Le temps des explications

18 septembre 2023
Après ses nombreuses discussions que ce soit avec Adaline, Charlie, Shelby et d'autres, Albano a enfin pris la décision de tout dire à Rosalie. Il se devait d'assumer sa paternité et veut faire partie de la vie de sa fille Adaline, n'ayant aucun droit sur elle vu que sa collègue est sa tutrice, il ne pouvait pas l'approcher comme ça en lui disant de but en blanc qu'il est son père. Il avait bien réfléchi sur comment il aborderait les choses. Il avait donc demandé à la blonde de se voir à l'extérieur pour l'heure du déjeuner. Leur choix s'est porté sur le restaurant de fruits de mer non loin des bureaux du FBI où ils ont prit leurs quartiers depuis peu. Incroyablement nerveux, il attendait alors sa collège devant l'entrée en continuant d'entrainer son discours dans sa tête. Il ne pouvait pas flancher, pas maintenant et c'était impossible de faire marche arrière pourtant il sentait ses mains devenir moites et son palpitant battre à tout rompre.

Après quelques minutes d'attente, l'agent Hayes sortait enfin, il prit une grande respiration et d'un regard l'invita à le suivre jusqu'au restaurant.

« Bonjour Rosalie, j'espère qu'il n'y aura pas trop de monde au resto. » s'écria-t-il, pour commencer.

Il ne tenait pas à entrer dans le vif du sujet comme ça dans la rue, il préférait largement attendre d'être à l'intérieur. Il marqua une pause avant de reprendre tout en se dirigeant vers Schooners.

« J'espère que tout va bien pour toi, on est sur une grosse affaire en ce moment, du coup je suis surtout occupé à chercher des infos. Pas une minute de répit. C'est pas trop intense dans votre département ? » demanda-t-il, ensuite.

Plus il retardait les explications, plus il se sentait nerveux. Il ne fallut pas plus de dix minutes pour rejoindre le restaurant, laissant alors Rosalie rentrer en premier, il la suivit de quelques secondes. Une fois à table, il posa les yeux sur la carte tout en songeant à comment aborder le sujet, et là il n'était plus très sûr de son discours. Il ne manquait plus que ça. Il se plongea dans le menu tout en relevant de temps à autre, le regard vers sa collègue.

Le temps des explications

18 septembre 2023
Terminant une discussion de dossier avec Darieos, Rosalie jette un œil sur sa montre. Étrangement, Albano lui a proposé d’aller manger dans un resto sur le temps de midi. Entre départements, il leur arrive de travailler ensemble, ce qui a déjà été le cas entre l'agent du FBI et elle. Cependant, ils n'ont jamais été très proches non plus, ils entretiennent une relation amicale tout en restant proches de l'aspect professionnel. Bien que surprise par cette proposition, piquée par la curiosité, Rosalie a accepté d’aller déjeuner avec lui.

La blondinette attrape sa veste et son sac avant de quitter son bureau et rejoindre le hall d’entrée du bâtiment où se trouve déjà Albano.

- Salut Albano, j’espère aussi. J’ai une faim de loup, s’exclame-t-elle en lui souriant.

Le duo d’agents quitte les locaux du FBI pour se rendre dans un restaurant choisi par Diaz. Sur le trajet, ils discutent de certaines banalités. Pour le moment, les départements semblent tous fonctionner à plein régime.

- Je vois. Si tu as besoin d’un regard extérieur, n’hésite pas. De mon côté, ça ne chôme pas non plus. Une partie de l’équipe est partie aider la police locale de San Francisco. En temps normal, je les aurais accompagnés, mais avec Adaline, tu sais, l’ado que j’héberge, j’évite de trop m’absenter. Donc, je bosse sur le profil d’un tueur qui sévit à Sacramento.

Loin de se douter du lien qui unit sa protégée à l’agent du FBI, elle l’évoque avec légèreté ainsi que sur un ton un peu protecteur. Rosalie veille sur cette jeune fille depuis presque deux ans, mais en février, elle est devenue sa tutrice pour lui éviter la prison. Elle est même allée jusqu’à faire chanter un juge pour ça.

Arrivée au restaurant, la jeune femme s'assoit à une table. Elle retire sa veste qu’elle dépose sur le dossier de sa chaise avant de prendre la carte en main pour regarder les différents plats proposés. Néanmoins, chassez le naturel, il revient au galop. Hayes ne peut s’empêcher de jeter un œil à son comparse, observant ses mains qui gigotent, son regard fuyant, et il lui a semblé assez mal à l’aise durant le trajet. Rosalie reste convaincue que cette demande d’aller manger un morceau n’est pas innocente. Préférant mettre les pieds dans le plat plutôt que de rester dans une ambiance ambivalente, la blonde dépose le menu sur la table avant de croiser les bras dessus.

- Al’, tu sais que je suis profileur. J’étudie des comportements humains tous les jours presque… je vois qu’il y a un truc qui ne va pas. Et je ne vais pas te cacher que je suis surprise que tu me proposes d’aller manger un morceau. Qu’est-ce qui se passe ?

Autant briser la glace directement.

Le temps des explications

18 septembre 2023
Albano n'a jamais été le plus bavard parmi le bureau fédéral de Monterey, préférant garder son côté professionnel et même s'il avait finit par se rapprocher amicalement de certains, il restait quelqu'un de très discret et intègre. Mais la blonde sait lire entre les lignes, il s'attendait évidemment à ce qu'elle cherche des explications face à cette invitation soudaine. Ayant appris à cacher sa nervosité, il se montrait calme comme à son habitude. Retrouver Rosalie, ça sonnait tout de même, étrange. D'habitude il mangeait un sandwich dans son bureau pour ne pas perdre de temps mais là, c'était pour la bonne cause. Elle a le droit de savoir la vérité.

« Allons-y, alors. » déclara-t-il, alors.

Il se dirigea jusqu'au restaurant, accompagné de sa collègue, discuter du boulot l'aidait un peu à se détendre. Hochant la tête aux paroles de la profileuse, il fronçait tout de même les sourcils lorsqu'elle fit mention d'Adaline. Il savait qu'elle avait recueilli la jeune fille depuis qu'elle l'avait croisé sur une affaire quelques mois plutôt, au moins elle assumait, pas comme lui. Qui avait préféré fuir ses responsabilités dix-huit plutôt à sa naissance.

« Oh oui, je vois. De notre côté, on enquête sur un gang de motards qui implique du trafic d'armes et une disparition. D'ailleurs, c'est pas trop compliqué de gérer tout ça en même temps ? » ajoutait-t-il, sérieux.

Il ne doute pas de la détermination de l'agent Hayes, que ce soit dans le travail, comme dans sa vie. Elle a toujours été une acharnée, un peu comme lui au final. Une fois dans le restaurant, il réalisait qu'il ne pouvait plus reculer, qu'il devait se lancer, au risque qu'elle l'assaille de questions, ce qui finit par arriver. Après avoir posé son manteau sur sa chaise, il se tourna vers la blonde et se racla la gorge. Il a répété ce discours pendant si longtemps mais maintenant qu'il était devant le fait accompli, il se montrait étrangement silencieux. Il pensa un instant au moment où il en avait parlé à ses amis du Broken Heart Club, il fallait qu'il s'imagine que c'était à eux qu'il parlait. Une pensée pour Naomi le traversa, le souvenir douloureux de la femme qu'il avait aimé, qu'il aimera certainement toute sa vie le rendait mélancolique. Il pensait avoir fait le deuil, avoir guérit de sa perte. Son fantôme pèse pourtant sur sa confiance depuis qu'il a rencontré Adaline et qu'il a renoué avec Charlie, sa jumelle.

« On ne peut rien te cacher, c'est vrai. C'est au sujet d'Adaline... je...suis son père. Je pense que c'est important que tu le saches. Si tu as des questions à ce sujet, je suis prêt à y répondre. » déclara-t-il, hésitant.

Ponctuée de pause, sa voix était saccadée, comme si il cherchait ses mots et cela était bien la première fois qu'il hésitait sur quoi que ce soit. Lui qui s'est toujours montré sûr de lui. Là, il baissait ses armes face à tout ce qu'il avait appris dernièrement. Son regard fixé sur Rosalie, il attendait ses questions, prêt pour un interrogatoire. Etrange de se retrouver de l'autre côté, d'habitude c'est lui qui pose les questions mais sa collègue a tout aussi l'habitude que lui.

Le temps des explications

18 septembre 2023
- Oh oui, je vois. De notre côté, on enquête sur un gang de motards qui implique du trafic d'armes et une disparition. D'ailleurs, c'est pas trop compliqué de gérer tout ça en même temps ?
- Ah oui, ce n’est pas rien non plus de votre côté. Et tu crois qu’ils l’ont tué ? demande-t-elle, s'intéressant à son enquête, car il n’est pas rare qu’ils se donnent un coup de main entre départements. Oh, c’est surtout une question d’organisation. Mais il est vrai que je pars en mission moins qu'avant.

Rosalie n’a pas envie de laisser Adaline seule. Pas pour l’instant du moins. Elle comprend les craintes de l’adolescente quant au risque d’abandon, c’est pourquoi elle fait de son mieux pour la rassurer et être présente autant que possible. On pourrait imaginer que la jeune agente du FBI regrette sa liberté d’autrefois, mais ce n’est pas le cas. Au contraire. Devenir la tutrice de la demoiselle est sans doute la meilleure décision qu’elle ait prise dans sa vie.

Néanmoins, la jeune femme se pose des questions concernant ce repas avec Albano. Ils sont collègues, ils ont déjà été amenés à bosser ensemble sur des missions, mais ils ne sont pas proches. Pas du tout même. Autant dire que cette invitation à dîner n’est pas anodine. Cela cache quelque chose. C’est pourquoi elle aborde directement le sujet après avoir reposé la carte des menus sur la table. Rosalie n’est pas du genre à tourner autour du pot. Elle préfère aller droit au but, pour ne pas perdre inutilement son temps.

- On ne peut rien te cacher, c'est vrai. C'est au sujet d'Adaline... je...suis son père. Je pense que c'est important que tu le saches. Si tu as des questions à ce sujet, je suis prêt à y répondre.

Le regard azuré de Rosalie ne quitte pas son interlocuteur. Choquée par cette révélation, elle se demande si elle a bien compris. Rosalie fronce les sourcils, repassant ses propos en boucle. Cet homme assis face à elle serait donc le père d’Adaline ? C’est une mauvaise blague… La coïncidence serait tout simplement improbable. Les chances que cela arrive seraient infimes. Le côté protecteur de la jeune femme ressort instinctivement, prête à montrer les crocs pour défendre celle qu’elle considère comme sa propre fille. L’attachement qu’elle a pour l’adolescente s’est intensifié depuis qu’elle vit chez elle.

- Attends, attends… lâche-t-elle en riant amèrement. C’est une blague, là ! poursuit-elle en posant ses avant-bras sur la table et en le pointant du doigt. Tu es le père d’Adaline ?! Sérieusement ?! Tu le sais depuis quand ? Vas-y, je suis curieuse pour le coup ! continue-t-elle en serrant les dents et en lançant un regard noir en direction de la serveuse qui s’apprête à prendre leur commande.

Ce n’est vraiment pas le moment pour qu’on les interrompe. Sinon, le plat finira sur la tête de cet enfoiré.

- J’ai lu son dossier. Je sais que tu l’as abandonnée. Et maintenant que je lui donne une stabilité, une famille… Toi, tu fais quoi ?!! Tu m’annonces la bouche en cœur que c’est ta gosse ?! Putain, Albano, cela fait deux ans que j’ai un œil sur elle ! Que le commissariat et le FBI savent très bien que lorsqu’elle est arrêtée, il faut me contacter ! À aucun moment tu ne t’es dit qu’il serait bien de me le dire ?! Nooon ! Toi, tu attends qu’elle soit enfin dans un endroit où elle se sent bien pour débarquer ! dit-elle froidement. Elle le sait ? demande-t-elle avant de froncer les sourcils et de détourner le regard. Non, elle ne le sait pas, sinon elle me l’aurait dit et elle serait perdue… Dix-huit ans… Tu as attendu dix-huit putains d’années pour te manifester. Je ne te pensais pas aussi lâche, balance-t-elle avec dégoût. Tu ne t’es pas dit qu’elle aurait eu besoin de toi après la mort de sa mère ? Ça lui aurait permis de ne pas se retrouver en foyer ! termine-t-elle en serrant le couteau qui se trouve sur la table.

Évite de le planter avec, Rosie… Évite…

Le temps des explications

18 septembre 2023
Parler boulot avant de rentrer dans le vif du sujet, ça lui parait bien. C'est toujours un sujet qui le rassure, Albano. Travailler pour le FBI n'a pas vraiment de limite et depuis qu'il travaille pour le bureau fédéral, il s'y donne à corps perdu. Il fronça légèrement les sourcils face à la question de sa collègue, les motards étaient peut-être dangereux mais si cette femme a été enlevée, c'est bien pour une raison et pas pour s'en débarrasser. Si lui était confiant de sa survie, ce n'était pas forcément le cas du côté d'Aiden, son supérieur. « Non, je ne pense pas qu'ils sont allés jusque là. » répondit-il, alors.

Il n'était pas surpris que Rosalie accepte moins de déplacement, après tout désormais elle devait se rendre disponible pour Adaline. Il ne doute aucunement de ses capacités pour aider la jeune fille à arrêter ses conneries. Une fois qu'il a craché le morceau, il regretta aussitôt. Peut-être qu'il aurait dû ne rien dire mais pourtant, il a envie de faire partie de la vie de sa fille, d'être présent pour elle. Et pour ça, il doit d'abord en parler à celle qui est sa tutrice. Ravalant sa salive face à ses paroles tranchantes, il releva les yeux pour mieux lui expliquer.

« J'étais jeune à l'époque et très amoureux de sa mère. C'est arrivé un peu sans qu'on s'y attende. J'en ai parlé à mes parents et ils se sont opposés à ce que je m'occupe d'elle, que ça me gâcherait la vie. Je regrette de les avoir écouté, tu sais. » avoua-t-il, sérieusement.

Ne quittant pas son regard, il pouvait remarquer son agacement, comment avait-il pu croire que ça se passerait bien. Cela ne pouvait bien se passer. La serveuse rebroussa chemin, ce n'était pas le bon moment pour leur demander quoi que ce soit et ça Rosalie lui a bien fait comprendre. Il adressa un regard désolé à la jeune femme qui se dirigea vers une autre table. Il tâchait de rester calme, de ne pas flancher.

« Je sais tout ça, oui. Et je pense qu'elle a beaucoup de chance de t'avoir. Tu as fait beaucoup de choses pour elle et pour ça, je tiens à te remercier. J'ai failli à mon rôle de père mais je veux me rattraper, faire partie de sa vie. Lui permettre aussi de savoir qui était sa mère. » ajouta-t-il, ensuite.

Conscient qu'il a fait une grosse erreur, dix huit ans en arrière, il est prêt désormais à assumer ce qu'il n'a pas fait. « J'aimerais lui en parler mais je voulais d'abord en discuter avec toi, tu la connais certainement mieux que moi. Peut-être que tu peux la sonder et me dire quand elle sera prête. Tout ce que je veux, c'est être là pour elle. Assumer enfin mon rôle. » poursuivait-il, toujours aussi calmement. Mesurer ses mots lui semble être la meilleure solution pour apaiser la discussion déjà bien houleuse entre eux.