Il y a des personnes qui vous touchent plus que d’autres. Au cours de votre vie, vous rencontrez des tonnes de personnes, certaines s’en vont, d’autres disparaissent et certaines vous marquent pour toujours. Nevada était ce genre de personne pour Romane, cette personne qui avait marqué sa vie par bien des façons. Elle était devenue au fils des années, une amie fidèle, elle la considérait comme de sa famille, elle avait été l’un de ses piliers pendant les moments les plus sombres de sa vie, mais aussi, elle avait été sa première amie ici, à Monterey, lorsqu’elle y avait posé ses valises il y a quinze ans. Elle avait été témoin de son arrivée, mais surtout, elle avait été témoin du début de sa grande histoire d’amour avec Wyatt. Elle les avait vu tombé amoureux, elle les avait vu se marié, et elle avait vu enfin parents et elle avait vu Romane anéanti par son décès. C’était une amitié sincère, elles se soutenaient dans chacun de leurs choix, chacune des épreuves, et bien qu’elles ne se voyaient pas tous les jours, qu’elles ne s’envoyaient pas de messages pendant des semaines, si l’une téléphonait à l’autre, elle débarquait sans poser aucune question. C’est ce que Romane préférait dans cette relation : la sincérité, la compassion, le soutien. Cela faisait quelques temps qu’elles ne s’étaient pas vu, elles avaient décidé ensembles d’y remédier.

La matinée avait été des plus rapide pour Romane. En compagnie de Cloé, elle était partie à l’école pour commencer à préparer sa classe pour la rentrer. Elle changeait la disposition des tables, prenait la liste des prénoms de ses élèves afin de crée les marques places, elle prédisposait le coin lecture. Elle avait hâte d’acheter les petits fauteuils manquant, de nouveau livres, elle était impatiente que la rentrée arrive. Elle prenait Cloé dans ses bras, remontant toute l’école, elle la laissait jouer dans les jeux de la cour de récréation. Elle prenait son téléphone, ouvrant sa dernière conversation avec Daniel, elle tapait un message, puis l’effaçait finalement. Elle ne savait pas comment agir avec le jeune homme. Elle n’avait pas ressenti cela depuis sa rencontre avec Wyatt, mais elle devait l’avouer, il lui plaisait, il ne la laissait pas indifférente, et à chaque fois qu’elle le voyait, qu’elle croisait son magnifique sourire, qu’il lui esquissait un sourire, elle ressentait comme un frisson dans tout son corps. Parfois, elle avait l’impression qu’il ressentait peut-être la même chose mais juste après, il lui exprimait le contraire, elle ne savait pas. Pourtant, elle espérait le revoir, lui parler de nouveau, et naturellement, elle mentirait si elle disait qu’elle ne souhaitait pas sentir ses lèvres sur les siennes encore une fois.

Les deux jeunes brunes s’étaient données rendez-vous au centre commercial. Romane déposait Cloé chez Emilie, elle avait accepté de s’occuper d’elle, mais en réalité, c’était surtout Maddy qui avait acceptée, impatiente d’avoir une poupée grandeur nature, et Romane était encore plus certaine à ce moment-là, que Maddy serait une grande sœur incroyable. Embrassant sa fille sur le haut du crâne, elle prenait sa voiture, roulant jusqu’au lieu de rendez-vous. Elle se dirigeait vers le starbuck et c’est sans surprise qu’elle croisait le regard de Nevada qui l’attendait. « Hey.. Désolé, je suis en retard. » Elle ne l’était pas souvent pourtant, mais, sur le coup, elle l’était. Elle avait surestimé la traverser de la ville. Elle s’approchait de la brune, la prenant dans ses bras. « Regarde-toi, tu es sublime. » Nevada avait toujours été une jeune femme sublime, mais plus le temps passé et plus elle était à couper le souffle. Romane se décalait, et avec un immense sourire – qui ne la quitterait surement pas de la journée -. « Comment vas-tu ? » Elle envoyait un message à Emilie, vérifiant que tout allait bien avec Cloé. Rangeant son téléphone, elles commençaient à marcher dans la galerie marchande et Romane ne pu s’empêcher de se sentir nostalgique. « J’ai l’impression d’être de retour quinze ans en arrière. » Lorsqu’elles étaient encore si jeunes et qu’elles essayaient de choisir la tenue la plus jolie pour leur rendez-vous. Romane se souvient encore de Nevada qui poussait Wyatt à inviter Romane à sortir. Et pour ça, la brune lui en serait pour toujours reconnaissante.

Cela faisait quelques jours que j'étais revenue de Cuba. Des vacances improvisées, après avoir couché avec Deavon. Un voyage improvisé après me rendre compte que, put-être, j'avais encore des sentiments pour lui. Je ne savais pas vraiment comment me comporter. Et le revoir en ville ne m'avait clairement pas aidé à voir les choses de manière plus claires. J'avais l'impression d'être à la fois, cette personne horrible, mais également celle qui serait prête à tout plaquer pour lui. D'ailleurs, je n'étais pas rentrée là où je vivais avec mon mari. J'avais préféré loger chez ma meilleure amie. Parfois, j'avais l'impression d'être une gamine. Je n'assumais pas vraiment ce qui s'était passé et je n'étais pas prête à assumer pendant un long moment. Pourtant, ma meilleure amie avait raison : il faudrait bien que je rentre chez moi, un jour. Plus facile à dire qu'à faire lorsque l'on sait que j'allais aussi devoir faire preuve d'honnêteté. Déjà que notre couple battait un peu de l'aile, à cause de la fausse couche faite il y a maintenant un an. Je n'étais pas sûre qu'il se relève d'une tromperie. Et tout ça me faisait peur et m'angoissait. J'ai toujours été une fille plutôt droite en temps normal. Je n'avais jamais fait de frasque de ce genre. Et là, au lieu, d'essayer d'arranger les choses, je m'enfonçais encore plus. C'est dans ces moments-là où je me demandais si j'avais réellement 30 ans. Peut-être pas, finalement.

Ce jour-là, on avait décidé, avec Romane, de se voir. Passer du temps ensemble comme lorsque l'on était adolescente. Elle n'était pas au courant de l'histoire et je n'étais pas sûre de pouvoir lui en toucher deux mots. Peur du jugement ? Très certainement ! Après tout, à ses yeux, j'ai toujours été celle qui n'allait pas voir ailleurs. Et j'avais peur de ce qu'elle allait me dire, même si au fond de moi, je savais qu'elle allait avoir raison. Après m'être habillée d'une petite robe d'été, d'une paie de basket et avoir opté pour un sac qui agrémentait la tenue, je montais dans ma voiture : une BMW de couleur turquoise. J'avais décidé de me faire un petit plaisir. Je sais que ce n'est pas une voiture qui allait panser les blessures, mais sur un malentendu... On ne sait jamais. Lunettes de soleil sur le nez, je me dirigeais vers le centre commercial, sans forcément respecter les limitations de vitesse. J'avais clairement la tête ailleurs. Je me posais des questions sur beaucoup de choses. Et je ne trouvais aucune solution à mon problème, ce qui était plutôt compliqué. Une fois sur le parking, je me garais, sortis du véhicule et le verrouilla avant de me diriger vers l'une des entrées. Je crois qu'on s'était toujours donné rendez-vous au même endroit avec Romane, depuis le temps qu'on se connaissait. On ne change pas une équipe qui gagne après. Après avoir attendu quelques minutes, le nez plongé sur mon téléphone, j'entendis une voix que je connaissais. « Hey.. Désolé, je suis en retard. » Je pris Romane dans mes bras, comme à mon habitude, après l'avoir salué également. « Regarde-toi, tu es sublime. » Toujours plus ! Mais ça faisait, tout de même plaisir, de recevoir un compliment. « Toi aussi, t'es magnifique, comme toujours ! » Et le compliment était sincère également de mon côté. « Comment vas-tu ? » C'était la question à ne pas poser, mais bon, elle ne pouvait pas forcément le savoir. « J’ai l’impression d’être de retour quinze ans en arrière. » Et on prenait un véritable coup de vieux. Ça faisait presque peur. Je commençais à marcher à ses côtés, bien décidé à faire chauffer la carte bleue. « mais oui ! C'est exactement ça ! Et par contre, Romane, merci pour le coup de vieux hein ! » Bien sûr, je rigolais. Mais c'est vrai qu'avec la trentaine qui venait de passer, j'avais du mal avec les années que j'allais prendre. Je pense qu'on a tous ce genre de problème à un moment donné dans une vie. « Et sinon, ça peut aller. J'ai quelques soucis persos qui me prennent la tête, mais rien d'insurmontable. » Rien d'insurmontable ? Et pourtant, je n'osais pas rentrer à mon domicile. Il faudra certainement revoir la définition de "insurmontable". « Et toi, ça va ? » Je préférais largement changer de sujet. Ce n'était clairement pas ma tasse de thé d'exposer mes problèmes. Et on n'était pas là pour ça, bien au contraire !

Trouver de véritable amis était rare de nos jours. Parfois des personnes entrent et sortent de nos vies, si rapidement qu’on les oublie presque aussi vite. Il est rare, d’avoir des personnes avec qui traversaient les différentes étapes de la vie. Quelqu’un qui est présent pour vous, dans les bons moments, dans vos meilleurs souvenirs, mais également quelqu’un qui reste à vos côtés dans les pires moments, durant votre période la plus sombre et qui vous soutient, encore et encore. Qui vous aide, à remonter la pente, à prendre du recul sur la situation. Cette personne qui vous aide à vous relever, même si cela prend des mois, des années. Cette personne qui ne vous jugera jamais, qui vous écoutera encore et encore, rabâcher la même histoire, pleurer pour la même chose des centaines de fois. Romane se sentait chanceuse, parce qu’elle avait ce genre de personne dans sa vie. Et même si la distance les séparait, Nevada, avait toujours été d’une présence exceptionnelle pour Romane. La brune était l’une de seules personnes qui avaient connu Romane avant le début de sa relation avec Wyatt, elle avait assistait à leur début, elle avait vu la française tombait sous le charme du jeune américain. Elle avait vu Wyatt, parlait d’elle comme si elle était la huitième merveille du monde, elle avait vu les larmes de la demoiselle quand ses années d’au pair s’était arrêté, mais elle avait également vu son immense sourire lorsque Wyatt, avait posé un genoux à terre. Elle était présente lorsqu’elle était devenue Madame Hasting. Mais elle avait été également, l’une des première à son chevet lorsqu’elle redevenait Madame Mercier. Jamais elle ne l’avait lâchée, et pour cela, la brune lui en était éternellement reconnaissante. Elles n’avaient plus l’occasion de se voir aussi souvent qu’avant, pour cause Nevada, n’était pas toujours en ville, elle avait une vie sociale très remplie, et pour Romane, avec sa petite terreur, elle n’était pas toujours disponible. Rare, était les fois où elle s’accordait une sortie, un peu de bon temps, alors, elle était impatiente que cette journée commence. « Je suis désole de te l’apprendre mais on est plus toute jeune. » Elle plaisantait, naturellement, mais elle avait toutes les deux passés une dizaine. Pourtant, cela ne se voyait guère, Nev était plus belle de jour en jour. Elle penchait la tête sur le côté en entendant son amie lui parlait de soucis personnel. « Oh, je suis désolé. Tu veux en parler ? » Elle ne la forcerait pas, naturellement, mais Romane était plutôt de bon conseil, elle avait cette capacité à être une oreille attentive, et à raisonner plutôt bien. Son calme, sa maturité, sa douceur l’aidait dans ce genre de situation. Et elle ne la jugerait pas, peut importe ce que cela pouvait bien être, elle ne jugeait personne mais encore moins ses amis. Elle serait juste présente, tout comme Nevada l’avait été pour elle durant toutes ses années. Elle esquissait un sourire à son amie, et comme un réflexe, elle répétait la même phrase, qu’elle disait à tout le monde depuis plus d’un an. « Je vais très bien, je te remercie. » Mensonge, mais dissimulé sous un sourire, un sourire qu’elle travaillait depuis un an maintenant, il était rodé à la perfection, elle savait ce qu’elle faisait. Elle ne pouvait pas faire subir à ses proches le numéro de la veuve épeurée, elle n’était pas complètement remise, mais elle faisait croire le contraire, et elle le faisait très bien à vrai dire. « Cloé est incroyable, elle m’impressionne de jour en jour. Elle marche, et elle dit même quelques mots. C’est une petite chipie mais, on lui pardonne tout à cause de son sourire charmeur. Tu devrais la voir, aucun de ses oncles et tantes ne lui résistent. » Elle esquissait un sourire avant de reprendre. « Tu veux boire un café ? » Avant le shopping, il fallait toujours quelque chose à boire.