Romane n’arrivait pas à y croire, Cloé avait eu un an. L’année avait passé à une vitesse folle et celle-ci, avait été la plus belle année de sa vie mais également la plus difficile. Son rêve de devenir mère était devenue réalité, mais son rêve de famille avait été détruit. Perdre Wyatt avait été la chose la plus atroce qu’elle avait vécu. Dire au revoir à Wyatt, à l’homme qu’elle avait aimé pendant quatorze ans, sans avoir le temps de le faire, elle devait être forte pour sa fille qui ne connaitrait jamais son père. Pourtant entourée de ses amis, et de sa famille, Romane ne s’était jamais sentie aussi seule. Remonter la pente réellement n’avait pas été simple, mais maintenant, elle se sentait de nouveau plus ou moins heureuse. Elle revoyait le côté positif de la vie, elle redécouvrait le monde comme elle le voyait avant, elle découvrait les plaisirs d’être mère et de redevenir femme. Reprendre le travail avait été l’élément déclencheur, elle se sentait de nouveau utile, elle voyait du monde, les élèves, ses collègues, tout lui semblait différent maintenant, mais ça serait certainement mieux, du moins, elle l’espérait. Heureusement, Emilie avait été présente pour elle pendant toute cette année, elle était la personne qu’elle aimait le plus au monde – après Cloé naturellement-, elle pouvait compter sur sa petite sœur dans tous les moments de sa vie. En y repensant, la fête qu’elle avait organisée pour Cloé avait été incroyable, tout avait été parfait, Romie en était réellement fière. La couleur lilas avait été à l’honneur, des tonnes de papillons, une arche de ballon grandiose, des paillettes, des tonnes de cadeaux, un gâteau plus que fabuleux, de la musique classique. Les larmes avaient, eu raison d’elle plus d’une fois, que ce soit lors des discours, de l’ouverture des cadeaux où du moment où sa petite fille avait soufflé sa première bougie. Ce qui l’avait rendu particulièrement heureuse, la venue de ses parents depuis la France. Leur présence lui faisait tellement de bien, ils étaient comme son rayon de soleil.

Cette après-midi, ils repartaient vers la France, et notre jeune française savait qu’elle ne les verrait plus avant cet été. Les parents de Wyatt avaient proposé de s’occuper de Cloé, le temps que Romane puisse dire au revoir à ses parents et les amener à l’aéroport, ils lui redéposeraient demain matin. C’était sa première soirée seule depuis la naissance de Cloé, et étrangement, cela ne la rendait pas heureuse. Au contraire, elle était plutôt anxieuse. Les au revoir devant l’enregistrement de l’aéroport, lui brisait le cœur, elle ne s’attardait pas, préférant retenir ses larmes. Sur la route du retour, Romane s’était arrêté faire quelques courses au supermarché, tout ce qui lui manquait pour sa soirée télé. Elle n’avait que trente-trois ans et parfois, on pouvait croire que c’était une vieille fille de cinquante ans, il ne lui manquait plus que le chat. De retour chez elle, Romane se sentait étrangement mal à l’aise, elle était seule, sans un bruit, aucun petit bruit mignon venant de Cloé, seulement le silence. Elle rangeait les courses, finissait le ménage, regardait des vidéos sur son téléphone, lisait un peu le dernier roman de Nicholas Sparks, la fin de journée lui paraissait longue. Elle envoyait un message à l’une de ses copines, et celle-ci lui proposait de sortir, il faut dire qu’elle n’en avait pas vraiment envie, elle était si bien dans son canapé, prête à lancer un épisode des Kardashians et de se détendre devant. Pourtant, elle avait accepté, elle n’avait pas envie d’être la trentenaire qui passe toutes ses soirées seules chez elle. Elle se devait de reprendre goût à la vie. Attrapant son sac à main, son téléphone, Romie remettait un peu de parfum. Elle se regardait dans le miroir de l’entrée, et s’avançait vers la porte. Elle l’ouvrait et c’est alors qu’elle tombait nez à nez avec un homme qu’elle ne connaissait pas. « Hum.. Bonsoir.. Disait-elle d’une voix timide. Je peux vous aider ? » Elle esquissait un petit sourire, plutôt amicale mais également un peu distante pour l’instant.

Nouvelle vie. J’ai bien du mal à réellement réaliser que je commence une nouvelle vie, que je tourne une page, que dis-je, que je ferme un livre pour en ouvrir un nouveau ? Le chemin n’a pas été des plus simples, je ne pensais pas que ma vie prendrait un tel tournant. Il y a un an en arrière, j’étais heureux, je pensais l’être en tout cas. J’avais une routine, un job qui me plaisait et dans lequel je m’épanouissais et surtout, une vie privée stable. Mariés depuis des années à la femme que j’aimais, notre quotidien n’était pas toujours tout rose, mais nous nous entendions bien. Nous voulions depuis des lustres avoir un enfant sans réussite, par ma faute et c’est ainsi que la culpabilité s’incrusta dans mon quotidien, ajouté à la souffrance que ma femme ressentait dû à ce manque de parentalité, que je n’avais pas vu venir. J’ai été naïf de croire que nous réussirions à tout surmonter, que nous combattrions nos échecs la main dans la main. Mais la communication était rompue depuis un moment entre nous, aveugle comme je l’étais, j’avais simplement refusé de le voir. Je préférais rester accroché à un bonheur éphémère qui quitta notre foyer sans que je m’en rende compte. Nous étions tombés dans la routine, chose qu’elle m’a balancé en pleine figure, chassant toutes les illusions que je m’étais faite. Son départ fut brut, en rentrant un jour du travail, elle n’était plus là. Elle n’en pouvait plus, m’avait-elle écrit et j’eu du mal à le comprendre.
J’ai pendant des mois espéré secrètement son retour, ne voulant volontairement pas diffuser la nouvelle de son départ, car elle reviendrait, m’étais-je convaincu. Mais le temps a passé et je n’avais plus de nouvelles, pas d’appel et pas de messages, rien. Le silence total. Le sentiment d’abandon que j’éprouvais laissa vite place à de la colère et à de la compréhension. J’étais persuadé que nous étions proches au point de parler de tout, j’espérais que la communication soit fluide entre nous… Je me trompais. Des mois plus tard, je recevais les papiers du divorce qui en disaient long sur notre séparation. Papiers qui furent difficiles à signer. Mon entourage m’a conseillé de changer de maison, pour mieux passer à autre chose et ne plus être hanté par mon passé. Ils avaient raison.
Aujourd’hui, je vis mon premier soir dans mon nouveau chez moi, je n’ai encore aucune habitude, aucun réflexe, mais je suis heureux de me retrouver ici. Dans cet endroit que j’ai choisi. Je vais pouvoir me l’approprier comme je le veux. Il reste quelques finitions à faire, mais l’appartement est pratiquement neuf, plus qu’à le personnaliser pour mieux me l’approprier. Les choses pourront doucement se mettre en place, je ne me fais pas de soucis. En attendant, je déballe mon sac récupéré sur la route en sortant du taff et qui contient mon repas du soir. Des cartons, des cartons et encore des cartons. Comment vais-je le retrouver ? Ah le voilà ! Je sors le plat et le regarde quelques instants. Il a besoin d’être réchauffé, je n’y ai même pas pensé. Parce que manger froid, c’est un peu bof quand même. J’aurais dû prendre une salade. Je soupire, en me rappelant que je n’avais toujours pas d’électricité à la maison, j’ai posé ma journée du lendemain pour que l’électricien active je ne sais plus quoi. Plus qu’une seule solution s’offre à moi.
Je me pointe à la porte d’à côté, plat en main, et sourire scotché sur les lèvres pour ne pas faire peur. « Salut, euh… » je m’interromps alors, lorsque mon regard croise le sien, j’ai comme un bug ? Un gros blanc, je suis incapable d’aligner trois mots. Je toussote alors, reprenant mes esprits. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je suis… troublé. « Je viens tout juste d’emménager et… c’est la galère, il n’y a même pas encore d’électricité à la maison… » je lui explique en passant brièvement mes mains dans mes cheveux. Je ne fais pas quelque chose de mal, non ? Je viens juste demander un peu d’aide, alors pourquoi suis-je aussi gêné ? « Je… hm… J’ai besoin de réchauffer mon plat, ce serait possible ? » je lui demande en baissant les yeux sur le plat tout préparé que j’ai acheté tout à l’heure. « Je m’appelle Daniel au fait, le nouveau voisin. »

@Romane Mercier

Romane devait se l’avouer, en ouvrant sa porte, elle ne pensait pas être aussi surprise par la personne qu’elle y trouverait. Pourtant la présence de ce jeune homme la rendait nerveuse. Elle qui était connue pour sa gentillesse, sa personnalité solaire et sa sociabilité, elle était tout à coup, timide, réservée et anxieuse. Elle ne s’attendait à recevoir personne et encore moins un homme, dont elle ne connaissait pas l’existence il y a pleine quelques secondes. Elle ne savait comment se comporter, comment réagir, et ce qu’elle devait dire tout simplement. Intérieurement, elle se sentait ridicule, elle avait l’impression d’être une enfant qui ne pouvait pas aligner trois mois. Pourtant, elle avait l’habitude de parler devant des personnes, de rencontrer les parents, elle était enseignante, parler, c’est ce qu’elle faisait à longueur de journée. Sa main appuyait contre sa porte d’entrée, elle regardait le jeune homme, attendant une parole de sa part et heureusement, cela ne mettait pas longtemps à arriver. La brune venait de faire connaissance avec son nouveau voisin, elle lui adressait un sourire gentil, adorable presque. Elle l’écoutait attentivement, son regard croisant le sien, elle sentit comme un courant d’air. – la dernière fois qu’elle avait vécu ce genre de situation, était lorsqu’elle avait rencontré Wyatt pour la première fois, il y a quatorze ans-. Elle décidait de ne pas y prêter attention, et de reporter son attention sur le jeune homme. Elle baisait son regard vers son plat, fronçant légèrement les sourcils, elle se rendait compte quand il se présentait, qu’elle mettait bien trop longtemps à lui répondre, elle sortait de ses pensées et tout en lui adressant un sourire, elle reprenait. « Enchantée Daniel, je suis Romane. Bienvenue dans le voisinage. » C’est ce qu’elle aurait aimé entendre lorsqu’elle avait quitté la base militaire pour rejoindre son nouveau quartier, mais pour l’instant, elle n’avait pas discuté avec beaucoup de voisins. Son temps était principalement consacré à sa fille et son travail. « Naturellement, je vous en prie. » Elle se décalait, laissant le jeune homme pénétrer dans sa maison avant de refermer la porte d’entrée. Elle se retrouvait face à lui, dans sa maison et c’était une sensation étrange, Romane n’avait jamais été réellement seule dans une pièce avec un homme qu’elle ne connaissait pas depuis des années. Elle devait reprendre le contrôle de la situation. Elle lui adressait un sourire. « C’est par ici. » Elle ouvrait la marche, marchant vers la cuisine.

Il ne fallait que quelques mètres de marche. La cuisine était ouverte sur le salon, Romane passait une main dans ses cheveux et laissait le jeune homme se servir du micro-ondes. Le silence était de trop, et elle était habituellement sociable. Elle sentait son portable vibré dans sa poche, elle le sortait, répondant à son amie, qu’elle ne pouvait finalement pas venir, un empêchement de dernière minutes, et même si Daniel n’était la que pour quelques minutes, elle avait une excuse pour ne pas y aller. S’appuyant son l’ilot centrale, Romane regardait le jeune homme et reprenait. « Vous allez vraiment manger ce plat ? Romane n’était pas une grande fan des plats préparés. Ce n’as pas l’air d’être très bon. » Disait-elle d’une voix enjouée. Sa sociabilité refaisait surface, son sourire aussi, ainsi que son côté solaire. Elle passait une main dans ses cheveux bruns, regardant un peu autour d’elle, essayant de ne pas trop croisé le regard du jeune homme tout de même. « Vous habitez à Monterrey depuis longtemps ? Peut-être, êtes-vous nouveau en ville ? » Faire la conversation, du moins, elle essayait.

Elle est si mignonne. Ce n’est clairement pas ce que j’attendais en venant taper à une porte complètement par hasard, c’est vrai quoi, j’aurais pu tomber sur un mec super costaud qui m’aurait foutu un coup de poing parce que je débarque sans prévenir à une heure inappropriée ou sur un vieux papy que j’aurais réveillé en pleine sieste, mais… Non. Ma bonne étoile est avec moi aujourd’hui, parce que je n’aurais pas pu mieux tomber. « C’est très gentil, merci. » ce sont exactement les mots à dire, ceux que nous espérons entendre lorsque nous débarquons dans un nouveau lieu où nous ne connaissons personne. En plus, elle accepte sans rechigner ma requête, j’affiche alors un beau gros sourire. Je suis soulagé. « J’ai tapé à la bonne porte on dirait bien ! » m’exclamais-je, en ne la quittant pas des yeux. En fait, elle n’est pas juste mignonne, elle est extrêmement jolie et moi, je vais me retrouver à la suivre chez elle. Sans blague ?! « Euh… merci ? » je fronce les sourcils et avance avant de faire un pas pour la suivre. « Vous… » faîtes vraiment entrer n’importe qui pour vous ? Okaaaaaay, je me suis présenté comme le nouveau voisin et j’ai une bouille adorable, mais quand même ! Je pourrais être un psychopathe et je ne vois pas une once de soupçon dans son regard, pas la moindre peur, pas la moindre méfiance, donc pour éviter de la faire psychoter et me retrouver dehors avant d’avoir accompli ma mission, je décide de me taire et de la suivre.

En quelques pas, je remarque que son intérieur est très joli, finement décoré. La cuisine donne sur le salon, tout est propre, rangé et à sa place. Je contemple discrètement chaque coin, elle ne doit pas non plus croire que je suis venue l’espionner ou un truc dans le genre. En tout cas, elle doit bien se sentir dans ce cocon. Arrivés dans la cuisine, je ne sais pas trop si c’est à moi d’ouvrir le microonde ou si je la laissais faire ? Nous sommes chez elle après tout, je ne suis pas non plus censé prendre facilement mes aises. Je pose donc mon plat sur son plan de travail et le déballe. Pouah, à première vue, ce n’est pas très… gourmand. « Bien sûr, il ne vous plait pas ? » je comprends que ni le visuel, ni l’odeur ne lui donne envie, mais bon… « Je l'ai préparé moi » fis-je remarquer en arquant un sourcil et avec un sourire en coin, assez amusé. « Mais ce n’est pas le cas et je n’aurais certainement pas fait mieux. » je complète en haussant les épaules. Je ne suis pas très doué en cuisine, Elena me l’a souvent répété. Depuis qu’elle est partie, je ne fais plus aucun effort, c’est plat préparé sur plat préparé. Enfin… lorsque je suis à la maison, bien sûr. Les autres fois, je m’invite chez Bella et j’essaye un peu de l’aider. « Vous avez préparé quoi de beau de votre côté ? » je demande curieusement alors que ça ne me regarde pas et que sa réponse pourrait clairement me donner plus envie que ce plat. La suite de la conversation vient assez naturellement, c’est d’ailleurs elle qui pose la question. « Je vais sûrement vous décevoir, mais j’ai toujours vécu à Monterrey, même si pas dans ce quartier. Et vous ? » en débitant autant de paroles, je me rends compte que je suis légèrement… nerveux ? gêné ? parce que c’est dans ces situations que je me retrouve à beaucoup parler. Je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs, elle est super sympa, Romane. « Est-ce qu’on peut arrêter le vouvoiement si ça ne vous dérange pas ? J’ai l’impression qu’on a le même âge, et puis je me retrouve actuellement dans votre cuisine, donc plus besoin de formalités, non ? D’ailleurs, nous avons peut-être réellement le même âge, vous avez quel âge ? » Nous y voilà. La parole de trop, la question de trop. Je soupire, ferme les yeux quelques secondes et prend une inspiration avant de reprendre. « Désolé, je… on m’a toujours appris de ne pas demander l’âge à une femme, ce n’est pas très galant. » Je détourne le regard ensuite, elle va finir par me foutre à la porte et elle aurait raison.


@Romane Mercier

Pendant un cours instant alors qu’elle refermait la porte d’entrée de sa maison, Romane eu comme un doute, avait-elle fait le bon choix en laissant ce parfait inconnu pénétrer chez elle ? Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait accepté, mais elle n’était pas effrayée par le jeune homme, elle ressentait comme un bon pressentiment, comme si elle le connaissait déjà – alors que ce n’était pas du tout le cas -. Elle reprenait ses esprits et décidait de suivre son instinct. Avancement dans les différentes pièces de la maison jusqu’à pénétrer dans la cuisine. Regardant le plat du jeune homme et ce qu’il y avait dedans, elle devait avouer que cela ne lui donnait pas réellement envie, c’était même tout le contraire. Romane levait le regard vers le visage du jeune homme qui était concentrée sur l’ouverture de son plat, elle esquissait un petit sourire. Quel était le pourcentage de chance pour que la seule personne qui frappe chez elle soit aussi…mignon ? Hormis Emilie et les gens de sa famille, personne n’avait eu la chance de rentrer chez elle, elle redécouvrait la vie depuis quelques temps seulement, et cette sensation était étrange. Elle n’avait pas rencontré beaucoup de ses voisins – hormis sa sœur qui habitait à quelques maisons de la sienne et le petit-ami de sa sœur qui habitait en face -, elle aurait pu tomber sur un vieux monsieur, une demoiselle qui aurait abusé de la boisson, mais non. Elle avait la chance d’avoir ouvert la porte à Daniel. La brune détournait le regard avant qu’il ne puisse voir qu’elle le regardait depuis un petit peu trop longtemps. « Oh, je vois que vous avez un talent immense pour la cuisine. Lançait-elle un peu ironiquement, elle souriait en l’entendant parler de ses véritables talents culinaires qui visiblement n’existait pas. Vous avouez souvent vos talents culinaires lors d’une première conversation ? » Elle se moquait légèrement, un sourire aux lèvres. Elle n’était pas certaine que cela soit une parfaite phrase d’accroche. Enfin, que disait-elle, ce n’est pas comme s’il était là avec une idée derrière la tête, de vouloir la revoir ou de lui proposer un rendez-vous, il faisait juste la conversation en entendant que son plat se réchauffe. Elle passait une main dans ses cheveux et reprenais. « Je n’ai encore rien décidé , mais je pourrais préparer des avocado toast. Elle lui adressait un sourire en haussant les épaules. Ou, je finirais par commander une pizza. » Après tout, elle faisait en sorte de manger équilibré et de préparer de bons repas pour Cloé tous les jours de l’année. Elle pouvait profiter de sa soirée d’absence pour manger quelque chose de différent. Et les soirées pizza devant la télé, était un rêve qu’elle espérait vivre dernièrement.

Monterrey n’était pas si petit que ça, Romane avait l’impression de connaitre tout le monde tant tous ses proches habitaient près d’elle, mais en réalité, c’était une ville plutôt grande. Un natif de la ville, il devait surement y connaitre les moindres recoins, les plus beau, les meilleurs spots pour regarder les couchers de soleil. « Quel est le plus bel endroit de la ville pour vous ? En ayant vécu ici depuis toujours, vous devez forcement connaitre les endroits les plus secret. » Romane était une amoureuse des couchers de soleil, elle pourrait passer des heures devant l’un d’eux. « Je suis arrivée à Monterrey il y a quatorze ans, mais je suis née et j’ai grandi en France. » Après autant d’année en Amérique, elle possédait un accent parfait, personne ne devinait qu’elle n’était pas native du pays. Romane retenait un rire, souriant en le voyant débité autant de mot à la minute, comme s’il était un peu gêné, presque mal à l’aise, Romane s’en voudrait s’il se sentait mal à l’aise en sa présence, ce n’est pas ce qu’elle voulait. Elle le trouvait si adorable et mignon, ses joues pourraient presque devenir rosâtre face à ce sourire. « Nous pouvons, en effet. Elle reprenait très rapidement, ne souhaitant pas le laisser croire qu’elle lui en voulait. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas dans cette catégorie de femmes qui s’offusquent parce qu’on leur demande leur âge. Je viens d’avoir trente-trois ans. Et vous ? Elle rectifiait de suite. Et toi plutôt ? » Romie esquissait un sourire en voyant son plat toujours intact sur le plan de travail, cette conversation était agréable. « Que fais-tu dans la vie ? » Elle essayait d’en apprendre un peu plus sur son nouveau voisin. Elle l’imaginait assez bien architecte, journaliste ou peut-être même entrepreneur. Elle croisait son regard et elle avait l’impression de ressentir un frisson. Elle détournait doucement le regard, remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Je ne vous ai.. Pardon, je ne t’ai même pas proposer à boire.. Tu veux boire quelque chose ? » Romane s’avançait vers le frigidaire, et se rapprocher de ce fait plus près du jeune homme. Elle l’ouvrait et sortait un soda pour elle, attendant la réponse du jeune homme.

Je continue de la suivre, lui emboîtant le pas juUn talent immense pour la cuisine, me dit-elle et je pouffe de rire, amusé par sa répartie. « Merci de le reconnaître. » Je répondis au tac au tac avec un fin sourire sur les lèvres. Je suis surpris par les tons que prennent nos échanges, ils sont à la fois ironiques, légers et débordant d’amusement. Pourtant, nous nous connaissons depuis seulement quelques minutes…  « Oui, mais uniquement les talents culinaires pour commencer. » précisais-je ensuite, me retenant pour ne pas sourire comme un abruti face aux âneries que je m’apprêtais à sortir. Non Daniel, ne fais pas…. « Je garde précieusement les autres pour les prochaines conversations. » complétais-je avec un petit clin d’œil. Bon sang ! Le sous-entendu était si gros que c’était grotesque. J’écarquillais les yeux, me râclant la gorge ensuite pour me reprendre aussitôt. Mais quel crétin. D’où ça sort ça, maintenant ? Comme si je m’amusais à flirter avec elle. Enfin, oui, je m’amuse avec elle. Mais flirter ? Pas question, ça ne ressemble pas du tout au flirt en plus. N’importe quoi. Je secoue la tête, me ressaisissant aussitôt. Parler de nourriture est une bonne chose, vrai estomac sur pattes, j’adore ça et puis ça entraine mes pensées vers d’autres horizons, ce qui n’est pas plus mal. Concentration sur autre chose ! Les toasts à l’avocado me donnent envie, ça a l’air fort appétissant, d’autant plus préparé par ses petits soins. Mais je ne fais aucun commentaire, histoire qu’elle ne se sente pas obligée de… voilà. Par contre la pizza, miam. Une excellente idée.« Bon choix ! A quoi la pizza ? J’aurais dû faire pareil, en fait. » Je soupire, bien déçu de ne pas avoir eu cette idée plus tôt. Je l’aurais reçu chaude directement à la maison et je n’aurais pas à avaler ce truc qui sort tout juste du micro-onde.
Nous échangeons ensuite sur la ville, le nombre d’années que nous sommes là. A sa question, je fronce légèrement les sourcils et commence à réfléchir. « Le plus bel endroit ? Mmmhhh… » je réfléchis quelques instants, il y a diverses endroits que j’adore en ville. Grâce à mon travail, j’ai quelques privilèges, comme du côté de la Mile Drive, une réserve naturelle qui en vaut clairement le détour. La côte californienne est connue pour être une des plus belles du monde, et la Monterey Bay est tout juste splendide avec ses bords de mer et ses plages de sable blanc. C’est apaisant de regarder la mer et d’écouter le bruit des vagues. Mais ce que je préfère, c’est monter sur un des plus hauts points de la ville pour admirer le plus beau coucher de soleil que j’ai eu la chance de voir. « Je ne peux pas vous le décrire, il faudra que je vous le montre. » lui dis-je avec un petit sourire charmeur, bien malgré moi. Je ne veux pas afficher ce genre de sourire, ok ? Je me ressaisis immédiatement, me demandant ce qui a bien pu me passer par la tête pour proposer une telle sortie. Je l’entends ensuite me dire qu’elle a grandi en France et spontanément, la première chose à laquelle je pense, c’est… « Vous n’avez pas d’accents. » Mais elle a une très jolie voix. Il faut croire que ma connerie n’a pas de limites ce soir, puisque je continue dans ma lancée, prenant un air qui ne me ressemblait pas. « Bonjour. Vous êtes très belle. » Dis-je dans sa langue natale, très sur de moi, mais peu sur de la signification des mots que j’ai employée. « C’est à peu prés tout ce que je sais dire en français. » et elle doit en connaître une encyclopédie à elle seule.
Ravi de savoir que je n’avais pas fait de bourde, enfin pas encore, je lui donne à mon tour quelques informations sur mon âge. « Trente-six ans, c’est bien ce que je disais, presque le même âge. » En tout cas la même tranche. Avons-nous également les mêmes ambitions ? Les mêmes idées pour l’avenir ? Je suis sortit de mes pensées par sa question, ravi qu’elle s’intéresse un minimum à moi et qu’elle ne soit pas effrayée par toutes les paroles que je débite. « Je suis métrologue, je prédis la météo. Je peux par exemple vous dire que le vent a fait 14 km/h aujourd’hui et que l’hygrométrie était autour de 75% » commençais-je à raconter avant de m’arrêter, me rendant compte que mes mots deviendraient rapidement barbants. « Et toi ? Je vous que le tutoiement a l’air plus difficile pour toi. » je remarque en pouffant de rire. Elle ouvre alors la porte du frigo, je baisse les yeux sur l’odeur néfaste qui sort de mon plat et acquiesce par un signe de toit. « Ouuaaais, il me faudra bien quelque chose pour faire passer ce truc infecte. Un coca si tu en as s’il te plait, enfin, la même chose que toi. » je lui dis en grimaçant toujours en fixant mon plat.

@Romane Mercier

En rencontrant ce jeune homme au pas de sa porte, Romane ne pensait pas qu’elle passerait un moment agréable comme celui-ci. Elle ne le connaissait que depuis quelques minutes, qu’ils riaient déjà ensemble, se moquer et elle le taquinait même, c’était une sensation étrange mais plutôt agréable. Elle ne s’était pas sentie aussi légère depuis longtemps. Elle fronçait les sourcils, laissant échapper un petit rire en l’entendant lui dire qu’il gardait ses talents pour les prochaines conversations, avec un clin d’œil qui plus est. Ne te laisse pas abattre Romie, tu peux le faire, tu peux réussir à rire de ses bourdes. « Je suis ravie de constater qu’il y aura d’autres conversations. Nous aurons alors tout le temps d’aborder ses sujets. » Elle lui rendait son clin d’œil, elle aussi, elle pouvait jouer. Bon dieu, elle n’avait pas fait cela depuis bien trop longtemps, c’était à la fois drôle et agréable mais aussi, cela la rendait assez anxieuse. Avait-elle eu raison de dire cela ? Elle passait une main dans ses cheveux, reprenant ses esprits du mieux qu’elle pouvait. Romane était morte de faim, elle n’arrêtait pas de penser à ce qu’elle allait manger, et bien que de base elle devait sortir, une pizza sur le canapé la tentait de plus en plus. Elle réfléchit pendant une seconde, avant de donner la réponse à son nouveau voisin. « Soit, je reste dans un classique avec une pepperoni, soit je prends la meilleure pizza au monde : chèvre miel. » Elle le pensait, c’était vraiment le classique ultime pour elle, le mélange du sucre et du sel, la douceur de la combinaison de ses deux aliments, un classique dans son pays d’origine. Elle avait hâte d’en savoir un peu plus sur lui, sur la ville de Monterrey qu’elle connaissait plutôt bien désormais mais pour un natif d’ici, il connaissait forcément un endroit secret, un endroit si merveilleux qu’on préfère le garder pour soit afin qu’il ne devienne pas rempli de monde en quelques minutes, ce genre d’endroit où on passe des heures sans réellement voir le temps qui passe. Cela lui manquait, de rester assise, les pieds dans le vide à regarder l’horizon. C’est une chose qu’elle faisait souvent en France lorsqu’elle y habitait encore, elle devrait peut-être s’y remettre, mais avec un enfant, ce n’est plus tout aussi simple. Elle attend patiemment sa réponse et esquisse un sourire en l’entendant, était-ce vraiment ce qu’elle pensait ? Elle levait alors le regard vers lui, croisant le sien, son cœur manquerait presque un battement tant que son regard est hypnotisant, elle se sent vulnérable tout à coup mais elle ne se dégonflera pas. « M’invitez-vous à sortir Daniel ? Disait-elle en riant légèrement, elle le charrier, elle n’arrivait même pas à croire qu’elle avait dit cela, bien qu’elle le pensait un peu, elle avait l’impression de flirter avec lui. Est-ce ce qu’elle faisait ? J’aimerais beaucoup voir cet endroit, si beau. » Elle reprends en disant qu’elle vient de France, elle y est née et y a grandi jusqu’à ses dix-huit ans, avant qu’elle ne décide de faire un an de file au pair, mais la vie, les rencontres ont fait qu’elle n’a plus jamais quitté la Californie. « Merci, je suppose. » Quatorze années dans une ville, il est vrai que les accents s’en vont si rapidement. Personne ne soupçonne jamais sa nationalité française et pourtant, elle l’est et très fière qui plus est. Elle lève son regard vers lui en l’entendant parler français et elle sourit. Elle trouve cela plutôt charmant, son accent n’est pas trop mal qui plus est. Elle fait mine de l’applaudir pendant quelques secondes, et sans s’en rendre compte, la voilà qu’elle parle aussi en français désormais. « Vous n’êtes pas mal non plus.. Le compliment du jeune homme la trouble, le pensait-il vraiment ? Savait-il ce qu’il venait de dire ? Ses joues prenaient doucement la couleur rosâtre, elle devait changer de sujet et rapidement. C’est déjà pas mal, un peu d’entrainement et vous serait bilingue. » Bilingue est peut-être un bien grand mot au final.

Elle changeait de conversation rapidement, ne voulant pas rougir de trop et paraitre idiote aux yeux du jeune homme. Elle l’écoutait parler de son métier attentivement. « C’est un métier intéressant, comment cela vous est-il venu ? Elle secouait la tête esquissant un sourire. Je serais impressionnée si je savais ce qu’hygrométrie voulait dire. » Elle se mordait les joues intérieurement. Elle ne voulait pas passer pour une idiote mais elle avait l’impression de ne faire que ça. Elle aurait tout simplement pu prendre son téléphone et regarder discrètement sur internet ce que ce mot voulait dire. Idiote, idiote, idiote. Elle contourne l’ilôt centrale, essayant de trouver quelque chose d’intelligent à dire mais étonnamment cela parait plus compliqué que prévu. « Je suis institutrice en cours élémentaire à l’école de la ville, et je donne aussi quelques fois par mois des cours de français le soir à l’université. Tout un monde qui tourne autour de l’enseignement. L’habitude de vouvoyez les parents des élèves, surement. » Oui, elle essayait de se trouver des excuses. Elle ouvrait le frigo, fronçait les sourcils en sentant l’odeur immonde du plat du jeune homme. Elle esquissait un sourire, lui tendant alors une canette de coca, et ouvrait la sienne. Elle s’approchait doucement tout en gardant une distance convenable, enfin du moins c’est ce qu’elle croyait. Elle se penchait légèrement au-dessus de son épaule. « Tu ne peux pas manger ça. Je vais avoir ta mort sur la conscience si tu avales ce truc après l’avoir fait chauffer dans ma cuisine. Elle se décalait, croisant son regard, pendant une seconde, elle était comme figée, n’arrivant pas à s’en défaire. Elle se raclait la gorge, prenait une gorgée de son coca. « Une pizza, ça te dit ? » Venait-elle vraiment de lui proposer de manger avec elle ? Qui fait ça ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle ne savait plus où se mettre, elle se tournait, dos à lui, cherchant dans le tiroir le numéro du livreur ainsi que la carte des pizzas mais en réalité, elle faisait en sorte de ne pas croiser son regard.

La conversation est si légère que c’en ai déconcertant. J’ai l’impression que ça fait non pas des semaines, non pas des mois, mais bel et bien des années que je ne me suis pas senti aussi à l’aise avec quelqu’un. Je me sens tout léger, et surtout, naturel et sans filtres. Les derniers temps de notre relation avec Elena, je n’étais plus moi-même, bien que je m’en rende compte seulement maintenant. Je me forçais à lui faire plaisir, à aller dans son sens, pour éviter le moindre conflit. J’étais fatigué de nos différents et je préférais prendre sur moi que d’aller à la confrontation. Je ne veux en aucun cas faire de rapprochement, mais être sans filtre face à cette jeune femme me fait énormément de bien. Sans doute parce que je viens à peine de la rencontrer et que je ne serais peut-être pas amené à la revoir, mais du coup, j’ai ce pouvoir de dire ce que je veux, sans même y mettre les formes. Je vais d’ailleurs sans doute trop loin en évoquant les prochains conversations, me projetant déjà à une future rencontre, bien que celle-ci ne soit pas encore fini. Elle me rendit mon clin d’œil, me laissant sans voix. Cette jeune femme est pleine de surprises, au point de me clouer le bec et que je ne sache quoi lui répondre. Je me râcle la gorge, et elle comme moi, nous détournons le regard, préférant mettre fin à cette conversation. En tout cas, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et il y aura bel et bien une prochaine fois, parole de Keller. « Je suis d’accord pour la pepperoni, mais je suis dubitatif pour la chèvre miel, j’ai un peu de miel avec le sucré salé et pourtant, je suis un vrai estomac sur pattes. » Je pouffe légèrement de rire, parler de pizzas fit redescendre la tension d’un cran et ça fait du bien, la discussion redevient légère, amusante et j’apprécie le moment.
Je me sens qui plus est tellement à l’aise, qu’une fois de plus, je franchis une limite, puisque je préfère non pas décrire l’endroit, mais la laisser le voir de ses propres yeux.  J’écarquille les yeux. Comment ça, je l’invite à sortir ? Non, bien sûr que non, je… Peut-être ? Inconsciemment en tout cas. « D’abord, je vous montre l’endroit et ensuite, ce sera à vous de constater par vous-même si je vous invite à sortir ou pas. » répondis-je sur un ton taquin, avec un sourire en coin. Le jeu qui s’installe est assez sympa, j m’imagine déjà l’amener un jour là-bas, en fin de journée et me poser avec elle pour admirer la vue qui s’offrirait à … WOW. Wow, wow, wooooow. On se calme Dani, on ne laisse pas ses pensées aller aussi loin. Ressaisis-toi. Je l’écoute parler en français et comment voulez-vous que je me ressaisisse ? Je la regarde, je n’ai aucune idée de ce qu’elle raconte, mais je bois ses paroles. « J’aurais besoin d’un professeur pour devenir bilingue, à part les quelques mots que je viens de vous balancer, je ne sais rien dire d’autre. » je lui dis alors en haussant les épaules. Mais je ne serais pas contre m’améliorer un peu.
Mon métier est peu commun, tout le monde a la même réaction lorsque j’en parle. « J’eu du mal à trouver ma voie, je me suis renseigné sur pas mal de choses et puis finalement, je me suis dit pourquoi pas dans l’environnement. Ca fait des années que je fais ce métier à présent et ça me plait bien. » je lui explique, les horaires sont assez flexibles, il m’arrive de travailler le soir, parfois même le week-end, les prévisions météos doivent être faites à toute heure et un système de roulement s’est mis en place avec l’équipe pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui se retrouvent à travailler à des horaires improbables. « Et je serais impressionné si vous le saviez. Désolé, je parle en jargon que très peu comprennent, l’habitude sans doute. » je lui explique alors. « Pour faire simple, l’hygrométrie est synonyme d’humidité. » je lui dis alors. A son tour de présenter son métier, et je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas étonné de l’entendre dire qu’elle est instit’. Cette femme respire la gentillesse et la bienveillance ! « Donc j’ai trouvé mon professeur. » j’ajoute avec un sourire, en reprenant ses dires quant aux cours du soirs à l’université.
Je récupère la canette de coca qu’elle me tend et l’ouvre aussitôt, puis en pris une gorgée. L’odeur infecte du plat est sur le point d’empester la cuisine. Finalement, la jeune Romane a un élan de compassion à mon égard, elle s’approche, se penche légèrement, s’approche encore et… je sens son parfum. Je ne rêve pas, je suis réellement entrain de sentir ce mélange de vanille et de fleurs qui lui va à merveille. Je sens mon cœur se contracter dans ma poitrine, qu’est-ce qui se passe ? Ca doit faire des mois que je n’ai pas été aussi proche d’une femme, bon sang. Elle se décale, bien malgré moi, je me tourne alors, mon regard croise le sien et hop, le temps se fige. Je ne sais plus où je suis, je… Wow. Son raclement de gorge me fit revenir à la réalité. BON SANG ! Qu’est ce qui se passe bordel ? Je passe une main dans mes cheveux, gêné par la situation. J’espère qu’elle n’a pas remarqué mon trouble… Je glisse ma main dans ma poche, récupère mon téléphone et ouvre l’application pour commander. « On va vite se débarrasser de ce truc qui risque de nous empoissonner. » Je me râcle la gorge à mon tour et mon concentre sur l’écran du téléphone. « Je m’occupe de commander, t’inquiète. Qu’est-ce que tu aimerais ? Je peux prendre la pepperoni et toi la chèvre miel, comme ça tu auras les deux ? » lui proposais-je.

@Romane Mercier    

Romane ne savait pas quoi penser de cette situation, elle ne savait pas s’il l’invitait vraiment à sortir ou s’il plaisantait pour détendre l’atmosphère. Elle se plaisait à penser que c’était la deuxième option, elle n’avait pas été réellement invité à sortir depuis des années. Elle avait été en couple depuis plus de quatorze ans, mariée pendant dix ans, et désormais veuve depuis un an. Elle n’avait pas beaucoup d’expériences en rendez-vous, en flirt, elle avait eu la chance de connaitre Wyatt très rapidement et de ne plus jamais le quitter. Prendre la décision d’être fille au pair, avait été la meilleure décision qu’elle avait prise dans sa vie. Quitter la France pour améliorer son anglais et découvrir de nouveaux horizons, elle avait découvert les petits frères de Wyatt, puis le jeune homme lui-même, et dès la première seconde, elle l’avait aimée. Faire son deuil, avait été l’épreuve la plus difficile de sa vie – pourtant elle avait eu son comble de malheur -. Elle reprenait gout à la vie depuis quelques semaines, et cette nouvelle rencontre, la légèreté de cette conversation, et de ce moment lui donnait envie de s’ouvrir de nouveau à la vie, de sourire et de profiter du monde tant qu’elle le pouvait. La conversation avait naturellement dévié sur leurs métiers et Romane était assez surprise d’apprendre qu’il était météorologue, c’était un métier peu commun, elle ne connaissait personne qui travaillait dans ce métier mais elle trouvait cela vraiment très intéressant. « Comment faites-vous pour prévoir les températures ? En réalité, c’était un sujet qui l’intéressait, elle voulait vraiment en savoir plus, comment réussissaient-ils à prévoir avec exactitude toutes ses informations ? A partir de quoi ? Cependant, elle eut un moment de doute, elle se sentait tout à coup idiote, il devait recevoir ce genre de questions des centaines de fois, elle avait l’impression de ne pas avoir posé la question la plus intelligente et la plus intéressante. Elle réfléchissait mais, rien ne sortait. Désolé, on a du vous pouvez cette question des tonnes de fois.. » Elle le vouvoyait de nouveau. Bon dieu Romane, ressaisit toi, tu es une femme intelligente, tu peux tenir une réelle conversation. La brune esquisse un sourire en l’entendant dire qu’il avait trouvé son professeur de français. Il est vrai qu’elle pourrait l’être. « Et bien, tu n’as qu’à penser à l’université un des soirs, et je vous donnerais un cours. » Elle finissait à peine sa phrase qu’elle se rendait compte que celle-ci pouvait être mal interprété, elle parlait naturellement de cours de français, mais maintenant, elle se disait que cela pouvait être ambigu. Elle se raclait la gorge, et tournait son visage, bon dieu, elle se sentait gênée tout à coup.

Elle prenait une gorgée de son soda et elle se retrouvait beaucoup trop proche de lui, certainement trop même. Elle pouvait sentir sa respiration sur sa peau tant elle était proche de lui, c’était à la fois agréable et étrange, elle se sentait plutôt bien, mais en même temps vulnérable, elle n’avait pas été aussi proche d’un homme depuis.. Plus d’un an, juste avant que Wyatt ne parte en mission et ne revienne jamais. Elle croisait son regard, le temps se figé, il était si peau, si.. Ressaisit toi. Elle se raclait la gorge et se décalait, cherchant dans les tiroirs après le menu de la pizzeria qu’elle n’était même pas sûr d’avoir, elle cherchait dans le vide, pour éviter son regard. Elle espérait qu’elle ne l’ai pas mis mal à l’aise. Elle entendait sa voix et se tournait pour lui faire face. Il voulait commander, il regardait son téléphone, concentré sur celui-ci, ne voulant visiblement croiser son regard. L’avait-elle mis dans une situation inconfortable ? Etait-il trop poli pour refuser de diner ensemble ? « Mais vous.. Enfin, tu as dit que tu n’aimais pas la chèvre miel, ça ne serait pas un partage équitable. Elle allait lui prendre des parts de sa pizza et lui non ? Ce n’était pas forcément juste. Elle prenait une gorgée de son coca, avant de reprendre. Prends ce que tu souhaites, je ne suis pas difficile. » Ce qui était plutôt vrai. Elle le regardait concentré sur son téléphone et étrangement ses yeux descendaient plus bas vers ses mains, elle esquissait un sourire en ne voyant pas d’alliance. Il n’était pas marié ou du moins, plus. Romane ne portait plus la sienne depuis quelques semaines, mais elle la conversait précieusement dans une boite sur sa table de chevet. Mais cela ne voulait pas dire qu’il était célibataire et vu comme il était beau, il ne l’était certainement pas. Elle se rendait compte que cela faisait quelques minutes qu’elle fixait ses mains. Elle reprenait ses esprits, levait le visage et croisait son regard. Il faut vraiment qu’ils arrêtent de faire cela, elle n’arrive pas à s’en défaire, elle pourrait passer des heures plongeait dans ses beaux yeux. Elle se mordait la lèvre, essayant de reprendre la face, de dire quelque chose d’intelligent, de briser se silence. Il n’était pas forcément gênant, au contraire, mais une tension étrange était présente dans la pièce.  « Tu es célibataire ? NON Romane, non. Elle posait une main sur son visage, intérieurement, elle s’en voulait, comment pouvait-elle dire cela pour briser la glace, c’était horrible. Non, enfin,je .. je veux.. Je veux dire, si votre petite-amie, femme, fiancée, veut se joindre à nous, il n’y a aucun soucis, je.. je serais ravie de rencontrer la nouvelle voisine. PATHETIQUE, tu es pathétique Romane. Elle prenait une gorgée secouant  la tête, elle était vraiment gênante. Ne répondait pas à la question, je suis désolé, c’était.. Elle levait le regard vers lui et dans un murmure elle reprenait. Déplacé. » Comment cela avait-il pu devenir si gênant ? Elle se sentait ridicule, elle avait mis les pieds dans le plat.