J'étais tombé dans le roller derby il y a un moment maintenant. A un moment où j'avais justement grandement besoin de me changer les idées. Evidemment, je n'avais pas pu commencer tout de suite. Puisque j'avais découvert la discipline alors que j'attendais ma petite Annabeth. J'avais du attendre, me montrer patiente, chose pas forcément évidente pour moi. Mais une fois que j'étais disponible, j'avais foncé. Et j'avais tout de suite adoré ce sport. Là je pouvais me défouler autant que je le voulais. C'était mon moment a moi. Une fois lancé, je ne pensais plus a combien la mort de Venus m'avait touché, combien Swann me manquait ou encore combien ma vie était compliqué avec un bébé à mon âge. Quand je pratiquais, je redevenais la Salem d'avant. Insouciante, libre, heureuse. Depuis que j'avais commencé, ça n'avait pas changé. Le derby, c'était mon moment d'évasion. Mais voilà, il allait falloir que je fasse une pause. Je l'appréhendais un peu mais c'était pour une bonne raison. Je ne pouvais pas prendre de risque. Car j'attendais un nouveau bébé et que le roller derby n'était pas vraiment le sport le plus conseillé dans mon état. Mais ça m'angoissait tout de même. J'avais peur que ça me manque, que mon moral s'en aille. Je savais bien que j'avais Aubin et Anabeth, évidemment, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Le derby, c'était aussi une sorte de seconde famille. Et l'ambiance allait me manquer. Evidemment, j'allais toujours passer voir les filles, mais je redoute que ma non participation aux entrainements et aux compétitions change la donne. Aujourd'hui c'est la première séance d'une longue série que je passe dans les gradins, j'essaye de donner un coup de main comme je peux. Mais je me sens déjà de trop. La séance se termine et je discute un peu avec tout le monde, c'est ça aussi que j'apprécie dans la troupe, c'est qu'on prend toujours le temps de papoter. Je quitte la rousse avec qui je discute pour me tourner vers Arabella qui s'approche « Salut ! Comment tu vas ? »

Bon regarder l'entrainement, ce n'est pas aussi drôle que de participer, mais j'aime tout de même profiter de l'ambiance. J'encourage, je taquine et je rigole quand certaines s'écrasent lourdement au sol. Voilà pourquoi ce sport n'est pas très adaptée a une femme enceinte comme moi. Ma main se pose sur mon ventre a cette idée, ce n'est que le début, mais je compte bien prendre soin de ce petit bout dès maintenant. Et puis la séance prend fin et je rejoins les filles, quelques discussions par ci par là. Et puis je salue Arabella, lui demandant comment elle vas. Je souris quand elle me demande comment moi je vais « Oh bien, je m'ennuie un peu et je sais que ça vas être long sans match. Mais je suis heureuse » Oui, même si ce bébé n'était pas prévu dans les calculs et qu'il arrivait un peu tôt, comme sa sœur. J'étais ravie d'avoir un second enfant. Je lui tends une bouteille d'eau alors qu'elle reprends la parole, déclarant qu'en réalité elle n'est pas certaine que tout aille bien. Je plisse le front, pas certaine de ce qu'elle me dit. Des nausées, de l'irritation. Elle déclare qu'elle n'as pas de retard, qu'elle ne le croit pas en tout cas. Mais ça me rappelle bien trop mes débuts de grossesse à moi. Je regarde autour de nous, m'assurant que nous n'avons pas d'oreilles qui trainent. Et puis je pose une main sur son bras avant de demander « Tu as fais un test ? » Je sais que ça peut être angoissant. Mais je lui explique mes pensées « Ce sont des symptômes assez parlant Arabella, tu ne devrais pas les négliger... si tu veux je peux t'accompagner en acheter un » Je ne veux pas lui mettre la pression, mais si jamais elle est enceinte, il vaut mieux qu'elle le sache rapidement, qu'elle puisse prendre une décision et qu'elle ne soit pas coincée.  

L'entrainement est terminé, j'ai hâte de pouvoir remonter sur des patins, mais en même temps je me dis qu'être quelques temps sur le banc n'est pas trop mal, ainsi je peux voir comment joue chacune. En tout cas, je compte bien venir autant que possible. Peut être que je ne pourrais pas jusqu'à la fin, c'est presque certain même, mais pour le moment je peux. Je souris à Arabella qui s'installe en face de moi. Et face à son affirmation, je réponds « Oui je suis heureuse, c'est plus tôt que prévu, mais je suis heureuse » De toute façon, ma vie ne suit jamais les plan que j'avais pour elle, alors un changement de plus ou de moins, ce n'est pas si grave. J'écoute Arabella me parler et je suis troublée, car je reconnais là tout les symptôme que j'ai moi même subit deux fois et qui indiquait une seule chose, une grossesse. Je vois bien qu'elle n'est pas prête a entendre ça et je comprends, quand je suis tombée enceinte d'Annabeth, j'avais tenté de trouver une autre explication, ça ne pouvait pas être ça, je ne pouvais pas être enceinte, j'étais trop jeune et on venait de perdre Venus, ma meilleure amie, la jumelle de Swann. Pourtant c'était bien ça et quand Arabella m'affirme que ce n'est pas possible car elle prend la pilule je ne peux pas m'empêcher de lui répondre « Tu sais, je prenais la pilule aussi quand je suis tombée enceinte d'Annabeth, ce n'est pas fiable à cent pour cent » Je ne veux pas l'inquiéter, mais je ne veux pas non plus qu'elle vive dans le dénis. Si elle est enceinte, l'apprendre le plus tôt possible est le mieux, pour avoir le choix. Elle m'assure que ses règles vont arriver et je grimace un peu avant de poser une main sur son épaule « Si tu veux ... mais si jamais tu as besoin d'aide, sache que je suis là » Je ne peux pas la forcer. Mais je ne veux pas la laisser seule. Je sais que ce genre de moment peut être perturbant, très perturbant même. Et on a besoin d'être accompagné, alors si jamais je peux aider, je le ferais. Je sens que le sujet est pesant, alors je demande « Tu crois que vous allez remporter la prochaine compet ? Je viendrais vous soutenir avec Annabeth ! »