Monterrey, samedi vingt-cinq mai deux-mille vingt-quatre.

(ootd) La semaine qui venait de s’écouler avait été des plus intenses pour Romane, elle était passé à une vitesse folle, tout comme l’année qui venait de s’écouler, elle n’arrivait pas à croire que sa petite fille, la prunelle de ses yeux avait déjà un an. Elle se souvient comme si c’était hier, de son premier cri, de ce moment hors du temps, sa main dans celle de Wyatt, le sourire sur le visage de son mari. Après des années de traitement, d’infertilité, de fausse-couche, ils avaient réussi. Dans quelques secondes, ils rencontreraient l’amour de leur vie, leur petite fille. Romane n’avait réalisé que quelques jours après que tout cela était bien réel, croire qu’une chose que l’on désire si ardemment depuis des années voit le jour, est difficile à croire. On pense toujours que quelque chose va venir nous enlever ce bonheur, que la vie va nous mettre une nouvelle épreuve, qu’il est impossible d’être autant heureux. Romie se souvient parfaitement des premières nuits de vie de Cloé, elle n’avait presque pas dormi. Elle restait assise sur la balancelle dans la chambre de la petite, vérifiant qu’elle respirait convenablement, qu’elle était en vie. Elle avait gouter si fortement au bonheur, elle avait découvert un amour si puissant, qu’elle savait parfaitement que cette-fois ci, elle ne survivrait pas, si jamais on lui enlevait. Romane avait perdu sept bébé avant de réussir à en prendre un dans ses bras, le sien, jamais elle ne la lasserait s’en aller. Finalement, toutes ses craintes lui avaient donné raison. Alors qu’ils vivaient enfin leur rêve de famille, Wyatt n’est plus jamais rentré à la maison, sa dernière mission avait eu raison de lui, le Burkina Faso l’avait enlevé à sa famille et à peine mère, Romane se retrouvait veuve. Comment vivons-nous lorsque nous perdons son grand amour ? Quatorze années ensemble, elle ne se souvenait plus d’une journée sans lui, d’une journée sans l’aimer pleinement et désormais, elle était veuve, à trente-deux ans. Elle n’oublierait jamais le jour où elle l’avait appris, lorsque deux hommes en uniformes avaient frappé à sa porte, elle avait compris, les larmes, l’effondrement, la réalisation. La douleur avait été si intense, comme si on lui avait transpercés le cœur, comme si tout l’amour qu’elle avait quitté son corps, comme si elle n’était plus rien. Heureusement, Emilie avait été là, tout comme ses parents, et même ceux de Wyatt, mais elle n’y arrivait pas, elle devait rester forte pour Cloé et c’est ce qu’elle faisait, devant tout le monde, elle répondait toujours : oui, tout va bien, merci. Mais en réalité, c’était l’épreuve la plus difficile qu’elle avait dû vivre. Aurait-elle droit au bonheur complet un jour ? Ne pouvait-elle pas avoir le bébé et le mari ? Bientôt une année que Wyatt n’était plus. Il ne passait pas une journée sans que Romane ne pense à lui et ne lui parle, elle espérait que de la où il était, il était fière d’elle et Cloé, elle essayait d’être la meilleure mère possible pour qu’il soit fière, et qu’ils les regardent avec beaucoup d’amour. Cloé allait devoir vivre une vie sans figure paternel, et Romane s’était promis de lui offrir la meilleure enfance qu’elle pouvait avoir, même si son père n’était qu’un souvenir, dont elle ne se souviendrait pas. Mais Wyatt vivrait à travers les histoires que Romane lui raconterait.

En se réveillant ce matin, Romane était resté de longues minutes dans son lit, repensant à la journée qui allait se passer. Toute sa famille, celle de Wyatt réunit autour de Cloé, et elle qui reprendrais la même phrase : tout va bien. Elle essuyait ses larmes, se redressant dans son lit, elle se levait, passer par la salle de bain, prenant une grande respiration, elle se murmurait à elle-même. « Tu peux le faire. » Elle sortait de la salle de bain, ouvrait la porte de la chambre de Cloé et souriait en la voyant. « Bonjour mon amour. » Un an, depuis quelques jours, et Romane n’en revenait pas. Elle la prenait dans ses bras, la couvrant de bisous. Il était l’heure de prendre le petit déjeuner et ensuite, elle s’en irait se promener avec ses grands-parents, qui avaient fait le déplacement depuis la France. Descendant dans le salon, Romie saluait avec un sourire ses parents, déjà prêt pour emmener Cloé. « Vous savez que vous ne partez pas avant une heure n’est-ce pas ? » Reparler en français lui faisait le plus grand bien. Quand ses parents revenaient en ville, elle avait l’impression d’avoir de nouveau dix-huit ans. Les premières heures de la matinée fut rapide, Romane avait préparé Cloé, ses parents étaient partie avec elle en direction du parc de jeu, ils avaient ensuite prévu de l’emmener faire un tour à la fête foraine et lui acheter une jolie petite robe de couleur violette pour suivre le thème de la journée. La maison était tout à coup plutôt calme, Romane était cependant surexcitée, elle était prête à commencer la décoration. Elle avait prévu de faire la fête dans le jardin, la chaleur était agréable, un grand soleil, mais une légère brise, c’était parfait. Pour les autres enfants, Romane avait prévu une château gonflable blanc. Sur l’herbe, il y avait des tables basses, avec des tonnes de coussins tout autour pour que tout le monde puisse s’asseoir, des jolies fleurs violettes, blanches et roses. Des tonnes de petits papillons. Elle avait commandé une immense arche de ballon qu’elle devait encore monter. Le livreur avec le gâteau, les sablés allaient bientôt arriver, ainsi que le traiteur. Avant de s’attaquer au reste de la décoration, Romane descendait les différents cadeaux qu’elle avait acheté à sa fille, il ne manquait plus qu’a les emballer. Une jolie piscine à balles, roses, violettes et blanche pour rester dans le thème, une voiture électrique – le même modèle que Wyatt avait-, une jolie poupée princesse Raiponce, des vêtements et également un petit cheval à bascule. Tout était posé sur la table du salon, elle sortait le papier cadeau, le ruban adhésif ainsi que la paire de ciseaux. Elle s’apprêtait à s’y mettre lorsqu’elle entendait la porte de l’entrée s’ouvrir. Elle souriait en voyant Emilie pénétrait dans la maison. « Comment vas-tu ? » Elle s’approchait d’elle et la prenait rapidement dans ses bras. Elle savait qu’Emilie était tout aussi impatiente de la fête pour Cloé qu’elle-même. Romane n’en serait pas là, sans elle. Peut-être elle trouverait cela démesurait, la décoration, le nombre de cadeaux, le gâteau à plusieurs étages mais Romie s’en fichait, elle était heureuse de pouvoir rendre cette journée spéciale. « La route n’a pas été trop longue ? » Ironie du sort, qu’elles habitent désormais qu’à quelques maisons l’une de l’autre.

idée déco de l'anniversaire.

Cette journée, Romane l’avait tellement attendu, elle l’avait tellement désiré, depuis des années. Célébrer le premier anniversaire de son enfant, la couvrir de cadeau, voir ce sourire immense sur le visage de sa merveille. Toute cette année, avec toutes les épreuves qu’elle avait traversées, elle avait attendu avec impatience que ce jour arrive, qu’elle puisse se dire que tout irait bien, qu’elles avaient réussi, qu’elles avaient surmonter la perte d’un parent pour l’une, d’un mari pour l’autre. Pourtant, ce matin, quand elle s’était réveillée, ce n’était pas un sourire qui s’était posé sur son visage, mais des torrents de larmes qui avaient coulés. Elle faisait de son mieux, elle s’était relevée pour sa fille, elle ne s’autorisait à craquer que le soir, seule dans son lit, et faisait semblant d’aller mieux, elle avait espéré si fortement que ce matin, en se levant, le sourire qu’elle aurait ne serait pas faux, pourtant, ça l’avait été. Ce n’est pas grave, cela sera pour une prochaine fois, du moins, elle l’espérait. Toute la journée, en préparant la décoration pour l’anniversaire, son regard s’était toujours levée vers le ciel, parlant à son amour perdu, lui disant que tout allait bien, qu’elles allaient bien. Au fond d’elle, elle espérait qu’il était fière. La difficulté de la journée résidait également dans la présence des parents et des frères de Wyatt, elle essayait d’aller les voir avec Cloé le plus souvent possible mais elle devait l’avouer, à chaque fois qu’elle sortait de la maison de ses beaux-parents, elle n’arrivait pas à s’arrêter de pleurer. Cette journée qu’elle voulait heureuse, ne l’était pas autant qu’elle le voulait. Heureusement, la décoration, l’emballage des cadeaux tenait son esprit ailleurs, le plus loin possible de ses démons. Emilie tel la marraine parfaite qu’elle était, se présenter, prête à préparer l’incroyable fête d’anniversaire. Romane esquissait un sourire en voyant la tête d’Emilie lorsqu’elle découvrait la décoration, elle haussait les épaules. « Oh, ça ? C’est trois fois rien. Elle savait qu’Emilie avait raison, que c’était beaucoup trop mais au final, elle ne le faisait pas que pour la petite brune, elle le faisait pour elle et pour Wyatt. Je réfléchis à privatiser Disneyland Paris l’année prochaine. » Elle plaisantait mais d’un côté cette idée ne semblait pas si absurde que ça finalement. Romane se tournait vers sa sœur lorsqu’elle lui tendait une petite boite, elle lui adressait un sourire, promettant de l’ouvrir à la fin de la journée, mais elle était certaine qu’elle pleurerait surement beaucoup en découvrant ce cadeau.

« Parfait, on fait comme ça. » La brune s’avançait dans le jardin, terminant d’installer l’arche, elle mettait la touche finale pour que tout soit parfait. Elle se tournait alors vers sa sœur, présente dans la cuisine. « J’ai loué un chateau gonflable, Maddy pourra s’y amuser. » Elle posait les petites décorations qu’elle avait acheté, mettait en place les petits sac cadeaux pour les invités. On pouvait y trouver dedans une photo de chaque personne en compagnie de Cloé, une bougie à la tarte aux fraise – qui était l’odeur préféré de Cloé, enfin du moins, c’est celle qu’elle avait choisi dans le magasin -, une carte cadeau pour le starbuck de la ville, et un dessin de Cloé – enfin, ce qui peut s’apparenter le plus à un dessin-. Elle regardait le tout, espérant que tout soit parfait, elle ne voulait pas une seule erreur pendant cette journée, elle se devait être incroyable, magique, un rêve éveillé, elle voulait que Cloé s’en souvienne pour toute sa vie, elle voulait que Wyatt soit fière. Rentrant dans la maison, elle s’avançait vers sa sœur. « En parlant de Maddy, comment va-t-elle ? Elle lui souriait. ça se passe bien avec elle ? ton rôle de belle mère te plait ? » Elle n’avait aucun doute qu’Emilie puisse être une belle-mère incroyable, elle était déjà une sœur extraordinaire et il fallait voir la façon dont elle s’occuper de Cloé pour savoir qu’elle était la personne parfaite pour la petite brune. Elle s’avançait dans sa cuisine. « Tu veux boire quelque chose ? » Elle se sortait un soda, et après la réponse d’Emilie, elle lui tendait sa boisson. « Je suis tellement stressé, à l’idée d’oublier quelque chose. » Elle jouait avec son collier. Collier que Wyatt lui avait offert pour leur un mois de relation, elle ne l’avait jamais enlevé depuis. « J’ai pris un gâteau à deux étages, des sablés, des pop cake, du popcorn, des bonbons, quelques muffins.. Tu penses que ce sera suffisant ? »

Romane était si heureuse pour Emilie, elle avait retrouvé l’homme qu’elle avait au final toujours aimé, et cela la comblait de bonheur. Elle n’avait jamais vu sa sœur si heureuse, si rayonnante que depuis que Raphael était réapparu dans sa vie. Emilie était son double, la personne la plus importante dans sa vie, celle pour qui elle pourrait donner sa vie – en plus de Cloé naturellement-. La blonde était toujours d’un naturel si aimant, gentil et altruiste, elle se soucier toujours des personnes qui l’entouraient, elle se privait même parfois pour les autres, alors la voir ainsi, sur un petit nuage, avec sa jolie petite vie de famille, Romane était heureuse. Naturellement, elle ne mentirait pas, certain soir, elle était légèrement jalouse. Non pas de sa relation avec Raphael, ni de la présence de Maddy, mais du fait, qu’ils avaient eu une seconde chance, ils avaient pu se retrouver, grandir et revenir ensemble, pour ne former plus qu’une grande et même famille. Raphael était sa grande histoire d’amour, et parfois, Romane se demandait pourquoi elle, elle n’avait de seconde chance, une seconde chance de retrouver Wyatt, de le serrer dans ses bras, de lui dire à quel point elle l’aime et de construire cette famille qu’ils désiraient tant. Elle ne pouvait en vouloir à Emilie, elle avait eu cette chance, mais Romane, elle, se sentait meurtrit la plupart du temps. Elle était persuadée que jamais, elle ne rencontrerait quelqu’un d’autre. Quand on a aimé, aussi fort qu’elle et Wyatt se sont aimés, on ne peut pas retrouver cette sensation, on ne peut pas retrouver quelqu’un qui nous aime autant, qui nous accepte avec tous nos défauts, qui grandit avec vous. Elle avait vécu son histoire digne d’un dessin animée disney, sauf que son mari, ne reviendra plus jamais, et c’est surement cela le plus difficile en soit. Prenant une gorgée de son soda, la brune écoutait sa sœur avec un sourire. Epanouie, Emilie l’était, Romane en était plus que certaine d’ailleurs. « Il y aura Maddy, Cloé naturellement et deux copines de crèches de Cloé avec leurs parents. D’ailleurs l’un des couples à une enfant plus âgée aussi, elle s’appelle Summer, et il me semble qu’elle a quasiment le même âge que Maddy. » Il est vrai qu’il n’y avait pas énormément d’enfant dans leur entourage mais assez pour que Maddy ne s’ennuie pas aujourd’hui. Romane écoutait Emilie parlait de Maddy avec des petites étoiles dans les yeux, elle trouvait cela véritablement adorable, elle était faite pour être mère et quand son tour viendra, elle sera incroyable, la brune en était plus que certaine. « A qui le dis-tu, quand je l’ai croisé la dernière fois, j’étais surprise de toutes les choses qu’elle savait. » Cette petite, c’était une douceur, une véritable poupée, elle était si belle, si drôle, intelligente et très attachante. « Tu l’es un peu en soit. » La comparer à la belle-mère dans Cendrillon, détendait un peu l’atmosphère bien trop solennelle entre les deux sœurs. Romane faisait une moue trop mignonne en entendant les paroles d’Emilie. « Et je suis certaine qu’elle t’aime beaucoup aussi.. » En même temps, Romane ne connaissait personne qui n’aimait pas Emilie, elle était la douceur incarnée. Et non, son jugement n’est pas biaisé parce qu’il s’agit de sa petite sœur.

Romane récitait à haute voix, tout ce qu’elle avait prévue pour la journée, elle ne devait rien oublié, elle voulait que tout soit parfait, elle voulait que Cloé profite de son anniversaire au maximum et qu’elle oublie, que son père ne soit pas la. Bien que cela soit un mensonge, la demoiselle était encore bien trop petite pour comprendre l’absence de son père, c’est surtout Romane qui avait besoin de comblé ce manque, et de protéger Cloé de cette souffrance atroce. Elle ne pouvait s’empêcher de jouer avec son collier, comme si cela la rapprochait du jeune homme disparu. Elle tournait son visage en voyant Emilie qui s’approchait et elle esquissait un sourire. Emilie se voulait toujours si rassurante et positive. « Vraiment ? Tu penses qu’elle va aimer ? » C’était son seul soucis, que tout le monde apprécie, que tout le monde passe une bonne journée. Romane la prends dans ses bras, et elles restent silencieuses un petit moment. Romane est plus apaisée, elle essaie de reprendre le contrôle de ses émotions, mais lorsqu’elle Emilie pose cette question, son cœur s’emballe. Elle hoche la tête positivement et reprend. « Je vais bien, je t’assure. » Elle se décale, part vers un tiroir de la cuisine, l’ouvre pour chercher je ne sais quoi. Elle gagne du temps, pourtant, quand elle se retourne, ses yeux sont remplis de larmes, elle sait que devant Emilie elle peut, mais elle aimerait ne pas à avoir à le faire. Elle s’était jurée de ne pas pleurer, de ne pas passer pour la veuve effondrée. « Il me manque tellement.. » Disait-elle en haussant simplement les épaules. Elle n’en parlait pas beaucoup, parce qu’elle ne voulait pas s’apitoyer sur son sort, mais pourtant, l’absence de Wyatt était un supplice tous les jours et particulièrement aujourd’hui. Elle essayait de contenir ses larmes, ses yeux étaient si remplis que ce n’était plus possible. Elle essuyait quelques larmes de ses joues. « Je voudrais juste qu’il soit présent.. » Elle se mordait la lèvre inférieure, tout en haussant les épaules, elle se contenait chaque jour, et maintenant c’était plus difficile. « J’aimerais juste qu’il soit présent aujourd’hui, et qu’il profite de cette journée, qu’il me dise qu’il est fière de nous et qu’on lui manque aussi.. J’aimerais qu’il voit à quel point sa fille est formidable, à quel point elle l’aime et à quel point je l’aime. » Sa voix était tremblante, pleine de larmes. « J’aimerais le prendre dans mes bras, et lui dire : qu’on va bien et qu’on fait de notre mieux.. Mais surtout, j’aimerais le voir avec sa fille dans ses bras, mangeant du gâteau, courant avec elle dans toute la maison, et je voudrais, juste aujourd’hui, m’endormir dans ses bras, au lieu de devoir aller au cimetière ce soir.. » Elle essuyait ses larmes.

Parfois, lorsqu’elle fermait les yeux, Romane arrivait à s’imaginer sa vie idéale, sa vie parfaite, et à chaque fois, Wyatt passait la porte de la maison. L’homme revenait de sa dernière mission, parce qu’après la naissance de leur fille, il avait décidé de prendre sa retraire de l’armée, il ne voulait manquer aucun anniversaire, aucun noël, aucune réelle première fois de Cloé. Il voulait être le père présent, le père exceptionnel. Il voulait courir après sa fille, la faire rire, l’emmener à son premier bal père-fille. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, et qu’elle s’évadait dans ses instants précieux, c’est ce qu’elle voyait. Elle n’avait pas besoin de se concentrer vraiment fort, pour arriver dans ce monde utopique, parce que tous les soirs, c’est là-bas qu’elle allait, c’est là-bas qu’elle retrouvait les bras de Wyatt, ses lèvres, son sourire incroyable et son rire si parfait. Elle les voyait, courir dans le jardin, pendant qu’elle, était assise sur la balancelle, elle les entendait rire, et entendait parfaitement la voix de Wyatt. Dans ces moment-là, elle se sentait de nouveau en sécurité, elle vivait la vie dont elle avait toujours rêvé et elle n’avait pas peur d’affronter l’avenir. Elle était l’héroïne de son histoire, elle ne vivait pas dans l’ombre d’elle-même, elle n’avait même pas besoin de se forcer à sourire, elle souriait sans cesse. Les réveils n’en étaient que plus difficile. Chaque soleil qui se levait, la privait de nouveau de ce bonheur, de ses retrouvailles. Chaque début de journée, elle se rappelait que tout cela n’était plus possible, que ce n’était qu’un rêve, qui malheureusement ne se réaliserait jamais. Parfois, elle aimerait simplement rester endormi pendant des journées entières, pour profiter de son odeur, de ses paroles, de ses doux moments. Parce qu’elle le savait, plus le temps passerait et plus, elle finirait par oublié son parfum, ses manières de rire, sa voix.. Elle avait beau se convaincre que cela n’arriverait jamais, qu’elle ne pourrait oublier le moindre détail sur lui, au fond, elle savait, que cela arriverait, bien plus vite qu’elle n’oserait se l’avouer. Et pour cela, elle se sentait terriblement coupable. Comme elle se sentait coupable de beaucoup trop de chose à vrai dire. Elle se sentait même coupable, d’être ici, dans son salon, à organiser une immense fête pour sa fille, alors que lui, il ne pouvait pas être présent. Elle savait que cela était ridicule, parce qu’elle savait que Wyatt aurait voulu une fête encore plus grandiose que celle-ci. Il aurait voulu que Cloé soit traité comme une reine, et c’est ce que Romane essayait de faire, chaque jour, depuis qu’il était parti. La difficulté dans son absence, était le manque constant naturellement, mais Romane s’était retrouvé dans une vie, où elle était désormais, le repère maternelle mais aussi paternel. Elle devait être à la fois la douceur d’une mère, et l’autorité d’un père, elle se devait d’être parfaite sur tous les points, et bien qu’elle donnait l’impression de mener cela sans le moindre problème, d’être une super héroïne, rare était les soirs où elle ne s’endormait pas, les yeux rougis par les larmes. Malheureusement, désormais, c’était sa vie. Et heureusement, Cloé, lui apportait le bonheur qu’il lui manquait. S’il n’y avait pas eu Cloé, si elle n’avait pas été là, si elle avait été seule, Romane ne pourrait dire où elle en serait désormais. Si même elle serait encore de ce monde, où bien même ici à Monterey. Aurait-elle rejoint la France ? Se serait-elle exilée encore plus loin, dans un autre pays, elle ne le savait pas, et heureusement, Cloé était présente, elle n’avait pas besoin d’y réfléchir. Tous les mots qu’Emilie lui disait, la faisait sourire. Sa sœur était d’une douceur déconcertante, surtout lorsque le sujet Wyatt était abordé. Romane essayait toujours d’être discrète sur ce point de sa vie, mais aujourd’hui, elle s’était permise de craquer. Et les bras réconfortant de sa jeune sœur étaient présent, et cela suffisait presque à lui faire oublier. « C’est adorable.. Tu es.. adorable. » C’était les seuls mots qu’elle pouvait sortir. Elle essayait de contenir sa respiration, de reprendre un rythme cardiaque normal, d’arrêter de pleurer. Elle déposait un baiser sur la tempe de sa sœur avant de reprendre. « Tu dois rentrer chez toi. Tu as Raphael, et Maddy, et je dois faire cela toute seule, je dois surmonter cette journée toute seule. » Parce qu’un jour, elle aussi, elle aura une vie, une famille, elle aura des enfants, et elle ne pourra pas toujours être là dès que les larmes couleront sur son visage, dès que la vie deviendra trop dur et dès que ses souvenirs lui hanteront la mémoire. Elle devait être courageuse, et combattre ses journées difficiles, avancer. Tout le monde lui souhaitait beaucoup de bonheur, de refaire sa vie, mais pour l’instant, elle ne pouvait pas l’imaginer. Elle se décalait légèrement de sa sœur, essuyant les dernières larmes qui coulaient sur ses joues. « Cloé ne vas pas tarder, je ne veux pas qu’elle voit que j’ai pleurée. » Elle se tournait, reprenant une grande respiration, et comme par magie, lorsqu’elle faisait face de nouveau à sa sœur, un sourire immense était dessiné sur ses lèvres, le sourire qu’elle avait travaillé pendant plusieurs mois. « Mais.. Si tu peux garder Cloé le temps que j’aille au cimetière, ça m’aiderait beaucoup. » Cloé était déjà venue au cimetière voir son papa, mais elle ne voulait pas l’emmener le jour de son anniversaire, elle trouvait cela, assez malaisant. C’était sa journée, elle se devait d’être pleine de joie. Continuant à vadrouiller dans la maison pour tous finaliser. Elle se tournait vers sa sœur. « Tu vas aller en France cet été ? » Elle essayait de changer de sujet, du mieux qu’elle le pouvait.