Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Andrea Hopkins // Nyls Norwood // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
Si indélicate question qui pourrait presque m'offusquer... 46 années de vie, de peur, de doutes, d'incertitudes, de bonheur, de sourires, de joie, de désillusions. Un passé lourd et complexe et une seconde vie qui pourrait démarrer là, d'ici peu...
Célibataire, statut que j'affirme d'un air convaincu alors que sur le papier... rien n'est moins sûr.
Marié du point de vue de la légalité, entourée d'hommes mais un en particulier occupe toutes mes pensées...
Horlogère, passion découverte grâce au destin il y a plus de deux décennies et qui ne m'a jamais quitté depuis. Tantôt escroc en la matière, tantôt créatrice de ma propre marque de montres, femme d'affaires accomplie qui tente de se racheter une conscience.
Depuis peu, généreuse donatrice et directrice de la structure de Day Care, The flight of butterflies Une nouvelle aventure incroyable que je partage avec Stan, mon point d'équilibre dans ce monde professionnel que j'apprends encore à découvrir.
A pris possession d'une des villas les plus prisées de Monterey, sur les hauteurs, avec une vue mer impressionnante. Je n'y suis cependant pas seule, je partage cet espace grandiose en compagnie de Stan, notre cocon rien qu'à nous m'apaise et me stabilise.
Mama Hartley is Back
⦆Possède un rire très étrange, fort, qui interpelle dès qu’il se fait entendre.
⦆Accro à toutes les dernières technologies, écran addict assumée.
⦆Fan absolue des bijoux, de tout ce qui brille, elle a autour du cou un pendentif offert pour sa première fête des mères et aussi une émeraude, présent d’un amant qu’elle ne peut oublier…
⦆Joue du piano de manière effrénée, ne peut se passer de musique, des écouteurs sans fils toujours plongés dans les oreilles.
⦆A un rituel avant chaque échange orchestré (aka arnaque) : bois deux coupes de champagne, cul sec.
⦆Pourrait manger exclusivement sucré, une préférence affirmée pour le tiramisu et la panacotta.
⦆A déjà participé à des marathons, adore courir et l’endurance que cela exige.
⦆A obtenu son permis bateau très jeune.
⦆Déteste porter des jupes.
⦆Se frotte le nez à trois reprises, en boucle, quand elle est perdue dans ses pensées.
⦆Est une généreuse donatrice envers diverses associations et hôpitaux depuis toujours.
You make me
Feel like I'm livin' a teenage dream
The way you turn me on, I can't sleep
Let's run away and don't ever look back, don't ever look back
My heart stops
When you look at me, just one touch
Now, baby, I believe this is real
So take a chance and don't ever look back, don't ever look back
Un coup de tonnerre qui éclate dans un ciel chargé et obscurci depuis le milieu de l’après-midi. Comme pour appréhender une vérité qui s’affilie à mon quotidien: l’été a été long et magnifique mais il semble s’arrêter net par une fatalité impossible à ignorer. Tout s’apprête à basculer et l’horizon devient subitement beaucoup moins radieux. Comme c’est étonnant.
Une nouvelle journée s’achève et je suis partagée: est-il trop tôt pour émettre le clap de fin d’un enchaînement d’expériences extraordinaires ou serait-ce trop tard pour espérer un repos exigé?
Ces derniers temps, tout s’accélère. Je passe de moins en moins de temps à ma boutique, Harnor, ma fierté, la marque de montres qui fait de moi une femme d’affaires désromais irréprochable. Mais la raison de cette attitude est plus que louable: un tout autre projet accapare mon temps et mon énergie. Je cherchais un investissement moralement intéressant, afin, en quelque sorte, de blanchir mon argent mais pas seulement. J’avais à cœur de trouver une cause qui me motivait, qui donnait du sens à ces faramineuses sommes d’argent malhonnêtement gagnées. De fil en aiguille, de repas avec les membres de la haute société en discussions jusqu’à une heure plus que tardive de la soirée, un incroyable projet s’est offert à mon appétit de bienfaitrice. Une structure accueillant des bambins adorables, une Daycare, avait besoin de soutien financier et, accessoirement, d’une directrice. Bien que le premier rôle ait été rapidement rempli, signer un chèque avec un nombre important de zéros n’est qu’une formalité, j’ai été tout d’abord effrayée à l’idée d’endosser le second. Je n’ai aucune expérience avec les enfants, ayant été une mère absente et déplorable ne joue clairement pas en ma faveur. Et pourtant, à la seconde même où j’ai démarré ma visite des lieux, j’ai su qu’une nouvelle destinée s’offrait à moi. Et que je ne pouvais rien faire pour la contredire.
Depuis, mes journées se suivent mais ne se ressemblent pas vraiment: omniprésente, j’occupe des fonctions nouvelles, étonnamment formatrices et très énergivores. Mes collaborateurs font preuve d’une patience infinie avec moi, je leur en suis extrêmement reconnaissante. Du haut de mes… quarante six ans, dieu que le temps passe vite, je réalise que j’ai encore à apprendre et j’en suis toute chamboulée. Mais ce changement significatif de carrière m’apporte un second souffle et tandis que je cherche désespérément un gérant pour ma boutique, je sens que le meilleur reste à venir.
Jusqu’à ce que le pire se présente alors qu’il était évité avec tant de force depuis quelques temps.
Je n’ai pas besoin de voir pour comprendre, il suffit de compter sur mon ouïe. Des cris de bambins qui retentissent tandis que je pousse la gigantesque porte d’entrée vitrée de notre villa commune, à Stan et moi-même. Épuisée, je dépose mon sac à main de luxe sur une console en chêne massif et soupire. Je croise mon reflet dans le miroir mural d’une taille exubérante et tente de chasser un sentiment que je considère comme inapproprié:
Je suis jalouse.
Cet enfant que je côtoie à la Daycare, non sans être dérangée par sa présence. Un petit être qui n’a rien demandé à personne, qui est en pleine santé et qui a cette chance précieuse de pouvoir compter sur ses deux parents… Dont un est l’homme avec qui je partage désormais ma vie.
Henry Harlow.
Un bout de chou dont tout mon entourage vante les mérites et j’exprime tant de remords à éprouver de l’agacement à son égard. Mais après tout… Je dois l’encadrer toute la journée et le retrouver dans mon foyer, n’est-ce pas logique d’être aussi à cran à son contact? Je m’en veux, je m’en veux, je m’en veux… Mais je ne peux rien faire pour éviter cette situation. Je dois la subir, contrairement aux documents que je tiens dans ma main et dont j’aimerais parler à Stan. Il semble bien occupé, déambule dans le séjour aussi vaste qu’un appartement, tentant de calmer son petit garçon adoré, son Petit Roi, comme il aime le surnommer.
Et soudain, l’incertitude.
Ai-je seulement ma place dans cette vie que nous tentons de construire, tous les deux? Suis-je devenue de trop, bien que nous ayons passé de nombreuses années à chercher à nous retrouver? Et est-ce que ma volonté de me détacher de mes obligations passées sera comprise, assez puissante pour renverser la vapeur? Je n’ai jamais été aussi tourmentée que depuis… mon douloureux départ de Monterey. Est-ce une preuve que je dois repartir, à la quête d’une vie moins compliquée…? Et pourquoi ces questions me tourmentent à ce point…?
J’ai la tête qui tourne. J’ai besoin d’un verre, d’une cigarette, de silence… et d’être seule.
Mais Stan remarque ma venue, je sens dans son regard que je ne peux pas partir. Pas le choix: il va falloir assumer ce qu’il lit sans doute son ton visage, très chère Eli…
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Where have you been?
I've been everywhere, man Looking for someone Someone who can please me Love me all night long
L'âge n'est qu'un nombre et non un état d'esprit. Bien que tu affiches aujourd'hui le nombre quarante-huit, tu ne t'estimes pas aussi près de la cinquantaine que ça... voyons ! Tu es né un matin d’hiver, le 28 novembre 1975.
Le cœur à ses raisons, que la raison ignore. Tu as plus d'une femme dans ton cœur, aussi frivole que tu es. Mais y'en a qu'une qui fait battre ton cœur comme jamais ; Seras tu assez courageux pour le lui dire ?
Tu es le président-directeur général (pdg) d'une grande holding financière. Avec ta jumelle qui possède des actions, tu sais que tu peux compter sur elle, en cas de pépins. Parce qu'officieusement, tu es un arnaqueur professionnel de haut niveau. Comme maman et papa l'étaient.
A l’ouest de la ville, dans une maison outrageusement grande, en compagnie de l’amour de sa vie ; Eli
Ma vie ne ressemble en rien à ce que j’avais imaginé, pourtant je l’aime telle qu'elle est. Elle n’est certainement pas parfaite, possède de nombreuses lacunes ainsi que de mauvais choix mais elle me convient. Cependant, peut-être qu’elle ne convient pas forcément à celle qui partage ma vie ; Eli. Je suis père depuis peu, je donne beaucoup de mon temps à ce petit garçon mais pas seulement. Joanne, qui n’est autre que la mère de mon fils, sait que je ne la laisserais pas tomber. J’ai accepté notre situation peu conventionnelle après avoir avalé la nouvelle au mariage de Caleb et Siobhan et bien que je me suis comporter comme le dernier des cons j’’ai vite repris mes esprits afin de d'endosser ce rôle pour lequel je suis fait, j’en ai conscience. J’en ai toujours eu conscience. Il est vrai que ce n’est pas de cette façon que je rêvais de paternité et certainement pas avec une inconnue mais c’est arrivé malgré moi, malgré nous et c’est à Joanne et moi de composer tous les deux pour le bien de notre fils qui n’a pas demandé à naître dans de telles circonstances. La crise est évitée de justesse mais j’ignore si la crise de mon couple pourra être évitée à un moment donné.
Parce que oui, je la sens, cette crise pointer le bout de son nez, je peux sentir sa chienne d'odeur faire vomir les plus combatifs d’entre nous ! Ouais, bientôt, elle va surtout me peter à la gueule, j’suis pas idiot. Depuis quand un homme passe plus de temps avec son ex-amante d’une seule putain de nuit, et de leur progéniture, qu’avec sa chère et tendre qui l’attend sagement à la maison le soir ??? C’est du jamais vu, ça !! Enfin, Eli n’est pas le genre de femme qui attend sagement que son homme rentre à la maison et ça, c’est parce que depuis quelques mois, elle a pris place dans le siège de directrice dans une garderie pour enfants. La même pour laquelle on signe des chèques, afin de permettre à ce genre de l’endroit d’exister dans cette ville pour bon nombre de parents qui ne peuvent pas forcément se payer les services d’une nounou à domicile, ou dans tout autre milieu privé s’y approchant. Non pas que je n’ai pas les moyens d’envoyer une nounou chez Joanne afin de l’aider quotidiennement à s’occuper du petit Henry, mais si mon meilleur pote dit que c’est meilleur pour le développement de l’enfant d’être entouré d’autres enfants de son âge, c’est qu’il a raison. Après tout, il est père, lui aussi ! De ce fait, avec Joanne, on a décidé de l’y laisser quelques heures par semaines pour qu’il s’y habitue et nous aussi.
Par contre, ce soir, je suis de garde avec ce petit homme. Maman a besoin de passer un peu de temps avec monsieur impeccable, dit Eliott, alors j’ai pas hésité une seule seconde. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour les beaux yeux de ce petit être humain qui sent remarquablement bon ? J’ai pas posé de question ni rien. J’ai pris le bébé, son sac contenant toutes ses affaires, son siège auto et j’ai cru bêtement que j’allais passer une soirée merveilleuse, à lui chanter mes chansons comme une casserole dans un murmure gaga. Pourquoi bêtement ?? Ooooh j’ai cru que tout serait parfait, que tout se déroulerait selon mes propres désirs… MAIS NON ! Bébé Henry a décidé qu’il allait m’en faire vivre des vertes et des pas mûres. Parce qu’il HURLE. Il hurle tout le temps et j’sais pas quoi faire !!!!!! J’veux pas appeler Joanne, qui va me dire de le ramener, que j’sais pas m’y prendre, qu’elle va plus me le confier, etc. Etc.etc. J’veux pas qu’elle pense que j’ai échoué avec notre fils et je ne veux pas ruiner mes chances d’être un bon père pour mon fils. Je suis en train de le bercer, de tourner autour de la table basse du salon, en chantonnant, en lui donnant sa suce mais rien n’y fait et c’est à ce moment-là que je vois Eli apparaître dans notre séjour.
Ah, Eli !!
Tu tombes bien… ou pas, d’ailleurs ? Je m’avance vers elle en fronçant les sourcils. J’aime pas la tête qu’elle fait. Et d’un coup j’hésite à lui tendre le bébé dans sa direction. J’ai besoin de souffler, pourtant. J’ai besoin de relâcher mes bras, quelques instants, j’suis mort, j’ai mal partout et le pire, c’est que j’sais plus quoi faire pour calmer les cris du bébé. Encore heureux qu’on n’ait pas de voisins proches, ils auraient déjà envoyé les services sociaux pour mal traitance… FRANCHEMENT !!!! Je tente tout de même :
Prends le s’il te plait, j’ai mal au bras…
Dis-je, en lui présentant le bébé. En vrai, je lui glisse carrément dans les bras sans attendre sa réponse et laissant mes bras le long de mon corps, je soupire bruyamment.
Il arrête pas de pleurer. J’ai tout tenté et j’suis dans une impasse. Peut-être que tu y arriveras, toi…
Je sais que c’est beaucoup te demander Eli, mais là, j’ai vraiment besoin d’aide…
Joanne Prescott // Caleb Adelson // Thomas Fraser // Andrea Hopkins // Nyls Norwood // Gregory Sutterlee // Valeria Myers // Stefan Salomon // Charlie Sharp // Christa Alcaraz // Oonagh Fitzgerald
Si indélicate question qui pourrait presque m'offusquer... 46 années de vie, de peur, de doutes, d'incertitudes, de bonheur, de sourires, de joie, de désillusions. Un passé lourd et complexe et une seconde vie qui pourrait démarrer là, d'ici peu...
Célibataire, statut que j'affirme d'un air convaincu alors que sur le papier... rien n'est moins sûr.
Marié du point de vue de la légalité, entourée d'hommes mais un en particulier occupe toutes mes pensées...
Horlogère, passion découverte grâce au destin il y a plus de deux décennies et qui ne m'a jamais quitté depuis. Tantôt escroc en la matière, tantôt créatrice de ma propre marque de montres, femme d'affaires accomplie qui tente de se racheter une conscience.
Depuis peu, généreuse donatrice et directrice de la structure de Day Care, The flight of butterflies Une nouvelle aventure incroyable que je partage avec Stan, mon point d'équilibre dans ce monde professionnel que j'apprends encore à découvrir.
A pris possession d'une des villas les plus prisées de Monterey, sur les hauteurs, avec une vue mer impressionnante. Je n'y suis cependant pas seule, je partage cet espace grandiose en compagnie de Stan, notre cocon rien qu'à nous m'apaise et me stabilise.
Mama Hartley is Back
⦆Possède un rire très étrange, fort, qui interpelle dès qu’il se fait entendre.
⦆Accro à toutes les dernières technologies, écran addict assumée.
⦆Fan absolue des bijoux, de tout ce qui brille, elle a autour du cou un pendentif offert pour sa première fête des mères et aussi une émeraude, présent d’un amant qu’elle ne peut oublier…
⦆Joue du piano de manière effrénée, ne peut se passer de musique, des écouteurs sans fils toujours plongés dans les oreilles.
⦆A un rituel avant chaque échange orchestré (aka arnaque) : bois deux coupes de champagne, cul sec.
⦆Pourrait manger exclusivement sucré, une préférence affirmée pour le tiramisu et la panacotta.
⦆A déjà participé à des marathons, adore courir et l’endurance que cela exige.
⦆A obtenu son permis bateau très jeune.
⦆Déteste porter des jupes.
⦆Se frotte le nez à trois reprises, en boucle, quand elle est perdue dans ses pensées.
⦆Est une généreuse donatrice envers diverses associations et hôpitaux depuis toujours.
You make me
Feel like I'm livin' a teenage dream
The way you turn me on, I can't sleep
Let's run away and don't ever look back, don't ever look back
My heart stops
When you look at me, just one touch
Now, baby, I believe this is real
So take a chance and don't ever look back, don't ever look back
Ces cris. Ils me rappellent mon petit frère. Bébé adorable dont je m’occupais avec une tendresse sans limite, chacun de mes gestes était surveillé par des parents inquiets à l’idée qu’une maladresse soit commise, qu’une erreur impardonnable se faufile dans ce tableau agréable de famille parfaite. Mais dès mon plus jeune âge, je me suis démarqué par mon extrême habileté, par mon sixième sens maternel qui faisait des miracles quand il s’agissait d’un bébé aussi vulnérable, que rien ne calmait ni n’apaisait, mis à part ma présence. C’est à cette occasion que je me suis sentie si utile, si charismatique. Et ce sentiment ne m’a jamais quitté, il a même alimenté un rêve de toujours, qui a été possible avec mon mari, celui qui a été un père parfait, la moitié d’un tout dont je voulais faire partie.
Harper était déjà grande quand nous l’avions adoptée, je n’ai pas eu le plaisir de la contempler alors qu’elle n’avait que quelques mois d’existence. Grand regret que j’ai gardé pour moi toute seule, comme une femme incomplète, qui ne peut se satisfaire des acquis, qui pense sans arrêt aux possibilités qui s’échappent de ses doigts, telle une fumée impossible à capturer. J’ai aimé ma fille, aussi fort que je le pouvais, j’ai apprécié chaque instant avec elle, jalousant ceux qui ont connu le bonheur de l’admirer alors que le monde ne pouvait pas encore l’atteindre.
Mais cette famille n’existe plus. Je suis toujours sœur de, mère de. Mais ce n’est plus mon quotidien, je l’ai fuit. À deux reprises. Et au fond, je ne regrette rien. Non, désormais, celui qui compte, le seul qui focalise toute mon énergie, tout mon amour, tous mes rêves et mes envies, c’est Stan. Dans cette villa outrancière que nous occupons depuis peu, dans ce cocon que j’ai toujours désiré à ses côtés. Fantôme de la nuit qui pouvait s’enfuir dès que le soleil se levait, rôle que j’occupais, que nous partagions, à tour de rôle. La faute qui ne revenait à personne tant que nous commettions l’infâme outrage d’abandonner l’autre avant qu’il ai eu le temps de s’insurger, de crier à l’aide, d’avouer son profond attachement.
Stan qui a été rattrapé par ses actes, dont il paie allègrement les conséquences. Comme un fardeau qu’il ne pensait jamais connaître mais qu’il accueille à bras ouverts, la joie qui contamine son visage fatigué ne m’atteint pourtant pas. Non, c’est comme si une barrière invisible s’était érigée entre nous et que malgré ce temps infini où nous avons été séparés, rien ne pouvait compter d’autre que ce minuscule bout de chou qui hurle dans les bras de son père. Cet enfant qui n’est pas le mien. Qui m’insupporte sans aucune raison valable mais pour qui je n’ai pas envie de produire le moindre effort. J’admire Stan pour sa capacité à assumer tout autant que je le déteste de m’exclure à ce point de son bonheur. Caprice d’adolescente tandis que le reflet dans le miroir m’affirme tous les matins que je suis une femme que les rides n’épargnent pas, je ne me suis jamais sentie aussi inutile, aussi transparente, telle la spectractrice d’une existence qu’elle ne méritera pourtant jamais, malgré tous les efforts fournis.
Je me couche seule, je me réveille seule. Métaphoriquement parlant. Je me sens tellement écartée, moi qui me pensait être La Pépite d’un seul homme. Mais la déception que je côtoie, elle existe depuis toujours. Ce n’est pas à mon âge que je connaîtrais un tout autre traitement… Il faut apprendre dans la vie à mordre sa langue, jusqu’au sang, afin de rendre silencieuse toute forme de frustration. Aussi marquée soit-elle.
Cette image de Stan débordé, paniqué. Je n’ai pas envie de l’aider, pas envie de m’approcher et le venin qui s’échappe de mes lèvres, impossible de le retenir, il ne me ressemble pas, corps étranger, réaction démesurée tandis que je siffle, telle la sacro sainte méchante d’un dessin animé, colérique et agacée:
Et pourquoi tu ne demanderais pas à sa mère, hein…?
Woah. Je ne pensais pas être capable d’une telle brutalité. Un concentré de la haine immense qui bouillonne en moi, un pur condensé en une seule phrase. Merde, Eli, qu’est ce que tu fais, hein? Tu n’es pas comme ça, tu n’es plus cette femme. Ton impétuosité t’a coûté bien des choses dans ta vie, tu ne peux pas te permettre qu’elle te coûte celui que tu aimes à en mourir. Fais un effort. Fais-le bien, pour une fois. Alors, je finis par soupirer, ferme les yeux pour profiter de ce court apaisement qu’offre mes paupières closes et ajoute, las, si las mais pourtant déterminée à rester dans l’action:
… Passe le moi.
Merde. C’est bien la dernière chose que je désire: le bébé d’une autre dans mes bras creux, qui s’occupent pourtant de le bercer, accompagnée de toute la douceur du monde. Un geste si instinctif, que j’ai reproduis tant de fois au cours de ces dernières semaines avec les occupants de la DayCare. Pourtant, Henry, j’ai tout fait pour soigneusement l’éviter. Car cet être qui n’a rien demandé me provoque tant de tracas, tant de regrets, tant d’aigreur. Mais au sein du foyer que je tente de construire, il prend toute la place, monopolise toute l’attention. Alors, je me plie à ses caprices, sifflote une berceuse, ose même embrasser ses joues tandis que je parcours le salon pieds nus, débarrassée de mes hauts talons hors de prix. Et voilà… Un bébé assagi, qui s’assoupit dans mes bras. Et mon menton qui se dresse à direction du visage éberlué de Stan et ce constat que j'appose tandis que je dépose Henry dans son berceau de fortune:
… Stan. Je n’aime pas ça. Je n’aime pas ça du tout.
S’exprimer est un droit fondamental, un devoir que je me suis toujours juré de respecter, peu importe les conséquences. Mon adversaire du soir est à ma hauteur, de mon niveau. Pourra accepter mes remontrances, mes doutes, ma fureur et à la fois l’extrême bienveillance qui fait trembloter ma voix. Si je m’apprête à plonger les deux pieds dedans, Stan, c’est que je t’aime, tout simplement. Et que je refuse l’idée de te perdre…
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Where have you been?
I've been everywhere, man Looking for someone Someone who can please me Love me all night long
L'âge n'est qu'un nombre et non un état d'esprit. Bien que tu affiches aujourd'hui le nombre quarante-huit, tu ne t'estimes pas aussi près de la cinquantaine que ça... voyons ! Tu es né un matin d’hiver, le 28 novembre 1975.
Le cœur à ses raisons, que la raison ignore. Tu as plus d'une femme dans ton cœur, aussi frivole que tu es. Mais y'en a qu'une qui fait battre ton cœur comme jamais ; Seras tu assez courageux pour le lui dire ?
Tu es le président-directeur général (pdg) d'une grande holding financière. Avec ta jumelle qui possède des actions, tu sais que tu peux compter sur elle, en cas de pépins. Parce qu'officieusement, tu es un arnaqueur professionnel de haut niveau. Comme maman et papa l'étaient.
A l’ouest de la ville, dans une maison outrageusement grande, en compagnie de l’amour de sa vie ; Eli
Tout ce que je voulais, c’était passé un agréable moment avec mon fils mais il semblerait qu’il ait décidé autrement. C’est un véritable cauchemar ; Henry ne fait que hurler depuis tout à l’heure. Pourtant, il a bu son biberon, je lui ai changé sa couche, je n’ai pas l’impression qu’il ait des coliques. Je le berce, je lui donne de l’attention, de l’amour et RIEN N’Y FAIT. Je n’arrive pas à le calmer. J’ai l’impression de ne pas savoir y faire avec mon propre fils et je n’ai pas envie que Joanne pense que je suis un incapable. Pourtant, j’ai envie de l’appeler à plusieurs reprises pour qu’elle aide à trouver le bon truc avec le petit mais si je l’appelle ce n’est pas lui donner le repos dont elle mérite. J’ai pas arrêté de lui demander de passer du temps avec Henry, je ne peux pas faire machine arrière. Même si je n’en ai pas envie. Je continue d’espérer que peu importe ce que j’envisage, une solution finira par porter ses fruits.
Ouais, sauf qu’Eli vient de rentrer. Et c’est peut-être elle, ma solution. Je sais que les mois précédents n’ont pas été de tout repos pour nous. Je me suis montré plus que présent pour une autre femme, simplement parcequ’il a suffit d’une nuit pour que tout bascule dans notre quotidien. Et voilà ce qu’on récolte quand on décide de faire le con, et tout mon avenir s’est joué sur une seule décision. Cependant, je ne regrette pas la finalité de cette nuit, même si dans le fond, j’aurais espéré vivre cette vie-là aux côtés d’Eli. Cette femme, c’est toute ma vie. Je l’ai cherché durant des années, sans savoir qu’un événement nous avait déjà lié par le passé et maintenant que nous sommes enfin ensemble, on dirait que rien ne va comme je l’aurais voulu. Tout va de travers, j’ai l’impression qu’elle me fait tout le temps la gueule. C’est sûrement, ça, mon vieux. Si les rôles avaient été inversés, comment le prendrais-tu toi ? Ouais j’pense que j’agirais de la même manière…
Mais tout s’enflamme dans ma tête, je ne sais plus rien, je ne sais plus quoi faire ni comment me comporter et c’est sans mesurer mes paroles que je demande de l’aime à ma bien aimée… qui ne tarde pas à cracher son venin (ouais ouais, c’est exactement ça ! ) Limite offusqué, j’aboie :
Eli !
Mais quelle mouche l'a piquée ?? Je sais que la situation ne l’enchante pas et j’admets que notre relation qui en prend un sacré coup ne m’enchante pas non plus. Je n’ai pas envie de me disputer avec elle, parce que j’ai décidé de prendre mon fils aujourd’hui. Je n’ai pas envie de me disputer tout court. Hélas, je ne peux rien faire pour changer ça et pas question de renier la chair de ma chair. En tout cas, j’espère qu’Eli ne me demandera jamais de choisir. Je ne la pense pas aussi méchante à ce point mais je crois que la fatigue et l’agissement me font penser dans tous les sens !! Et quand elle finit par soupirer et prendre l’enfant dans ses bras, je ne peux m’empêcher de voir à quel point son attitude change du tout au tout. Elle semble apaisée, chante une berceuse à Henry; chaque geste tendre qu’elle a envers lui ne m’échappe pas. Cette vision d’elle avec un bébé dans les bras, me semble si irréelle et pourtant, j’ai face à moi une femme et un bébé assagi. Je n’en reviens pas qu’en moins de deux minutes, ce petit démon soit devenu un ange, à ses côtés. Je reste sans voix, littéralement. M’approchant d’elle, je viens caresse le crâne chevelu de mon petit garçon, et murmure à l’amour de ma vie :
Mais pourquoi donc ? Eli… Tu… tu viens d’endormir Henry en quelques minutes alors que je tente de le calmer depuis des heures. Je crois qu’il t’aime bien.
Eli est une faiseuse de miracle, de toute évidence. Merci d’être à mes côtés mon amour, même quand ça va mal. Même quand je fais le con et que je trace tout notre avenir sans te demander ton avis…