Albano c'est... mon Roméo des temps modernes. Le sauveur de Monterey comme j'aime le baptiser. Ou plutôt, mon sauveur. Même s'il n'est pas question d'une romance entre nous, il a toujours été à mes côtés, prêt à m'épauler, à me protéger envers et contre tout. Toujours le premier à prendre ma défense lorsque nécessaire. Il a été là pour me remonter lorsque j'étais à mon plus bas. Lorsque je faisais face au moment le plus difficile de toute ma vie. Il est apparu au bon moment, comme une illumination, me montrant le chemin à prendre. Me faisant réaliser qu'ensemble, on pourrait s'en sortir. Qu'ensemble, nous sommes plus forts. Et j'en ai fait de même pour lui. Pour cette épreuve si tragique qu'il avait dû traverser dix-neuf ans auparavant. Jamais il n'a été seul. Je suis restée auprès de lui pour l'épauler, être là pour lui remonter le moral du mieux que j'ai pu. Sans même savoir que, quelques années plus tard, j'étais celle qui ferait face à cette immense souffrance qui l'avait habité. Lorsque j'ai connu Albano, il y a bien des années, il a été le premier à se dresser fièrement devant mes intimidateurs. Le sens de la justice l'habitait déjà énormément. Je l'ai toujours connu comme étant un homme droit, voulant faire régner la loi et protéger tout ceux qui en avait besoin. Je l'ai toujours admiré.

Après nos quelques échanges furtifs en sms, j'avais décidé de me rendre à son boulot, là où je l'attendais pour partager l'heure du lunch avec lui. D'ailleurs, connaissant bien Albano, je sais qu'il aimait bien se prendre un truc vite fait et qu'il n'avait probablement pas pris la peine de se faire un dîner bien élaboré. Alors, je l'avais fait pour lui. J'étais prête à m'installer pour un pique-nique en sa compagnie. Mon petit panier à la main, je m'installe près d'une table, apposant la nappe que j'avais apportée. Je sais que d'ici, il allait me trouver assez rapidement lorsqu'il allait sortir. J'installe tranquillement deux couverts, déposant les assiettes ainsi que les ustensiles. J'ai aussi apporté des tasses qui nous serons bien utiles. Bon, est-ce que j'ai le droit de lui faire boire du vin sur les heures de travail ? Je ne crois pas. Alors, j'lui ai apporté du café dans une carafe. J'ai pensé à tout, c'est surprenant ! Tout est maintenant prêt... il ne reste plus qu'à attendre l'arrivée du principal intéressé. J'dois attendre encore une heure. J'crois qu'il va bien falloir que je m'occupe en attendant. Faudrait pas que je m'éloigne trop et que je me laisse distraire. Et si jamais, quelqu'un essayait de voler tout c'que j'ai posé sur la table ?

L'amitié a toujours eu une place importante pour Albano. Que ce soit pour son meilleur ami aujourd'hui décédé comme pour les amis qu'il s'est fait au cours de sa vie, il s'est toujours assuré d'être un ami fidèle et loyal. Toujours présent et à l'écoute de chacun d'eux. Missy, il la connait depuis si longtemps, elle a toujours été là dans les meilleurs moments comme dans les pires. Tous les deux ont vécu la perte d'un être aimé et cela les a beaucoup rapproché. La blonde est un peu comme une soeur pour lui, une confidente à qui il peut tout dire sans se sentir jugé. Déjà à l'époque, il l'a défendu face à ses détracteurs et encore aujourd'hui, il est prêt à la défendre si elle en a besoin.

Véritable bourreau de travail, son amie le connait bien et se doutait bien sûr qu'il n'allait pas prendre un repas très équilibré, plutôt adepte des sandwichs et casse-croute sur le pouce d'habitude mais la blonde lui avait demandé de le rejoindre à l'heure du déjeuner, il se demandait ce qu'elle avait en tête. Après tout, la jeune maman la surprend souvent avec ses idées et ses histoires loufoques qu'elle raconte parfois au sein du BHC. Il laissa son arme de service dans son bureau et quitta les locaux du FBI en saluant son supérieur, Aiden Adelson qui connait également Missy. Puis se dirigea vers l'extérieur pour retrouver la jeune femme qui avait été bien mystérieuse. Il regardait un peu partout avant de l'apercevoir, songeuse dans le parc. Il s'avança jusqu'à elle alors qu'elle semblait perdue dans ses pensées. Devant elle, une table de pique-nique avait été dressée. Un homme rodait alors, ce que la blonde n'avait pas remarqué, à quoi pensait-elle ainsi plongée dans ses pensées ? Il se posta alors vers l'homme qui s'apprêtait à voler la nourriture, le fixant d'un regard noir.

« Je peux vous aider ? Non mais sans gêne, j'hallucine. » lança-t-il, à l'homme en question.

Face à ses paroles, le voleur se montrait gêné et partit aussi vite qu'il était arrivé. Albano se tourna vers son amie pour la sortir un peu de ses pensées.

« Salut, Missy. Eh bah alors, t'as rien vu ? Heureusement que je suis arrivé à temps, sinon on n'aurait plus de déjeuner. » s'écria-t-il, alors.

Il posa les yeux sur ce qu'elle avait préparé et s'asseya alors sur la table pique-nique, touché qu'elle ait pris le temps de préparer tout ça pour lui.

« C'est toi qui a fait tout ça ? » demanda-t-il, ensuite.

Parce que c'était lui, parce que c'était moi.

Il y a déjà quelques années maintenant que j'ai fait le choix de me lier d'amitié avec Albano Diaz. Ce que nous éprouvons l'un envers l'autre est bien au-delà de l'attirance physique et beaucoup mieux qu'un quelconque lien de parenté qui nous aurait été imposé. Non. Nous avons eu la chance de pouvoir nous choisir. De partager un sentiment réciproque qui dépasse l'entendement ; une forme d'affection, de sympathie et de bienveillance l'un face à l'autre. Au fil des années, Albano est devenu un pilier, une pièce fondamentale dans la machine qu'est ma vie. Ce lien précieux qui nous unit est devenu une source de bien-être dans mon quotidien qui peut sembler, parfois, bien chaotique.
L'amitié nous rend meilleurs ?
Je n'en sais rien, mais pour ma part, je peux affirmer avec certitude que son amitié m'a rendu meilleure. Et que je ne pourrais plus m'en passer.

Après seulement quelques échanges en sms, tout en préparant le déjeuner de mes filles, j'ai eu la brillante idée d'en faire deux de plus ; un pour moi et un pour Albano. C'est décidé. Je ne suis pas de garde aujourd'hui, j'vais donc en profiter pour aller rejoindre mon ami pour qu'on puisse partager sa pause déjeuner ensemble. On a bien des choses à se dire depuis l'temps !

Alors que j'l'attendais sagement sur un banc de parc où j'avais pris soin de déposer tout ce que nous aurions besoin pour notre pique nique, j'entend seulement sa voix s'élever pour s'adresser à un homme beaucoup trop proche de ce que j'avais laissé sur la table. Non mais je rêve dites moi !?! Il essayait vraiment de piquer ce que j'avais laissé là ?! Mais quel culot !

« Bien évidemment Al, tu as besoin de manger » que j'dis en le regardant d'la tête aux pieds « Et comme ce n'était certainement pas toi qui te cuisinerait quelque chose avec un minimum de bon sens, bah... je l'ai fait pour toi. »

Toutes ces paroles accompagnées de ma gentillesse légendaire. C'est tout, il n'y a rien d'autre à comprendre. J'suis comme une petite maman en permanence ; que ce soit pour mes filles, mes patients ou même mes plus proches amis. J'ai un instinct de protection surdéveloppé lorsqu'il s'agit des autres, mais lorsqu'il s'agit d'mon propre chef, j'deviens complètement inoffensive. Pour preuve, y'a un pauvre type qui était prêt à nous piquer tout ce que j'avais mis sur la table et, j'men étais même pas aperçu avant qu'Al intervienne.

Il y a ceux et celles qui comptent qui chamboulent notre vie et Missy a toujours eu cet effet pour Albano. Véritable amie qu'il se surprend à vouloir protéger. Une amitié chère à son cœur, il l'a toujours défendu envers et contre tous lorsque sa naïveté lui jouait des tours. Et encore aujourd'hui, il se montre présent pour elle et est toujours prêt à écouter ses confidences. Quelque part, il a besoin d'elle dans sa vie, après tout elle apporte un peu de douceur dans le chaos. Peut-être que sans son soutien et son amitié, il n'aurait jamais trouvé le courage d'avouer le secret qu'il portait sur ses épaules depuis toutes ses années. Oui, la blonde lui apporte sans cesse de la lumière et il n'imagine pas une vie sans elle.

Toujours heureux de la voir, il lui sourit face à ses paroles. Il lâcha même un petit rire à son commentaire.  

« C'est vraiment gentil de penser à mon estomac, Missy. » s'esclaffa-t-il, alors.

Il riait de plus belle tout en fixant la jeune femme, elle a le don de le connaitre. Il n'a jamais vraiment été un cordon bleu. Cette attention ne pouvait que le toucher, elle lui évitait certainement un fast-food qu'il aurait pris rapidement sans trop chercher à comprendre plus. Peut-être par pure flemme ou tout simplement parce qu'il n'a jamais vraiment essayé de cuisiner quoi que ce soit pour être honnête.

« Alors qu'est-ce que tu as apporté ? » demanda-t-il, curieux de savoir le menu.

Son regard se fixa ensuite sur le panier laissé sur la table mais avant, il voulait prendre des nouvelles de son amie. Se mettre au courant des dernières nouvelles et bien sûr s'assurer qu'elle va bien.

« Comment tu vas ? Qu'est-ce que tu racontes, je suis sûr que t'as un millier de choses à me raconter, te connaissant.  » questionna-t-il, alors.

Missy a toujours été bavarde et sarcastique, des traits de sa personnalité qu'il adore. Ils sont différents, lui est plus calme et réfléchi mais leurs différences font la force de leur amitié, c'est certain.

Ce qu’Albano et moi partageons, je ne pourrais le qualifier autrement qu’une amitié profonde et sincère. Ensemble, nous avons traversé le meilleur, tout comme le pire. Et le pire n’a pas été facile pour aucun de nous. Nous avons eu cette chance, celle de se comprendre, de réaliser que ce qui nous unit, c’est un lien rare et unique. Que nous pouvons compter l’un sur l’autre, peu importe ce qui arrive. Un lien qui nous suivra toute notre vie. Ce qu’Al me fait ressentir, c’est un sentiment de complétude, de bien-être. Comme une évidence. Comme un instinct.

Notre amitié a commencé alors que nous étions au lycée. L’envie d’avoir quelqu’un à qui me confier, une oreille attentive pour écouter mes moindres complaintes. Je savais que c’est ce que j’allais trouver en lui. En cet homme que j’apprécie avec ses nombreuses qualités et ses défauts, sans aucun jugement, jamais. Pas de ça entre nous. Envers lui, j’ai eu la volonté de m’ouvrir, de partager mes sentiments et mes expériences personnelles. Albano est ainsi devenu un véritable confident. Nos fondations sont bien solides, comprenant la loyauté. Jamais je ne pourrais le renier. Il est celui pour qui je reste disponible, le jour comme la nuit. Celui pour qui je monopolise de mon temps, à qui je donne des nouvelles...

Voilà le propos d’aujourd’hui ; Prendre du temps pour nous. Pour nous retrouver, que tous les deux. J’ai fait les efforts nécessaires pour que ce soit possible. Un petit texto envoyé à l’heure du lunch et un panier de pique-nique bien rempli. Et hop ! En moins de deux, je me retrouve devant le lieu de travail de mon meilleur allié contre les intempéris. Il ne se fait pas prier pour me rejoindre d’ailleurs. C’est que je commence à avoir faim moi ! Heureuse de le voir, je le prends dans mes bras pour le saluer. Sourires et rires échangés, maintenant, nous pouvons passer aux choses sérieuses ; manger. C’est que mon estomac est en train de me supplier de le remplir.

- C’est que je te connais bien Al... Dis-je avec une moue ricaneuse. Je sais à quel point tu aimes manger.

Je sors chacun des items qui se retrouvent dans mon panier tout en les énonçant.

- Alors, on retrouve deux sandwichs au jambon et un petit jus de pomme en carton.

Un grand sourire s’étire sur mes lèvres.

- Mais non, j’rigole. Tu sais bien que je nous ai apporté du café et...

Je sors ma bouteille de vin tout en me pinçant les lèvres

- J’espère que t’as tout de même un peu de temps pour prendre un verre avec moi.

J’affiche une petite mine adorable. Celle dont il ne peut rien me refuser. Bon. J’suis pas certaine que ce soit le meilleur lieu, ni le meilleur moment pour prendre un verre. Surtout qu’Al doit bientôt retourner bosser... dans exactement quarante-huit minutes. Deviendrais-je une mauvaise influence sur lui ? C’est le monde à l’envers...

Missy Fitzgerald qui a envie de défier les règles ? Mais quelle mouche t’a piquée ma grande ?

Il y a des personnes qui traversent votre vie pour les changer à tout jamais et d'autres qui s'éloignent aussi vite qu'elles sont arrivées. Albano s'est toujours employé à chérir le peu d'amis précieux qu'il a eu dans son existence, parfaitement conscient que tout ne tient qu'à un fil. Qu'à tout moment, il pourrait perdre n'importe qui. Comme il a pu perdu Naomi et comme Missy a pu perdre son mari Callum. Alors ce fut ainsi qu'il a pu se raccrocher de la blonde comme à une bouée de sauvetage.

Déjà au lycée, il s'était mis en tête de la protéger comme il l'a pu le faire aussi avec Shelby ou encore Naomi. Vie cruelle et douloureuse, pas épargnés, ce trio qui ne demande pourtant qu'à être heureux et apaisés mais quand le deuil s'invite, c'est bien difficile. Cette histoire commune et cette souffrance, c'est ça qui a fait qu'ils sont proches, qu'ils se comprennent. Il pourrait confier toute son existence à Missy, les yeux fermés tellement il lui fait confiance. Mais pas aveuglement parce que jamais, non jamais, il ne doutera de la loyauté de cette amie si fidèle et chère à son cœur.


La blonde l'a toujours fait rire par son côté espiègle et parfois un peu naïve mais comme ne peut-il pas l'aimer ainsi ? Elle est comme ça et pour rien au monde, il voudrait qu'elle change. Petite surprise et attentions qui font plaisir. Se laissant prendre dans les bras de cette alliée de toutes les tempêtes, il lui sourit et finit par rire à ses paroles et surtout lorsqu'il entendit un petit grognement venait de son ventre.

« Je crois plutôt que c'est toi qui a faim mais oui tu as raison, mangeons.  » lança-t-il, amusé.

Il regarda la blonde sortir ce qu'elle a préparé tout en le contant à la manière d'une héroïne d'un conte de fées. Nouvel éclat de rire.

« Tu rigoles mais sur un instant j'ai failli te croire, faut dire que t'énonces ça si bien à la manière d'une conteuse. » plaisantait-t-il, alors.

Il la regarda sortir sa bouteille de vin, officiellement il n'a pas le droit de boire pour son service mais comment lui refuser et puis pas question de la laisser finir la bouteille toute seule. Et au pire, ils la finiront un autre jour avec Shelby, peut-être.

« J'ai peu de temps mais oui. Un seul verre par contre, je suis pas sensé boire au boulot. » s'écria-t-il, ensuite.

Cette dangereuse proposition de Missy ne put que le faire sourire, d'habitude elle est plutôt du genre à s'offusquer face aux attitudes plus dévastatrices qu'il peut avoir mais s'il avait bien une personne qui était encore plus dévastatrices que lui, c'était bien Shelby. Bateau à contre courants qui cherche à trouver le chemin loin de la tempête infernale qu'est sa vie.

« Tu penses qu'on envoie une photo à Shelby ? Pour lui montrer ce qu'elle rate ? » demanda-t-il, presque innocemment.