Voilà quelques jours que j’entend un bruit plutôt suspect sur ma voiture en allant au travail ou en rentrant à la maison. J'ai toujours eu de la chance en mécanique de voiture et je n’ai pas trop eu de soucis de ce côté-là. Je sais changer mes pneus toute seule, je sais contrôler l’huile ou ce type de chose, mais là je me rends compte qu’il s’agit de quelque chose de plus compliqué à gérer de moi-même. Très clairement, je ne serais pas capable de trouver d’où vient le problème ni de le réparer je pense. Je profite donc de mon après-midi de libre pour me rendre chez un garagiste/mécanicien que j’ai repéré en allant au boulot.


Bien entendu, je m’arrête d’abord dans mon café préféré pour me prendre un Latte macchiato, une fois récupéré, c’est un peu amer que j’en ressors. C’était ici que j’ai rencontré Andrew, c’était devenu une petite habitude de nous retrouver ici, et de venir ici en sachant pertinemment que je ne l’y re-croiserais pas rend un peu tout cela amer. J’essaie de garder le positif de cette relation, mais il faut le dire, je m’étais beaucoup attachée à Andrew et je pensais réellement que c’était le bon. D’ailleurs, il m’avait permis de croire à nouveau en l’amour, chose que je ne me permettais plus. Ce sont dans ces pensées que j’arrive à mon lieu de destination, je gare ma voiture et entre en cherchant quelqu’un du regard.

“Bonjour, il y a quelqu’un?”

Cela fait maintenant 1 mois et demi que je suis à nouveau célibataire et tout cela est plutôt pénible pour moi. Je me remets beaucoup en question et beaucoup de choses traversent mon esprit. Mes amies essaient de m’occuper comme elles le peuvent et de me changer les idées. Emilie à même organisé une sortie surprise en yacht. Parfois Trish propose des choses un peu plus loufoques, telles que me faire plaisir moi-même sans passer par un homme. Des choses plutôt amusantes et rigolotes au fond, j’ai même fini par me rendre dans l’un des sex-shop de la ville afin de me dégoter l’un de ces super accessoires. Enfin, j’essaie de m’occuper durant mon temps libre, mais une fois chez moi, je me repenche sur ma vie et me rends compte qu’il y a juste mon travail qui me rends heureuse. Je n’ai rien accompli d’extraordinaire depuis que je suis à Monterey, presque 3 ans de ma vie entre parenthèses et ça me fout le cafard. Je pense à me faire un road trip en fin d’année afin de me ressourcer un peu, car j’en ai vraiment besoin. J’ai besoin de quitter cette ville afin de faire le point et me recentrer sur moi-même afin de démarrer la nouvelle année avec les idées fraîches et des projets en place. C’est pour toutes ces raisons qu’il est impératif que ma voiture soit en bon état.


De plus, cela fait déjà quelque temps qu’un témoin s’allume au niveau de la batterie notamment, mais, n’utilisant pas la voiture tous les jours, je ne m’en suis pas préoccupé plus que ça. J’arrive dans ce garage que je ne connais pas et tout de suite quand je rentre dans ce lieu, je comprends pourquoi je n’y mets jamais les pieds. C’est un lieu oppressant, il n’y a que des hommes d’ailleurs l’un d’entre eux se cogne la tête contre une carrosserie en me voyant, ce qui me fait sourire, mais qui en même temps me rappelle à quel point une femme peut être un morceau de viande à la vue d’un homme. Après avoir cherché du regard, je finis par interpeller quelqu’un, en espérant que quelqu’un vienne à moi afin de m’aider. C’est un homme cheveux brun, au regard perçant, un air presque ténébreux qui s’approche de moi, son visage me dit quelque chose, mais je ne sais pas trop pourquoi. Il se met à ricaner ce qui m’agace un peu, suis-je tombée sur l’un de ces mecs machos? Je me revetis de ma carapace, femme sur d’elle et confiante et l’écoute retorquer : “Madame jouet, que puis-je faire pour vous ?  » En tant normal, j’aurais fait de gros yeux et ma mâchoire se serait décrochée. C’est donc ça! C’est donc lui que j’avais bousculé en sortant du sex-shop, c’est sur ses pieds qu’était tombé le petit jouet que j’avais acheté. Sur tous les mécaniciens du monde, il fallait que je tombe sur celui qui m’a vu sortir d’un lieu coquin et qui par-dessus tout a vu ce que j’avais acheté. “Madame jouet? C’est donc ainsi que vous accueillez vos potentiels clients?” Je ne me dégonfle pas, certes le jour de notre toute première rencontre, j’étais devenue rouge écrevisse, car j’étais honteuse, jamais je n’avais fait ce genre de chose, mais je ne vais pas le laisser m’humilier devant tous ses collègues. “J’étais venue pour ma voiture..mais je pense que je vais chercher un autre endroit.” Je tourne les talons, au fond, je suis autant gênée que la première fois, mais cette fois-ci j’essaie de ne pas le montrer et surtout d’avoir l’air sûr de moi. Des mécaniciens, il doit bien en avoir d’autres dans la ville. Je soupire et m’en vais en direction de ma voiture, mais manque de chance, il y avait un outil par terre et étant tellement pressée je pose le pied dessus et m’affale sur le sol.

La situation est plutôt cocasse, à quel moment aurais-je pû imaginer que j’allais tomber sur cet homme que j’avais bousculé en sortant d’un sex-shop? Nous sommes des milliards d’être humains sur terre, pourtant, c’est bien dans son garage que j'atterris. Ce qui m’agace le plus, c’est son petit sourire narquois au coin des lèvres. Ma carnation cache mon désarroi et ma honte, j’essaie de ne pas perdre face à cet individu et l’écoute alors que je suis sur le point de partir. Il se vend comme le meilleur garagiste du coin. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance ou pas, mais avant cet épisode, c’était bien à lui que je comptais confier ma voiture. Je respire un bon coup et pense à ce qu’Emilie me dirait dans cette situation. Après tout, j’avais bien acheté un objet pour mon plaisir sexuel, mais y a-t-il une réelle honte à cela? Si ce n’est dire qu’en ce moment, aucun homme est à la hauteur de mes besoins? Cela peut réveler certains aspects de ma personnalité, mais je pourrais aussi très simplement être une femme avec une forte libido et curieuse qui souhaite tout simplement expérimenter sa sexualité. Nous sommes tous les deux des adultes et je pense que ce garagiste a quelques années de plus que moi, alors oui la situation est plutôt marrante de son côté, mais je n’ai pas réellement besoin de monter sur mes grands chevaux. “Je pourrais vous faire confiance….mais à condition de ravaler ce regard un léger provocateur et ce petit sourire au coin de vos lèvres.” Je finis par lâcher, obligée de reconnaître que je n’ai pas besoin de m’emporter, je finis même par lâcher un rictus, cachant tout de même le fait que je sois un peu mal-à-l’aise. “Et je ne compte pas oublier la ristourne, tout compte fait, vous avez failli me blesser la dernière fois!” Je continue sur le ton de la plaisanterie pour essayer de désamorcer la situation et surtout faire comprendre qu’au fond je ne suis pas hautaine, juste embarrassée par la situation.