Parc & jardins
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tw : langague grossier, abandon de chien, vieux chien, évocation d'euthanasie

Sept jours, c’est le délai de gardiennage de chaque animal entrant dans la fourrière. J’ai triché pour toi, mon vieux Winston. J’ai modifié plusieurs fois ta date d’entrée à la fourrière, comme si quelqu'un allait se dévouer pour t'adopter ou qu'une place pour toi en refuge allait s'libérer, hein ? Mon chef a fini par l’voir, ma magouille. Il est du genre plutôt souple avec moi, mais faut pas pousser, il paraît. Alors c’est fini l’gros tas, mon vieux basset hound. J’ai toujours trouvé ça moche moi, les chien tout plissé. T’es moche. Et l’odeur, mon vieux ! Un vrai tas de fumier ambulant… Et l’bruit gras de tes pets, c’est clairement à vomir ! Bref, tu ressemble à rien et tu pues. Mais bordel, j’t’aime bien quand même, Winston.

Alors j’ai attendu la fermeture, à dix huit heure pour ouvrir sa cage et j’suis parti avec lui. Il est d’une lenteur déconcertante, mais j’fais avec. Vieux machin, j’me dis qu’il sera pas plus mal dans l’autre monde. Avec les plis qui pèsent sur ses paupières, il doit pas y voir grand chose vu comment il colle sa truffe au sol. Puis d’un coup, il a l’air de s’découvrir une nouvelle jeunesse parce qu’il s’met à accélérer le rythme après avoir poussé un aboiement ridiculement rauque. Il a trouvé une piste, j’crois.

Ça m’fait marrer, alors j’le suis. C’est l’monde à l’envers, le gars qui suit l’chien ! Winston, il m’balade dans Monterey jusqu’à un parc. J’allume une clope en regardant autour de moi, j’pose mes yeux vert sur Winston pile au moment où il enfonce sa truffe dans un sacré caca.

- Bordel ! T’es vraiment dégueulasse, tu m’aura tout fait salopard !

Il a l’air fier de lui, alors bon, j’passe…
Bref…

Malgré tout ça, c’coté affreusement repoussant de Winston, bah j’ai fini par m’caler avec lui contre un arbre, le laissant ronfler et baver sur ma jambe tout en grattant au hasard ses innombrables bourrelets de peau. Il a l'air heureux, alors j'me sens étrangement bien., il a c'pouvoir sur moi ce con, à m'transmettre sa quiétude, sa tranquillité d'esprit...

Demain j'l'emmènerai chez le veto pour son dernier voyage, mais il avait l'droit à ça, une dernière balade. J’fermais les yeux, mais j’pouvais pas m’empêcher de rire légèrement à chaque fois qu’il pète. Au moins ici, au grand air, c’est à peu près respirable. J’me dis que quelqu’un va finir par m’demander des comptes pour délit de puanteur… Tiens, j’me demande si ça peut être un crime ça, la nuisance olfactive sur espace publique.

J’ai clairement l’air d’un SDF avec son vieux clébard mité. Alors, non. Non je m’attendais pas à c’qu’une ombre s’arrête devant nous et m’tende un billet d’cinq dollars. J’cligne des yeux, pas mal stupéfait, avant de tendre mes doigts tatoués pour prendre ce p’tit bout d’papier. Bordel, y’a encore des gens généreux sur cette terre ? J’pensais qu’en cinq ans la misère aurait englouti ce genre de geste…

- Merci, c’est sympa, cinq dollars hein ? C’est beaucoup. Tu veux pas garder ça pour un vrai SDF ? J’veux dire, c’est bien la première fois que j’me…

Sauvé d’un long monologue à la Salazar par… Un pet foireux.

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FT.   @Jayson Salazar   
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J’avais besoin de prendre l’air alors je suis sorti courir. Lauren est encore au boulot. J’attends qu’il m’envoie un message pour passer le récupérer, sauf s’il décide de sortir boire un verre avec ses amis en oubliant de me prévenir. Je n’aime pas quand il fait ça mais je ne dis rien parce que je ne veux pas l’étouffer ni que notre relation devienne toxique. Je l’aime et je lui fais confiance, alors je le laisse respirer et je m’occupe de mon côté en l’attendant. En plus il a accepté de vivre avec moi, alors je ne vais pas non plus trop me plaindre. De toute façon, dès qu’il m’enverra un message ou qu’il pointera le bout de son nez à l’appartement, je me sentirais mieux et surtout plus heureux.

Je ne sais pas très bien combien de temps j’ai couru mais je suis à bout de souffle et surtout ruisselant de transpiration. Alors que je prends une pause, je remarque non loin de moi un homme et son chien. Un SDF sans doute. Comme je dois passer à proximité et que j’ai de l’argent sur moi, je décide de lui tendre un billet de cinq. Je ne manque pas de moyen, que ce soit grâce à mon travail ou mes parents. Alors quand je peux partager, je le fais sans hésiter. Je crois également au karma et je me dis qu’en me comportant bien, ma vie n’en sera que meilleure.
« Bonsoir. »
Je lui souris alors qu’il prend le billet et au moment où je m’apprête à reprendre mon chemin, l’homme m’adresse des mots qui me déstabilisent et me font perdre mon sourire.
« Oh mince… je suis désolé. »
Je bafouille en réalisant ma méprise et l’homme ne va pas plus loin en parole, moi non plus puisque nous sommes interrompus par un sonore pet particulièrement odorant. Surpris, je le dévisage avant de poser les yeux sur son chien. J’avoue que j’ai du mal à me retenir de rire et je lui dis par la même occasion :
« Votre chien est un sacré numéro et je suis désolé de vous avoir pris pour un SDF. A la place, laisse-moi vous offrir un café ou quelque chose à boire. »
Je regarde autour de moi, pour voir si ma proposition est réaliste.

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FT.    @Samuel Lee   
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Maintenant que je suis un peu plus réveillé, j’réalise qu’il est vachement jeune, mon généreux donateur du soir. Encore un gamin trop bien éduqué, moi à son âge, j’étais déjà un délinquant depuis un bail, poignardé et bien dans la merde. Heureusement que l’monde n’est pas peuplé que d’individus dans mon genre. J’souris un peu, à le regarder s’confondre en excuse après que j’lui ai fait remarquer que je n’étais pas un SDF. J’allais l’rassurer, mais on est coupé tous les deux dans notre élan par un pet bien copieux de Winston.

J’me pince les lèvres avant d’rire à nouveau.

- Ouais, c’est un sacré boute en train !

Au moins, Winston met d’bonne humeur, à défaut d’avoir une bonne odeur ! J’l’aime bien, ça s’explique pas. Il aurait besoin d’une nouvelle vie, d’une maison avec un jardin, une belle niche douillette pour vivre à l’extérieur les mois qui lui restent à vivre…

- Oh, t’en fais pas… Ça m’surprend pas vraiment, j’ai une sacré dégaine, mais j’ai pas la barbe assez longue et sale, enfin j’crois…

J’me gratte le menton pour illustrer mes propos avant de me relever. Pas que ma silhouette de grand tatoué soit impressionnante, j’cherche pas à l’intimider, mais j’aime pas vraiment resté à terre face à quelqu’un. Mon mouvement a réveillé Winston qui se redresse doucement sur ses petites pattes potelées.

J’ai toujours l’billet de cinq dollars entre les doigts, puis j’lui tend.

- Tiens, invite moi… Peut-être que j’pourrais te convaincre d’emmener ce chien chez toi, l’temps d’un café.

Ça serait un sacré challenge, même pour un type comme moi, capable de vendre du sable au Sahara. J’étais un bon vendeur, un sacré dealer. J’ai changé de vie, mais j’ai des restes, paraît que c’est une histoire de charisme… J’en sais rien, c’est juste comme ça.

- Ou peut-être qu’à nous deux, on trouvera un passant qui s’laisserait tenter par ce joyeux et dynamique péteur, hein ?

J’réalise pas qu’il pense que c’est mon chien, que j’ai l’air de vouloir m’en débarrasser, j’ai pas donné l’contexte, pas planté le décors d’la situation, j’peux pas penser à tout ! Mais ce soir, c’est peut-être pas l’dernier de Winston. Tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir. J’l’aime bien c’te phrase, même si elle n’est pas toujours vraie. Mes yeux verts sondent rapidement le jeune qui m’fait face, j’l’ai jamais vu avant, j’crois et ça m’impressionne un peu, cette invitation… Le fait qu’il n'ait juste pas peur de moi, ça m’fait du bien.

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FT.   @Jayson Salazar   
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J’étais sorti courir et me voilà en compagnie d’un curieux duo. L’homme se relève. Il est grand et tatoué. Il est impressionnant à sa manière, peut-être parce qu’il dénote à côté des gens que je fréquente. C’est un peu comme si nous appartenions à deux mondes différents et j’imagine que dans un sens, c’est le cas. Mon regard se pose ensuite sur le chien qui s’est réveillé et qui me semble, à bien y regarder, particulièrement vieux.
« Salut toi. »
J’approche avec précaution mes doigts pour le laisser les renifler et voir s’il accepte une caresse ou deux. Je récupère ensuite le billet et réponds au propriétaire du chien :
« Venez, on devrait trouver quelque chose à boire dans le coin. »
Je crois qu’il y a un café un peu plus loin. Je n’en suis pas sûr car je ne m’arrête jamais pour en prendre un mais j’imagine que ça serait l’occasion.
« Dîtes-moi avant pourquoi vous voulez faire adopter votre chien ? Vous ne pouvez plus le garder ? »
Quant à l’adopter, je ne sais pas si Lauren serait très content. Nous n’avons jamais abordé l’idée d’avoir un animal de compagnie. De mon côté, j’adorais en avoir mais je travaille un peu trop pour ça et surtout je suis régulièrement en déplacement mais peut-être que je pourrais l’aider à trouver une nouvelle famille pour son chien ? Après tout, je suis actif sur les réseaux sociaux mais également sur ma chaine Youtube. Il y a bien quelqu’un dans ma communauté qui voudra l’adopter ?
« Au fait, je m’appelle Samuel. Et vous deux ? »

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FT.    @Samuel Lee   
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L’gamin, sans être dans les clichés bien que je le suis moi même pas mal, il ressemble pas du tout aux genre de personnes que j’ai pu rencontré en prison. Faut dire, je n’étais pas dans une taule pour les p’tits joueurs. J’me dis que s’il y a des prisons comme ça, pour les gens jugés “dangereux”, est-ce qu’il y a une prison pour les mecs qui font des détournements de fonds, des piratages informatiques ou des vols fiscaux. En fait, j’me demande si y’a des prisons avec que des intellos et j’me demande surtout à quoi ça ressemble. Est-ce qu’ils sont mieux lotis ? J’pense que oui, on ne doit pas autant les déshumaniser eux, pas être traité continuellement comme des bêtes.

J’lui rend son billet, au jeune décidé à m’inviter boire un café.
J’dis jamais non à un truc gratuit, j’ai pas ce luxe.

- Et si la réponse te plait pas, on annule le café ?

Que j’lui demande avec un p’tit sourire taquin.

- C’est pas mon chien, j’en ai déjà un. Lui, j’l’ai volé.

Ouais, j’suis pas sûr de gagner des points avec cette explication.

- Enfin, emprunté.

Guère mieux, n’est-ce pas ?

- J’bosse à la fourrière, demain, il s’fait…

J’me penche pour plaquer mes mains tatouées sur ses deux oreilles pendante, comme s’il pouvait nous entendre, encore plus stupide : nous comprendre.

- Piquer.

J’adresse au gars un p’tit sourire, l’air de dire : c’est la vie.

- J’me suis dis qu’il avait l’droit à une dernière petite virée en ville, mais il s’est même pas dégoté une p’tite nana pour sa dernière soirée ! Trop vieux sans doute.

J’fais de l’humour, ça m’a toujours fait du bien pour pas m’sentir triste.

- Ok Samuel ! Moi, c’est Jayson et lui, Winston. On a passé l’entretien d’embauche pour le p’tit café alors ? J’vais pas te mentir, j’en ai foiré pas mal d’entretiens ces derniers temps.

Malgré tout, j’ai trouvé un travail honnête qui paye. Faut être persévérant dans la vie, c’est ce qu’on m’a toujours dis. Ok, c’est pas le job rêvé, mais c’est toujours mieux que de vendre de la coke et des armes entrées illégalement sur le sol américain ? J’ai envie d’croire que j’suis sur les bons rails, même s’ils sont chaotiques as fuck.

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FT.   @Jayson Salazar   
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Sans que mon sourire ne quitte mes lèvres, je lui réponds franchement :
« Peu importe votre réponse, le café est offert. C’est pour me faire pardonner de vous avoir pris pour… »
Je ne finis pas ma phrase, encore trop embarrassé de l’avoir pris pour un sans-abri. D’ailleurs je suis content qu’il ne se sente pas plus insulté que ça. Quant au chien, ce n’est pas le sien et lorsqu’il m’explique qu’il l’a volé, j’arque un sourcil de surprise. Pourquoi le voler si ce n’est pas pour le garder ? J’avoue que ça me laisse un peu perplexe. J’imagine qu’il y a une bonne explication à ça. D’ailleurs elle ne tarde pas à arriver et c’est un regard triste que je pose sur le chien.
« Je comprends mieux. »
Alors cet homme n’est pas un voleur mais plutôt un héros, même s’il ne sait pas quoi faire de ce chien maintenant.
« C’est gentil de votre part, de lui offrir une dernière balade. »
Et d’essayer par la même occasion de le sauver. D’ailleurs je dois me faire violence pour ne pas lui proposer de le garder. Je ne sais pas ce que Lauren en penserait, ni s’il est confortable avec l’idée d’avoir un animal à la maison. Si ça se trouve il a peur des chiens. Il ne manquerait plus que ça ! Et pourtant, il faut bien qu’on trouve une solution pour lui, sinon il va devoir retourner à la fourrière et se faire piquer… Cette idée me fend le cœur.
« Enchanté de faire votre connaissance Jayson et encore désolé pour tout à l’heure. »
Je me penche vers Winston pour le caresser avant de me relever en déclarant :
« Oui venez, je vous offre un café. C’est par ici. »
Je lui fais un signe de la tête, avant de le guider vers le café le plus proche, ouvert à cette heure-ci.
« Pour Winston, j’ai peut-être une idée. Je suis Youtubeur et j’ai une communauté plutôt active. Peut-être qu’on pourrait lui trouver une famille d’accueil ? »

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FT.    @Samuel Lee   
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- Tu n’as rien à t'faire pardonner, mais j'refuse pas ce café.

Parce que c’est pas souvent qu’on m’offre quelque chose et puis, il m’rend curieux ce gamin un peu bizarre. J’devrais avoir l’habitude, des bizarreries des gens, j’suis moi même un type plutôt étrange, mais j’aime l’idée que certaines personnes puisse encore m’étonner.

Être pris pour un SDF, c’était assez drôle dans le fond. Ça ne me vexe pas, car pour tout dire, j’ai été si misérable dans ma vie que je ne crois pas que le statut de SDF soit aussi misérable que j’ai pu l’être dans le passé. Pas le moins du monde…

On se dirige donc vers ce fameux café, Winston ne se presse pas.
Quel flemmard ce vieux nigaud ! Mais bon… C’est son dernier jour.

- Tu es… Youtubeur ?

Alors j’peux vous dire que ça carbure dans ma p’tite tête à ce moment là, j’me demande bien ce qu’il veut dire par youtubeur et par communauté… Parce que moi, j’imagine pas une seconde que faire le zouave sur internet puisse être un métier d’nos jours. Est-ce que j’ai vécu comme un ermite pendant cinq ans ? Comme un taulard, alors… C’est un peu pareil, dans l’fond.

- T’es quoi ? Une sorte de gourou ? J’suis pas très branché secte mon pote, on m’a d’ja proposé plusieurs fois pourtant et avec des arguments d’vente plutôt sympas quand on y pense… Drogue, paix intérieure, des filles aussi… Non vraiment, aussi bancal soit-il, j’l’aime bien mon libre arbitre.

Bizarrement, il n’a pas vraiment une tronche de franc maçon.

- Mais bon, si ça peut éviter à ce c’vieux puant d’y passer demain…

De là à rejoindre une secte, pour Winston… Boarf, j’peux rejoindre pour une journée, ça va pas m’tuer… Bien que dans certaines sectes ça peut l'être ! J’en avais avec moi en taule, des bourreaux de communauté. Des escrocs ouais.

En attendant, on s’installe en terrasse puisque malgré les vieilles pattes du chien, nous arrivons à destination. Mieux vaut tard que jamais, hein.

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Nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers notre destination, ce qui nous laisse le temps de papoter un peu. En fait, nous marchons au rythme de Winston, ce qui me laisse le temps de l’observer un peu. Il est vieux, il sent mauvais mais il a un petit quelque chose d’attachant. De toute façon je suis le genre de personne à recueillir facilement n’importe quel animal que je croise et de le garder jusqu’à lui trouver une famille d’accueil car mon rythme de vie ne me permet pas d’avoir un animal de compagnie. Maintenant que je vis avec Lauren, je pourrais peut-être l’envisager ? En plus, un chien ça l’occuperait. Il pourrait courir avec, même si ce n’est pas ce vieux Winston qui réussirait à fatiguer mon petit-ami hyperactif.

Quand je lui dis que je suis Youtubeur et que j’ai une communauté active, il parait d’abord surpris et lorsqu’il me demande si je suis une sorte de gourou, je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire.
« Non, je vous rassure, je ne suis pas le gourou d’une secte. »
Comme nous sommes arrivés à destination, nous nous installons à une table sur la terrasse et j’en profite pour lui montrer mon téléphone portable ou plus exactement ma chaine YouTube.
« En fait, je suis étudiant et mannequin mais j’ai aussi une chaine YouTube. Je ne suis pas un gros créateur de contenu faute de temps mais j’ai quand même presque un million d’abonnés. Je ne devrais pas tarder à passer le cap. Donc forcément dans le lot, il y aura quelqu’un qui voudra l’adopter si je poste une vidéo pour parler de lui. Bien sûr, je ne le confierais pas à n’importe qui et en attendant je pourrais le garder chez moi. »
Lauren ne devrait pas m’en vouloir si ce n’est que l’affaire de quelques jours, au pire quelques semaines, non ?
« Qu’est-ce que vous en pensez ? Si vous êtes d’accord, alors j’aurais besoin d’en savoir un maximum sur lui. »
Je suis plus enthousiaste que je le devrais et j’espère ne pas l’effrayer avec cette histoire de vidéo et de chaine YouTube.

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Une p’tite moue déçue marque mon visage lorsqu’il m’affirme ne pas être un gourou de secte, faut dire, ça aurait pu être une histoire dangereuse, burlesque et palpitante. Bref, une journée normale quand on s’appelle Jayson Salazar, faut croire. Mais il faudra attendre pour le burlesque aujourd’hui, la quiétude me convient aussi parfaitement.

Mes yeux clairs décryptent le contenu de son écran. Ok, j’suis pas un boomer au point de ne pas connaître Youtube, mais je n’avais pas vraiment beaucoup entendu parler de Youtubeur. Étudiant et mannequin, j’peux pas empêcher mon regard de jauger le gamin qui m’fait face. J’me dis que les muscles ne sont probablement plus au goût du jour, dommage que ça ne fut pas l’cas il y a vingt ans, j’aurais eu un succès de malade en tant de nonos ambulant…

Un million d’abonnés, j’peux pas avoir l’air impressionné, parce que j’sais pas trop c’que ça veut dire. Mais il a pas tort, sur un million d’personne, y’aura peut-être un volontaire pour adopter ce chien. C’est bizarre, mais j’me dis que cette technique pourrait venir en aide à bien plus d’animaux, puis cette idée s’envole comme elle est venue ; parce que j’suis pas du genre à avoir de grand projet moi. J’vis au jour le jour.

- Ok, faisons le.

J’ai rien à perdre dans cette histoire.

Enfin si, que mon patron soit un des abonnés et voit que j’fais sortir des animaux sans la permission de qui que ce soit et donc, perdre mon job. A vrai dire, j’m’en cogne pas mal, j’vis au jour le jour, comme j’ai dis.

- J’sais rien de lui, on l’a trouvé à errer dans la ville voisine, il n’est pas identifié et personne ne l’réclame, ça fait 7 jours et comme le refuge est saturé… C’est moi qui l’appelle Winston… Tu trouves pas qu’il ressemble à Churchill ?

J’ris sans m’préoccuper d’savoir si ça fait rire mon interlocuteur.

- Il est méga vieux, j’crois qu’il serait mieux à vivre dans un jardin à rien faire du tout. C’est une sorte de plante verte, qui mange et qui pète…

Alors une chose certaine, c’est pas un putain d’rosier.

J’le regarde pianoter sur son portable.

- Terrifiant tout ça, les réseaux sociaux. Ça m’viendrait pas à l’idée d’exposer ma vie sur internet, ma fille le fait ceci dit… Elle veut être célèbre. Tout l’contraire d’son vieux père.

Ouais, y’en a qui sont fait pour la lumière et d’autres pour l’ombre.

- Faut dire, j’serais naze comme délinquant et voleur de chiens si j’affichais tout sur amstramgram et compagnie, non ?


Est-ce que j'viens de lui avouer que j'étais un criminel ? J'crois bien que oui. En même temps, il devait pas s'attendre à beaucoup plus élogieux après m'avoir pris pour un clodo !