouage dans le creux des reins, symbolisant la constellation de son signe astrologique.
✲ Adoratrice de la décoration, elle aime chiner et bricoler elle-même afin d'avoir un intérieur à son image.
Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace.
C’est une urgence de niveau intergalactique. Une mission que seules deux Supers Nanas peuvent réussir. Par le pouvoir de l’amitié! Enfilons nos costumes et jetons nous dans la bataille, nous, les guerrières de ce siècle moderne!
Trêve de plaisanterie, l’heure n’est certainement pas à la fête. C’est à cause d’un évènement tragique survenu dans l’existence du troisième membre de notre clan qu’avec Sofia, nous nous activons depuis des heures, dans le plus grand des secrets, peaufinant chaque détail afin que notre intervention soit des plus efficaces. Caron vit des heures sombres, sans doute les plus abyssales qu’elle ne connaîtra jamais. Sa peine atteint nos cœurs, nous portons son deuil car nous sommes liées par une énergie qui est propre à notre dynamique et qui n’a pas besoin d’être expliquée. Nous avons appris l’affreuse nouvelle par message et en guise de réponse, nous avons orchestrés avec Sofia une visite surprise mais qui se doit d’être efficace: boîte de chocolats, Thermos de café, plaid et fleurs, nos offrandes ne sont rien à côté de l’essentiel: lui faire sentir que nous sommes là pour l’aider à traverser cette épreuve innommable. Qu’elle puisse déverser un peu de sa colère, de son indignation sur ses meilleures amies. Puisqu’elles servent à cela, n’est ce pas?
Le deuil est une douleur que je connais, dont je me serais bien passée mais qui pourtant compose ma personnalité. C’est une donnée avec laquelle j’ai dû grandir, par la force des choses, et le seul constat que je peux dresser, c’est qu’on ne s’en remet jamais vraiment. La plaie est toujours ouverte, certes moins à vif, mais elle existe. Et apprendre à vivre avec n’est pas une mince affaire. Voilà pourquoi je suis disposée à me tenir aux côtés de Caron, cette amie si joviale, si expressive, tant cet instant est déterminant pour le reste de son existence. Elle a ce droit de se sentir terrassée, de vivre son deuil comme elle l’entend. Mais le dernier des sentiments qui doit l’animer est de se sentir plus seule que jamais. Non, je le refuse.
Alors, je passe prendre Sofia, directement à son travail. Malgré sa grossesse, elle ne semble pas disposée à prendre un seul jour de congé, ce qui lui ressemble bien. Après avoir déposé un tendre baiser sur sa joue, je démarre à nouveau le moteur de mon vieux tacot, direction le domicile de notre amie. La circulation est plutôt fluide, notre trajet se déroule sans encombre. Ce qui est moins évident, c’est de réussir à tout porter jusqu’à sa porte, à laquelle nous frappons discrètement. Si un voisin passait par là, il nous prendrait pour deux folles, assuréremment! Mais nous n’avons pas à nous excuser d’être des amies présentes, même dans les mauvais moments. Bien au contraire.
Quand enfin Caron se présente face à nous, je ne peux pas m’en empêcher. Je lâche ballons et cadeaux divers, qui se retrouvent dispersés sur le sol et dans les airs et lâche, d’une voix caverneuse:
Care… C’est nous. Oh…
Sans attendre, je me jette contre elle, enroulant mes bras autour de ses épaules, pressant ma joue contre la sienne. Pour qu’elle puisse sentir que nous sommes bien là pour elle, que tout n’est pas perdu…
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┗ UNDISCLOSED DESIRES ┛
I want to reconcile the violence in your heart I want to exorcise the demons from your past
J’ai fêté mon trente septième anniversaire au premier jour de l’été soit, le 21 juin.
❝ Je nous imagine sous les draps après l'amour, à nous laisser aller aux confessions, à achever ce bonheur qui nous dépasse...
Et peut-être que tu trouves cela étrange, et peut-être que tu trouves cela ridicule, et peut-être que j'aime t'aimer d'une façon un peu bête, absurde, ringarde, mais je trouve dans cette anomalie de la pensée — un peu de paix ; nous imaginer, me rend heureuse ❞
Je suis mariée à Gregory depuis le 20 septembre 2024.
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Je suis devenue éditrice littéraire il y a quelques années mais depuis que je vis à Monterey, j’ai démarré ma propre maison d’édition : Villanueva Editor. Son but est de donner une seconde chance aux romans que personne ne veut. Chez moi, rien ne se jette, tout se lit, tout se dévore…
À l’ouest de Monterey, charmante petite maison de banlieue où tout le monde connaît tout le monde.
Sofia est née en Espagne ☞ Elle est la 4ème d'une fratrie de 7 enfants ☞ Sofia est une amoureuse des livres depuis sa naissance ☞ Ses frères aînés se sont mariés jeunes ☞ Elle a quitté l'Espagne avec son frère il y a plus de deux ans ☞ Elle a fuit le mariage arrangé de sa famille tout comme son frère ☞ Ne fume pas ☞ N'a jamais pris de drogue ☞ Mais bois de temps en temps du vin, avec ses copines (Les supers Nanas) ☞ Sa famille est croyante, tout comme elle. ☞ Va à l'église le dimanche ☞ Pour elle, le mariage c'est sacré, mais avec la bonne personne ☞ A une ribambelle de neveux et nièces qu'elle adore ☞ Ne voulait pas d’enfant, jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte ☞ Son métier, c'est sa passion. Elle est éditrice ☞ Elle travaille plus qu'elle ne vit réellement ☞ Son passe-temps favoris, c'est lire des livres
☞ Elle rapporte du travail à la maison tous les soirs ☞ Le vendredi soir était exclusivement réservé à son ami, Grégory jusqu’à ce qu’elle ne soit plus capable de gérer ses sentiments. ☞ a été en possession d'un manuscrit qu'elle adore plus que tout mais ne connaissait pas l'auteur de cette ouvrage avant qu’elle ne découvre qu’il a été écrit par Gregory ☞ Ils ont collaborés ensemble sur le roman du jeune homme ☞ Elle déteste le café, ne boit que du thé. Chaud, glacé ça n'a pas d'importance ☞ En 2ème prénom, elle porte celui d'Abuela, sa grand mère : qui est Estrella ☞ Sofia attend un petit garçon, prévu pour début janvier 2025
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Sujet: Re: « L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. » Mar 22 Oct 2024, 18:07#
« L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. »
Un trépied. C’est ce que nous sommes, Andréa, Caron et moi. Trois filles soudées, présentes l’une pour l’autre, dans toutes les circonstances. Et quand l’une d’entre nous perd l’équilibre, c’est toute la structure de notre amitié qui s’effondre. Elle a perdu son avantage et avec Andréa, c’est notre devoir de nous remettre sur pieds. Caron vit des moments difficiles, et nous allons les vivre avec elle, en même temps qu’elle. Pas forcément avec la même intensité mais nous nous devons d’être là, afin de la soutenir et de lui montrer que nous ne l’abandonnons pas. Jamais il n’en a été question. Et se défiler ? Encore moins. Ce n’est même pas envisageable.
Nous avons appris la mort de Cam par message et mon coeur s’est arrêté pendant un instant. Je me suis rendue compte soudainement que moi aussi, j’avais quelqu’un à perdre désormais et que je serais incapable d’imaginer ma vie sans lui. Je me suis mariée il y a quelques semaines et ma bulle d’amour avec Grégory reste solide malgré les tourments qui m’assaillent. Pourtant Caron va devoir imaginer sa vie sans Cam et les larmes me montent aux yeux. Pourtant, je tente de me ressaisir afin de lui apporter tout le soutien nécessaire avec l'aide d’Andréa. Nous lui avons préparé quelques petites choses, ce n’est pas très significatif dans ce genre d’épreuve mais c’est tout ce que nous pouvons faire pour elle, à l’heure actuelle.
Je me sens si démunie face à une perte aussi grande que celle de notre merveilleuse amie. Qu’est-ce qu’on est censé dire dans ces cas-là ? Quoi dire, quoi faire ? C’est un peu différent et propose à chacun. Nous ne vivons pas le deuil de la même façon. Ne pas la laisser seule est sans doute approprié même si dans ma tête, elle souhaiterait sûrement être seule, ne pas se sentir étouffée ou prise en pitié. Ce n’est absolument pas le cas. Andrea passe me prendre au travail alors que je n’ai pas pu faire grand chose aujourd’hui, j’avais la tête ailleurs, évidemment.
Direction chez Caron, sans plus attendre. Les mains pleines de présents, les ballons colorés remplis d’hélium. Tout a été préparé avec soin, juste pour notre amie. Une manière de la soutenir, peut-être maladroite mais avec beaucoup d’amour. Quand celle-ci nous ouvre, sa bonne humeur et son aura scintillant de toujours ne sont plus. Andrea lâche tout ce qu’elle a entre les mains pour plonger dans les bras de Caron, et je fais de même, refermant mes bras autour de mes amies.
« On est là pour toi »
Juste là, le temps que tu voudras Caron.
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LIFE IS NOT EASY
Caron Seabrook
202
wild heart/louisa + elle.
ana de armas.
self (ava, sign, icons) ; celebadmiration, dearmasdaily (gifs) ; avril lavigne/it was in me (lyrics sign) ; joshua bassett/the golden years (lyrics profil).
eugene, la star déchue (r. gosling), niamh, la maman badass (m. moore), cole, le cynique absolu (z. efron), naveen, le geek charmant (m. cornett).
le temps passe et n'épargne personne. la trentaine bien entamée. trente-quatre ans depuis le douze janvier dernier. âge plus ou moins assumé.
un cœur détruit, brisé en mille morceaux. la perte de l'être cher s'avère presque fatale pour elle. un deuil encore bien trop douloureux. une âme et un cœur appartenant, pour toujours, à lui, rien qu'à lui, cam.
four years gone by in the blink of an eye. we were young 'til we weren't, it was fun 'til it hurt. now i'm terrified that i'll never find love like yours.
bien plus qu’un boulot, c’est une vocation, ma façon à moi de rendre justice à autrui. membre et médiatrice au sein d’un centre de justice restaurative (réparatrice).
une petite maison pavillonnaire dans l'est de la ville.
✺ véritable sportive dans l'âme, tous les matins, j'ai une routine à laquelle je ne dérobe jamais. sport, petit-déjeuner sain, je me tente à un rythme de vie stable et équilibré.
✺ amatrice de bons bouquins, je me suis inscrite à un club, il y a peu. lectrice depuis toujours, ma bibliothèque est immense et une plaie pour les déménagements.
✺ très, très mauvaise perdante. pour cause, plus personne ne veut jouer à un jeu avec elle.
✺ prend mal la critique, se cache derrière l'excuse « j'accepte la critique quand elle est constructive ».
✺ très peu amatrice d'alcool. souvent, j'ai la mauvaise habitude d'en abuser. toutefois, je ne peux dire non à un cuba libre en terrasse, les jours où il fait beau.
✺ gourmande à souhait mais voit en horreur de faire la cuisine ! du genre à louper des pâtes. amatrice de pizzas. tous les livreurs de monterey me connaissent.
✺ inscrite à la boxe. présente à la salle au moins trois fois par semaine.
w/ les supers nanas ; w/ theo/event ; w/ waylon ; w/ sofy & co ; w/ logan.
présente, autant que possible.
bronze member
Sujet: Re: « L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. » Sam 02 Nov 2024, 21:58#
« L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. »
Dans la maison, je déambule. Je viens de me réveiller d’une longue sieste sur le canapé. Mon cou et mon dos sont en compote. Je me réveille, dans les vapes. Sur mon téléphone, je vois qu’un nouveau jour a commencé. Merde, je me souviens même pas de celui d’avant… ni même de celui d’encore avant. Principalement parce qu’ils se ressemblent tous sans exception. Je fais de mon mieux pour survivre. Essayer de rester en vie. Faire croire à tous que je m’occupe, que je fais mon deuil de façon positive sans me morfondre. J’ai même regardé des Tik Tok de ces nanas veuves, qui réussissent à gérer leur vie, celles de leurs morveux, à garder une vie sociale digne de ce nom, affichées un grand sourire parce que « la vie continue ». Et moi, de mon côté, c’est à peine si je me nourris. Au mieux, dans la journée, je bois de la flotte. Le reste, je suis trop fatiguée. Je n’ai pas la force de, ne serait-ce que mettre dans le micro-onde les plats que Rosalie me cuisine. La plupart ne sont même pas mis dans le frigo, ils agonisent sur la table à manger.
Avant de rejoindre ma chambre et me morfondre pour les prochaines dix heures là-bas, je fais un tour dans la cuisine. Mon ventre commence à crier famine. Il faut dire que je ne sais même plus la dernière fois où j’ai mangé. Je me souviens d’un paquet de gâteaux absolument infâmes mais que Cam adore… adorait. Je l’ai mangé juste pour avoir la sensation d’être à ses côtés. Qu’est-ce qu’on peut faire des trucs débiles quand on est triste, c’est affligeant. La cuisine est propre. Rien ne traîne. Pour dire à quel point j’y vais peu. Il n’y a que des tupperware de Rosie. Il faudrait que je lui rende, qu’elle pense que je mange, ne pas l’inquiéter. En voyant l’état des aliments enfermés dans les boîtes en verre, rien n’est mangeable. J’ai tout laissé mourir. Fais chier ! J’ouvre le frigo… Des bières, de la chantilly et des sauces. Pas de quoi me nourrir. Fais chier, doublement. Sur mon téléphone, je vais sur Uber Eat. Je vois le prix. Je ferme directement l’application. Sachant que ça fait plus de deux semaines que je ne vais pas au travail, je ne peux pas réellement me permettre ce luxe.
Machinalement, je vais dans un coin spécifique de la cuisine, prendre une bouteille d’eau. Putain, il ne reste plus que le plastique où était enfermées les bouteilles. Là, ça commence à être problématique. Je dois faire des courses… pour ne pas mourir de sous-nutrition, pour ma survie, littéralement. Qu’est-ce que ça me gonfle ! Je ne veux pas sortir. Je n’ai pas la force physique ou psychologique d’entreprendre tout le processus d’aller en courses. Peut-être que je pourrais appeler Rosie ou Andrea ou Sofia ?
« C’est pas tes esclaves, pauvre fille ! »
Sérieusement, pour qui je me prends ? Moi qui m’exclame comme étant une femme indépendante, n’ayant besoin de personne… Quelle hypocrisie ! Je vais me bouger, je vais prendre une douche, m’habiller, prendre ma voiture et aller acheter de quoi manger. Comme disent ces garces sur les réseaux sociaux, le monde ne s’arrête pas de tourner. Et ça, même si je préfererais. Et ça, même si je n’ai qu’une seule envie, c’est d’être avec lui. Peu importe où il se trouve. Mais je ne peux pas. Je me dois d’essayer même si, jusque-là, il n’y a qu’un arrière-goût d’échec cuisant en bouche. Peut-être qu’aujourd’hui sera une réussite ? Qui sait… Alors, je monte, je vais dans ma chambre qui est dans un état pitoyable contrairement à la cuisine. Je me fraie un chemin à travers toutes les fringues qui traînent, les affaires de Cam qui sont dans des cartons, par terre et dans le lit. J’ouvre mon placard, je tombe sur mon côté de celui-ci en bordel, sans-dessus dessous. Quant à celui de Cam, il est propre, tout est incroyablement bien rangé. Le résultat d’une nuit mouvementée, difficile à vivre où je ne réussissais pas à dormir tant il me manquait. Le seul moyen que j’ai trouvé pour me sentir proche de lui, c’est en rangeant son côté du placard ; redécouvrir ses fringues, retrouver même qu’il avait perdu comme ce fameux tee-shirt bleu marine. Fraîchement lavé et plié. Parce qu’il n’y a que ses vêtements que j’ai le courage de laver. Comme d’une illusion qu’il est toujours là, qu’il a besoin d’eux pour le lendemain, au travail.
Je prends ce tee-shirt bleu marine et un jean, au hasard trouvé de mon côté. Ça sera ma tenue. Je ne veux pas me compliquer la vie. Vie compliquée qui se voit sur ma tronche alors que je rentre dans la salle de bain. Une tête à effrayer le plus vaillant des Hommes. Une bonne douche ne me fera aucun mal. Après une bonne vingtaine de minutes, j’en sors, je me sèche, j’attache mes cheveux en chignon, je m’habille, j’enfile mes chaussures et je pars prendre ma voiture. La première fois depuis des jours que j’ai la lumière du soleil qui frappe directement sur mon visage. Si peu habituée, dorénavant, que je suis obligée d’enfiler mes lunettes de soleil. A vrai dire, au vu de mes cernes, je suis obligée de les mettre sur mon pif. Le soleil me donne une excuse parfaite, disons.
Sur le chemin, comme pour empêcher d’entendre mes pensées foutrement négatives, je mets de la musique à fond. Une playlist choisie au hasard sur Spotify. Rien de très transcendant, je n’en connais pas une seule mais elles sont suffisamment bien pour me faire penser à autre chose l’espace des dix minutes de route jusqu’au supermarché. Je me gare le plus près du magasin. Devant celui-ci, un chanteur avec sa gratte, une petite foule s’est créée autour de lui. Je n’y apporte pas plus d’importance que cela. Je trace ma route et je rentre dans le magasin. La lumière artificielle puissante me provoque automatiquement un mal de crâne. Si peu habituée à une quelconque lumière, dorénavant habituée à être plongée dans le noir, un rien me donne des maux de tête. Je suis devenue une petite nature, c’est désespérant. Qu’est-ce qu’il doit penser de moi, sérieusement… Je dois lui faire honte de là où il est. D’un pas terriblement lent, comme si je ne pouvais pas être plus rapide, je vais dans les différents rayons. Je regarde toute cette bouffe partout et rien ne me donne envie. Absolument rien. Je prends par habitude. Je prends parce que c’est toujours ce que j’ai pris. Je vais en caisse. Je paye mes articles. Moi qui tente toujours d’avoir un mot gentil pour l’employé, là, je ne parviens même pas à le regarder dans les yeux. Je dois passer pour une personne absolument détestable.
Je range mes courses dans le coffre quand je réalise que je n’ai pas pris mon pack d’eau. Fais chier, triplement ! C’est littéralement la raison qui m’a poussé à bouger de la maison. Je ferme le coffre. Une chance que le système soit automatique, autrement, je l’aurais fermé violemment et j’aurais certainement cassé quelque chose. Je refais le chemin inverse. A nouveau, je passe devant le jeune avec sa guitare. Je n’écoute que d’une oreille mais je jure reconnaître cette mélodie, combien même elle est à la guitare. Je me stoppe. Je me concentre sur les paroles. Elles me disent quelque chose. Je suis persuadée de la connaître. Heart-Shaped Box. Nirvana. Cette chanson mise en boucle dès qu’il en avait l'occasion. C’est bien la première fois depuis sa mort que j’entends du Nirvana. Je ne peux même pas penser à ce groupe sans le relier automatiquement à Cam. Je me souviens écouter tous les albums du groupe quand on se rendait au centre-ville, qu’on se posait un peu n’importe où, il avait forcément son walkman avec lui.
Merde, mon regard se floute. Je pleure. C’est devenu comme une seconde nature de chialer que je ne le remarque presque plus. Je reste plantée là, tentant d’essuyer mes larmes qui se suivent les unes après les autres. Mon ventre se tord, mes yeux brûlent. Pleurer me demande toute ma putain d’énergie. C’est pathétique. Je sens une main se poser sur mon épaule. C’est le chanteur, il est inquiet. Merde, je suis tellement pitoyable qu’une personne que je ne connais de nulle part s’inquiète pour moi. Je suis arrivée à un stade minable.
« Laissez-moi tranquille. », dis-je.
Sur ces mots, en panique, pour me rassurer et le rassurer par extension, je cherche un petit quelque chose dans mon sac. J’ai aucun liquide sur moi ?! Ah, si ! Merde, mes larmes ont détruit ma vision, elle n’est que floue maintenant. Je n’ai aucune idée du montant que je lui donne mais je lui tends le billet, presque en l’obligeant à le prendre.
« Vous venez d’me donner 200$ ! », s’exclame-t-il alors que je m’enfuis dans ma voiture.
Vision trouble ou pas, j’allume le moteur et je prends la direction de la maison. La musique s’active automatiquement. C’est putain de fort ! J’essaye de baisser le son mais je ne fais que l’augmenter malgré moi. Foutue technologie à la con ! Je ne suis qu’à quelques minutes de la maison… Je peux essayer de tenir le choc. Et cela même si la pire sensation au monde vient de se manifester ; chialer sans absolument plus aucune larme mais subir la difficulté à respirer, les abdos qui se serrent à en faire mal, les maux aux tempes tant les yeux sont plissés. Je devrais m’arrêter. Me garer et retrouver mes esprits sauf que cette situation m’est arrivé, y a une dizaine de jours et je n’ai pas réussi à reprendre la route avant le lendemain matin. Et là, je n’ai qu’une envie, rentrer chez moi, me jeter dans mon lit et pleurer toutes les larmes de mon corps sur le tee-shirt que je porte.
Miraculeusement, j’arrive à destination. Je me gare de la pire des façons, ça ne fait aucun doute. Je ne prends même pas la peine de sortir les courses du coffre. Comme les plats préparés par Rosalie, elles vont pourrir dans la voiture. Je fonce dans la maison, peinant à ouvrir cette putain de porte à la con. Après quoi, je fonce dans la chambre où je m’affale sur le lit, continuant d’expulser cette tristesse qui ne se traduit que par des pleurs sans larmes, certainement n’ai-je plus assez d’eau dans mon corps pour me permettre cet – énième – luxe. Et dire que cette journée partait plutôt bien. Dire que je croyais à une réussite. Quelle naïveté ! C’était sans compter sur cette capacité folle que j’ai d’absolument tout raté, ces derniers temps. Pas foutue de faire un truc convenable même les courses sont un planté sans appel. Pitoyable. Si seulement je pouvais être un peu plus comme ces nanas que je méprise sur les réseaux. Au final, je suis celle à mépriser. Voir à quel point je ne suis pas foutue de gérer mes émotions, ce que je ressens. Le pire dans l’histoire ? Mon boulot consiste à aider ceux qui vivent des événements similaires au mien. En plus d’être pathétique, je suis une fraude en ce qui concerne mon boulot.
Doucement, je finis par me calmer… Je sens mon regard devenir lourd. Mon corps est épuisé. Je le sens, je commence à m’endormir. Le seul moment où je ne suis pas si mal, si triste, si à bout. J’étais sous le point de m’endormir après cette crise quand j’entends toquer à la porte puis sonner. Merde, je dois réellement me lever, là ? Si je n’ouvre pas, je sais ce qui va se passer, tout le monde va se faire passer le mot comme quoi je n’ai pas répondu et j’aurais le droit à une horde de personnes à ma porte dès demain. Hors de questions de subir, à nouveau, ça. Machinalement, je passe ma main sur le visage comme si j’allais essuyer la peine qui peut se lire sur mon visage. Pathétique ! Je descends difficilement les escaliers avant de jeter un rapide coup d’œil autour de moi… Le salon est en bordel, assez similaire à ma chambre. J’ai honte, terriblement mais je ne peux pas tout nettoyer en quelques secondes. Autant assumer, non ? Après tout, est-ce que je suis réellement à ça près ? Pas vraiment. J’ose espérer que ce n’est personne de ma famille. Eux qui ont été de véritables inconnus au bataillon toutes ces années, même après avoir appris pour le cancer de ma mère, les voilà soudainement présents pour moi.
A peine ai-je ouvert la porte, à peine ai-je eu le temps de réaliser qu’il s’agissait d’Andrea et Sofia, qu’elles me prennent dans les bras. Un peu de chaleur humaine, un réconfort dont j’avais terriblement besoin bien qu’ils ne s’agissent pas exactement de celle-ci spécifiquement dont j’ai besoin, mais je ne peux pas me montrer éternellement froide. D’autant plus que ça me rapporte un certain baume au cœur. Je le sens, étrangement, moins lourd. J’ai enfin des personnes avec qui parler. Elles sont venues pour moi. Elles sont venues pour que je ne sois pas seule. Elles sont venues pour être sûres que je ne sois pas en train de m’éteindre à petit feu. Une attention toute particulière, assez surprenante mais qui me fait grand bien.
« J’ai donné 200$ à un chanteur de rue. », dis-je tout simplement, n’ayant pas besoin d’exposer plus que ça mon mal-être, autant exposer ma maladresse et grande, très grande générosité.
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IT WAS IN ME
now let me feel high when i'm sober, let me feel young when i'm older, let me feel proud when it's over. i finally realized, all of this time...
Andrea Hopkins
2434
The Red Feather (Camille ; elle)
La complexe Dianna Agron
Wildheart ♥ (av.) _ magma (sign.) _ Wildheart ♥ (bannière)
Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Nyls Norwood // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Eli Hartley // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
Trente trois années que je foule cette terre, perdue dans une bulle parfois oppressante. Terriblement seule, différente, femme qui s'inscrit dans une réalité qu'elle cherche désespérément à construire sur les ruines d'un douloureux et traumatisant passé.
Célibataire aux portes de mon mariage, je me suis sauvée, jetant le bouquet par terre et attrapant un taxi pour m'enfuir loin de cet amour toxique. Refaire confiance? Impossible. Enfin, il ne faut jamais dire jamais...
Ancienne éditrice, je balbutie à présent comme artiste tatoueur, venant d'ouvrir mon propre salon en plein cœur du centre ville.
Dans une belle maison au bord de la plage, dans le quartier ouest de Monterey. Grâce à Jeremy, mon frère jumeau, j'ai quitté mon appartement misérable et je mène ainsi une vie de célibataire au calme, ayant une magnifique vue comme source d'inspiration.
À l'aube d'une nouvelle ère, je me dresse face à mon avenir, tournant définitivement le dos à mon passé.
✲ Adepte de l'astrologie.
✲ Gauchère.
✲ Connaît la filmographie de Christopher Nolan sur le bout des doigts.
✲ Ne se sépare jamais d'un large chouchou qu'elle colle contre son nez quand elle est stressée.
✲ Apprécie chanter, dans le plus grand des secrets.
✲ Allergique aux chats.
✲ Toujours en possession d’un petit carnet où elle y note ses pensées.
✲ Pratique le tir à l'arc depuis toute petite, étant même médaillée régionale.
✲ Possède une cicatrice sur le genou droit.
✲ Un tatouage dans le creux des reins, symbolisant la constellation de son signe astrologique.
✲ Adoratrice de la décoration, elle aime chiner et bricoler elle-même afin d'avoir un intérieur à son image.
Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace.
Je me souviens, comme si c’était hier, des jours qui ont succédé la mort de mon père.
Je venais de fêter ma majorité, je me sentais prête à dévorer le monde qui s’offrait à moi. Diplômée aux côtés de mon frère jumeau Jeremy, j’avais foi en l’avenir, je débordais de projets tous plus rocambolesques les uns que les autres. Je ne savais pas encore comment mais je n’avais qu’une envie: vivre de ma passion du dessin. J’avais les cheveux ébouriffés, les traits de liner sur mes yeux étaient très mal réalisés et mon style vestimentaire était encore en pleine construction. Je venais de trinquer avec mes copains de promotion, j’avais un sourire à m’en décrocher la mâchoire, je vivais pleinement chaque seconde, réalisant que la fin d’une ère venait d’arriver afin que la suivante commence, si audacieuse, si flamboyante.
Et puis, l'orgueil a précédé la chute.
Nous l’avons trouvé. Là. Je me souviens, comme si c’était hier, de ses pieds, de son teint si pâle, de l’emplacement de chaque objet dans la pièce. Du silence. De ses pieds, oui, ses chaussures, ses chaussettes. Ses pieds. Je ne voyais qu’eux. Pour éviter de me confronter à la vision de ses yeux clos pour l’éternité, pour éviter de réaliser que ma nouvelle vie a commencé par un nouveau deuil. La boucle se bouclant, j’ai vu le jour en perdant ma mère, je suis devenue une nouvelle version d’Andrea Hopkins en faisant un adieu brutal à mon père.
Et bien des années plus tard, je suis là. Malgré la douleur, la perte... j'ai survécu.
Devant la porte de mon amie, ma respiration s'accélère, la peur de la découvrir prenant le pas sur le calme que je suis censée lui apporter. Dans ce genre de circonstances, on pense toujours savoir à l’avance comment réagir. Mais moi, je n’ai pas à imaginer. Je sais. Je comprends ce qu’elle traverse et à la fois, je suis à des années lumières de pouvoir ne serait-ce qu’effleurer sa peine. Son désarroi. Sa colère et sa solitude.
La porte s’ouvre, enfin, les trois supers nanas sont réunies. Je n’ose rien dire, je ne trouverais pas les mots adéquats, de toute manière. Alors, je pense. Je réalise… Je devais ressembler à ça, alors, le jour où Papa a mis fin à sa vie, les jours qui ont suivi sa mort. À la personnification même de la tristesse, à ce reflet impossible à observer, détourner le regard serait bien impoli, Caron est toujours belle, même quand elle vit le pire des drames. Elle est simplement abîmée. Ternie. Mais elle est là. Elle est toujours debout. Elle, elle est vivante… L’Amour détruit tout sur son passage mais je sais qu’elle est forte. Qu’elle y arrivera, tôt ou tard. Que la Mort ne peut jamais prendre définitivement le pas sur la Vie.
Sans réfléchir, comme une danse méthodiquement chorégraphiée, nous nous jetons, Sofia et moi, dans les bras de cette troisième pierre angulaire de notre système amical. Et là, l’énergie se transmet, circule, le temps n’a aucune prise sur l’amour qui nous traverse. Entendre la voix de Caron me rassure, m’apaise mais l'anecdote narrée est comme un cheveu sur la soupe. Que vient-elle de dire...? Et puis, je crois comprendre. Enfin, j'essaie. Fronçant des sourcils, j’analyse sa confession et y réponds, adaptant un ton loin d’être condescendant mais simplement aussi tendre que possible:
Care, c’est extrêmement généreux. Loin d’être stupide. Tu donnes pour ne pas recevoir la peine, c’est très sain. Et ça te ressemble, ma douce.
Index qui caresse sa joue creusée, pression imperceptible, sourire que je lui offre, ne sachant même pas si elle pourra le voir et j’ajoute, demandant, alimentant notre conversation:
Il… il chantait quoi, hein…?
Générer un dialogue, stimuler sa mémoire. Parler d’autre chose. De n’importe quoi, sauf du pire. Sauf de sa vérité contre laquelle elle ne peut pas encore gagner. Se battre nécessite un certain temps de préparation. Un jour, elle pourra monter sur le ring. Et nous serons là. Toujours. Nous nous tenons à ses côtés, aujourd’hui plus d’hier mais moins que demain. Nous allons être patientes, résignées, à l’écoute, actives et à la fois immobiles, généreuses et empathiques. Pour elle. Pour nous. Oui, nous allons réaliser cet exploit. Ensemble…
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┗ UNDISCLOSED DESIRES ┛
I want to reconcile the violence in your heart I want to exorcise the demons from your past
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« L'amitié n'est rien sans le pouvoir des trois. »
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