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Tempest ↯ Victor & Tori

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Tori Espinoza

Tori Espinoza
104
Emi
Jessica Alba
Emi
-

36 ans.
Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

You held my hand, and everything is okay again. You make me feel beautiful, loved, taken care of, and protected...

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 3 Déc 2023 - 18:48#

Tempest ↯ Victor & Tori
He who fights, can lose. He who doesn't fight, has already lost.

Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
J’observai Victor de profil, face à ses quatre adversaires. Mes entrailles se nouèrent et mon cœur s’emballa de panique. C’était plus fort que moi. Oui, le sergent Nash était un combattant hors norme, et en plus de ses capacités physiques extraordinaires, il avait certainement un plan. Mais il affrontait tout de même quatre militaires impitoyables, dont le plus effroyable agitait une batte de baseball plus que menaçante !
Je compris très vite que loin de constituer un danger, cette arme représentait un atout pour mon champion. En moins d’une minute, mon inquiétude se transforma en soulagement, en espoir, puis en certitude de victoire. Je réprimais mon désir de crier des encouragements et frapper dans mes mains, afin de ne pas le distraire, mais quelle sévère correction ! Trois militaires de Fort Irwin mordirent la poussière sans que Victor reçoive une blessure. Je le vis prendre son temps avec le dernier, ma bête noire avec les cheveux blonds coupés en brosse. J’avais toutes les raisons de me délecter du spectacle, sauf que mon attention fut absorbée par autre chose... le véhicule du shérif qui fonçait dans notre direction !
Un vieil homme en tenue de policier en sortit, le fameux badge en forme d’étoile épinglé à sa veste. Il approcha Victor par derrière et déboutonna l’étui de son pistolet. Mon champion trainait Coupe en brosse, vaincu et pantelant, vers une pierre plate. Avec une froideur terrifiante, il plaqua dessus la main de ma bête noire avec l’intention manifeste de la réduire en bouillie d’un coup de batte... si je donnais mon aval, parce qu’il agissait ainsi pour moi. Je le vis dans son regard braqué sur moi et le ressentais fortement à l’intérieur de mon ventre. Max imita le shérif et sortit son arme. Ce monument de lâcheté souriait méchamment alors qu’un instant plus tôt, on aurait dit que la défaite sévère de ses hommes le pétrifiait sur place.

Non ! hurlai-je à Victor. Lâche la ba...

Un coup de feu interrompit la fin de ma supplique. De la poussière s’éleva juste à côté de Victor, là où le shérif avait tiré. Ouf ! Par chance, on était en présence d’un shérif qui respectait les règles d’engagement et appliquait les tirs de sommation...

Pose cette batte à tes pieds ! Pas de geste brusque ! Tes mains derrière la tête, et tourne-toi lentement vers moi ! ordonna le représentant de l’ordre.

Je suppliai Victor d’obéir, puis m’interposai entre lui et Max. L’officier jubilait, pointant son arme vers nos têtes tandis qu’il marchait en direction du shérif.

Toi aussi, la chica ! Mains derrière la tête ! Avance par là !

Non, non et non ! Je me rappelai les paroles de Britney au sujet de la petite police du comté, de mèche avec Max et sa bande. Si le shérif n’avait pas directement abattu Victor, c’était plus vraisemblablement parce qu’il n’avait aucune envie de se salir les mains... Sur ordre du lieutenant-commandant, mes deux jeunes gardiens rescapés du char furent logés à la même enseigne que Victor et moi.

Attendez ! Arrêtez ça ! tentai-je de protester.

Rien à faire, je m’époumonai en vain. Le shérif, Max et ses hommes encore valides nous alignèrent sous la menace de leurs armes. Et voilà... tous les quatre à genoux, les mains croisées derrière la nuque. Je me retrouvai entre Victor et les deux bidasses, puis nous écopâmes à nouveau de menottes en plastique. Retour à la case départ, en pire ! J’avais l’impression de rêver, de vivre un cauchemar plus vrai que nature. Nous avions risqué nos peaux pour rien du tout !

Bougez un orteil et on vous tire une balle dans la jambe. Compris, les quatre ?

Génial... L’homme de loi, le lieutenant-commandant et le capitaine tinrent un conciliabule à l’écart du groupe, jetant de fréquents coups d’œil dans notre direction. Nul besoin de lire sur les lèvres pour comprendre qu’ils débattaient de notre sort. Je m’accrochais au faible espoir que le capitaine mette un terme à cette folie qui avait trop duré. Le shérif n’avait aucun chef d’inculpation contre Victor et moi, mais ces crapules étaient bien capables de fabriquer de fausses preuves. De toute façon, ce n’était pas lui que je craignais le plus... Devinez qui avançait vers nous avec ses petits yeux cruels, son affreuse coupe en brosse et une batte de baseball ?
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Victor Nash

Victor Nash
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Chris Evans
ichi
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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Our meeting was fate,
Our pairing was symbiosis,
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMer 6 Déc 2023 - 21:26#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
Agenouillé à gauche de Tori, une colère sourde tempêtait en Victor. Il n’avait opposé aucune résistance à l’intervention du shérif. Un vieux con interchangeable avec Max Huddleston. Uniformes différents, vermines identiques à l’intérieur. Des chefs sans envergure, monarques consanguins de leurs petits univers. Deux roitelets néanmoins armés, chacun représentant une institution puissante. En position de raconter n’importe quoi pour justifier l’usage de leurs pistolets. Malgré l’envie qui titillait son bras, Victor avait donc renoncé à jeter la batte à la face de l’un ou de l’autre. Difficile de conduire une riposte avec une balle dans la cuisse, a fortiori dans le cœur.
Des menottes en plastique nouèrent leurs poignets. La première fois était déjà de trop. Victor se demanda où il avait failli, quel détail il avait raté en plus du « À vot’ service, soldat ! » du réceptionniste. Son regard dériva autour de lui en quête de réponse. Détailla la voiture du shérif, les empreintes de pneus s’étirant vers le sud.
Voilà ce qu’il avait raté.
Trois véhicules en moins sur le parking du Santa Fe Motel : Max Huddleston, Miranda, Britney. Zéro en plus. Le réceptionniste était un gars de Baker, allant au travail les mains dans les poches et la clope au bec. D’où sa connivence avec la faune locale, en particulier le shérif. Il n’aurait jamais pu transporter un panneau ROUTE BARRÉE dans un véhicule qu’il n’avait pas. Panneau qu’on n’obtient pas à l’épicerie du coin, surtout en pleine nuit, mais auprès d’autorités compétentes. Le shérif. C’était le shérif qui avait fourni les panneaux et surveillait l’entrée de la 127, pendant que le vieux Toyota faisait de même au nord, avant Soshone. C’était sans doute avec le shérif que Yeux de glace s’entretenait au téléphone, alerté par le vacarme qu’avait généré la collision du M1 Abrams.
Victor, Tori, les deux jeunes DATs, tous avaient des menottes parce qu’il n’avait pas tenu compte du shérif.
Erreur tactique.
Doublée d’une erreur stratégique. Ni zèle ni grabuge, avait ordonné le capitaine Beckett de Monterey. Le char embouti faisait partie d’un plan pour choir Max Huddleston de son commandement et libérer ceux de ses hommes qui en valaient la peine. Il ne s’agissait point de zèle, selon Victor, mais de service rendu à l’armée américaine. L’affaire, embarrassante, ne s’ébruiterait pas hors de la zone d’influence de Fort Irwin. Pas officiellement. Les hauts gradés maitrisent les rouages de la politique et du camouflage. Néanmoins ce plan reposait une défaite des DATs et l’intervention de Miranda. À présent, Victor patientait à genoux en compagnie de ses seuls alliés qu’on statue sur leur sort. Pas bon. Pas foutu pour autant. Il dressa vaillamment le buste et souffla à Tori :
— « Quand on se bat, on peut perdre, mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu. »
La doctrine des Espinoza, que Victor prononçait sur le ton de la guerre totale. Il ajouta avec un sursaut de douceur, alors que Coupe en brosse se remettait de sa correction et s’emparait de la batte :
— Ça va aller.
Ça n’irait pas pour tout le monde. Impossible. Ça n’allait déjà plus pour le conducteur du pickup au nez cassé. Ça n’allait pas très fort non plus pour les trois autres qui avaient attaqué Victor.
— Ça ira aussi pour vous, les gars, lança-t-il aux deux jeunes agenouillés à sa droite. Vous serez plus grands qu’eux au terme de cette journée, je vous le garantis.
Mais pas forcément en meilleur état, selon le degré de folie de Max Huddleston et de ses sbires. En particulier le pire d’entre eux, dont la main droite avait échappé à une destruction en règle et serrait la batte avec des intentions cruelles. Coupe en brosse avança vers eux d’un pas lent, piétinant le sol avec méchanceté. Son visage déformé par la haine annonçait l’horreur de ses intentions.
— T’as cru nous mettre une branlée, hein le crunchie ? J’t’avais dit que j’t’aurais.
Il postillonnait en parlant. Pire qu’un arrosage de jardin.
L’avant de la batte tapota le crâne de Victor. Qui repoussa l’outil de frappe comme on chasse un insecte volant.
— Pose ta main dessus.
Une pierre plate tomba devant Victor. La même que tout à l’heure. Surface horizontale, abrasée par le passage de milliards de grains de quartz charriés par le vent et les rares précipitations. Moins épaisse que Victor l’avait cru. Elle n’aurait pas résisté à son coup de batte.
Victor leva la tête. Coupe en brosse jubilait.
— J’ai les mains attachées, ducon.
Une lueur d’intelligence apparut dans les yeux porcins de Coupe en brosse. Un spectacle aussi rare qu’une éclipse solaire, songea Victor.
Coupe en brosse se déporta devant Tori. Glissa la batte à travers les longs cheveux, puis caressa le cou fin avec l’extrémité dense et compacte. Tapota l’articulation fragile de l’épaule à la clavicule.
— Tu vas faire c’que j’dis, enculé, ou la pétasse mexicaine aura très mal par ta putain d’faute. Tu voudrais pas qu’elle fasse une chute accidentelle, hein ?
Victor observa en silence, un orage dévastateur au fond des orbites.
Après un signe de tête de Coupe de brosse, le Rouquin déplia un couteau et contourna le rang. Victor sentit le tranchant de la lame sur sa peau, des va-et-vient maladroits entre ses poignets. Ce goret n’était même pas fichu de trancher du plastique proprement. Victor allongea les bras derrière lui, bandant ses muscles pour accroître la tension. Enfin, ses mains retrouvèrent leur liberté. Victor les agita. L’afflux de sang échauffé par la colère généra des picotements. La maladresse du Rouquin lui avait coûté une coupure de plusieurs centimètres. Superficielle. Bénigne.
— Ta main ! beugla Coupe en brosse.
Victor jeta un œil aux trois têtes dirigeantes. Le shérif, Max et son second déblatéraient toujours. Modèle de discipline, Boule à zéro tenait son fusil en position réglementaire. Dans son dos, le Rouquin reprit sa place de cerbère.
Victor adressa à Tori un regard déterminé, puis leva la tête.
— Non.
Stupéfaction de Coupe en brosse. Sa lippe frémit méchamment.
— Comment ça, « non » ? J’t’ai prévenu que…
Victor se dressa sur ses jambes. Quinze centimètres et vingt kilos de plus que le blondinet.
Un fusil et un pistolet se braquèrent sur lui. Une tension extrême électrisait l’atmosphère.
— Et moi, je t’informe que si tu touches encore à un cheveu de cette femme, je te casse les os par tir groupé. D’abord les membres. Ensuite, les côtes. Puis les vertèbres. Les osselets du système auditif, les dents. Le crâne. Tu connaitras le stade ultime de la maladie des os de verre. Tu seras alité jusqu’à la fin de ta misérable existence. Tu suceras du glucose par un tube ; tu chieras aussi par un tube parce que je n’aurai pas épargné ton sacrum. J’épargnerai les orbites afin que tes yeux puissent contempler ta déchéance.
Silence. L’écho d’un bruit lointain. Mécanique.
— Putain, mais t’es vraiment un malade ! éructa Coupe en brosse.
Il postillonnait, vociférait, bavait.
Victor ne disait plus rien.
Coupe en brosse recula d’un pas et arma la batte de ses bras tremblant de rage.
Victor ne faisait rien.
Le bruit approchait.
Coupe en brosse frappa.
La distraction est l’ennemie du soldat.
L’attaquant, fébrile, n’était pas suffisamment concentré sur sa tâche pourtant simple.
Victor était prêt. Son agresseur au tempérament sanguin était prévisible. Il intercepta la batte en début de mouvement. Geste rapide et précis, effectué avant que l’énergie cinématique accumulée par le bois dense soit en mesure d’éclater la chair et les os mis en opposition.
Le bruit s’amplifiait, immanquable. Aérien. Tous les visages se levèrent vers le ciel.
Sauf celui de Victor.
Qui arracha la batte à son propriétaire médusé. Propulsa le pommeau contre le plexus solaire. Coup brutal, parfaitement localisé.
Coupe en brosse tomba à genoux, le souffle coupé.
La main droite en appui sur une pierre plate.
Victor dressa l’objet contondant au-dessus de sa tête. L’abattit de toutes ses forces à la manière d’une hache de bûcheron. Puissance combinée de muscles aguerris, renforcés par une intense discipline sportive, irrigués de pulsions vindicatives. On entendit un craquement horrible, sinistre, puis Victor jeta la batte au loin.
Sentence exécutée. À qui sait attendre, tout vient à point.
Le cri de Coupe en brosse se dilua dans le vrombissement infernal d’un hélicoptère militaire.

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☆ The purpose of life is not to have fun.
It is to be useful, to be honorable, to be compassionate,
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 10 Déc 2023 - 19:02#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
Quand on se bat, on peut perdre, mais ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu.

Le souffle du vent avant l’orage, le grondement sourd du tonnerre qui donne la chair de poule, vous connaissez ? Eh bien, l’annonce de Victor me faisait le même effet. Je frissonnai de mes genoux à terre à mon cou tourné vers Victor. Il y avait une force terrible dans son regard bleuté, une volonté implacable dans sa voix. Cette maxime me venait de papa, mais jamais un Espinoza ne l’avait prononcée de cette façon... intense et effrayante. Je l’avais confiée à mon amant dans notre chambre de motel, clamant et revendiquant ma fierté après notre action contre Max, quoi qu’il arrive par la suite. Cette suite, on était en plein dedans !

Comment...

Je le fixais avec une expression interrogative, parce que notre situation me paraissait bel et bien sans espoir. Comment se battre alors que nous avions les poignets menottés et des armes braquées sur nous ? Les militaires n’allaient pas se faire avoir une deuxième fois, ils étaient en rage contre nous et le shérif était de mèche avec eux...

Ça va aller.

L’ascenseur émotionnel se remit en marche... La douceur de ces quelques mots me fit passer de l’effroi à une improbable sérénité. Ils me ramenèrent au lever de soleil poétique alors que nous étions agenouillés à l’identique, dans le cimetière de Silver Lake. Victor m’avait assuré que nos agresseurs auraient plus mal que nous, et à présent je comprenais ses intentions... J’avais la certitude qu’il allait tenter autre chose d’audacieux, aussi dingue et inimaginable que la destruction d’un char d’assaut. Encore une fois, il allait prendre tous les risques pour que moi et ses nouveaux amis, les deux jeunes agenouillés à ma droite, sortions indemnes de cette situation critique.

Victor...

Coupe en brosse me coupa, la bouche remplie de hargne et la batte de baseball impatiente de sévir...

ENFIN !!!
Des années plus tard, je refusais encore d’imaginer ce qui serait advenu si l’hélicoptère de Fort Irwin n’était pas apparu dans le ciel. Quand mon protecteur s’est levé pour affronter l’homme qui m’avait menacée, j’ai vraiment cru que les choses allaient partir en massacre. Je savais que Victor avait servi dans l’infanterie, qu’il avait fait la guerre et tué des gens. Je l’avais même vu blesser grièvement un des tueurs vénézuéliens qui m’avaient agressée à Fresno. Et bien avant de le rencontrer, j’avais connu mon lot de soldats et travaillé dans des zones de conflit. La violence m’était familière ! Pourtant, l’attitude et les paroles terrifiantes de Victor m’ont glacé le sang. Etait-ce à cause de moi, pour moi, qu’il réagissait avec cette agressivité extrême ?
Je poussai un ouf de soulagement, les yeux rivés sur l’hélicoptère militaire qui arrivait de Fort Irwin. Miranda avait réussi ! Nous étions sortis d’affaire ! Le temps que je tourne mon visage souriant vers Victor, il avait mis sa terrible promesse à exécution et brisé la main de Coupe en brosse. Cet homme répugnant ne m’inspirait aucune pitié, il m’avait menacée, odieusement insultée, et même tirée dessus ! Toutefois, je n’étais pas insensible à ses grimaces de douleur et ses cris atténués par le vacarme des rotors. Victor, quant à lui, semblait indifférent. Sa froideur implacable avait quelque chose d’encore plus effrayant que son châtiment brutal... et suscitait de l’excitation au profond de moi.

L’hélicoptère se posa à quelques mètres de nous, non loin de l’épave du char d’assaut. Un bruit assourdissant emplit des oreilles et je dus protéger mes yeux du violent nuage de poussière que les pales soulevaient. Enfin, le calme revint et j’ouvris prudemment des paupières. Un colonel bardé de médailles descendit en premier de l’appareil, suivi d’une escorte de deux hauts gradés, dont un lieutenant de la police militaire, puis ce fut le tour de Miranda. Ma nouvelle copine avait belle allure dans son tailleur bleu, et elle avait diablement assuré ! Le lieutenant de la police militaire passa les menottes à Max (chacun son tour !), tandis que l’autre gradé rassemblait les subalternes avec une autorité très militaire. Le colonel adressa quelques mots au shérif, qui regagna son véhicule la tête basse et partit sans demander son reste. Eh bien, ce fut rapide ! J’éprouvais de la frustration, mais pour avoir servi d’intermédiaire dans ce genre de situation, la politique de l’armée ne m’était pas inconnue. Maman, forte de son expérience d’interprète, m’en parlait déjà au début de ma carrière. Cette politique tient en quelques mots : l’amnistie en échange de la discrétion. Le shérif ne demandait sûrement pas mieux. Ce lâche courbait déjà l’échine devant le pouvoir militaire quand cela impliquait de laisser de malheureuses citoyennes à la merci de ses chiens galeux. Ceux-là n’allaient pas s’en tirer à si bon compte !
Je les ignorai et serrai longuement Miranda dans mes bras, de l’humidité au bord des yeux qui n’était pas seulement due à la poussière.

Tu nous sauves la vie ! louangeai-je. Regarde-toi, tu es magnifique et tu as convaincu le grand chef d’arrêter l’homme qui hier encore te terrorisait !

J’étais tellement fière de Miranda ! Je ne lui avouai pas que l’idée venait de Victor, à l’instar de notre belle rencontre de la veille, et que j’avais douté d’elle. Au final, j’avais tout de même fait le bon choix au moment déterminant !

J’ai foncé directement au bureau du colonel après ton texto ! m’expliqua-t-elle.

Les événements d’hier l’avaient métamorphosée et elle se sentait investie d’un grand courage, d’une détermination qui lui avait permis de franchir tous les obstacles. Une jeune secrétaire n’accédait pas facilement au bureau du commandant de la base ! Elle m’apprit également la signification du "code 2052, Old Ass" : le code 2052 signifiait "matériel de combat engagé hors zone réglementaire" et "Old Ass" décrivait un char d’ancienne génération, en principe cantonné à l’entrainement. Apparemment, faire joujou avec un vieux char de combat hors du vaste terrain de manœuvre de Fort Irwin justifiait le décollage immédiat d’un hélicoptère. Peut-être que le haut commandement militaire était sur les nerfs, après la tuerie en Ohio ? Ce fut seulement en vol que Miranda avait confessé les frasques de Max et notre rencontre. Etonnamment, aucun des officiers à bord n’avait remis la parole de la secrétaire administrative en doute...
Je tirai plusieurs leçons de cette histoire. D’abord, l’intervention brutale de Victor dans la chambre 9, notre intervention à toutes, avait plus que porté ses fruits auprès de Miranda, et j’espérais qu’il en irait de même pour Britney. Ensuite, Fort Irwin savait, ou au moins avait des soupçons au sujet de Max. Attendaient-ils un incident grave pour agir ? Le colonel et le lieutenant de la police militaire étaient-ils de mèche pour laisser faire ? Je savais ce que papa aurait fait, mais tous ses confrères n’avaient pas son intégrité et son opiniâtreté. Le désordre nuit à l’avancement... Au final, il avait fallu que Max et sa bande nous prennent au piège pour que les choses bougent ! Peut-être qu’elles n’auraient jamais bougé si Victor n’avait pas détruit un char de combat et donné une leçon à ses hommes...
Je rejoignis mon vaillant protecteur, en pleine discussion avec le colonel de Fort Irwin.

Mademoiselle Espinoza, fille du commandant Antonio Espinoza ? Il me tendit la main, que je serrai avec perplexité en faisant oui de la tête. Les hauts gradés, comme tous les gens de pouvoir, détestent qu’on ouvre la bouche sans y être invitée. Le sergent Nash m’a fait son rapport. J’ai une information susceptible de vous intéresser : le caporal Espinoza de Fort Carson nous a fait une demande de bilan sur notre usage de munitions, en février de cette année. C’est une requête plutôt inhabituelle mais elle était parfaitement en règle, signée de son officier supérieur et de votre père.

Estomaquée, j’écarquillai de grands yeux, que je basculais du colonel à Victor.
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Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyJeu 14 Déc 2023 - 21:29#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
Le colonel Clarke n’avait rien à ajouter. Il regagna l’hélicoptère pour rentrer à la base qu’il commandait et poursuivre la résolution de ce foutoir. La perte d’un M1 Abrams dans des circonstances douteuses risquait de lui coûter l’étoile de général que tous les officiers supérieurs dans sa position convoitent. Victor avait d’autres soucis qui en découlaient. Il adressa un signe de tête reconnaissant à Miranda, méconnaissable depuis les événements de la veille. La transformation n’était pas seulement physique, entre la victime effrayée du motel et le poste exigeant de secrétaire à Fort Irwin. Elle irradiait de volonté et d’assurance. Victor était convaincu que cette femme irait loin. Il prit Tori par le bras et l’entraîna d’un pas vif vers la Camaro.
— J’ai passé un accord avec le colonel Clarke. On doit quitter la zone avant l’arrivée de la cavalerie.
Prenant place derrière le volant, il répéta les paroles du patron de Fort Irwin : des gradés et leurs équipes allaient débarquer par voie terrestre afin de « nettoyer ce bordel ». Un convoi spécial chargerait puis transporterait l’épave du M1. Toute trace de l’incident aurait disparu avant la nuit. Victor songea que la meurtrissure du massif rocheux, empreinte indélébile de leur brutalité, ne disparaitrait pas avant des millénaires. Il avisa la voiture de police qui repartait vers le sud.
— Le shérif est assigné au blocage de la route 127, à l’intersection de Baker. Je parie qu’il y est déjà bien installé avec chaise pliante, parasol, et bières dans la glacière.
Première couleuvre à avaler.
Victor alluma le moteur.
— Tu t’es fait insulter à genoux parce que j’ai failli. Deux fois. Si j’avais compris leurs manigances plus tôt, les choses se seraient passées différemment. J’ai été aussi mauvais qu’à Fresno.
Le moteur V6 vrombit, implacable. Victor adressa un signe de main amical aux deux jeunes DATs, jambes légèrement écartées et bras derrière le dos face à l’officier supérieur qui leur aboyait dessus. Aucun regard pour les autres, tous amochés à des degrés divers à l’exception du second – le capitaine qui avait dévié le coup de feu destiné à Tori.
La Camaro amorça un demi-tour. Direction la route 127.
— Ils vont inculper le lieutenant-commandant Huddleston, faire le ménage dans sa compagnie. Ceux qui n’ont pris aucune part active dans ses méfaits recevront un simple blâme. Ses sbires prendront plus cher, spécialement les plus gradés.
Deuxième couleuvre. Cette déclaration n’engageait à rien de concret. À ce niveau de responsabilités, le pragmatisme entrait en compétition avec les principes de justice et d’exemplarité au sens strict. Huddleston pouvait tout aussi bien subir une rétrogradation que jouir d’une plaisante mutation – un poste planqué avec coin à filles dans les parages. Le Rouquin gagnerait peut-être du galon après quelques mois de corvées. Seul le blond coupé en brosse était foutu : sa main dominante ne fonctionnerait plus jamais comme avant et le rendait inapte au combat. Ses dents ne repousseraient pas non plus, mais une paire de prothèses dentaires comblerait le trou comme si de rien n’était.
Crissement de pneus. Grincement de mâchoires.
— En échange, on ne doit raconter à personne ce qui s’est passé ici.
Troisième couleuvre. Prévisible.
— En particulier ton père.
Victor laissa Tori accuser le coup. Roula prudemment jusqu’à l’asphalte, évitant les pierres et les dénivelés du terrain aride. Que Tori avait roulé à fond la caisse sans abimer les essieux tenait du miracle. Une fois sur la route, il vira au sud en direction de Baker et appuya sur le champignon.
— C’était ça ou il nous retenait pour interrogatoire. Tu connais la musique : ils peuvent faire durer le plaisir pendant des jours, et au bout retenir uniquement ce qu’ils veulent de nos témoignages.
Victor s’humecta les lèvres.
— Je t’ai fait une promesse, Tori : avancer jusqu’à ce qu’on retrouve ton frère. On a déjà perdu trop de temps dans ce désert souillé par l’obscénité humaine. Qu’est-ce que tu penses de ce rapport de munitions ? Étais-tu au courant de quelque chose ?
Il regarda la route devant lui, mal à l’aise. Pas spécialement à cause du bilan qu’avait demandé Ruben. C’était inhabituel, comme l’avait souligné le colonel Clarke, mais pas extravagant. Victor voyait et exécutait des opérations plus singulières à la logistique de Monterey. Il n’y avait probablement aucun lien avec les Vénézuéliens. Victor ressentait pourtant un malaise semblable à celui de Fresno, trois jours auparavant, lorsqu’il avait laissé les tueurs s’échapper.
Pas de zèle, pas de grabuge.
Tels étaient ses ordres.
Une mauvaise conduite, l’ajout d’une ligne défavorable dans son dossier enterrerait ses espoirs de réintégrer un bataillon d’infanterie.
Mais avait-il pris les bonnes décisions, celles qu’approuve le jugement des âmes ?

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Les amants maudits, ça vous parle ?
Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 17 Déc 2023 - 18:16#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
Prise par surprise, je me laissai entraîner jusqu’à la voiture. Le bras de Victor ne fut pas de trop, car mon pied dérapa sur les deux dents ensanglantées de Coupe en brosse.... Je hoquetai de dégoût, puis ruminai des pensées furibondes en prenant place sur le siège passager. Quel accord avait-il passé avec le colonel ? L’idée qu’on se débarrasse de moi comme une malpropre ne me plaisait pas du tout. La joie que m’avait apportée Miranda se changeait en boule amère au fond de ma gorge.
J’entendais bien le mea culpa de mon protecteur qui se reprochait ses défaillances militaro-tactiques. Ce n’était pas la première fois, il avait réagi avec la même sévérité après mon agression à Fresno. Je n’alimentai pas son réquisitoire qui le concernait personnellement.

Ecoute, j’ai passé un mauvais moment mais je vais bien !

Pas aussi bien que je le prétendais, cependant je n’avais reçu aucune blessure physique. On ne pouvait pas en dire autant de l’équipe adverse... Combien de professionnels auraient fait mieux que Victor dans des circonstances identiques ? Très peu, j’en avais la certitude.

Ils vont inculper le lieutenant-commandant Huddleston, faire le ménage dans sa compagnie. Ceux qui n’ont pris aucune part active dans ses méfaits recevront un simple blâme. Ses sbires prendront plus cher, spécialement les plus gradés.

A première vue, ce n’était pas si mauvais. C’était même encourageant, en tenant compte que je pourrais me confier à papa dans quelque temps. Il s’assurerait que tous les coupables reçoivent une sanction appropriée. J’éprouvais cependant un vif sentiment de contrariété, à une étincelle de la colère, parce qu’on ne m’avait pas demandé mon avis, à aucun moment ! Je ne portais pas l’uniforme comme ces messieurs, mais je fus victime et témoin dans cette affaire. J’avais vu des choses qui avaient échappé à Victor et ma voix comptait autant que la sienne.

En échange, on ne doit raconter à personne ce qui s’est passé ici.

Oubliez le sentiment de contrariété et passez directement au feu de la colère. Car j’anticipai les prochains mots de Victor comme si je lisais dans ses pensées...

En particulier à ton père.

J’explosai. Mes mains tremblèrent sur mes cuisses. Si Victor n’était pas en train de conduire, il aurait reçu sa deuxième gifle de la matinée. Une gifle corsée et certainement pas suivie d’un baiser, vous pouvez me croire !

Non mais attends, de quel DROIT as-tu parlé en mon nom à ce colonel ? Qui te dit que j’aurais accepté ce deal ODIEUX ? Le commandement de Fort Irwin SAVAIT quelque chose, Miranda me l’a fait comprendre. Tu as passé un accord avec un POURRI qui cherche juste à se couvrir pour obtenir sa première étoile de général. Et toi, en bon petit soldat, tu as avalé son joli baratin ! Mon avis ne compte pas à tes yeux ? Je croyais que tu respectais les femmes, que tu ME respectais, mais c’est faux !

Mes pensées étaient en feu, un brasier de colère hors de contrôle. J’avais envie de hurler, et d’ailleurs je lui hurlais dessus tout en fouillant l’habitacle de mes doigts tremblants, à la recherche du téléphone. Celui de Victor avec ma carte SIM dedans, que j’avais lâché je ne sais où après la violente collision du char. J’aurais mieux fait d’appeler papa dès que j’en eus l’occasion !

C’était ça ou il nous retenait pour interrogatoire. Tu connais la musique : ils peuvent faire durer le plaisir pendant des jours, et au bout retenir uniquement ce qu’ils veulent de nos témoignages.

J’étais furieuse, mais pas bornée. Je n’y avais pas songé, et Victor avait raison sur ce point. Même en téléphonant à papa, qui avait déjà suffisamment de problèmes en Ohio, Fort Irwin avait le pouvoir de nous confiner. Victor et moi étions tous deux sous contrat pour l’armée américaine. J’interrompis mes recherches et commençai à entrevoir la décision difficile qu’il avait dû prendre, face à un colonel à qui le sergent Nash devait respect et obéissance.

Je t’ai fait une promesse, Tori : avancer jusqu’à ce qu’on retrouve ton frère. On a déjà perdu trop de temps dans ce désert souillé par l’obscénité humaine. Qu’est-ce que tu penses de ce rapport de munitions ? Étais-tu au courant de quelque chose ?

Je soupirai. S’il y avait un argument capable de me convaincre, c’était bien Ruben. Nous avions entrepris ce voyage pour lui, et chaque jour écoulé lui faisait courir un risque supplémentaire.

Parce que c’est du temps perdu, d’après toi ? lui reprochai-je avec un brin de mauvaise foi.

Je comprenais ce qu’il essayait de me dire, et pas un instant je ne pensai que Victor regrettait d’avoir agi pour la défense de Britney, Miranda, moi-même et ses valeurs. Je l’admirais même pour ça ! Mais j’étais trop fâchée pour lui jeter des fleurs. Victor aurai dû trouver le moyen de m’inclure dans la négociation, je ne pouvais pas lui pardonner cette faute. Nous avions tout fait ensemble jusqu’à présent. En quittant le Santa Fe Motel, j’éprouvai le sentiment nouveau et formidable d’être vraiment en couple, pas seulement de voyager avec un amant. En me rejetant, Victor avait rompu ce pacte merveilleux. "Tel père, telle fille", disait-on dans ma famille. J’avais effectivement hérité de son intransigeance, parmi d’autres qualités.

Je n’ai jamais entendu parler de ce rapport, répondis-je d’un ton acide, ravalant un flot de critiques acerbes. Ni de la part de Ruben, ni de la part de mon père. Peut-être que c’est lié au projet prometteur dont il m’a parlé au téléphone ? Mais je suis dubitative, car notre père l’aurait mentionné avec fierté s’il l’avait soutenu de sa signature.

J’avais difficilement ma salive dans ma gorge brûlante. Un incident fâcheux me revenait en mémoire :

En parlant de la signature de notre père, Ruben l’a déjà imitée pour se couvrir. C’est arrivé une fois, notre père l’a su et je crois qu’il ne lui a jamais pardonné. Pourquoi Ruben aurait recommencé pour des statistiques de munitions ? Cela n’a aucun sens.

Nous passâmes devant le petit aéroport de Baker. Mon cerveau fit le lien avec le jugement en cour martiale de Victor et le malaise que je percevais chez lui dans son rapport avec la hiérarchie militaire. Je pivotai sur mon siège et braquai sur lui un regard inquisiteur.

Il y a quelque chose que tu ne dis pas, Victor, et c’est en rapport avec ton transfert à Monterey. J’ignore concrètement de quoi il s’agit, mais j’en mettrai ma main au feu ! Si cela doit interférer avec le but de notre voyage, et ton attitude me porte à croire que c’est le cas, je dois savoir !
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyJeu 21 Déc 2023 - 21:16#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
La colère de Tori le frappa telle une lame acérée plongée dans la poitrine. Ses accusations lui percèrent douloureusement le cœur. Victor aurait voulu arrêter la voiture, fermer les yeux et souffler. Réfléchir. Prendre du recul. Prendre le temps d’avoir une longue discussion apaisée avec celle qui était devenue plus qu’une compagne de voyage. Puis repartir main dans la main en jetant un regard ému sur la beauté du paysage.
Victor fixa la route et maintint sa vitesse.
Il dit ce qu’il avait à dire :
— Tu as raison. Dans un monde idéal, nous aurions dû te convier à la table des négociations et laisser exprimer ta voix. Mais je suis sûr d’une chose : ça n’aurait servi à rien, sinon à agacer le grand manitou de Fort Irwin et nous foutre dans la merde. On n’est pas dans un monde idéal, mais on ne vit pas non plus dans un monde où tout est entièrement bon ou mauvais. Le colonel Clarke n’est pas un « pourri » de la trempe de Max Huddleston ou certains de ses séides. Clarke est une relique du passé. Un Sudiste de l’ancienne tradition, formé à l’école de la Guerre froide. Il n’aime pas qu’on fourre le nez dans ses affaires, spécialement des civils. Je crois que le colonel t’aurait ignorée pareillement si tu étais un homme. J’admets que je peux me tromper, mais je n’ai perçu aucun mépris à ton égard. Il a écouté Miranda et l’a emmenée dans l’hélico, rien ne l’y obligeait. Il s’est débarrassé du shérif séance tenante, tout en lui rappelant qui est le commandant suprême de ce trou perdu. Pour les vieux briscards comme Clarke, toi et moi on est des encombrants. On n’a pas voix au chapitre. J’ai réussi à obtenir son attention parce que j’appartenais à la compagnie d’infanterie qui a battu sa formation de chars. C’est lui qui la commandait durant mon stage à Fort Irwin. Lieutenant-colonel Clarke, à l’époque. Il ne se souvenait pas de moi, un simple sergent. Mais il se rappelait très bien mon lieutenant d’unité, Mills, et la tactique qu’on a employée pour le mettre en déroute. Mills a toujours été un excellent officier, on a remporté la victoire grâce à son génie tactique. Il est toujours à Fort Carson, là où ton frère et moi avons servi. J’étais le fer de lance de sa manœuvre audacieuse, mais seul je n’aurais jamais été assez bon pour faire la différence. On n’en a encore eu la preuve aujourd’hui. Sans toi, sans Miranda, j’aurais planté ce char pour rien. Je n’aurais peut-être pas eu le cran de le faire, ou la force de me battre jusqu’à la dernière seconde.
Victor jeta un œil dans le rétroviseur et contempla l’énormité de son action. La masse d’acier se découpait au pied du mont rocheux, ratatinée, indécente, tel un boulet de canon propulsé dans le talon d’un monument de pierre.
— Tu es en droit de me crier dessus, mais ne sois pas si prompte à condamner les gens et leur prêter des intentions qu’ils n’ont pas. J’ai fait ce qui m’a semblé le mieux pour la poursuite de la mission. Pour retrouver Ruben avant les Vénézuéliens. Il fallait qu’on mette les voiles au plus vite, et je trouve qu’on s’en tire sacrément bien.
L’information inattendue que le colonel leur avait communiquée apportait de l’eau à son moulin, mais aussi de nouvelles questions sans réponses. Tori n’en savait pas plus que lui. Si Ruben avait effectivement contrefait la signature de son paternel à des fins personnelles, pour se mousser auprès de ses supérieurs, il avait bien fait de quitter l’armée avant qu’on le découvre. Victor garda ses réflexions pour lui ; inutile de jeter de l’huile sur le feu. Il pariait sur le bon sens de la linguiste. Sa fureur s’apaiserait d’elle-même, puis les choses rentreraient dans l’ordre avant d’atteindre Colorado Springs.
Victor se trompait.
— Il y a quelque chose que tu ne dis pas, Victor, et c’est en rapport avec ton transfert à Monterey. J’ignore concrètement de quoi il s’agit, mais j’en mettrai ma main au feu ! Si cela doit interférer avec le but de notre voyage, et ton attitude me porte à croire que c’est le cas, je dois savoir !
La question embarrassante fut posée juste après le modeste aérodrome de Baker, mais Victor garda le silence jusqu’au carrefour menant au Santa Fe Motel. La voiture du shérif était parquée sur la chaussée, à son aise, à côté d’un panneau ROUTE BLOQUÉE. Il buvait une bière en canette. Victor pariait qu’elle était fraiche. Il avait envie d’attacher cette crapule sur le toit de la voiture, dans le plus simple appareil, et le laisser rôtir au soleil.
Le militaire évalua que le shérif s’était posté là peu après leur premier passage, alerté par le réceptionniste accro à la nicotine. Deux pantins dont Max Huddleston manipulait les fils. Il se demanda si les civils avaient agi par crainte des militaires, pour se faire bien voir d’eux, ou si une paire de billets avait acheté leur conscience. Celle de Victor pesait lourdement sur son crâne.
À nouveau, il dit ce qu’il avait à dire :
— Je ne suis pas à ma place au Presidio de Monterey. Je n’ai pas signé pour trier des bottes et expédier des bidons de peinture antirouille. On m’a mis au placard après l’Afghanistan. Si je veux une chance d’en sortir, je dois faire profil bas et obéir sagement aux ordres. Si mon chef apprend ce que j’ai fait ici, ma carrière est fichue. Je n’ai plus d’avenir. Il m’a accordé cette semaine de permission avec la promesse de ne pas faire de grabuge.
Victor s’interrompit là. Sans raconter toute l’histoire. Sans mentir non plus. Il redoutait ce moment depuis Fresno.
À présent, un sentiment de légèreté soulageait son esprit.
Les griffes cruelles du devoir lui déchiraient le cœur, néanmoins la douleur était tolérable. Préférable à l’alternative romantique qui mettait Tori et Ruben en danger. La distraction est l’ennemie du soldat en mission. Fin des distractions, des erreurs d’appréciation, des détails qui échappent à la vigilance.
La mission.
Rien que la mission.
Jusqu’au bout.

La pancarte tapageuse du Santa Fe Motel se découpa à travers le pare-brise. Victor avait toujours l’intention de récupérer son pourboire auprès du réceptionniste véreux. Pour le principe. Pour que la justice l’emporte sur la corruption. Une revanche amère, presque futile.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMar 26 Déc 2023 - 15:44#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Nord de Baker, CA
Au moins, Victor avait le mérite de reconnaître ses torts. Je reconnaissais cette qualité à l’homme qui m’avait charmée et me charmait toujours, malgré l’effusion de colère qui embrasait mes pensées. Je me mettais à sa place et comprenais son point de vue de sergent d’infanterie sur le colonel de Fort Irwin, un officier redoutable qu’il avait jadis affronté en manœuvres d’entrainement. Cependant, je ne me rangeais pas à son avis, mais alors pas du tout ! Peu importe le milieu d’où on vient, il faut savoir évoluer et le colonel Clarke n’avait pas cru judicieux de le faire. En aucune façon je n’avalerais ces justifications pathétiques ! Les Espinoza ne mettent pas d’œillères. On regarde les choses en face, même quand ça fait mal, et on ne cherche pas d’excuses. J’étais quand même prête à passer l’éponge sur la faute de Victor après une dernière mise au point, LE problème qu’il évitait toujours d’aborder. Sauf que...

Je ne suis pas à ma place au Presidio de Monterey. Je n’ai pas signé pour trier des bottes et expédier des bidons de peinture antirouille. On m’a mis au placard après l’Afghanistan. Si je veux une chance d’en sortir, je dois faire profil bas et obéir sagement aux ordres. Si mon chef apprend ce que j’ai fait ici, ma carrière est fichue. Je n’ai plus d’avenir. Il m’a accordé cette semaine de permission avec la promesse de ne pas faire de grabuge.

La déception que j’avais ressentie à Fresno, quand Victor avait laissé fuir les deux tueurs vénézuéliens, n’était qu’un petit saut d’humeur en comparaison de ce que j’éprouvai à cet instant. J’étais plus déçue : j’étais révoltée ! Et ma colère redoubla, décupla... A Fresno, les interrogatoires de la police, l’état de choc et l’épuisement m’avaient astreinte au silence, mais cette fois je lui feulai au visage le fond de ma pensée, sans aucun filtre :

C’est donc pour cette raison que tu as négocié cette omerta ? Pour ta fichue carrière ? Pas étonnant que vous vous êtes entendus comme cul et chemise, monsieur futur général une étoile et toi ! Tu espères qu’en lui obéissant comme un brave toutou, le colonel Clarke usera de son influence pour ton transfert ? Pour ton grand retour à Colorado Springs où précisément nous nous rendons ? J’interposai une main entre nous pour couper toute possibilité de réplique fumeuse. Non, attends, ne dis rien. Je ne veux rien savoir. Je ne veux pas non plus entendre que tu as refusé de tirer sur mes tortionnaires pour éviter d’être mêlé à une affaire criminelle, et que tu as refusé de collaborer à cent pour cent avec la police de Fresno pour les mêmes raisons. Tu craignais d’ajouter une tache à ton dossier militaire déjà mauvais ? C’est aussi pour privilégier ta carrière que tu as divorcé après ta première opération en Irak ? Oui, je connais ton dossier grâce à mon père et je sais qu’il n’est pas brillant ! C’est pour ces raisons que tu m’aides aujourd’hui ? Parce que tu te sens coupable ? Eh bien, il y a de quoi ! J’espère pour toi qu’on retrouvera Ruben sans "faire de grabuge", autrement, je te garantis que tu vas pourrir longtemps à Monterey !

Mes ongles grattèrent nerveusement mon bracelet huichol. Plus rien n’allait et Ruben me manquait, sa disparition me rongeait les sangs. Pourtant je n’envisageais pas de fausser compagnie à Victor et faire cavalier seule, je n’avais pas de meilleur atout pour le retrouver avant qu’un malheur le frappe...
La voiture s’arrêta devant le Santa Fe Motel. J’ordonnai à mon chauffeur avec une hostilité ostentatoire :

Je veux me doucher et me changer. Seule.

J’appuyai le dernier mot pour faire comprendre à Victor qu’il n’était plus le bienvenu dans mon périmètre intime. Une fois débarrassée de mon short court et de mon débardeur à bretelles fines, son regard ne verrait plus de moi que des vêtements longs et pudiques, en plus de mon visage mécontent. Je ne désirais plus me rendre sexy en sa présence, bien au contraire.

Et ensuite, je veux qu’on s’arrête à Vegas pour m’acheter un nouveau téléphone.

L’idée devait l’insupporter, et par conséquent me réjouissait. Oui, c’était un coup bas de ma part, toutefois mon Samsung était en miettes parce que Victor avait échoué dans son rôle de protecteur. On apprend de nos erreurs en faisant face aux conséquences, n’est-ce pas ? J’appliquais toujours ce principe dans mon métier de formatrice et ne distribuais pas les points de qualification à la légère. Maintenant, c’était le tour du sergent Nash de faire face.
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Victor Nash

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Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyVen 29 Déc 2023 - 10:35#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Baker, CA
Victor immobilisa la Camaro sur le parking du motel. Le miroir du rétroviseur renvoyait de son visage le reflet d’un masque de marbre. Figé. Inexpressif. Au-delà de la tristesse et de la colère. Au-delà des sentiments qui caractérisent un être humain. Victor s’était réfugié dans son armure de soldat. Plus résistante que le blindage Chobham d’un char Abrams. Capable d’encaisser les flèches incandescentes que Tori avait tirées dans sa poitrine. La colère de la linguiste s’était abattue sur lui telle une pluie de feu, brûlante et implacable, et le soldat n’avait guère bronché. Il n’y avait rien à dire. Victor avait lui-même amorcé cette bombe à retardement, conscient qu’elle exploserait à un moment ou un autre. C’était mieux ici et maintenant, avant de franchir la frontière du Colorado. La distraction est l’ennemie du soldat en mission, se répétait-il. Plus qu’à un mantra sorti d’un manuel militaire, Victor obéissait à un impératif de survie. Sa relation avec Tori devenait ingérable, dangereuse. Les sourires éblouissants de la linguiste alanguissaient sa discipline mentale, les joyeux éclats de rire faisaient voler sa concentration en éclat. D’un simple effleurement, les lèvres douces soustrayaient Victor à la marche implacable du monde. Leurs baisers gonflaient son cœur d’allégresse et le scintillement des iris stellaires abêtissait son esprit.
D’abord l’embuscade grossière qu’il aurait dû anticiper. Ensuite, l’intervention du shérif tout aussi prévisible. Enfin, la rage qui aurait pu finir en carnage si l’hélico de Fort Irwin n’était pas arrivé au moment fatidique. Une fois encore, Victory échappait d’une situation inextricable avec quelques bleus et une coupure sans gravité. Des forces invisibles lui étaient peut-être venues en aide. La chance, un esprit bienveillant, un coup de pouce du destin. Un joueur peut miser sur cet allié imprévisible ; pas un soldat.
— Je veux me doucher et me changer. Seule.
Parfait. La mission, et rien que la mission.
Victor estima que Tori serait plus à l’aise dans la chambre qu’elle connaissait déjà.
— Attends devant la chambre 16. Je vais chercher la clé.
La portière passager claqua sans ménagement.
— Et ensuite, je veux qu’on s’arrête à Vegas pour m’acheter un nouveau téléphone.
— Pas question de mettre un orteil dans cette ville de cinglés. On s’arrêtera à une station-service pour acheter un modèle basique, ou ça attendra les boutiques high-tech de Colorado Springs.
Fin de la discussion.

Victor se présenta devant la réception. Le fumeur le considéra de ses gros yeux injectés de sang. On aurait dit qu’il entrevoyait un fantôme après une nuit de défonce. Des cendres tombèrent sur le comptoir. Victor serra le poing qu’il avait envie d’expédier sur son faciès de rat.
— Je veux, tout de suite : mon pourboire, la clé de la chambre 16, la clé de la chambre 9. Plus deux cafés à emporter dans un quart d’heure. Forts, sans sucre.
Le délateur comprit aussitôt où était son intérêt. Les rats possèdent un excellent instinct de survie. Avec du courage en quantité équivalente, l’espèce humaine aurait du mouron à se faire.
Deux clés et un billet de cinquante dollars atterrirent sur le comptoir.
— Quelque chose d’autre, monsieur ? s’enquit-il poliment.
Le réceptionniste évitait soigneusement le regard de Victor.
Qui arracha les clés et l’argent, puis tourna les talons.

La chambre 9 n’avait pas encore été nettoyée. Hormis le lit en pagaille, aucun indice ne préfigurait la série d’événements qui succéda à la partie de jambes en l’air entre Max Huddleston et Miranda. Victor trouva des dessous féminins dans la salle de bain. De la lingerie sexy qu’on ne porte pas en allant travailler à Fort Irwin. Sans doute la propriété de Miranda qui s’était précipitamment rhabillée avant de quitter les lieux. La victime était devenue la tombeuse de son amant brutal. Triomphe de la justice. Victor songea que les relations entre homme et femme évoluaient parfois très vite, et de manière radicale. En mieux comme en pire. Il espérait que sa relation avec Tori n’empirerait pas davantage, pour le bien de la mission.
Le sergent fit comme la linguiste : une douche rapide, nouveau jeu de vêtements. Encore un tee-shirt fichu. Le pantalon empoussiéré avait besoin d’un bon lavage ; un coup de brosse ne suffirait plus. À ce rythme de déliquescence, il allait finir en tenue d’Adam avant la fin du voyage.
Victor sortit de la chambre 9 avant sa passagère. Jeta le tee-shirt et la lingerie féminine dans la même poubelle que la veille. Miranda n’en aurait jamais besoin pour plaire à un homme convenable. Il rangea son bagage dans le coffre, qu’il laissa ouvert. Puis regagna la réception.
À son retour – un café fort sans sucre dans chaque main –, le coffre était fermé. Tori assise à l’avant. Alliance d’intérêts : Victor avait toujours besoin de sa copilote, Tori avait besoin d’un guide dans la sphère de Fort Carson.
Il s’installa derrière le volant, inséra le café de Tori dans le porte-gobelet. But une gorgée du sien, avisant le soleil chaud qui s’élevait dans le ciel matinal. Sur la route principale, la noria de poids lourds tassait l’asphalte brûlant. Tori regardait devant elle. Tenue austère, bras croisés sur sa poitrine. Victor se rappela l’effet de la caféine sur son organisme. Une erreur de plus.
Il démarra le moteur et dit :
— La mission continue. On a du retard, mais je roulerai plus vite afin de le réduire. On prendra un peu de repos à Colorado Springs, ensuite on cherchera des traces de Ruben. J’ai besoin que tu me racontes tout ce que tu sais de ses habitudes. Ses amis, ses relations, ses hobbies. Quels bars il fréquentait – en particulier celui où a explosé sa dernière bagarre. Je connais les endroits à militaires, on croisera nos infos.

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Tori Espinoza

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Linguiste et formatrice pour le compte de l'armée.
Un appartement dans le quartier ouest.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyLun 1 Jan 2024 - 18:16#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado
Nous traversâmes le Nevada dans une ambiance froide et professionnelle. Le bolide bleu et blanc franchit Las Vegas sans un arrêt et aucun de nous ne daigna tourner la tête vers son urbanisme tapageur. Le temps s’était gâté et des nuages épais couvraient le ciel, reflétant l’évolution de ma relation avec Victor. Même la météo semblait prendre le parti du soldat spirituel, si on croyait aux signes qu’il voyait et interprétait autour de lui. Parler de Ruben m’aidait à moins broyer du noir et à tarir lentement ma colère. Je répondais à toutes les questions de Victor et lui dis tout ce qui me venait à l’esprit, y compris des anecdotes apparemment sans importance.

Ruben aime la téquila, mais il déteste le whisky. Il raffole des popsicles fruitées. Pour ce qui est festif, il est plutôt Mexicain. Il a eu une période où il mâchait du tabac et chiquait, c’était dégoûtant ! Pour le reste, c’est un jeune homme de vingt-neuf assez ordinaire, c’est-à-dire avec la maturité d’une femme avec dix ans de moins.

Je lançai des piques à la moindre occasion, mais Victor n’y réagissait pas. Je n’étais pas très fière de mon comportement, peu mature pour une femme de trente-six ans, mais c’était plus fort que moi. Je lui en voulais toujours pour avoir décidé les choses à ma place, avec le colonel de Fort Irwin, sans aucune garantie sur les sanctions de nos agresseurs. Je lui en voulais de m’avoir caché ses problèmes avec l’armée, bien que paradoxalement je lui reconnaissais ce droit. J’étais déçue et chamboulée par ses révélations. Je m’accrochais à ma "colère légitime" que Victor avait provoquée, mais je m’en voulais aussi pour les paroles blessantes que je lui avais jetées à la figure. J’étais allée trop loin, beaucoup trop loin... Je le savais, et intuitivement je connaissais la raison de ma réaction excessive. Victor exacerbait mes émotions, y compris celles qui demeuraient habituellement endormies, et ça ne tenait pas seulement aux situations incroyables que nous vivions ensemble. Si je lui lançai des piques, c’était avec l’espoir inconscient de le faire réagir à son tour de façon excessive. Je parle de sa façon excessive à lui, celle dont ses mains, ses lèvres et ses yeux m’enflammaient avant de quitter le motel... je parle de l’excessivité dans laquelle toutes les discordes se dissolvent dans un chaos harmonieux et fabuleux... Manque de bol, je n’avais plus affaire à l’amant passionné mais au sergent Nash froid et discipliné. Alors je terminais avec l’information la plus utile, en dépit de son manque de précision :

Quant au lieu de la bagarre, je crois me rappeler qu’il avait une consonance française...

Aux environs de midi, nous quittâmes l’autoroute pour déjeuner dans un vrai restaurant. En raison de notre retard sur l’horaire prévu, je m’attendais à un fast-food bruyant sur l’autoroute et pas au charmant établissement d’une petite ville. Murés dans le silence, nous profitâmes d’un accueil humain, d’une ambiance conviviale et d’un repas savoureux. Tout ce que j’aimais ! Je retrouvais un peu de ma bonne humeur... jusqu’à ce que je remarque les sourires benêts de la serveuse à mon chauffeur. Elle se dandina en cuisine telle une poule effarouchée, et j’avais l’impression d’entendre ses roucoulements de volaille en chaleur dans ma tête. Au final, je remontai dans la voiture d’aussi mauvaise humeur qu’avant notre halte. Je ne m’étais jamais sentie aussi pathétique en compagnie d’un homme, pas depuis que j’avais atteint l’âge adulte !
Avant la sortie de la ville, j’aperçus une boutique de téléphones et ordonnai sèchement à Victor de s’arrêter. Il avait refusé mon caprice d’entrer dans Vegas pour remplacer mon Samsung, réduit en morceaux sur une petite route au nord de Baker, mais cette fois il obtempéra. Je rachetai triomphalement un modèle plus récent et passai le reste du trajet le nez dessus. Ce fut bien commode pour éviter toute interaction avec Victor, mais je réussis également à identifier et marquer sur une application cartographique la plupart des endroits que fréquentait Ruben. A bien y réfléchir, c’était sûrement pour ce motif "tactique" que Victor n’avait émis aucune objection quant à cet achat.

Nous arrivâmes à Colorado Springs en début de soirée et enfin, je décollai de mon superbe écran pour découvrir la ville où mon frère avait vécu ces dernières années. Je touchai mon bracelet huichol avec émotion.
Que t’est-il arrivé, Ruben ? Te caches-tu quelque part en ville ?
Si j’avais mieux joué mon rôle de grande sœur, nous n’en serions peut-être pas là... Je n’étais même pas venue le voir dans son dernier environnement de travail ! Nous gardions le contact à distance, par téléphone et messagerie, et nous réunissions en famille seulement pendant les fêtes. Ma vie de nomade ne facilitait pas les choses, mais j’aurais dû trouver le temps de lui rendre visite. Rien ne peut remplacer le contact physique, la chaleur d’une étreinte. A présent, je regrettai amèrement de ne pas avoir fait le déplacement plus tôt.

Une chambre avec deux lits, dans deux pièces séparées, réclamai-je à la réception de l’hôtel que Victor et moi avions choisi.

Il eût été plus simple de prendre deux chambres séparées, éventuellement contiguës, mais le sergent Nash prenait toujours ma sécurité très au sérieux. Je ne m’y opposai pas et me satisfaisais de ce compromis. En tout cas, je crus m’en satisfaire jusqu’au sentiment de solitude qui m’oppressa dans la douche, deux fois plus spacieuse qu’à Baker. Le rituel du maquillage m’offrit une belle accalmie, et le miroir renvoyait l’image d’une femme en lingerie sexy franchement canon ! Une femme qui faisait la gueule et qui traina les pieds jusqu’au lit, sur lequel je m’écroulai... Une robe de soirée noire reposait sur le dossier de ma chaise, attendant que je me décide à la porter. Je roulai sur le flanc et lui tournai le dos, caressa la surface vide où Victor aurait dû s’étendre, me dévorant de ses iris électriques et de ses lèvres sensuelles. Dans mon cœur aussi, un grand vide s’était formé...
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Victor Nash

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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 7 Jan 2024 - 13:53#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
En prenant le volant au petit matin, Victor ne s’attendait pas à endurer les morsures de la tristesse à l’approche de Colorado Springs. Il s’attendait à rencontrer un vent de nostalgie, inévitable après le foisonnement de belles expériences vécues dans la région. Après le rude combat de Baker, il reçut pléthore d’attaques répétées, redoutables, sous la forme de paroles acerbes que la linguiste maniait comme des armes. Il encaissa tout. Blindage.
L’acquisition du nouveau téléphone de Tori signa une trêve. Victor se désola néanmoins de voir sa copilote absorbée par l’écran artificiel alors que les somptueux paysages du Colorado se déployaient dans toutes les directions. Il désirait conter le récit de sources sacrées, de montagnes baignées de légendes, d’excursions mystiques au Grand Canyon. Il désirait narrer maintes anecdotes au sujet du 12e régiment d’infanterie, du quotidien des militaires comme Ruben Espinoza. Il désirait que Tori cesse de se morfondre et que ses yeux brillent à nouveau.
Il conduisit en silence. Rien d’autre.
Dans la voiture, personne ne desserra plus les dents jusqu’à l’hôtel.
— Une chambre avec deux lits, dans deux pièces séparées.
L’envie de commenter « Reçu deux sur deux, mademoiselle Espinoza. » démangea Victor. Il conserva le silence prudent de l’homme assis sur un baril de poudre, une allumette entre les dents.

Le règlement de l’hôtel interdisait les armes. Victor détacha son M17 de sous le siège auto pour le fourrer dans ses bagages. Le militaire en avait plein le dos d’être pris au dépourvu, de se faire attaquer sans moyen correct de défense. Depuis la tempête et sa rencontre avec Tori, il attirait la vermine criminelle comme un appât sucré. Fais attention à ce que tu demandes, car tu pourrais l’obtenir. Le proverbe disait vrai. Victor avait cherché le combat. Il l’avait appelé de ses vœux. Maintenant, il fallait assumer. Une autre confrontation avec les Vénézuéliens paraissait inéluctable. L’issue dépendrait de ses facultés à anticiper et agir. Le sort de Tori et de Ruben reposait sur ses épaules.
Diner sans fioriture, livré à l’entrée de la chambre double.
Briefing avec Tori sur le programme du soir.
Douche, brossage des dents, tenue de soirée. Rien d’extravagant : pantalon de bonne facture couvrant ses godillots montants, tee-shirt à col rond, veste légère équipée de grandes poches. Tout en noir, sans fioritures. En conformité avec son humeur et les exigences d’une mission de nuit. Victor nettoya et contrôla le Sig Sauer M17, puis le fourra sous la veste. Tout était en ordre. Sa montre indiquait 20h22. « Deux lits, dans deux pièces séparées. » Encore ce fichu chiffre deux. Pour aller au bout de la logique, il s’allongea sur le lit et se programma une courte sieste de vingt-deux minutes.
Un mur le séparait de Tori – sa voix musicale et ses sourires comme des levers de soleil qui le distrayaient. Victor pensait s’endormir facilement.
Il se trompait.
L’absence de sa compagne de route lui paraissait anormale. Un feu de camp sans chaleur, une nuit sans étoiles. La sensation de manque confirmait qu’il s’était attaché à elle. Qu’il s’était entiché en dépit de leur dispute. La distraction est l’ennemie du soldat en mission, se répéta-t-il comme un mantra.
Il dormit ses vingt-deux minutes. Avec un retard à l’endormissement qui portait l’heure à 20h54. Il rejoignit Tori juste à temps pour le départ. Perdit une minute supplémentaire en cafouillages, frappé par une splendeur qui dépassait l’imaginaire. Tori n’était pas seulement élégante dans sa robe noire : elle était magnifique, renversante. Regard magnétique, lèvres pulpeuses, cheveux de soie cascadant autour de son cou délicat. Un parfum enivrant. Une beauté à perdre le souffle. Les regards s’illumineraient à son passage ; les prédateurs nocturnes tenteraient une approche. Le charme saisissant de Tori représentait un atout considérable pour alanguir les esprits vigilants et délier les langues taiseuses, néanmoins il ôtait tout espoir d’enquêter avec discrétion. Victor accepta de composer avec une stratégie offensive : pour gagner, il faut investir le terrain adverse et marquer des points.

Ils recensèrent douze bars, restaurants et discothèques que Ruben fût susceptible de fréquenter. La liste initiale en dénombrait neuf de plus. Trois avaient fermé depuis que Victor avait quitté Colorado Springs. D’autres étaient sélectifs sur leur clientèle, avec des critères implicites et arbitraires sur le statut social, les origines ethniques ou l’orientation sexuelle. En façade et conformément à la loi, les établissements acceptaient tout le monde. Si on voulait passer une bonne soirée, il fallait cependant rentrer dans les clous. Même quand il avait le profil ciblé, Victor ne fréquentait jamais ce genre d’endroit. Par principe et parce qu’il gardait le souvenir amer d’un club pour officiers où les rangs inférieurs n’étaient guère bienvenus, sinon derrière le bar pour servir des cocktails. Thomas, Rio et lui espéraient s’y détendre au chaud après deux semaines de manœuvres dans le gel et la neige. Deux sergents et un caporal. Ils n’avaient même pas franchi la porte. Au sein de la grande fraternité militaire, les frères ont toujours formé des clans.
Sur la liste de douze, le Rendez Vous Night Club et le Deja Vu Showgirls sortaient du lot. Selon Tori, le bar où Ruben s’était bagarré avait une consonance française. Elle misait sur le Rendez Vous, plus fréquentable que le Deja Vu où les spectateurs glissaient des billets sous les fines cordelettes qui rentraient dans les fesses des danseuses. Victor ne connaissait aucun des deux établissements. De son temps, le Fabulous Tnt’s avait la cote auprès des militaires. Les filles y étaient avenantes et peu farouches : du pain béni au retour d’une OPEX brutale, ou pour se gaver de souvenirs agréables avant d’embarquer vers une destination lointaine.

(♫♫ Ambiance : Aleksander - Erase ♫♫) Chou blanc au Rendez Vous Night Club. Victor le sut tout de suite en étudiant la clientèle. Trois militaires épars tentaient de se fondre dans une masse hétéroclite de civils branchés, bien fringués, inoffensifs. Ambiance chic : lumières tamisées, techno mix de haute volée, espaces conviviaux, décoration peace & love avec de fausses plantes. Trop guindé, trop calme pour l’infanterie de Fort Carson en besoin de sensations fortes.
Tori se renseignait au bar. Victor ne fit rien pour la dissuader. Plutôt que l’attendre les mains dans les poches, il rejoignit un des trois militaires qui semblait avoir l’âge de Ruben. Vingt-huit ans. Pas tombé loin. Caporal-chef aux ressources humaines : très bonne pioche. Malheureusement, le nom de Ruben Espinoza ne lui disait rien. Les effectifs de Fort Carson s’élevaient à dix-huit mille six cent trente-deux résidents ; environ un tiers d’hommes entre vingt et trente ans. Victor entendit une flopée de chiffres sur la démographie de la base, mais rien au sujet de Ruben ou qui que ce soit susceptible de le connaître. Il recommanda au caporal-chef de modérer son enthousiasme pour les statistiques et s’intéresser davantage aux individus. Moins de ressources, plus d’humain.
Puis il alla retrouver Tori. Un gars tiré à quatre épingles approchait la belle métisse avec deux verres à cocktail. Une coiffure étrange grossissait démesurément le pourtour de son crâne, comme un casque brun. Victor força le pas et s’interposa. Face au type aux cheveux bouffis. En position, paré à repousser tout geste inadéquat – incluant un pas supplémentaire en direction de Tori. Les deux prétendants faisaient la même taille, au-dessus de la moyenne, cependant leurs différences morphologiques évoquaient un briquet posé devant une allumette. Sourire contrit de l’allumette qui fit prudemment demi-tour avec ses deux cocktails.
Victor effectua aussi un demi-tour. Glissa un bras autour de la taille de Tori et l’entraina vers la piste de danse, là où personne ne viendrait les interrompre. Beaucoup d’allumettes aux alentours, peu de briquets. Afin de garantir leur tranquillité, il enlaça la main de sa partenaire puis engagea une chorégraphie dansante.
— Quelque chose de ton côté ?
Il fixa le visage de Tori et la sentit. L’énergie, solaire, agitée des tempêtes spectaculaires de l’astre lumineux. L’aura chaude, sensuelle, envoûtante qui le hapait. L’attraction, puissante. L’écho euphorique de leur nuit magique. Victor opposa sa volonté de fer. Tendu, il déclara froidement :
— Un capo-chef des RH vient de m’apprendre qu’il y a six mille hommes de moins de trente ans à Fort Carson. (Il jeta un regard circulaire.) Les soldats de l’US Army ne trainent pas ici, à débattre décoration chic et paix dans le monde en sirotant des mojitos avec une paille.
Et aucun de ces guignols n’est digne de toi, songea-t-il, ébloui par sa partenaire de danse. Tori brillait comme une étoile parmi ces gens ternes.
— Je suis désolé. Le Deja Vu est notre meilleure chance.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 14 Jan 2024 - 11:46#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Bien que je n’étais pas là pour m’amuser, le Rendez Vous Night Club me plaisait beaucoup. On pouvait se parler sans hurler et les lumières stroboscopiques ne cherchaient pas à achever les épileptiques. Il n’y avait pas de bousculades, personne ne vociférait et on se jetait des regards intéressés sans franchir les limites de la bienséance. Tout à fait l’endroit où je viendrais passer une soirée divertissante et faire des rencontres. Pourvu que Ruben se soit dit la même chose ! Surtout qu’il s’était acoquiné avec une femme dont j’ignorais tout... J’espérais aussi donner tort à Victor. A l’entendre, tous les jeunes militaires claquaient leur solde dans les bars à striptease ! Mon protecteur avait habilement manqué de préciser si lui aussi fréquentait ces nightclubs pour morfales. J’étais certaine que oui, même si (ou parce que ?) l’idée me déplaisait. Pendant qu’il déambulait parmi les clients, je montrai l’écran de mon téléphone à plusieurs membres du personnel. J’avais des tas de photos de Ruben, les plus récentes dataient de l’an passé. A l’exception d’un gentil "votre frère est mignon, je m’en souviendrais si je l’avais servi" qui m’arracha un sourire, je rencontrai de l’indifférence et de l’empressement. Un beau brun montra de l’intérêt à ma recherche, mais après un rapide coup d’œil à l’écran, son regard étincelant de lubricité dériva de mes lèvres corail aux contours de ma robe moulantes. Je le congédiai poliment, puis m’apprêtai à repousser un deuxième prétendant bien mis quand Victor s’interposa. Spontanément, je ressentis du plaisir, de la fierté, ainsi qu’une bouffée d’excitation quand le don Juan prit la poudre d’escampette face à la force silencieuse de mon chauffeur... L’endroit était plutôt bien fréquenté, pourtant aucun homme n’avait la moitié du charisme de Victor Nash. Les vigiles, certains bâtis comme des armoires à glace, me paraissaient fragiles en comparaison du combattant qui avait terrassé un char d’assaut et son équipage le matin même. Ses vêtements classieux ne l’amoindrissaient pas, mon beau sergent avait une allure phénoménale avec son pantalon cintré et sa veste qui soulignait la largeur de ses épaules. Miam ! A l’inverse des filles qui le reluquaient (pas touche à celui-là !), je dissimulais le feu qui me faisait tortiller les cuisses derrière un masque renfrogné. Malgré mes efforts, il se fissura quand son bras puissant m’enveloppa la taille et m’entraîna jusqu’à la piste. Ma main éprise de la sienne, un frisson d’extase me traversa. VICTOR SAIT AUSSI DANSER. Sans doute pas aussi bien qu’il combattait, mais sa gestuelle entraînante suffisait à me transporter...

Quelque chose de ton côté ?

Hein ? Quoi ? Devinez qui s’est encore laissée aspirer par des iris bleutés, dans la sécurité rassurante de ses bras doux et protecteurs ? Quelques secondes d’intimité avaient suffi pour que je craque à nouveau... Je recomposai mon visage renfrogné et répliquai sèchement :

Rien, mais ça ne veut pas dire que Ruben n’a jamais mis les pieds dans ce nightclub.

Parce que je le voyais venir, le fameux "je te l’avais dit !" triomphant...

Un capo-chef des RH vient de m’apprendre qu’il y a six mille hommes de moins de trente ans à Fort Carson. Les soldats de l’US Army ne trainent pas ici, à débattre décoration chic et paix dans le monde en sirotant des mojitos avec une paille.

Bah tiens !

Je suis désolé. Le Deja Vu est notre meilleure chance.

Tu parles s’il est désolé !
Je rompis notre danse, puisque manifestement nous en avions fini avec cet endroit. Monsieur avait hâte de se rincer l’œil sur les Showgirls dénudées !

Tu es raide comme un piquet, reprochai-je à mon compagnon de danse que je sentais tendu.

Mon regard dévala sa silhouette d’Adonis et... une raideur discrète était effectivement apparue au milieu. Mes lèvres se pincèrent, brisant le petit sourire qui aurait trahi ma satisfaction cruelle d’embraser son désir.

D’accord, convins-je. Allons vérifier ta théorie, détective Nash. Je t’offre un verre s’ils ont déjà vu Ruben.

Impossible pour une linguiste de passer à côté de ce calembour facile, bien que la langue française n’entrait pas dans mon champ de compétences. Je m’orientai vers la sortie, un frémissement à la commissure des lèvres. Nos conversations drôles et légères me manquaient, son étreinte avait ravivé le feu de nos étreintes passionnées... A l’intérieur de ma tête, un scénario érotique se joua en accéléré. Victor me tirait dehors, dans une ruelle sombre, puis happait mes lèvres en me plaquant contre un mur. D’un geste autoritaire, il relevait ma robe jusqu’au nombril pendant que je déboutonnais son pantalon de mes doigts fébriles. Enfin, nos corps impatients libéraient la tension sexuelle infernale qui nous consumait...
Retour dans le monde réel, Tori !
Je traversai la foule au côté de Victor et le frôlai intimement, l’air de rien, soumettant à sa vue mes angles les plus favorables. Je me savais diablement sexy, je le mettais dans tous ses états et m’en réjouissais. Sergent La-carrière-et-la-mission-d’abord faisait face aux conséquences de ses actes et n’allait pas débander de sitôt. La frustration que me faisaient subir mes hormones en folie, il allait la ressentir au centuple !

Le Deja Vu Showgirls était bondé quand nous arrivâmes. Victor eut droit à une fouille sommaire, mais pas moi. Difficile de cacher une arme sous ma robe de soirée ! J’aperçus de nombreux jeunes hommes bien bâtis, aux cheveux courts. Moins cynique que Victor, je trouvai une excellente explication sur l’affiche des tarifs : les militaires avaient droit à des réductions sur présentation de leur carte. Je connaissais leur grille de salaire, et les soldats de rang inférieur devaient se serrer la ceinture quand ils ne partaient pas en mission. Beaucoup logeaient dans les baraquements austères de la base pour faire des économies et je comprenais leur besoin d’en sortir, le soir venu. Ruben n’était pas différent, mais j’attendais de lui qu’il se comporte plus dignement que les jeunes hommes émoustillés devant les danseuses en tenue légère, agitant des billets avec l’espoir de tirer sur un string et claquer une fesse. Nous l’avions mieux éduqué que ça.
La musique agressait mes oreilles. Je m’installai à un endroit peu encombré du comptoir et attirai l’attention du barman, drapée de mon sourire le plus avenant. Un brun d’approximativement l’âge de Ruben vint à ma rencontre. Mignon avec ses cheveux bouclés, sans être démesurément beau, il avait sûrement du succès. Je feignis d’être réceptive à son charme et lui montrai le portrait numérique de mon petit frère.

Ruben ? Je savais pas qu’il avait une sœur mannequin ! Je l’ai pas vu depuis des semaines, mais avant, il venait presque tous les soirs.

Je bondis de joie, et certainement pas à cause de la "sœur mannequin" et du sourire séducteur. Enfin quelqu’un qui connaissait Ruben ! Puis mes lèvres se pincèrent. Je n’imaginais pas mon frère accro aux spectacles de striptease... Toutefois cette passion ne regardait que lui et ne faisait pas de lui un mauvais garçon. Tout le monde a ses petits vices, n’est-ce pas ? J’avais bien fantasmé sur des étreintes coquines dans une ruelle, ainsi que d’autres scénarios inavouables sur le trajet en voiture entre les deux nightclubs... Ce qui me fit penser de faire signe à mon chauffeur afin qu’il rapplique en quatrième vitesse. Autant que Victor soit là pour la suite de l’interrogatoire, et en plus, je lui devais un verre.

Est-ce que vous vous souvenez d’une bagarre l’ayant impliqué, je crois que c’était un peu avant le printemps ?

Le barman réfléchit une poignée de secondes, puis acquiesça.

Ouais. Enfin non, j’étais pas là, mais on m’a raconté. C’était à cause de Goldie. Vous commandez quoi ?

Goldie ? C’était qui, cette Goldie ? Je demandai à Victor ce qu’il voulait prendre, puis abattis un billet de cent dollars devant moi.

Vous allez prendre le temps de m’expliquer. Je veux tout savoir, spécialement le lien entre mon frère et cette Goldie !
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Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyJeu 18 Jan 2024 - 21:30#

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(♫♫ Ambiance : ANU - Arrival ♫♫) Le Deja Vu Showgirls n’était pas à la hauteur du Fabulous Tnt’s de la belle époque. Avec l’âge, Victor avait perdu le goût des lumières stroboscopiques qui s’abattaient sur les formes remuantes de femmes dénudées. De ce qu’il savait, une majorité de jeunes désœuvrées et de mères célibataires luttant pour survivre. Une rémunération de base révoltante. Chaque soir, ces sirènes de la nuit se relayaient et supportaient la lubricité des hommes. Se forçaient à coqueter et aguicher pour glaner un maximum de pourboires et réussir à payer les factures. Un logement décent, des vêtements neufs pour l’enfant en bas-âge.
Victor observa néanmoins la scène. Curiosité coupable, instinctive. La courte danse avec Tori ayant donné force et vigueur aux démons intérieurs de la luxure.
Une femme élancée se déhanchait lascivement autour d’une barre de pole dance. Mi-trentaine ou plus, fortement maquillée, svelte, poitrine menue, cache-tétons diamantés en forme d’étoile, carnation variant du mordoré à l’ébène selon le jeu des éclairages. Mise en spectacle, érotisation à outrance du corps. Le string garni de billets consacrait la formule : Sex sells. Pour cette danseuse au visage sans joie, il ne s’agissait pas d’un choix épanouissant de carrière. Laquelle arrivait à sa fin. Quand les visages se ridaient, quand les seins ou les fesses perdaient de leur galbe aguicheur, les Showgirls étaient impitoyablement jetées à la rue. Où elles devaient trouver un moyen alternatif de subsistance. Parfois glauque, désespéré. Sex sells. Mal à l’aise, Victor détourna le regard.
Il scruta la grande salle, emplie d’une large population de militaires. Il s’efforça d’identifier des visages. N’en identifia aucun. Certains lui semblaient vaguement familiers, sans plus. Aucun n’avait combattu en Afghanistan avec les Lethal Warriors de son ancien bataillon. La plupart n’avaient pas encore de poils au menton au cours des années de l’opération Iraqi Freedom. Les craintes de Victor se concrétisaient : il n’était plus dans le coup.
L’appel pressant de Tori le conduisit au bar. Il se planta à droite de la linguiste. Sans poser ses fesses sur le tabouret haut qui lui confèrerait le statut de client officiel du Deja Vu Showgirls.
— Ouais. Enfin non, j’étais pas là, mais on m’a raconté. C’était à cause de Goldie. Vous commandez quoi ?
Victor relia les points. Ruben. La bagarre. Goldie sonnait comme un sobriquet de stripteaseuse. Tori paraissait le comprendre, mais pas l’accepter. Elle lui offrit le verre qu’elle lui devait.
Victor leva les yeux. Une affichette listait un vaste choix d’alcools et de cocktails. Le sergent se sentait largué, importun. L’époque où il fréquentait ces lieux et consommait lui faisait l’effet d’une autre vie. Il ne s’agissait pas seulement de la sagesse acquise au fil des ans. Son appétence pour les plaisirs de la fête avait fortement diminué après la blessure de Rio, son ancien binôme et ami depuis leur incorporation. Un mot sur l’affichette le ramena à ce passé révolu, empreint de nostalgie et de douleur.
— Je vais prendre un Kahlua.
Une liqueur de café au goût unique, originaire du Mexique. Rio adorait. Il avait des gènes de ce pays, à l’instar de Tori. Sans raison compréhensible, Victor nouait de fortes affinités avec les métis mexicains.

Le barman ramassa le billet de cent dollars, les servit et déballa ce qu’il savait. Les deux enquêteurs se penchèrent en avant et tendirent l’oreille. Leurs joues se touchaient presque, Victor percevait la chaleur de sa voisine. Derrière eux, la musique électro fracassait les tympans. Faisait vibrer les os.
— Ruben sortait avec Goldie, à ce qu’il parait. Ce serait le motif de la bagarre. C’est bien possible, avec tous les mecs qui lui tournaient autour. Même ceux qui ont eu leur chance en redemandaient ! Goldie était pas la plus demandée de nos showgirls, mais elle avait un style qui plaisait. Une vraie blonde avec un visage angélique, ce qui est plutôt rare dans le coin. Le genre poupée candide, vous voyez ? Une fille gentille, mais assez discrète. Il y en a pas beaucoup, des comme elle, qui ont le cran de monter sur scène pour faire ça.
D’un coup de menton, le barman désigna le spectacle. La danseuse svelte venait de retirer le haut et se couvrait les seins pour faire languir le public. Une marée d’énergumènes se pressa contre la plateforme – dollars ondulant entre les mains fébriles, paroles obscènes vomissant des bouches criardes. Victor jeta un œil à Tori. Muscles du visage contractés, elle fulminait. Le militaire somma le barman de poursuivre.
— Sur scène, Goldie devenait une autre personne. Beaucoup de filles qui durent dans le métier sont pareilles. Et Goldie se donnait à fond ! Alors forcément, elle faisait tourner des têtes. Les vigiles pourront vous le confirmer. Ruben n’était pas le premier type à ravir son cœur, si vous voyez ce que je veux dire. Mais c’est peut-être le dernier, qui sait ? En tout cas, Goldie ne travaille plus ici depuis cette affaire.
Il avisa les clients assoiffés de boissons de débauche qui s’amassaient devant le comptoir. Sa collègue barmaid lui faisait de gros yeux. Il s’adressa précipitamment à Tori :
— Votre frère avait l’air d’un gars bien. J’espère qu’ils sont ensemble, si cette histoire est vraie. Vous aussi, d’ailleurs, vous allez super bien ensemble.
Victor faillit recracher sa gorgée de kahlua.
— C’est le rush, alors je vous souhaite une bonne soirée !
Le barman alla préparer des cocktails. Gestes rapides et précis. Efficaces. Alors que Victor finissait son verre, il songea que lui ne l’était pas, efficace. Sa présence n’apportait rien. Il fallait que ça change. Ils avaient besoin de renseignements concrets, fiables, exploitables.
— Allons interroger les vigiles, décida-t-il.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 21 Jan 2024 - 18:09#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
M’inquiétais-je de la relation qu’entretenait mon frère avec une poupée qui gagnait sa vie en se dénudant face à des hordes de mâles en rut, et qui, d’après les sous-entendus du barman, augmentait la cagnotte de ses soirées en les accompagnant chez eux ? Bien sûr que oui ! J’étais même furieuse, car j’imaginais très bien le tableau : mon petit frère naïf touché par la candeur factice de cette Goldie, laquelle le manipulait pour s’extraire de sa condition pathétique. Franchement, quelles étaient les chances que leur "idylle" soit le véritable amour ? Une sur un million ? Voilà pourquoi Ruben refusait de me parler de sa petite amie ! Goldie l’avait ensorcelé, au fond de lui mon frère le savait et il craignait que je le voie au premier coup d’œil. Et que dire de nos parents...

Votre frère avait l’air d’un gars bien. J’espère qu’ils sont ensemble, si cette histoire est vraie. Vous aussi, d’ailleurs, vous allez super bien ensemble.

Une preuve supplémentaire que le barman racontait des salades ! Entre Victor et moi, ça n’allait plus depuis qu’il m’avait tenue volontairement à l’écart. On ne faisait même plus semblant d’être "ensemble". Certes, nous formions toujours un duo d’enquêteurs (très amateurs). Certes, mon corps continuait à réagir spontanément dès qu’il détectait le sien à proximité. A coup sûr, j’émettais quantité de phéromones chaque fois que je repensais à notre (super) nuit au motel de Baker, à nos autres (super) moments, ou quand mon imagination se mettait à produire des (super) fantasmes à l’insu de mon plein gré. On n’a aucun contrôle sur ces choses, pas vrai ? Disons que le barman nous servait des (super) salades à la vinaigrette, et que je me sentais toujours (super) irritée, les nerfs à fleur de peau.

Allons interroger les vigiles.

Moui...

Ruben n’a jamais aimé les blondes, feulai-je à Victor en nous éloignant du bar. J’éprouvai le besoin d’extérioriser ce que j’avais sur le cœur, et mon coéquipier savait se taire pour écouter. C’était même ce qu’il faisait de mieux depuis notre arrivée dans le Colorado. Il déclarait toujours "pas mon genre", même en parlant de mannequins mondialement connues comme Candice Swanepoel ! Un jour que j’avais fait une teinture blond vénitien, il m’a dit que j’étais moche avec cette couleur, moi sa propre sœur !

Je croisais les bras sous ma poitrine, les narines gonflées d’irritation. La blessure de cette remarque désobligeante n’avait jamais guéri totalement. (Moi, susceptible... ?) J’en arrivais à la conclusion irréfutable que mon frère était sous la férule d’un envoûtement. Ce n’est pas l’amour qui rend aveugle, mais le désir qui prend la main de la naïveté pour la conduire à la bêtise. Un scénario s’élabora à l’intérieur de mon crâne. Je me campai face à Victor, scannant les alentours à la recherche de personnes louches.

Tu sais quoi ? Je ne serais pas surprise qu’un mafieux aux origines vénézuéliennes soit tombé sous le charme de cette séductrice et la veuille pour lui seul. Et donc que mon frère, le bon samaritain de service, se trouve mêlé à une stupide histoire sulfureuse !

Cela ressemblait au scénario d’un mauvais film, mais pourquoi pas ?
Je claquai ma langue et répondis enfin à la proposition de mon coenquêteur :

Fais ce que tu as à faire auprès des vigiles, ils m’ont l’air plus attentifs aux trémoussements des filles dénudées qu’à leur clientèle masculine... Moi, je vais tenter ma chance auprès des serveuses. Je tomberai peut-être sur une vraie blonde au courant de toute l’affaire, et qui pourra me renseigner sans baver en pensant à Goldie !

Evidemment, comme pour me donner tort, un vigile écarta avec professionnalisme un client trop entreprenant sur le devant de la scène. Cette soirée n’avait pas fini de me taper sur les nerfs...
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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyVen 26 Jan 2024 - 21:26#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Victor n’encouragea guère Tori dans son scénario délirant. Ne chercha pas non plus à le balayer d’un revers de la main. Conscient que seules des preuves accablantes leur épargneraient le flambloiement d’une dispute. Avant de se séparer, il rappela à la linguiste qu’il gardait un œil sur elle, en cas de besoin, et qu’il accourrait au premier signe de sa part.
— Bonne chance.
Elle en aurait besoin pour ne pas repousser les serveuses avec son comportement de lionne en colère.

Les vigiles, au nombre de six, étaient aisément identifiables par leur carrure de catcheur de la WWE et le brassard autour de leur biceps droit – souvent épais.
Le premier, un chauve de cent-quarante kilos, refusa de parler. On ne le payait pas pour bavasser. Pour les renseignements, il fallait prendre rendez-vous avec le patron. Victor n’insista pas.
Le deuxième, ancien conducteur poids lourds dans une brigade militaire de soutien, travaillait au Deja Vu de façon occasionnelle. Il confia au sergent Nash tout ce qu’il savait, c’est-à-dire peu de choses. Le vigile ne connaissait pas Ruben. Des bagarres, ou plutôt des débuts de bagarre rapidement matée, il s’en produisait fréquemment. Aucune ne l’avait marqué plus que les autres. Pas très physionomiste, l’ancien militaire. Sauf pour les danseuses. Il regrettait le départ de Goldie « bandante mais quand même un peu fluette ». Il lui préférait « la nouvelle aux gros nénés ». Victor n’insista pas.
Le troisième lui conseilla d’aller voir ailleurs s’il y était. Victor n’insista pas.
Le quatrième se montra compréhensif. La cinquantaine, ventre à bière, longs cheveux roux rasés sur les côtés, tee-shirt de métalleux. Ancien marine. Précis, sérieux. Il confirma et précisa les dires du barman. Une idylle compliquée entre Goldie la stripteaseuse et le caporal Ruben Espinoza. Un cliché qui n’avait rien de fictif dans un nightclub fréquenté par des militaires. Les deux tourtereaux ne venaient plus au Deja Vu. L’ancien marine n’en savait pas plus. Pas là non plus le soir de la bagarre. Victor commençait à croire que sa chance l’abandonnait.
— J’évite de me mêler des histoires de cœur, dit-il poliment quand d’autres auraient cité une partie plus charnue de l’anatomie. Mais tu peux demander à Woo-woo, c’était un bon pote de Ruben.
— Woo-woo ?
Le vigile désigna une tablée de militaires.
— Le brun au look de jeune premier. Sergent-chef William Wool, 12e d’infanterie. Tout le monde l’appelle Woo-woo. Un flambeur, mais rudement bon à ce qu’il parait. Très physique. Moi, je demande à voir.
Victor observa le sergent-chef Wool. Entre vingt-cinq et trente ans, taille légèrement au-dessus de la moyenne, musculature légèrement plus développée que la moyenne des militaires. Il ressemblait à Victor au même âge. L’énergie de la jeunesse, avec l’expérience qui venait pour en tirer profit. Barbe de trois jours, nez droit, profil avantageux, il parlait plus que les autres et on l’écoutait. Aucune fille à la table. L’emplacement de Woo-woo offrait la meilleure vue sur la scène.
— Carré VIP ? demanda Victor.
Un haussement d’épaules lui répondit.
Woo-woo levait le bras avec enthousiasme et glissait deux doigts – pouce et majeur – entre ses lèvres pour siffler la nouvelle stripteaseuse. Celle-ci assurait un spectacle remarquable, électrisant. Deux fouets ondulaient, fendaient l’espace autour de son corps dénudé. Émoustillaient le public galvanisé par la consommation de boissons alcoolisées vendues avec une marge conséquente. Sex sells.
— Merci, le Jarhead.
L’ancien marine eut un sourire.
— Ça fait des années que je me laisse pousser les cheveux sur le dessus. Je passe moins pour un gland chez les métalleux.
— Cette coupe te va bien, mentit Victor. Ça doit en jeter quand tu assistes à un concert.
Il abandonna le roux à son travail de vigilance et rejoignit Tori :
— Ruben t’a déjà parlé d’un sergent-chef William Wool, alias Woo-woo ?

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 28 Jan 2024 - 18:34#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
J’essayais de trouver une serveuse disponible pendant que Victor interrogeait les vigiles, mais le personnel était très occupé à cette heure de forte influence. L’une d’elles m’affirma rapidement que Goldie était discrète, et que j’aurais plus de chance auprès des "showgirls", comprenez par là ses anciennes collègues qui se trémoussaient sur la piste de danse. Victor eut plus de succès que moi.

Ruben t’a déjà parlé d’un sergent-chef William Wool, alias Woo-woo ?

Encore un pan de sa vie dont j’ignorais tout ! Si vous avez de la famille dans l’armée, vous savez que ça n’a rien d’exceptionnel. Les militaires ont une capacité incroyable à séparer travail et famille. Ils deviennent généralement plus sociaux quand une amoureuse entre dans leur vie, quand ils se marient et deviennent parents. Ruben se confiait très peu sur ses relations professionnelles, et quand je l’interrogeais, il restait vague...

Non, répondis-je en fusillant Victor du regard. Vous les hommes en uniforme, vous avez la fâcheuse habitude de nous cacher les choses importantes.

N’est-ce pas, sergent Nash ? Ma colère s’était ravivée, mais cette fois Victor n’était plus la cause. Je trouvais même sa présence apaisante, réconfortante. Il était calme et efficace, encaissant avec un remarquable stoïcisme ma mauvaise humeur. J’aurais aimé que l’on s’explique, qu’on prenne le temps d’avoir une vraie discussion, mais pour l’heure j’avais besoin du soldat enquêteur concentré sur sa mission. Ruben en avait besoin. Le moment venu, si Goldie était responsable de ses malheurs, je m’occuperais personnellement de son cas.

Allons voir si ce sergent-chef William "Woo-woo" Wool est vraiment un bon ami de mon frère ! Tu me laisses parler d’abord, s’il te plait !

Et si ça ne plaisait pas au sergent Nash, il pouvait attendre dehors. Je pris les devants et me présentai à la table de militaires comme la sœur du caporal Ruben Espinoza. Cette fois, il ne fut pas nécessaire de montrer sa photo sur mon téléphone. A voir comment les soldats me reluquaient, sans aucune gêne, je ne suis même pas sûre qu’ils auraient regardé.

Ruben m’a parlé d’une sœur aînée, mais ce coquin m’a caché que vous étiez Miss America. Je vous offre un verre ?

Qu’est-ce que je disais à propos de la séparation travail et famille ?
Le comportement séducteur de ce Woo-woo m’en apprenait beaucoup sur lui. Il avait un physique à tomber, des traits plutôt flatteurs, et j’imaginais très bien Ruben se tenir dans l’ombre de cet homme à succès. D’ailleurs, il dominait les autres militaires comme un chef de meute. Pourtant, je ne le sentais pas. En fait, je ne sentais personne depuis notre arrivée à Colorado Springs...
Je m’interposai entre lui et la scène où une nouvelle danseuse faisait son show, écartai les cheveux de mon cou et adoptai une posture aguicheuse qui offrait beaucoup aux regards de ces messieurs.

Moi, il ne m’a jamais parlé de vous, Woo-woo, souris-je avec provocation. Quel sobriquet ridicule, quand même ! Je me rappelle un garçon qui nous appelait "les Pipi-noza" quand nous étions enfants, eh bien je peux vous dire qu’il a très vite arrêté ! Ni aucun de vous, d’ailleurs. Je balayais les autres du regard, puis revins à leur leader. Il parait pourtant que vous êtes proches. Vous savez peut-être où se trouve Ruben ? Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ? Comment était-il ?

Il se mit à rigoler, une moue charmeuse lui plissa les lèvres, puis s’enfonça dans son siège. Le sergent-chef Wool était relâché, sûr de lui, un brin arrogant. Dix ans plus tôt, cet homme m’aurait sans doute attirée sans ce je ne sais quoi qui me dérangeait. Il trempa ses lèvres dans son verre, promenant son regard sur mes courbes.

Une danse, et je te dis tout ce que tu veux savoir sur ton frère.

Woo-woo était vite passé au tutoiement ! Et c’était quoi, cet ami en carton qui mettait une condition à ses confidences ? Je levai une main afin de couper court à une intervention de Victor, il prenait toujours son rôle de protecteur très au sérieux. Malgré la colère qui m’habitait, j’avais également remarqué son absence d’intérêt pour les filles sur scène, ce qui au fond ne m’étonnait pas. J’avais même le sentiment qu’il n’appréciait pas cet endroit plus que moi.

Je danse, et tu réponds à toutes les questions de mon... chauffeur.

Je posai un regard volontaire sur Victor et l’intimai à coopérer. J’avais confiance en lui pour tirer les vers du nez à Casanova et sa bande, entre militaires de sexe masculin. Spécialement si je distrayais ce beau monde en assurant le spectacle.
Woo-woo frappa ses mains avec un vif enthousiasme et ses copains m’arrosèrent d’encouragements peu subtils. Je feignis de me sentir flattée et soufflai sur les braises de leur libido grossière, sifflant une de leurs bouteilles avec provocation. En réalité, je commençai à paniquer et me suis dit qu’une gorgée ou deux d’alcool aiderait à me désinhiber... La showgirl avec ses fouets était incroyable ! J’essayai de m’imaginer à sa place, et aussitôt mon ventre se noua. En me dirigeant vers les coulisses, je cédai au besoin compulsif de frôler la main de Victor et absorber un peu de son immense courage. Mon cœur battait à deux cents pulsations. Dans quoi m’embarquais-je ?
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Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMar 30 Jan 2024 - 22:03#

Tempest ↯ Victor & Tori
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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
— Vous les hommes en uniforme, vous avez la fâcheuse habitude de nous cacher les choses importantes.
Victor encaissa douloureusement. Sans broncher. Il s’était enveloppé d’une armure mentale, mais Tori parvenait quelquefois à dénicher une faille. À planter sa dague acérée entre les jointures de la cuirasse.
— Allons voir si ce sergent-chef William "Woo-woo" Wool est vraiment un bon ami de mon frère ! Tu me laisses parler d’abord, s’il te plait !
Victor sentit qu’il n’avait pas le choix. Un refus signerait la fin de leur aventure, le renvoi express à Monterey. C’était pourtant l’option la plus sensée. Bien que plus âgé, Victor n’atteignait même pas le grade de Wool. Ses potes et lui passaient la soirée dans un bar à striptease. Aucune chance qu’ils se livrent à la sœur en colère d’un piètre caporal qui avait quitté l’armée. Surtout quand la sœur portait une robe à tomber et que la femme dessous l’était encore plus. Ils allaient essayer de jouer avec elle et la soirée allait mal finir. Ou bien ils tomberaient à ses pieds et lui diraient tout ; Victor ne pouvait totalement exclure que Ruben fût ami avec des demeurés dont les deux lobes cérébraux logeaient dans leurs testicules.
Leur tablée était proche de la scène. Victor salua le groupe d’un signe de tête. Demeura muet. Observa.
Woo-woo était le genre de type moins débile qu’il en avait l’air. Pas les autres. Ça se voyait. Le couteau affûté du tiroir entouré de coupe-papiers émoussés. Victor n’aimait pas la manière dont chacun d’entre eux regardait Tori. Des regards purement lubriques. Seul Woo-woo sortait du lot ; séducteur et joueur. Victor révisa son pronostic. Grâce à son numéro de charme bien maîtrisé, Tori avait une chance sur cent d’obtenir les renseignements qu’elle réclamait.
— Une danse, et je te dis tout ce que tu veux savoir sur ton frère.
Victor fit un pas en avant afin de mettre le holà à cette stupide montée des enchères.
Si tu crois que Tori va se désaper pour toi, mon pote, tu te mets le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
La linguiste le rembarra sèchement.
— Je danse, et tu réponds à toutes les questions de mon... chauffeur.
Le visage de Tori montrait une détermination à toute épreuve. Elle avait décidé et Victor n’avait aucun moyen convenable de l’influencer. Il avait perdu ce pouvoir après avoir pris la décision de trop pour eux deux. À présent, il comprenait mieux la frustration qu’elle avait ressentie à Baker.
Le groupe de militaires se perdit en acclamations vulgaires. Victor glissa un avertissement à Tori :
— Je ferai le job. Mais si tu te perds en chemin, mon devoir de chauffeur sera de te trouver et de te ramener illico.
Leurs mains se frôlèrent. Victor serra furtivement celle de Tori entre ses doigts. Juste assez pour appuyer ses mots d’un acte concret, charnel. Elle se dirigea vers les loges. À l’instar de ses confrères de la 4e division d’infanterie, Victor demeura silencieux jusqu’à ce que le déhanché de sa robe moulante se fonde dans l’obscurité.

— Salut les gars. Sergent Nash. Ancien de la 2e brigade Stryker.
— Les Montagnards ?
Victor acquiesça.
— 1er puis 2e bataillon, avec les Lethal Warriors. Operations Iraqi Freedom, Enduring Freedom, Freedom's Sentinel.
Marques de respect.
— Les Lethal Warriors, ils ont la rage ! Ils ont encore défoncé la compétition à l’Ivy Week l’année dernière. Les Red Warriors du 1er bataillon ont fait une belle deuxième place, mais putain, c’étaient bien les seuls à leur donner du fil à retordre.
— Pas surprenant.
Poignées de main. Chacun se présenta : grade, affectation, sobriquet de la compagnie. Les éléments fondamentaux de l’identité d’un militaire. Marty l’artilleur, qui fumait clope sur clope. Jackson, à l’approvisionnement, tic nerveux de se tordre les doigts. Floyd et Boyd, infanterie, des quasi-jumeaux imberbes. Tous trop jeunes pour avoir fréquenté les théâtres d’opérations des décennies précédentes. Trop peu marqués pour avoir connu la fin du déploiement américain en Afghanistan. Aucun ne cita de mission marquante, parce qu’il n’y en avait pas. Des bleus qui n’avaient guère vécu le fracas des détonations et le péril des embuscades, sinon à l’entrainement. Le domaine d’expertise du sergent-chef Wool, lequel travaillait dans l’organisation et la mise en œuvre des entrainements. Champs de tir, parcours d’obstacle, les divers exercices physiques et sportifs qui préparent les soldats à la guerre. Un poste de planqué, mais qui exigeait un excellent niveau de polyvalence au nom des principes d’exemplarité et de compétences. Un lien possible entre les séances de tir et le bilan des munitions que Ruben Espinoza avait réclamé à Fort Irwin. Tori allait devoir assurer sur scène pour aborder ce sujet délicat avec Woo-woo.
— Tu serais pas le Nash qui détient le record au parcours ? demanda Marty l’artilleur au milieu d’un nuage de fumée.
— Je me débrouillais pas mal.
— Pas seulement au PO, enchérit Floyd. Il me torche à la corde, et pourtant j’ai le meilleur chrono des Fighting Eagles.
Les jeunes combattants sifflèrent et hochèrent la tête. Woo-woo écoutait. Manifestement, ces types étaient passionnés des compétitions que Fort Carson organisait afin d’émuler les troupes. Une passion que Victor pouvait utiliser à son avantage.
— Les Fighting Eagles ont du cœur, mais les gars des blindés vous pénalisent. J’en ai encore fait l’expérience récemment : un fantassin vaut au minimum deux tankistes. Tu n’atteindras jamais tes limites en restant dans une brigade mécanisée.
Floyd acquiesça.
Woo-woo demeurait étonnamment silencieux. Ses doigts pianotaient l’accoudoir du sofa où il prenait ses aises. Victor sentit qu’il l’évaluait.
Jackson, une main tordue dans l’autre, lança d’une voix aiguë :
— Woo-woo est arrivé 2e à la dernière Coupe du fantassin l’année dernière, 3e l’année précédente. On lui a promis une mégateuf s’il gagne cette année !
Victor tourna la tête vers le sergent-chef Wool.
— Félicitations !
En plus des compétitions collectives dont l’Ivy Week était la plus prestigieuse, les compagnies d’infanterie désignaient des champions qui concourraient dans plusieurs épreuves individuelles : tir, lancer de grenade, parcours d’obstacle, courses à pied avec et sans barda, simulation d’extraction, et autres. La Coupe du fantassin était un championnat de décathlon à la sauce militaire. Le vigile qui avait servi chez les marines s’était trompé : Woo-woo était vraiment une pointure dans son domaine.
— La 1re place ne sera pas facile à atteindre, euphémisa-t-il. Plus de six mille concurrents, se rappela Victor. Mais je me donnerai à 200% pour la fiesta du siècle, vous pouvez me croire !
— Hourra !
Le champion leva le poing, un sourire carnassier aux lèvres.
— Ouais ! Tu vas tous les défoncer ! appuya Jackson. Un vrai groupie.
Boyd, peau lisse comme celle un bébé, intervint :
— Donne des conseils à notre Woo-woo, l’ancien, puisque t’étais si bon !
Le gars dépassait vingt ans de peu et donnait l’impression d’en avoir cinq de moins. Pour lui, Victor s'était évadé d'une maison de retraite. Un sentiment que Victor éprouvait en songeant au Presidio de Monterey.
Son faux jumeau Floyd, calé en palmarès, nuança :
— T’as jamais fait un podium à la Coupe du fantassin, Nash. Je m’en souviendrai.
— Les Lethal Warriors ont remporté l’Ivy Week chaque année nous étions à Fort Carson pour y participer. On voulait être au top et nous l’étions. Le reste importait peu. C’est vrai qu’en individuel, je n’ai jamais brillé au classement final.
Intervention de Marty l’artilleur :
— Pourquoi ça ? T’arrivais pas à assumer les épreuves collectives et individuelles ? Trop fatigant ?
— Non. J’étais incapable d’accrocher les meilleurs dans certaines disciplines. Impossible de suivre un excellent coureur de soixante kilos sur douze kilomètres quand on en pèse quatre-vingt-huit. Et surtout, je perdais énormément de points aux épreuves de tir.
Floyd relança :
— Nerveux ? Problème de vue ?
— Ou de tremblote ! enchérit Boyd.
— Rien de tout ça. Problème de motivation. J’ai toujours eu du mal à trouer ou exploser des cibles en carton inoffensives. En Irak et en Afghanistan, je n’ai jamais eu ce problème.
Silence. Victor avait plombé l’ambiance comme un avis de décès à une fête de Noël. Il reçut une tape dans le dos. Woo-woo.
— Et c’est tout ce qui compte, mon pote. Les vrais ne font pas ça pour la gloire, pas vrai ?
Victor acquiesça.
Woo-woo sourit, puis s’adressa à la bande.
— On va arrêter les concours de taille de bite, les gars. Nash nous a rappelé le plus important : l’esprit de groupe ! Alors on va profiter de la soirée en groupe. (Il offrit une bière à Victor et leva la sienne.) À notre nouveau pote, Nash ! À Ruben ! À la 4ID !
Tout le monde approuva. Ils trinquèrent. Victor avec moins d’enthousiasme que les autres.
— Tu nous fais le plein ?
Woo-woo confia un billet à l’artilleur bavard. Lequel s’exécuta. Le sergent-chef Wool avait repris la main. Il passa un bras autour des épaules de Victor. Haleine d’orge fermentée.
— Écoute, Nash. J’ai pas envie de balancer mon pote Ruben, tu comprends ?
Victor resta impassible. Les militaires obéissaient à une loi tacite du silence au même titre que les mafieux et les taulards. Par défaut, il préférait croire que les premiers appliquaient cette loi avec plus d’honorabilité que les derniers. Mais il savait que ce n’était pas toujours vrai. Max Huddleston et sa bande lui en avaient encore fourni la preuve.
— Il m’a parlé de sa famille. Un paternel commandant dans la police militaire, des gens plutôt rigides et coincés qui ne le comprennent pas.
Victor ne dit rien. Il désapprouvait silencieusement. La discipline, les valeurs fortes projettent une image de rigidité aux gens qui en manquent. Et Tori était tout sauf coincée. Exigeante, enflammée, piquante, mais certainement pas coincée.
— Je sais où est Ruben, mais je crois pas qu’il voudrait que ça se sache.
Victor regarda Woo-woo dans les yeux.
— Il voudrait encore moins que sa sœur le découvre par ses propres moyens. Et tu peux me croire, elle va le découvrir. Rien ni personne ne l’arrêtera.
Woo-woo détourna le regard. Victor eut le temps de le voir ciller. À présent, son visage virait à la stupéfaction. Woo-woo observait la scène comme un croyant devant l’apparition du Saint-Esprit.
Victor regarda dans la même direction. Aperçut une cape noire voler dans les airs. Une Tori métamorphosée commença à mouvoir son corps devant un public subjugué. Elle était stupéfiante, diablement sensuelle. Une vision à perdre sa mâchoire inférieure et faire jaillir les orbites.
— Ruben avait tort au sujet de sa frangine. Elle est pas rigide et coincée.
— Tu l’as dit.
Victor n’était pas subjugué comme les autres. Il l’était plus profondément, car il contemplait Tori au-delà du mirage enjôleur de l’apparence.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 4 Fév 2024 - 16:42#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Et puis, je ne suis pas une novice ! clamai-je avec aplomb, mains sur les hanches, dressée de toute ma hauteur rehaussée par mes talons de cinq centimètres.

Je conclus ma demande face à l’imposante responsable des spectacles,  soutenant son regard inquisiteur. Il fallait que je monte rapidement sur scène, et j’avais pour cela argué que je voulais à tout prix "remporter un défi" auprès de mes amis dans la salle. Ma détermination farouche tapait dans l’œil de la matrone, et ma robe moulante lui montrait que mon physique possédait tous les atouts pour enflammer la clientèle du Deja Vu. Merci la génétique et le sport ! Je voyais que la responsable évaluait le rapport bénéfice/risque dans sa caboche calculatrice. J’étais une parfaite inconnue, sans références à offrir, et si une fille faisait n’importe quoi sur scène, il y aurait des conséquences pour elle et le club...

Tourne-toi, pour voir ?

Je m’exécutai, tournoyant à l’aide de mes hanches et d’un jeu de jambes sans accro. La base ! Ma touche personnelle ? Je levai les bras avec sensualité et me cambrai, ondulant pour mettre mes courbes féminines en exergue. Je n’avais jamais dansé sur la scène d’un nightclub, contrairement à ce que j’insinuais, mais je savais comment générer du désir. Le visage de la responsable se métamorphosa, elle eut un sourire carnassier et donnait l’impression que des dollars clignotaient à la surface de ses prunelles. J’ignorais sa position exacte dans l’organigramme du nightclub, mais elle avait tout d’une femme d’affaires redoutable ! Très satisfaite de ce qu’elle avait vu et entendu, elle me conduisit jusqu’à la loge afin de choisir un costume et me préparer. Je saluai les filles, dissimulant le trac qui me nouait les entrailles. Je me sentais comme la gamine qui saute dans la grande piscine après avoir seulement barboté dans le petit bassin...
La maquilleuse, une madre très accueillante qui s’appelait Eliza, me prit immédiatement en charge et m’aida à bâtir un personnage. La responsable avait déjà disparu, je ne connaissais même pas son nom. D’emblée, Eliza comprit que j’allais me donner en spectacle pour la première fois. Elle promit de garder cette information pour elle et m’assura que tout irait bien.

Ne réfléchis pas et laisse-toi aller ! Les hommes seront trop obnubilés par tes formes pour remarquer que tu es nerveuse. En plus, la plupart sont déjà éméchés !

Vu sous cet angle... En tout cas, Eliza m’apporta une aide considérable en un temps record. J’étais satisfaite de mon costume de cowgirl, des mouvements fluides qu’il me permettait d’accomplir et des compromis sur ma vertu que nous avions trouvés. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans elle, et la remerciai d’une chaleureuse accolade très latine. La madre eut l’air plus émue que moi !
Croyez-moi, il faut énormément de courage pour monter sur scène. Je m’en rendais compte alors que je me postai derrière, transformée par le talent d’Eliza et des instructions plein la tête. Mon corps tremblait malgré moi, sans que je parvienne à le contrôler. Mes yeux s’ébahissaient de la danseuse qui terminait son show, vêtue de rien d’autre qu’un bout de ficelle entre les fesses et un mini cache-sexe de l’autre côté. Maintenant que je pénétrai dans leur univers, ma perspective n’était plus la même qu’à mon arrivée au nightclub. La fille paraissait indifférente aux dizaines de paires d’yeux lubriques braqués sur son corps, aucun de ses muscles ne tremblait et elle bougeait avec une souplesse incroyable.
Mais comment elle fait ça ??
Moi, tapie dans l’ombre, je frissonnais comme une Floridienne en Antarctique et mes jambes s’étaient changées en barres de plomb. Je n’étais pas quelqu’un de prude ou timide, cependant je refusais viscéralement d’exhiber ma nudité (à un bout de tissu et une cordelette près !) à une foule de regards libidineux. Il me fallait pourtant briller sur scène, afin de gagner le respect des autres showgirls. Elles détenaient assurément des informations sur Goldie, et comme pour Victor avec ses militaires, les filles se confieraient plus facilement à l’une des leurs. C’était mon plan depuis le début, même si j’avais fait croire à Woo-woo que je dansais uniquement pour le satisfaire.
Je félicitai la fille luisante de sueur qui passait devant moi, admirative de sa maitrise et de sa force de caractère.
Bientôt mon tour !!
Profitant d’une accalmie dans les lumières vives et la musique assourdissante, je fermai les yeux et pris une grande inspiration. Mes fichus nerfs refusaient de coopérer, alors je lançai un appel désespéré à la formidable volonté qui coulait dans mon sang, à l’amour et aux regrets que j’éprouvais envers mon frère. Quand je rouvris les yeux, la responsable était de retour. Elle me fusilla de son regard perçant et leva un pouce, signal du départ pour moi et les opérateurs. On risquait gros à décevoir cette matrone redoutable...
La scène plongea dans la pénombre, des basses puissantes vibrèrent autour et à l’intérieur de moi. Le cœur tambourinant contre ma poitrine, les bras croisés sous une cape noire, j’avançai en roulant des hanches sous la lumière de spots colorés. Seigneur, il y avait un monde fou et j’étais devenue le centre d’attention...
Ne pas réfléchir et se laisser aller !!
Spontanément, je synchronisai ma démarche sur la ligne de basse et me sentis gagner en puissance. Arrivée au bout de la scène, je rejetai violemment la cape en arrière et me libérai symboliquement de ma nervosité. Des sonorités électroniques crevèrent la salle et mon palpitant imita le boum-boum qui donnait le pouls de la salle. Je me cambrai sensuellement et me mis à danser...
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Victor Nash

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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyJeu 8 Fév 2024 - 21:05#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Mâchoires serrées, Victor observa l’entrée en scène de Tori. De longues secondes qui éblouirent ses rétines et imprégnèrent sa mémoire pour toujours. Il attendit de croiser le regard de la courageuse linguiste, s’efforça d’exprimer son soutien à distance, puis reporta son attention sur le sergent-chef Wool.
— Tori a respecté sa part de l’accord. À ton tour. Où se trouve Ruben Espinoza ?
Woo-woo ne détachait pas les yeux de la scène. En face, le reste de la bande se contorsionnait pour ne rien rater du spectacle.
— Il est à Vegas avec sa copine.
— Goldie ?
— Ouais. Enfin, Goldie, c’est un nom de scène. Pour Ruben, c’est June. Elle a un petit nom sexy, Tori ?
— Pas que je sache. June comment ?
— Je sais pas. Putain, c’est une vraie diablesse, la frangine !
Victor fixait toujours le sergent-chef.
— Quand ont-ils quitté Colorado Springs ?
Woo-woo souffla, consulta le plafond à contrecœur comme pour fouiller ses souvenirs.
— Je ne sais pas trop. Ruben m’a simplement dit qu’ils partaient ce mois-ci. On s’est revus une seule fois depuis la fête d’adieu, après son départ de l’armée. Il avait déjà la tête ailleurs avant ça, même au boulot. Je veux dire, plus que d’habitude.
Woo-woo ricana.
Victor songea que le scénario romanesque de Tori gagnait en crédibilité.
— Goldie lui a retourné le cerveau, si tu veux mon avis. Pas vrai, les gars ?
Tous opinèrent comme des automates, sauf un. Marty ne captait plus rien en dehors des mouvements aguicheurs de Tori. Un artilleur concentré sur sa cible. La musique électrisait la salle : le DJ coiffé d’une crête indigo s’en donnait à cœur joie et dansait sur ses platines. L’atmosphère du Deja Vu avait changé depuis l’apparition de la métisse, à la manière d’un charme magique s’abattant sur la foule. Victor se demanda si Goldie ou n’importe quelle artiste avait produit un effet similaire depuis l’ouverture de l’établissement. Il évitait d’observer le show plus d’une fraction de seconde afin de ne pas succomber à son tour. La distraction est l’ennemie du soldat en mission.
— Pourquoi sont-ils partis à Las Vegas ? Quand penses-tu avoir de ses nouvelles ?
Woo-woo afficha le sourire de celui qui énonce des évidences.
— Tu rigoles ? Qu’est-ce que tu crois que les couples font à Vegas ? Je serais pas surpris que nos deux tourtereaux se mettent la bague au doigt, tiens ! C’est tout ce que je lui souhaite, à notre bon vieux Ruben. T’imagines, une belle épouse qui te fait un strip d’enfer après le boulot ?
Victor contempla Tori, son déhanché séducteur et sa tenue affriolante. Élévation de la température corporelle, accélération du pouls. Sensation d’être happé, harponné. Elle le fixait de son regard abyssal, envoûtant. Pression croissante sur la cage thoracique, émoi de l’âme. Charme hypnotique, magique. Victor détourna les yeux in extremis. Il comprenait l’enthousiasme de Woo-woo et l’hypothétique ensorcèlement de Ruben.
— Quand penses-tu avoir de ses nouvelles ? reprit-il d’une voix rauque.
— Pas de sitôt, mon pote ! Silence radio. Ruben m’a prévenu. Il veut profiter un max avant sa nouvelle vie. C’est qu’on s’emmerde comme un rat mort, dans le civil. Ma parole, c’est une putain de cowgirl, la frangine. Elle a le feu !
Victor résista à l’envie impérieuse d’observer la scène.
La mission. Plus de distraction. Trop dangereux.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 11 Fév 2024 - 17:00#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
On dit souvent que la danse est libératrice, qu’elle remonte à la surface des choses enfouies à l’intérieur de nous. Sur la scène du Deja Vu Showgirls, j’en fis l’expérience puissante.
Débordante d’énergie, je piétinais et bondissais à travers l’espace. Ma chorégraphie féline se synchronisait avec les basses sourdes et les beats nerveux de la musique électro. Sans cesse remuante, je me touchais les hanches, le ventre, les seins, à travers mes doigts gantés. Les spots multicolores, braqués sur moi, magnifiaient mes gestes vifs et provocateurs. Le public adorait ! Je n’éprouvais aucun malaise, aucune honte. Je puisais ma fougue dans la colère qui m’avait conduite jusqu’à cet endroit, depuis la disparition de Ruben et l’agression que j’avais subie à Fresno. Je puisais mon audace dans la colère qui brouillait mon esprit depuis ma dispute avec Victor, le protecteur et amant qui avait chamboulé mon existence. Victor Nash, j’en revenais sans cesse à lui. Plus je dansais, plus je ressentais sa présence impalpable en moi et autour de moi. Ces jours intenses passés ensemble m’avaient profondément marquée, plus qu’aucune autre relation, et que dire de notre nuit inoubliable...
Je fixai Victor dans la foule et me caressai avec impudeur, ondulant mon corps frustré de ne plus sentir la tendresse de ses mains, l’ardeur de ses baisers, sa virilité à l’intérieur de moi... A en juger par les réactions de la salle, je venais d’enflammer la libido des plus récalcitrants. Je les ignorais et poursuivis ma danse lascive, ne regardant que LUI. Mon chauffeur cinq étoiles était assis juste à côté de Woo-woo, alors ce crétin croyait que je dansais avec cette débauche de sensualité pour ses beaux yeux. Son regard lubrique dévorait mes courbes aguicheuses et il passait sa langue entre ses dents de façon obscène. Woo-woo croyait détenir un pouvoir sur moi, mais c’était l’inverse. J’étais certaine qu’il bandait sous son pantalon et ses amis également. Il parlait à Victor, lequel paraissait très sérieux et concentré, sans me lâcher des yeux. J’éprouvais d’abord de la répugnance, puis très vite de l’amusement, et enfin je me sentis toute puissante. J’avais choisi de monter sur scène, je contrôlais mon corps qui brûlait d’une énergie intense et sensuelle, et je contrôlais aussi chaque réaction de mon public. Ce que je ne contrôlais pas ? Le tumulte de sentiments qui se déversaient en moi avec fracas, irriguaient l’ardeur de ma danse et libéraient les entraves de mes désirs. Oui, la danse est cruellement libératrice... L’origine de mon embrasement ? LUI, le seul spectateur qui me regardait dans les yeux et y plongeait profondément, jusqu’à atteindre mon âme. Mon cœur pulsait à un rythme effréné, et pourtant marquait une pause chaque fois que ses iris bleutés croisaient les miens. Malgré la distance qui nous séparait, leur intensité électrisait la surface de ma peau. Je chauffais la salle avec l’objectif de retrouver Ruben, mais c’était Victor qui me conférait cette énergie phénoménale... jusqu’à ce qu’il m’ignore totalement.
Ma frustration redoubla. Privée de son soutien, déboussolée, je m’alanguis dos au mur, levai un bras pour assurer mon équilibre et posai l’autre sur un genou, écartant les jambes en rythme et ondulant du bassin avec impudeur, un rideau de franges hypnotiques dansant entre mes cuisses. Pourquoi détournait-il les yeux de la scène ? Comment osait-il ? Une foule d’anonymes m’admirait tout en continuant à siroter leurs verres, à fumer et à discuter, mais pour le sergent Nash qui attrape des serpents à mains nues et attaque des chars d’assaut avec un fusil vide, m’accorder son attention était visiblement incompatible avec son interrogatoire ! Je bondis de mon mur, fendis la scène avec détermination, caressai ma poitrine puis me penchai en avant, mimant un baiser sexy à la foule. Je voyais remuer les lèvres de Victor, celles de Woo-woo lui répondre, et devinez qui des deux me reluquait tandis que l’autre m’exposait son profil figé dans l’indifférence ? Peut-être bien que je me faisais des idées et que mon show ne l’intéressait pas du tout ? Peut-être bien que je fantasmais tellement sur lui que je projetais mes propres désirs ?
Peut-être bien que je ne l’intéresse plus, tout simplement !!
Ou alors monsieur jouait encore au soldat froid et détaché de tout, sauf de sa mission. La fureur incendia à nouveau mes veines, j’étais plus frustrée que jamais ! J’avais la ferme intention de mettre les choses au clair, et pour y parvenir, je donnai un second souffle à mon show sulfureux...
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMer 14 Fév 2024 - 21:32#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Concentré sur le sergent-chef Wool, Victor poursuivit :
— Pour quelle raison Ruben a-t-il quitté l’armée ?
Woo-woo cogita. Il était tellement obnubilé par le show de Tori que ses capacités de réflexion semblaient fonctionner par intermittence.
— Franchement ? J’aime bien Ruben, c’est un bon gars, mais il n’avait pas la vocation. Passer caporal à vingt-huit ans, tu te rends compte ? Même un hérisson avance plus vite. Alors il a suffi qu’une nana qui sait ce qu’elle veut entre dans sa vie pour quitter le navire. Il n’a pas dit les choses de cette manière, mais c’est ce que j’ai compris. Ruben est raide dingue de June, et les filles comme elle attendent le bon gars pour arrêter de se désaper sur une scène.
Des points supplémentaires en faveur du scénario de Tori. Un scénario que Victor rejetait viscéralement – par intuition, ou à cause de son aversion pour la ville de débauche que le monde surnommait Sin City.
— Pourtant, ils sont partis à Las Vegas. Un abyme de luxure et de folie qui détient le triste record de showgirls par kilomètre carré.
— Une manière de fermer la boucle ! Dis, elle a quelqu’un, la frangine ? Parce que…
Victor coupa :
— Est-ce que Goldie – June – a de mauvaises fréquentations ?
Cette fois, Woo-woo répondit du tac au tac.
— Je suis client au Deja Vu, pas son maque !
— Goldie avait un maque ?
Woo-woo descendit la moitié de sa bière en deux goulées agacées.
— Pose-lui la question quand tu la verras. C’est bientôt fini ? Je sais rien de plus. Et j’aimerais profiter du spectacle, parce que putain, Tori elle…
Victor repensa à Fresno.
— Sais-tu où Ruben a l’intention de s’installer ?
Soupir las et résigné de Woo-woo.
— Aucune idée. Il a dit qu’il me tiendrait au courant. À mon avis, il va quitter l’état et se fondre dans le paysage. C’est ce que font la plupart des petits soldats qui veulent tourner la page. Tori n’est pas au courant ?
— Elle lui a conseillé Fresno, en Californie.
— Ah.
— J’ai conduit Tori là-bas. On a trouvé des cartons. Expédiés depuis Fort Carson.
— T’es vraiment son chauffeur, alors ?
— Les bordereaux affichaient le code d’expédition de la 4ID.
— Ouais, j’imagine que le service des déménagements a empaqueté le reste de ses affaires pour lui envoyer.
Victor scruta le visage du sergent-chef.
— Les cartons étaient crevés. Au couteau.
Victor résuma l’attaque. Ne révélant que les informations indispensables.
Woo-woo siffla, l’air abasourdi.
— Eh bien, quelle histoire ! Des cambrioleurs à l’affût de jeunes arrivants, peut-être ? Ça arrive tout le temps à Colorado Springs. Ce sont des proies faciles. On est bien mieux à la base, pas vrai les gars ?
Les gars approuvèrent distraitement. La majorité des militaires de leur âge approuvait. À condition de respecter ses règles, l’armée prenait en charge la plupart des tâches fastidieuses. Quand un jeune homme sortait tout juste de l’adolescence, l’institution incarnait à la fois le père autoritaire et la mère dévouée. Elle offrait un foyer sécure et confortable. En échange, il fallait être prêt à tout sacrifier sur un ordre de mission. Donnant-donnant.
— Ces types cherchaient Ruben Espinoza. Nommément. Accents du Venezuela.
Décontenancé, Woo-woo changea de posture. Grincement du sofa, éprouvé par des centaines de clients excités. Il porta un ongle entre ses dents, réfléchit, puis haussa les épaules.
— Je sais pas quoi dire, mon pote. C’est vrai que c’est bizarre.
Cris et sifflements dans la salle. Autour de Victor, beaucoup se dressèrent en battant des mains.
— Rends-nous un dernier service. Ensuite, je te laisse profiter de ta soirée. Appelle Ruben, laisse-lui un message s’il ne répond pas. Dis-lui qu’il s’agit d’une urgence.
— Après ce que Tori vient de faire, je veux bien péter sa boîte vocale !
Woo-woo, qui avait lui aussi levé son postérieur du sofa, prit son téléphone.
Victor tourna la tête, cédant au besoin de découvrir la nouvelle diablerie qui ensorcelait la foule.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 18 Fév 2024 - 19:08#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Me déhanchant jusqu’au centre de la scène, je détachai les lanières de l’ensemble blanc à franges qui m’habillait. Des visages se figèrent dans la salle, et des respirations se suspendirent. Un sourire machiavélique fendit mon visage, je me tournai face aux coulisses. La tension était à son comble, mais elle ne m’atteignait plus. La reine de la soirée, c’était moi ! Les projecteurs m’illuminèrent des pieds à la tête. Je ne vais pas vous faire un dessin sur les attentes du public dans un lieu comme le Deja Vu Showgirls, mais nul n’imaginait qu’en ôtant mon costume... j’en dévoilais un autre encore plus sexy, qui exposait une surface encore plus étendue de ma peau. Je levai les bras avec triomphe, ondulai ma silhouette aguicheuse, puis bombai ma croupe en ramassant un chapeau de cowboy ainsi qu’un révolver factice. Le mini soutien-gorge en cuir et la culotte très étroite qui me rentrait dans les fesses complétaient mon déguisement de cowgirl ultra sexy.
La réaction du public ? Une ovation pour la beauté latine qui se trémoussait sur scène. Je n’avais pas fait ces choix artistiques par hasard... on était dans le Colorado ! Le fantasme de la cowgirl avec un flingue faisait toujours recette chez les gens du cru, spécialement les militaires. J’en jouais délibérément, effectuant un balayage menaçant de la salle avec mon arme inoffensive à bout de bras. Je n’avais aucune difficulté à afficher une tête de lionne prête à en découdre, car l’homme pour qui je me démenais le plus... ne daignait toujours pas tourner la tête dans ma direction ! Je m’exhibais sous tous les angles, claquais une fesse en mordant ma lippe, me frottai lascivement contre la barre de pole dance. On m’acclamait, des sifflements exubérants parvenaient à mes oreilles malgré les puissants décibels de la musique, mais de Victor Nash je n’obtenais rien du tout. Ma colère flambait ! On avait quand même baisé plusieurs fois (quand on le fait aussi sous la douche, ça veut dire quelque chose, non ?) et vécu des moments inoubliables au cours des derniers jours ! S’il tenait réellement à moi, Victor devrait crever de jalousie, au minimum montrer du désir comme tous les autres ! D’un geste rageur, je balançai mon pistolet à travers la salle. Peut-être qu’un militaire adroit l’attrapa et le garda pour lui, je n’en sus jamais rien et m’en foutais royalement.
Vous pensez que j’allais abandonner ? Lâcher prise et retourner dans les coulisses afin d’interroger les showgirls dont j’avais assurément gagné le respect ? Ce serait mal me connaître !
A quatre pattes, alternant dos rond et dos creux parmi d’autres postures osées, je me dirigeai vers les coulisses à la manière d’une chatte sauvage. Là, j’attrapai la corde qu’Eliza avait gentiment laissée à mon intention, au cas où j’aurais le courage de m’en saisir. L’accessoire difficile à manier allait parfaitement avec ma tenue de cowgirl... Je me redressai plutôt comme Wonder Woman, puissante et déterminée à obtenir la vérité. Par miracle, je réussis à faire tournoyer le lasso au-dessus de ma tête. Le public hurlait d’excitation, mais ce n’était pas pour ces anonymes que je virevoltais à travers la scène, me déhanchant et me cambrant avec la corde dont je contrôlais la trajectoire. L’euphorie me donnait des ailes, je me sentais capable de tout et rien ne pouvait d’arrêter ! Je me rapprochai peu à peu du bord de la scène, évaluant les distances. La musique baissa de deux crans, comme pour laisser toute la place à mon spectacle qui, pour moi, avait pris une tournure extrêmement personnelle. Beaucoup d’hommes se levèrent et c’était à celui qui sifflerait le plus fort pour que je l’attrape. Enfin, Victor daigna regarder dans ma direction. Je n’attendis pas et jetai la boucle de mon lasso sur lui.

Viens à moi... feulai-je.

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39 ans en avril. Vigueur des muscles, expérience de l’âme, tourments de l’esprit.
Célibataire. Il a aimé et fut aimé en retour, des cadeaux de la vie qu’il chérit en son cœur. Amours impossibles, d’intensités diverses, étouffées par son dévouement envers l’US Army, plusieurs fois ensevelies sous le tombeau de la tragédie. Il chemine aujourd’hui avec la froide solitude, ressent parfois l’envie d’une compagne de voyage plus chaleureuse.
Sergent d’infanterie muté début 2022 au Presidio de Monterey, base militaire dépourvue d’unité de combat. Affairé à des tâches profondément ennuyeuses d’intendance et logistique. Victor a toujours eu la bougeotte et le goût de l’action ; il a passé une grande part de sa vie adulte sur les théâtres d’opération de l’US Army – sa famille de cœur. Et comme dans toutes les familles… il y a des couacs. Un sauvetage interdit en Afghanistan, jugé comme acte d’insubordination, lui a valu cette mise au placard qu’il espérait temporaire. Redresseur de torts depuis septembre 2022. Des rencontres et événements inopinés le poussent à se battre hors des lois, mais toujours en accord avec son code de conduite.
Une vieille bâtisse spacieuse au nord-ouest de la ville.
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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMar 20 Fév 2024 - 21:20#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Victor leva le poing à gauche de son visage. Pur réflexe. Tori captait toute son attention. Pas sa tenue de cowgirl, encore plus aguicheuse que la précédente. Son visage de lionne illuminé par les projecteurs. Ses cheveux brillants comme des fils d’or brun. L’intensité rayonnante de son regard.
La boucle du lasso se rétrécit et enserra la base du poing. Victor ouvrit la main, tourna le poignet d’un coup sec et saisit la corde. Pas une corde authentique, faite de chanvre épais, capable d’endurer la charge d’un taureau. Un accessoire de spectacle, léger et non abrasif, presque doux au toucher. Qui assurait néanmoins sa fonction de rabattage lorsqu’on tirait dessus.
La cowgirl tirait à l’aide de ses deux bras, encouragée par une foule en délire. Victor sentit la force de traction s’exercer sur les muscles du biceps, de l’épaule et du dos. Ses hanches pivotèrent ; il campa solidement la jambe gauche en avant, l’autre en arrière pour maintenir son équilibre. Bras droit plaqué contre la cuisse, refusant d’intervenir. Calme. La foule se tut progressivement, suspendue à l’évolution du duel. Les basses de la musique électro mimaient les battements cardiaques attentifs. L’atmosphère de la salle s’alourdit, l’air aromatisé de tabac et d’alcool s’épaissit.
Victor et Tori s’observaient en chiens de faïence. Figés, muscles bandés, tendus dans une lutte immobile.
Enfin, les lèvres de Tori frémirent. Des éclairs jaillirent de ses yeux sombres comme la nuit. Elle bascula le haut de son corps en arrière et poussa férocement sur ses jambes. Victor lui rendit dix centimètres, le bras gauche un peu plus allongé devant lui. Il fit un pas en direction de la scène, le biceps gonflé, fixant la cowgirl avec intensité. Posture droite, menton fier, mais le regard pénitent. Il lisait un trop-plein de colère, de frustration et de souffrance sur le visage de Tori. Le militaire avait conscience des maux qu’il avait provoqués, en grande partie de façon involontaire, à cause d’événements sur lesquels il n’avait aucun contrôle. D’autres maux étaient entièrement de son fait. Parce qu’il ne parvenait guère à concilier son devoir, sa position incertaine au sein de l’armée, ses sentiments et ses désirs d’homme. La distraction est l’ennemie du soldat en mission. Foutaises. Cette maxime lui avait servi de prétexte. Tori n’était pas une distraction. Tori était la mission que le destin avait placée sur sa route. Elle était sa guide. Une femme pleine de vie qui avait ranimé des sentiments éteints depuis longtemps. Tori lui prodiguait force et enthousiasme ; depuis la bataille de Silver Lake, l’absence de ses rires sémillants le plongeait dans la morosité.
Victor fit un deuxième pas, contrôlé. Montrant par là qu’il lui cédait du terrain, mais qu’il ne capitulait pas. Ses torts ne faisaient pas de lui une bête de foire que Tori dirigeait à sa guise. Opiniâtre, la métisse continuait à tirer, dégageant de la longueur de corde derrière elle.
Jusqu’à ce que Victor saute et atterrisse pesamment sur la scène.
La tension se libéra d’un coup. Cris, sifflements dans la salle. Comme les salopards de Silver Lake. Sauf que les spectateurs étaient plus nombreux et plus exubérants que les tankistes. Tous acclamaient Tori.
— LA-SSO ! LA-SSO-GIRL ! LASSO GIRL !
Plus qu’une ovation, une frénésie. Les plus exaltés faisaient tournoyer une corde invisible au-dessus de leur tête, à la manière des cowboys. Woo-woo allait être content. Tori avait trouvé son nom de scène.
Victor défit le nœud coulant autour de son poignet, puis jeta le lasso à terre d’un geste agacé. Il marcha vers Tori d’un pas autoritaire, arqua son bras et captura la taille souple. La cowgirl bascula en arrière, de sa propre initiative. Victor grogna et approcha son visage.
— KISS ! KISS ! KISS !
Derrière lui, d’autres scandaient des formules à base de galoche, de pelle, de patin. Certains appelaient à arracher les derniers vêtements de LASSO GIRL. À la baiser ou se faire baiser par elle selon des procédés imaginatifs. Victor se ferma mentalement aux sollicitations romantiques et perverses. Il n’était pas monté sur scène pour faire le spectacle. Il colla ses lèvres à l’oreille de Tori afin qu’elle entende sa voix au milieu du vacarme.
— J’ai obtenu les renseignements qu’on voulait. On rentre.

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyDim 25 Fév 2024 - 17:15#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Je réussis à attraper Victor ! J’avais visé trop à droite, à vrai dire, mais il eut le réflexe de glisser son poing dans la boucle de mon lasso, que je resserrai autour de son poignet. Voulait-il m’épargner une honte ? Participer à mon show ? Me faire passer un message ? Moi qui me gargarisais le matin même de connaitre Victor Nash sur le bout des ongles, de bien le comprendre, je ne savais plus à quelle pensée me fier ! Les gesticulations obscènes du public très majoritairement masculin me firent réaliser que notre configuration était suggestive... papa dans maman, la rondelle de madame serrée autour de la virilité de monsieur, on a compris ! Sauf que ça ne me donnait aucune indication sur les intentions de Victor. Ce genre de parabole ne lui ressemblait pas... trop vulgaire. Moi, par contre, j’en étais au stade du manque où il pouvait me commander de l’accompagner dans une ruelle derrière le nightclub, je le suivrais en miaulant. Pathétique, n’est-ce pas ? Le feu de ma colère n’avait pas réduit en cendres mes sentiments à son égard, pire que ça il embrasait mes désirs... Oh, il y avait une pointe de déception en plus, aucun doute là-dessus. Victor n’était pas parfait. Aucun homme, aucune femme ne l’est. Pas même mes parents qui sont des personnes exceptionnelles et admirables. Mais j’avais de plus en plus l’impression de me fourvoyer, de rater une chose importante que Victor prenait soin de cacher...
Il se laissa tracter jusqu’à la scène sous les regards captivés de la foule. Je tirai férocement sur la corde, encore fébrile de mon show et des sensations renversantes qui m’étourdissaient l’esprit. Ce furent des secondes complètement dingues, rythmées par les pulsations de la musique et les clameurs de la foule. Au fond de moi, je sentais que nos rôles étaient à l’inverse des apparences : c’est moi qui chavirais, et Victor qui m’empêchait de sombrer. Il me rejoignit sous les projecteurs, puissant et majestueux. Mon cœur battit encore plus fort. Lui seul me faisait cet effet, encore et toujours LUI. Depuis que je l’avais secouru sur la plage de Monterey, Victor apportait le calme et la tempête, alternativement ou les deux en même temps... J’étais tétanisée, étourdie par les secousses dans ma poitrine, indifférente à la musique qui nous martelait les oreilles et aux vivats excités. Je ne voyais plus que le visage de Victor, le bleu profond de ses yeux, ses lèvres que les miennes réclamaient avec envie. Et c’était aussi le souhait du public ! Je me cambrai en arrière, abandonnant mon équilibre à la force de son bras chevaleresque. Une sensation de bien-être m’enveloppa immédiatement. Malgré les bouffées de chaleur et les picotements sur ma peau, je me sentais enfin apaisée. Mon chapeau de cowgirl tomba, libérant ma chevelure sauvage. J’étais de nouveau moi, et entièrement à lui. Mes paupières se baissèrent, ma bouche s’entrouvrit pour accueillir son baiser... A la place, je détectai un souffle sur mon oreille.

J’ai obtenu les renseignements qu’on voulait. On rentre.

Et ce fut tout. Victor me redressa et me planta là, quittant la scène pour repartir vers ses copains militaires. Passé le moment de sidération, je ramassai furieusement le lasso avec l’intention rageuse de lui attraper le cou et l’étrangler de toutes mes forces.
Bon sang, il a dénoué la boucle !
Par dépit, je levai une jambe comme pour le pousser au derrière, imitant l’humiliation qu’il avait donnée à Max sur son char d’assaut. Le public rugit et m’applaudit alors que Victor essuyait sa vindicte. C’était n’importe quoi ! Je réprimandais mes pulsions de revanche, lesquelles jugeaient que le sergent Nash méritait le feu des critiques. Il réussit quand même à se frayer un chemin jusqu’à la table de Woo-woo, et son dévouement envers "la mission" me frappa au cœur... J’avais fait ma part en montant sur scène, ou en tout cas la moitié. Professionnelle jusqu’au bout, je ramassai mon chapeau de cowgirl et le replaçai sur mon crâne avec un déhanchement sexy. Un clin d’œil coquin vers la foule en liesse m’assura du succès improbable de mon show. J’avais retrouvé toute ma lucidité et tournai les talons, quittant la scène en roulant des fesses. Ouf ! J’en avais assez de tout ça, et la recherche de mon frère importait plus que mes désirs personnels...

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MessageSujet: Re: Tempest ↯ Victor & Tori Tempest ↯ Victor & Tori - Page 6 EmptyMer 28 Fév 2024 - 21:39#

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Le sergent-chef William Wool composa un message à l’aide du clavier virtuel de son téléphone. Avisa Victor et Tori qui se rejoignaient sur la scène, ajouta [ils partent bientôt], puis posa le bout du pouce sur le bouton d’envoi. Moins d’une seconde plus tard, le texte fit son chemin à travers la messagerie sécurisée.
Pas de réponse.
Woo-woo composa de mémoire un numéro de téléphone qui ne figurait dans aucun annuaire. Approcha l’appareil de son oreille, se boucha l’autre à l’aide du majeur. Les clients du Deja Vu Showgirls beuglaient tout autour de lui. Y compris ses gars qui réclamaient des poses lascives à cor et à cri ; Floyd et Boyd mimèrent une étreinte obscène. Ces cons le faisaient rigoler. Quelqu’un décrocha à la troisième sonnerie. Ce quelqu’un ne dit rien.
— J’ai du neuf. Jetez un œil à votre messagerie, c’est urgent.
Il y eut un silence. Le bruit d’une respiration à peine audible parmi les huées. Puis Woo-woo entendit :
— Je l’ai toujours dit, Wool : tu es un homme chanceux. J’envoie une voiture. Retiens-les.
Quelqu’un raccrocha.


* * *

Tori s’évanouit dans les coulisses. Les décibels de la musique explosèrent pour combler le vide. Basses assourdissantes, accords synthétiques, syllabes inintelligibles, le tout déformé par des filtres électroniques. La polyphonie bruyante des haut-parleurs couvrait l’avalanche d’insultes s’abattant sur Victor. Il avait gâché le fabuleux show de LASSO GIRL, douché maints espoirs. Un coup de genou sorti de nulle part l’atteignit au fémur. Claudicant légèrement, le militaire joua des coudes et des épaules jusqu’à la table de Woo-woo. Il esquiva de justesse un cul de bouteille visant sa tempe, bloqua une frappe vicieuse dans les côtes. Aucune riposte. Pas le temps pour ces conneries.
— Son chauffeur, hein ? ricana Woo-woo, pas dupe.
— J’espère que tu prends ton pied avec elle, Nash ! lança Marty l’artilleur.
Victor n’entra guère dans leur jeu. Négocia une visite à Fort Carson le lendemain. Le sergent-chef Wool se montrait loquace et accommodant. Ruben était un bon camarade et l’organisation des entrainements bénéficiait d’horaires peu contraignants. En d’autres termes, Woo-woo passait une grande partie de son temps à lambiner. Idem pour le caporal Espinoza avant son départ. Postes de planqués. Victor ne les enviait pas, la logistique de Monterey l’ennuyait déjà au plus haut point. Woo-woo proposa une tournée des lieux que fréquentait régulièrement Ruben. Excellente idée. Victor valida, à condition que Tori les accompagne. Ils se feraient ainsi une idée précise de l’ancien travail et des relations du frère disparu. Ils pourraient mettre sur le tapis le dossier insolite sur les munitions que le Colonel Clarke avait mentionné.
Woo-woo jeta un rapide coup d’œil à sa montre, puis conclut :
— Je crois que vous vous faites des idées et que Ruben est en train de s’éclater à Vegas avec Goldie. Mais après le spectacle de la frangine, je suis prêt à vous dérouler le tapis rouge ! Quelle bombe, cette nana !
Victor demeura stoïque.
— Nash, en revanche, t’as vraiment pas assuré ! lança le boutonneux du groupe.
Tous rigolèrent.
Sauf Victor.
Il les remercia pour la bière et quitta la table sans plus de manières.
Quelqu’un pérora dans son dos :
— S’il est aussi mauvais au pieu, le vieux sergent, je veux bien le remplacer comme chauffeur et conduire la bomba latina partout où elle veut !
Le sergent de trente-sept ans serra les poings. Refoula l’idée d’opérer un demi-tour et fracasser le visage gouailleur. Nez, pommettes, arcades sourcilières, puis compléter le tableau avec une déviation de la mâchoire. Victor n’était plus le grand benêt d’autrefois, prompt à la bagarre. Chacun de ses combats devait servir la mission.
Le Deja Vu Showgirls lui sortait par les yeux et les oreilles. Dix-huit ans plus tôt, il aurait adoré. À sa gauche, une jeune stripteaseuse remplaçait déjà Tori sur scène. Forme éteinte sous le halo des projecteurs ; mouvements obscènes et disgracieux autour de la barre de pole dance. Fumée artificielle. Lumières stroboscopiques. Vapeurs d’alcool, odeurs rances de sueur et de parfum bon marché. Brouhaha. Musique techno qui résonnait à l’intérieur du crâne telles des salves d’artillerie. Une LASSO GIRL fantôme, dansante et sulfureuse, surgit dans l’esprit de Victor au milieu de ce capharnaüm sensoriel. Son muscle cardiaque tambourinait comme un forcené.
Il récupéra sa veste, la coucha sur une épaule, puis se précipita vers la sortie.
Avala goulument l’air frais comme s’il s’extirpait d’une succursale de l’enfer.

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Septembre 2022, mardi (jour 4) ☆ Colorado Springs
Les filles m’assaillirent de félicitations à mon retour dans la loge. Elles paraissaient stupéfaites, intriguées, et bien sûr elles posaient des questions sur le beau spécimen que j'avais attrapé au lasso... J’esquivais le sujet brûlant de Victor et leur assurais qu’elles étaient bien meilleures danseuses que moi, que j’avais bénéficié de la prime de la nouveauté en plus de l’effet de surprise. J’étais en nage et le maquillage dégoulinait sur mon visage. Heureusement, il y avait une douche que je réglais à la température la plus basse. Après mon show démentiel, je ressentais le besoin de purifier mon corps et rafraîchir mes idées. Raté, puisque je me caressai sensuellement sous le jet stimulant et glissai un doigt timide... puis deux doigts entreprenants sous le mont de Vénus alors que Victor pénétrait fougueusement mon esprit... Chassez le pathétique, et il revient au galop !
Je me sentais beaucoup mieux en sortant de la douche. Une fois rhabillée, je m’employai à tirer profit de ma popularité soudaine et éphémère auprès de mes nouvelles consœurs. Une showgirl était déjà partie me remplacer, il ne restait plus qu’Eliza qui achevait la préparation d’une fille pour le spectacle suivant. La maquilleuse m’apprit que la responsable était passée et m’invitait à la rejoindre dans son bureau pour négocier un contrat d’embauche. Elle ne perdait pas le nord, celle-là... Moi non plus, et j’interrogeai Eliza sur Goldie.

Goldie ? Bien sûr que je l’ai connue. Mais ici, on s’appelle par nos vrais prénoms, donc c’est June. Une fille adorable, mignonne comme un cœur. Elle a un vrai don pour charmer les gens.

Et pour ensorceler mon frère ! pensai-je.

Mais pas du tout dans le même style que toi ! intervint la showgirl qui se préparait pour son troisième show de la soirée. Comment tu fais pour dégager autant d’énergie ?

Oh, je suis née comme ça, ris-je. Et puis, j’avais vraiment besoin de me défouler. Croyez-moi, je serais incapable de faire ça tous les soirs ! Alors plusieurs shows dans la nuit, vous êtes incroyables ! Ce qui me fait penser... c’est pour cette raison que June a arrêté ? Trop de fans à gérer ?

Elle a trouvé un mec, me corrigea la showgirl. Si j’en avais un, je veux dire un mec bien, moi je ferais comme elle et j’arrêterais.

S’ensuivit une discussion animée sur la non-fiabilité des hommes en général, et des hommes qui fréquentaient les clubs à striptease en particulier. Je ne pouvais pas les contredire, mais d’un autre côté elles parlaient aussi de Ruben de façon très critique... A leur décharge, elles ne le connaissaient pas personnellement. Apparemment, mon frère n’avait jamais approché les autres filles, ce qui me confortait dans mon opinion que Goldie avait pris l’initiative de l’attirer dans ses filets (pour le dévorer tout cru !).

Il parait qu’ils sont partis s’amuser à Vegas, la chance qu’elle a ! feignis-je de m’enthousiasmer.

VEGAS !! s’écria une autre showgirl qui rejoignait la loge. Je comprenais mieux comment elles parvenaient à gérer la fatigue, avec des représentations assez courtes espacées de longues pauses.

Ma remarque sur la cité emblématique du divertissement déclencha une tempête d’anecdotes, des plus incroyables aux plus sordides. La ville des péchés portait bien son nom ! Le danger guettait à chaque coin de rue, spécialement pour les jolies femmes... et les showgirls en riaient ! Ces femmes décriées, souvent décrites comme "faciles" sont vraiment fortes. Je commençais à reconsidérer mon avis sur Goldie, ou plutôt June.

Je parie que son mec la conduisait ici comme une princesse dans son carrosse, déclarai-je avec un clin d’œil. Moi aussi, j’ai un chauffeur baraqué, ça évite bien des problèmes !

J’avais ouvert la boîte de Pandore… Les filles me bombardèrent de questions sur Victor, auxquelles je répondis aussi succinctement que possible. Mon lapsus ne fut pas inutile, car Eliza m’apprit que June se faisait conduire par une sœur travaillant à l’aéroport. Pas très galant de la part de mon Ruben !
Je serrai les filles dans mes bras, les remerciai pour leur gentillesse et leur souhaitai bonne chance. La responsable pouvait se carrer son contrat d’embauche où je pense ! Eliza m’indiqua une sortie discrète que les showgirls empruntaient pour éviter leurs fans. Il y en avait des flippants, et il y en avait aussi qui dissimulaient une obsession inquiétante derrière une apparence respectable. Mon frère n’était ni l’un ni l’autre. Quant à Victor, qui patientait dans la voiture, je le jugeais moins flippant et obsessionnel que moi...

Que vais-je pouvoir lui dire, après mon numéro sur scène ?
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