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Tempest ↯ Victor & Tori

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Victor Nash

Victor Nash
303
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Chris Evans
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyMar 5 Mar - 15:56#

Tempest ↯ Victor & Tori
He who fights, can lose. He who doesn't fight, has already lost.

Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Seul dans la voiture, Victor réfléchissait à l’homme qu’il était devenu. À la possibilité qu’il n’ait plus sa place au sein d’un régiment d’infanterie. Parmi des gens comme Woo-woo et sa bande, parmi les clients du Deja Vu Showgirls qui abandonnaient respect et dignité sitôt franchi le périmètre de la base militaire. Le sergent instructeur Highway s’en retournerait dans sa tombe. Ses anciens frères d’armes, les Lethal Warriors de Fort Carson, savaient s’amuser sans plonger dans l’abyme de la déchéance. Les temps avaient changé. Lui-même avait changé. Les Lethal Warriors aussi avaient peut-être changé. Trop de guerres sales, certaines menées pour rien. Victor n’avait toujours pas digéré le retour au pouvoir des talibans après des milliers de vies sacrifiées – la housse mortuaire de Thomas, les tombes parfois vides, les fosses collectives. Il n’était certainement pas le seul.
Tori apparut dans son champ de vision, longeant les néons criards et séducteurs du nightclub. Sa robe noire absorbait avec indifférence l’éclairage fluorescent. La linguiste avançait d’une démarche prudente, presque timorée. Une personne complètement différente de la danseuse désinhibée qui brillait sous les lumières des projecteurs. Victor se pencha sur sa droite et ouvrit la portière passager.
— On décolle, on trouve un coin tranquille et on fait le point.
Il démarra séance tenante, empressé de quitter les abords du Deja Vu Showgirls et sa musique infernale. Pressa le bouton de la capote au bout de la rue. L’air frais de la nuit les enveloppa. Victor se sentait mieux et espérait que Tori aussi. La linguiste avait subi de plein fouet les stroboscopes et les obscénités bruyantes de la foule surexcitée. Démaquillée et débarrassée de son costume aguichant, elle demeurait magnifique dans sa robe noire. Ses longs cheveux mouillés flottaient derrière ses épaules brunâtres. Ils changèrent de direction lorsque Victor bifurqua vers une zone commerciale.

* * *

Vingt mètres derrière, une voiture réduisit sa vitesse :
— Je fais quoi maintenant ? s’enquit le jeune conducteur.
Le passager scruta la zone commerciale de ses petits yeux vifs.
— Continue tout droit. Ce n’est pas un lieu pour chasser.
La tête de jaguar tatouée sur son cou palpita.


* * *

La Camaro s’immobilisa au milieu d’un parking plongé dans l’obscurité. En face, l’enseigne éteinte d’un magasin de bricolage. Sous un abri en PVC, deux colonnes de caddies parquées entre des tubes d’acier. Sur le terrain plat, de l’asphalte et des lignes blanches scintillaient légèrement, captant les lueurs jaunâtres de vieux lampadaires à sodium plantées le long du trottoir. Une berline poursuivit sa route sans prendre le virage de la zone commerciale, puis disparut. Le militaire savoura le silence – relatif, troublé par l’écho des bruits de circulation et des activités humaines. Les grandes villes comme Colorado Springs ne dorment jamais. Elles somnolent.
Victor répéta à Tori tous les informations qu’il avait obtenues auprès du sergent-chef William Wool et de sa bande.
— Ton frère lui a peut-être raconté des salades, ou caché une grande part de la vérité. D’après ce que tu m’as raconté, Ruben est plutôt secret sur sa vie privée et ses problèmes. Peut-être qu’il est réellement parti à Vegas avec l’objectif de se faire oublier ; c’est une ville où il est facile de disparaître. On peut aussi envisager que Ruben festoie avec June sans se douter que des porte-flingues vénézuéliens le traquent. Tu as dit toi-même qu’il est tête en l’air, voire un peu naïf. On l’est encore plus quand on est amoureux. Suffisamment pour ne pas remarquer le camion d’emmerdes qui grossit dans le rétroviseur.
Tori fit son propre déballage, beaucoup plus fourni que Victor l’imaginait. Leurs renseignements se complétaient, certains se recoupaient, sans pouvoir trancher sur une hypothèse ou une autre. La linguiste n’avait pas chômé dans les coulisses. Il observa un silence respectueux jusqu’à ses derniers mots.
— Bien joué. Je me disais bien que tu n’étais pas montée sur scène pour faire plaisir à Woo-woo, ou simplement distraire le groupe pendant que je l’interrogeais. Ton plan a fonctionné. Avec une efficacité magistrale.
Silence. Victor revoyait Tori, étourdissante dans sa tenue de cowgirl qui se déhanchait avec détermination, sensualité et défi. Il sentait encore la pression de la corde autour de son poignet.
— Tu as été courageuse. Stupéfiante. Phénoménale. Ton spectacle a fasciné et captivé la foule comme le passage d’un météore dans la nuit. Les gens se souviendront longtemps de LASSO GIRL.
Moi en particulier, songea le militaire. Pourtant, il ne l’avait pas observée longtemps. Il déglutit, puis articula avec rigueur :
— On a donc deux pistes à explorer demain : d’abord le 12e régiment d’infanterie à Fort Carson, puis la sœur de June qui travaille à l’aéroport. Inutile de rouler vers le Nevada comme des débiles.
Victor entendit le timbre péremptoire de sa propre voix. L’habitude de recevoir des ordres de mission et de les mettre en œuvre. Si l’efficacité de la chaine de commandement militaire avait fait ses preuves, elle ne s’appliquait pas à Tori qui n’était guère une jeune bidasse. En continuant de la sorte, leur collaboration ne tiendrait pas deux jours de plus. Le sergent baissa d’un ton et se radoucit :
— C’est ce que je recommande pour remonter la trace de Ruben. La soirée a été fructueuse ; ces deux pistes nous permettront d’y voir plus clair demain. Qu’en penses-tu ?

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36 ans.
Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 10 Mar - 14:35#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
On décolle, on trouve un coin tranquille et on fait le point.

Même au sortir d’un nightclub, on faisait difficilement plus militaire que le sergent Nash... Je ne m’en plaignais pas, bien au contraire, car il m’épargnait une discussion embarrassante et pénible. D’ailleurs, il me sembla que lui aussi n’avait pas l’air dans son assiette.

D’accord, dis-je en m’avachissant sur le siège confortable de la voiture, complètement patraque. Le démarrage au quart de tour me fila la nausée, ma tête tournait comme un carrousel et je respirais à grandes goulées, mes phalanges serrant le bas de ma robe sur mes cuisses. Dieu merci, Victor eut la présence d’esprit d’ouvrir sa décapotable. Je n’avais plus vingt ans, et je ne m’étais jamais donnée à fond sur une scène de nightclub... Quelle folie ! Entre la disparition de mon frère qui me rongeait les sangs, et d’autre part mon "chauffeur" qui chamboulait mes hormones, je n’agissais plus du tout en aînée sérieuse et responsable. Le pire dans tout ça ? Cette "folie" rendait notre voyage excitant, et à cause de cette excitation, j’étais encore plus encline à commettre des folies...
Victor nous conduisit dans un parking à l’abri de l’agitation urbaine. Le calme environnant et la fraicheur de la nuit me rendirent ma lucidité. Je n’avais plus vingt ans, certes, mais il en fallait beaucoup pour me mettre à plat. J’écoutai le sergent Nash faire son rapport sous la forme d’un compte-rendu clair, détaillé et précis. Je m’émerveillais à nouveau des capacités de Victor à se concentrer sur son objectif et raisonner avec brio dans n’importe quelle situation. Je partageais ses conclusions comme si ses pensées reflétaient les miennes, et cet accord que nous retrouvions me faisait chaud au cœur...
Ce fut à mon tour de rapporter ce qu’Eliza et les showgirls m’avaient appris, notamment l’existence de la sœur de June susceptible de nous renseigner. Nous convînmes que nos collectes d’informations se consolidaient entre elles. Moi qui craignais que cette soirée nous éloignât davantage, je retrouvais la joie de travailler en tandem avec Victor. Etait-ce pour autant la fin de notre dispute ?

Bien joué. Je me disais bien que tu n’étais pas montée sur scène pour faire plaisir à Woo-woo, ou simplement distraire le groupe pendant que je l’interrogeais. Ton plan a fonctionné. Avec une efficacité magistrale.

J’appréciais que Victor reconnaisse mon intelligence et loue mes efforts. Cette fois, il m’avait fait confiance et suivi dans mes décisions, et nous avions obtenu des résultats.

Tu as été courageuse. Stupéfiante. Phénoménale. Ton spectacle a fasciné et captivé la foule comme le passage d’un météore dans la nuit. Les gens se souviendront longtemps de LASSO GIRL.

Devinez qui fit son grand retour à l’intérieur de mon ventre ? Ce fameux essaim de papillons qui avait établi son nid dès ma rencontre avec Victor. Pour être honnête, leurs ailes s’étaient remises à battre puissamment durant mon show, à voltiger dans ma poitrine au cours de notre duel incroyable au lasso, puis à m’étourdir quand son visage s’était approché du mien... Notons qu’il s’abstenait de tout commentaire à ce propos, me laissant un peu sur ma faim. Avait-il conscience que ce météore n’aurait jamais traversé la scène sans lui pour me donner la force et me guider ?

J’espère bien avoir marqué ces messieurs avec mon lasso ! C’est le job d’une cowgirl, après tout !

Je ris avec lui, pour la première fois depuis que nous avions quitté la Californie. Le seul homme, à défaut de bétail, que j’avais cherché à attraper et marquer se trouvait tout près de moi, à portée de mes lèvres terriblement délaissées. Ma raison doutait qu’il avait compris la cause réelle de mon geste, tandis que mon cœur m’assurait que oui. Je choisis de croire ce dernier, bien que le sergent Nash ne m’aidait vraiment pas...

On a donc deux pistes à explorer demain : d’abord le 12e régiment d’infanterie à Fort Carson, puis la sœur de June qui travaille à l’aéroport. Inutile de rouler vers le Nevada comme des débiles.

Débit de mitraillette, syllabes hachées au fendoir, tonalité autoritaire de sous-officier, j’aimais le militaire charismatique en Victor, mais pas quand nous devions prendre ensemble des décisions importantes ! Et dire que vingt minutes plus tôt, je me touchais intimement sous la douche en pensant à cet homme qui me ballotait dans un ascenseur émotionnel... Une réplique cinglante s’apprêtait à franchir mes dents quand sa voix résonna à nouveau, plus civile.

C’est ce que je recommande pour remonter la trace de Ruben. La soirée a été fructueuse ; ces deux pistes nous permettront d’y voir plus clair demain. Qu’en penses-tu ?

Alléluia ! Qui a dit que les hommes n’apprennent jamais ? Remplie d’espoir, je posai une main sur sa cuisse et lui adressai mon plus beau sourire.

Je pense que c’est une excellente idée. On fera le point après nos deux visites importantes. Maintenant, rentrons à l’hôtel.

Ma raison et mon cœur entrèrent à nouveau en conflit sur la manière de nous réconcilier... une grande discussion suivie d’étreintes romantiques, ou fallait-il laisser nos corps libérer les tensions entre nous avant de dialoguer paisiblement sur l’oreiller ? Je voyais bien de quelle façon Victor me regardait, derrière sa façade du "soldat en mission". Lui aussi me désirait toujours, là-dessus je n’avais plus aucun doute !
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyMer 13 Mar - 17:13#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Fin du débriefing. Victor fit gronder le moteur et emprunta l’itinéraire de leur hôtel. La muscle car n’était pas seule sur la route : des phares distants se reflétaient à la surface des rétroviseurs. Le militaire eut une vague impression de familiarité, sans plus. La nuit, toutes les voitures se ressemblent. Mille pensées bourdonnaient à l’intérieur de son crâne, pareilles à un essaim d’abeilles butineuses. Invitées par le sourire radieux de Tori. Un sourire solaire qui repoussait l’obscurité de la nuit et apportait la lumière jusqu’aux alcôves les plus sombres. Parmi ces recoins enténébrés, la réaction coléreuse de la linguiste après la bataille de Baker :
« Tu craignais d’ajouter une tache à ton dossier militaire déjà mauvais ? C’est aussi pour privilégier ta carrière que tu as divorcé après ta première opération en Irak ? Oui, je connais ton dossier grâce à mon père et je sais qu’il n’est pas brillant ! C’est pour ces raisons que tu m’aides aujourd’hui ? Parce que tu te sens coupable ? Eh bien, il y a de quoi ! J’espère pour toi qu’on retrouvera Ruben sans "faire de grabuge", autrement, je te garantis que tu vas pourrir longtemps à Monterey ! »
Des souvenirs de son mariage remontèrent des tréfonds de sa mémoire, pénétrèrent sa conscience, puis se juxtaposèrent à l’idylle rocambolesque de Ruben et June, la showgirl. En proposant son aide à Tori, Victor n’imaginait pas que leur enquête remuerait des pans entiers de sa vie personnelle. Il se complaisait dans le rôle du chevalier servant, mais il n’était qu’un homme. Un homme avec un passé dont il croyait avoir tiré les leçons. Victor réalisa qu’il se fourvoyait. Il était temps d’agir avec plus de discernement.
Long soupir. Il fit craquer sa nuque, remua les épaules, libéra une partie de la tension qui raidissait ses phalanges sur le volant.
— La femme que j’ai épousée avait une réputation de fille facile. Je m’en foutais ; j’étais fou amoureux comme on peut l’être à dix-neuf ans. Elle vivait dans mon cœur et habitait toutes mes pensées, sauf quand je portais l’uniforme. On a passé des mois merveilleux. Autant que je sache, elle m’a été fidèle jusqu’à mon premier déploiement en Irak.
Clignotant, virage à gauche.
— J’ai su qu’elle me trompait au retour d’une mission, abrasé de sable chaud, puant et roué de fatigue sous une tente non climatisée. Un pote de ma compagnie qui tenait l’information de sa sœur. Tu sais comment ça marche : l’armée est une grande famille, pour le meilleur et pour le pire.
Arrêt à un stop.
— En 2004, au fond du trou du cul de l’Irak, il n’y avait pas de réseau mobile comme aujourd’hui. Par sécurité, notre campement se trouvait loin de toute construction humaine. On devait réserver un créneau pour chaque appel satellite. Ce que j’ai fait aussitôt. Trois jours d’attente infernale. Je repoussais les images de ma chère épouse qui s’envoyait en l’air avec un autre, pendant que je patrouillais dans la fournaise au milieu d’insurgés qui voulaient nous arracher la tête. Je ruminais aux heures où j’étais censé dormir. J’ai ressassé nos moments ensemble, les plus merveilleux de ma courte vie d’alors. Je suis passé par la colère, la haine, la honte, la culpabilité, le désespoir. Pendant trois jours et trois nuits, j’ai réfléchi à ce que j’allais dire. Le grand discours du mari cocu, à la fois digne et compréhensif.
Un pick-up passa devant le nez de la Camaro. Redémarrage.
— Je n’ai pas réussi à prononcer une seule foutue belle parole. Au téléphone, elle m’a rapidement demandé de choisir entre le mariage et l’armée. J’ai choisi l’armée. J’avais prêté deux serments de fidélité ; l’un était plus solide que l’autre. On a divorcé à mon retour, avant mon deuxième déploiement.
Silence. Ronronnement du moteur. Circulation fluide.
— J’ai longtemps cru que mon mariage avait périclité parce que j’avais conduit devant l’autel une femme de nature volage. Aujourd’hui, je crois que mon mariage a sombré parce que je n’étais pas là pour elle. Parce que je n’ai pas su anticiper ses besoins et y répondre. Je n’avais que ma mission en tête, pas mon couple. Ça n’aurait jamais marché. Ton frère est différent. J’ai le sentiment que Ruben aime réellement June et qu’il a pris la bonne décision pour eux deux.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 17 Mar - 14:15#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Alors que la voiture reprenait le chemin de l’hôtel, je songeai que nous pourrions nous séparer le lendemain, afin de gagner du temps, comme nous l’avions fait pour les agences immobilières de Fresno. Je chercherais la sœur de June à l’aéroport pendant que Victor fouinerait dans Fort Carson avec les amis de Ruben. Cette proposition allait à l’encontre de son serment de me protéger, mais je ne risquais rien dans un lieu ultra sécurisé ! Je jetai un œil à Victor, qui me semblait très soucieux. Encore une chose importante qu’il ne me disait pas ? Je choisis d’attendre notre retour à l’hôtel, à la fois pour lui soumettre mon idée et lui tirer les vers du nez... M’attendais-je à ce que Victor me fasse des confidences à propos de son divorce ? Certainement pas ! Nous nous connaissions depuis peu et il ne me devait aucune explication. Contrairement à ce que tout le monde semblait croire, nous n’étions pas en couple. Je fixai son profil, les paupières et les oreilles grandes ouvertes.
Quelle histoire... tristement banale ! L’infidélité maritale était monnaie courante dans l’armée, comme à peu près partout me semblait-il. Elle touchait beaucoup de jeunes couples qui ne consolidaient pas leur union avant les premières épreuves, inévitables chez les gens en uniforme et leur entourage. L’adultère n’en restait pas moins intolérable à mes yeux, spécialement quand son conjoint partait à la guerre. Quelle bassesse ! Le récit de Victor m’évoquait un coup de poignard dans le cœur, porté de dos, et des mots très virulents résonnèrent dans ma tête pour qualifier l’ex madame Nash. Oui, l’un deux commence par un "s" et rime avec "galope". Chez les Espinoza, on ne transige pas avec la fidélité. Victor semblait croire qu’il avait provoqué cette trahison en faisant passer la famille du drapeau avant celle de l’alliance à son doigt, mais son épouse savait quand même à quoi s’attendre, non ? On ne couche pas avec un autre homme avant de rompre formellement avec son compagnon, c’est la base, même quand on a dix-neuf ans... Bien sûr, cela s’applique à toutes les configurations de couple et de genre. N’importe quel autre comportement est odieux et il n’y a AUCUNE tolérance à avoir ! Victor avait bien fait de casser net avec cette Marie-couche-toi-là. Je n’étais pas certaine de comprendre où il voulait en venir avec son dilemme de la mission mise en balance avec le couple... quand il dressa un parallèle avec Ruben et June.

Tu... prétends comprendre mon frère mieux que moi ? commençai-je à feuler. A cet instant, notre conversation au départ de Baker me revient en mémoire. J’avais provoqué Victor, critiqué ses choix et sali son divorce avec des paroles blessantes et détestables... Je ne m’étais pas totalement trompée, puisque Victor avait choisi l’armée plutôt que son mariage, mais j’étais horriblement dans le faux. Voilà ce qui le travaillait depuis le nightclub ! Voilà pourquoi il abordait le sujet maintenant ! Notre enquête sur Ruben et June devait faire remonter des tas de souvenirs, et je sentais que Victor s’identifiait beaucoup à ce couple improbable.

Je te remercie de m’avoir confié cette partie de ta vie, mais cela prouve que tu n’es pas plus objectif que moi sur leur relation. L’expérience de ton divorce t’a profondément marqué, ce qui est tout à fait normal, et tu vois la situation à travers ce prisme. Je pense toujours que tu as tort, que June a mêlé Ruben à ses sales affaires et qu’elle se sert de lui grâce à ses charmes. J’appelle ça un ensorcellement, pas de l’amour.

Et j’espérais bien obtenir des preuves dès le lendemain ! En attendant, je devais des excuses à Victor. A vrai dire, j’étais vraiment heureuse qu’il se confie à moi au sujet de son divorce, et plus heureuse encore de m’être trompée ! Paradoxalement, une part de moi se réjouissait qu’il reconnaisse sa part de responsabilité, la nécessité d’accorder une place vitale à sa compagne quand monsieur est en mission... Et à propos de notre mission, justement, il y avait d’autres choses importantes que je voulais tirer au clair. Puisque le sergent Nash sortait enfin une tête de son bunker en béton armé, je décidai de saisir ma chance. Il était temps que nous parlions à cœur ouvert, et ce n’était pas possible en roulant dans sa décapotable. L’hôtel ne me semblait pas non plus l’endroit idéal pour une conversation sérieuse et intime... je voulais plus qu’une réconciliation sur l’oreiller (dont j’avais pourtant très envie !). Je cherchai l’inspiration dans le firmament étoilé au-dessus de nos têtes et dans l’air frais qui emplissait mes poumons. Un sourire ourla mes lèvres, car je sus exactement ce qu’il fallait à mon chauffeur à l’âme spirituelle. Je lui commandai, sur un ton fermé à la négociation :

Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite, l’air nocturne me fait du bien. Quand tu étais basé à Fort Carson, je suis sûre que tu emmenais des filles dans un endroit tranquille et romantique hors de la ville. Emmène-moi là-bas, s’il te plaît.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyJeu 21 Mar - 17:17#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Tori était dans le vrai. D’abord, Victor percevait la relation entre Ruben et June à travers son propre vécu, son expérience. Ensuite, il avait effectivement emmené quelques filles dans les collines environnantes, mais cela remontait à des années. Victor n’était pas certain de se rappeler l’itinéraire, spécialement de nuit. En revanche, il était certain que Tori avait d’autres motivations que respirer l’air frais hors de la ville. Des motivations qui n’allaient peut-être pas lui plaire.
Victor opéra un demi-tour et prit vers l’ouest. À quelques kilomètres de Colorado Springs, les remparts sombres et massifs des montagnes se découpaient dans la nuit. La circulation était fluide. Une berline arriva de face, sur la voie adjacente éclairée par des lampadaires. Une Ford comparable à celle des tueurs de Fresno. Modèle plus récent, couche de poussières sur la peinture ocre – idéale pour se camoufler dans la région. Deux types basanés à l’intérieur. Peut-être des Vénézuéliens en chasse, peut-être d’honnêtes citoyens américains comme les Espinoza ou les aimables restaurateurs de Los Dos Tauritos. Encore cette impression de familiarité. L’emplacement des phares avant, leur puissance et la teinte des faisceaux.

* * *

Dans l’habitacle de la Ford :
— Ils vont nous voir, signala le jeune conducteur.
Le passager songea à l’arme dissimulée dans le coffre.
— Ta gueule, Jose. Continue à rouler et regarde devant toi.
Il releva le col de sa veste contre son cou. Le jaguar tatoué se camoufla, pareil à un prédateur avant l’attaque.


* * *

Picotements dans la nuque. Les muscles de Victor se tendirent. Depuis le Deja Vu, il avait le sentiment de passer à côté de quelque chose. L’ombre d’une menace, l’imminence d’un danger. La Ford n’était plus qu’à vingt mètres. Mentalement, Victor répéta l’exécution d’une contre-attaque : tendre le bras droit vers Tori, lui coucher le buste en criant de rester à l’abri, se tasser, baisser la vitre électrique avec l’auriculaire de la main gauche, glisser le bras droit sous le siège, saisir le M17 par la crosse, désengager la sécurité du pouce, viser et tirer.
La Ford les croisa sur sa droite. Aucun des deux véhicules ne roulait vite. Victor eut le temps d’observer les membres de l’habitacle. Le conducteur : un jeune homme d’environ vingt ans. Belle chemise. Pas de moustache, crâne non dégarni. Des cheveux de jais laqués, plaqués en arrière. Le passager : une quinzaine d’années de plus et une apparence plus négligée. Cheveux longs en désordre, veste ouverte sur un torse pileux. Les deux hommes fixaient la route devant eux ; aucun ne détourna les yeux.
Anormal.
La Chevrolet Camaro SS décapotable ne passait pas inaperçue dans le paysage urbain. Tori captait les regards dans sa robe de soirée, trop éblouissante pour être ignorée de quatre yeux masculins.
Victor observa la Ford dans le rétroviseur. Elle s’arrêta à un carrefour. Victor ralentit son allure à l’approche de la route 24 vers Green Mountain Falls. La Ford s’engagea plein sud. La Camaro vers l’ouest.
Fausse alerte.
Peut-être un couple homosexuel qui n’avait aucune attirance pour les voitures de sport et les belles femmes.

Le bitume lisse évolua en asphalte rugueux, granuleux, puis en chemin cahoteux. Les lumières de la ville diminuèrent, formant un tapis sombre moucheté à mesure que la Camaro gravissait les collines. Pas de phares sur la route. Victor se détendit. Des souvenirs du Colorado remontèrent à la surface. Les marches disciplinées avec la brigade Stryker, les excursions délirantes avec les Lethal Warriors. Les randonnées solitaires et méditatives à travers les paysages grandioses. L’aurore jaillissant derrière les sommets alors qu’il prenait un bain à la fraiche avec Elena, les nuits sous la tente à se tenir chaud et parler. La Camaro jouant du soft rock sous les étoiles, abritée du vent par une falaise, pendant qu’ils se bécotaient sur la banquette arrière. Un endroit tranquille et romantique hors de la ville, exigeait Tori. À présent, Victor se remémorait l’emplacement exact.
Une série de sinuosités, ocre et étroites les menèrent dans les hauteurs. Les arbres se raréfièrent, couvrant la montagne d’une végétation broussailleuse de plus en plus clairsemée. Les pneus route crissèrent sur un sentier escarpé, puis attaquèrent un terrain légèrement bombé d’herbes sèches, nées de remontées humides en provenance du petit lac en contrebas. À la lumière des phares, Victor constata que son niveau était extrêmement bas. La crise climatique n’épargnait pas le Colorful Colorado ; les nombreux réservoirs alimentant Colorado Springs faisaient l’objet de restrictions et d’une surveillance accrues. Victor immobilisa la voiture à proximité d’une falaise, puis coupa le moteur.
Un silence épais les enveloppa. Des stridulations d’insectes et bruissements discrets trahissaient néanmoins l’existence d’une activité nocturne. Phares éteints pour éviter d’attirer la faune environnante, en particulier les bestioles volantes et bourdonnantes. Rien de plus agaçant. Victor ne s’inquiétait guère de la présence des humains : l’endroit était difficile d’accès, entouré de falaises dentelées. Un petit coin de paradis isolé et fortifié. Moins doux et enchanteur qu’à son dernier passage, mais plus romantique qu’un club de striptease. Il n’avait rien de mieux à offrir.
Victor détacha sa ceinture, recula son siège, se leva, puis s’étira longuement.
— J’aimais venir ici. Ça remonte à des années. Avant ma dernière rotation en Afghanistan.
Ambiance calme, ancienne, sauvage, vaguement mystique.
Il jeta un regard mélancolique à l’est, fixa un coin de vallée piquetée de lumières artificielles. Une fenêtre sur Colorado Springs pareille à une meurtrière géante entre deux éminences rocheuses.
— L’agglomération nous parait minuscule et dérisoire, vue d’ici. Presque insignifiante. Pourtant des centaines de milliers d’individus y vivent, s’agitent autour des points lumineux, sommeillent et rêvent parmi les espaces sombres. Ce panorama m’a souvent aidé à prendre du recul sur les événements, sur la place qu’on occupe dans ce monde.
Une main en appui sur le pare-brise, Victor sauta par-dessus la portière. La végétation brûlée par le soleil craqua sous ses semelles. Il défit ses chaussures et retira ses chaussettes. Retrouva le contact ancestral de la terre et du végétal.
— On est à peine plus grands que les brins d’herbe à nos pieds. À peine plus vivants. Perpétuellement, des étoiles naissent dans les pouponnières des galaxies. Elles fusionnent des atomes et se consument, puis meurent dans une formidable explosion qui engloutit des planètes entières. À l’échelle de la Création, ce cycle de vie spectaculaire des étoiles ne représente qu’un bref clignotement lumineux.
Victor contempla les horizons obscurs.
— Qu’on lutte pour respirer ici ou qu’on rende notre dernier souffle ailleurs, l’univers m’a rarement donné l’impression de s’émouvoir. Je me suis souvent demandé si moi aussi, j’étais une lueur qui s’agitait dans la nuit ou si je rêvais dans un espace sombre.
Le militaire contourna la décapotable par l’avant, dressant la tête vers le firmament. Des nuages sombres voilaient à présent les amas d’étoiles, moins nombreuses et scintillantes qu’à leur départ de l’hôtel. Il s’arrêta devant la portière passager et tendit la main.
— Pardon, ce que je raconte n’a rien de romantique. Et naguère cet endroit l’était davantage, à la belle saison sous un ciel dégagé.

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It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
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Tori Espinoza

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36 ans.
Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

You held my hand, and everything is okay again. You make me feel beautiful, loved, taken care of, and protected...

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Hold me tight tonight,
take me...


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I'm yours.



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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 24 Mar - 14:34#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Je profitais du trajet pour essayer de remettre de l’ordre dans ma tête. L’air frais me rassérénait et c’était le genre de moment où j’appréciais de me faire conduire à bord d’une décapotable. Etonnemment, Victor roulait à faible allure et je le voyais jeter de fréquents coups d’œil dans les rétroviseurs. Il me semblait tendu, ruminait-il encore ses années de mariage ? Réfléchissait-il à mon scénario qui contredisait le sien ? Je chassai ces pensées en prenant de l’altitude, puisque des affaires bien plus importantes dans l’immédiat me préoccupaient.
Nous nous arrêtâmes dans un lieu isolé, paisible, dont je devinais plus que je discernais la splendeur de la vue. Il faisait sombre et même le visage de Victor à côté de moi baignait dans l’obscurité une fois le tableau de bord éteint. Imitant mon chauffeur, je reculai mon siège puis me levai, tirant les bras derrière mes oreilles pour me détendre. Mmm... ça faisait du bien !

J’aimais venir ici. Ça remonte à des années. Avant ma dernière rotation en Afghanistan.

J’entendais clairement la pointe de mélancolie dans sa voix. Des événements terribles s’étaient produits en Afghanistan, j’avais entendu des récits effroyables de militaires qui y étaient et qui ne passent pas aux chaînes d’informations, alors je ne sous-estimais pas les traumatismes de nos soldats. Mais j’avais la conviction qu’il y avait autre chose chez Victor, des événements qui l’avaient affecté de façon intime et personnelle.

L’agglomération nous parait minuscule et dérisoire, vue d’ici. Presque insignifiante. Pourtant des centaines de milliers d’individus y vivent, s’agitent autour des points lumineux, sommeillent et rêvent parmi les espaces sombres. Ce panorama m’a souvent aidé à prendre du recul sur les événements, sur la place qu’on occupe dans ce monde.

Envolée spirituelle du sergent Nash, épisode trente-huit ! Bercée par le timbre paisible de sa voix, je suivis son regard. Nous avions un minuscule aperçu de ce que les cosmonautes éprouvent en observant les grandes villes américaines plongées dans la nuit depuis l’orbite terrestre. Je m’étais déjà fait une réflexion similaire au cours de mes fréquents déplacements en avion, mais jamais avec la profondeur poétique de Victor. Je frissonnai, et la fraicheur de la nuit n’y était pour rien. L’épisode trente-huit me faisait autant d’effet que les précédents...

On est à peine plus grands que les brins d’herbe à nos pieds. À peine plus vivants. Perpétuellement, des étoiles naissent dans les pouponnières des galaxies. Elles fusionnent des atomes et se consument, puis meurent dans une formidable explosion qui engloutit des planètes entières. À l’échelle de la Création, ce cycle de vie spectaculaire des étoiles ne représente qu’un bref clignotement lumineux. Qu’on lutte pour respirer ici ou qu’on rende notre dernier souffle ailleurs, l’univers m’a rarement donné l’impression de s’émouvoir. Je me suis souvent demandé si moi aussi, j’étais une lueur qui s’agitait dans la nuit ou si je rêvais dans un espace sombre.

Je comprenais qu’à travers ces analogies, Victor évoquait son mariage avorté, sa carrière dans l’infanterie qui avait pris fin pour je ne sais quelle raison, et les choses affreuses qu’il avait vues à l’étranger. Je sentais également qu’il songeait à Ruben, à notre enquête tenace, ainsi qu’à un million de sujets métaphysiques sur lesquels il avait longuement médités. Il y avait plus qu’une réflexion mélancolique dans ses mots, je décelai une tristesse latente et profonde qui me fendit le cœur.

Je ne peux pas m’exprimer au nom de l’univers, mais ce qui me parait important, c’est que nous, on s’en émeut ! On s’émeut de tout, spécialement des gens qui nous entourent et plus encore des gens qu’on aime. C’est humain ! Et prendre du recul, c’est bien, mais ce ne doit jamais être un prétexte pour ne plus s’émouvoir ou cesser d’agir avec humanité. De préférence les meilleurs aspects de cette humanité, comme tu me l’as rappelé hier soir.

La philosophie de Victor tenait en quelques mots qui s’étaient gravés dans mon âme : l’amour plutôt que l’indifférence, ou pire encore la haine. Cela peut sembler banal à entendre, mais quand un homme comme le sergent Nash vous l’explique à quelques centimètres de vos lèvres... je frissonnai à nouveau en y repensant.
Mon chauffeur se campa devant ma portière après avoir fait le tour de la voiture, je baissai les yeux et deux formes blanchâtres confirmèrent mon impression : Victor marchait pieds nus ! Seigneur... La nuit précédente, un serpent avait failli nous dévorer (d’accord, j’exagère un peu !), et voilà que monsieur marchait nu pied, sans visibilité, dans un endroit sauvage entouré de rochers où les reptiles adorent s’abriter le jour avant de partir en promenade la nuit...

Pardon, ce que je raconte n’a rien de romantique. Et naguère cet endroit l’était davantage, à la belle saison sous un ciel dégagé.

Je saisis mon courage à deux mains, repoussai les images de crotales de mon esprit et ôtai mes escarpins dans la voiture.

Les mots ont un sens, Victor, et même plusieurs. Tu es l’un des hommes les plus romantiques que j’ai rencontrés. Nul besoin d’offrir un bouquet de fleurs enrubanné avec un cœur, tout en chantant une sérénade ! Ce romantisme-là, c’est la conception moderne du mot, devenue dominante en occident grâce aux clichés véhiculés par les histoires à l’eau de rose et au marketing de la Saint-Valentin. Tiens, par exemple, au sud de l’Amazonie, il existe une peuplade où les hommes dénichent un œuf de forme parfaite et le peignent pour séduire leur dulcinée... avant de l’écraser sur leur tête ! C’est un rituel amoureux à la fois drôle et émouvant une fois que l’on connait sa signification. Ce n’est pas ce que j’attends de toi, ni les paillettes parfumées, ni les écailles d’œuf dans les cheveux !

J’avais reçu une éducation très éloignée de ce carcan, et ma carrière de linguiste dans l’armée avait consolidé mon côté "fleur bleue" distinct de la plupart des femmes américaines de ma génération. J’aimais l’amour et j’appréciais aussi les belles histoires. Par contre, je préférais la force et la profondeur des convictions aux mièvreries fades et superficielles. Le charisme d’un comportement honorable m’émoustillait plus qu’un dîner aux chandelles avec une rose au milieu de la table. Je craquais pour les combattants en uniforme, pas les Casanova en costume Armani. (Bon, j’avoue qu’un dîner en tête à tête avec Victor en Armani...) Ajoutez une part "saine" d’originalité et de mystère, de l’humour et des gestes tendres, et je mouillai ma culotte comme à cet instant où je tendais les bras vers les larges épaules de Victor.
Monsieur romantique (selon mes critères personnels) me prit par la taille, je pliai les genoux et il me bascula sans difficulté par-dessus bord. De la puissance, de la maîtrise et de la délicatesse, un geste simple et pourtant ultra romantique ! Les battements dans ma poitrine en témoignaient. Je tordis mes orteils au contact de l’herbe fraîche, quelque chose que j’adorais faire étant gamine et qui s’était malheureusement raréfié avec l’âge. Victor réveillait tellement de belles choses en moi que mes derniers résidus de colère à son égard s’éteignaient... à l’inverse de mon désir, comme vous l’avez compris. Il fallait vraiment qu’on mette les choses au point, une fois pour toutes, avant qu’on se dispute à nouveau pour de mauvaises raisons.

Tu sais ce qui serait encore plus romantique ? Que tu enlèves ma robe et que tu m’emmènes prendre un bain nocturne dans le petit lac en contrebas.

Comme je dis souvent, autant allier l’utile à l’agréable !
Je me retrouvai vite en culotte, immergée dans l’eau froide, avec mon compagnon dans la même tenue. Comme vous vous doutez, je faisais monter significativement la température du lac, plutôt une grande marre au vu de sa taille réduite. L’eau était quand même suffisamment profonde pour m’arriver à la clavicule alors que j’avais pied. Après quelques batifolages rieurs, je naviguai au contact de Victor et croisai mes bras derrière sa nuque. Mes tétons sensibles effleurèrent son torse, et ce fut comme une décharge électrique. Depuis l’hôtel, mon corps ne cessait de me signaler son manque de LUI et ma danse torride au nightclub avait démultiplié l’intensité de ses signaux. J’avais terriblement envie de me jeter sur ses lèvres, de m’embraser sous ses étreintes passionnées... cependant ma volonté d’en finir avec les non-dits qui vérolaient notre formidable relation l’emportait sur tout le reste.

Il y a une chose que je veux savoir, Victor. Je n’ai pas cherché à en savoir plus jusqu’à présent, parce que je comprends qu’il y a des choses de ton passé dont tu n’es pas fier et dont tu ne souhaites pas parler avec une fille de commandant de la police militaire. Mais je sens un grand malaise à ce sujet depuis notre départ de Monterey, et sans doute avant, même si tu l’as très bien caché. Ce malaise nous bouffe ! Ce qui s’est passé avec le colonel Clarke me donne raison.

Victor se tendit, mais j’étais bien plus nerveuse que lui. On y était ! L’heure de vérité, sur laquelle je ruminais depuis longtemps. Je pris une grande respiration et lui demandai, mon visage tout près du sien :

Pour quelle infraction es-tu passé en cour martiale à la fin de ta dernière opération en Afghanistan ? Quelle faute as-tu commise ? Comment es-tu passé de la 4e division d’infanterie à la logistique de Monterey ? Pour quelles raisons ?
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Victor Nash

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Chris Evans
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//

39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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☾⋆⁺₊⋆ VICTORI ⋆⁺₊⋆☽
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Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
Our love was serendipity,
Our story was tragedy.



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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptySam 30 Mar - 7:20#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Tori disait vrai. Agir au mieux était le plus important. L’intention en cohérence avec le mouvement orchestré – quelquefois infécond, d’autres fois déterminant dans la trajectoire d’une vie humaine. On ne pouvait rien faire de plus. Ceux qui en faisaient moins se condamnaient eux-mêmes aux regrets, à la honte et au déshonneur.
En revanche, Victor donnait tort à la linguiste sur un point :
— Tu ne me feras jamais croire qu’écraser un œuf sur le crâne d’une fille a quelque chose de romantique. Bon sang de bois, la matière gluante colle aux cheveux et les morceaux d’écaille doivent être un cauchemar à retirer. (Il sourit dans la pénombre.) Encore heureux que tu ne revendiques pas cette lubie. Quant aux paillettes parfumées, j’imagine qu’on en trouve chez Walmart pour une poignée de dollars, en prêt-à-l’emploi comme tous les produits populaires. Je consentirais volontiers à t’en verser une benne sur le crâne, ne serait-ce que pour entendre l’éclat de ton rire et voir tes yeux briller.
Le romantisme industriel et bon marché, accessible en billets verts. Victor n’y connaissait pas grand-chose. Il ne s’était jamais considéré comme un romantique. Peut-être durant les mois de passion amoureuse qui avaient précédé son mariage express et l’embarquement pour l’Irak. Peut-être que cela expliquait son rejet du romantisme depuis lors, la torture que lui infligeait le visionnage d’un film de Noël. Dorénavant, il préférait sentir l’herbe sous ses pieds et le vent sur son visage. Écouter le bruissement délicat des feuillages, les mélodies saisissantes des créatures du ciel, le chant immémorial de la terre. Il préférait ces instants de communion avec le vivant à un diner autour d’une table – nappe blanche exposée aux lumières artificielles, une rose amputée et mourante prisonnière d’une flûte silencieuse. Tori semblait partager des goûts similaires, des affinités enfouies telles des graines attendant l’occasion propice de s’étendre. Il la souleva hors de la Camaro, éprouvant un plaisir immanent à placer ses mains autour de ses flancs, et constata qu’elle aussi avait découvert ses pieds.
— Tu sais ce qui serait encore plus romantique ? Que tu enlèves ma robe et que tu m’emmènes prendre un bain nocturne dans le petit lac en contrebas.
Même à travers l’obscurité, Victor discernait les beaux yeux scintillants. Paupières grandes ouvertes, libérant de longs cils comme un lever de rideau sur une scène cosmique. Tori était une femme magnifique à contempler, un spectacle vivant et animé. Ses pupilles dilatées le fixaient tels deux astres mordorés.
Victor considéra la voiture. Réfléchit au Sig Sauer sous le siège. À la Ford suspecte. Au mantra qu’il se répétait depuis leur mésaventure à Baker. La distraction est l’ennemie du soldat en mission. Une mise en garde judicieuse. Inadaptée toutefois à leur situation.
Victor n’était pas stricto sensu un soldat en mission. Plutôt un enquêteur amateur dans une équipe de deux. Dans cette configuration, une autre mise en garde l’emportait : L’entente est la plus grande alliée d’un binôme, et la mésentente son pire ennemi. Son instinct lui soufflait que leur binôme sortirait renforcé de ce bain de minuit. Qu’un refus aurait un effet dévastateur sur leur entente en voie de guérison.
Le militaire scruta les alentours une dernière fois. Aucune lumière artificielle, aucun bruit de moteur. Juste la nuit noire et sauvage. Il glissa ses paumes le long des épaules de la métisse, tirant le tissu vers le bas. Elle avait la peau douce et chaude, comme un fin velours sous un soleil d’été. Il souffla à son oreille :
— Tu as raison. Nous y serons beaucoup mieux qu’à la piscine du Sante Fe Motel où tu as voulu barboter. Loin des regards et des oreilles indiscrètes, avec le ciel et la montagne pour témoins romantiques.
Il sourit, puis fit glisser la robe jusqu’aux chevilles. La déposa soigneusement contre la portière. La silhouette indistincte de Tori embellissait l’obscurité, sa longue chevelure ondoyait sous la brise. Victor retira ses propres vêtements, ne gardant que son boxer. Il attrapa la main de sa partenaire, entremêla affectueusement leurs doigts, puis les guida sur la pente herbeuse.

L’eau était pure et fraiche. Les rochers alentour restituaient la chaleur accumulée de l’abondant rayonnement solaire, formant un dôme de douceur au-dessus de la source. Ils jouèrent dans l’étroit bassin, glissant sous la surface et gloussant à travers la brume éthérée. Puis Tori vint contre lui, sensuelle, sérieuse, exigeante et déstabilisante comme elle savait l’être. Victor se concentra sur les mots que formait sa voix mélodieuse.
— Pour quelle infraction es-tu passé en cour martiale à la fin de ta dernière opération en Afghanistan ? Quelle faute as-tu commise ? Comment es-tu passé de la 4e division d’infanterie à la logistique de Monterey ? Pour quelles raisons ?
Questions inévitables.
Tori détenait ces informations depuis samedi, au poste de police de Fresno. Petit service du commandant Espinoza à sa fille chérie. Son dossier militaire avait certainement alimenté la confusion et la réaction d’hostilité qu’elle avait eues ce jour-là. Idem à Baker, après l’entretien avec le colonel Clarke.
Tori avait sans doute perçu la pirouette, dimanche après-midi, quand Victor avait prétendu obtenir ses congés en demandant gentiment. Elle avait senti son embarras, lundi au départ de Monterey, quand il avait prétendu que tout allait bien avec son chef. Elle sentait qu’il ne lui avait pas tout dit au cours de leur dispute à Baker.
En pensant se protéger – les protéger, Victor avait semé les graines de leur discorde. Il avait eu l’outrecuidance d’espérer maintenir Tori à l’écart. Les femmes possèdent un sixième sens plus affuté que celui des hommes. Elles se font duper quand les sentiments oblitèrent leur don. Quand elles choisissent de faire confiance à la parole de l’autre plutôt qu’à leur intuition. Une douloureuse sensation de malaise lui comprima la poitrine et la gorge.
— J’ai abusé de ta confiance, confessa-t-il d’une voix rauque. Je t’ai menti par omission alors que tu étais en droit de savoir. J’aurais dû tout t’expliquer au retour de Fresno, quand je n’ai pas fait le nécessaire pour stopper tes agresseurs en fuite.
Il devina un départ d’incendie dans les yeux de Tori. Posa doucement les mains contre la taille immergée. La linguiste était tendue, mais elle ne le repoussa guère. Elle écoutait.
— Je t’ai déjà raconté mes débuts difficiles dans l’armée, les motivations simplistes et belliqueuses qui m’animaient. J’ai évoqué Rio, mon ami le plus proche qui fut le témoin de mon mariage. Mais je ne t’ai pas parlé de Thomas. Parmi les « ploucs » que le sergent-instructeur Highway a formés, c’était le troufion le plus mature. Thomas possédait un esprit affuté, un tempérament calme et un visage doux. On le raillait à cause de ça – il aurait échoué à effrayer une chèvre –, mais chacun savait que Thomas était le meilleur d’entre nous.
Victor fit le récit de leur trio resté uni après leur formation de fantassin. Victor le fringant, Rio le joyeux, Thomas l’intello. Il décrivit la blessure irrémédiable de Rio en 2015, touché lors d’une âpre bataille dans les reliefs d’Afghanistan, puis le retour à la vie civile du métis mexicain.
— Ce fut une période difficile, et pas seulement à cause de la guerre. Le pays venait d’élire Trump à la présidence. Je me questionnais sur l’avenir, sur le sens de nos actions. L’Irak avait déjà laissé un goût amer, ce pays n’avait aucun lien avec les attentats du 11 septembre, mais au moins la population était enfin libérée du régime brutal de Sadam Hussein. Thomas croyait que l’Afghanistan serait différent. Aucun discours fallacieux sur des armes de destructions massives, on bottait vraiment le cul à des terroristes et on renvoyait les talibans dans leurs foutues cavernes. On était les gentils et on apportait un nouvel âge d’or dans la région. Thomas était le dernier des « ploucs » que je voyais encore régulièrement – 12e régiment d’infanterie à Fort Carson, comme ton frère et moi. Il était sergent dans une brigade mécanisée, avec le potentiel d’aller beaucoup plus loin. Mais ça ne l’intéressait pas.
D’une voix étranglée, Victor narra la décision soudaine du retrait d’Afghanistan, en 2021. La balle perdue qui ôta la vie de Thomas au cours du repli précipité. La colère noire qui avait étouffé son chagrin. Le couple d’interprètes-traducteurs afghans, collaborateurs loyaux et précieux que le commandement laissait à la merci des nouveaux maîtres sanguinaires de Kaboul. Le humvee qu’il s’était approprié contre les ordres afin de se porter à leur secours. La rafale que son gilet pare-balle avait absorbée tandis qu’il couvrait le dos de la femme enceinte.
— Ces salopards de talibans m’ont quand même touché. (Il releva sa manche gauche et montra une fine cicatrice sur le triceps, à peine visible dans l’obscurité.) Une simple éraflure ; on ne peut même pas parler de blessure de guerre. J’ai toujours eu de la chance, même quand je prends des risques. Il aurait fallu que je me jette volontairement sur une mine pour recevoir une Purple Heart. La vraie blessure, on me l’a infligée au camp de base. Je n’ai même pas eu le temps de conduire les deux Afghans à l’infirmerie. Pas d’au revoir non plus. La police militaire m’a cueilli à la sortie du humvee et les gars ont fait leur job : nez dans la poussière, menottes en plastique autour des poignets, le droit de garder le silence et surtout l’ordre de fermer ma gueule. J’avais désobéi aux ordres et risqué un incident diplomatique. Tu dois t’en souvenir : plus de quatre-vingt mille personnes évacuées en deux semaines. Un des plus grands ponts aériens de l’histoire. Tout le monde était sur les nerfs. On a perdu des gens, des civils et des militaires. L’attentat-suicide du 26 août a fait la une des journaux télévisés, avec ce satané kamikaze qui a fait 170 victimes dont 13 portaient notre uniforme, mais il y a eu d’autres. Facile de cataloguer Thomas en mort en action, ce n’était qu’une housse mortuaire de plus – il y en a eu des milliers tout au long de cette foutue guerre. Maintenant, imagine le scandale si les talibans m’avaient capturé avec deux « traitres », dont une femme enceinte ? C’était le cauchemar des grands pontes de Washington, et donc du commandement militaire sur place. C’est pour cette raison que mon jugement a été expéditif. J’étais pourtant inscrit au cahier d’avancement pour le grade de sergent-chef, des officiers compétents s’étaient prononcés en ma faveur. La justice militaire n’en avait rien à branler : on m’a banni des unités combattantes jusqu’à nouvel ordre. Je n’ai rien choisi, ce sont eux qui m’ont mis au placard sur une base logistique en me faisant miroiter cet espoir. Ils craignaient sans doute qu’en me renvoyant, je raconte mon histoire à des journalistes. C’était une précaution inutile. Je n’aurais jamais trahi mon serment ou dénigré l’institution militaire. Je me tiens loin de la politique comme d’une fosse à crocodiles.
Silence. Picotements dans les yeux. Stridulations insistantes des insectes. Un battement d’ailes en provenance des falaises. Le cri lointain d’un animal en chasse.
— Depuis, je me casse le cul pour regagner ma place dans un bataillon d’infanterie. Je fais profil bas. Je m’entraîne dur. J’accule mes limites dans les cordes, je m’aventure au-delà du ring pour les repousser encore plus loin. J’ai cherché un sens à tout ça. J’ai poussé l’univers à me fournir une réponse –c’était le jour où tu m’as trouvé sur la plage. Je te l’ai déjà raconté, mais en omettant le contexte pourtant essentiel de l’histoire. J’ai eu un moment d’hésitation quand je tenais un de tes agresseurs dans ma ligne de mire parce que cela risquait de ruiner mes chances, en plus des considérations liées aux lois sacrées de la guerre.
Victor tourna la tête en direction de l’est, des côtes lointaines de Californie.
— Cette semaine tombait assez mal pour demander une permission. Pour l’obtenir, j’ai dû confier à mon chef qu’un des nôtres s’est fourré dans un guêpier, et que je devais le tirer de là. Le capitaine Beckett ne sait rien de plus ; en revanche il connait mon dossier et les raisons de mon transfert. Voilà pourquoi il m’a expressément ordonné de ne pas faire de grabuge. Beckett me parait un officier respectable, je crois qu’il soutient mon action, mais il ne veut pas de salissures qui l’éclabousseraient lui ou la réputation du Presidio.
Il accrut la pression de ses paumes sur les flancs de Tori.
— Cela ne m’empêchera pas de fouiller le Colorado à la recherche de Ruben. De faire tout ce qu’il faudra pour que tu serres ton frère dans tes bras. Mais je dois me montrer diplomate avec la hiérarchie ; je dois agir avec discrétion ou faire en sorte d’effacer mes traces, comme à Baker. Un coup de fil au Presidio de Monterey et les collègues de ton père me ramèneront par la peau du cul. Si ça arrive, je ne serai plus en mesure de tenir la promesse que je t’ai faite.

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Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
J’ai abusé de ta confiance. Je t’ai menti par omission alors que tu étais en droit de savoir. J’aurais dû tout t’expliquer au retour de Fresno, quand je n’ai pas fait le nécessaire pour stopper tes agresseurs en fuite.

Oh là là ! Je me raidis aussitôt, n’aimant pas les mots que j’entendais, ni le ton sur lequel Victor les prononçait. On aurait dit le début de confession d’un escroc ! Abuser de ma confiance, carrément ? Il n’en fallait pas plus pour qu’un magma de colère monte en moi. Je préférais certes l’honnêteté au mensonge, dans tous les cas, mais cette mise au point que j’espérais salutaire s’annonçait mal, très mal...
Je l’écoutai attentivement, emportée dans l’ascenseur émotionnel des aveux et des sentiments que trahissait sa voix. Nul besoin de lire les expressions de son visage, difficiles à distinguer dans la pénombre alors que mes yeux se troublaient. J’étais linguiste professionnelle, le choix et l’élocution des mots, le timbre et le rythme d’une voix me racontaient beaucoup de choses. Victor émettait beaucoup de signaux inaudibles pour la plupart des gens, des signaux puissants et chargés d’émotions. Et moi, irrésistiblement ouverte à cet homme qui se mettait à nu, j’absorbais tout... Je compatis à la joie brisée de Rio, ce soldat qui me ressemblait et possédait de grandes affinités avec Victor. Je me pris d’affection pour ce Thomas que je n’avais jamais connu, et pourtant déjà familier. Je partageais les doutes et les rêves de ces soldats dont Victor narrait la formidable amitié avec pudeur. Mon cœur saigna comme s’il avait reçu la balle fatidique, puis les larmes coulèrent sans que je puisse les retenir.

Oh non, Victor... Je suis désolée, terriblement désolée...

Je l’enlaçai de mes bras tremblants, prise de sanglots. Je connaissais à présent toute l’histoire derrière le petit paragraphe que m’avait envoyé papa, et dont je me rappelais chaque mot :
"Responsable d’un incident en août 2021, à Kaboul, lors du retrait d’Afghanistan. Arrêté par la police militaire. D’après le niveau de classification, l’affaire devait être particulièrement embarrassante pour l’armée américaine. Suspension, passage en cour martiale, puis transfert à Monterey. Je ne crois pas qu’on lui a donné le choix."
Le commentaire de papa était juste, mais notre interprétation était complètement erronée ! J’aurais mieux fait de rester sur ma première intuition et m’y tenir... Victor Nash n’avait pas commis une faute impardonnable, en tout cas selon mes critères. Il était le militaire courageux, honorable, loyal et dévoué que j’avais vu en lui dès le début. La colère m’avait aveuglée alors que mon cœur, lui, n’avait jamais douté. J’ai toujours été exigeante dans mes relations, plutôt sûre dans mes jugements, mais dans son cas, mon esprit critique avait fait du zèle... pourquoi ? Pourquoi étais-je hypersensible à tout ce qui le concernait ?

On aurait dû te délivrer une médaille pour acte de bravoure, au lieu de te sanctionner !

Cette déclaration venait du fond du cœur, mais pas de la façon que vous croyez. Oui, j’avais des sentiments pour Victor, mais pas au point de "tenir pour lui" bec et ongles pour lui et enjoliver tout ce qu’il faisait. Je n’agissais pas ainsi avec Ruben qui partageait mon sang, et je ne le ferais pour aucun homme.

Tu as sauvé deux vies que notre pays était censé protéger, et même une troisième en gestation... Des vies précieuses qui étaient aussi mes collègues !

Encore une de ces coïncidences incroyables qui me liaient à Victor...
L’abandon de ces collaborateurs afghans était révoltant, scandaleux, bien que tristement compréhensible dans le chaos du retrait hâtif de Kaboul. Les opérations militaires se déroulent rarement selon les plans, spécialement quand le temps de préparation manque. Je n’imaginais même pas dans quel état se trouvait Victor, si peu de temps après le décès choquant de son ami Thomas à cause d’une balle perdue ! Pour les combattants, c’est encore plus insupportable qu’une mort au combat qui donne un sens à leur sacrifice...

Je suis vraiment navrée, pour ton ami Thomas, tu parles de lui comme d’un homme extraordinaire et je ne doute pas qu’il l’était. C’est une perte tragique, mais je suis sûre qu’il aurait été fier de ce que tu as accompli avec ce couple d’interprètes afghans. Tu crois que les choses se seraient passées différemment si tu étais resté avec Thomas et qu’il n’avait pas été tué ?

Je m’interrogeai sur ce que papa penserait de ce procès expéditif. Je l’avais parfois entendu, au sujet de certains dossiers, regretter des arrestations pour des actes nobles mais qui contrevenaient au bon fonctionnement de la chaîne de commandement. Et contrairement à la justice civile, il n’y avait pas de recours ou de procédure d’appel dans l’armée, sauf cas exceptionnels. A la place de Victor, beaucoup auraient gardé rancune envers l’institution militaire, sa rudesse et ses défaillances. Pourtant, je ressentais son patriotisme chaque fois que Victor mentionnait sa vocation, c’est-à-dire souvent. L’évidence me sauta aux yeux : papa respecterait et adorerait cet homme, même si le commandant en lui se voyait contraint de lui passer les menottes.
J’essuyais mes larmes et Victor me parla du présent, de ses espoirs aux événements de notre rencontre. Victor était un homme plus torturé que je ne l’aurais cru, et je lui avais ajouté plus de tracas que je l’imaginais. Il prenait tout sur lui, comme la plupart des militaires, et en plus il n’avait plus aucune présence aimante à ses côtés pour alléger ou au moins adoucir son fardeau...

Cela ne m’empêchera pas de fouiller le Colorado à la recherche de Ruben. De faire tout ce qu’il faudra pour que tu serres ton frère dans tes bras. Mais je dois me montrer diplomate avec la hiérarchie ; je dois agir avec discrétion ou faire en sorte d’effacer mes traces, comme à Baker. Un coup de fil au Presidio de Monterey et les collègues de ton père me ramèneront par la peau du cul. Si ça arrive, je ne serai plus en mesure de tenir la promesse que je t’ai faite.

Les mains de Victor se placèrent autour de ma taille immergée, là où j’aimais qu’elles soient. Je me blottis contre lui, mon visage si proche du sien que j’aspirai son souffle et il aspirait le mien. Monsieur pouvait dire ce qu’il voulait sur ma vision des choses, chaque parcelle de mon être nous trouvait diablement romantiques.

Je sais que tu le feras... Et tu n’auras pas à agir seul. Je ne suis peut-être pas aguerrie comme l’étaient tes amis Rio et Thomas, mais je possède d’autres talents et ta détermination ne dépasse pas la mienne.

Les paroles de Victor me réconfortaient, cependant elles exprimaient quelque chose de terrible... Ce "tout" qu’il avait volontairement souligné et qui me ramena à notre matinée marquée par la violence et l’effroi. Il y avait une dernière chose importante que j’avais besoin de tirer au clair :

Ce matin... qu’aurais-tu fait si l’hélico n’était pas arrivé à temps ? S’il n’était pas venu pour nous aider ? Je veux dire... le fou dangereux avec sa coupe en brosse était prêt à me casser la clavicule avec sa batte, et d’autres te tenaient en joue...

Nous étions passés à deux doigts du pire, tant la situation paraissait désespérée. Mon cœur tambourinait par le simple fait de repenser à ces minutes d’horreur. La terreur que j’avais ressentie avait sans doute exacerbé ma virulence à l’égard de Victor, qui s’était battu pour... l’armée ? la justice ? moi ?
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Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyJeu 4 Avr - 16:02#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Victor enlaça Tori, accueillit les sanglots qui résonnaient dans le silence de la nuit. Il lui caressa doucement la tête et la consola comme il pouvait, lui-même ému par la spontanéité de sa réaction.
— Je suis vraiment navrée, pour ton ami Thomas, tu parles de lui comme d’un homme extraordinaire et je ne doute pas qu’il l’était.
— Il l’était. (Victor eut un faible sourire.) Sauf pour l’humour. Il fallait toujours lui expliquer nos blagues et personne ne comprenait les siennes. Nous n’étions pas des lumières ; lui, si. Je n’ai pas connu deux hommes comme lui. Et pourtant, j’ai croisé toutes sortes de zoziaux dans l’infanterie.
Depuis neuf mois que Victor avait débarqué à Monterey, Tori était la première personne qui disait du bien de Thomas. La première personne à prononcer son nom avec le respect et la tristesse qu’on témoigne aux personnes remarquables qu’on n’a jamais rencontrées, et qu’on n’aura jamais la chance de connaître. Tori était également la première personne à qui Victor en parlait. Il était content que ce soit elle, en dépit des circonstances. Il closit les paupières, lui embrassa le front avec déférence et reconnaissance.
— C’est une perte tragique, mais je suis sûre qu’il aurait été fier de ce que tu as accompli avec ce couple d’interprètes afghans.
— Je l’espère.
— Tu crois que les choses se seraient passées différemment si tu étais resté avec Thomas et qu’il n’avait pas été tué ?
— Si j’étais resté avec lui, Thomas n’aurait pas reçu cette balle dans la gorge. On ne m’appelait pas « le porte-chance » pour rien. Et de retour à Kaboul, je n’aurais peut-être pas qualifié le capitaine Trevor de larve apathique avant de sauter dans un humvee. Ça n’a pas arrangé mon cas au tribunal militaire.
Sans regret, néanmoins. Trevor l’avait cherché. Huddleston aussi. Certains officiers n’agissaient pas correctement et il fallait bien que quelqu’un les corrige.

Tori se pressa contre lui. Intimement. Elle était chaude et douce sous la surface, sa peau humide et fraîche au-dessus. L’odeur délicate de son parfum au départ de l’hôtel s’était estompée, remplacée par les flagrances artificielles d’un gel douche bon marché dans les cheveux. Ceux de Victor devaient sentir le tabac froid et de vapeurs alcooliques. Le Deja Vu traitait ses danseuses avec décence, mais sans diligence. Ces jeunes courageuses méritaient pourtant des attentions particulières. Tori les méritait.
— Je sais que tu le feras... Et tu n’auras pas à agir seul. Je ne suis peut-être pas aguerrie comme l’étaient tes amis Rio et Thomas, mais je possède d’autres talents et ta détermination ne dépasse pas la mienne.
— Je n’en doute pas une seconde.
La linguiste avait démontré une intelligence fine, une pugnacité inscrite dans son ADN, ainsi qu’un amour sans borne pour son frère. Trois qualités qui la rendaient capable de tout réussir.
— Ce matin... qu’aurais-tu fait si l’hélico n’était pas arrivé à temps ?
— J’avais entendu l’écho du rotor avant de voir l’appareil. J’ai adapté ma stratégie en fonction.
— S’il n’était pas venu pour nous aider ?
— J’avais confiance en toi. Et donc en Miranda.
— Je veux dire... le fou dangereux avec sa coupe en brosse était prêt à me casser la clavicule avec sa batte, et d’autres te tenaient en joue...
Victor répondit sans hésitation – à cet instant fatidique, le scénario était déjà prêt dans sa tête :
— J’aurais neutralisé ce salopard en premier. J’aurais dégommé ce balai à chiotte avant qu’il pose sa batte sur toi, avec la brutalité suffisante pour qu’il ne soit plus en mesure de te faire du mal. Je sais quels os cibler, et comment les briser efficacement. Ensuite, j’aurais tenté un doublé avec le Rouquin. Les autres manquaient d’expérience et de détermination. Ils m’auraient tiré dessus par réflexe, par crainte que je les démolisse à leur tour, mais aucun n’avait les couilles pour descendre la fille d’un commandant. Tu t’en serais sortie, tu aurais alerté ton père qui aurait fait le nécessaire pour te mettre à l’abri et lancer les démarches pour retrouver Ruben. La mission aurait accusé du retard sans être compromise.
Victor tressaillit, puis se tendit. Pas à cause du petit vent frais. Il avait même plutôt chaud. Les réminiscences de l’affrontement le reconnectaient à la fureur dévastatrice qui l’avait envahi durant les secondes insoutenables où Tori fut sévèrement menacée. Une rage brute, viscérale, instinctive, que tout soldat apprend à maitriser. Il n’avait rien éprouvé d’aussi excessif depuis des années et l’explosion d’adrénaline avait ébréché les solides remparts de sa discipline. Situation très dangereuse. Victor s’obligea à respirer profondément, relâcha l’étreinte possessive que ses bras exerçaient autour de Tori, puis esquissa un petit sourire.
— Si tu décèles une note de romantisme dans mon comportement, permets-moi d’émettre des doutes sur ta santé mentale.

* * *

À environ cent mètres de là, l’homme au tatouage de jaguar prenait position. Vue dégagée sur le bassin. Angle favorable. Impeccable.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 7 Avr - 14:30#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Si j’étais resté avec lui, Thomas n’aurait pas reçu cette balle dans la gorge. On ne m’appelait pas « le porte-chance » pour rien. Et de retour à Kaboul, je n’aurais peut-être pas qualifié le capitaine Trevor de larve apathique avant de sauter dans un humvee. Ça n’a pas arrangé mon cas au tribunal militaire.

Je roulai des yeux, m’imaginant très bien la scène. Voilà une attitude que papa n’aurait pas du tout appréciée ! Moi, par contre... je caressai les muscles vifs et saillants de Victor, happée par son attraction magnétique.

Mon ADN me dit que tu as un peu de sang chaud qui coule dans tes veines, toi aussi...

Chaque fois que Victor donnait l’illusion de me décevoir, je finissais par découvrir des secrets et des motivations admirables qui rallumaient le feu de ma passion. C’était un homme réfléchi, mais qui savait agir et prendre les bonnes décisions dans l’urgence, ou en tout cas les moins pires... Ce formidable équilibre distingue les leaders exceptionnels du commun des mortels, et je sais de quoi je parle. Une envie brûlante de l’embrasser me saisit, et je parle là d’un baiser très très passionnel. Je freinais cependant mes lèvres au bord des siennes et l’interrogeai sur la scène finale de notre combat incroyable, à Baker. Ses réponses, d’une froideur implacable, me sidérèrent... "La mission aurait accusé du retard sans être compromise." Espérais-je autre chose ? Oh que oui...

Si tu décèles une note de romantisme dans mon comportement, permets-moi d’émettre des doutes sur ta santé mentale.

J’étais peut-être folle (de lui ?), mais suffisamment lucide pour me rendre compte qu’il tremblait sous l’effet d’une violente colère, et qu’il ne m’avait pas étreinte, ou devrais-je dire serrée avec force, comme une simple "mission".

Idiot ! l’admonestai-je avant de sceller nos bouches et m’abreuver de lui.

J’étais bouleversée, chamboulée, confuse. Depuis le début, Victor s’impliquait à fond et prenait tous les risques pour la "mission" que je jalousais à présent de tout mon être. La "mission" passait avant moi, avant tout, et j’étais impuissante à la défier. Victor avait juré de me protéger et d’aider à retrouver son frère, mais à ce moment-là je n’avais pas réellement mesuré l’ampleur de son conditionnement mental, de son obstination et des sacrifices qu’il était prêt à encourir. Notre baiser me faisait pourtant ressentir l’emprise phénoménale de son affection, avec une intensité que je n’avais jamais connue avant lui. Des émotions puissantes me nouaient le ventre, d’autres se déversaient à travers ma bouche et mon souffle plaintif. Non, je ne supportais pas l’idée qu’il arrive du mal à Victor par ma faute ! En même temps, j’aimais qu’il fasse passer mon bien-être et sa promesse avant sa propre sécurité. C’était, à mes yeux, un dévouement naturel au sein d’un... couple.
Je n’embrassais plus Victor comme un simple amant. Je m’accrochais désespérément à lui alors que la frayeur de le voir mourir devant mes yeux m’étranglait de chagrin. A trente secondes près, mon cauchemar aurait pu se produire à Baker, tout ça à cause d’un malheureux concours de circonstances ! Il y avait aussi les risques "calculés" qu’il ne cessait de prendre et qui m’infligeaient des arrêts cardiaques...

Je t’interdis de mourir pour cette mission ! m’écriai-je après que j’eus séparé nos lèvres. Je pris alors son beau visage en coupe et l’avertis d’une voix cassée : Je t’interdis de mourir tout court, ou d’évoquer cette possibilité avec une telle désinvolture. Deux larmes coulèrent de mes yeux et plongèrent dans la source. Victor ne pouvait peut-être pas les voir dans l’obscurité, cependant ma voix et mes frissonnements trahissaient mon émoi. Je tiens énormément à toi. Tu es le premier homme qui n’est pas de ma famille auquel je m’attache à ce point.

Je posai ma tête sur son épaule et nouai mes bras autour de sa nuque. Mon cœur battait encore plus vite que ce matin, durant les instants cruciaux où nous avions frôlé la tragédie, mais cette fois la terreur n’y était pour rien. Il s’agissait d’une frayeur différente, paralysante, mêlée au désir que l’on éprouve face à une personne qui nous ébranle et fait naître en nous des sentiments envahissants, indescriptibles même pour une linguiste professionnelle. Il y avait pourtant une façon très simple de les exprimer...
Je coulai ma tête sous la surface afin de me rafraichir les idées, mais rien n’y fit. J’avais la sensation délirante que l’eau se portait à ébullition au contact de ma peau fiévreuse. Seigneur, j’avais trente-six ans et réagissais comme une adolescente ! Je devais me rendre à l’évidence et accepter les sentiments grandioses, magnifiques et inédits que j’éprouvais pour Victor, moi qui n’avais connu rien d’autre que le désir et la passion avant lui. Je ne pensais pas que ce jour arriverait, qu’un homme me ferait éprouver ce que tant de femmes recherchent toute leur vie sans jamais le trouver. Ma vie à moi avait totalement basculé quand j’avais aperçu la silhouette de Victor couchée sur une plage de Monterey, et la tempête qui chamboulait mes émotions était à la hauteur du sinistre mortel qui l’avait mené jusqu’à moi. C’était le destin, croyait Victor... Qu’il ait raison ou pas, je n’avais pas pour habitude de ronger mon frein ou tourner autour du pot. M’accrochant à ses larges épaules, je fixai ses yeux indistincts dans l’obscurité et déclarai avec la flamme ardente qui brûlait dans mon cœur :

Victor, je t’ai...
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyJeu 11 Avr - 16:09#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
— Idiot !
Victor décela un changement dans l’attitude de Tori. Une tension soudaine dans son corps. Un basculement. Un baiser fébrile qui véhiculait plus que de la passion ou de la peur.
— Je t’interdis de mourir pour cette mission ! Je t’interdis de mourir tout court, ou d’évoquer cette possibilité avec une telle désinvolture.
Il prodigua un geste rassurant.
— Je ne meurs pas facilement, Tori, tu l’as constaté de tes propres yeux. Il ne s’agit pas seulement de chance : je suis entrainé à faire face au danger et y survivre. Mais seuls les fous se croient immortels.
La réponse ne sembla pas satisfaire Tori. Pas entièrement. Victor sentait un trouble extrême qu’il était incapable d’apaiser.
— Je tiens énormément à toi. Tu es le premier homme qui n’est pas de ma famille auquel je m’attache à ce point.
Deux sillons diaphanes sur les joues mates. Deux perles d’émotion cristallisée qui gouttèrent dans l’eau pure.
Victor ne dit rien. Se déporta sur la droite et serra doucement Tori contre lui, contemplant l’obscurité. Leurs visages reposaient côte à côte sur leurs épaules. Cœurs face à face, battant l’un contre l’autre sous une couche d’os et de chairs. En symbiose, comme lorsqu’ils avaient fait l’amour au Santa Fe Motel. Leurs paumes décrivirent de petits cercles symétriques contre leur dos nu. Ils inspiraient et expiraient en rythme. Une seule respiration. Un seul souffle. Unis.
Ils s’enfoncèrent dans l’eau jusqu’au menton, lestés d’une émotion plus ancienne que les roches environnantes. Au-dessus du bassin, l’atmosphère vibra ; la brillance des étoiles s’accrut. On peut vivre cent ans et ne jamais faire l’expérience de cette magie intense.
— Victor, je t’ai...
Une autre vibration. Agressive. Létale. Un sifflement aérien tout près de l’oreille, puis un claquement. Un projectile à haute vélocité fendit la surface de l’eau, projetant une gerbe d’écume évanescente. Aucune détonation préalable.
Fusil équipé d’un silencieux, saisit Victor de manière intuitive, avant que les informations pénètrent le champ de sa conscience. L’adrénaline irriguant ses veines le fit réagir en un battement de paupières.
— Sniper !
Il entraina Tori sous l’eau. Manœuvre réflexe d’immersion. Se cacher et se protéger. Un plongeon vers le fond du bassin, afin de soustraire leurs corps à la vision infrarouge du tireur et bénéficier de l’amortissement liquide. L’eau freine les projectiles avec une efficacité redoutable. Quinze centimètres suffisent à absorber la moitié de l’énergie cinétique d’une balle ordinaire. Les muscles et les os sont généralement capables d’encaisser l’autre moitié, préservant ainsi les organes vitaux.
Victor força un mouvement de rotation sous l’eau, de sorte à basculer Tori devant et plus bas que lui. Ses muscles et os à lui étaient plus denses, plus épais, offrant des chances de survie supérieures en cas d’impact.
Des tirs crevèrent la surface. Amortissement liquide. Densité musculaire. Victor poussa sur ses jambes en direction des falaises. Refit surface à l’abri d’un rocher, essoufflé par la violence de son action. Il souleva Tori hors de l’eau.
— Tu n’as rien ? s’inquiéta-t-il en lui touchant le crâne, le visage, le haut du corps.
Impossible de discerner l’eau du sang dans l’obscurité. Le bassin naturel se teintait de brun autour du triceps entaillé de Victor. Pas de quoi le saigner à blanc. Douleur facilement supportable. Une petite faille dans la cuirasse de Victor « porte-chance » Nash, proche d’une ancienne cicatrice causée par les talibans.
Tori était indemne.
Si j’étais resté avec lui, Thomas n’aurait pas reçu cette balle dans la gorge.
Impossible de revenir en arrière pour son ami.
Impossible de rester statique dans leur abri précaire, que son aura de protection relève d’une superstition ou d’un don mystérieux.
Il ne s’agit pas seulement de chance : je suis entraîné à faire face au danger et y survivre.
Victor prit la main de Tori et la guida hors de l’eau, se fiant au mouvement spontané de ses pieds.
La nuit avait progressé. Plus noire, plus froide. Une brise soufflait du nord. L’adrénaline et le stress réchauffaient leurs muscles, toutefois l’effet s’estomperait dans les minutes à venir.
La Camaro recélait armes et vêtements à vingt mètres du petit lac. Pour y parvenir, un terrain pentu à découvert. Quinze secondes de course avec les pieds mouillés, sans compter le risque de glissade. Victor serait aussi vulnérable qu’un pigeon traversant une autoroute en sautillant sur une patte.
Il se rapprocha de Tori et murmura :
— Le sniper va attendre patiemment qu’on s’expose. On est loin de tout, il sait qu’on est à poils et sans moyen de communication. Je parie qu’il surveille la voiture et les alentours avec des jumelles à vision nocturne. Et je parie que son commanditaire n’acceptera pas qu’il décampe sans une photo de nos têtes avec un trou au milieu du front.
Les Vénézuéliens. Victor ne voyait pas qui d’autre. Huddleston et son équipe s’étaient fait remonter les bretelles en Californie. Peut-être qu’on leur avait ordonné de courir tout l’après-midi dans le désert autour de Fort Irwin, sans tee-shirt et sans crème solaire.
Il ne s’agit pas seulement de chance : je suis entraîné à faire face au danger et y survivre.
La mémoire du site lui revenait avec une précision chirurgicale, comme s’il venait d’étudier la carte d’un champ de bataille. Il mena Tori derrière une falaise située au sud. La balle avait fusé derrière lui, le sniper avait donc établi son poste de tir à l’est, direction Colorado Springs. Sur une falaise haute, obéissant aux lois universelles du tir de précision, à droite ou à gauche de l’ouverture rocheuse donnant sur la vallée et ses routes. Cet endroit est une forteresse, s’était réjoui Victor la première fois qu’il était venu. C’était moins drôle à présent que sa voiture, ses vêtements et ses armes se trouvaient à l’intérieur des remparts contrôlés par l’ennemi. Il établit rapidement une stratégie.
— Nous n’allons pas capituler. Aide-moi à trouver du bois sec.

Le petit bois ne manquait pas, toutefois l’obscurité rendit la corvée pénible. Deux cibles mouillées et quasiment nues explorant un sol inégal, couvert d’aspérités. Le réchauffement climatique atténuait la fraicheur de la nuit, mais pas de beaucoup. Ils rassemblèrent leur butin à l’abri de la falaise, dans une anfractuosité formant une niche. À l’abri du sniper si celui-ci perdait patience et se déplaçait sur les sommets.
Victor entrechoqua un silex sur une pierre qu’il croyait riche en pyrite. Adressa une prière silencieuse à la montagne, appelant à sa générosité. Il n’était pas expert en géologie, néanmoins Colorado Springs fourmillait de signalétiques faisant référence à son passé minier. Iron Mountain Demolition, Iron Ore Lane, et ainsi de suite. Des étincelles jaillirent sur la touffe d’herbes sèches qu’il avait arrachée. La matière végétale s’embrasa. Tori, qui avait compris la manœuvre, souffla doucement. Elle approcha des brindilles. Le feu prit joliment et Victor l’alimenta. Des flammes vives dansaient sur la pierre et luisaient sur leurs peaux. Les deux rescapés sourirent. Leurs ancêtres néandertaliens souriaient peut-être de la même façon en contemplant les premières flammes de l’humanité. 50 000 ans plus tard, Victor fourra un index à l’intérieur de sa bouche puis le dressa en l’air.
— Vent du nord. Le tireur ne sentira pas le feu à moins de venir très près.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 14 Avr - 14:12#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Non mais franchement, quelle poisse ! Combien de femmes sur cette planète se font tirer dessus au moment d’avouer leurs sentiments amoureux à un homme ? Je n’eus même pas le temps d’achever l’élocution de mon "je t’aime", trois petits mots que je prononçai avec une ardeur et une sincérité inédites. D’une certaine façon, la balle de fusil était parvenue à transpercer mon cœur...

Sniper !

J’étais tellement choquée que je laissais Victor me diriger comme une poupée de chiffon... Je me sentais comme anesthésiée, coupée de mes émotions. L’avantage de mon état, c’est que je n’éprouvais aucune peur et que mon corps ne souffrait d’aucune agitation. En émergeant de l’eau dans laquelle Victor m’avait plongée, je devais avoir l’air d’un zombie, la faim de cervelle humaine en moins. Pourtant, j’avais grandement besoin de neurones en état de marche...

Tu n’as rien ?

Euh... ? Je secouais la tête comme une fillette à qui on demande si elle a vu les clés de voiture quelque part dans la maison, avec seulement une vague idée de l’aspect de ce bout de métal.
Je sentis une poigne vigoureuse me tirer hors du bassin, puis me diriger vers une masse sombre. Un petit vent glissa sur ma peau dégoulinante et je grelottai. En comparaison de notre rendez-vous romantique, je n’avais plus chaud du tout ! J’avais même oublié de quoi la chaleur était constituée, ainsi que ses effets bienfaisants sur mon organisme...

Le sniper va attendre patiemment qu’on s’expose. On est loin de tout, il sait qu’on est à poils et sans moyen de communication. Je parie qu’il surveille la voiture et les alentours avec des jumelles à vision nocturne. Et je parie que son commanditaire n’acceptera pas qu’il décampe sans une photo de nos têtes avec un trou au milieu du front.

Euh... ? Cette fois, la voix grave de Victor parvint à guider mon esprit à travers les ténèbres, comme son bras l’avait fait avec mon enveloppe physique. Je m’accrochai à son timbre rassurant comme un petit animal sur le dos fourré de sa mère et retrouvai soudain ma lucidité.

Tu crois que ce sont les Vénézuéliens ? Pour le coup, à moins d’attirer les cinglés, la filiation du tireur faisait peu de doute... Je repensais à Fresno, et le venin de la peur se répandit en moi. Qu’est-ce qu’on va faire ? Comment va-t-on lui échapper ?

C’était pire que tout ! Victor avait remporté des combats insensés à l’aide d’un tournevis ou d’un fusil vide, mais là, nous ne possédions rien d’autre que du tissu mouillé autour de nos hanches ! Ça peut faire lance-pierre, une culotte ??

Nous n’allons pas capituler. Aide-moi à trouver du bois sec.

Quelque chose à faire, parfait ! Papa m’a toujours dit que la meilleure façon de combattre la peur, c’est d’agir. Quand on reste immobile, on a une tendance naturelle à ruminer et imaginer le pire. Je piétinais les environs à la façon d’une guenon, penchée en avant, explorant le terrain de mes mains. Je voulais trouver le bois que réclamait Victor, mais aussi protéger mes pieds nus des épines et des arêtes tranchantes des cailloux. Même en faisant attention, je m’écorchais sur des pierres et étouffai un cri en marchant sur une branche vicieuse. Mon corps me rappelait douloureusement que j’étais devenue une femme urbanisée, accoutumée aux sols lisses et un certain niveau de confort. Je me fis la promesse qu’après cette aventure, je reprendrais des activités physiques en extérieur. Mais il y avait pire que mes petites écorchures... J’avais chaud et froid en même temps, à cause du stress et du courant d’air frais sur ma peau humide. Mes dessous inadaptés à la baignade me rentraient dans les fesses, j’avais une envie urgente de soulager ma vessie. Notre soirée romantique virait brutalement au film d’horreur...

Un feu ? Tu es sûr que c’est prudent ? demandai-je à Victor qui frottait deux cailloux à la façon d’un homme des cavernes.

J’avais VRAIMENT envie de sécher et me réchauffer (et soulager ma vessie...), mais j’avais aussi cet instinct de la proie qui nous soumet l’idée insistante de se terrer et ne plus bouger jusqu’à ce que la menace s’en aille.

Vent du nord. Le tireur ne sentira pas le feu à moins de venir très près.

Evidemmment ! Je veux dire... ça semblait évident pour le sergent Nash. Il avait allumé le feu aussi facilement que s’il avait eu un briquet. Pour ma part, je suis sûre que j’aurais pu claquer des cailloux l’un contre l’autre pendant une heure sans réussir. Mes compétences en linguistique nous étaient complètement inutiles... Je m’accroupis et tendis les bras au-dessus des petites flammes, me régalant de leur chaleur. Mon envie d’uriner devint supportable et la confiance que j’avais en Victor revint m’envelopper comme un manteau. Je remarquai alors sa blessure au bras et bondis sur mes jambes.

Oh mon dieu, tu saignes beaucoup ! Le sniper t’a touché !

Comme s’il ne l’avait pas remarqué, idiote !
Décidément, j’avais encore deux trains de retard... Une part de moi était restée en arrière, dans le petit lac, au moment parfait où je lui déclarai mon amour, et elle refusait obstinément de me rejoindre dans le présent. On nous avait volé ce moment, à tout jamais, et la colère commença à m’envahir. En plus, mon amoureux saignait abondamment et je n’avais rien pour soigner sa blessure ! En faisant un bandage avec ma culotte, peut-être... ? Il n’y avait pas une astuce avec les sangsues, aussi... ?
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyMer 17 Avr - 16:06#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
— Tu crois que ce sont les Vénézuéliens ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Comment va-t-on lui échapper ?
— Ce que je crois n’a aucune importance. Chaque chose en son temps. En avant, Tori, on se met au boulot.

* * *

Le Jaguar fouillait le terrain verdâtre en contrebas à travers la lunette électronique de son fusil de précision. Les deux cibles avaient disparu. Il s’impatientait. Son groupe paramilitaire avait reçu la formation de soi-disant consultants américains, en réalité des instructeurs de la Force Delta. Ces soldats d’élite avaient décelé en lui le potentiel d’un tireur d’élite, gonflant son orgueil. On lui avait appris à repérer une cible, à choisir un emplacement sûr, à manier les meilleurs fusils du Venezuela. Grâce auxquels il avait fièrement abattu plus de vingt membres des cartels.
Mais les Ricains s’étaient trompés. Ils ne comprenaient rien à la culture sud-américaine. Les combattants de la jungle n’agissent pas en lâches. Un Jaguar n’attend pas ses proies à l’affût : il les traque et les dévore. Aujourd’hui, ses cibles étaient une femme et un militaire. Deux proies faciles, à peine vêtues et sans arme. La nudité de la jolie femme l’avait un peu distrait, mais le Jaguar ne reproduirait pas cette erreur. Il ne songerait plus à s’amuser avec elle après avoir abattu le soldat américain. Le Jaguar planterait ses crocs dans sa gorge et n’en ferait qu’une bouchée.


* * *

— Oh mon dieu, tu saignes beaucoup ! Le sniper t’a touché !
Le militaire avisa sa blessure au triceps gauche. Plus vilaine qu’il croyait. Une belle entaille. Le sang coulait.
— Ça va aller ; je m’en occupe.
D’un geste de la main, il imposa à Tori une distance de sécurité.
La trousse de soins était dans la voiture. Inaccessible. Il allait falloir se débrouiller avec des moyens rudimentaires.
Victor choisit une petite branche en bon état. Il s’accroupit et retira l’écorce rugueuse, composée de matière organique en décomposition. Révéla l’intérieur ligneux encore sain et clair. Il attrapa un morceau de bois plus épais et le cala entre ses dents. Tendit le bois clair au-dessus du feu, là où la combustion est plus complète et génère son acmé de température. Léchée par les flammes, la lignine s’embrasa. Victor plaqua le bois incandescent contre sa blessure.
Brûlure vive, intense.
Le mors craqua entre ses mâchoires.
Une odeur de chair grillée empuantit la niche rocheuse.
Après un décompte mental de cinq, Victor jeta le tison dans les flammes. Cracha le contenu de sa bouche dans la même direction. Il serra les poings et les dents jusqu’à ce que la douleur devienne facilement gérable, les naseaux dilatés comme un taureau en colère. La cautérisation n’était pas fameuse, mais Victor espérait qu’elle tiendrait les quinze prochaines minutes.
Il se releva légèrement étourdi. Sec et réchauffé, sauf pour le tissu encore humide du boxer. Sa voix était rauque, dure et autoritaire :
— Je vais aller toucher deux mots à notre trouble-fête. Lui faire comprendre que ça ne se fait pas de tirer la nuit sur des baigneurs. Pendant ce temps, rassemble tout le bois que tu trouveras aux alentours. Reste à l’abri de la falaise, ne t’éloigne pas vers l’est ou le sud. Alimente le feu au minimum, juste ce qu’il faut pour l'entretenir. Lorsque tu entendras un coup de feu, compte jusqu'à trois cents. Si je ne suis pas revenu avant la fin du décompte, enflamme les branches que tu auras rassemblées et jette-les autour de la voiture. Devant, à droite, à gauche. Pas derrière. Les foyers de chaleur te rendront invisible à l'électronique infrarouge ; les fumées te couvriront de la lumière naturelle. Rampe jusqu’à l'arrière de la voiture, ouvre la portière sans dépasser la tête et glisse-toi derrière le volant. Démarre doucement, sans allumer les phares, puis éloigne-toi lentement en marche arrière. Si la voiture est prise pour cible, allume les phares et roule à fond. Une fois sur la route, ne redescends pas par le chemin que j’ai suivi à l’aller. Continue à monter. Il y a un refuge pour randonneurs à cinq-six kilomètres. Le proprio est un ancien militaire, Woody. Il a une ligne directe avec les secours et veillera sur ta sécurité en attendant l’arrivée d’un hélico.
Victor se porta devant Tori. Lui toucha tendrement le visage. Malgré l’exaltation que le combat faisait naître en lui, sa main ne tremblait guère. Je t… articulait la linguiste au moment où le coup de feu avait coupé le son merveilleux de sa voix. Victor ouvrit la bouche, animé d’un sentiment qui lui donnait envie de compléter la déclaration. Les flammes dansaient sur le visage inquiet de la métisse. Elle était magnifique, émouvante de sincérité. Ses yeux sombres le fixaient comme si plus rien n’existait autour d’eux. Ses lèvres luisaient, délicates et aimantes. Victor éprouva une sensation de vertige ; un feu ardent brûlait à l’intérieur de sa poitrine. Il prit la main de Tori.
— Trois cents, pas une seconde de plus.
Il l’embrassa sur le front, la dépassa, puis s’enfonça dans la nuit.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyDim 21 Avr - 14:01#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Ça va aller ; je m’en occupe.

Je me sentais terriblement impuissante ! Accroupie devant notre petit feu, que j’alimentais faute de pouvoir faire autre chose, j’observai Victor d’un regard perplexe. Bravoure ou folie ? Il fallait une immense dose de courage ou être complètement malade pour cramer une plaie ouverte avec un tison en bois soigneusement préparé... Et dire qu’il y avait une trousse de soins pas très loin, dans la voiture ! Je serrai les dents pour lui et m’obligeai à ne pas détourner les yeux. C’était le moins que je pouvais faire alors que son visage se crispait de douleur. L’odeur écœurante de chair carbonisée envahit mes narines et, ne tenant plus, je tendis un bras à côté des flammes.

Je suis avec toi...

Mes doigts glissèrent entre les siens, nos mains s’unirent solidement tandis que je lui apportais mon soutien dans la souffrance. Il se remit très vite sur pieds, sans doute parce que l’action lui permettait de mieux gérer la brûlure encore vive à l’arrière de son bras.

Je vais aller toucher deux mots à notre trouble-fête. Lui faire comprendre que ça ne se fait pas de tirer la nuit sur des baigneurs.

Ce fut très très bête de ma part, mais il me fit sourire avec son air d’instituteur sur le point de gronder un élève turbulent. Ce n’était pas très poli de la part du sniper, en effet, et j’avais le sentiment que Victor ne comptait pas non plus employer la courtoisie !

Pendant ce temps, rassemble tout le bois que tu trouveras aux alentours...

J’écoutais les instructions de Victor et résumais après lui. Une linguiste a besoin de vocaliser pour graver des informations dans sa mémoire, spécialement une linguiste bavarde quand elle est nerveuse... Je saisis rapidement que le sergent Nash ne s’était pas donné la peine de faire un feu pour nous réchauffer ou cautériser sa blessure, ou du moins n’était-ce pas les raisons principales. Evidemment ! L’intérêt stratégique de ses actions primait toujours sur notre confort... Collecter du bois, coup de feu, compter jusqu’à trois cents, jeter du bois enflammé autour de la voiture, m’enfuir prudemment, monter au refuge, Woody... Euhhh là, non, certainement pas ! Victor m’avait promis qu’on ne se quitterait plus, alors il était hors de question que je l’abandonne ici ! Je gardais cette réflexion pour moi, car mon protecteur avait besoin de me croire en sécurité pour garder l’esprit clair et mettre son propre plan à exécution. Un plan qu’il ne m’exposait pas, et qui par conséquent devait être très risqué. Je lui faisais pourtant confiance. Le matin même, je l’avais vu, médusée, prendre le contrôle d’un char d’assaut et tenir en respect une bande de militaires avec une arme déchargée. Cet homme était capable de tout, même en partant au combat avec rien d’autre qu’un sous-vêtement qui, en passant, moulait formidablement ses belles fesses... (Incorrigible, moi ?)

Ne t’inquiète pas, je vais très bien me débrouiller, lui assurai-je.

Il me toucha tendrement la joue, et aussitôt je couvris amoureusement sa main sous ma paume. Oui, j’ai bien dit amoureusement, et je contemplai son regard éclairé par les flammes avec le même sentiment. Etais-je en train de faire une projection de mes propres pensées et désirs, ou s’apprêtait-il lui aussi à m’avouer quelque chose ?

Trois cents, pas une seconde de plus.

Ah... Je n’obtins rien de plus qu’un baiser sur le front, et me mordis la langue avant de répondre ce qu’il voulait entendre :

C’est promis.

J’avais toujours le cœur au bord des lèvres, mais suffisamment de contrôle sur moi-même pour me comporter en adulte responsable. Quoi qu’il eût prévu de faire, Victor aurait besoin de toute sa concentration ! Alors qu’il s’éloignait dans la nuit, un vent de frayeur me fit frissonner. Et s’il ne revenait pas ? Si Victor mourait seul dans le froid obscur, sans une main aimante dans la sienne ? Je fis trois pas rapides dans sa direction.

Ne te fais plus toucher ! criai-je d’une voix étouffée, sans être sûre que Victor m’entende. Je déteste quand tu sens le cochon grillé !

Mon sourire disparut rapidement alors que je me retrouvai seule, presque totalement nue, avec Dieu sait quoi autour et un feu à entretenir. Première étape, collecter du bois...
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 7 EmptyJeu 25 Avr - 16:01#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Victor entendit fort et clair. Sourit malgré la douleur cuisante à l’arrière du bras. Au moins, l’odeur avait disparu. Emportée par la brise. Susceptible de rameuter les prédateurs nocturnes. Des animaux armés de griffes prestes et puissantes, ainsi que de crocs longs comme ses pouces. Woody lui avait parlé d’ours noirs qui avaient lacéré et déchiqueté des tentes de campeurs. Pas bon. Victor n’avait aucune arme pour se défendre, aucun feu pour tenir les bêtes éloignées. Il fit ce que ses ancêtres préhistoriques avaient eu l’idée de faire avant l’invention des sagaies : il se baissa et examina les pierres sous sa paume. En trouva une convenable. Adaptée aux dimensions de sa main. Dure, non friable. Ni trop lourde, ni trop légère. Un projectile rudimentaire, inapte à éclater le crâne massif d’un plantigrade, mais capable de briser des os humains si lancé avec force et adresse.
Alors, il entendit les coups de feu.

* * *

Le Jaguar vida le reste de son chargeur sur la voiture. Il avait identifié le modèle quand le militaire était sorti du Deja Vu Showgirls. Une fringante Chevrolet Camaro typiquement américaine. Un gros moteur V8 qui restait chaud longtemps et brillait à travers sa visée nocturne. Le Jaguar ressentit du plaisir à la détruire. Huit balles de calibre 7,62 propulsées hors du silencieux. Plus que suffisant pour immobiliser un véhicule dépourvu de blindage.
Ses proies n’avaient plus aucune échappatoire. Si elles tentaient de prendre la fuite à pied, il les verrait et abattrait d’une balle dans le dos. Puis il les achèverait à bout pourtant et transmettrait les preuves de leur assassinat à Castillo. Il sourit en pensant à la quantité de dollars que ce travail lui rapporterait, aux fêtes débridées qu’il allait pouvoir s’offrir.
Le Jaguar quitta son poste de tir et descendit de la falaise. Fusil en main, lunettes infrarouges autour du crâne, en progression vers le sud.


* * *

Victor se figea et tendit l’oreille. L’origine des tirs était difficile à localiser. Le silencieux faisait du bon boulot, mais il y avait peu de bruits parasites dans la montagne. Le spectre de fréquences ne chevauchait pas le frottement des élytres des insectes. Les détonations ressemblaient au tir d’une carabine à air comprimé, sauf que les balles étaient de type 7,62mm OTAN. Aucun doute. Victor reconnut leur claquement impitoyable sur le métal de la carrosserie. Il y eut un choc plus aigu contre le verre de sécurité du pare-brise, le son étouffé de munitions perforant les sièges.
Victor craignit une seconde pour la vie de Tori. À la deuxième, il se convainquit que la linguiste possédait trop d’intelligence et de courage pour se ruer bêtement vers la voiture.
L’enfoiré de sniper ciblait délibérément la Camaro.
Le salopard.
Une série de huit tirs rageurs, puis plus rien. Le silence de la montagne.
Le tireur était probablement en train de recharger. Un magasin de dix balles, commun à pléthore de fusil de précision. Victor n’allait pas déduire le modèle exact sur la base de ces maigres informations.
Il fit néanmoins trois déductions.
Premièrement, le sniper avait un tempérament impatient. Agressif. Autrement dit, il ne s’agissait pas d’un vrai tireur d’élite. Plutôt un assassin formé au maniement du fusil de précision. C’était la seule explication plausible aux deux tirs ratés dans le bassin. Victor croyait en sa chance, mais pas au point de déjouer le talent d’un expert. À cette distance ridiculement faible, un tireur agréé de l’US Army les aurait dégommés à coup sûr. Une balle dans le crâne pour Tori, une balle dans le crâne pour lui. Les doigts dans le nez. Même avec la baisse de précision due au silencieux.
Deuxièmement, le sniper partait en chasse. Victor comprenait ce genre de bonhomme. Il en avait combattu un certain nombre. Exalté, offensif, extrêmement dangereux, mais prévisible. L’assassin ne comptait pas attendre sagement que ses proies sortent de leur cachette pour les abattre.
Troisièmement, l’assassin emprunterait le chemin le plus court pour atteindre ses cibles. Lesquelles s’étaient déplacées vers le sud avant de disparaitre de sa visée électronique. Impatient, son choix d’itinéraire porterait sur le chemin le plus direct au lieu de contourner par le nord et l’ouest afin de les surprendre. Prévisible. D’autant que l’assassin jugerait inutile de la jouer fine contre deux adversaires désarmés.
Victor réfléchit. Paradoxalement, le piètre choix tactique de l’assassin le plaçait dans une position inconfortable. Le sergent avait choisi un itinéraire de contournement afin de prendre le tireur par surprise, comme l’infanterie lui avait enseigné. En théorie, l’approche restait valable puisque Victor arriverait obligatoirement dans son dos. Mais à ce moment-là, l’assassin aurait probablement trouvé Tori.
Trois cents secondes.
La fenêtre de sécurité qu’il avait laissée à Tori suffirait peut-être. Cela dépendait à quelle vitesse se déplaçait l’assassin, s’il marchait dans les hauteurs ou au niveau du sol. Dans un cas comme dans l’autre, il allait bientôt sentir l’odeur de feu de camp et accélérer le pas. Il apercevrait les flammes vives, Tori, puis viserait. Une cible atteinte sur deux. Deux sur deux si Victor fonçait rejoindre sa partenaire sans un plan.
La fuite en voiture était compromise : la Camaro n’était plus en état de rouler. S’ils battaient la montagne à pieds, l’assassin finirait par les repérer comme deux vers luisants rampant sur le sol d’une caverne.
Victor réfléchit quelques secondes de plus, puis ajusta sa trajectoire.

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