« Regarde c’est notre bébé d’amour  »

Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly

Le sentiment qui me domine en ce moment, c’est le bonheur. Je suis heureux. Je suis heureux comme je ne l’ai jamais été. Il est vrai que par le passé, j’ai connu des moments de bonheur, que ce soit avec Mia ou avec Sio, mais ce n’était que des moments éphémères, jamais je n’ai ressenti ce que je ressens en ce moment. Je suis simplement et irrévocablement heureux. En même temps, comment ne pas l’être dans ma situation. La grossesse de Rose se passe à merveille, d’ailleurs aujourd’hui nous allons peut-être découvrir le sexe de notre bébé, tout se passe exceptionnellement bien entre Rose et moi, notre cohabitation est si naturelle qu’à plusieurs reprises, on s’est amusé à se demander si des anciens nous n’auraient pas déjà vécu ensemble, et ma maladie semble régresser. Donc oui je suis heureux.

Deux mois se sont écoulés depuis ma sortie de l’hôpital, deux mois où avec Rose nous avons fait notre petit nid douillet, deux mois pendant lesquels j’ai subi deux chimios, des moments beaucoup moins agréables mais c’est pour la bonne cause, deux mois pendant lesquels nous avons pu profiter de Maddie, quelques heures un samedi sur deux, mais elle était seule avec nous et ça, ça fait vraiment du bien. Mon bonheur n’est complet que lorsque je sais que je vais bientôt passer un moment avec elle, lorsque nous allons passer quelques heures tous les trois. Nous ne lui avons pas encore parlé du bébé qui arrive, elle est encore trop petite pour réaliser que le ventre de Rose s’arrondit, toutefois je l’ai avoué à la mère de Maddie, après tout, elle finira bien par croiser Rose, ou même lorsque notre enfant sera né, elle le verra bien en déposant Maddie, donc autant être honnête et puis je l’avoue je n’ai absolument aucune raison de lui cacher, ce qu’elle en pense m’importe peu désormais.

Aujourd’hui, nous avons donc rendez-vous dans la clinique Mom&Me pour l’écho des cinq mois de Rose. Elle semble aussi impatiente que moi, et je souris en voyant ma douce faire les cent pas dans la maison. Elle range et déplace tous les objets qui se trouvent à sa portée. Alors quand elle me demande si je suis prêt pour que nous puissions partir, je m’approche d’elle et je l’entoure de mes bras, venant poser délicatement un baiser sur le bout de son nez :

Oui je suis prêt ma douce… on peut partir si tu veux… mais tu sais que l’on risque d’attendre un moment dans la salle d’attente, car nous avons rendez-vous que dans une heure…

« Regarde c’est notre bébé d’amour »

Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly

Rose vient de me demander si j’étais prêt à partir, et même s’il est vrai que je le suis, je ne peux m’empêcher de lui faire remarquer que si nous partons maintenant, il nous faudra attendre un moment dans la salle d’attente. Et ce qu’elle me fait à ce moment là me fait sourire tendrement. Ces petits yeux de chiens battus me font littéralement craquer, et toutes les raisons qu’elle me donne pour partir maintenant, je ne peux faire autrement que de céder, que voulez-vous, elle sait si prendre avec moi. Son tendre baiser sur mes lèvres me plait aussi. Nous avons décidé d’y aller doucement de ce côté-là, je sens que Rose a peur, peur qu’il m’arrive à nouveau quelque chose, mais je reconnais que je commence à avoir très envie d’elle, alors un baiser comme cela suffit à raviver mon désir pour elle. Elle s’éloigne de moi pour récupérer les clés, alors je lui lance :

Allez tu as gagné… on peut partir maintenant…

Je crois bien que dans tous les cas, que j’ai accepté ou non, nous y serions allés dés maintenant. Les clés à la main, elle me demande si je peux conduire, elle se trouve un peu trop nerveuse pour cela et je ne peux que lui donner raison. Mais lorsqu’elle fait une remarque sur mon état de fatigue, je sens qu’il va falloir que je la rassure. Il est vrai que les chimios me fatiguent mais la dernière a eu lieu il y a trois semaines maintenant et je ne me sens pas du tout fatigué aujourd’hui, sans doute que je suis un peu énervé aussi. D’ailleurs, je dois bientôt revoir l’oncologue, car ma dernière séance de chimio, était la dernière programmée avant que je refasse des examens. J’espère sincèrement avoir le droit à un peu de répit. Je lui réponds alors :

Non non ça va aujourd’hui… je ne me sens pas trop fatigué, je peux conduire t’inquiètes… et puis je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose… (posant ma main sur son ventre) qu’il vous arrive quelque chose…

Nous quittons ensuite la maison et nous montons en voiture, alors qu’elle me demande si j’ai des idées de prénom. Il faut l’avouer, nous avons évoqué beaucoup de sujets par rapport à cette grossesse mais pas encore sur le prénom, sans doute car nous attendions l’un et l’autre cette échographie. Je m’installe au volant, attendant qu’elle s’attache et je finis par lui répondre après avoir démarré la voiture :

Si c’est une fille, j’aime bien Liléa… après pour un garçon je t’avoue que je n’ai pas trop d’idée… et toi ? Et oui je suis trop pressé de savoir… d’ailleurs après l’écho on pourra peut-être aller faire quelques magasins, non ?

Oui c’est moi qui propose… mais j’ai envie de profiter de tout ce que cette grossesse peut m’offrir.

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Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly

Rose marque un point en me faisant remarquer que je suis aussi impatient qu’elle d’aller à ce rendez-vous mais je ne lui dirai pas bien entendu. Je sais qu’elle sait, et elle sait que je sais qu’elle sait… enfin bref vous avez compris. C’est plus une question de rhétorique et j’aime nos conversations pour ça aussi. Forcément, la conversation arrive rapidement sur l’une de mes plus grandes craintes, que l’histoire se répète et que je les perde toutes les deux. Heureusement Rose se veut rassurante et elle en profite pour évoquer avec moi une séance photo à laquelle elle souhaite que je participe, en ajoutant cette petite remarque sur le fait qu’elle est pour l’instant toujours belle. Je lui souris tendrement avant de lui répondre :

Avec grand plaisir pour la séance photo, moi aussi j’ai envie d’immortaliser ce moment… mais tu sais, tu es toujours belle et tu le seras encore même à la fin de la grossesse… et même quand tu seras entrain d’accoucher, j’en suis persuadé…

Nous sommes finalement installés dans la voiture, en route pour la clinique et nous évoquons assez facilement les prénoms qui nous plaisent. Il est vrai que nous n’en avions pas encore parlé, j’imagine que le fait d’être en route pour cette écho si importante, nous aide à nous lancer. Rose semble apprécier mon idée pour une petite fille, mais elle a aussi de très bonnes idées, j’aime beaucoup, je dois bien le reconnaître, Alana et Eshan pour un petit garçon. Elle semble d’accord avec moi sur le fait d’aller faire des magasins à la suite de ce rendez-vous pour décorer enfin la chambre de notre futur enfant. Je l’avoue j’ai encore du mal à réaliser. J’avais tellement l’impression de ne plus rien devoir attendre de la vie, et voilà qu’elle m’offre le plus beau cadeau du monde. Et quand finalement, Rose évoque Maddie, je réalise que tout est parfait. Elles s’entendent plutôt bien toutes les deux, il faut dire qu’à l’âge de Maddie, tant qu’on lui donne à manger, qu’on la change et qu’on joue avec elle, tout va pour le mieux. Mais je suis entièrement d’accord avec Rose. Je lui réponds alors, en me garant sur le parking de la clinique, très désert, je trouve :

C’est une très bonne idée… en plus, je suis sûre que ça lui plaira de nous aider à choisir… même si moi j’ai mes petites préférences… mais nous verrons si ce sont les mêmes que Maddie…

Je descends de la voiture et tout en refermant ma portière, j’ajoute :

Tu es tellement exceptionnelle… je suis tellement chanceux… par contre, il n’y a pas grand monde sur le parking… j’espère qu’il y a du monde quand même à l’intérieur…

« Regarde c’est notre bébé d’amour »

Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly

Il y a tellement de choses que j’apprécie dans notre relation à Rose et moi que je ne pourrais clairement pas toutes les citer mais il y a un point que je trouve très important, c’est notre facilité de communication. Et après avoir vécu avec une personne où toutes les conversations se terminaient dans les cris, dans les larmes ou dans le départ de l’autre, je peux vous assurer que ça fait du bien. Et j’apprécie aussi énormément que Rose cherche toujours à intégrer Maddie à ce que nous vivons. Cela rend la situation tellement plus simple. Je suis persuadé que Maddie sera une grande sœur exceptionnelle. Je trouve d’ailleurs que l’idée d’une séance photo est vraiment très bien et je souris tendrement à ma douce lorsqu’elle me dit qu’elle me montrera ce que le photographe. Toutefois, alors que je viens de lui faire remarquer que même à son accouchement, elle sera belle, je sens qu’elle a peur que je ne puisse pas être présent. Je ne tarde alors pas à lui répondre :

Tu sais ma douce… je ne suis peut-être plus médecin pour l’instant mais je connais du monde… je serai présent à ton accouchement de gré ou de force (souriant) non plus sérieusement, ne t’inquiètes pas pour ça, je pourrai être présent même si tu dois subir une césarienne…

Nous sommes finalement arrivés à la clinique, avec un peu d’avance, c’est peut-être pour ça que j’ai la sensation que le parking est vide. Rose vient glisser sa main dans la mienne et tente de me rassurer. Elle a sans doute raison, s’il y avait eu un soucis pour notre rendez-vous, on nous aurait appeler. Je dépose alors un baiser sur le dos de sa main et nous avançons ensemble jusqu’à l’entrée de la clinique. Je lui ouvre alors la porte sans lui avoir glisser doucement :

Honnêtement, je crois que je suis aussi inquiet que lors de mon examen pour devenir chirurgien ou pour mon permis de conduire…

Je suis persuadé qu’elle l’avait senti mais autant être honnête avec elle. Nous entrons alors dans la clinique et la réceptionniste nous accueille avec un grand sourire. Je m’approche d’elle et je donne notre nom. La réceptionniste me demande alors d’aller nous asseoir dans la salle d’attente car nous sommes un peu en avance. Je souris à sa remarque, je ne dirai pas que je l’avais dit mais quand même !

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Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly

Nous sommes désormais installés dans la salle d’attente, et je sais parfaitement que Rose a raison… pas sur le fait que notre petit bébé risque de nous cacher son secret en sentant mon angoisse mais sur le fait que mon stress, il risque de le ressentir. Elle vient de me proposer de boire quelque chose, mais à cet instant je suis incapable d’avaler quoi que ce soit. Je lui fais non de la tête en m’asseyant sur les chaises de la salle d’attente où nous sommes de nouveau seule. Mais finalement en prenant ma tête dans mes mains, je réalise ce qui m’inquiète réellement. Avec la mère de Maddie, je n’ai pas eu la chance de vivre cette écho, que ce soit pour Maddie elle-même car nous avons appris bien trop tard sa grossesse, ou pour tous les autres essais infructueux… et j’ai peur, peur que l’on nous annonce une mauvaise nouvelle, peur qu’il y ait un problème avec notre bébé, même si Rose ne cesse de me dire qu’elle sent notre enfant bougé.

Je me tourne vers Rose, je sens qu’elle est inquiète par mon comportement, alors je lui lance :

Je ne veux pas t’inquiéter… je ne veux pas vous inquiéter tous les deux… car tu sais à quel point je veux que tout se passe bien… mais j’ai peur… peur qu’il vous arrive quelque chose à tous les deux… et cette peur est encore plus forte aujourd’hui…mais promis je vais essayer de me calmer…

Je viens à peine de terminer ma phrase qu’une jeune femme vient nous chercher. Je pensais que nous étions en avance et qu’il nous faudrait attendre. Je suis heureux de voir que notre attente ne va pas être trop longue et en même temps je me demande pourquoi nous passons si vite. J’espère qu’il n’y a pas de maladie dans cette clinique qui aurait vidée les soignants de ces lieux, je n’ai pas envie que Rose attrape une quelconque maladie qui la mettrait elle et notre enfant en danger. Mais je me lève et je prends la direction que nous indique la soignante. Elle nous indique un siège pour moi, et le fauteuil d’examen pour Rose. Je triture mes doigts dans mes poches, l’inquiétude grandissant encore davantage à cet instant. Je tente du mieux que je peux de ne pas la montrer mais c’est plus fort que moi.

Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour Caleb et moi, que ce soit sur le plan physique ou mental. Non, ça n’a pas été simple. Nous avons fait face à une Dame Nature peu coopérante, voire pas du tout, même. Remonter la pente après une telle tragédie, c’est incroyablement compliqué. Je le sais, je suis déjà passée par-là, plusieurs fois malheureusement. Aujourd’hui on tente de tourner la page, de se dire que rien n’arrive par hasard et qu’un jour, nous aurons aussi une fin heureuse. J’ai mis du temps à trouver la force de revenir en ces lieux. Cet endroit, que j’ai bâti avec l’aide de mon associée, et amie. Ça n’a pas été de tout repos mais près de deux ans et demi plus tard, je suis très fière de ce que nous avons construit toutes les deux. Ce lieu est à l’image de notre dévouement envers toutes ces femmes qui, chaque jour, donnent la vie : il est bienveillant et accueillant. Je n’ai peut-être pas pu donner la vie, une fois encore, mais je sais que cet endroit est fait pour moi. Je ne pourrais plus vivre sans lui, c’est une évidence.

J’ai réussi là où j’ai échoué des jours durant. J’ai décidé d’y aller tranquillement certes, mais parfois il faut savoir se donner un coup de pied aux fesses pour se rendre compte que la vie continue d’avancer, que je n’ai pas à m’enfermer dans les ténèbres comme la première fois. Cette fois-ci, je ne dois pas faire en sorte de reproduire les erreurs du passé, au contraire, j’ai décidé de communiquer. De mettre des mots sur ce que nous avons vécu, tous les deux. Ça n'a pas été évident, mais Caleb et moi, sommes plus unis que jamais. Après tout, nous avons fait le vœux de nous soutenir et nous aimer dans les bons comme les mauvais jours et les mauvais jours ne seront plus qu’un lointain souvenir si nous nous donnons la possibilité d’avancer, —malgré les incertitudes de notre vie, ensemble.

Et depuis quelques semaines, je forme un nouvel élève à la clinique: Diego. C’est un jeune homme ambitieux, très énergique et qui donne vraiment le meilleur de lui-même. Nous venons de mettre un petit garçon au monde, sans aucune complication. Un scénario de rêve, évidemment, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Je lui propose de m’accompagner j’ai quelques autres patientes à ausculter mais il peut très bien voir avec Charlotte, elle qui voulait lui enseigner quelques autres trucs cette après-midi. Dans le couloir des bureaux, Eugène m’interpelle en me donnant deux ou trois dossiers dans les bras. Doc Gynéco est absent, il a filé à l’hôpital pour une césarienne en urgence et Charlotte est occupée avec ses patientes. Eugène m’informe que la patiente du premier dossier attend déjà dans mon bureau. Ah je déteste ça !!! Lire la fiche du patient en diagonal ce n’est pas ce que je préfère mais je fais signe à Diego de me suivre et nous entrons à deux dans ma salle d’examen, le nez plongé dans le dossier. Je dis alors :

— Bonjour, le docteur est sur une urgence donc c’est moi qui vais le remplacer aujourd’hui…

Avant de relever la tête, j’ajoute :

— Je vous présente Diego Villanueva, il va m’assister si cela ne v…

Quand je découvre Conrad dans la pièce, avec sa… compagne dans les bras, je prends conscience que je n’ai pas fait le lien, avec le nom de la patiente dans mon dossier : Rose McFly. OH MON DIEU !!!!

J’arrête de respirer, à peine deux secondes. Le temps de me reprendre. Je me racle la gorge, ne sachant pas quoi faire

Prends tes jambes à ton cou Shiv et casse-toi, vite fait !!

La fuite est très tentante, c’est vrai, premier réflexe totalement justifié mais ce ne serait pas professionnel de ma part d’agir aussi puérilement. Du coup, bredouille, je demande :

— Je peux aller chercher quelqu’un d’autre si vous préférez ?

Regard rapide vers Diego qui n’a pas l’air de comprendre ce qu’il se passe et d’un sens, j’ai envie de dire tant mieux, cherche pas à comprendre ce serait bien trop compliqué !

w ; @Rose McFly & @Conrad Jones  

« Regarde c’est notre bébé d’amour  »

Feat. @Conrad Jones & @Rose McFly & @Siobhan Adelson

Je sais parfaitement que Rose a raison et qu’il faut que j’arrête de ressasser le passé pour profiter du présent mais parfois ce n’est pas parce qu’on ne le sait pas, qu’on ne le fait pas… c’est tout simplement parce que notre cerveau ne veut pas nous écouter ! Je lui souris sincèrement quand elle me dit qu’elle m’aime, je l’aime tellement moi aussi. Cette histoire, notre histoire n’est pourtant pas si vieille, mais je l’aime d’un amour infini, comme si je l’avais toujours aimé, comme si le lien qui nous unit avait toujours existé mais que j’avais préféré le cacher, me le cacher pour rester dans une histoire autodestructrice. Lorsqu’elle me demande de l’embrasser, je ne me fais pas prier et je viens poser mes lèvres sur les siennes. Ma main se pose sur sa joue, alors que ce baiser qui se voulait timide s’intensifie largement. Mes lèvres ne semblent pas vouloir quitter les siennes et ma langue passe le barrage de ses lèvres pour retrouver la sienne. Depuis ma sortie de l’hôpital, nous avons été sages, très sages tous les deux. Sans doute parce que j’ai peur de ruiner cette magnifique grossesse… sans doute parce qu’elle a peur que je me retrouve de nouveau à l’hôpital… mais je le reconnais quelque soit la raison, cette attente, ce désir que j’éprouve pour Rose grandit chaque jour un peu plus et si nous n’étions pas dans le cabinet pour l’échographie de Rose, je crois que je n’arriverai pas à me retenir.

Mais voilà nous sommes interrompus, et pas par n’importe qui. Heureusement en entrant elle a le nez sur son dossier, donc mon ex-femme ne remarque pas ce que nous étions entrain de faire. Je lâche les lèvres de Rose à la minute où Sio commence à nous parler mais sans pour autant me reculer. Je n’ai rien à cacher, rien qui me mette mal à l’aise. L’histoire que j’ai pu avoir avec Sio est désormais derrière nous et c’est mieux ainsi, surtout quand on sait ce que l’on s’est fait vivre tous les deux, donc il faut avancer et c’est exactement ce que j’ai fait. Elle nous présente Diego, son assistant apparemment, j’avoue ne pas avoir compris ce qu’elle vient de dire et en nous voyant tous les deux, elle nous propose d’aller chercher quelqu’un d’autre. Je l’avoue, je suis plutôt surpris. On ne peut pas dire que l’on soit devenu amis tous les deux, mais j’ai l’impression que nous avons une relation plutôt cordiale, sans doute grâce à Maddie, mais je ne vois absolument aucune raison pour laquelle nous voudrions quelqu’un d’autre, de mon côté en tout cas. Il est vrai que j'en ai beaucoup voulu à mon ex femme, je n'ai d'ailleurs pas sombré dans l'alcool sans raison, mais voilà, cette descente aux enfers, et ensuite mon histoire avec Rose m'ont permis de faire le deuil de notre relation. Je dois toutefois reconnaître que si la situation était inversé et que Sio vienne avec son nouveau mec et leur enfant me voir en consultation, je ne sais pas comment je réagirais. Mais là à cet instant tout ce que je veux c'est savoir si mon bébé, si notre bébé va bien, et je l'avoue le reste n'a que peu d'importance à mes yeux... surtout pas Sio... Toutefois je serre la main de Rose, je ne suis pas tout seul dans cette histoire et je tiens vraiment à ce que Rose se sente à l’aise. Je me tourne alors vers elle et je lui demande :

Tu veux quelqu’un d’autre ma douce ?

Me tournant vers Diego et Sio, j’ajoute :

Parce que moi ça ne me pose aucun soucis ! je veux juste savoir si notre bébé va bien…

Après réflexion, je comprends aussitôt que la plus mal à l’aise dans cette pièce, c’est moi. Et avec raison. Je n’ai pas demandé à me retrouver face à mon ex-mari et sa compagne. Je n’ai pas demandé à prendre Rose en charge pour son examen. J’ai pourtant proposé une porte de sortie mais c’était surtout pour moi-même. Chose qu’ils refusent tous les deux. Après tout, le problème, c’est moi qui le crée, n’est-ce pas ? Pour le bien de tout le monde et surtout pour celui de Madeleine, je prends beaucoup sur moi, même si ces derniers temps, ça ne va pas fort dans ma vie privée. J’éprouve de la difficulté à ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Sans doute qu’il est trop tôt encore de reprendre le travail avec ma condition mentale un peu branlante. Certes, passer à autre chose est en soit une voie que je dois absolument emprunter afin de ne pas s’effondrer à la moindre annonce de grossesse, ou la naissance d’un bébé en me disant, ça aurait dû être moi. Je ne peux pas continuer à être sur cette pente glissante alors même si j’ai toute la volonté du monde de vouloir accepter ce qu’il nous est arrivé, savoir que je suis sur le point d’ausculter la compagne de mon ex mari, en essayant de partager leur bonheur… c’est un peu compliqué pour moi.

Quelque part, je lui en veux d’avoir cette facilité de fonder une famille (pour ce que j’en sais… après tout, je ne connais pas leur vie privée et j’aime mieux ne pas savoir) alors que moi, je n’essaie même pas et je ne récolte que du chagrin. Alors on peut parler de jalousie, ou plutôt d’envie mais je crois que c’est un sentiment propre à l’être humain. Il est surtout question de ne pas le laisser gagner du terrain. J’ai pas envie de me morfondre pour le restant de mes jours ou en avoir à la terre entière de nous avoir privé du bonheur d’être parents, Caleb et moi. Et à présent, je ne sais plus si je suis capable de tout recommencer. La peur nous paralyse, égoïstement. Elle empêche tellement de choses qu’on peut se sentir rapidement pris au piège. Je ne dois pas la laisser me submerger. Alors, je souris. J’offre un visage professionnel tout en serrant la main de Rose qui s’adresse à moi. Ne pas laisser les émotions me trahir… c’est tout ce que je dois retenir.

— Bien. Il y a une cabine juste là, pour vous changer. Vous enlevez juste le bas et vous enfilez cette blouse.

Celle qui est posée sur la table d’examen et que je tends à la future mère. J’ajoute ensuite :

— Puis, vous pourrez venir vous installer ici, pour l’échographie.

Et pendant ce temps-là, je prépare l’échographe, enfile une paire de gants tout en m’installant sur mon tabouret que je fais glisser jusqu’à l’ordinateur. J’ignore un peu Conrad, qui prend place sur le siège, de l’autre côté de la table d’examen, mais c’est parce que je dois surtout expliquer à Diego, la marche à suivre. Il n’en est pas à son premier examen, mais j’aime mieux toujours revoir avec lui, chaque étape. La première sera déjà de mettre la patiente à l’aise, parce que j’aimerais qu’il procède à l’examen. Seulement si la patiente est d’accord, mais il est ici pour apprendre donc, je suis confiante. Et je serais peut-être moins mal à l’aise, par la suite. Qui sait ?

— Vous êtes prête ? Je demande à Rose lorsqu’elle revient et lui explique mes intentions vis-à-vis de mon étudiant afin que je puisse poursuivre son enseignement.

Aller, Shiv’ t’es capable de le faire. Dis toi simplement que Rose est une patiente comme une autre… Et dans le fond, c’est ce qu’elle est. Une patiente comme une autre.

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Après que Rose ait accepté à son tour que ce soit Sio qui l’examine, mon ex femme lui donne la marche à suivre. De mon côté en attendant que la femme qui partage ma vie revienne comme le lui a demandé Sio, je m’installe sur un tabouret de l’autre côté du siège où l’examen va avoir lieu. Sio explique certaines choses à Diego, mais je n’écoute que d’une oreille distraite. Je laisse mon esprit s’évader, je commence à m’imaginer ce que nous allons voir, je parie sur une petite fille, je ne sais pas pourquoi, c’est ce que je ressens. Et tout en pensant au fait que ce sera peut-être une fille, je m’imagine déjà mes deux filles entrain de jouer avec la petite cuisine que j’ai offerte à Maddie. Je les vois s’amuser ensemble, rire… et ça me remplit d’espoir, d’amour. Chaque matin quand je me réveille, pendant un instant, pendant une seconde, j’ai peur, peur que toute cette vie ne soit qu’un rêve, que je suis toujours au plus bas, et finalement je sens Rose contre moi et je sais que je ne la rêve pas cette vie, je la vis, et je la vis le plus intensément possible.

Mes pensées sont toutefois interrompues par le son de la voix de Sio qui demande à Rose si elle est prête. J’échange un sourire avec elle, je pourrai presque répondre à la place de ma douce, tellement elle a été prête tôt pour venir à cet examen mais je ne dis rien et je laisse simplement Rose répondre. Par déformation professionnelle, je le reconnais, je ne peux m’empêcher de jeter un regard à l’échographe mais il est tourné vers Sio et je ne peux absolument rien voir, je vais donc devoir attendre, de toute façon pour l’instant l’examen n’a pas commencé.

Avant de procéder à l’examen, je m’assure que tout le monde est en place. Diego ne s’occupe pas des échographies, il m’assiste, seulement. Alternant, il n’est aux prémices de cette magnifique carrière qui l’attend. Par contre, il s’occupera de l’examen physique de Madame McFly. Chose que je lui ai expliqué afin qu’elle puisse me donner son accord, pour la suite des évènements. Ce n’est pas toujours évident de laisser la place à un étudiant, sans expérience, mais je suis là pour le guider, dans chaque geste qu’il fera. Et puis, s’il n’apprend pas, il ne pourra jamais s’améliorer et acquérir l’expérience dont il a besoin pour poursuivre. Et donc, une fois tout malentendu éventuel dissipé, je prépare la machine et Rose s’installe sur la table. J’explique la marche à suivre à mon étudiant, tandis que la patiente demande une clé usb à Conrad. Tout en relevant sa blouse pour laisser entrevoir un ventre joliment arrondi, je laisse Diego récupérer l’objet à connecter sur l’ordinateur. Toutes les prises de vues seront alors sauvegardées, dans son dossier, et sur la clé usb en même temps.

— On peut y aller.

Sans plus attendre, je lui souris et applique le gel échographique sur son ventre. Très souvent, les patientes sont surprises, du à la sensation de froid qu’il produit au contact de la peau. Réaction que nous avons toutes, malgré que nous connaissons ses effets. Je regarde l’écran, y découvre petit à petit un petit être absolument adorable. Pendant un bref moment, tandis que je joue avec la sonde afin d’avoir une image nette de ses différents membres, j’en oublie le fait qu’il soit l’enfant de mon ex-mari. J’explique à Diego, ce que je fais, bloque l’image, prends les mesures nécessaires et m’assure de sa bonne croissance. Je laisse également les parents profiter de ce petit tête-à-tête avec leur merveille sans pour autant les observer davantage. Je suis déjà pas très à l’aise pour cet examen alors, je préfère ne rien voir du tout, à défaut de ne pas pouvoir mettre un casque sur mes oreilles et ne rien entendre également. Le bébé ne bouge pas beaucoup mais je souris, parce qu’il suce son pouce, alors je lance aux futurs parents pointant mon index sur l’écran :

— Nous avons un bébé endormi qui suce son pouce, là, vous voyez ?… Je vais l’activer un peu.

Diego est attentif à mes explications, tandis que je bouge la sonde un peu plus fermement sur le ventre de la future mère, histoire de réveiller le bébé. Conrad et Rose ont fait part de leur souhait de connaître le sexe du bébé, donc je vais essayer. Et après plusieurs manipulations, j’inspire profondément pour leur dire :

— Ce bébé est timide mais à force de persuasion… je peux vous révéler son petit secret. Vous voulez toujours le savoir ?

A cet instant, je croise le regard de Conrad qui me fait un signe de tête pour me donner le feu-vert. Alors, je tourne l’écran vers lui, afin qu’il découvre par lui-même le sexe du bébé. En espérant que la future mère sera comblée…

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Lorsque Rose revient vêtue de cette blouse, mon cœur s’emballe. Je la trouve tellement belle, je me sens tellement bien avec elle. Elle s’installe sur la table et me prenant la main me demande si je vais bien. Mon sourire vient alors illuminer mon visage et je fais un léger oui de la tête. Je suis tellement ému à cet instant que je n’arrive pas à lui parler. Ces instants, ces moments je n’ai jamais pu les vivre, ni avec Mia car malheureusement sa grossesse n’en était pas encore là, ni avec Siobhan car elle a fait un déni de grossesse, alors je veux en profiter un maximum. Elle vient de dire à mon ex femme qu’elle était prête avant de se raviser et de me demander de prendre la clé usb qu’elle a prévu pour que l’on puisse revoir en détail ensemble toutes ces images. Je me lève alors de mon tabouret, lui lâche la main et file à l’endroit où elle a posé son sac. Je récupère la clé usb avant de la donner à Diego pour que les choses sérieuses puissent enfin commencer.

J’essaie de ne pas regarder l’écran, j’essaie de me concentrer sur ma douce qui se trouve juste à côté de moi, j’essaie de me concentrer sur l’appareil qui passe sur son ventre mais quand je vois mon ex femme appuyer davantage sur le ventre de Rose, l’inquiétude grandit en moi. Que se passe-t-il ? Heureusement, je vois Siobhan sourire, et nous expliquer que notre bébé dort, et qu’il suce son pouce, nous montrant l’écran. Je n’ose pas regarder, cette peur que quelque chose finisse par mal se passer me paralyse. Pourtant, tout semble bien se passer. Je ne descelle pas chez mon ex femme le moindre signe qu’il y aurait un problème et quand finalement, elle nous demande si nous voulons toujours savoir, je lui fais oui de la tête. Bien sûr que l’on veut savoir. Elle tourne alors l’écran complètement vers moi et rapidement, je viens déposer mes lèvres sur celles de Rose avant de lui lancer :

Oh ma douce…. Oh je suis tellement heureux… oh c’est tellement incroyable… je t’aime tellement…

Dans le regard de Rose, j’ai vraiment l’impression qu’elle aussi souhaiterait savoir, j’ajoute alors :

C’est une fille… c’est une petite fille… qui sera aussi belle que sa maman j’en suis persuadé !

Je ne fais que mon travail.
J’examine des patientes à longueur de journée, je prends soin d’elles, je partage leurs joies, parfois leurs déceptions mais c’est plus rare. J’embellis la journée de quelqu’un après chaque visite et je mets au monde des tas de bébés qui arrivent en toute sécurité.
Oui, je ne fais que mon travail.
Ce n’est sans doute pas grand chose pour certain, pour d’autres cela représente l’impensable mais je suis tout le temps heureuse de ce que j'accomplis chaque jour.
Sauf aujourd’hui.

Je n’ai pas envie d’être là, je veux être partout sauf ici. Pourtant, je ne montre pas mes émotions, je reste professionnelle et de plus, je suis accompagnée de mon apprenti, je n’ai pas le droit d’envier ou de jalouser une situation comme celle-ci. Contre mon gré, c’est exactement ce que je ressens et je préfère faire bonne figure devant les futurs parents. Qu’il s’agisse de mon ex-mari et de sa compagne ne doit pas l’atteindre, ça ne devrait plus. Sans doute que ce que je ressens est normal, après tout.

Enfin… Je garde la tête haute, c’est bientôt fini.
Après avoir tourné l’écran en direction de Conrad, afin qu’il annonce le sexe de leur bébé à la future mère, je leur laisse l’intimité qu’ils ont besoin, en m’occupant de Diego. Le dossier est à mettre à jour avec tous les paramètres que l'on aura pris tous les deux et planifier le prochain rendez-vous. Une chance, ça ne sera pas avec moi. Et quand bien même cette situation se reproduirait, je ferais tout ce que je peux pour l’éviter. Et en toucher deux mots à Eugène, d’ailleurs, pour qu’il inscrive une note au dossier afin que je n’y suis plus mentionnée.

Me raclant la gorge pour interrompre Conrad et sa compagne, je leur annonce :

— Toutes mes félicitations… J’ai d’autres patientes à aller voir mais je vous laisse entre de bonnes mains avec Diego, qui va s’occuper de planifier votre prochaine visite, avec votre sage femme habituelle puis, le docteur St-James pour votre suivi de grossesse à risques.

Tout est parfait, c’est juste que je lis dans le dossier de Rose que la surveillance est plus accrue étant donné son âge, donc plus a risques en cas de grossesse tardives. On n’est jamais trop prudent. Je salue donc Rose en lui serrant la main tout en ajoutant :

— Bonne continuation !

Je salue également Conrad, d’un signe de tête avant de quitter la pièce.

w ; @Rose McFly & @Conrad Jones