J’ignore par quel miracle je suis parvenu à traverser cette journée en ayant l’air concentré. À chaque minute, le rappel constant de ce rendez-vous captait le cours de mes pensées, au point que mon assistante a fini par commenter la nature de mon sourire. Impatient ? Moi ? C’est même bien plus que cela. J’ai envie de partager ce moment avec Célian. Envie de déjà y être, de faire une incursion dans son univers, de le découvrir en d’autres circonstances jusqu’à finalement le rejoindre. J’arrive à maintenir une illusion de maîtrise jusqu’à mon arrivée au lieu de rendez-vous. - Salut ! Fais-je pour m'annoncer alors que les commentaires fusent déjà. Mes lèvres se retroussent sur un sourire joueur. - Ah oui ? Tu ne me penses pas taillé pour le mannequinat ? Je joue les offusqués en secouant la tête. Son baiser me réveille et m’apaise tout à la fois. Je n’arrive pas à mettre le doigt sur l’émotion exacte que cela fait courir en moi. Tout ce que je sais, c’est que c’est prodigieux. Alors, à sa question, je le couvre d’un regard énamouré et souffle : - J’en attends pas moins. Sans m’en rendre compte, j’ai parlé à voix basse pour n’être entendu que de lui.

Je m’accorde quelques secondes pour observer l’agence de la maison, adressant un hochement de tête au photographe. J’aurais voulu le remercier d’accepter ma présence, mais, cet avant-goût m’indique que ce n’est pas tout à fait l’ambiance. À Rome, fais comme les romains. - C’est chez toi ou tu loues pour l’occasion ? Curieux par nature, je mets un point d’honneur à me montrer intéressé par chaque personne dont je croise la route. Il faut au moins ça pour laisser un bon souvenir aux autres. Question d’image ! Puis, sait-on jamais, s'il a besoin de mettre la main sur des lieux atypiques, je pourrais m'avérer une ressource solide.

Suite à ce bref échange courtois et détendu, je me penche vers Célian pour lui demander. - Je t’accompagne pour te préparer ? La bonne excuse ! Un excellent prétexte, d’ailleurs. À peine avons-nous quitté la pièce centrale que, d’une impulsion, je me fonds contre mon petit ami pour l’embrasser avec entrain, plaquant mon corps contre le sien. De longues secondes plus tard, ma langue, malicieuse, passe sur mes lèvres. - Tu m’as manqué. Voilà comment je justifie cet élan de passion. Je ne mens pas, d’ailleurs. Je suis dingue de ce mec. Je n’essaie même pas de le cacher.

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C’est ça, le bonheur, non ? Ce vent d’insouciance me donne l’impression d’avoir une bonne dizaine d'années de moins. Même si mon regard ne manque rien du spectacle de sa peau mise à nue, la sensualité de cette rencontre n’est pas la seule responsable de mon impatience. En fait, ce qui m’enchante le plus, c’est que ce soit lui. Je me saisis du tube tendu sans jamais me départir d’un sourire coquin. - Avec plaisir. Ma formule de politesse se charge de velours. - Tu me laisses quelques secondes pour admirer la vue ? Fais-je, en m’exécutant aussitôt. Son corps, sculpté par les heures d’exercices, ravit ma rétine. - Leur directeur de casting est sacrément malin. Tu vas attiser tous les désirs. Il n'aurait pas pu faire un meilleur choix. Loin d’en éprouver une quelconque jalousie, je suis surtout admiratif. Je me mordille la lèvre avant de me décider à ouvrir le contenant. Je réchauffe la substance entre mes mains en m’approchant. - Tends tes bras. Je commence par ces derniers. Consciencieusement, je masse chaque centimètre de sa peau. Je savoure l’esquisse de ses muscles sous mes doigts, observe l’encre de ses tatouages. En un mot, j’en profite allègrement. Je reprends une dose d’huile en m’approchant un peu plus. Les yeux rivés dans les siens, je lui demande.  - Tu te rappelles ? La première fois que j’ai fait ça ? Mes mains passent désormais sur ses épaules. Je descends, sur son torse, son ventre, ses hanches. Les lèvres pincées par la concentration, je mets un point d’honneur à caresser chaque ligne, chaque creux, et chaque bosse. Là, je me penche sur son cou et y inspire profondément. - Évite de me toucher, je ne voudrais pas que tu tâches mes fringues. La bonne excuse.

Un éclair joueur traverse mes iris. Je provoque Célian sans le moindre ménagement. Je le contourne, pas à pas, sans le lâcher des yeux. Une fois dans son dos, je reprends une dose de son mélange. Sauf qu’au lieu de l’appliquer sur son dos, je plaque mes mains sur la ceinture de ses abdominaux. Je m'y forge un appui pour me rapprocher. Mon bassin, bien calé contre ses fesses, je goûte finalement cette recette, directement dans la jointure entre son cou et son épaule. Dans le même temps, mes mains glissent sur la peau de son ventre. Elles furètent à la lisière de son sous-vêtement, se faufilent tout juste sous l’élastique. Je suis parfaitement conscient de n'avoir que quelques minutes devant moi. Ensuite, je devrais me contenter d'assister au spectacle sans plus avoir le droit de le toucher pendant un petit moment. - Ton dos aussi, j’imagine ? Je l’interroge. Mes dents saluent le lobe de son oreille. - Tes cuisses ? Probablement. - Mais, pour ça, va falloir que tu enlèves le reste. Et moi, j'ai déjà très chaud. Des envies me taquinent les sens.

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Le sentir s’appuyer sur moi n’est pas de nature à me calmer. Un frisson d’excitation me remonte les bras en l’entendant souffler. Les lèvres parties à la conquête de sa gorge, je souris en chuchotant ma réponse. - Je réserve mon opinion pour plus tard. Histoire d’être sûr de ce que j’avance. Rien d’autre que des prétextes destinés à me fournir l’occasion de promener ma langue partout pour le goûter. Nos mains jointes sur le haut de son pantalon m'enivrent. Visiblement, aucun d’entre nous n’a décidé d’être raisonnable ! À peine formulée en esprit, cette pensée disparaît, chassée la sensation de sa peau sous mes mains.

La houle de son bassin, venu taquiner le mien, déclenche des filaments électriques dans le bas de mon dos. Cela n'a rien d'innocent. Il sait... Quel effet cela produit. Célian n'ignore rien de mes envies sur la question. Un râle de surprise m’échappe malgré moi. Mes doigts se replient, en riposte, sur la ligne creuse, sous ses hanches. La chaleur me monte à la tête, aussi sûrement que la couleur sensuelle de sa voix me galvanise. Je roule la tête sur son épaule, dans l’espoir de me remettre les idées en place. J’ai bien l’impression qu’il va me falloir tout mon self-control si on veut espérer sortir de cette salle bain dans les temps. Je peux le faire. Je peux y arriver. Dans un sursaut d’orgueil, j’honore encore un peu sa gorge de mordillements. - Je m’en occupe.

Enfin, ça, c’est le projet. Mon corps en décide autrement. Dans une reptation, je fais rouler mon sexe, déjà tendu de désir, entre ses fesses, alors que je sais ce mouvement susceptible d’achever toute volonté en moi. Dans le même moment, je glisse mes mains sous l'élastique de son boxer, de part en part de sa verge, que je brûle de toucher. J’inspire, dans un grognement de frustration. - Je prends très à cœur mon rôle de support, sache-le. Doucement, je fais descendre son sous-vêtement. Je coule un regard d’envie sur son sexe. - Je suis censé te mettre dans les meilleures conditions pour ton shooting, non ? C’est ça ? Excuse-moi, j’ai été distrait. Je ricane contre son oreille, soupire de toute mon envie, frotte une dernière fois ma verge, de plus en plus gorgée de désir, contre sa peau mise à nu, et m’écarte finalement.

Devant lui, j’arbore mon plus beau sourire charmeur. - Te résister, c’est clairement un défi de haut vol. Les yeux plantés dans les siens, j’assume pleinement l’effet dément qu’il me fait. Je plante un genou à terre sans détourner les yeux. Les dents ancrées dans ma lèvre inférieure, je me concentre pour terminer de lui enlever ce foutu boxer le plus lentement possible. Ensuite, je reprends mon office. J’applique l’huile sur sa jambe gauche. Je n’en suis qu’au mollet quand mon attention dérive dangereusement. Mes mains remontent sur sa cuisse tandis que je me penche entre sur son entrejambe. Ma respiration s’alourdit amplement. Ma langue passe sur mes lèvres gourmandes. - Combien de temps tu as, avant que Liam t’appelle, déjà ?

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Mon sourire s’épanouit sous les compliments reçus. La fierté me rend plus audacieux encore. Plus électrique, aussi. Une tension délicieuse m’incendie les reins. Je finis d’appliquer l’huile sur son autre cuisse, minutieusement. Nerveux ? Je relève les yeux vers Célian et cherche à capter son regard. Il n’a aucune raison de l’être. J’ouvre la bouche pour le questionner quand Liam décide de nous interrompre. Je bascule en arrière, prêt à remettre mes projets à plus tard.

J’accuse le sous-entendu d’un sourire un coin. À quel point est-ce discutable de songer à s’envoyer en l’air alors que Célian est attendu par son collaborateur ? Je hausse les sourcils, piqué au vif par la provocation du modèle. - J’ai entendu, oui. Tu crois qu'il est jaloux ? Je laisse planer le doute quant à mes intentions, répondant obstinément à son air de défi. Je snobe littéralement sa main tendue. - Le truc, C… Je bascule de nouveau en avant, les mains plaquées sur ses hanches, en me mordant la lèvre. - Tu n’es vraiment pas censé être dans cet état, non ? Tu as cinq minutes pour te détendre.

Est-ce que ce sera suffisant ? Je relève le challenge. Je m’empare de sa queue dressée. Ma langue rampe rapidement sur toute sa longueur. Dans la foulée, j’imprime des mouvements habiles et me penche pour saluer ses testicules, à ma manière. Cinq minutes, c’est trop peu pour faire des manières. L’idée de le laisser à sa frustration pour en jouer durant la séance photo était très tentante. Sauf que mon envie de l’entendre gémir surpasse toute autre considération. - Lâche-toi ? Ma proposition faite, j’enveloppe son sexe de mes lèvres et grogne mon plaisir, tout bas. Je le prends en bouche, profondément. Cette course contre la montre ne me laisse pas l’opportunité de jouer les gradations. Alors, tentons une ascension fulgurante du plaisir.

Je m'octroie une place plus confortable entre ses cuisses, repoussant l’une avant d’accompagner sa fesse opposée. Je l’invite, lui, tout entier, à laisser libre cours à sa pulsion, à prendre ce dont il a envie. À savourer cette offrande sans honte ni pudeur quelconque. Ma main rampe derrière lui, caresse son dos, glisse son postérieur, s'infiltre jusqu’à titiller la bordure extérieure de son antre. L’autre soutient mon œuvre sur la face opposée. S'il me laisse faire, j'irais un peu plus loin. Juste assez pour lui faire attendre l'orgasme en un temps record.

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Je m’incendie entre ses cuisses, galvanisé par sa façon de lâcher prise. Le rythme de ses expirations, de plus en plus lourdes et sonores, sonne tels des encouragements. J’accueille pleinement le fruit de son plaisir avant de me retirer doucement, non sans un dernier baiser. Déposé juste là, sur la pointe sensible de son gland. Du pouce, j’essuie les traces de son passage au bord de ma bouche.

- Possible, c’est vrai. J’assume pleinement, sans la moindre gêne. La saveur de son baiser me fait frémir de bien-être. Dans un sourire, tout contre ses lèvres, je me plais à riposter. - Je t’ai déjà dit que ce n’était pas le but. Je n’ai rien contre ta santé mentale. Je veux juste te rendre heureux. Le plus possible. Que ne lui vienne jamais à l'esprit, l'idée de se passer de moi. Je me niche affectueusement dans son cou, me moquant soudainement de la couche huileuse lui faisant briller la peau. Célian s’en fiche également puisqu’il vient taquiner mon désir. Sa main sur mon sexe tendu lui vaut un regard empreint de fierté, aussitôt remplacé par un soupir rauque. - J’aime tes indices. Presque autant que sa façon de me vouloir encore, comme s’il n’était jamais rassasié. Si ça ne tenait qu’à moi, nous ne sortirions pas encore de cette pièce étroite. De toute façon, la rumeur dit que Liam a parfaitement conscience de ce qui se passe dans cette salle de bain. Il ne tarde d’ailleurs pas à faire entendre son mécontentement. Je roule des yeux vers le plafond. Je ne ressens ni honte, ni culpabilité. Peut-être que je devrais, mais…. - Tu crois qu’on l’a contrarié ? Je m’en amuse.

Je laisse Célian passer devant. Juste avant qu’il ne quitte la salle de bain, je le retiens par la main. À son oreille, à sa seule attention, je chuchote : - Je ne vais pas te lâcher une seule seconde des yeux. T’es à tomber. Encore plus quand… Il y a-t-il vraiment besoin d’aller au bout de cette phrase ? L’arc de mes sourcils souligne largement ma pensée. J'ai hâte de le voir poser.

Je frotte distraitement l’huile restée dans mon coup. Une fois sur place, le photographe nous accueille d’un air mi- blasé, mi- amusé. Il peut bien dire ce qu’il veut, cela ne m’empêchera pas de sourire. Je me sens bien. Trop pour que cela puisse être remis en question. - On commence par quoi. Je peux me mettre où pour ne pas gêner ? Liam m’indique de rester en retrait tandis que Célian est censé se mettre en place, afin de lui permettre de régler la luminosité directement sur lui. Debout, derrière Liam, je scrute le mannequin, taraudé par un désir inassouvi. Le feu couve au fond de mes reins. Pourtant, c'est l'admiration qui prédomine. Je suis incroyablement fier de cet homme !

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