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Tempest ↯ Victor & Tori

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Tori Espinoza

Tori Espinoza
104
Emi
Jessica Alba
Emi
-

36 ans.
Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 18 Déc - 18:14#

Tempest ↯ Victor & Tori
He who fights, can lose. He who doesn't fight, has already lost.

Septembre 2022 ☆ Fresno
J’étais tellement heureuse, ressassant mes souvenirs avec Ruben, que le long trajet à travers Fresno me parut extrêmement rapide. J’applaudis et acclamai les artistes de la fanfare qui nous retardait, Victor et moi. C’était une belle journée, magnifique, et j’avais fait à Fresno des rencontres formidables. Mon séduisant chauffeur formait un beau duo d’action avec sa voiture de sport, me sortant d’une impasse pour me conduire à fond de train jusqu’à mon frère.
Nous arrivâmes à destination, une coquette maison de quartier. Tout au long de sa modeste carrière, Ruben n’avait jamais touché une grosse solde et je m’attendais à pire ! Peut-être qu’il avait déjà trouvé un nouveau job ? Que sa petite amie contribuait ? Je descendais de voiture et remerciai chaleureusement Victor pour son aide inestimable.

Je n’abuserai pas de votre temps, promis ! Vous en avez déjà fait beaucoup, et je vous renverrai chez vous si je dois rester jusqu’à pas d’heure. On se voit demain de toute façon !

Et sa façon de lorgner mon débardeur me portait à croire que je possédais les atouts pour surmonter ses crispations quant au travail de mon père, et ien plus encore. Mais chaque chose en son temps ! D’abord, je devais tirer les oreilles de Ruben et lui ordonner d’appeler maman sans plus attendre. Je montai les petites dalles de pierre entourées d’herbes sèches et pressai le bouton de la sonnette.
Les volets étaient ouverts, les rideaux posés, par conséquent Ruben avait investi les lieux. Je ne voyais son nom nulle part, ni sur la boite aux lettres ni sur la porte, mais c’était typiquement le genre de choses auxquelles mon étourdi de frère ne pensait pas. J’espérais que sa petite amie fût plus dégourdie ! Dans le cas contraire, j’aurais deux grands enfants sur les bras. Que ne ferait-on pas pour sa famille...
J’entendis le mécanisme d’un verrou, un loquet, puis la porte s’ouvrit sur un petit homme à moustache que je voyais pour la première fois. J’étais incapable de lui donner un âge. Il n’avait pas l’air commode du tout, peut-être à cause de la vilaine cicatrice sa joue gauche.

Euh, bonjour ! Je cherche monsieur Ruben Espinoza, on m’a dit qu’il habitait ici ? Je suis sa sœur, Tori.

Le petit homme m’expliqua qu’il travaillait ici en tant qu’ouvrier, que "señor Espinoza" était sorti et serait très bientôt de retour. Hourra !Je pressai une main contre ma poitrine et soufflai de soulagement. L’ouvrier s’exprimait très mal. J’identifiai un accent du Venezuela extrêmement prononcé, spécifique, dont je localisai l’origine : une zone frontalière de la Colombie, théâtre de trafics en tout genre. J’avais collaboré à une opération antiterroriste de nos Forces Delta, aussi je savais qu’il se passait des choses horribles là-bas. Des groupes criminels faisaient régner la terreur sur les populations et embrigadaient des garçons de force. J’éprouvai de la compassion pour cet ouvrier au visage marqué, que je manifestai avec un sourire avenant et solaire. Il avait peut-être vécu des choses terribles avant de mettre le pied aux Etats-Unis.

Très bien ! Je vais l’attendre ici. Rassurez-vous, messieurs, je ne vous dérangerai pas dans votre travail.

Je me retournai vers la route, faisant de grands gestes pour signifier à Victor de partir. Je n’allais pas le laisser poireauter en plein soleil ! Victor dressa un pouce et démarra. Je ne doutais pas qu’il était sincèrement heureux pour moi. J’entrai dans la maison et aperçus un fatras de cartons éventrés, des objets en pagaille et quelques meubles. Ruben n’excellait pas dans l’organisation et j’acceptais la part de désordre inhérente à un aménagement, mais là, tout de même, il poussait le bouchon un peu loin ! La porte claqua derrière moi et j’eus le temps d’entrevoir la voiture bleue de Victor qui disparaissait sur la route.
Juste à côté de la porte, appuyé contre le mur, un homme de grande taille au crâne dégarni pointait un pistolet dans ma direction. Un index menaçant se dressait devant sa bouche cruelle pour m’imposer le silence.
Je criai à l’aide de toute la force de mes poumons.
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Victor Nash

Victor Nash
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Chris Evans
ichi
//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyJeu 22 Déc - 21:25#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
La porte du 34 se ferma dans le rétroviseur, puis disparut. Victor longea doucement la Via Frassino, GPS éteint, puis tourna au bout de la rue. Il aimait l’exploration à l’ancienne, sans assistance technologique. C’était le moyen de toucher l’âme d’un lieu, de humer son atmosphère unique. De se connecter aux habitants.
Le quartier sommeillait, écrasé par une chaleur de plomb. Les artères alanguies avant l’orage. Quelques piétons déambulaient avec lenteur sur les trottoirs – typés hispaniques, ordinaires. Un chien en laisse, la langue pendante entre ses pattes veules. Route quasi déserte. Aucun véhicule comparable à la Camaro SS : moteur V8 ronronnant avec fierté, pneus Eagle F1 Supercar hors de prix, ligne conquérante. Pourtant, nul ne prêtait attention à l’intrus immatriculé à Monterey. Même le chien n’avait pas tourné son museau. On ne le percevait ni comme une présence hostile, ni comme une proie. Victor fut agréablement surpris. Sans y être confronté directement, il avait conscience des déchirements sociaux et raciaux qui secouaient son pays, de la criminalité qui gangrenait les grandes villes. Rien de tel ici : ce quartier résidentiel de Fresno ressemblait à un lieu où il fait bon vivre. Un coin paisible, sans histoire. Le caporal Ruben Espinoza avait très bien choisi l’emplacement de son nouveau domicile – ou on l’avait très bien conseillé.
Victor repensa à ses débuts dans l’infanterie. À sa compagnie de « ploucs » aux origines diverses et décriées. Des camarades lui avaient raconté des histoires effrayantes, bouleversantes, enrageantes sur leur parcours de vie. À cette époque, Victor était encore largement ignorant du vaste monde qui l’entourait. Enfance dans une petite ville du Kentucky, à l’abri des tensions ; intelligence d’un essuie-glace. Jeune et immature, Victor Nash enquiquinait, médisait, insultait à tout va. Garçons, filles, vieux, jeunes, freluquets, gros, blancs, noirs, cousins de notables, gosses de personne : chacun en prenait pour son grade sans distinction. Les moqueries s’étendaient au strabisme, au cheveu sur la langue et aux relents de fromage sous les pieds. Nash ne détestait personne, mais n’aimait personne non plus. Pas de la façon qui importe et qui élève. Puis il y eut l’armée. Le respect d’autrui, de soi et de valeurs plus grandes que soi. La grande famille de l’uniforme. L’armée avait ouvert les yeux, l’esprit et le cœur de Victor. En voyageant, sa fraternité s’était étendue aux innombrables populations humaines du globe. Par la suite, son humanité avait englobé les autres espèces vivantes, les paysages dépouillés, diverses constructions et œuvres artificielles. Tant qu’on vivait selon les principes de la dignité, tant qu’on acceptait sa présence et son identité, Victor se sentait partout à son aise. Pieusement, il espérait que sa bienaimée patrie marche d’un pas volontaire sur le chemin de la conscience, de la tolérance et de la bienveillance. Que la paix règne à l’intérieur de ses frontières et au-delà. Que l’Amérique montre l’exemple et inspire d’autres populations à travers le globe. Ce monde en avait cruellement besoin. Des villages distants d’un jet de pierre se faisaient encore la guerre pour de vieilles querelles dont l’origine se perdait dans les cendres stériles d’un passé révolu. Victor l’avait vu de ses propres yeux.

Le miroitement aveuglant d’un pare-brise tira le militaire de sa rêverie. À sa droite, une Ford banale et poussiéreuse patientait dans une impasse. Le même véhicule qui semblait émerger du désert et fut à deux doigts de lui briser les jambes.
Étrange coïncidence.
Il y eut un grondement, un écho en provenance de l’horizon. On aurait dit l’explosion lointaine d’un obus d’artillerie. Victor leva les yeux : des nuages noirs s’amoncelaient à l’est de la ville comme une armée en ordre de bataille. Dans moins d’une heure, Sarah et le reste de la ville respireraient mieux. Dans moins d’une heure, Tori et Ruben seraient réconciliés. Malgré cette heureuse perspective, une sensation de malaise comprima la cage thoracique de Victor. Le pressentiment d’un danger. Une intuition.
Il aperçut une pancarte fléchant une station-service à deux cents mètres. Contrôla la jauge de la Camaro : dans le rouge. Victor souffla de soulagement, savourant le goût de la chance qui lui souriait une fois de plus.
La sensation de malaise s’estompa comme un cri qui s’éteint.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptySam 24 Déc - 11:13#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
Je repris conscience avec une douleur cuisante à l’arrière du crâne, autour de l’endroit où le soi-disant ouvrier à l’accent vénézuélien avait abattu la crosse de son arme. Un bâillon étouffait ma bouche. Mes mains et mes chevilles étaient attachées à une chaise. On m’avait déplacée dans la cuisine, presque vide. Il n’y avait même pas l’ombre d’un micro-ondes pour réchauffer une pizza et la prise d’un vieux réfrigérateur reposait sur la poignée d’ouverture. J’étais certaine que Ruben n’avait pas encore aménagé, il ne se priverait jamais de son menu pizza chaude et téquila bien fraiche devant le programme télé du soir ! L’homme qui m’avait assommée, adossé au mur, caressait sa moustache et me fixait d’un air méchant. Les battements de mon cœur passèrent du repos à un début de panique. Il approcha de moi, une main me faisant signe de me calmer. Je me recroquevillai inutilement sur ma chaise, haletant sous mon bâillon... qu’il me retira sans ménagement. Je m’époumonai aussitôt :

Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Laissez-moi partir sur-le-champ ! Mon père est commandant dans la police militaire et

Et le deuxième homme, le costaud dégarni, accourut comme une tornade pour lancer sa grande main hargneuse contre ma joue. Ma tête pivota brusquement sur son axe. Je fus littéralement soufflée, comme si l’air quittait totalement mes poumons. Une brûlure vive attaqua le côté de mon visage, plus mordante qu’un coup de soleil. Personne ne m’avait jamais giflée, ou même frappée avec violence. Une larme perla au coin de ma paupière martyrisée. Je me sentais terrifiée, humiliée, impuissante. Mais surtout, je sentais poindre un bouillon de rage.

Ferme ta gueule, sale pute. C’est nous qui posons les questions.

Accent du Venezuela pour le grand aussi, mais nettement moins prononcé et pas de la même région que son complice. J’entendais plutôt un urbain qui avait beaucoup voyagé. Je me savais pertinemment en danger, et pourtant mon cerveau de linguiste travaillait en mode automatique, comme pour se rattacher à une normalité qui venait de lui échapper. Mon sang latin, à l’inverse, me fit dresser la tête et éructer copieusement.

Vous n’obtiendrez rien de moi si vous continuez à me maltraiter, grand chauve ! C’est de cette façon que vous traitez votre mère ?

Il leva la main et le rictus mauvais sur ses lèvres annonçait le pire. Je me recroquevillai sur ma chaise, résignée à recevoir une deuxième claque monumentale. Je n’étais pas une combattante et s’il me frappait du même côté, je n’étais pas certaine de retenir un cri de douleur et une coulée de larmes. Il avait les yeux fous et je devinais un homme foncièrement violent, capable de me faire endurer mille souffrances.
Un mot du petit moustachu interrompit son geste. Je tournai la tête dans sa direction, stupéfaite. Dans leur dialecte natal, il rappela à son partenaire qu’ils n’avaient pas le temps ni l’intérêt de "s’amuser". Oui je traduis correctement : "s’amuser". Leur patron, dont ils évitaient soigneusement de citer le nom, voulait qu’ils agissent discrètement. Je me doutais bien que ces hommes de main patibulaires n’étaient pas aux commandes. J’étais donc reléguée à l’état de jouet, entièrement à leur merci, tributaire d’un donneur d’ordre lointain pour assurer l’intégrité de ma personne. Je songeai à papa qui ne ferait qu’une bouchée de ces deux crapules, malheureusement occupé dans l’Ohio à menotter des militaires voyous. Puis je pensai à Victor, le seul apte à me sortir de cet enfer. Je l’avais envoyé faire des courses et il ne reviendrait pas avant mon appel. J’étais donc seule, désespérément seule, et ne pouvais compter que sur moi-même.
Une deuxième gifle heurta le haut de ma tempe, brutale comme un coup de poing.

Oh ! T’es pas là pour rêvasser, salope.

Ma seule consolation fut que je ne pleurais pas.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyLun 26 Déc - 14:51#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
Ça lui vint à côté de la pompe, main sur le pistolet à essence qui remplissait le réservoir de la Camaro.
Le petit moustachu qui avait ouvert à Tori. Cheveux noirs, basané, Victor avait d’accord cru qu’il s’agissait de Ruben Espinoza. Mais il n’y avait pas eu d’embrassade ou de gifle, et Victor pariait que Tori se ruerait sur son frère avec l’une ou l’autre. Les sensations fantômes sur son bras et sa joue dessinaient le profil d’une femme tactile. Victor avait donc conclu à un ami de Ruben, un voisin ou un ouvrier. En absence de tenue de travail, il devait s’agir de travail au noir ou d’un service à charge de revanche. Rien qui dérangeât Victor : les gens étaient libres de s’arranger entre eux.
À présent, il faisait le lien. Le visage et la veste du basané coïncidaient avec le conducteur de la Ford gris ardoise. Victor l’avait à peine regardé. Un battement de paupières, pas plus. Suffisant pour imprimer l’image sur ses rétines, l’enregistrer dans sa mémoire et la restituer fidèlement. Quand on contrôle de potentiels candidats au martyr à des points de passage stratégiques en Irak, on acquiert vite des compétences de physionomiste.
Le moustachu affichait une vilaine balafre sur la joue gauche. Le genre qu’on n’attrape pas en se rasant le matin. Un grand gaillard occupait le siège passager. Fébrile, excité. Victor avait suffisamment côtoyé la violence pour en reconnaitre les signes avant-coureurs.
Leur berline était garée dans une impasse, face à la route. Un ami, un voisin ou un ouvrier ne dissimulerait pas son véhicule derrière la maison. C’était plutôt la méthode d’un cambrioleur. Ledit véhicule couvert de poussières, comme s’il avait traversé la moitié du pays sans un arrêt au lavage. Cependant l’immatriculation n’avait guère interpelé Victor, et affichait par conséquent les codes de la Californie.
Tori avait peut-être des raisons très sérieuses de s’inquiéter pour son frère.
Un peut-être qui nouait les entrailles de Victor.
Il retira prestement le pistolet à essence, le claqua dans son support. Ferma le bouchon du réservoir d’un tour de main vif, mais sûr. Se rua vers la caisse avec de quoi payer rapidement en espèces, bondissant sur le capot d’une Saab qui se trouvait sur l’autre file.

Il freina sèchement devant le 34, Via Frassino. L’ABS réussit un exploit, néanmoins une odeur de caoutchouc brûlé monta jusqu’à ses narines. La Camaro plaçait tous ses sens en alerte. Soutien volontaire ou conséquence du freinage brusque, la boîte à gants s’ouvrit. Un tournevis glissa sur le bord. Modèle à pointe plate, moins efficace que le cruciforme pour dévisser, mais plus polyvalent. Victor n’avait jamais essayé sur un être humain. Il ramassa l’arme de fortune qui s’offrait à sa main, songeant avec amertume à son couteau commando perdu la veille dans la tempête, puis fourra l’objet dans une poche.
Victor ne pouvait guère appeler le 911. Il ne détenait aucune preuve et se trompait peut-être sur toute la ligne. Plusieurs dizaines de Ford du même modèle, très commun, roulaient et stationnaient dans Fresno. Les petits basanés à moustache foisonnaient dans la ville ; l’immense majorité payait leurs impôts d’honnêtes citoyens. L’un dans l’autre, Victor n’avançait rien de plus qu’une théorie fumeuse basée sur son expérience militaire, mâtinée d’inquiétude à l’égard d’une très jolie fille qui lui faisait du pied. Le standard lui recommanderait de s’assoir devant une bougie parfumée et respirer profondément. Ou d’acheter des fleurs à la fille en question, s’il tombait sur quelqu’un de la vieille école.

Victor gravit les dalles de pierre jusqu’à l’entrée, respira profondément, pressa le bouton de la sonnette. Les notes joyeuses d’un carillon électronique parvinrent à ses oreilles. Elles évoquaient le pas de danse d’une comédie musicale, le merveilleux sourire et la voix chantante de Tori. Le militaire se positionna face au judas de la porte, main droite enserrée autour du tournevis dans la poche de son pantalon. Se demanda si l’homme à moustache avait sonné lui aussi. En tout cas, il n’avait pas le type danseur. Comique non plus.
Victor compta jusqu’à dix. Rien.
Il colla l’oreille contre la porte. Rien non plus. Le grondement sourd du tonnerre, des piaillements et battements d’ailes d’oiseaux nerveux, l’écho d’aboiements étouffés, le bruit de fond de la circulation automobile, une sirène lointaine – ambulance ou police. Fresno avant un orage d’été.
Perdant patience, Victor testa la solide poignée en fer forgé. Verrouillée.
Puis sonna à nouveau. Carillon électronique, notes accueillantes. Il se planta face au judas. Tournevis en main. Un. Deux. Trois – à dix, il enfoncerait cette fichue porte.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyMar 27 Déc - 18:30#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
Je cherchais une issue, ce qui n’avait rien de facile avec le petit diable sur mon épaule qui me susurrait des histoires effroyables de prisonnières mutilées, quand le costaud au rictus mauvais tira de sa veste un genre de rasoir à l’ancienne, réplique de l’outil des barbiers d’autrefois. Il déplia la lame avec une lenteur exagérée et je vis de mes yeux épouvantés des taches de sang bruni, ainsi que des cheveux châtain collés dessus. Des vagues de panique claquèrent contre les parois de mon crâne, alimentées par mes pires cauchemars. Je forçai sur mes liens, sans succès. J’avais envie de hurler, mais les douleurs autour de ma tête me rappelaient à quelles conséquences je m’exposais.

D’où tu débarques ? demanda la brute avec sa lame suspendue en l’air, menaçant de trancher dans le vif.

J’ouvris la bouche pour répondre que j’habitais Fresno avec mon mari imaginaire qui n’allait pas tarder à rappliquer, puis songeai aux papiers dans mon sac à main. Ce coup de bluff était bien trop risqué alors je dis la vérité, que j’arrivais de Monterey.

Il est où, Ruben ?

Je réfléchissais à cent à l’heure. D’abord, la question confirmait que Ruben n’était pas là et que ces crapules venaient pour lui. J’étais à la fois soulagée et furieuse. Ruben était à l’abri, mais à cause de ses conneries c’est moi qu’on menaçait de couper en morceaux ! Je regardai tour à tour les deux Vénézuéliens et repassai dans ma tête leur bref échange verbal. Leur "pas le temps de s’amuser" pouvait se concrétiser en exécution simple et rapide, maquillée en cambriolage qui a mal tourné. J’avais travaillé sur des communications émanant de groupes terroristes et criminels sud-américains : ces gens tuent comme ils respirent, mais cette violence absolue s’exerce aussi en interne et les contraint à la discipline. Puisque leur patron avait préconisé de trouver Ruben en agissant avec discrétion, mon unique chance de salut se trouvait dans cette direction.

J’étais venue lui faire une visite surprise, je croyais qu’il était là. Je peux l’appeler, si vous voulez ? Avec mon téléphone, dans mon sac à main.

Bravo, Tori ! J’espérais gagner du temps, les persuader que je leur serais bien plus utile vivante, avec ma langue attachée au reste de mon corps ainsi que tout le reste de ma personne. Je pourrais de surcroît laisser un message à mon frère, avec le langage codé de notre enfance. C’était peut-être à cause de ses ennuis qu’il gardait le silence radio ! Avec beaucoup de chance, je réussirais à composer le numéro de Victor sous leur nez et l’alerter d’une façon ou d’une autre. Ou pourquoi pas le 911 ? On peut rêver !
Mes bourreaux se concertèrent rapidement et convinrent à ma demande. Ils semblaient pressés d’en finir, ce qui était à la fois bon et mauvais pour moi. Le moustachu se dirigea vers le buffet où était posé mon sac.
Flûte !
Je me rappelai soudain le pistolet à l’intérieur. Je n’étais pas certaine de leur réaction, sinon que cette découverte ne jouerait pas en ma faveur.
C’est alors qu’on sonna à la porte. Le son électronique d’un carillon, proche du tintement des cloches du paradis quand deux criminels patibulaires vous tiennent sous leur joug.

Qui est-ce ? Un démarcheur à domicile ? Un voisin venu apporter un gâteau de bienvenue ? Ruben de retour chez lui ? Victor qui a un imprévu ?

De toutes les hypothèses, je priai pour que ce soit la dernière. Je connaissais cet homme depuis une journée à peine, pourtant il m’inspirait déjà un sentiment de force et de sécurité qui dépassait l’entendement. Victor avait quand même survécu à une terrible tempête et pris cette bévue avec le flegme d’un parachutiste qui vient de descendre huit kilomètres de vide, suspendu à un morceau de toile.
Le grand costaud replia son rasoir dégoutant et s’empara d’un pistolet. Puis le moustachu revint du salon où il s’était précipité et ferma la porte derrière lui.

Cé lé gars dé tout à l’houre, avéc la hermana.

Ouiii ! C’était Victooor ! Après les cloches du paradis, une salve d’alléluias résonna dans ma tête. Deux paires d’yeux convergèrent sur mon visage échauffé par le stress et je profitai que la sonnette carillonne à nouveau pour offrir mes services.

Il ne partira pas, bluffé-je, c’est un homme têtu comme une mule. Il sait que je suis là et attend que je lui dise de rentrer chez lui, puisque je n’étais pas sûr de rester ici pour la nuit. Si je ne réponds pas, il va appeler la police et faire le planton devant la maison. Mais je suis sûr qu’on peut trouver un arrangement pacifique pour éviter ça, n’est-ce pas ?

Je jouais la greluche, battant des cils comme une femme désespérée croyant au Père Noël. J’étais certes effrayée, mais je possédais aussi une capacité étonnante à m’adapter et faire face aux pires situations. Comme disait maman : "Tu es bien la fille de ton père". Toujours armé de son pistolet, le costaud passa derrière moi et trancha mes menottes en plastique. Je sentis son haleine chaude et franchement malodorante sur mon cou.

Pas de coup fourré, ma jolie, ou j’te tire dans les pattes avant d’te découper les oreilles, le nez et les tétons. Tu lui dis que tu passes la nuit ici et qu’il doit dégager. Tu piges ?

Quel homme charmant ! J’extériorisai ma peur au lieu de la réprimer et répondis par l’affirmative d’une voix tremblante. Je devais paraître très crédible pour saisir ma chance. Derrière ma façade terrorisée fulminait une colère sourde. Je me demandai comment aider Victor au mieux, mais je n’avais aucune idée de ce qu’il allait faire. Le carillon tinta à nouveau, je remerciai intérieurement mon naufragé pour son obstination difficilement compréhensible. Quelle urgence l’avait poussé à revenir si vite et avec autant d’insistance ? J’agitai mes membres pour rétablir la circulation, remis un semblant d’ordre dans mes cheveux et marchai lentement en direction de l’entrée. Mon bourreau me fit un rappel des terribles conséquences si je lui jouais un mauvais tour. Il possédait une imagination effrayante ! Le canon en acier qui s’enfonçait dans mes reins était quant à lui bien concret. L’homme à moustache avait disparu, cela m’inquiétait mais dans l’immédiat je devais trouver le moyen d’alerter Victor sans nous faire descendre tous les deux. Je respirai un grand coup et ouvris la porte.

Oh, Victor !

Après quelques banalités que j’espérais suspectes, je restituai les directives de l’homme qui appuyait un pistolet contre mon dos.

Voilà ! Et donc Ruben m’a proposé de passer la nuit ici, dans son nouveau chez lui. Tu peux repartir à Monterey. Passe le bonjour à José Castro de ma part !
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Victor Nash

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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyMer 28 Déc - 17:22#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Au compte de huit, la porte s’ouvrit timidement sur Tori – visage muré dans l’angoisse à la place du sourire éclatant qu’il espérait. Victor fronça les sourcils. La bouche de Tori déblatérait des sornettes auxquelles il ne croyait pas un mot. Le flux saccadé, abrupt de sa belle voix suffisait à l’alerter : un instrument désaccordé grince comme une signal de détresse au sein d’un orchestre symphonique.
Quartier paisible de Fresno. La voie de la conscience, de la tolérance et de la bienveillance. La paix au sein des frontières. Ce n’était qu’un doux rêve. La réalité, c’était le mal qui sévissait partout et la guerre, omniprésente.
Victor réfléchit. Peut-être que Ruben était là, peut-être qu’il n’y était pas. Malgré le portrait peu glorieux que Tori avait esquissé de son frère, Victor le croyait incapable de gifler son ainée ou laisser pareille chose se produire. Or, une rougeur marquait la joue gauche de Tori. Elle se voyait à peine, en raison du teint hâlé et des émotions vives qui fusaient sous sa peau. Pour Victor, l’effet était comparable à un drapeau rouge qu’on agite devant un taureau. Une grande main semblait à l’origine de cet outrage ; le grand féroce plutôt que le petit moustachu. Victor n’était pas certain. Dans le doute, les deux allaient payer. Ces salopards devaient payer.
— Tu peux repartir à Monterey. Passe le bonjour à José Castro de ma part !
La preuve irréfutable qu’il devait agir. Vite et de façon radicale.
José Castro : né au XIXe siècle à Monterey, commandant en chef de l’armée mexicaine de la région pendant la guerre américano-mexicaine. Quelque part entre la route côtière et Fresno, Tori lui avait narré le parcours fascinant de cette grande figure historique. Victor en avait déjà oublié la moitié. Grâce aux bribes restantes, il comprenait l’invitation masquée à botter le cul aux Latino-Américains qui la retenaient captive.
Ses doigts pressèrent fortement le manche du tournevis pendant que son cerveau aguerri analysait la situation. Des milliers de connexions neuronales s’établirent à la vitesse d’un courant électrique. Pas aussi rapide que la lumière, toutefois les neurones humains avaient l’avantage de travailler en parallèle. Toute une armée de centrales électrochimiques rompus à gérer des assauts, des prises d’otage et des évacuations. Des camps d’entrainements de l’US Army aux habitations en adobe du Moyen-Orient, les protocoles restaient les mêmes. Une maison de quartier à Fresno n’était pas différente.
Tori savait. Pas dans les détails, mais elle savait. Ils avaient suffisamment conversé pour qu’elle dresse le profil combattant de son chauffeur, quand bien même il avait échoué dans l’intendance militaire. Son père était commandant dans l’armée et par-dessus tout, Tori était une femme intelligente. Un esprit vif. Elle comprenait les fondamentaux de la stratégie.
— D’accord, ma chérie, lâcha-t-il avec une pointe de frustration. Tu peux sortir trente secondes, que je te glisse un mot en privé avant de partir ?
Tori répliqua que ce n’était pas possible, qu’elle devait y retourner immédiatement car on l’attendait, mais qu’elle l’aimait quand même. Traduction : je ne suis pas en mesure de bouger, les types sont nerveux et si tu as l’intention d’agir, tu serais gentil de t’y mettre fissa.
Tori était collée au battant de la porte, le corps en retrait. Victor en déduisit qu’on la menaçait par-derrière. Le canon d’un pistolet pressant l’échine afin de lui faire sentir les conséquences d’une rébellion. Le balafré à moustache ou son complice. Victor tablait sur deux ennemis, pas plus. Il n’y avait pas de troisième homme dans la berline empoussiérée. Cette configuration laissait moult localisations possibles au deuxième larron. Peut-être dans une pièce close, en train de surveiller Ruben et sa petite amie. Victor écarta aussitôt cette hypothèse. Si les nouveaux propriétaires des lieux étaient présents, les deux Latino-Américains auraient bâillonné, ligoté ou contraint leurs prisonniers avant que Tori sonne à la porte. Éventuellement, ils auraient envoyé Ruben au lieu d’exposer un des leurs. Ou la petite amie à sa place, plus facilement malléable qu’un militaire saisi d’amour fraternel. Il n’y avait donc personne d’autre que Tori et les deux agresseurs. Un derrière la porte, à gauche, l’autre probablement en embuscade près de la fenêtre du côté opposé – une position qui accentuait la pression sur Tori et composait une belle meurtrière en cas de manœuvre à l’extérieur. En tout cas, c’est là que Victor se placerait.
Il avança d’un pas en diagonale. Dans la configuration qu’il se représentait, l’angle avec la fenêtre la plus proche masquait sa silhouette. Une sentinelle distinguerait seulement l’arrondi de ses fesses – pas très intéressant d’un point de vue tactique.
— Je vois, dit-il d’un ton accommodant. Tu n’as pas encore annoncé à ta famille qu’on sortait ensemble.
Victor fit des signes de tête vers la droite – la fenêtre suspecte.
Tori secoua la tête. Une réponse sans rapport avec leur relation factice : personne à proximité de la fenêtre. Puis elle roula des yeux vers sa droite à elle, derrière la porte. Tori ne lui apprenait rien au sujet du premier agresseur. Rien non plus sur la position exacte du deuxième. Victor allait devoir prendre le risque. Avec un tournevis pour arme et sans kevlar renforcé pour lui couvrir la poitrine, c’était un énorme risque. Il fallait a minima un binôme bien équipé pour oser un assaut aussi foireux.
— Un bisou ?
Les faux amoureux rapprochèrent leurs visages. Victor porta ses lèvres à l’oreille de Tori et chuchota:
— Pars sur ta gauche. Rase le mur et reste accroupie.
Une exfiltration dans l’angle mort de tirs éventuels, jusqu’à trouver refuge chez un voisin ou courir jusqu’au bar au coin de la Via Frassino. Entrée solide, vitres épaisses, des gens et des téléphones. Tori y serait à l’abri en attendant l’arrivée des secours.
Ils échangèrent un baiser à la commissure des lèvres. Une texture de velours, extrêmement agréable. Victor détecta un haut niveau de stress ; une myriade de terminaisons nerveuses faisaient pulser de petits muscles sous la peau de son visage. Mais Tori ne paniquait pas. Fille de commandant, intelligente et disciplinée. Victor espérait avoir l’occasion d’échanger un jour un baiser plus détendu.
— Bon. Je te dis à demain ?
L’agresseur derrière la porte devait souffler de soulagement.
C’était le moment idéal pour attaquer. Stratégie du choc.
Victor prit de l’élan, serra le tournevis entre ses doigts, puis chargea la porte de son épaule.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyJeu 29 Déc - 11:23#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
Je m’accrochais au regard bleuté de Victor comme une pauvre âme au bord d’un ravin, usant de toutes les astuces possibles pour lui décrire la situation sans alerter le tueur derrière moi. Dans mon malheur, j’avais la chance que Victor fût un soldat expérimenté. Il prit les choses en main avec un sang-froid remarquable et je n’avais qu’une envie, plonger dans ses bras protecteurs et m’abreuver de sa voix réconfortante. Après avoir déconfit mes deux tortionnaires, bien entendu !
Je mobilisai toute ma volonté afin de poursuivre notre double jeu et me prêter au baiser factice entre tourtereaux imaginaires. Une idée brillante, à laquelle j’aurais collaboré avec beaucoup plus d’entrain sans le pistolet qui menaçait de m’abattre.

Pars sur ta gauche. Rase le mur et reste accroupie.

J’acquiesçai sans réfléchir. J’ignorais ce que Victor avait l’intention de faire, mais je lui faisais entièrement confiance et attendais un signal de sa part. Nous échangions des au revoir quand enfin je compris. Pas toute la manœuvre, certes. L’épaule de footballeur en guise de bélier, je saisissais le concept et la finalité. Le tournevis, par contre, me laissait dubitative. De toute ma vie, je n’avais jamais vu un militaire aussi piteusement armé.
Le choc ébranla la porte et je bondis aussitôt sur ma gauche, explosant mon quota annuel de prières pour qu’aucune balle ne m’atteigne. J’entendis un cri étranglé, mais aucune détonation hormis les battements intenses à l’intérieur de ma poitrine. Mon pouls cognait si fort que je craignis de m’évanouir. Pourtant, mon corps obéissait remarquablement bien aux directives du militaire et je m’accroupis, longeant le mur comme une voleuse. Mes jambes sportives et disciplinées bougeaient toutes seules sous mon dos voûté. Peu d’hommes pouvaient se vanter d’avoir exercé une telle emprise sur moi !  J’entendis des bruits de lutte, des grognements et des cris, puis le claquement d’un tir. Je sursautai, une main en appui contre la façade chauffée par le soleil. Je me trouvai à deux pas d’une fenêtre et fus tentée de me dresser pour jeter un œil. Les ordres murmurés de Victor chatouillèrent à nouveau mon oreille, analogues aux consignes des Forces spéciales lorsque l’armée me dépêchait sur des zones à risque. Je me courbai donc de plus belle afin de passer sous le cadre de la fenêtre, un genou touchant ma poitrine à chaque pas. Victor espérait sans doute que je me mette à l’abri, que j’appelle la police et prie pour lui. Je n’avais rien sur moi qui puisse l’aider, pas même un téléphone. Par contre, je savais très exactement où le trouver : à l’intérieur de mon sac à main resté dans la cuisine, en compagnie du Sig Sauer M18 dont je savais très bien me servir.

Allez Tori, tu peux le faire !

J’éprouvais une étrange sensation de déjà-vu, associée à l’impulsion de courage qui résulte d’une montée d’adrénaline. C’était la deuxième fois en deux jours que mon naufragé, bien malgré lui, me poussait dans mes retranchements afin de lui porter secours. Une nouvelle détonation retentit. Je tressaillis et me relevai à l’angle de la maison, résolue à aller cette fois encore au bout de mon initiative. Le soleil avait disparu derrière une masse de nuages sombres, ce que ma grand-mère mexicaine interprèterait comme un mauvais présage. Gloups !
J’aperçus une vieille dame derrière une fenêtre, sans doute alertée par le tapage et les coups de feu. Redoutait-elle aussi les mauvais présages ? Je lui adressai de grands gestes, puis tendis le pouce et l’auriculaire de ma main respectivement à l’oreille et devant ma bouche grande ouverte, les autres doigts repliés contre ma paume, afin de lui faire comprendre d’utiliser son téléphone. De l’autre main, je fis tournoyer un index en l’air pour évoquer le gyrophare d’une voiture de police. En principe, je me débrouillais bien aux jeux de mimes ! La mamie disparut derrière un rideau. J’ignorai si elle avait compris mon message, encore moins ce qu’elle allait faire. De nombreux habitants des quartiers choisissent de ne jamais se mêler aux affaires des autres, en particulier quand des armes sont de la partie. Je ne m’attardai pas une seconde de plus et m’engouffrai dans l’étroite et sombre ruelle longeant le côté de la maison. C’était pour moi que Victor avait fait la route jusqu’à Fresno, et c’était pour moi qu’il risquait sa vie dans la maison de mon frère. Il avait intérêt à ne pas se faire tuer !
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyVen 30 Déc - 15:12#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Sur un terrain de football, les accélérations fulgurantes de Victor envoyaient valdinguer des défenseurs deux fois plus lourds que lui. La porte était un modèle en bois massif, solide, ancrée sur d’épaisses charnières. Une bonne porte qui pesait son poids. Mais pas le double de Victor, même en ajoutant les kilos du sale type caché derrière. L’épaule de Victor percuta le battant telle une locomotive lancée à pleine vapeur, éjectant le costaud embusqué dans la trajectoire de l’ouverture, sur la gauche.
La suite se déroula en une poignée de secondes. Le cri bloqué dans la gorge du tireur. Son pistolet décrivant un arc de cercle incontrôlable vers l’arrière, délivrant Tori de sa ligne de tir mortelle. La main de Victor en poussée sur l’épaule de la métisse, accélérant la fuite de celle-ci hors de la maison. L’odeur fruitée du parfum féminin, mêlée aux relents âcres du stress. La vision du sang coagulé dans la belle chevelure qui électrisa les muscles du militaire, amplifiant la violence de sa charge.
Il y eut un cognement sourd. L’agresseur rebondit contre le mur derrière la porte, tournant sur lui-même à la manière d’une toupie. Grand, basané, tignasse noire rongée par un début de calvitie. Il tenait encore son pistolet – Beretta 92FS, semi-automatique, version civile du M9 militaire. Victor connaissait ce modèle par cœur. Une arme extrêmement fiable, polyvalente, qui laissait peu de chances à son adversaire. Victor poursuivit son élan et fonça sur l’homme armé. Il pouvait temporiser et chasser le Beretta d’un coup de taloche, mais toute sa stratégie reposait sur le contact rapproché. Devant la mêlée, le second tireur ne prendrait pas le risque d’ouvrir le feu et plomber son complice. Le b-a-ba du combat en équipe.
Victor se trompait.
Il percuta le grand type au niveau du thorax, comme un joueur de l’USFL. Le choc expulsa l’air contenu dans ses poumons. Haleine de carnivore.
Un premier tir élagua quelques cheveux au sommet du crâne de Victor. Il ne provenait pas du Beretta 92FS dont le canon se relevait dans un sursaut d’orgueil. Merde ! Ses deux adversaires n’étaient pas des baltringues, loin de là. Victor laissa agir ses réflexes. Glissa la tige du tournevis dans le pontet couvrant la détente, puis dévia la trajectoire du Beretta. Menace n°1 : écartée.
Victor pivota sur lui-même afin de se retrouver dos au mur. Le grand type lui servait à présent de bouclier humain. Menace n°2 : totalement ou partiellement contrée, selon l’habileté et l’audace du second larron – sans doute le balafré. Une deuxième détonation explosa le plâtre à un doigt de sa tempe. L’oreille de Victor siffla. Habile et audacieux, le balafré, mais pas suffisamment pour avoir sa peau.

Le grand basané cracha des mots en espagnol – il ne devait pas apprécier que son partenaire joue à la roulette russe avec sa cervelle. Teigneux, il luttait pour reprendre le contrôle de son Beretta et cognait durement les côtes de Victor afin de lui faire lâcher prise. L’adrénaline décuplait sa rage. La cage thoracique essuyait des coups puissants, hargneux, néanmoins l’ossature tenait le choc. Victor avait connu pire. Il répliqua d’un uppercut impitoyable sous la mâchoire, manœuvra derechef le tournevis : un coup sec qui jeta le Beretta au sol. Victor dégagea l’arme du pied. Un flingue en moins.
Le grand type tituba, s’appuyant désormais sur Victor pour maintenir son équilibre. Il avait des yeux de tueur. Noirs au centre, striés de rouge dans le blanc au-delà des iris sombres. Sa bouche empuantie postillonnait à chaque respiration et jurait – quelque chose au sujet de la mère de Victor.
Qui bougea juste à temps.
Un troisième coup de feu brûla l’épaule du militaire sans la meurtrir. Son bouclier humain portait en revanche le stigmate du tir, une blessure à la base du cou qui se mit à saigner. Victor se réjouit :
— Retour de karma, connard. Fallait pas cogner une sœur aimante.
C’était forcément le grand cinglé qui avait frappé Tori. Celui-ci vitupéra à nouveau, puis repartit à l’offensive. Coriace, le demi-chauve. Sa main gauche serrait de toutes ses forces le poignet qui tenait le tournevis afin de l’empêcher de sévir. L’avant-bras droit s’acharnait à écraser le cou de Victor contre le mur. Le militaire lui résistait sans zèle : s’il devait asphyxier, ce serait uniquement à cause de l’haleine de chacal.

Détournant le nez par-dessus l’épaule meurtrie, Victor prit le temps d’observer le tireur sournois. Il était posté au milieu de l’escalier tel un serpent lové dans un abri rocheux. Excellent poste de tir, couvrant toutes les issues depuis une position avantageuse. Peu d’angles morts.
Le militaire se trouvait dans une impasse. S’il se débarrassait du grand basané, le serpent le flinguerait sur-le-champ. S’il se déplaçait avec, le serpent le prendrait à revers. Victor devait se débrouiller pour immobiliser son adversaire. Préserver le statu quo de bouclier humain, puis attendre une ouverture. Ses pensées se dirigèrent vers Tori qui chaque seconde s’éloignait davantage. Peut-être déjà à l’abri, en sécurité. Appelant le 911 qui arriverait trop tard. Une ambulance qui avait une chance d’arriver à temps.
— Vous commencez à me les briser, vous deux !
Grognant pour accroître sa force, Victor reprit le contrôle de son tournevis. Planta la pointe biseautée dans la cuisse de son adversaire, puis livra un coup de genou contre la base du manche. La tige en métal pénétra le muscle en profondeur. Le grand basané hurla, relâchant la pression sur le cou de Victor. Bouclier humain stabilisé, crut-il. Mais le costaud raffermit sa poigne et lança son front dégarni contre celui du militaire. Une première fois, comme un parpaing tombé d’un gratte-ciel. Une deuxième fois, l’impact d’une plaque en fonte chauffée à blanc sur l’os frontal. Guère étonnant que les cheveux ne poussent plus sur un terrain aussi hostile.
Victor serra les dents et riposta. Les deux fronts se heurtèrent à mi-chemin. L’onde de choc secoua le cerveau de Victor, qui chancela. Son crâne était devenu une cloche en bronze à la messe de Toussaint, carillonnant au milieu d’une brume épaisse.
Et au milieu du bourdonnement lugubre, un claquement. Suivi d’une sensation de brûlure à proximité du cœur.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptySam 31 Déc - 12:13#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
Une palissade en bois protégeait l’arrière de la maison, faite de lattes à pointe triangulaire. Je la longeai, m’interrogeant sur la manière de franchir cet obstacle sans m’embrocher, quand j’aperçus une faille discrètement située à l’ombre d’un arbre secoué par le vent. Mon rythme cardiaque fit une embardée alors que j’imaginai l’intrusion des deux Vénézuéliens dont je suivis les pas, me tournant sur le côté afin de passer entre deux lattes. Je fus accueilli par un petit jardin aménagé encombré de broussailles. La végétation manquait sévèrement d’entretien ! Il commençait à faire sombre et l’atmosphère tournait à l’orage. Je me frayai un chemin à travers les plantes tentaculaires et épineuses qui accrochaient la toile de mon jean, non sans récolter quelques griffures aux chevilles et aux bras. J’atteignis enfin la grande porte-fenêtre et comme je m’y attendais, celle-ci avait été forcée. Je frémis en songeant à ce que mes agresseurs planifiaient de faire subir à Ruben, puis chassai ces idées noires de mon esprit. Papa me dirait de me concentrer sur le moment présent, de porter toute mon attention à ce qui m’entoure. Plus facile à dire qu’à faire ! Je m’introduisis dans la cuisine avec un maximum de discrétion. Avec le barbecue dehors, la configuration était idéale pour organiser des fêtes d’anniversaire très conviviales. Je nous imaginai réunis autour d’une table en tek, racontant de croustillantes anecdotes de notre enfance à la petite amie de Ruben. La présence magnétique et sécurisante de Victor à mon côté, jouant à entremêler nos doigts...
Concentre-toi, Tori ! Concentre-toi !
Je repérai mon sac à main, abandonné sur l’îlot central où mes tortionnaires l’avaient jeté. Je tirai la fermeture et comme je l’espérais, mon Sig Sauer M18 m’attendait sagement à l’intérieur. Les Vénézuéliens n’avaient pas songé à le fouiller avant que je leur parle de mon téléphone. Comme beaucoup de machos, ils m’avaient cataloguée comme une femme sans défense et ils allaient bientôt s’en mordre les doigts !
Un coup de feu résonna depuis la pièce voisine. Je sursautai, le cœur battant à tout rompre. Je me rassurai en songeant que les deux hommes de main n’allaient pas se tirer dessus, et que par conséquent Victor les combattait encore.
Et si ce coup-ci était le dernier de la série ? Ou une exécution ?
J’imaginai Victor à genoux, comme dans les films, le sournois balafré lui ayant tiré dans les jambes, la grande brute collant ensuite le canon froid d’un pistolet au milieu du front.
Non, non, non !
Je déglutis, pris mon Sig Sauer à deux mains, et avec lui tout le courage que je parvins à mobiliser. Je surgis dans le salon, considérai la scène, puis m’écriai :

Plus un geste ! Jetez vos armes !

J’intervenais à un moment critique. Victor venait de neutraliser le plus grand des Vénézuéliens et franchement, je n’étais pas mécontente que cet animal saigne comme un porc ! Son comparse se tenait entre eux et moi, menaçant de tirer sur Victor. C’est lui que je visais, en position de tir, coudes et genoux légèrement fléchis comme on me l’avait enseigné. Je n’étais pas une excellente tireuse, mais à cette distance j’étais certaine de le toucher quelque part entre sa moustache toute moche et la tignasse sur son crâne. Je ne voulais pas prendre le risque de viser le torse et lui laisser une chance de riposter. J’avais un tueur armé dans ma ligne de mire, pas une cible en carton !
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Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Victor s’affaissa contre le mur, emportant le tournevis poisseux dans sa main. Cuisante sensation d’avoir un tison sous l’aisselle gauche. Odeur de plâtre chauffé. Sa vision s’éclaircit et il aperçut le deuxième tireur descendre l’escalier, bras armé le long de la cuisse. L’autre s’ébrouait comme un buffle après un duel de cornes, une paume en compression sur sa cuisse blessée. Victor baissa les yeux sur la zone de la brûlure, entre le haut du biceps et le muscle pectoral. Côté torse, une grande tache rouge s’étendait jusqu’au cœur. Sauce mexicaine. Coulis de tomate, piments et épices. Grâce à la maladresse de Tori, l’assassin embusqué croyait que sa cible saignait à mort. Que le chauffeur de Tori avait son compte.
Victor observa qu’à l’inverse de l’autre tueur, le moustachu était vraiment petit : un généreux mètre soixante, chaussures comprises. Il trotinait vers la porte.
Vers la sœur en fuite, avec l’intention évidente de lui faire du mal. Trop tard, Joe Dalton. Victor imaginait la linguiste à l’abri, occupée à secouer le standard de la police comme un cocotier. Ou occupée à autre chose de stupidement courageux. Les filles de militaire ont du caractère. Comme la sauce mexicaine.
Animé d’un mauvais pressentiment, Victor bondit sur le côté. Presque à portée de main du Beretta gisant au sol. Comme tout combattant expérimenté, le grand costaud – un Jack Dalton parti en vrille – flaira le danger. Prenant appui sur sa jambe indemne, il cueillit Victor par surprise et le repoussa violemment contre le mur. Choc à l’arrière du crâne. Repoussant l’étourdissement passager, Victor tenta de repartir à la charge ; son adversaire l’arrêta avec un couteau dentelé. Lame noire de 23,8 cm qui absorbait la lumière filtrant des rideaux, manche cuir qui adhère sans faillir à la paume. Victor avait expédié un chargement de ces Ka-Bar 2217 au printemps. Un bel outil, parfaitement équilibré, qui dans une main aguerrie peut découper les tendons du cou et sectionner des vertèbres d’un ours. Victor lui opposa son tournevis de bricoleur, manche en plastique jaune semi-transparent, tige en acier maculée du sang ennemi.
La lutte s’engagea, inégale.
Le basané aux prunelles prédatrices maniait son couteau avec des techniques paramilitaires.
Le tireur court sur pattes, d’abord stupéfait, montra des signes d’hésitation entre la porte ouverte et le duel. Tori ou son complice amoché.
Pour Victor, le choix était simple. Nul besoin de réfléchir. Aucun des deux tueurs ne franchirait le seuil de cette porte.

La lutte était inégale, mais en défaveur du grand basané. Celui-ci montrait une belle résistance, ainsi qu’une bonne technique au corps à corps. Insuffisant. Victor était plus jeune, plus vif, plus fort, mieux entrainé. Il bataillait chaque jour avec acharnement afin de rehausser ses capacités physiques déjà exceptionnelles. Le dégarni déclinait rapidement ; il transpirait à grosses gouttes et ses frappes mollissaient sans inquiéter le sergent de l’US Army. Victor esquiva un coup sifflant vers le cou, cueillit au vol le poignet armé, puis retourna la lame en acier carbone contre le ventre bedonnant. Cinq centimètres dans le lard. Un hurlement de douleur qui donnait la mesure des dégâts infligés.
Près de la porte, le moustachu leva son arme avec une froide détermination. Il aurait dû contourner les deux combattants, prendre Victor à revers avec un meilleur angle de tir. De façon inconcevable pour un militaire, le sort de son complice n’avait pas l’air de le préoccuper outre mesure. Grosse erreur.
Dehors, le tonnerre grondait. Une bourrasque fouetta la porte qui pivota sur ses gonds, faisant disparaitre le tireur. Victor remercia l’Esprit des tempêtes de lui offrir cette protection éphémère, écrasa son coude contre la mâchoire du grand costaud puis, de la paume, frappa le manche du Ka-Bar sur sa base. Quinze centimètres supplémentaires de tissus et d’intestins tranchés nets. Le paramilitaire eut un genre de sifflement grotesque – le diaphragme ne fournissait plus suffisamment de tension pour générer un cri. Victor plaqua violemment son adversaire contre le mur et planta le tournevis au milieu de la main qui avait tenu le Ka-Bar. La tige en métal traversa les muscles, le cartilage, la couche de plâtre ; s’enfonça de plusieurs centimètres dans le mur. L’attaque n’avait pas duré plus de quatre secondes.
La porte se ferma en claquant, poussée par le balafré furibond. Victor eut un sourire triomphant. Le Beretta l’attendait à une roulade de distance. Ils se toucheraient probablement en même temps, à peu de choses près. Un seul survivrait, ou aucun des deux.
Une fille de militaire courageusement stupide, émergeant de la cuisine, bouleversa ce scénario.
— Okay ! Je me rends !
Victor leva les mains. Il ne l’aurait pas fait si Tori n’était pas armée. Faire diversion, gagner du temps. Néanmoins une question le préoccupait : aurait-elle le cran de tirer sur une cible humaine ? Pour la plupart des gens, c’est plus difficile qu’on le croit. Les trois hommes dans cette pièce avaient passé le test depuis belle lurette. Pas la linguiste.
Le moustachu avança d’un pas, tellement focalisé sur Victor qu’il ne voyait guère Tori à la périphérie de son champ de vision. Elle manœuvrait pour le prendre à revers.
— À génoux, lé Ricain.
Victor considéra la vilaine balafre qui palpitait sur la joue du tueur, la folie meurtrière qui brûlait dans ses yeux noirs de haine. Cet homme était encore plus atteint que le grand type gémissant cloué au mur. Victor se rendit compte qu’il jouait littéralement avec le feu. Ce type était capable de tirer à tout moment, reddition ou pas.
— Viens donc m’y mettre, si t’as les couilles d’approcher.
Le balafré éructa de rage. Fit deux petits pas en avant. Tori l’avait à présent dans sa ligne de tir. L’index du tueur frémit, puis exerça une pression sur la queue de détente. Victor sentit les doigts glacials de la mort se positionner autour de son cœur.
— Plus un geste ! Jetez vos armes !
C’était moins une – une milliseconde. La fille de commandant en imposait, avec le canon de son Sig Sauer dirigé sur la tête du moustachu. Plus osé que la zone protocolaire de la poitrine. Plus intimidant. Et immanquable à cette distance. Victor crut que le duo Victori avait gagné.
Il se trompait.
Vif comme l’éclair, le moustachu redirigea son 9 mm sur Tori et dégaina un deuxième flingue. Calibre .22, pointé sur Victor. Discret et léger, faible puissance – suffisante néanmoins pour abattre un homme à trois mètres.
Nouvelle impasse.
Victor tenta un pas de côté.
— Bouge pas, lé Ricain, ou jé tire ! Jé tire les deux !
Victor s’immobilisa. La moustache décrirait des mouvements rapides entre Tori et lui, à la manière d’un hibou aux aguets.
— Tou férais mieux dé lâcher ça, la hermana.
Il savait que Tori était la sœur de l’homme qu’ils recherchaient. En revanche, il n’avait pas l’air d’intégrer l’héritage militaire de la femme armée.
Son complice, haletant et gémissant, ôtait péniblement le tournevis de sa main clouée. Il avait l’intelligence de laisser en place le couteau fiché dans son ventre, malgré la douleur atroce. L’hémorragie le viderait en quelques minutes. Puisque Victor n’avait pas ciblé d’organe vital, il avait une chance raisonnable de s’en sortir.
— Descends-le, commanda froidement le sergent Nash à Tori. Tir et déplacement, comme ton père t’a appris.
C’était la meilleure option. Prendre l’initiative du tir. Bouger juste après la pression de la détente, de sorte à réduire l’exposition à un tir de représailles. Contrairement à ce que le balafré insinuait, il était impossible d’effectuer deux tirs synchrones. Il y aurait forcément un doigt en avance sur l’autre. La détente du .22 était plus souple que celle du 9 mm. La première balle serait donc pour Victor. Inévitable à cette distance, avec un haut potentiel de létalité. Tori aurait ensuite des chances excellentes d’en sortir indemne. Si le projectile de son M18 atteignait directement les neurones moteurs du cerveau, un mouvement d’esquive serait même superflu. Ensuite, le grand type au crâne dégarni tomberait à ses pieds. Il avait sûrement des choses à dire à propos de Ruben. L’affaire serait confiée à la police, voire au FBI. Qu’il en réchappe ou rejoigne Thomas au cimetière des « ploucs », Victor ne serait plus dans le coup.
— Vas-y, descends-le !
Il s’aperçut avec effroi que Tori ne pouvait pas : le cran de sureté du Sig Sauer M18 était dirigé vers l’avant, en position verrouillée.

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Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
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Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 Xzov

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyLun 2 Jan - 17:08#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Descends-le. Tir et déplacement, comme ton père t’a appris.

Dans mon élan, dans le feu de l’action, j’aurais pu tirer. J’aurais pressé la détente pour sauver ma vie, la vie de Victor, et potentiellement celle de mon frère. Mais là, de sang-froid ? J’apprenais à mes dépens que les séances de tir sur des cibles en carton imprimé, représentant une silhouette vaguement humaine, ne m’avaient pas préparée à la réalité, à prendre la vie d’un homme qui respirait à quelques mètres de moi. Les conseils que m’avait prodigués papa depuis mon enfance n’y changeaient rien. Il me fallait une attaque directe de sa part, un mouvement brusque qui mette directement nos vies en péril. Le petit homme à moustache n’en fit rien. Il restait immobile, un pistolet pointé sur chacun de nous pendant que son complice luttait pour se libérer. Mes bras commencèrent à trembler, j’avais l’impression que mon pistolet pesait une tonne. Je jetai un regard désespéré à Victor, qui réitéra sa sentence avec force.

Vas-y, descends-le !

Je sursautai. L’accélération de mon pouls faisait palpiter toutes les veines de mon corps, couvrant mon front d’une pellicule de moiteur. Il devait bien y avoir une autre issue !
J’ignore comment la situation aurait tourné si les hurlements d’une sirène de police ne s’étaient pas fait entendre à ce moment-là. Je n’ai plus jamais osé y repenser.

Attendez ! m’écriai-je en écartant mon arme, que je posai doucement à mes pieds.

J’évitai de regarder en direction de mon sauveur, me figurant parfaitement la déception et l’effroi sur son visage. "Pourquoi tu n’as pas tiré ? Tu nous condamnes tous les deux !" Voilà ce qu’il devait penser à cet instant. Sauf que je savais des choses que le sergent Victor Nash ignorait.
Je parlai à toute vitesse, employant les idiomes régionaux de leur langue natale, à la fois pour instaurer une relation de confiance et leur faire comprendre que j’avais tout compris de leurs échanges.

Votre patron vous a ordonné la discrétion, non ? Si vous nous tuez, vous aurez un double meurtre sur les bras. La police mettra les grands moyens pour vous arrêter et commencera par boucler la ville. Ensuite, ils installeront des barrages sur les routes. J’ai eu le temps de donner vos signalements à la voisine qui a appelé le 911, et avec le grand là-bas qui est blessé, vous n’irez pas bien loin. Et même si vous réussissez à passer entre les mailles du filet, je doute que votre patron vous accueille gentiment. Rentrer les mains vides, ça passe encore, rentrer avec un camion de problèmes, ça finit généralement très mal dans votre milieu. De toute façon, Ruben n’est pas là et personne ne sait où il se trouve. Si vous m’assassinez, moi sa sœur, vous pouvez être certains que mon père le protègera avec la moitié des forces de l’armée américaine, et qu’il enverra l’autre moitié à vos trousses.

Ouf ! Je n’avais jamais fait un exposé aussi rapide de toute ma vie. J’étais terrorisée et pourtant, je ressentais une certaine fierté euphorique pour l’exploit que je venais d’accomplir. C’était comme si les conseils de papa, tous mes souvenirs des fois où je l’avais vu et entendu faire son travail, s’étaient condensés en cette minute fatidique. Les deux Vénézuéliens se consultèrent brièvement, avec des bribes de phrases codées que je n’arrivais pas à interpréter. J’en profitai pour lancer un résumé à Victor qui ne comprenait pas l’espagnol, et donc ce que j’avais dit à nos agresseurs. Le plus grand se libéra pendant que le moustachu nous tenait toujours en joue, toutefois ce dernier passait sur la défensive et se repliait vers la cuisine. Je leur faisais suivre mentalement le trajet inverse jusqu’à la palissade ébréchée. A cet instant, j’acquis la conviction que mon initiative culottée avait porté ses fruits. Aucun coup de feu n’allait être tiré. De plus, la sirène approchait et la fuite des Vénézuéliens était loin d’être assurée. Ou alors me fourvoyais-je naïvement ?
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptySam 7 Jan - 15:26#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Tenu en respect par le calibre .22 du balafré, Victor couvrait Tori de louanges silencieuses. S’était-elle rendu compte que son Sig Sauer était verrouillé ? Que le tueur balafré les tenait à sa merci avec ses deux flingues ? Quoi qu’il en soit, elle venait de renverser la situation grâce à un coup magistral. La sirène de police ne venait peut-être même pas pour eux. Un type louche entrant par une fenêtre, une dispute conjugale, une bagarre d’ivrognes au bas de la rue, des jeunes qui s’amusent avec des pétards aux bruits de détonations, les motifs d’intervention ne manquaient pas. Mais Tori paraissait crédible dans tout ce qu’elle racontait. Ou alors elle bluffait, de A à Z ou seulement de A à F. Elle s’exprimait avec un tel aplomb que Victor n’en savait rien. Si lui-même la prenait au sérieux, les deux étrangers devaient avoir des sueurs froides. Tori était une femme pleine de ressources ; fragile à première vue, forte là où on ne l’attendrait pas. Un métissage ébahissant entre civile et militaire.

Victor demeurait tendu, les sens en alerte. Au-delà des murs, les roulements de tonnerre annonçaient l’arrivée imminente de l’orage. La lumière s’était atrophiée. Bien qu’il reculait prudemment vers la cuisine, le petit braquait toujours ses deux armes sur leurs poitrines. Le M18 de Tori gisait inutilement par terre. La balafre et l’épaisse moustache renforçaient la mine rébarbative du tueur, cependant la flambée de haine s’était tarie. Victor estima qu’on ne pouvait espérer une attitude plus avenante de la part de ce timbré.
Son complice l’inquiétait davantage.
Dans un râle de douleur, le grand costaud ôta la tige du tournevis plantée au milieu de sa paume. Il fallait une force de vie phénoménale pour tenir debout avec un trou dans la cuisse et un Ka-Bar dans le ventre. De combattant à combattant, Victor ressentit un profond respect pour les qualités de son ennemi. Puis son regard croisa les yeux emplis de fureur.
Le sang gouttait du tournevis, qui passa dans la main valide. Prêt à perforer d’autres chairs. Le plan de Tori allait partir en vrille. Victor s’était résigné à lâcher prise, pas à se conduire en bovin qui attend docilement le coup de pistolet d’abattage. Il leva les mains face au moustachu, signe universel de trêve, pour lui signifier qu’il ne cherchait pas des noises. Se porta au-dessus du Beretta à terre et lui offrit son dos. Le tireur avait la possibilité de le descendre quand il voulait. Victor ramassa doucement le pistolet puis cibla le grand enragé. Celui-ci peinait à marcher. Résistant, mais pas surhumain.
— Tu fais pas le con, personne ne tire, tout le monde sort d’ici vivant. On est d’accord ?
La sirène de police approchait.
Victor sentait le souffle mortel du .22 dirigé vers sa nuque. Le moustachu pouvait encore changer d’avis et, malgré les risques, liquider les deux témoins.
Le grand type vociféra en espagnol, puis jeta le tournevis dans un geste de colère. Il traina sa carcasse blessée jusqu’à Victor et tendit la main.
Son flingue.
En deux secondes, Victor retira le chargeur puis éjecta la balle logée dans la chambre. Il tendit le Beretta 92FS désarmé et observa un détail intéressant sur la crosse. Rictus mauvais du grand, qui récupéra l’arme de sa main poisseuse. La rage couvait encore dans ses yeux. Avec quinze ans de moins, Victor aurait éprouvé de grandes difficultés à vaincre cette force de la nature. Le blessé rejoignit son complice en claudiquant ; ils s’engouffrèrent dans la cuisine. Sur le seuil, le moustachu lança une ultime mise en garde à Tori. Certainement la promesse de lui exploser la cervelle si elle tentait quelque chose. Tori acquiesça. Nul besoin de maîtriser l’espagnol pour interpréter les signes.
La porte de la cuisine claqua. Le cœur du militaire battit d’un vif soulagement. Il se précipita au-devant de Tori et l’enveloppa de ses bras. Elle tremblait. Il la serra plus fort, caressa le dos secoué de frissons. Victor éprouvait le doux sentiment d’être à sa place.
— Ça va aller, énonça-t-il afin de la rassurer. Tu les as fait fuir. Ils ne reviendront pas.
Il lui restait cependant un dernier acte à accomplir. Un serment. Son devoir.
Victor rompit leur brève étreinte. Se baissa et s’empara du M18, chargé.
— Moi, je n’ai rien promis à ces fumiers, expliqua-t-il en se redressant.
Rien qui l’engageait au-delà du cloître protecteur de cette maison.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 8 Jan - 18:41#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Ça va aller. Tu les as fait fuir.

Je levai les yeux sur Victor, enveloppée dans le cocon protecteur de ses bras réconfortants. Pour la première fois depuis que j’avais mis les pieds à l’intérieur de cette maison, je me sentais bien. Les tueurs avaient disparu de ma vue et une partie de moi cherchait à purger mon esprit de leur existence, à jeter aux oubliettes les souvenirs terrifiants qu’ils m’avaient laissés. Durant quelques secondes, j’allai jusqu’à perdre le fil de cette longue et intense journée. Je voulais rester blottie contre Victor, ne plus bouger, que rien ne change. Un vœu parfaitement illusoire alors que la sirène de police stridulait de plus en plus fort. J’espérais tout de même que Victor me garde dans son étreinte jusqu’à l’arrivée des agents en uniforme, un espoir qu’il doucha en ramassant l’arme mortelle que j’avais moi-même apportée, croyant être capable de m’en servir...

Moi, je n’ai rien promis à ces fumiers.

Je vis son expression déterminée alors qu’il brandissait mon Sig Sauer vers la porte qu’avaient empruntée les Vénézuéliens. Je posai mes doigts tremblants sur les siens, me rappelant les sensations et émotions terribles qui m’avaient empêchée de presser la détente. Mes nerfs se relâchèrent et des larmes se formèrent sous mes paupières.

Je suis désolée, Victor, vraiment désolée... Je n’ai pas pu, tu comprends ? J’étais incapable de tirer sur cet homme de sang-froid... Je... je ne pouvais pas.

Je lui abandonnai mon arme, puis séchai l’humidité de mes yeux avant de les braquer, plissés et résolus, sur ceux du sergent de l’US Army.

Fais ce que tu as à faire. Ces hommes s’en sont pris à moi et veulent s’en prendre à Ruben. Il faut les arrêter. Tu dois les arrêter.

La dureté de ma voix me fit frissonner. Oui, j’étais lâche de demander à Victor ce que je n’avais pas réussi à accomplir de mes propres mains. Mais n’est-ce pas le rôle de nos soldats, de se salir les mains pour les gens comme moi ?
La sirène hurlait tout près à présent. Je la visualisai remonter la rue comme nous l’avions fait tout à l’heure, débordant d’espoir et d’enthousiasme à l’idée de retrouver mon frère. D’autres stridulations plus lointaines me parvenaient, la police venait en nombre ! Je remerciai intérieurement la voisine que j’avais alpaguée, puis touchai le bras de Victor.

Sois prudent ! criai-je par-dessus le vacarme. Je m’occupe d’informer les policiers.

Dans ce genre de situation dangereuse et imprécise, les hommes en uniforme étaient bien capables de prendre Victor pour un criminel armé ! Je devais leur expliquer de ne surtout pas tirer sur un homme blanc, baraqué, au look plus militaire qu’un soldat dans un champ de tir. Même mon Sig Sauer M18 était un pistolet que divers services de l’armée utilisaient. Je jetai un dernier regard à Victor qui s’évanouissait dans la cuisine, puis me précipitai dehors les mains en l’air.
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Septembre 2022 ☆ Fresno
— Je suis désolée, Victor, vraiment désolée... Je n’ai pas pu, tu comprends ? J’étais incapable de tirer sur cet homme de sang-froid... Je... je ne pouvais pas.
Les larmes de Tori étaient comme des flèches perçant le cœur de Victor.
— C’est exact : tu ne pouvais pas.
D’un geste du pouce, il manœuvra le cran de sûreté qui bloquait jusqu’alors toute possibilité de tir. Ce genre de réflexe ne s’acquerrait pas dans un stand de tir sécurisé. Pliant l’index de sa main libre, il lui releva le menton et la regarda dans les yeux.
— Mais ce que tu as fait était encore plus courageux. Brillant et osé.
Il glissa sa main sous la joue qui fut giflée, touchant l’arrière du crâne du bout des doigts. Sentit un liquide visqueux, durci : du sang coagulé, crouteux à la base des cheveux. La colère de Victor se raviva comme de l’essence jetée sur des braises.
— Fais ce que tu as à faire. Ces hommes s’en sont pris à moi et veulent s’en prendre à Ruben. Il faut les arrêter. Tu dois les arrêter.
Victor opina. Pas le temps de tergiverser. Les deux agresseurs prenaient la fuite et la police arrivait trop tard pour les arrêter. Il déposa un baiser sur le front moite de Tori, puis se rua vers la porte de la cuisine. Pistolet dans l’axe de vision. Paré à dégommer tout ce qui pissait le sang de la main droite ou affichait une cicatrice sur la joue gauche.
Personne dans la cuisine. Des traces de sang menant à une grande porte-fenêtre. Le militaire s’élança, à couvert, vers l’ouverture. Un jardin en friche s’étala devant ses yeux, battu par la tempête qui montait en puissance. L’intensité du tonnerre agressa ses oreilles.
Il aperçut le plus grand se trainer péniblement jusqu’à une palissade ébréchée. Le Ka-Bar plongé dans son bide pointait avec horreur sur le flanc gauche et le gênait. Un chirurgien attraperait une syncope en voyant la scène, bien que Victor avait volontairement évité une zone léthale. Un pas de travers, et le manche accrochait une latte de bois. Tranchant plusieurs centimètres de tissus internes. Décès garanti par hémorragie.
Au loin, des volets claquèrent. À moins que ce fût une portière de voiture. Le petit moustachu avait certainement pris de l’avance afin de démarrer la Ford crasseuse. Victor songea qu’un salopard dans son genre était capable d’abandonner un partenaire blessé derrière lui. Un frère d’armes n’agirait jamais de cette manière.
Il pointa son arme sur l’éclopé.
Se rappela l’enseignement du sergent-instructeur Highway au sujet de l’honneur du soldat et des lois de la guerre. « N’ayez aucune pitié pour l’ennemi qui vous attaque, mais ne vous acharnez pas sur l’ennemi blessé qui bat en retraite. » Le discours avait suscité effarement et scandale parmi les ploucs, Victor y compris. Comme la plupart des bleus à cette époque, il s’était engagé pour liquider du terroriste irakien et croyait tout savoir. Sauf qu’il ne savait rien du tout, et l’Oncle Sam l’avait envoyé combattre une armée régulière sans aucun lien avec les attentats du World Trade Center.
Le grand basané mal en point, hors de combat, ne portait même pas un uniforme.
Victor se figura les complications pour lui et son dossier militaire s’il abattait un civil blessé d’une balle entre les omoplates, depuis une propriété qui n’était pas la sienne. Zéro chance de réintégrer une unité de combat avec une affaire criminelle sur le dos, lesquelles prennent un temps fou à passer en jugement. Le père de Tori pourrait faciliter les choses, ou au contraire les empirer. Une chance sur deux.
Il reverrouilla le cran de sûreté.
Le dernier rayon de soleil acheva de disparaitre derrière les nuages.
Une berline freina de l’autre côté de la palissade ; Victor reconnut la Ford empoussiérée entre les lattes.
L’homme qu’il avait blessé disparut dans la semi-pénombre. Une portière claqua.

Derrière lui, Victor entendit le brouhaha des policiers qui investissaient les lieux. Une voix forte lui aboya de déposer son arme. Ce qu’il fit – bras en croix, index en évidence hors du pontet.
Une pluie grise se mit à tomber.
Victor eut le sentiment – effroyable, glacial – qu’il regretterait son inaction jusqu’à son dernier soupir.

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It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
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Tori Espinoza

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Jessica Alba
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-

36 ans.
Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 15 Jan - 18:49#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022 ☆ Fresno
Nous passâmes près de trois heures au poste de police. Les enquêteurs nous interrogeaient séparément, comme des criminels, si bien que je n’avais eu l’occasion de questionner Victor sur les raisons de son échec. Etait-il arrivé trop tard ? Quelque chose l’avait-il retenu à la dernière seconde ? Je ne savais pas quoi penser. Les deux Vénézuéliens avaient pris la fuite et mon pistolet n’avait pas tiré un seul coup. La police me le restitua au terme des interrogatoires, après avoir vérifié mon permis.
L’inspecteur responsable, monsieur Carver, se montrait optimiste. Ils avaient la description du véhicule, donnée par Victor et corroborée par des témoins. Personne n’avait mémorisé ou photographié la plaque d’immatriculation, toutefois Carver obtiendrait lundi un mandat pour réquisitionner des bandes de vidéosurveillance à travers la ville. A moins qu’il s’agisse d’une voiture volée, cette piste conduirait tout droit au conducteur, le petit à moustache ou l’autre, gravement blessé. Les admissions dans les hôpitaux seraient vérifiées. Grâce à Victor, les techniciens de la police avaient également prélevé des empreintes de sang sur le mur, très nettes, en plus d’échantillons d’ADN. Si le grand Vénézuélien avait commis un crime en Californie, ils le trouveraient aussitôt. De mon côté, j’apportais comme informations utiles leur pays d’appartenance et même la région précise, pour le sournois avec la cicatrice sur la joue. Je les avais vus d’assez près pour établir un portrait robot très précis, toutefois la police ne comptait pas y avoir recours. Une affaire de budget, d’après l’inspecteur. Dans la logique judiciaire, il fallait un meurtre en bonne et due forme pour engager des moyens importants. Ça nous était bien utile, une fois qu’on était mort !
La police de Fresno n’avait même pas jugé nécessaire de nous offrir des soins, ou même une boisson. Affaire de budget, là aussi ? Mes tortionnaires m’avaient quand même frappée et j’avais une croûte de sang à l’arrière du crâne, qui me lançait. Une chance que j’étais assez dure physiquement ! Quant à Victor, il affichait des marques de lutte et semblait abattu. Je l’observai depuis une salle d’attente pendant qu’un détective achevait de prendre sa déposition, de l’autre côté d’une cloison en verre transparent.
Mon téléphone vibra. C’était la réponse de papa au sujet du dossier militaire de mon naufragé. Ma demande datait seulement du début d’après-midi, et pourtant elle me semblait terriblement lointaine. Puisque je n’avais rien d’autre à faire, je lus le message.
Ma chérie,
Ta mère et moi allons bien. La saison automnale s’annonce inclémente pour mes os assoiffés de soleil, mais je survivrai. Je suis sûr que tu te plairas à Monterey, et que tu t’acclimateras à ton nouvel environnement comme tu l’as toujours fait. Le Presidio n’est pas une base de renom, mais ta mère m’en a dit beaucoup de bien dans la spécialité qui est la vôtre.
J’ai effectué la recherche que tu m’as demandée.
- Victor Nash, né le 9 avril 1985 dans le Kentucky, sergent de logistique au Presidio de Monterey depuis le 01/01/2022.
- Echec au test de recrutement des Marines en 2003.
- Incorporé dans l’infanterie en 2004, avec la mauvaise piétaille que l’US Army recrutait à cette période pour la guerre en Irak.
- Mariage en 2005, avant premier déploiement. Divorce en 2007, avant second déploiement. Pas d’enfant signalé, aucune pension.
- Aucune mention ou distinction particulière.
- Responsable d’un incident en août 2021, à Kaboul, lors du retrait d’Afghanistan. Arrêté par la police militaire. D’après le niveau de classification, l’affaire devait être particulièrement embarrassante pour l’armée américaine. Suspension, passage en cour martiale, puis transfert à Monterey. Je ne crois pas qu’on lui a donné le choix.
Ce sergent n’est pas un bon, Tori. J’en ai connu des tas comme lui, ils n’ont aucune grandeur en eux et attirent les problèmes. Beaucoup se détruisent eux-mêmes, ou finissent par craquer et détruisent ce qui les entoure. Je peux passer quelques coups de fil si tu souhaites que je creuse son dossier.
Porte-toi bien,
A.E.
Je relus le message une deuxième fois, abasourdie, profondément perplexe et... terriblement déçue. Comment avais-je pu me tromper à ce point sur le compte de Victor ? Mon téléphone en main, je relevai les yeux vers mon naufragé et son air abattu. Je savais ce que papa voulait dire par "ils n’ont aucune grandeur en eux et attirent les problèmes". Il disait la même chose au sujet de Ruben et sous-entendait que Victor était lui aussi un soldat raté qui aurait une influence délétère sur moi. Contrairement à beaucoup de pères avec de l’autorité et du pouvoir, le mien ne m’interdisait jamais formellement de fréquenter un homme. Il avait choisi de me responsabiliser très tôt et je faisais tout pour ne pas décevoir la foi qu’il plaçait en moi. De fait, je n’étais jamais allée à l’encontre d’un jugement aussi négatif de sa part.
Victor et le détective se levèrent, je répondis à la hâte sur mon téléphone :
Merci papa ! J’en prends bonne note, inutile de fouiller plus.
Je vous appelle bientôt.
Bisous !
L’ombre du militaire en carton m’enveloppa tandis que je rangeai précipitamment mon téléphone. Je me levai de mon siège et évitai de croiser son regard.

On peut partir maintenant ?

Il y avait un fond de reproche dans ma voix, ainsi qu’un fort accent de déception. Si je n’avais pas besoin du véhicule de Victor pour rentrer chez moi, j’aurais déjà quitté le commissariat en claquant la porte.
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Victor Nash

Victor Nash
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyVen 20 Jan - 20:49#

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Septembre 2022 ☆ Fresno
La Ford fonça en direction du Nevada. Aucun arrêt, vitesse maximale réglementaire – dépassée sur les tronçons de route peu fréquentés. L’itinéraire différait de celui emprunté à aller, ainsi que l’exigeait le protocole. Chaque virage faisait geindre le blessé étendu sur la banquette, un couteau planté entre ses côtes et un bandage grossier contenant l’hémorragie de sa cuisse. Sa main perforée montait et descendait sur sa bedaine, comme si elle haletait. Cinquante années d’une vie trouble et sauvage défilaient sous ses paupières closes. Le blessé s’appelait Fernando.
Calé derrière le volant, son complice caressa pensivement son épaisse moustache. La mission était un fiasco ; Castillo allait être furieux. Il repensa au plan qu’il avait secrètement élaboré dans l’Utah. Son parcours lui avait appris à transformer les échecs en réussites. Il avait déjà pris l’initiative de couvrir la banquette arrière avec deux épaisseurs de drap, juste avant de récupérer Fernando derrière la maison de leur cible et malgré l’arrivée des flics. Un risque calculé qui allait désormais payer.
Fernando geignit à nouveau. Supplia de l’emmener chez un docteur de toute urgence. Procédure qu’il aurait lui-même engagée si son téléphone n’avait pas été extrait de sa veste, puis détruit. Téléphone qui recélait une liste de contacts crapuleux dans les états où il opérait, notamment des médecins compétents qui rafistolent des blessures suspectes dans leur garage – sans poser de question.
Peu après la frontière, le conducteur prit le chemin d’un canyon. Il faisait nuit ; un pâle croissant de lune baignait d’argent le paysage désolé. La Ford s’arrêta loin de tout. Le balafré descendit, ignora les supplications de son mentor, ouvrit le coffre, puis changea les plaques d’immatriculation. Une bonne chose de faite. Il ouvrit ensuite la portière arrière droite, donnant sur la tête de Fernando. Les membres supérieurs du redoutable paramilitaire étaient devenus impuissants : le Ricain avait détruit la main droite ; la gauche maintenait le Ka-Bar que cet emmerdeur avait logé avec précision dans une zone vulnérable, cependant non létale. Le tueur moustachu ne comprenait guère cet acte de clémence. Le monde entier savait que les Ricains avaient la passion du meurtre dans le sang.
Il attrapa ce qui restait de la tignasse de son partenaire et tira de toutes ses forces. C’était encore plus excitant que dans son imagination. Fernando glissa de la banquette comme un gros poisson maladroit et percuta le sol rocailleux. Un râle de douleur déchira le silence de la nuit.
— Fais pas ça, Javier ! Non ! Fais pas ça ! criait-il en se débattant.
Comme Victor avant lui, Javier ne pouvait s’empêcher d’éprouver une forme de respect pour cette force de la nature. Les mauvaises herbes sont les plus coriaces de toutes. Javier appréciait cette qualité à sa juste valeur : lorsqu’il avait mis la main sur un des assassins de sa famille, grâce à Salvador Castillo, cette résistance exceptionnelle lui avait permis de savourer soixante-cinq heures de tortures ininterrompues.
Javier traina Fernando au bord d’un ravin, la poussière stérile absorbant le sang répandu. Il prit une photo avec son téléphone : la preuve que son mentor avait merdé. Fatalement merdé. Javier lui imputerait l’échec de la mission et prendrait sa place. C’était ça, le plan. Simple, efficace, profitable. Il remercia le moribond pour ses enseignements, déroba la lame de rasoir encore souillée du dernier scalp, puis infligea à Fernando ce que celui-ci aimait faire à ses victimes. Quand il eut fini, Javier avait du sang plein les mains et les bottes ; Fernando respirait encore faiblement. Javier poussa négligemment la lourde carcasse du talon. S’essuya les mains et les bottes pendant que Fernando chutait dans la pénombre argentée.
Javier se dressa sur son mètre soixante-deux, brandit le scalp sanguinolent face à l’astre lunaire et poussa une série de hurlements bestiaux. Il éprouvait une intense jubilation. Sa soif de meurtre, vive comme la soif d’un voyageur du désert, était rassérénée. Non loin de là, des charognards réagirent à l’appel du festin. Javier jeta le scalp dans le vide, mais garda la lame de rasoir en souvenir.
Après avoir nettoyé la voiture comme Fernando lui avait appris, Javier regagna la route du Colorado. Il avait du temps pour réfléchir à la manière de trouver Ruben Espinoza. Castillo lui commanderait sans aucun doute d’achever la mission. Cette fois, plus d’opportunité ou d’échappatoire : un nouvel échec conduirait Javier à une fin bien plus cruelle que celle de Fernando.


* * *

La bouche sèche comme du bois mort, Victor répondit machinalement à toutes les questions qu’on lui posait. Renseigna deux formulaires avec nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse et tout ce qui l’identifiait en tant que citoyen de l’état de Californie, témoin et vaguement acteur d’une affaire criminelle. Ses blessures, bénignes, le démangeaient. Il s’entretint sept minutes avec l’inspecteur Carver, puis l’infatué responsable de l’enquête le confia à un subalterne apathique.
Carver avait consacré plus de temps à Tori. Parce qu’elle était la sœur du propriétaire introuvable de la maison, ou parce qu’on a rarement l’occasion d’admirer ce genre de beauté en vis-à-vis au cours d’une vie humaine. Probablement les deux raisons à la fois. Victor n’aimait pas l’inspecteur. Il ne lui faisait guère confiance. Carver mâchouillait un chewing-gum au menthol avec l’espoir que les arômes artificiels masquent son haleine empuantie d’arrogance. Peine perdue : malgré la climatisation de la salle d’interrogatoire, ses insuffisances suintaient par tous les pores de sa peau. Odeur âcre, due à l’excès de cortisol. Victor avait connu des officiers dans son genre. Des officiers qui péroraient beaucoup mais ne valaient pas un clou sur le terrain. Leur incompétence polluait l’ensemble de la chaine hiérarchique. En conséquence, Victor préserva son peu de salive restante et ne dit rien de ses observations. Hors de question de passer la nuit dans ce commissariat, ou même d’y remettre les pieds. Ces tocards n’avaient qu’à lui filer un verre d’eau et poser des questions pertinentes.

Il retrouva Tori dans la salle d’attente. Voulut lui demander comment elle allait. Se fit couper la parole. Trop lent, trop hésitant, trop mal à l’aise.
— On peut partir maintenant ?
Les premiers mots que Victor entendait de sa bouche depuis qu’elle lui avait confié son arme avec une mission claire : arrêter les types qui lui avaient fait du mal et menaçaient son frère. Or, les deux Vénézuéliens étaient en cavale parce qu’il n’avait pas fait le nécessaire. C’était sans doute pour cette raison que Tori le regardait bizarrement, lèvres pincées, et que sa jolie voix sonnait comme une froide accusation.
Victor n’avait rien à dire pour sa défense.
— Je vous accompagne d’abord aux toilettes, dit-il en se touchant l’arrière du crâne, là où du sang séché maculait la chevelure de Tori. Dessous, Victor estimait qu’une vilaine bosse devait encore la souffrir. Carter et sa clique n’avaient manifestement pas jugé utile de lui prodiguer des soins élémentaires, à elle non plus. La sempiternelle rengaine du budget. Victor avait envie de prendre ces crevards par le col, l’un après l’autre, et confronter leurs visages mesquins à la vérité du miroir.
— J’insiste, appuya-t-il.
Tori céda.

Une policière bâtie comme un bulldog campait devant les toilettes, séparées par genre. Elle avisa le tee-shirt de Victor, déchiré et parsemé de taches brunes.
— De la sauce mexicaine, expliqua-t-il. À vous arracher la gorge.
La cerbère arqua un sourcil.
Victor avança avec Tori devant l’entrée des toilettes pour dames.
La cerbère s’interposa.
Victor la fusilla du regard.
— Vos services ont laissé cette femme seule, sans présence ou soutien. Une victime et témoin clé. Zéro prise en charge médicale alors que deux assassins se sont défoulés sur sa tête. Pas même un verre d’eau depuis trois heures qu’on moisit ici en faisant preuve de coopération. Alors j’entre avec elle, ou vous appelez vos collègues en uniforme pour m’en empêcher.
La policière se renfla, pareille à un chien de garde. À cheval sur le règlement, elle consentit à escorter Tori et lui passer un shampoing froid au savon liquide. Victor jugea que c’était un bon compromis. Il avait lui aussi besoin de se rafraichir et faire la vidange dans les toilettes à côté. Homme et femmes se séparèrent.
Victor sortit le premier. Difficile de rivaliser avec l’efficacité militaire. En plein jour ou au milieu de la nuit, on apprend à passer du slibard au peloton de combat en cinq minutes chrono.
Enfin la policière sortit, tenant la porte à Tori. L’énorme cou de cerbère frétilla, adressant un signe de respect à Victor. Le militaire crut presque à une hallucination. Incrédule, il renvoya le salut puis montra les clés de la Camaro à Tori.
Maintenant, je vous reconduis chez vous, annonça-t-il d’une voix fatiguée.

Le trajet du retour s’opéra en silence. Une quinzaine de kilomètres après Fresno, l’averse orageuse se réduisit à une bruine négligemment balayée par les essuie-glaces de la voiture. Victor regardait devant lui, bercé par le ronronnement du moteur. Lovée contre la portière, Tori s’endormit. Il n’y avait rien d’autre que la route éclairée par les phares puissants, au cœur d’une nuit sans étoile. Aucune pensée étincelante à transmettre. Victor envia la capacité de sa Camaro à percer les ténèbres de ses faisceaux lumineux. Il ne cessait de cogiter, mais tournait en rond dans ses réflexions. Une boule de culpabilité encombrait sa gorge et le minait. Pas seulement vis-à-vis de Tori : Victor avait le sentiment d’avoir failli à son devoir de soldat. Il tenait un ennemi mortel à sa merci et l’avait laissé prendre la fuite. Et si l’armée avait eu raison de le placarder à la logistique ? Et si, effectivement, il n’était plus digne d’arborer le blason de l’infanterie ? Ruben Espinoza, un paria lui aussi, allait peut-être se faire descendre parce que le sergent Victor Nash n’avait pas eu le cran de tirer.
Tori rêvait peut-être de ça, derrière ses beaux cheveux mouillés. Il plongea un bras derrière lui et récupéra sa veste de sport, qu’il roula en boule et cala précautionneusement sous la joue de la dormeuse.

Deux heures plus tard, Victor lui touchait doucement l’épaule.
— Tori ? On est arrivés. Votre immeuble se trouve sur votre droite.
Il lui parut incongru de demander s’il pouvait faire quelque chose de plus.
Victor avait déjà eu sa chance.
Et il l’avait gâchée.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 22 Jan - 11:12#

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Septembre 2022 ☆ Monterey
Je fis un cauchemar très vivant dans lequel les deux Vénézuéliens me torturaient à mort devant Ruben. Alors que ma souffrance atteignait son paroxysme, le grand costaud déplia son rasoir dégoûtant et scalpa mon frère, comme pendant les heures les plus sombres de la conquête de l’Ouest américain. Je hurlai à m’exploser les poumons, mes cris de détresse se perdant à l’intérieur du hangar sordide où nous étions enchainés. Et pendant ce temps, tout autour du bâtiment, Victor Nash faisait crisser les pneus de son bolide avec des séries de dérapages spectaculaires et inutiles. Une secousse à l’épaule m’extirpa de ce rêve horrible.
Je clignai des yeux et reconnus la façade de mon immeuble, éclairée par des lampadaires. Une veste sport glissa de sous ma joue, d’où sortait-elle ? J’étais encore sonnée par les événements, avec l’impression d’avoir passée un séjour dans une machine à laver et des sensations de brûlure là où mes tortionnaires m’avaient frappée. J’avais perdu la notion du temps, mon seul repère étant qu’il faisait nuit noire. Je tournai la tête et aperçus Victor, le même air embarrassé qu’au commissariat. Il faisait peine à voir et ne ressemblait plus au fier soldat qui m’avait conduite façon pilote de course jusqu’à Fresno. Je lui avais trouvé meilleure mine la veille, quand il gisait inconscient sur la plage ! Mon naufragé semblait impatient de me voir partir.

Oui, c’est chez moi, confirmai-je bêtement en ouvrant la portière.

L’air était frais. Je glissai gauchement une chaussure à l’extérieur et enfilai la veste sans réfléchir, aidée par la main secourable de Victor. La lumière providentielle du plafonnier éclaira mes mains qui fouillaient maladroitement l’intérieur de mon sac, à la recherche de mes clés. J’eus un frisson en écartant l’étui de mon pistolet et atteignis enfin mon trousseau.

Merci ! lancé-je par automatisme. Puis je descendis de voiture et claquai la portière derrière moi.

Je me réveillai trois secondes trop tard, alors que les feux arrière disparaissaient au croisement de la route. Je repensai à ce que m’avait dit la dame de la police, dans les toilettes du commissariat de Fresno, pendant qu’elle me massait le cuir chevelu. La tête plongée dans le lavabo, je lui avais brièvement résumé ma folle journée et l’origine de ma blessure. J’en fus la première surprise, mais cette situation bizarre créa entre nous une intimité aussi immédiate qu’inattendue. "Mon mari n’a jamais fait quelque chose d’aussi gentil et courageux pour moi !" s’était-elle exclamée en parlant de Victor. Comme je la questionnai, elle me confessa qu’elle était en instance de divorce et je compris les raisons de son accueil glacial. Au moment de nous quitter, alors qu’elle agrippait la poignée de la porte dans sa main épaisse, la policière avait conclu avec une pointe de regret : "Gardez-le, celui-là." Elle croyait peut-être que nous étions en couple ? Ou en devenir ? Repensant au message de papa et aux tueurs en fuite, j’avais répliqué d’une voix cinglante : "Oh non, sûrement pas !"
La fraicheur de la nuit m’arracha un frisson. Je serrai les bras contre ma poitrine alors que j’éprouvai le besoin criant d’une présence rassurante à mes côtés. Seigneur, comme je regrettais ! Victor avait risqué sa vie pour moi. Il s’était jeté sur deux assassins armés avec un tournevis de bricoleur et avait réussi je ne sais comment à clouer le plus robuste sur un mur. Au moment fatidique, face aux pistolets du terrifiant tireur à la balafre, il n’avait pas hésité à s’offrir en sacrifice afin que j’en réchappe. Victor avait échoué à stopper définitivement les deux tueurs, mais il avait tout fait pour me protéger. Sans lui, je baignerais dans mon sang dans la cuisine de Ruben ou Dieu sait quoi d’encore plus horrible. "Gardez-le, celui-là." Et j’avais laissé repartir cet homme avec un banal merci d’usagère de taxi, sa veste sur mes épaules, sans dire ce que j’avais sur le cœur...
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Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyJeu 26 Jan - 21:30#

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Septembre 2022 ☆ Monterey & Fresno
La Camaro baissa de régime à l’approche de la vieille bâtisse où Victor habitait – un pied-à-terre qu’il rechignait encore à appeler chez lui. Il se rappela son aménagement morose en début d’année, l’ouverture des grandes malles et des cartons fournis par l’armée pendant que le reste de la ville sommeillait dans la torpeur des fêtes du Nouvel An. Le militaire eut un déclic ; enfonça la pédale d’accélérateur. Direction Fresno. À fond la caisse. Entre minuit et trois heures du matin, la police de la route avait mieux à faire que surveiller les grands axes déserts.

Le comté de Fresno demeurait l’épicentre d’un champ de bataille opposant l’aridité du désert et les assauts de l’orage. Les essuie-glace luttaient contre des trombes d’eau. Des variations de relief asséchèrent le pare-brise sous la pression de rafales mugissantes, puis l’averse reprit à l’approche de la ville.
La musclecar attaqua frontalement le trottoir du 34, Via Frassino. La pelouse grillée vomissait des torrents sombres. Le fier écusson Chevrolet arracha les rubans de la police, monta la pente boueuse, puis freina son élan. Victor descendit de voiture, une lampe torche fatiguée dans la main et les semelles dans la gadoue. Les phares éblouissaient la façade de la maison inhabitée comme pour en percer les mystères. Victor fendit le mur d’eau, arracha une deuxième barrière de rubans disposée devant la porte. Qui n’était pas fermée. La police n’avait trouvé aucune clé à l’intérieur de la maison ; pousser le loquet intérieur les aurait condamnés à sortir par la porte-fenêtre de la cuisine donnant sur l’affreux jardin broussailleux. L’affaire n’était pas assez grave pour justifier des scellés ou faire appel à un serrurier le samedi soir. Personne n’était mort, même s’il s’en était fallu de peu.

Les phares éclairaient toute la partie médiane du salon, laissée intacte. Victor alluma sa torche. Les piles étaient presque à plat et l’ampoule émettait une lumière blafarde. À sa gauche, des étiquettes de la police scientifique montraient que des prélèvements avaient été effectués. Au moins, Carver n’avait pas menti sur ce point. On distinguait encore les empreintes rougeâtres du grand Sud-américain sur la peinture écrue, semblables à des peintures rupestres. Victor se porta sur sa droite. Les phares de la Camaro projetaient une lumière diffuse à travers la fenêtre, trempée à l’extérieur. Victor entendait la pluie claquer contre la vitre. Au sol, des paquets éventrés laissaient croire à une tentative de cambriolage. Un examen à la torche ne révéla aucun objet de valeur à l’intérieur. Des objets décoratifs, des disques, de vieux DVD, quelques livres, des babioles sans intérêt. Une étiquette de transport réfléchit le faisceau agonisant de sa lampe. Victor arracha le bout de carton et l’exposa à la lumière des phares. Destinataire : R. Espinoza, 34, Via Frassino, Fresno, CA. Le nom et les coordonnées de l’expéditeur étaient codés. Seul le CO final était compréhensible aux profanes – l’acronyme du Colorado pour tous les services de livraison. Le sergent vérifia deux autres bordereaux d’expédition, puis ressortit.
La pluie battante cingla son visage, ruissela sur son crâne, trempa ses vêtements. La violence de l’ondée l’aidait à mentaliser les différentes pièces du puzzle, à les assembler par instinct. Raisonner vite. Comme sur un champ de bataille. Manquait la pièce centrale. Capitale.
Un flash lumineux jaillit à gauche de sa vision périphérique. Le tonnerre déchira l’atmosphère avec force et triomphe. Dans l’Est lointain, l’orage continuait à se déchainer. Des arcs électriques crépitaient dans le ciel agité, évoquant le battement d’ailes légendaire d’un oiseau-tonnerre.
Le totem fabuleux montrait la voie depuis le début.
Depuis l’instant fatidique où Victor s’était mis en quête de réponses en nageant sous la surface de l’océan. C’était la raison pour laquelle il avait vogué loin des côtes et du monde effervescent des humains, ignorant les dangers d’une météo à risque. Des réponses, les poissons multicolores ne lui en avaient fourni aucune. L’oiseau-tonnerre, guide des âmes égarées, avait quant  à lui répondu à son appel désespéré et montré la direction de l’Est – du rivage où Tori Espinoza l’avait secouru. Devant la maison de son frère disparu, l’oiseau-tonnerre déployait à nouveau ses ailes tempétueuses vers l’Est.
Vers son passé.
Dans le prolongement de Monterey et de Fresno : une ligne droite tracée sur une carte, de gauche à droite, déviant légèrement vers le haut.
Le sergent Nash remonta en voiture, trempé jusqu’aux os. Le cœur fébrile sous la cage thoracique. Avala le chemin du retour pour la seconde fois, l’agitation intérieure repoussant les assauts de la fatigue. Une partie du puzzle s’emboitait enfin. D’autres restaient à découvrir. Il suffisait de suivre les indices et prêter attention aux signes.

De retour à Monterey, Victor se vautra tout habillé dans le canapé du salon. L’aube se levait dans deux heures. Il dormit d’un sommeil peuplé de créatures étranges dans un monde en guerre.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 29 Jan - 17:47#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Je quittai le confort douillet de mon lit en milieu de matinée, encore lessivée après les événements tumultueux de la veille. J’ouvris la fenêtre de ma chambre et m’étirai face aux nuages cotonneux qui flottaient au-dessus de Monterey. Je songeai immédiatement à Ruben, aux formes insolites que nous nous amusions à déceler dans les nuages lorsque nous étions enfants. L’atmosphère était chaude et pesante, à moins que cette sensation provînt de mon propre malaise. L’inquiétude que j’éprouvais pour mon frère avait décuplé depuis la veille. J’eus un frisson en me rappelant l’intérieur de sa cuisine, attachée et impuissante face à mes tortionnaires. Je refoulai l’image de l’affreux rasoir qui avait hanté mes cauchemars et me hâtai de rentrer. "S’occuper plutôt que ruminer." Ce bon conseil venait de maman, qu’il me fallait maintenant appeler pour tout lui dire...
Je fis un peu de ménage, quelques exercices de yoga censés me relaxer (ça ne marchait pas du tout !), puis m’attardai sous une douche tiède. Le déluge d’eau me rappelait le ciel de Fresno à l’arrivée de la police, le jet du robinet dans les toilettes du commissariat, et l’ingratitude avec laquelle j’avais traité Victor. L’homme qui avait tant fait pour moi et que papa jugeait infréquentable... Je n’avais pas faim, cependant je me forçai à avaler quelque chose en évitant sagement le café. Enfin, je sortis une photo de famille de mes affaires et la portai à mon bureau. Elle avait été prise dans le Wisconsin, quatre ans plus tôt, à l’occasion de l’anniversaire de maman. Papa se trouvait à droite de la photo, affichant un sourire discret, un bras protecteur autour des épaules de maman, menue et rayonnante. Puis il y avait moi, encore plus extravertie que d’habitude après un verre de vin, et Ruben penaud à l’autre bout. J’avais obligé mon frère à venir après des problèmes disciplinaires, en partie justifiés. Sans la juste intervention de papa, tout lui serait tombé sur le dos une fois encore ! Un sentiment de nostalgie me noua le ventre. Je m’assis devant mon bureau et y posai le cadre en bois, puis chassai une larme qui perlait au coin de l’œil. Je levai la tête vers la pendule murale qui approchait onze heures, calculai trois heures de plus pour l’Ohio et me résignai enfin à remplir mes obligations filiales.

Maman ? C’est moi ! Je ne t’ai pas réveillée pendant ta sieste, j’espère ?

D’aussi loin que je me souvienne, Amber Espinoza avait toujours pratiqué la sieste du dimanche après-midi. C’était un rituel immanquable, au même titre que la messe pour les croyants. Elle prétendait que ce moment de tranquillité lui permettait de faire le bilan de la semaine et préparer la suivante. Papa, qui n’était pas admis dans le lit conjugal à cette occasion, nous racontait qu’elle imitait la Belle au bois dormant afin que chaque dimanche, son Prince vienne la tirer de son sommeil pour vivre une nouvelle période de bonheur. Maman était la seule personne au monde à pouvoir inspirer une anecdote aussi romantique chez cet homme rude.

Oh, ma chérie ! Une sieste ? Oh non, certainement pas. Tu n’as pas regardé les informations depuis hier ?

Malgré les milliers de kilomètres qui nous séparaient, je perçus un trouble dans sa voix. De quoi parlait-elle ?

Euh, non, pourquoi ? Il s’est passé quelque chose de grave ?

Maman avait une façon inimitable de décrire les événements les plus tragiques avec une clarté limpide, sans y déverser son désarroi et pourtant très humaine. Les présentatrices de journaux télévisés devraient en prendre de la graine ! Elle m’expliqua qu’un sergent d’active avait tiré dans la foule et touché dix-sept personnes, dont cinq étaient mortes et trois autres dans un état critique. Le forcené était en cavale. Papa avait été appelé en urgence et supervisait la traque en coopération avec les forces de police civiles.

Mais c’est horrible !

Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’une tuerie de masse frappait le pays, ni la dernière. Parmi ces fous dangereux qui prenaient leurs compatriotes pour cibles, un certain nombre d’hommes que la vie militaire et des problèmes personnels avaient détraqués. Je repensai au message de papa, à ses mots durs.

Comment va papa ? Il est à la maison ?

Je n’avais pas du tout percuté, à l’intérieur du commissariat de Fresno, mais il m’avait répondu un samedi soir, avec trois heures de plus en Ohio. Tout commandant qu’il était, papa ne pouvait accéder au dossier de Victor Nash que depuis un poste sécurisé, à son bureau. Quelle idiote ! Maintenant, la vérité me sautait au visage.

Oh, tu connais ton père. Ma mère eut un éclat de rire, éternellement juvénile. Il n’a dormi que deux heures, et en ce moment il s’occupe d’interroger les membres de l’unité du sergent. Il fait comme si c’était une affaire comme une autre, mais je vois bien qu’il est à cran. On lui met énormément de pression et ton père n’a jamais aimé travailler avec des civils. J’espère qu’ils attraperont vite le tueur et qu’il ne fera pas d’autres victimes... Mais passons à un sujet moins triste. Quoi de neuf de ton côté ? Tu te plais à Monterey ?

Je déglutis difficilement, en proie à un affreux dilemme. Mes parents étaient en droit de savoir, au sujet de Ruben, mais d’un autre côté je ne voulais pas leur infliger un stress supplémentaire. Je me rappelai le discours confiant de l’inspecteur Carver et choisis de ne rien dévoiler pour l’instant. D’ici quelques jours, le tueur de l’Ohio et les hommes de main qui traquaient Ruben seraient probablement tous derrière des barreaux. Ruben aurait peut-être refait surface, dissipant toutes nos inquiétudes.

Je l’espère aussi, maman ! Monterey est une ville coquette, le cadre est somptueux, mais je n’ai pas encore eu le temps de découvrir la région. Je vous enverrai bientôt des photos ! La base militaire est plutôt quelconque, avec une ambiance plus décontractée que celles qu’on a connues ailleurs. Il y a peu de combattants et cela se ressent.

Généralement, maman me demandait alors si j’avais rencontré quelqu’un. Après une semaine, j’avais souvent quelques candidats en vue pour partager mes soirées de célibataire. Son silence signifiait d’une part qu’elle était préoccupée, et d’autre part que papa ne lui avait pas communiqué ma demande au sujet de Victor Nash. Raison de plus pour ne pas évoquer Ruben. Je tâchai d’orienter la conversation vers des sujets plus joyeux, évitant toute référence même indirecte à mon frère. Je pouvais cacher des choses à maman, mais sûrement pas lui mentir ! Elle me promit de me tenir informée des évolutions de l’enquête en Ohio, de même que je m’engageai à rappeler avant le dimanche d’après. Je raccrochai en priant pour que la police tienne ses promesses d’ici là.
Midi approchait. Ayant petit déjeuner tard, je n’avais pas faim. La météo incertaine et la fatigue mentale sapaient mon envie de sortir et prendre les photos que j’avais promises. Je préparai mes dossiers linguistiques pour le lendemain quand j’aperçus le sachet d’amandes acheté à Fresno. Après tout ce qui s’était passé, je ne m’attendais pas à ce que Victor débarque à 14h pour une part de gâteau, prétexte gourmand à un rendez-vous que j’espérai alors très coquin. Il faudrait qu’on ait une discussion tous les deux, que je lui présente des excuses, mais comme pour mes parents je préférais attendre des nouvelles de Ruben ou de la police. C’était le seul moyen d’avoir une conversation sereine et apaisée. Puis je songeai au vendeur tellement gentil et fier de ses produits locaux. Je devais au moins faire honneur à la promesse que je lui avais faite ! Je m’emparai du sachet, gagnai la cuisine et me mis au travail. La recette, simple, ne me prit guère longtemps et la préparation eut sur moi un effet vivifiant. La pâte sentait bon la fleur d’oranger. Au moment d’insérer le plat dans le four, j’avais retrouvé une partie de ma bonne humeur.
A 14h tapantes, le gâteau cuisait sagement quand on sonna à la porte.
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyJeu 2 Fév - 20:00#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Le matin, Victor participa à sa rencontre sportive comme il s’y était engagé. Le terrain de football était comme il se doit orienté nord-sud, de sorte à ne pas avantager l’équipe ayant le soleil dans le dos. En sa qualité d’ailier offensif, Victor se faisait constamment refouler vers son bord de terrain – vers l’est. Sa bête noire de défenseur était un jeune matelot de la Navy, bâti comme une armoire en chêne. Un moteur de frégate propulsait ses cuisses. Il venait du Colorado ; Victor l’avait su au premier placage. L’équipe des terrestres l’emporta de justesse face aux marins. Victory le porte-chance avait peut-être encore le don d’attirer autour de lui les vents du succès. Le militaire en doutait beaucoup, ces derniers temps. La « chance » nécessite de repérer les signes invisibles aux regards ordinaires ; elle impose une progression dans le sens du courant, favorable, et punit les déviations. De surcroît, la réussite n’est pas toujours celle attendue. La chance a parfois de terribles contreparties.

À 14h00, Victor sonnait au pied de l’immeuble de Tori. Tee-shirt de l’US Army flambant neuf. Pantalon lavé et repassé. Plis réglementaires. Barbe taillée au millimètre. Prêt à embarquer pour une nouvelle mission.
— Bonjour, dit-il à l’interphone, peu à l’aise avec ce mode de communication. C’est Victor. Je suis venu pour le gâteau aux amandes, si l’offre tient toujours. Et pour discuter, si vous êtes d’accord.
Le haut-parleur grésilla. Le son était massacré, pire qu’un talkie de la Deuxième Guerre mondiale. Un charabia inintelligible. Peut-être que Tori se réjouissait de ne pas manger son gâteau seule un dimanche, après la journée éprouvante et traumatisante de la veille. Ou peut-être que la fille de commandant l’invitait à voir ailleurs si elle y était, s’appuyant sur des raisons valables de l’éconduire. Il n’y avait pas à argumenter ; la décision lui appartenait et Victor l’accepterait.
Seul ou accompagné, le militaire pagayerait dans le sens du courant.
Il espérait néanmoins accomplir une partie du voyage à deux.
Le haut-parleur cessa de grésiller et la grande porte se déverrouilla.

Tori n’avait pas très bonne mine. Certainement moins bonne que la veille avant d’arriver à Fresno, mais tout de même meilleure qu’au retour. Elle dégageait toujours cette belle énergie qui ravissait l’âme de Victor. Un cœur noble et vaillant qui affronte les vicissitudes la tête haute ; qui tel le roseau ploie sous la tempête mais jamais ne se brise. Victor avait été stupide de croire que Tori l’enverrait paître à travers un interphone. Si cette femme ne désirait plus le voir, elle lui dirait en face avant de le congédier. Avec ordre clair et net de ne plus lui adresser la parole. C’était peut-être ce que Tori projetait de faire, malgré la pléthore de signes montrant à Victor la direction à suivre.
De bonnes odeurs de pâtisserie s’échappaient de la cuisine. L’estomac de Victor réagit malgré les deux repas copieux à son actif depuis le lever du soleil. Il se toucha l’arrière du crâne.
— Ça va mieux ? Pas d’effets secondaires ? Tori devait avoir une bosse, invisible sous la masse de cheveux.
Victor attendit de pouvoir la regarder dans les yeux avant de poursuivre.
— Je veux d’abord m’excuser pour hier. Je n’ai pas été à la hauteur. J’aurais dû comprendre plus vite et revenir avec un plan d’attaque mieux établi. Mais ce n’est pas ma faute la plus grave. J’avais le blessé, le plus grand des deux agresseurs, dans ma ligne de mire. Et une petite chance de neutraliser l’autre. (La voix du militaire se durcit.) À cause de mon hésitation à tirer, la menace qui plane sur votre frère n’est pas écartée. Pas encore. J’ai l’intention d’y remédier.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 5 Fév - 17:56#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Mon cœur fit un bon dans ma poitrine lorsque je reconnus la voix de Victor, déformée par l’interphone. Il était pile 14h, une ponctualité militaire qui m’aurait agréablement impressionnée en d’autres circonstances. Au moment de lui proposer ce rendez-vous, la veille, j’avais en tête de me faire belle et porter des habits à la fois sexy et faciles à retirer, en prévision de l’instant fébrile où nous passerions aux choses sérieuses. Or je n’étais pas maquillée et portais un chemisier blanc léger sur un jean banal. Je n’étais même pas sûre de désirer sa présence, associée à des émotions contradictoires que je n’arrivai pas à filtrer. Je m’entendis pourtant l’inviter à monter avec un enthousiasme qui frôlait l’hystérie. Tu parles d’une hésitation ! Victor avait raison sur un point essentiel : nous devions parler. Je pressai le bouton d’ouverture plus longtemps que nécessaire, comme pour exorciser l’angoisse qui me nouait l’estomac. J’espérais qu’il avait faim, me sentant incapable d’avaler ne serait-ce qu’une bouchée de gâteau.
J’ouvris la porte et découvris mon naufragé égal à lui-même, militaire jusqu’à la pointe de sa barbe qu’il avait élégamment taillée depuis la veille. Cet homme exerçait sur moi une emprise extrêmement agréable et sécurisante, comme une force bienveillante et immuable qui nous tend la main au-dessus d’une tempête déchainée. Un flot d’émotions brouilla ma vision alors que je sondais son visage, en quête de réponses sur les motivations réelles de sa visite.

Installons-nous dans le salon, me repris-je. Le gâteau est encore au four, il sera bientôt prêt. Je n’ai ajouté aucun piment ou condiment qui embrase la gorge, promis !

Souriante, je croisai ostensiblement mes deux index façon "croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer !" Il n’était pas question que Victor me croie abattue ou traumatisée parce que deux brutes m’avaient prise en otage et menacée. Cette affreuse expérience resterait gravée dans ma mémoire jusqu’à la fin de mon existence, mais j’avais échappé à bien pire. Je le devais au beau militaire qui s’enquérait gentiment de mon état alors que je ne lui avais pas témoigné la gratitude qu’il méritait. Il fallait que je me rattrape !

Ma tête va bien, merci ! lui assurai-je en secouant mes longs cheveux. Le geste parfait pour faire croire que ma coupe plus que nature ne résultait pas d’un défaut de peigne. Je me remets de tout, toujours.

Nous nous installâmes chacun à une extrémité du canapé trois places, tournés l’un vers l’autre. Je laissai l’initiative de la parole à Victor, voyant bien qu’il se préoccupait davantage de ses confidences qu’à la transparence de mon chemisier. Oups ! Par quel mécanisme inconscient me suis-je placée à l’endroit où la lumière du dehors traverse la fine étoffe qui me couvre le haut du corps ?

Je veux d’abord m’excuser pour hier. Je n’ai pas été à la hauteur. J’aurais dû comprendre plus vite et revenir avec un plan d’attaque mieux établi. Mais ce n’est pas ma faute la plus grave. J’avais le blessé, le plus grand des deux latinos, dans ma ligne de mire. Et peut-être une chance de neutraliser l’autre.
À cause de mon hésitation à tirer, la menace qui plane sur votre frère n’est pas écartée. Pas encore. J’ai l’intention d’y remédier.


Holà ! J’étais habituée aux discours à la mitraillette des hommes en uniforme, les mêmes dans tous les endroits du globe, cependant il me fallut une série de longues respirations pour digérer ses propos et réagir.

Excuses acceptées, sergent Nash ! Ecoutez, je sais comment vous fonctionnez, vous les militaires, alors je vais aller droit au but : je ne suis pas en mesure de juger les qualités et les défauts tactiques de votre intervention, ça se passe entre vous et votre conscience de soldat. On ne fera pas de débriefing, ni aujourd’hui ni jamais !

Je me déplaçai juste à côté de lui, pris sa main entre les miennes et le dévisageai avec toute l’ampleur de ma gratitude.

Par contre, je sais que vous êtes arrivé à temps pour m’épargner des souffrances auxquelles je ne préfère pas songer. Et je ne dis pas ça avec l’unique intention de vous remonter le moral ! J’étais vraiment désespérée quand le carillon de la porte a retenti. J’ignore pourquoi vous êtes revenu, pourquoi vous avez insisté, mais si vous ne l’aviez pas fait ces criminels auraient certainement agi de façon extrêmement brutale. J’aurais dû vous le dire, hier, ça et beaucoup d’autres choses. Alors sachez-le, en ce qui me concerne je n’ai absolument RIEN à vous reprocher. C’est plutôt l’inverse...

Je repris mon souffle et détournai le regard.

Quant à votre hésitation à tirer... Oui, je vous en ai voulu. D’abord je n’ai pas compris, et ensuite j’ai dirigé toute ma colère contre vous. Ces tueurs étaient à un fil de nous abattre tous les deux ! Et ils en ont toujours après mon frère !

Je le fixai à nouveau de mes yeux embués. Mes mains tremblaient plus que celles, robustes, que je voulais réconforter.

Mais comment pourrais-je vous condamner, alors que moi-même je n’ai pas réussi à presser la détente ? Vous allez encore me dire que ça n’aurait rien changé, que le cran de sûreté était verrouillé. Et que je suis une civile, pas une militaire formée à tuer comme vous. Je m’y entraîne pourtant depuis toute petite, et m’en croyais tout à fait capable ! Mais j’ai bloqué, je n’ai pas pu. Au fond, j’ai lâchement reporté sur vous la honte que j’éprouvais.

Je pris une grande respiration. Tout me paraissait clair à présent, comme si l’homme en face de moi avait le pouvoir de dissiper les nuages obscurcissant mon esprit.

Je pense que toute personne a le droit de bloquer, quand elle est sur le point de prendre la vie d’un autre humain. Pour moi, le petit Vénézuélien balafré n’était pas une cible en carton, et pour vous il ne s’agissait pas d’un ennemi en uniforme. Alors je comprends tout à fait. Je respecte que vous ne soyez pas un meurtrier, un tueur à la gâchette facile. Vos états d’âme sont louables. Pour être totalement franche avec vous, une part de moi fulmine et continuera de vous reprocher votre clémence, au moins tant qu’on n’aura pas retrouvé Ruben sain et sauf. C’est mon frère et je l’aime, vous comprenez ? Pour l’instant, je garde espoir et l’enquête de la police est en bonne voie.

Le four choisit cet instant pour faire retentir son "tilt !" qui marquai la fin de la cuisson. J’abandonnai Victor pour me rendre à la cuisine.

Il va falloir m’expliquer ce que vous vouliez dire par "J’ai l’intention d’y remédier" !
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Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyMer 8 Fév - 21:43#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
— Ma tête va bien, merci ! Je me remets de tout, toujours.
Aussi coriace que ses lèvres regorgeaient de douceur.
— Je m’en réjouis.
Victor la crut. Elle avait un sourire franc et généreux qui étincelait de vérité ; une résilience au fond des yeux que des soldats n’acquéraient jamais. Plus qu’une fille de commandant, Tori était un phénomène à part entière.
Ils s’installèrent dans la clarté estivale du salon. Les excuses et les ambitions de Victor restèrent d’abord sans réponse. Il patienta. Épicé ou sucré, il n’était pas venu pour s’empiffrer de gâteau. Ou pour reluquer le haut semi-transparent de Tori, voile luminescent qui laissait entrevoir un buste divin.
Puis Tori déballa ce qu’elle avait sur le cœur, faisant preuve d’une indulgence et d’une compréhension hors du commun. Elle était complètement sincère. Victor le voyait dans ses yeux – deux merveilles aussi flamboyantes et expressives que le chant de sa voix.
— […] ça se passe entre vous et votre conscience de soldat […]
Et sa conscience de soldat avait des exigences autrement plus élevées. Celles qu’on attend d’un sergent d’infanterie de l’US Army – que Victor n’était plus depuis son retour d’Afghanistan, parce qu’il avait écouté la voix de son âme et secouru des collaborateurs locaux contre les ordres. La sentence du haut commandement avait grippé son instinct, sa force d’initiative, sa faculté à évaluer rapidement une menace. Un peu plus et Victor retournait au 34 Via Frassino pour constater le meurtre de Tori. Puis il avait renoncé à intercepter un tueur en fuite à cause du désir de rejoindre son ancien bataillon. Se trouvant des excuses honorables au lieu d’agir avec intelligence et efficacité. Pendant le trajet silencieux jusqu’à Monterey, Victor s’était repassé la scène mille fois. Avait réalisé qu’il pouvait neutraliser le grand costaud, déjà grièvement blessé, sans l’abattre d’une balle dans le dos. En visant la partie inférieure des jambes, par exemple, avant de courir à la poursuite du complice à moustache. Ou en jouant la carte de la menace, et n’opérer un tir potentiellement létal qu’en dernier recours.
Malgré la gratitude de Tori, la conscience de Victor fourmillait de reproches. Le mauvais pressentiment de la veille continuait à hanter son esprit.
— Merci de votre franchise, dit-il sans éprouver de réel soulagement.
Tori prit sa main droite entre ses paumes. Elles étaient chaudes et douces, un baume de tendresse sur une matière endurcie par le froid acier des armes.
— Par contre, je sais que vous êtes arrivé à temps pour m’épargner des souffrances auxquelles je ne préfère pas songer. Et je ne dis pas ça avec l’unique intention de vous remonter le moral ! J’étais vraiment désespérée quand le carillon de la porte a retenti. J’ignore pourquoi vous êtes revenu, pourquoi vous avez insisté, mais si vous ne l’aviez pas fait ces criminels auraient certainement agi de façon extrêmement brutale. J’aurais dû vous le dire, hier, ça et beaucoup d’autres choses. Alors sachez-le, en ce qui me concerne je n’ai absolument RIEN à vous reprocher. C’est plutôt l’inverse...
Victor joignit timidement sa main gauche aux autres, plia légèrement les doigts. Quatre mains entremêlées.
— Je suis revenu quand j’ai compris que l’homme qui vous a ouvert était louche. J’avais des tas d’indices à ma disposition, mais j’ai été lent à les assembler. Au dernier coup de sonnette, j’ai même craint d’arriver trop tard. Ç’a failli être le cas. Vous avez ensuite réagi avec un courage et une maîtrise remarquables, spécialement pour une civile. Moi, j’ai simplement fait mon boulot. Plutôt mal, d’ailleurs ; je n’étais plus dans le coup. Vous ne me devez rien. Je n’espérais même pas que vous me receviez aujourd’hui avec le sourire, et en prime un gâteau que j’imagine délicieux.
Elle sourit. C’était comme un lever de soleil. Victor l’imita : un plissement des lèvres moins éblouissant, mais tout aussi sincère. Leurs mains solidement jointes s’apportèrent force et consolation mutuelles. Égrenèrent des secondes semblables à des aurores dorées.
— Je pense que toute personne a le droit de bloquer, quand elle est sur le point de prendre la vie d’un autre humain. Pour moi, le petit Vénézuélien balafré n’était pas une cible en carton, et pour vous il ne s’agissait pas d’un ennemi en uniforme. Alors je comprends tout à fait. Je respecte que vous ne soyez pas un meurtrier, un tueur à la gâchette facile. Vos états d’âme sont louables.
Victor ne dit rien. Pourtant , son regard brillait d’admiration et des éloges silencieux démangeaient sa langue. Tori était une femme peu commune. Incroyable. La tête sur les épaules, bien remplie ; un cœur chaleureux, vaste et limpide comme une mer des tropiques ; des valeurs solidement ancrées aux chevilles. Tori aurait plu au sergent-instructeur Highway. Nul doute qu’elle faisait la fierté de sa famille, les militaires autant que les autres. Mais elle ne connaissait pas toute l’histoire et Victor n’avait aucune intention de lui raconter. Ça se passe entre vous et votre conscience de soldat.
— Pour être totalement franche avec vous, une partie de moi continuera de vous le reprocher tant qu’on n’aura pas retrouvé Ruben sain et sauf. C’est mon frère et je l’aime, vous comprenez ? Pour l’instant, je garde espoir et l’enquête de la police est en bonne voie.
Victor se tendit. Retira ses mains et les posa sur ses cuisses, un soupir franchissant ses lèvres.
— Je comprends, mais…
Mais le four appela la pâtissière. Une seconde plus tard, Tori se tenait debout.
Comme la veille, Victor ne concevait pas d’attendre paresseusement sur le canapé. Une habitude de l’armée où chacun fait sa part. Son creux à l’estomac et le parfum délicieux des amandes y étaient aussi pour quelque chose. Il se leva à la suite de Tori et lui emboita le pas.
— Il va falloir m’expliquer ce que vous voulez dire par "remédier à la menace planant sur Ruben" !
Il n’y avait pas trente-six manières d’expliquer les choses et Tori avait démontré une impressionnante capacité à encaisser. Victor s’adressa aux cheveux qui ondoyaient devant lui.
— Je vais être franc avec vous comme vous l’avez été envers moi : l’inspecteur Carter est un tocard. L’enquête de police va rapidement s’enliser et je ne miserais pas un kopeck dessus.

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Tori Espinoza

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Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 18:31#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Quelles minutes intenses ! J’avais la tête un peu étourdie en m’engouffrant dans le couloir, et mon cœur jouait du tambour à l’intérieur de ma poitrine. Quelque chose de fort s’était passé quand nos paumes s’étaient accolées, nos phalanges entremêlées, nous offrant un réconfort mutuel. J’étais sensible depuis le début au charme magnétique de Victor, mais c’était différent. Nous avons commencé à nous ouvrir l’un à l’autre, et à travers cette brèche, cette fissure qui nous avait déchirés la veille, j’ai perçu l’accord vibrant qui résonnait entre nos deux êtres. S’il n’y avait pas eu ce malheureux "tilt !" pour nous séparer... Mais au fait, Victor n’avait-il pas rompu le contact juste avant ?

Je vais être franc avec vous comme vous l’avez été envers moi : l’inspecteur Carter est un tocard. L’enquête de police va rapidement s’enliser et je ne miserais pas un kopeck dessus.

QUOI ?? Mon pas ralentit de lui-même, et mes doigts durent prendre appui sur le mur pour négocier le virage vers la cuisine. Non, non et NON !! J’avais placé tous mes espoirs dans l’action de la police, et voilà que Victor les balayait d’un coup de botte abrupt, typiquement militaire. Une violente inquiétude me tordit le ventre, m’empêchant de respirer. Comment se permettait-il de me jeter son pessimisme à la figure, après la complicité poignante que nous venions de partager dans le salon ? Je récupérai vite ma contenance, car j’avais l’habitude. Papa était exactement pareil et au fond, passée le choc initial, j’appréciais le style franc et direct des militaires. Les timorés et lâches qui tournent sans cesse autour du pot m’exaspéraient plus encore, en dépit de leurs intentions parfois louables.
J’adressai à Victor un bref regard provocateur.

Et qu’est-ce qui justifie cette vision pessimiste, détective Nash ? Vous avez une meilleure piste, peut-être ?

Je lui tournai vivement le dos et me dirigeai vers le four d’un pas robotique. Victor avait semé un sérieux doute dans mon esprit, mais cet homme était un combattant, pas un enquêteur. Je le jugeai plus favorablement que le rapport incisif de papa, et Victor m’avait démontré qu’il était plutôt malin, très déterminé, mais de là à en faire un inspecteur Colombo en treillis...
Je décrochai un gant de cuisson et me plaçai face au four. Mes mains tremblaient, refusant d’obéir à ma volonté, et je peinais à l’enfiler. Bon, d’accord, Victor avait instillé plus qu’un sérieux doute ! Toutes mes peurs au sujet de Ruben remontaient. Je devais savoir ce que mon visiteur avait dans la tête, et vite !
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Victor Nash

Victor Nash
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Chris Evans
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//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 12 Fév - 8:04#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Victor se réprimanda intérieurement. Tori montrait des signes de sévère perturbation ; le choc avait dû être violent. Lui aussi aurait dû prendre un gant bien épais avant d’ouvrir la bouche. La vie d’un frère unique exige un minimum de tact. Le roseau ne casse jamais, mais il ploie facilement, songea Victor en considérant les mains tremblantes de Tori. Il l’intercepta devant le four, prit un air amical et offrit sa paume.
— Vous permettez ? Je ne cuisine jamais et il m’arrive d’avoir la nostalgie de la chaleur sucrée d’un gâteau sortant du four. Quand j’étais gamin, ma mère en préparait tous les dimanches. Elle approvisionnait la paroisse. (Victor sourit.) Le vilain garnement que j’étais prélevait une dîme sur les meilleures pâtisseries. D’une certaine manière, ça me faisait apprécier l’église comme certains adultes avec le vin de messe. Je promets que cette fois, je me satisferai de la part que vous consentirez à m’offrir.
Victor craignait que Tori se brûle en saisissant le moule en acier avec la mauvaise main. Que le récipient glisse ensuite de ses doigts et répande son contenu par terre, plombant davantage l’ambiance. Tori avait en outre déclaré que le gaspillage l’insupportait.
Il lui toucha doucement l’épaule.
— Promis, je vous explique tout de long en large.
Victor récupéra le gant thermorésistant et l’enfila. Un peu étroit pour lui.
— La confiance de l’inspecteur Carter repose sur deux piliers bancals, pas plus robustes que du carton moisi. La voiture et les empreintes du grand type.
Victor ouvrit le four. Une vague de chaleur lui monta au visage. Victor n’éprouvait aucune nostalgie et ne raffolait pas des églises. Toutefois l’odeur était agréable.
— La voiture, une Ford banale, je l’ai vue. À deux reprises. La première en sortant d’une agence immobilière, j’avais d’ailleurs failli la percuter. La deuxième fois, dans l’impasse située derrière la maison de votre frère où elle était garée, prête à partir. C’était une plaque californienne, bien que je ne l’ai pas mémorisée. Je ne doute pas qu’une bande de vidéosurveillance l’a enregistrée quelque part en ville. À ce stade, je pense que la police fera son boulot et mettra rapidement la main dessus. Là où Carver se leurre, c’est que l’immatriculation ne le mènera nulle part.
Victor saisit le plat entre la paume et le pouce gantés, puis sortit le gâteau du four. Il leva le pouce de sa main libre.
— Primo, la Ford était couverte d’une épaisse couche de poussières caractéristique du désert. Je suis convaincu qu’elle a roulé plusieurs centaines de kilomètres à travers le Mojave. Je l’avais croisée à l’est de la ville et tous les signes pointent dans cette direction, par-delà le Nevada. J’y reviendrai plus tard.
Il posa le récipient chaud sur un dessous-de-plat que Tori avait glissé sur la table de cuisine.
— Secundo, la plaque était propre. J’ai été complètement stupide de ne pas réaliser sur le coup : le contraste sautait aux yeux. On ne peut pas encrasser son véhicule le long de paysages arides, et garder ses plaques immaculées comme par magie. J’en déduis qu’elles ont été vissées après la longue traversée, et donc qu’elles sont fausses. Je parie ma Camaro que les originales ne sont même pas californiennes.
Il retira le gant et le remit à son emplacement d’origine.
— Deuxième pilier en carton : les types ne sont pas fichés. Pas en Californie, pour sûr, et probablement nulle part dans ce pays. Ce sont des professionnels, avec une formation paramilitaire. Le grand utilisait un Beretta 92FS ainsi qu’un Ka-Bar, le couteau par excellence des forces armées du continent et qu’on trouve aujourd’hui dans toutes les boutiques sérieuses. Il se battait comme un soldat et en a reçu la formation. Cependant un vrai soldat utiliserait le Beretta M9 qui est la version militaire du 92FS. Question d’habitude. Ce serait comme rouler en Toyota après avoir survécu à mille dangers à bord d’une Chevrolet, ou changer sa paire de chaussures favorite avant un rendez-vous crucial. J’ai vu le 92FS de près et le numéro de série était limé. Quel genre de tueur utilise un pistolet intraçable et opère sans gant ? Quant au moustachu : quel genre d’assassin hésite à tirer quand il en a l’occasion ? Réponses : des pros qui cherchent à couvrir leurs employeurs, leurs collaborateurs, mais qui ne ressentent pas le besoin de se couvrir eux-mêmes à tout prix. Les types d’hier sont deux porte-flingues d’une organisation criminelle, pas les membres d’un vulgaire gang de rue avec lequel votre frère aurait fricoté. Ils voulaient passer inaperçus, agir avec efficacité. Deux paires de gants auraient attiré l’attention sous la fournaise de Fresno, en plus de les gêner à cause de la transpiration. Ces hommes de main savent ce qu’ils font ; vous avez été fine de le comprendre et c’est pour cette raison que nous sommes toujours en vie.
Victor croisa les bras sur sa poitrine.
— Je regrette de vous dire ça, mais seule une enquête fédérale a des chances d’aboutir à quelque chose. Or il n’y aura pas d’enquête fédérale pour une affaire qui va être classée comme un cambriolage ayant mal tourné. Ça va rester une petite enquête locale qui va se retrouver sous une pile d’autres dossiers en moins de sept jours.
Silence dans la cuisine.
—  J’espère de tout cœur que la police de Fresno va lancer des recherches sur votre frère, et que ces recherches aboutiront avant que les méchants lui tombent dessus.
S’il y avait une note d’espoir dans la pièce, elle était inaudible.
Victor avait dévoilé ses premières cartes, celles qu’un esprit rationnel pouvait entendre et accepter. Il avait besoin de celles de Tori pour maîtriser le jeu.
— J’avais un caporal avec des traits et un accent dans le genre de ces types, dans mon ancien bataillon. Un Colombien, je crois…

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 2 EmptyDim 19 Fév - 18:13#

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Septembre 2022, dimanche ☆ Monterey
Les deux agresseurs viennent du Venezuela, intervins-je.

J’avais écouté Victor avec attention, soufflée par son sens de l’observation et impressionnée par l’acuité de son raisonnement, mais aussi atterrée par les implications de son analyse. J’avais foi en la police de Fresno, et voilà qu’un sous-officier de logistique démolissait pièce par pièce les beaux discours de l’inspecteur Carver ! Tout à coup je m’en voulais de m’être laissée berner, endormie par la lassitude et aveuglée par mon désir de retrouver Ruben. Car je savais reconnaitre une théorie solide, et celle de Victor tenait la route. Je partageais ses conclusions, aussi déplaisantes fussent-elles. J’étais certaine que papa les approuverait lui aussi, et qu’il réviserait son jugement sur le sergent Nash après ce brillant exposé. J’avais l’esprit clair, pleinement lucide malgré l’attirance et le sentiment de confiance que m’inspirait Victor. J’avais trente-six ans et je savais faire la part des choses, spécialement quand ça touchait à ma famille. Depuis le début, le lien puissant et immatériel qui n’unissait à mon frère de sang me criait que Ruben traversait une période difficile. Je sentais que mon frère avait besoin de mon aide, mes angoisses n’étaient pas injustifiées !

Que faire ? m’interrogeai-je en portant nerveusement mes ongles à ma bouche.

En temps ordinaire, j’aurais appelé papa. Aucun problème ne lui résistait et même si nous le décevions, il ferait n’importe quoi pour tirer ses enfants du pétrin. Mais cette fois, la situation était différente. D’abord, Victor avait débarqué dans ma vie au moment crucial, de façon étrange et difficile à attribuer au seul fruit du hasard. Ensuite, il y avait cette affreuse tuerie de masse qui occupait et préoccupait nos parents en Ohio. Je choisis de croire que tous les Espinoza seraient d’accord pour laisser Victor s’immiscer dans nos affaires. Nous étions tous affiliés à l’armée à des degrés divers, nous formions une grande famille. J’avais déjà fait mon devoir de citoyenne en alertant la police et en coopérant de bonne foi avec l’inspecteur Carver. Maintenant, je devais aussi agir de mon côté. Devenir enfin la grande sœur dévouée et responsable dont Ruben avait besoin. J’aurais fini par en arriver là de toute façon : Victor m’épargnait des jours pénibles de confusion et de tâtonnements. En combinant nos efforts, nous pouvions retrouver mon frère. Après tout, nos prénoms s’associaient en Victori ! Je n’y voyais plus seulement une bizarrerie, mais aussi une source d’espoir.
Je redressai mes épaules et repris la parole avec une assurance décuplée.

Je peux le certifier à cent pour cent, c’est mon métier. Le petit avec la moustache et la balafre est originaire de l’Apure, une région frontalière avec la Colombie. Sa façon de hacher les diphtongues ne trompe pas. Le grand que vous avez blessé parle comme un itinérant qui s’est mêlé à divers idiomes au fil des ans. Cela correspond au profil de paramilitaire que vous avez dressé. Nos observations concordent.

Je sortis deux assiettes et deux verres d’un placard, puis deux cuillères et un couteau du range-couverts. Bouger m’aidait à relâcher un peu de tension et à réfléchir. Je commençai à couper le gâteau encore chaud qui répandait de succulentes odeurs d’amandes cuites et de fleur d’oranger.

La question doit vous démanger, alors je vais y répondre tout de suite : je n’ai aucune idée du lien qui peut exister entre Ruben et une organisation criminelle vénézuélienne. Mon frère a fait des bêtises, mais on parle de problèmes disciplinaires, de manque de sérieux dans son travail, d’un peu de fumette et quelques verres suivis de bagarres sans conséquence. Ce n’est pas un soldat modèle, je ne l’ai jamais nié et ne cherche pas à l’excuser, mais il n’a rien d’un criminel. En plus, tout le monde vous dira qu’il n’en a pas la stature. Ruben est plutôt un rêveur, un esprit libre comme il aime se définir. Toutes les formes d’injustice le révulsent. Il agit trop souvent sans réfléchir, avec de bonnes intentions, mais pas au point de représenter une menace pour qui que ce soit.

Non, je ne voyais vraiment pas comment Ruben pouvait se mettre des tueurs sur le dos !
Je déposai un énorme morceau de gâteau dans l’assiette de Victor et m’en coupai une part minuscule, à la fois pour accompagner mon visiteur et faire plaisir au gentil commerçant de Fresno. L’appétit me faisait toujours défaut, et ma part famélique se brisa à cause de ma tremblote. Un souvenir me revenait en mémoire.

Il y a peut-être une chose... Au printemps, j’ai eu Ruben au téléphone, il était tout excité et m’a parlé d’un travail qui allait nous rendre fiers. Au début de l’année, il a enfin obtenu son grade de caporal, alors je lui ai demandé si c’était lié à sa promotion. Nous étions déjà aux anges, car cela signifiait qu’il n’avait reçu aucune sanction disciplinaire au cours de l’année précédente. Un exploit ! Mais Ruben n’a rien voulu dire. Je n’y ai pas prêté beaucoup d’attention parce que mon frère est comme beaucoup de gens : il s’emballe sur un projet ou un objectif, et rapidement il abandonne. J’en veux pour preuve que Ruben a été arrêté quelques semaines plus tard, suite à une bagarre dans un bar. Il avait bu beaucoup d’alcool. Rien de très surprenant quand on connait mon frère, nous avons simplement cru qu’il renouait avec ses vieux démons. Il faut plus qu’un galon de caporal pour changer un homme, n’est-ce pas ? Peu de temps après cet incident, il m’a informée de sa décision de quitter l’armée. Je ne peux pas dire que ça m’a véritablement surprise. Comme vous l’avez dit hier, l’armée ne convient pas à tout le monde. Ruben semblait enthousiaste à l’idée de prendre un nouveau départ, j’étais contente pour lui, mais... je... je ne sais pas... il y avait comme une pointe de regret et de déception dans sa voix. C’était subtil, mais une linguiste et une sœur entend ces choses-là, même à travers un téléphone. Il n’y a peut-être aucun lien avec ces Vénézuéliens, ce pourrait être sa petite amie qui l’a convaincu de quitter l’armée et il avait le sentiment de trahir l’héritage familial...

Au fond, je n’avais rien de concret. J’avais seulement des impressions, des sensations, des émotions qui m’avaient atteinte à travers les ondes. Pendant tout ce temps, Ruben était peut-être aux prises avec une organisation criminelle sans que je réponde à ses appels de détresse voilés. A ma connaissance, j’étais la seule personne à qui il se confiait. Comme la plupart des hommes en uniforme, il avait beaucoup du mal à parler de ses problèmes. Ruben avait beau se percevoir comme un esprit libre, il subissait le conditionnement militaire depuis sa naissance. Nous l’avions tous influencé... Mes yeux s’embuèrent, je tournai le dos à Victor et ouvris le frigo, mes doigts s’attardant sur une bouteille de jus de grenade. Je tremblai comme une feuille, mais le froid n’en était pas la cause.

Vous savez... c’est moi qui ai conseillé à Ruben de s’installer à Fresno... Une grande ville de Californie où les métis comme nous sont bien intégrés, je pensais que...
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