Drôle de réunion de famille ; w/Albano&Charlie

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tw :: Aucun.

J’inspire profondément, regardant en direction de cet immeuble à appartement américain, tout ce qu’il y a de plus banal à Monterey. J’angoisse, c’est vrai. Je m’apprête à rencontrer l’homme qui aurait dû être là pour moi, durant toute ma vie. Je ne connais pas son histoire, ni celle qu’il avait avec ma mère. En fait, je ne sais strictement rien de lui… d’eux, et j’espère avoir toutes les réponses aujourd’hui. Je suis prête à les entendre. La main de Rosalie sur ma cuisse qui tente de me rassurer est d’un grand soutien. Alors, je me tourne vers elle, le regard complètement paniqué. Je crois que je suis sur le point de fondre en larmes. Cette pression que je ressens au fond de moi s’accumule. Il y a tant de choses qu’elle ne sait pas. Tant de choses que j’aimerais lui dire mais je me sens bloquée. Je suis si triste, mon cœur est en miette et affronter cette vérité que j’ai toujours voulu me fait très peur.

Et si je n’y arrivais pas ?

Je lui demande, plongeant mes yeux dans les siens, à la recherche de la moindre petite étincelle qui pourrait m’aider à affronter toute cette histoire. Rosalie est tellement parfaite dans son rôle de tutrice, et même plus, je dirais. Elle a changé, ces derniers mois. Ça reste que ce n’est pas toujours facile entre nous, en vrai j’suis pas la meilleure fille qu’on rêve d’avoir mais en ce moment, elle s'accroche, la pauvre. Je lui fais vivre un véritable enfer, mais ce n’est pas volontaire de ma part. Mes agissements sont liés à la profonde douleur que je ressens depuis que… qu’il…

Tu vas y arriver Adaline, j’ai confiance en toi.

Je hoche la tête tandis que Rosalie dépose un baiser sur mon front. Je ne sais pas trop ce qu’elle ressent, à cet instant, mais je sais qu’elle ne désire pas m’accompagner. Elle est prête à attendre dans la voiture le temps qu’il faudra, alors je sais qu’elle ne sera pas loin, si quelque chose tournait mal. Y’a pas de raisons que ça finisse mal mais dans le doute, j’aime mieux savoir que ma tutrice se trouve dans les parages pour me sortir de là, au besoin.

J’inspire une nouvelle fois, me dit que je suis capable. En sortant de l’habitacle, je récupère deux petits paquets cadeaux que j’ai soigneusement emballé moi-même pour… elle et lui. Je ne voulais pas venir les mains vides, ça ne se fait pas, en ce jour du lendemain de Noël. Et puis, ce n'est pas grand chose, de toute façon. Rosalie trouve le geste adorable de ma part, alors… Quittant ma zone de confort, j’arrive devant l’appartement, et repère après quelques minutes la sonnette de l’agent de police : Albano Diaz. Tout de suite, je me mets à songer au fait que s’il ne m’avait pas abandonnée, je m’appellerais Adaline Diaz. À vrai dire, Sharp, ça en jette une bonne couche, c’est le nom que ma mère portait, et c’est la seule chose qui me reste d’elle… et une photographie. J’entre alors dans l’immeuble, la porte déverrouillée, et je monte à l’étage indiqué par l’inscription sur la boîte aux lettres. Devant la porte, je frappe doucement. J’ai encore le temps de fuir si je veux, il ne m’a sans doute pas entendue… Et à l’instant où je pensais tourner des talons, la porte s’ouvre sur l’homme que je trouve drôlement plus imposant que la dernière fois, dans cette salle d’interrogatoire où je faisais clairement la maligne. Je l'ai provoqué et là… Je me sens carrément penaude. Dans mes petits souliers. La tête de Charlie apparaît dans l’entrée, et je ne peux m’empêcher de la fixer. Elle lui ressemble tellement. C’est effrayant. Je sais qu’elle ne peut pas être ma mère, je n’aurais jamais de seconde chance avec elle, alors, nerveusement, je tends les mains, contenant leurs cadeaux respectifs.

C’est un porte clé, et euh... un foulard… c’est pas grand chose.

L’idée d’un cadeau emballé, Ada, c’est de ne pas dire ce qu’il y a dedans. Pour l’effet de surprise, c’est raté !

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“ I hail from the dark side. For all my life, I've been besieged. You'd be scared living with my despair ”

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tw :: Mention de décès et d'alcoolisme.

I don't want a lot for Christmas
There is just one thing I need
I don't care about the presents
Underneath the Christmas tree
I just want you fo…

TA GUEULE, TOI!

Excédée, j’finis par éteindre l’enceinte qui était en train de diffuser le genre d’atrocité de Noël contre lequel on ne peut rien faire. Chaque année, dès que la période d’Halloween est passée, c’est indiscutable, la Queen Maria quitte ses quartiers et fait son grand retour, pour nous casser les oreilles et nous exaspérer avec son tube planétaire. Et franchement, j’ai pas envie de ce genre de distraction détestable, tandis que je m’apprête à rencontrer officiellement… ma nièce.
Et ouais, rien que ça.
On a réussi l’impossible, ‘fin, c’est plutôt Albano qui a travaillé le sujet. Grâce à ses relations plutôt cordiales avec Rosalie, la tutrice d’Adaline, il nous a organisé ce lendemain de Noël et enfin, nous allons pouvoir nous retrouver. Tous les trois.
Comme un semblant de famille que nous devrions pourtant déjà être depuis longtemps.
Expirant longuement et me retenant d’aller chercher une bière bien fraîche dans le frigo, j’finis par tourner la tête vers Albano et j’lui souffle, dans une moue étrange:

Euh… Désolée, Albano. Mais elle me cassait les oreilles, cette conne.

C’est vrai, après tout, j’suis pas chez moi, et j’prends déjà mes aises. La rencontre se déroulant chez Albano, j’me suis pointée à l’aube, j’étais de toute manière incapable de trouver le sommeil. Ça fait des jours que j’combat mon envie de descendre une bouteille de vodka alors j’peux pas lutter sur tous les tableaux, mon impatience était trop grande. J’avais fini par attendre sept heures du matin pour sonner chez lui, avec dans une main une boîte remplis de biscuits de Noël et dans l’autre le cadeau que nous souhaitons conjointement offrir à Ada. Et depuis tout ce temps, j’tourne en rond, comme un lion en cage et résiste à ma détestable pulsion. Des jours que je suis sobre, c’est pas maintenant qu’il faut tout gâcher, ma petite Charlie, pas maintenant que la ligne d’arrivée n’a jamais été aussi proche.
J’suis carrément nerveuse. J’tente de lisser ma robe, enfin, la seule que j’ai réussi à dégoter d’à peu près présentable. D’un noir plutôt discret, j’ai emprunté la salle de bain d’Albano afin de me faire une beauté mais j’crois que c’est un échec monumental.
J’ai toujours ces putains de cerne et cette foutue angoisse collées au visage. Malgré tous mes efforts, je ressemble à un zombie… Et tandis que je croise une nouvelle fois mon reflet dans le miroir, je soupire et me met à douter..
Mais quand la sonnette retentit, j’me fige. Chaque muscle de mon corps se tend et pourtant, j’arrive à sortir de ma torpeur quelques secondes plus tard afin d’aller ouvrir.
J’me retrouve face à Ada. Et là, bordel, c’est le choc.
Putain, Naomi. Si tu pouvais la voir. Ta fille. Elle est… Tellement parfaite. Chaque trait de son visage te ressemble, ma sœur, mais… Ce n’est pas toi pour autant.
Et ça, putain, ça me provoque une chienne de douleur dans le ventre. Mais j’arrive à la surmonter, tandis qu’Ada me tend un paquet, m’expliquant ainsi que ce sont deux présents, un pour chacun de nous. Chacun des adultes qu’elle aurait sans doute aimer connaître il y a des années et qui font une arrivée tornituante dans son existence de jeune femme.
D’une voix faible, je me contente de murmurer un simple:

Merci…

Très émue, je détourne le regard quelques instants, histoire de reprendre mes esprits. Putain, qu’est ce que c’est dur! J’pensais être prête pour cet échange mais en réalité…
Bah, comme d’habitude, j’avance à l’aveugle, me contenant pour ne pas exploser en plein vol…
Me reprenant, je pousse un petit cri et ajoute, tout en lui intimant d’entrer dans l’appartement:

Euh… On a aussi quelque chose pour toi mais…

… Mais j’sais pas, j’crois que tout ça, ça va trop vite pour moi. Pour nous. Paniquée, j’me tourne vers Albano, j’cherche de l’aide.
Parce que c’est fini le temps où nous pouvions nous permettre de nous faire la gueule… Plus de face à face, plus de confrontations.
Maintenant, nous sommes côte à côte pour vivre la plus étrange des après midi de toute notre existence…

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tw :: Mention de décès et d'alcoolisme.

Et si Adaline ne venait pas finalement ? Et si elle refusait tout simplement de connaitre cette vérité qui fait mal. Albano se souvient encore des fêtes de fin d'année de l'année dernière où il a dû lui mentir, se montrer comme le flic qu'il a toujours été. Mais aujourd'hui, tout est différent. Lorsque Charlie est arrivée au petit matin, il s'était senti bizarrement mieux. Un peu de soutien. L'autre conne qui chantait sa chanson insupportable et il bénissait la brune d'avoir mis fin à ce calvaire.

« T'excuses pas. Elle est insupportable. Je la supporte pas non plus. » s'écria-t-il, alors.

Sauvé par le gong ou plutôt par la sonnette. Elle est venue. Il s'empressa alors de déverrouiller la porte, il entendit à peine sa voix si douce à travers le combiné. Encore quelques minutes et elle sera là. Ses mains moites de stress, il faisait les quatre cent pas dans son deux pièces. Dire qu'il avait dû demander à sa petite sœur de l'aider à faire le ménage, chose qu'il se gardait bien de dire à Charlie et Adaline. Lupé n'avait pas posé de questions. Ni même le pâtissier du Cranachan quand il avait demandé une bûche à la pistache. Particulièrement nerveux, il cherchait un peu de réconfort dans le regard de l'ancienne pilote de chasse. Mais la jeune fille était déjà à la porte, il ne pouvait plus reculer à présent. Lorsque la porte s'ouvre sur elle, il crut revoir Naomi des années en arrière.

Qu'est-ce qu'elle lui ressemble, qu'est-ce qu'elle est belle. Pourtant, elle a tant de colère en elle. Et elle devrait pas. Peut-être qu'il est responsable au final de ses malheurs parce qu'il n'a pas voulu assumer dix-huit ans en arrière. Tout ça parce qu'il a préféré écouté ses parents. Il regrette chaque instant. De ne pas avoir été là à sa naissance, ni même à la mort de Naomi. D'avoir été lâche. Un lâche sur toute la ligne.

Charlie cherchait ses mots et même lui encore perdu dans ses pensées mit quelques secondes avant de finalement ajouter.

« Mets toi à l'aise. Tu peux enlever ton manteau et nous suivre dans le salon. » proposait-il, calmement.

Il s'approchait alors d'elle, timidement pour récupérer ses affaires et accrocher son manteau sur le porte-manteau dans l'entrée.

« Oui, on a quelque chose pour toi. Merci pour les cadeaux, fallait pas. J'espère que tu n'as rien contre le chocolat chaud aux guimauves. » poursuivait-il, ensuite.

Stupide, tu es stupide Albano. Il se frotta les mains encore toutes transpirantes de stress et se dirigea dans le salon. Trois tasses fumantes de chocolat chaud posées sur la table à manger et il fixait alors sa propre table en ignorant presque ce qu'il voulait faire. Ridicule jusqu'au bout, la jeune fille devait surement dire qu'il était ridicule et surtout dépassé. Dire qu'ils ont dix-huit Noël à rattraper. Ce premier Noël signe un nouveau départ mais aussi le début des questions qu'elle posera au sujet de sa mère, de l'histoire d'amour qu'il a eu avec elle, de ses erreurs et même de ses souvenirs les plus douloureux. Il fallait bien commencer par quelque chose. Et cette réunion de famille pas comme les autre signe le commencement. Le commencement de tout. Pardonner pour mieux comprendre. Tout ce dont il a peur, c'est qu'elle ne pardonne pas et qu'elle finisse par quitter son appartement en lui laissant des mots tranchants. Et faut dire que si c'est le cas, il l'aura mérité.

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tw :: mention d'abandon.

La profondeur de ma douleur est insoutenable. Pourtant, je vais devoir la mettre de côté, pour quelques heures, parce que je vais rencontrer mon géniteur. Je connais très bien l’agent Diaz. Enfin “bien” est sans doute un peu trop familier dans mon cas, mais j’ai passé de nombreuses fois dans sa salle d’interrogatoire sans me douter une seule seconde qu’il était celui qui avait contribué à me donner la vie. Ce que je ressens à cet instant, c’est plus de la peur que de la colère. En vrai, j’en ai beaucoup accumulé toutes ces années, de la colère mais aujourd’hui, elle n’a pas vraiment sa place dans mon existence. J’aimerais faire les choses correctement, pour une fois. Je tente même de laisser mon chagrin de côté, mais ça c’est bien plus difficile que de le dire. Mon cœur est un volcan en éruption, il crache sa lave qui se répand le long de son cratère, menaçant de tout détruire sur son passage. J’avais vraiment confiance en lui et maintenant, je me sens trahie. Humiliée, à tel point que ça me fait mal. Horriblement mal. Fais un effort, Ada. Pas aujourd’hui. Ne le laisse pas gagner.

Dante.
Il ne peut pas gagner aujourd’hui. Je suis si malheureuse. Je serais bien restée dans mon lit à pleurer toutes les larmes de mon corps mais cela signifie que je leur aurais posé un lapin, à Albano et Charlie. Cela signifie aussi que j’aurais dû rendre des comptes à ma tutrice, et je ne suis pas prête pour ça. Je fais plus que de gros efforts avec Rosalie. Je lui confie pas mal de choses me concernant, à présent. J’ai même enduré ces discussions horriblement gênantes à propos de la contraception et du sexe avec elle. J’vous jure, on n’est jamais prêt pour ce genre de rite de passage. J’ai tellement rougi que je sentais le feu sur mes joues. Une chance, la torture a pris fin assez rapidement.

Mais là, à l’entrée de l’appartement, je suis accueillie par Albano et Charlie, leur tends à chacun, leur cadeau respectif. Et du coup, pour la surprise, on repassera. J’ai pas été très subtile et je crois que c’est surtout la nervosité qui me fait agir comme une conne ! Et cette ressemblance avec ma mère biologique me perturbe autant que la première fois mais cette fois-ci, je ne compte pas réagir de manière démesurée. J’admets que l’autre jour, sur la plage, j'me suis un peu trop emportée. Sans doute était-ce légitime ? J’veux dire ; j’ai perdu ma mère lorsque j’étais bébé, je ne l’ai pas connue et j’aurais eu besoin d’elle plus d’une fois. Pour un câlin, des mots d’amour, une certaine sécurité, des conseils mais surtout des encouragements. Une relation fusionnelle, comme deux copines. Au lieu de ça, je n’ai été que le chèque des allocs tous les mois pour ces profiteurs. Et Charlie face à moi, tel un robot en pleine panne, je réalise malgré moi qu’elle pourrait être toutes ces parts d’elle. Et c’est ce qui me terrifie. Parce que l’idée de ressentir toutes ces choses, m’a traversé l’esprit pour une autre personne : Rosalie.

Timidement, j’actionne mes membres inférieurs, entre dans l’appartement après y avoir été invitée, étonnée qu’ils aient pu penser à moi également.

Pour moi, vraiment ?

Je ne sais pas du tout comment réagir. J’me sens tellement mal à l’aise. En fait, j’sais pas quoi dire, ni quoi faire, encore moins comment me comporter. Mais difficile de se mettre à l’aise quand on se retrouve face à deux inconnus, et pourtant si essentiels dans ma vie de jeune femme. Ils auraient dû faire partie de ma vie depuis toujours, mais c’est pas le cas. Je dois me faire une raison, peu importe l’excuse. Qu’elle soit pleines de bonnes volontés. Ou pas d’ailleurs. L’important, c’est pas de donner une seconde chance, Adaline ? Après tout, l’esprit de Noël, c’est justement ça : Profiter de chaque instant, pardonner, et aimer de tout son coeur.

C’est aussi simple que ça et pourtant… Je dégluti, sentant la gorge se nouer. M'étrangler, presque.Je souris quand même à Albano, hoche la tête dans l’affirmative et d’une voix étranglée, je réponds :

Non, je n’ai rien contre. J’adore ça. Comme la plupart des gens normaux de ce monde, je présume.

Tandis qu’il s’éloigne pour préparer les chocolats chauds, j’essuie mes mains moites sur ma jupe à carreaux que je replace, par la même occasion. Le stress me donne chaud, j’ai des palpitations de dingues !! Je m’approche de Charlie et lui murmure :

Je…J’suis…euh… j’suis contente de te voir, Charlie.

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tw :: Mention de décès et d'alcoolisme.

Heureusement que Albano est là, bordel. J’aurais jamais pensé dire ça de lui, un jour, mais le fait est qu’il gère comme un chef. Ok, notre relation n’est clairement pas… idyllique. Je dirais plutôt qu’elle repose sur trois piliers bien solides: la méfiance, la méchanceté gratuite et l’amertume. Et que le match est intense, chaque coup porté est rendu au centuple. On apprend encore à s’apprivoiser et la tâche est ardue, bien entendu. Mais on finit par se trouver des points communs… Comme notre haine envers Maria Carey, par exemple. Enfin, en même temps, qui ose affirmer l’apprécier, cette Diva d’un autre siècle…?

Le face à face avec Ada est violent… Je peine à trouver mes mots et à enchaîner sur la suite des festivités. Car oui, cette journée est une véritable bénédiction mais également… Elle ressemble à un fantasme sur le point d’être assouvi. Dans mon ventre, une drôle de danse se joue, j’oscille entre l’envie de vomir, de manger, de parler, de me taire.
Heureusement que le maître de maison prend les choses en main, lui suggère d’enlever son manteau, de venir déguster une bonne tasse de chocolat chaud. Bah ouais, Charlie, le chocolat chaud, bordel! Voilà, concentre-toi là dessus. Ne pense surtout pas au whisky que tu pourrais verser dans ta tasse…
Parce que t’as pas envie de tout faire foirer, hein? Tu vas être une gentille fille et tu vas éviter de tout faire foirer, hein…? Hein, que tu vas pas tout faire foirer...?
Tu vas prouver à ta nièce de sang que t’es capable d’être respectable, comme un… exemple?
Ouais, Charlie, commence déjà par la regarder dans les yeux, par lui transmettre toute l’affection que tu lui portes. Ça sera déjà pas mal…

Je referme la porte après que Ada ai fait quelques pas, mes mains se serrent doucement autour du paquet qui renferme mon cadeau. Voilà des années que je n’avais pas ressentie une telle impatience à l’ouvrir, même si je connais son contenu, désormais. Vous savez c’est quoi, le pire, dans toute cette histoire…
Je ne porte pas de foulard.
Mais lui, je compte bien ne jamais m’en séparer.
Le glisser autour de mon cou, dormir avec, le nez collé contre, le nouer autour de la lanière de mon sac à main.
C’est l’offrande la plus précieuse que je n’ai jamais reçu.
Tandis que je finis par poser le paquet sur le comptoir de la cuisine, je sursaute tandis que j'entends Adaline s'adresser à moi. Ses propos me touchent en plein coeur et je peine à lui répondre, extrêmement gênée:

Moi aussi, ma… Moi aussi, Adaline.

Putain, j’ose même pas utiliser son surnom. C’est… Putain, Charlie, mais… Qu’est ce qu’elle va penser de toi, hein? T’es… minable. Pitoyable, en dessous de tout.
Et vous saves pas quoi? Je vais réussir à m’enfoncer, encore un peu plus.

Après m’être raclé la gorge, je tente de rire, ça ressemble davantage à une tentative de ne pas s’étrangler et je finis par lui dire, sur le ton de la conversation, tandis que Albano termine la préparation de ses foutues tasses de chocolat chaud (qui ont l’air bien délicieuses, même si ça me tue de l’avouer) et se dirige naturellement vers le canapé de son salon:

Tu… T’as fini par tester le paddle, au fait? Parce que toujours pas, de mon côté. J’aimerais bien essayer mais… Bon, je… J’aimerais bien qu’on en fasse à deux, un jour…

Ouais, bien joué, Charlie! Évoquer le jour où vous vous êtes rencontrés pour la première fois et la véritable ca-la-mi-té que ça a été… Ouais, franchement, dix sur dix. Carton plein.
Allez, t’es out, va poser tes fesses sur le banc, laisse parler Albano. Laisse faire les grandes personnes.

Naturellement, je prends place dans un fauteuil isolé, laissant ainsi Albano s'installer aux côtés d’Adaline. Je sens bien que c’est le moment de lui offrir sa… son… cadeau. Mais je n’ai pas le courage de l’attraper, alors qu’il est installé juste contre mon dossier. Je suis… captivée par la vision de cette jeune demoiselle.

Elle est tellement belle.
Sous le filet de lumière qui se faufile à travers la fenêtre, un ange passe… Et le visage de Naomi, tel que je m’en souviens, en tout cas, celui de la dernière fois que je l’ai vu en vie, vient se mêler à celui d’Adaline…
Submergée par l’émotion, je me retiens tant bien que mal, renifle, gémis…

J’ai envie de pleurer, putain.
J’ai envie d’une bière, putain.
J’ai envie de revoir ma soeur, putain.

Mais aucun de ses tortueux désirs ne pourra être assouvi, aujourd’hui.
Il faut te contenter de ce que tu as, Charlie. Pas de ce que tu as eu, pas de ce que tu penses avoir.
Non, vis dans le présent. Il te réserve tant de surprises…

Je n’arrive plus à parler. D’une main fébrile, je finis par attraper ma tasse, la lève et prononce ces mots, d’un ton théâtral:

Joyeux Noël! Et puis… Merci. Nous sommes réunis… Après bien des années. Mais euh… Mais j’en suis heureuse. Merci.

Je me réfugie en avalant une longue gorgée, qui me brûle la langue.
Je m’en fous, tout ce que je veux, c’est continuer à ressentir… Peu importe le prix à payer…

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tw :: Mention de décès et abandon parental.

Tous les hommes font des erreurs, c'est ce qu'Albano se dit depuis qu'Adaline est de retour dans sa vie. Peut-être que s'il avait fait les choses autrement, tout serait différent. Qu'est-ce que c'est étrange de se retrouver face à Charlie et Adaline après tout ce temps. Alternant le regard entre l'ancienne pilote de chasse et la jeune fille, il ne savait pas trop comment réagir. Ni même quoi dire et quoi faire. Nerveux et angoissé au plus profond de son être, il ne montrait pourtant rien de ses tourments. Avec le temps, il a appris à masquer ses sentiments pour ne pas inquiéter son entourage.

Acceptant le cadeau tendu par Adaline, il défit le paquet et découvrit le porte-clé. Peut-être que ça tombe bien après tout, vu qu'il a cassé le sien récemment. Lui adressant un sourire, il fouilla ses poches pour accrocher le porte-clé à son trousseau et en profita pour enlever celui qui était cassé.

« Merci, Adaline. On va dire que ça tombe bien, j'ai cassé le mien. » déclara-t-il, simplement.

Laissant alors tante et nièce discuter, il se dirigea dans la cuisine pour préparer le chocolat chaud et ne revint que quelques minutes plus tard avec un plateau et trois tasses.

« Servez-vous ! Joyeux Noël. Je suis très heureux de faire ça avec vous. » s'écria-t-il, enthousiaste.

Il mentirait s'il n'était pas heureux de partager cet instant avec sa fille, ainsi que la jumelle de celle qu'il aimera certainement toute sa vie. Le souvenir de Naomi est là, à la fois dans le sourire d'Adaline et dans le regard de Charlie. C'est douloureux mais c'est le prix à payer pour l'erreur qu'il a commis. Celle de ne pas être un père. Profitant d'un peu de silence, il en profita pour boire quelques gorgées de chocolat chaud. Minutes qui lui parurent des heures, il ne savait pas trop quoi ajouter de plus. Il cherchait ses mots et se décida finalement à en dire un peu plus sur la mère de la jeune fille.

« Ta mère, Naomi avait un talent pour la musique. Chose dont tu sembles avoir hérité alors avec ta tante, on s'est dit que ça pouvait être sympa de t'offrir une guitare. » expliqua-t-il, sérieux.

Cadeau commun qui a demandé réflexion mais qui est vite devenu une évidence. Après tout, c'est bien au festival de Monterey qu'Albano et Charlie se sont retrouvés pour observer les premiers pas sur scène d'Adaline. Observant alors d'un coin de l'œil, sa fille, l'agent du F.B.I. essayait de comprendre ce que pouvait bien se dire une adolescente. Chose qui lui paraissait si compliquée. S'il a le talent pour faire parler les plus grands criminels pour ce qui est de sa fille, il est comme démuni. Perdu face à son regard qui lui rappelle tant celui de sa mère. Naomi est parmi eux, il en est persuadé, c'est elle qui les réunit à sa manière.

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tw :: mention d'abandon.

J’ai été odieuse avec Charlie, quand on s’est rencontrées et avec le recul, je m’en rends bien compte. Je n’ai pas adopté l’attitude de l’adulte qu’on attend de moi, à présent. Je me suis comportée comme une gamine de dix piges et franchement, ce n’était pas correct de ma part. J’avais toutes les raisons du monde de mal le prendre. C’est pas tous les jours qu’on apprend qu’on a une tante et qu’en plus elle ressemble trait pour trait à la femme qui m’a mise au monde. C’est très perturbant, j’ose à peine croiser son regard. Mais si je suis ici aujourd’hui, c’est bien pour faire connaissance. Aussi bien avec la jumelle de ma mère biologique, que ce père que je ne connais pas.

L’avoir croisé à de nombreuses reprises au commissariat parce que je faisais pas mal de bêtises c’est une chose. Apprendre de la bouche de Rosalie qu’il est mon autre parent; Ce père que je n’ai jamais eu mais que j’ai tant rêvé, c’en est une autre. Je me suis mise beaucoup de pression pour venir ici. J’ai hésité. J’ai demandé conseil à ma tutrice et elle a été très compréhensive mais surtout conciliante. C’est pour mon bien, et si je ne le fais pas maintenant, peut-être que je le regretterai. Voilà ce qu’elle en pense. Et puis, je suis depuis longtemps à la recherche de mon identité familiale, de mes origines. Je peux avoir les réponses que je cherche, grâce à ces deux personnes qui ont connu ma mère mieux que personne.

Seule avec Charlie pendant qu’Albano se charge du chocolat chaud, j’avoue à demi-mot que je suis heureuse de la voir. Ce qui est vrai oui, mais j’veux m’excuser pour l’autre fois. Je crois qu’elle n’est pas très à l’aise en ma compagnie. Elle a un comportement bizarre qui me fait froncer des sourcils. J’lui demanderai bien ce qu’il lui prend quand elle me parle de ce fameux jour où j’ai piqué une colère monstre parce que j’voulais rien entendre de ce qu’elle avait à dire… Remarque, c’est légitime. Gênée, je grimace tout en me grattant le crâne:

Ouais, euh… en fait non j’ai pas retenté l’expérience et euh… ouais ouais, on pourrait… c’est hum… En parlant de ça… il…

Je n’ai pas le temps de lui présenter mes excuses pour ce fameux jour qu’Albano débarque avec les chocolats chauds. J’crois que Charlie est soulagée, tiens. Putain que l’air est à peine respirable. J’veux dire, va bien falloir qu’on crève l'abcès et qu’on se dise vraiment les choses non ? Je suis Adaline Sharp, sa nièce. Et lui, mon père. J’veux apprendre à les connaître, parce que j’ai littéralement passé dix huit ans de ma vie sans ma famille et qu’il est plus que temps de ne plus louper une seule seconde de notre existence. Il y a des questions que j’ai envie de poser, bien entendu. J’veux savoir ce qui est vraiment arrivé à ma mère, l’histoire de sa vie, de la leur. Alors peut-être qu’au fond il y aura toujours une partie de moi qui leur en voudra d’avoir fait de moi une orpheline, même si ce n’était pas volontaire, c’est ce qui est arrivé, voilà tout. Mais j’ai écouté Rosalie. J’ai accepté ses mots et si je veux avancer dans la vie, je vais devoir pardonner et leur donner une seconde chance. Parce que la seconde chance n’est pas seulement pour Charlie et Albano, elle est aussi pour moi.

Ma tutrice est géniale et je l’apprécie beaucoup. Elle est la première à m’offrir un véritable foyer où je me suis sentie chez moi, tout de suite. Quand j’ai du chagrin (comme actuellement) c’est le seul endroit où j’ai envie et le besoin de me réfugier. Je ne veux être nulle part ailleurs, ça veut tout dire. Et il n’est pas question que cela change.; Ce n’est pas parce que je retrouve des membres de ma famille de sang, que je dois oublier ma famille de cœur. Il n’y a pas que Rosalie qui m’a offert un foyer, il y a tout le clan Hayes que j’aime énormément. Je fais partie de la famille et ça je le sais, je le sens. Je suis prête à faire de la place pour mes deux familles. C’est ce qui compte le plus à mes yeux.

Buvant mon chocolat chaud, je hoche la tête, souris et souhaite également un joyeux noël à Charlie, puis Albano. Moi qui était stressée comme une folle tout à l’heure, ‘jarrive à me détendre. Un peu. C’est sans aucun doute grâce au lait chocolaté. Il met de la douceur et de la légèreté, dans notre façon de nous comporter les uns avec les autres. Albano m’apprend que je tiens de ma mère, Naomi, pour la musique. J’arque un sourcil. Je ne savais pas qu’il savait… pour moi ? Enfin, j’veux dire, il en a sûrement discuté avec Rosalie, vu qu’ils sont collègues. J’vois que ça. Tout d’un coup, il sort une guitare, flambant neuve, cadeau commun avec Charlie. Pour moi. J’en reviens pas. Je me lève d’un bond, réajuste ma jupe à carreaux tout en me raclant la gorge. J’attrape l'instrument et tente d’aligner quelques mots.

Oh wow, je… je … j’sais pas quoi dire c’est…

Dis merci. Simplement.

Merci !

Elle est magnifique. Je l’observe sous tous les angles. Oui, elle est vraiment parfaite. J’ai explosé la mienne, quand j’ai… Quand Dante a rompu avec moi. J’arrive pas à croire que je me suis laissée emporter par une telle vague de violence, même si c’était un tant soit peu, justifié. Je sais que je n’aurais pas dû. Ce nouvel instrument tombe à pic, c’est vrai mais… je ne suis pas certaine de vouloir l’essayer. Je n’ai peut-être plus envie de faire de la musique, pour tout dire… J’ajoute alors, dans l’espoir qu’ils ne me demandent pas de jouer un morceaux :

Tu peux… enfin… vous. Vous deux… Parlez moi d’elle, s’il vous plaît. Comment était elle ? Elle faisait partie d’une groupe de musique elle aussi ?

Techniquement, j’ai lâché les Primes et je n’y retournerai pour rien au monde…

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T h e . D a r k . S i d e

“ I hail from the dark side. For all my life, I've been besieged. You'd be scared living with my despair ”

KoalaVolant

It's Christmas at… Home@Adaline Sharp & @Albano Diaz & @Charlie Sharp

tw :: Mention de décès et d'alcoolisme.

Je me souviens parfaitement de mon dernier Noël.
Je l’ai passé seule. En tête à tête avec une bouteille de whisky. Puis de vodka. Puis de champagne. J’ai tout bu, toute seule, mangeant à peine quelques chips histoire de me remplir l’estomac.. Ah, ça, j’ai fait la fête, aucun doute là dessus. De mémoire, j’ai envoyé quelques messages à des amis qui passaient Noël avec leur famille, quoi de plus logique. J’ai pleuré de tout mon saoul devant le film “Holidays” et j’ai fini par m’endormir sur la tombe de Naomi, déposant une bille sur le sommet de sa demeure éternelle. Le lendemain, j’étais réveillée par la police locale, qui m’a simplement ramené chez moi.
Que de réjouissances.

Mais cette année, l’ambiance est bien différente. Mon hôte s’est appliqué dans la décoration, dans la proposition de boissons délicieuses, dans l’ambiance festive et parfaitement appropriée. Les retrouvailles avec Adaline sont passées, le stress est à peine évaporé et son cadeau enfin offert. Elle semble aux anges et son… père, putain, que ça fait bizarre de le dire, lui explique les raisons d’un tel choix. Tournant vivement la tête en direction d’Albano, je fronce des sourcils, j’hésite à répliquer. Je me sens mal à l’aise d’être impliquée… Je suis aussi effrayée qu’elle et elle doit le sentir. Mais ma franche répartie n’a pas sa place ni chez Albano, ni au sein de cette discussion triangulaire qui semble avoir trouvé son équilibre. Fulminant, de la vapeur s’échappant sans doute de mes narines, je me contente de sourire et de répliquer, avec un naturel que j’espère convainquant:

Oui, tu… Nous t’avons vu, sur scène, l’autre jour. Tu… Tu étais parfaite. Très impliquée, rayonnante. En phase avec ta musique. C’était un concert très réussi.

Durant cet aveu, je hoche la tête, hésite à pouffer de rire en repensant à mes propres démonstrations de chant solitaire, sous la douche. Durant ces non mélodieux chants, même le pommeau de douche me supplie d’arrêter. Je n’ai pas hérité de ce talent.
Mais Adaline, si.
Le regard qu’elle pose sur cet instrument est sans appel. En vrai mordue de la technologie, je dégote mon smartphone, qui a glissé entre deux coussins du canapé, et le déverrouille, appuyant sans attendre sur l'icône de l’appareil photo. Levant les mains afin de cadrer et de capturer au mieux cet instant magique qui ne dure qu’une poignée de secondes, je me surprends à sourire, tout en demandant à Adaline:

Allez, un joli sourire! Dis… GUITARE!

Putain, j’me crois drôle, sérieusement?! Et le pire, c’est que je n’ai pas avalé la moindre goutte d’alcool. Mais ma fugace bonne humeur se casse pour de bon tandis qu’Adaline nous questionne, au sujet de sa mère. De ma sœur. De ma moitié. Déglutissant, je repose mon téléphone sur l’accoudoir, marmonnant, le regard fuyant:

Elle… Elle jouait sans arrêt. Elle chantait, aussi. Elle… Papa et Maman, ils n’en pouvaient plus, parce que Naomi, c’était du genre à se lever, à quatre heures du matin, et à attraper cette foutue guitare afin de gratter un peu, parce qu’elle avait fait un cauchemar. Elle s’exprimait grâce à la musique. C’était beau à entendre, si tu savais.

Charlie, tu le fais exprès…? Elle peut pas le savoir, la gamine, PUISQU’ELLE N’A PAS CONNU SA MÈRE!
Putain, je vous jure, si j’existais pas, on ne prendrait pas la peine de m’inventer…
La fuite. Encore une fois. Solution de repli, je me tourne vers l’homme de la situation et ajoute:

Mais… Albano pourra sans doute te raconter d’autres souvenirs. Je… Je reviens.

Bondissant en direction de la cuisine, je pose une main sur la poignée du frigo, fermant les yeux, luttant pour ne pas fondre en larmes.
Bois quelque chose de frais, tout sauf une bière, Eugène te remerciera, et retourne au front.
Ne le fais pas pour toi, pas même pour Naomi…
Fais le pour Ada’. Pour cette gamine que tu aimes déjà tant, il suffit de sentir ce cœur dans ta poitrine qui menace d’exploser sous tant d’émotions…

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I wish that I was a stranger in a crowd,
You say my name

and yet I don't hear any sound