Le jeune homme s'étire. Puis se penche en avant. La tignasse encore un peu humide pend dans le vide avant d'être ramenée en arrière. Passant ses doigts dedans tout en regardant dans le miroir, il semble un instant inspecter une pointe. « Non. Pas encore besoin. » Pas besoin d'aller chez le coiffeur. Bon, la personne qui a l'habitude de Cillian Adelson ne coupe jamais trop. Mais, clairement. Il imagine toujours chacune de ses mèches pleurer alors qu'elles savent qu'il se dirige vers l'établissement. Donc. Autant les rassurer. Ou pas. Car bon, si vous pensez que sa tignasse entend réellement ce qu'il dit … Quoique … Cela pourrait expliquer certaines choses. Les gémissements nocturnes les … Ah non. Ça c'est l'isolation sonore qui ne vaut rien. Belle prestation du voisin du dessus il y a trois jours, d'ailleurs.

Un mouvement. Une main qui attrape un pantalon – d'un style assez street, proche du cargo – mauve pour y glisser ses jambes et son bassin. Une chemise blanche. Courte hésitation. Puis une main qui attrape une veste, plus classique dans la coupe – sans être démodée, loin de là – de la même couleur. Une cassure dans le style. Chaussettes. Converses. Et le bruit sourd du klaxon qui résonne dans la rue. Tête qui passe par la fenêtre. Sourire en remarquant que c'est bien Deirdre. Petit signe pour lui dire qu'il arrive. Fermer tout ce qu'il y a à fermer. Éteindre tout ce qu'il y a à éteindre. Récupérer ce qu'il y a à récupérer. Puis, quitter l'appartement et verrouiller. Lancer les clés, les rattraper, les ranger. Croiser le voisin du dessus.

« Eh bonjour. » Sourire en le croisant. Sourire poli de sa part en le croisant. « Au fait, elles aimaient ça vos invitées ? » Il s'arrête. Il le regarde s'éloigner alors que le jeune homme sifflote. Avant de poser sa main sur son visage en résignation. Clairement, il faudrait parler de l'insonorisation à la prochaine réunion.
Descendre les escaliers. Pousser la porte d'entrée de l'immeuble avant de saluer la jeune femme dans sa cabriolet. S'appuyer, un instant, d'ailleurs, sur la voiture. « Alors. T'as raison hein. Mais tu te la pète vraiment avec ta voiture. Mais t'as raison. » Clin d'œil. Avant d'entrer dans le véhicule. La regarder avant de poser les yeux sur son pantalon. « Fabuleux hein ? » S'attacher, car bon, rechercher le risque, c'est bien. Juste faire l'imbécile, c'est quand même franchement moins bien.

Un instant, regarder son téléphone. Quelques messages loupés durant la matinée, quelques nouvelles. Certains commençaient à devenir trop tendus à l'approche de la rentrée. Mais bon, pas surprenant. Soit ils s'emmerdent à ne pas savoir occuper leur temps libre. Soit ils veulent garder leur temps libre – sans vraiment savoir l'occuper, mais qu'importe, c'est juste que « c'est plus cool » de ne rien faire. Rangeant rapidement l'appareil, un nouveau regard. Vers la rue qui défile. « Hm ? » Ce qu'il raconte. Coup d’œil vers elle. « Pas grand chose je t'avoue. Courte nuit. Mais agréable. » Ce qui pouvait soit dire qu'il avait passé du temps avec certains amis – qu'ils pourraient ne pas avoir en commun, ce qui peut arriver –, soit qu'il avait fait quelques folies dangereuses, soit des folies de son corps, soit qu'il avait juste joué de la musique. Ah. Il aurait pu aussi simplement lire quelques ouvrages de psychologie tout en écoutant de la musique dans les oreilles, aussi. Dans tous les cas. Une bonne activité physique, sociale, ou mentale. « Juste un peu engourdi. » Il s'étire. C'était donc soit physique, sportif, ou alcoolisé. Ou un mélange de tout. Ce qui réduit, un peu, le champ des possibles. L'enquêteuse allait elle continuer le travail de détective ? « Enfin. C'est possible que ça, ce soit à cause de cette désagréable personne qui se prétend être ma meilleure amie qui ose réveiller un petit être mignon et tranquille de son sommeil du juste … » Un regard vers elle. Un regard qui va un peu sur la gauche, en haut.

« Eh. Non. Un peu trop là. Même moi j'y crois pas. »

Puis. Un rire. Sincère. Avant de reprendre doucement la parole, d'un ton plus tranquille. « Et toi ? Comment te sens-tu ? » Un léger coup d’œil en direction de son bras. « Qu'on dit les médecins ? » Une discussion normale. Avec des sujets parfois un peu moins léger. Il n'est pas rare que Cillian passe d'un sujet à l'autre – et surtout, qu'il prenne des nouvelles de ses amis. Mais une discussion qui mène, tout comme la voiture, jusqu'au parking du Shopping Center. Comme il fallait s'en douter. Du monde. Un samedi hein. Quoi de plus normal, là encore ? Mais la belle est habile pour trouver une place et finit par se garer. Sortant de la voiture, il l'écoute.

Hoche la tête. « En effet. Tu me dois beaucoup trop de choses. Par contre. Pour la boutique dont je t'ai parlé, ce ne sera pas au Shopping Center. Il faudra qu'on reprenne la voiture. Mais bon. On a le temps avant d'y penser. » Un mouvement pour s'étirer à nouveau et commencer à avancer à ses côtés.

Sur place, il semble hésiter un instant. Avant de se décider de partir sur un grand café, comme ce qui était prévu. Noir. Avec … Non. Pas de sucre cette fois. S'installant face à la demoiselle, le jeune homme se laisse un peu aller sur la banquette avant de croiser les jambes.

Oh bien entendu, il n'a pas oublié.
Le beignet et l'ice tea. Mais ce sera après. Quand même.