« Où tu es
J'irai te chercher
Où tu vis
Je saurai te trouver
Où tu te caches
Laisse-moi deviner
Dans mon cœur rien ne change
T'es toujours là mon ange »


ft. @Chayanne Fontes  & Valeria Myers    
Quelque part au Brésil.

tw :: mention de mensonges liés à une grossesse, langage fleuri.

mise en page made in Psyko

Putain de chaleur.
Putain de gamin qui ne fait que chialer.
Putain de compagnie aérienne qui affiche un retard de presque deux heures.
Putain de…

Bon, j’crois que j’suis à court, là. J’ai plus de stock dans ma réserve, plus de raisons pour pester, pour froncer des sourcils, pour être de mauvaise humeur.
Pourtant, j’y peux rien, je suis à cran. Sur les nerfs, à deux doigts d’exploser en plein vol. Excellente idée, hein, tandis que je survole les États Unis afin de rejoindre l’homme que j’aime qui a choisi de s’exiler au Brésil…?

Quelle histoire, franchement. Du genre excellent scénario de film romantique à deux balles, ce genre d’histoire qui me dégoûte, en laquelle je n’ai jamais cru. C’est pas faute d’avoir essayé, pourtant. Je l’ai eu, le coup de foudre, quand j’étais jeune. J’ai laissé l’amour rentrer dans ma vie, je lui ai fait confiance, j’y ai cru, envers et contre tout.
Putain de chute, qu’est ce qu’elle a été douloureuse. Ouais, encore une raison de jurer, d’en vouloir au monde entier.

Et puis, j’ai rencontré Chayanne Fontes.

Je savais à quel point c’était une mauvaise idée de me rapprocher de lui. De faire connaissance, et plus si affinités. Pourtant, j’ai jamais été du genre à faire dans la demi mesure, bien au contraire. La vie me tend une pomme, je croque dedans à pleines dents. Y’a pas mille solutions, sauf celle de prendre du recul sur la situation, de me résonner.
Ouais, Val’, ton Chayanne, il est marié. Et était censé devenir père. Jusqu’à ce que cette vérité, tu la piétines, tu éclates la bulle de bonheur dans laquelle il flottait.
Pourquoi t’as fais ça, Val’, hein?
Parce que c’est trop douloureux de voir les gens autour de toi être tout simplement heureux?
Parce que t’es jalouse?
Nan, j’suis pas si mauvaise que ça. J’suis qu’une connasse sans cœur, je le sais, ça, j’ai pas besoin de ma conscience pour l’affirmer. Mais c’est plus fort que moi, l’injustice était trop grande, trop évidente. Littéralement sous mon nez, tandis que j’ai découvert ce courrier qui était la missive de trop. Celle qui courrait à la perte de l’homme que j’aimais.
Pourquoi est-ce que j’utilise le passé, hein? Je l’aime toujours, Chayanne. Je pense que je suis tombée amoureuse de lui à la seconde où nos regards se sont croisés. Il a hanté mes nuits, kidnappé le peu de raison qui me restait. Adorable élément perturbateur dont je ne pouvais me passer, je n’ai laissé aucune occasion d’être ensemble m’échapper. Et puis, il y a eu cette fameuse nuit… Celle qui a tout fait basculer. De simple fantasme plaisant, Chayanne est passé dans la catégorie des audacieux, de ceux qui compte le plus dans ma vie, de mes raisons de me battre, de me dépasser, de sourire.

Mais l'orgueil précède la chute.

Et je n’ai pas réfléchi, tandis que je me suis précipité chez mon voisin, le forçant à apprendre une vérité que sa femme ne semblait jamais vouloir lui avouer. Je n’ai pas non plus beaucoup réfléchi afin d’acheter ce billet pour le Brésil, afin de le rejoindre. Information que j’ai obtenu après avoir confié cette mission à un hacker, que j’ai payé grâce à quasi la totalité de mes maigres économies. Faut bien que mon boulot dans la boutique d’antiquités de ma Tante Becca serve à quelque chose, n’est ce pas…?
Non, je n’ai pas réfléchi. J’ai agi. J’ai suivi mon instinct, mon flair, écouté mon coeur.
Qui est brisé, perturbé par le silence constant qu’entretient Chayanne depuis cette fameuse journée décisive. Je peux comprendre sa détresse, je respecte sa volonté de vouloir prendre du recul. Mais quitter Monterey, sans m’avertir…?

Le coup de grâce.

Val’, t’es une putain de grande folle, tu le sais, ça? Chayanne, il veut plus entendre parler de toi. S’il ne t’a pas donné signe de vie, ce n’est pas pour rien. Fous lui la paix, tu ne lui apportes rien, dans sa vie, mis à part une quantité phénoménales de problèmes.
Oui, mais… Non, en fait.
Non, je refuse. Je refuse d’abandonner, de faire une croix sur un “Nous” qui m’a semblé possible, même si c’était une putain d’illusion passagère. J’veux pas laisser passer cette chance d’être…
D’être unie à une âme. Car c’est que je ressens, au contact de Chayanne. Farouche indépendante, méfiante quand il s’agit de m’en remettre aux autres, cet homme méritait tout de moi, même ma dépendance.
Chayanne, j’ai tant de choses à te dire. Pourquoi donc me fuir…?
Car la peur te guide, à mon égard? J’sais, j’suis une vraie terreur. Une lionne en furie, prête à dévorer ses adversaires. Mais tu sais à quel point j’aime ronronner, dès que je croise ton regard. Tu sais à quel point je me sens seule, abandonnée et malheureuse quand tu n’es pas avec moi…

Le sait-il seulement? Rien n’est moins sûr. Tandis que je finis par atterrir, quittant l’avion et presque une heure plus tard, l’aéroport grâce à un taxi à qui je confie l’adresse obtenue grâce au hacker, je sens quelque chose se former dans mon ventre.
Ça s’appelle l’angoisse, Val’. L’appréhension. Le sentiment qu’un événement majeur est à en approche, que j’ai provoqué mais qui m’effraie tout autant.

Le trajet est interminable. Durant plusieurs heures, mais j’en ai discuté avec mon chauffeur, peu importe le prix, je dois atteindre ma destination. Je ne peux me permettre de faire marche arrière, de me rétracter. Non, cette situation, je l’ai choisie, j’y suis plongée jusqu’au cou, je dois obtenir ce que je suis venue chercher.
Des réponses. Quitter ce flou constant dans lequel je me suis retrouvé il y a plusieurs semaines désormais.

Pourtant, rien ne se passe comme prévu. Un pneu de la voiture crève, ce qui me force à changer de plan. Et après quatre longues heures de bus et même un tour à l’arrière d’un vieux pick-up, ayant fait du stop après que le transport en commun se soit arrêté une centaine de kilomètres trop tôt, je finis par débarquer dans un charmant village. Dans les tréfonds du Brésil, la chaleur est étouffante, une fine pellicule de sueur recouvre mon corps. J’ai faim, j’ai soif, je suis épuisée.
Mais j’y suis arrivée.
C’est là. Le point GPS. Il n’est plus qu’une donnée sur une feuille, que j’ai chiffonné tout le long du trajet.
Il est réel.
C’est ici.

Allez, Val’. C’est le moment là.
Avançant de quelques pas, m’agrippant fermement aux bretelles de mon sac à dos, je traverse la cour en désordre, tente de me frayer un chemin dans les herbes hautes, grimpe quelques marches, me redresse face à une porte d’entrée en bois abîmé.
Expire, Val. Inspire. Expire.
Toque à cette porte.
Trois fois.
Et croise les doigts pour que ce soit le visage de Chayanne que tu découvres, tu en as tellement rêvé…