tw : déni de grossesse

Arabella n'arrivait plus à masquer sa nervosité à l'arrivée de sa fratrie et sa belle sœur chez elle, prête à leur avouer toute la vérité. Si celle-ci était connue de Daniel avec qui elle s'est rendue à ce rendez-vous chez le médecin qui lui a confirmé sa grossesse. Son frère lui a été d'un véritable soutien dans cette épreuve, elle a été dans le déni trop longtemps et n'a pas voulu écouter son amie Salem en novembre dernier alors qu'elle lui avait confié avoir des sauts d'humeur ainsi que des nausées. Une certaine honte l'avait gagné depuis lors parce qu'elle a continué sa vie comme si de rien n'était, comme si elle ne portait pas la vie et même si le médecin qui la suivait désormais l'avait rassuré sur le fait que l'alcool qu'elle a ingéré n'influerait pas sur le développement du bébé, elle ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. Comme promis sur la conversation de groupe de la famille, elle avait préparé des muffins salés au thon, ainsi que des cookies. Pourtant en voyant les donuts à la fraise au supermarché, elle ne put s'en empêcher et en avait acheté trois paquets. Prise d'une envie maladive de se goinfrer de ces gâteaux qu'elle déteste d'habitude. A l'instant où elle sortit sa deuxième fournée de cookies du four, elle fut surprise par la sonnette de son appartement. Elle posait alors la grille sur les plaques à induction de sa cuisine et se dirigea vers la porte pour ouvrir au premier arrivé.

« J'arrive ! » lança-t-elle, assez fort pour qu'on l'entende.

Connaissant ses frères, elle savait que la ponctualité n'était pas de mise mais s'il en a bien un qui arrivait bien avant tous les autres, c'était bien Daniel. Elle pariait évidemment sur lui comme premier arrivée et en serait plus que ravie, après tout n'était-il pas le seul à savoir la vérité ? Regrettant le regard de ses autres frères lorsqu'elle en parlera sérieusement, elle prit une grande inspiration avant d'ouvrir la porte. Son ventre arrondi caché encore sous une robe bien large pour que rien ne soit laissé au hasard, elle tâchait de masquer sa nervosité en affichant un grand sourire.

« Je t'en prie entre. Comment ça va ? » s'écria-t-elle, d'une voix presque mécanique.

Elle s'écarta ensuite de la porte pour laisser entrer son invité et retourna dans la cuisine pour disposer ce qu'elle a préparé dans des assiettes. Elle se brûla légèrement les doigts avec les cookies, encore pas totalement refroidis et opta plutôt pour disposer de la sauce dans des bols pour les légumes qu'elle a acheté également pour l'apéritif.

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tw : déni de grossesse

La famille Keller s’est mise d’accord pour se retrouver chez Bella le vendredi soir et je sais très bien pourquoi. Parce qu’elle m’en a parlé de ce sujet sensible ultra secret. Parce que j’ai dû l’accompagner chez le médecin et lui tenir la main, lorsque celui-ci lui a confirmé sa grossesse. J’eu l’impression de replonger des années en arrière, dans des souvenirs moins joyeux, pour faire face à des résultats de tests négatifs et subir les quelques mots du médecin nous confirmant que cette fois encore, ce ne sera pas la bonne. Mais c’est derrière moi tout ça à présent, je ne veux plus y penser, je souhaite sincèrement tourner la page. Oublier prend du temps, mais ne dit-on pas que le temps aide à aller mieux et panse toutes les blessures ? Je ne suis pas certain que les miennes puissent guérir un jour, mais prétendre aller mieux est déjà un bon début en soit. Je m’habillais simplement pour l’occasion et décidais de marcher jusqu’à chez Bella, ça me fera du bien de me dégourdir un peu les jambes. Enfin… en réalité, j’étais nerveux et bien incapable de tenir le volant pour le moment. My god, je stresse comme si l’annonce me concernait, comme si c’était à moi de la faire. Si moi, je suis dans cet état, je n’ose même pas imaginer dans lequel se trouve la cadette Keller.

J’arrive les mains bien chargées et peine à trouver la sonnette de ma petite sœur, qui ne tarde pas à venir m’ouvrir. J’entends le j’arrive derrière la porte et me doute qu’elle doit être aux fourneaux. « Coucou ! » J’affiche un grand sourire rassurant dès que mon regard croisa le sien et entrais sans me faire attendre. « J’suis le premier ? » je demande curieux, parce que j’ai voulu faire l’effort d’arriver un peu en avance, histoire de la rassurer sur le grand saut qu’elle s’apprête à faire. Je la trouve tellement courageuse cette petite, je ne sais pas si j’aurais été capable de prendre de telles décisions à sa place. En tout cas, elle est admirable. Récemment, elle a essayé de me parler de son crétin ex, mais je me suis tout de suite braqué, mettant fin à la discussion. Ce garçon n’est pas digne d’elle, il ne la mérite pas. A l’occasion, je lui redemanderais bien si elle a utilisé le bout de papier qu’il lui a filé, mais pas ce soir. Ce soir, autre chose nous attend. « J’ai pris des boissons, des softs bien sûr et… j’ai pris une tarte. Débordante de crème et de chantilly. Ca apaisera les cœurs. » je lui dis sur un ton réconfortant. Je pose le tout sur sa table et me débarrasse de ma veste avant de me tourner vers elle. « Plutôt bien et toi petite princesse ? Pas trop nerveuse ? » mes questions sont une formalité plus qu’autre chose, bien sûûûr qu’elle doit être nerveuse, ce serait normal. Mais il n’y a pas de quoi, non ? Tout le monde devrait être capable d’encaisser quelque chose d’aussi gros… C’est la réaction d’Ezra que j’appréhende le plus, je me demande comme le big bro va réagir. « Ne t’en fais pas, ça va bien se passer… Puis, je serais là pour glisser une vanne ou deux et détendre l’atmosphère. » j’essaye de la rassurer du mieux que je peux, plus de place pour les doutes ou autre chose de ce type, tout se passera bien, nous y veillerons.

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Arabella nous a tous invité ce soir pour un apéritif dinatoire, qu’est-ce que je déteste ce terme, j’ai l’impression d’avoir quarante piges quand j’entends ça mais bon je n’allais pas faire mon grincheux dés le premier message donc je n’ai rien dit et j’ai accepté son invitation. Il est vrai qu’en ce moment je ne vois pas beaucoup la famille avec mes concerts donc nous retrouver tous ensemble peut vraiment être sympa, même si soyons honnête, je sens la grosse entourloupe. Je ne sais pas qui va être le bouc émissaire ce soir mais en règle générale lorsqu’on se réunit tous comme ça, c’est parce qu’il y en a un qui a grave merdé et qu’on veut mettre les points sur les i ou les barres sur les t comme on dit, encore une expression de vieux si vous voulez mon avis !

Je suis en pleine répétition en studio quand une assistante passe la tête par la porte et me fait remarquer qu’il est déjà tard. Je jette alors un coup d’œil à l’horloge juste derrière moi et je réalise que je vais encore être en retard. Clairement, là il est l’heure à laquelle je devais arriver. Je pose alors ma guitare, salue tout le monde dans le studio et sort du studio. Je n’ai absolument rien à emmener chez ma sœur, et je trouve que ça l’a fout mal surtout si c’est moi qui vais prendre cher ce soir, j’ai donc deux possibilités. Soit je passe par le fleuriste pour aller chez ma sœur, soit je passe par chez moi pour me changer avant d’aller chez Bella, en sachant que je n’aurai rien à lui amener. Je jette un rapide coup d’œil autour de moi, il n’y a personne, heureusement car je pense que l’on me prendrait pour un fou. Je me sens les dessous de bras pour savoir si je pue ou pas… je décide que c’est largement supportable, et me dirige donc vers le fleuriste. Je suis sûr qu’elle aurait préféré que je mette un tee-shirt propre plutôt que des fleurs mais tant pis, pour ce soir ce sera les fleurs !!

Me voila donc devant chez ma sœur, avec plus d’une demi-heure de retard mais un superbe bouquet de fleurs à la main. Je sonne et vérifie une dernière fois que je ne pue pas, malheureusement je suis pris sur le fait accompli car la porte s’ouvre alors que je me sens les dessous de bras. Allez Tommy, fais style de rien, ça va passer !! Je lance alors :

Hé salut toi… ça va ??

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Mais qu’est ce que j’ai fait, en acceptant cette invitation à une réunion familiale, hein?!
On se le demande, bordel de merde.
Je soupire, encore une fois, bondissant hors de ma chaise de bureau ultra confortable, en cuir brossé, tout en attrapant mon yoyo afin de laisser ma main droite s’occuper un peu. Le travail est réellement énergivore ces derniers temps, pourtant, j’en redemande, tel un drogué en manque. Je me connais par cœur, voilà pourquoi j’ai programmé une alerte sur mon téléphone portable afin de ne surtout pas oublier cette réunion avec les autres membres du clan Keller.
Car, que je le veuille ou non, la famille, c’est ce qui compte le plus, dans ma vie merdique.
La mort dans l’âme, je finis par quitter mon bureau, direction chez Bella, la meilleure d’entre nous. Je suis en retard, bien entendu, la faute à ce fichu article qui m’a obnubilé durant des heures, mais c’est la bouche en coeur que je franchis le pas de la porte, après avoir toqué au préalable, m’écriant:

Saluuuuuuuuuuut les Keller, c’est votre vieille branche de frère aîné qui débarque!

Ouais, niveau discrétion, on peut repasser, hein. Et puis, je suis le dernier arrivé… Et je ne pense même pas une seule seconde à m’excuser. C’est le privilège de l’âge, hein, chaque membre de la famille Keller connaît mon emploi du temps surchargé. Fier comme un coq, j’ajoute, le sourire aux lèvres:

J’ai… J’ai ramené des chips. Plein de paquets. Genre, j’ai pris un de chaque, j’espère que ça suffira.

Je lâche le contenu de mon gigantesque sac sur le comptoir de la cuisine, l’inondant ainsi d’une variété impressionnante de collations salées. Bon en réalité, je n’ai pas eu le temps de cuisiner quoi que ce soit, de toute manière, je ne sais même pas où sont rangés les casseroles et moules à gâteaux dans ma propre cuisine. J’ai accompagné cet achat impulsif d’une bouteille de vin rouge d’une qualité supérieure, espérant ainsi satisfaire mes frères, sachant également que Bella ne s’accordera pas le plaisir ne serait-ce que d’une goutte de ce fabuleux nectar. Elle ne sait pas ce qu’elle rate, celle-là. Mais ma sœur est ma princesse, mon adorée, hors de question de la contrarier de quelque manière que ce soit. Lâchant un clin d’oeil à notre hôtesse du jour, je me fais la remarque, tout en grimaçant:

Bon… Je ne sais pas ce que fout Josy, je crois qu’elle devait déposer les garçons au foot… Ou au baseball… Un truc du genre. On va pas se laisser mourir, hein? Qui veut un verre?

N’attendant pas l'approbation de Bella, je me mets à farfouiller dans les placards de la cuisine, débusquant ainsi un tire-bouchon ainsi que plusieurs verres à vin. Servi et n’attendant pas que les autres membres de la famille me donnent le feu vert, je lève mon verre en direction de mes lèvres, avalant une belle gorgée. Claquant ma langue contre mon palais, j’ajoute, après un léger gloussement approbateur:

Aaaaaaaah, une vraie merveille! Bon… Les petits choux, comment ça va? Vous racontez quoi de beau? Vous tirez de ces têtes, qu’est ce qu’il se passe?

Les traits de mon visage se tirent, ma mâchoire se contracte.
Quelque chose cloche. C’est évident, maintenant que je prends le temps de me pencher sur le sujet. Que je les observe enfin, que mon esprit s’occupe de réaliser les déductions évidentes.
Bon… Bah… Allez, hein.
C’est parti pour la soirée confidences des Keller, Acte I!

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