Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
La solitude ne m’a jamais dérangé sans doute car j’aime ma vie comme elle est, accroché comme une huitre à des habitudes ancrées depuis des décennies. Malgré les aprioris de certains de mes enfants, je ne suis pas seul, du moins, je ne me sens pas seul. Je suis bien entouré, j’ai des enfants en or et une relation différente avec chacun d’entre eux, la rendant d’avantage unique. Depuis le retour de mon frère en ville, notre relation s’est davantage soudée. Ma routine mise en place depuis des années me convient donc parfaitement, en gérant le Hayes’Bar, je vivais totalement en décalé, je vivais la nuit et la journée… Eh bien la journée, il est difficile de fermer l’œil lorsqu’un grand soleil brille à l’extérieur et qu’il y a une multitude de choses, d’activités à faire. Je n’ai jamais été un grand dormeur, mais depuis mon expérience dans l’armée, le sommeil est devenu un luxe que je n’arrivais plus à me permettre. Malgré la coupure avec ce monde qui n’est plus le mien, les séquelles persistent et les cauchemars sont tellement réalistes que plus d’une fois, réveillé en sursaut en pleine nuit, je me cru sur un terrain de bataille, prêt à bondir mon arme. Les sueurs froides sont devenues mon quotidien, partager ma nuit avec une femme n’est même pas envisageable, hors de question de l’effrayer ou de la terrifier. Raison pour laquelle hors de question de finir la nuit avec une femme, et ça, même si on la commence ensemble. Je secoue la tête, je n’arrive pas à avoir de sommeil réparateur et profond depuis années, situation devenue épuisante. La fermeture du Hayes’ n’était pas de ma responsabilité ce soir, je désertais donc quelques heures avant pour rejoindre le casino de la ville et me joindre à la table du poker. Mon ancien métier me donnait un avantage, ne rien laisser filtrer sur mon visage était bien trop simple. Je connaissais plutôt bien le jeu, mais n’était pas un expert, malgré l’expérience acquise ces dernières années, mais pour cette fois, je perdais plus que je ne gagnais. « Tapis » j’annonçais sur une main qui me semblait plutôt favorable, ce fut ensuite le moment de révéler nos cartes et j’observais tout le monde afin de voir si la partie allait se terminer là ou non. J’avais à présent eu ma dose de poker et comptais bien dépenser finir ma soirée ailleurs, à boire quelques heures, plutôt que de moisir ici pendant des heures. Je me dirigeais vers un des bars de la ville pour passer une bonne soirée. Hors de question de retourner au Hayes, tout le monde me connaissait et pour le coup, je voulais passer une soirée tranquille. Je me dirigeais vers le comptoir pour récupérer un premier verre. Mon regard se posa sur une connaissance que je croisais assez souvent. Un partenaire de jeu, si je puis dire. Patrick, celui que j’avais pour habitude de retrouver autour de la table de jeu au casino. Si de mon côté je connaissais mes limites, lui du sien, ce n’était pas tout à fait cela. Nous nous retrouvions quelques soirs avec d’autres joueurs, on misait, on ramassait parfois et on se faisait déplumer à d’autres fois. Mais c’est marrant. “Votre meilleur gin s’il vous plait !” disait-il au barman pendant que je le rejoignais sans qu’il ne me remarque. Je m’installais sans le saluer, prenant place sur le tabouret à sa droite. Je levais les yeux vers le serveur lui faisant signer de récupérer ma commande en même temps. “Et un whisky coca s’il vous plaît !” ajoutais-je alors en prenant une inspiration. Il a l’air bien au fond du trou. “Dure journée ?” je demandais pour engager la discussion.
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I know a lot. But I didn't see anything.
Patrick Smith
972
Dawn
Benedict Cumberbatch
ava. angemorose ♡ - sign. ice and fire
Sylvia Norwood (Brit Marling)
44 ans, né en plein été le 19 juillet 1980. Sa mère lui a raconté que big ben chantait lorsqu’il est arrivé.
Célibataire endurci, il porte en lui les stigmates d’une solitude pourtant consentie.
Depuis que le scandale a entaché sa notoriété, qu’elle a éclaboussé de ses embruns outragés sa probité Smith a été écarté de la chaire universitaire qu’il occupait. Abandonnant définitivement les espaces d’Hilbert et autre Sobolev, Patrick a troqué son costume (en tweed évidemment) de professeur pour devenir instituteur.
Un appartement dans le centre ville à deux pas de l'école.
❶ Je suis myope comme une taupe et ne voit rien sans mes lunettes que je porte exclusivement chez moi quand la porte est fermée. Le binoclard c'est comme ça que l'on m'a surnommé pendant toute ma scolarité. Depuis mon undergraduate en mathématiques appliquées je ne sors qu'avec une paire de lentilles que je change tous les jours de l'année.
❷ Je suis un allergique compulsif. Poussière, pollen, poils d'animaux. Si vous comptiez m'offrir un chien ou un chat pour briser ma solitude autant oublier, c'est une très mauvaise idée !
❸ Je milite à mon échelle contre le harcèlement scolaire, sensibilise mes élèves aux différences, ne supporte pas que l'on s'en prenne aux plus faibles. Je sanctionne sévèrement tous ceux qui dérogent aux règles.
❹ addicted L'odeur de la cigarette imprègne mes vêtements, mes cheveux. Je fume en prenant mon café, me couche après une dernière bouffée. Le poison m'accompagne à longueur de journée mais il n'est pas le seul à m'intoxiquer. Le gin est mon alcool préféré je m'en sers toujours un avant le dîner. La bouteille ouverte traine devant l'unique assiette et si par malheur je m'en sert un deuxième je ne sais plus m'arrêter. Seul le jeu est capable de m'y faire renoncer. Les soirs de casino la sobriété est mon meilleur allié. Compter les cartes, compter les points, ne jamais arriver à 21. Compter enfin...
❺ Je préfère la pluie au soleil, l'automne à l'été ce qui est un comble quand on a élu domicile sur la côte Californienne ♤ Si les mathématiques sont mon domaine de prédilection la littérature est une de mes passions. Enfant j'ai dévoré Arthur Conan Doyle et retourne avec une certaine délectation au 221B Baker Street comme on rentre à la maison ♤ Mélomane à mes heures perdues je joue du violon ♤ Je suis extrêmement maniaque et peux vraiment m'énerver si je ne retrouve pas un livre, un objet à la place qui lui est précisément dédiée ♤
Fuck… Qu’est-ce que j’fous là ? Dans les rues de l’ouest ? Dans c’bar immonde sobrement nommé Country Club ? La musique, atroce, me brise les tympans, si ce n’est le cœur ! Ils ne connaissent pas la pop ces putains d’amerloques, ces cul-terreux qui s’dandinent fièrement sur la piste, avec leurs bottes, leurs chapeaux de cow-boy. J’suis sur qu’ils me feraient rire si j’prenais l’temps de les regarder. Danser. En ligne. En cercle. Comme des fous furieux sortis d’leur secte. J’le fait pas. Les regarder. Mon objectif est le comptoir, ce siège libre ou j’voudrais m’asseoir. Commander un verre. Peut-être deux si j’arrive à supporter le bruit de cette voix nasillarde et des talons qui claquent sur l’plancher !
Évidemment le barman est occupé. Et moi l’étranger. Le mec normal, habillé normalement et non pas comme un fermier. Celui qui détonne néanmoins au sein de cette assemblée d’habitués. C’est ridicule, que j’me fais en appuyant les coudes sur le zinc lustré, et en me massant légèrement les tempes. Je regrette amèrement d’avoir quitté le centre, mon appartement, la chaleur de mon salon. Il est vrai que mon intérieur n’est pas vraiment décoré. Mais l’essentiel y est. Un fauteuil. Une bibliothèque. Des disques. Et des enceintes qui ne crachent pas ce son horrible. J’me résonne. J’me dis que maintenant que j’suis ici autant en profiter. J’me mens. Forcément. La raison aurait voulu que j’me couche tôt. Que j’affronte sans rechigner les draps froids et ma couche glacé. D’homme esseulé. J’devrais y être habitué à force. Ça fait combien d’temps que j’ai quitté l’Angleterre ? Et elle ?! J’veux pas compter, j’veux plus compter, j’vais boire un gin et rentrer. M’endormir et l’oublier.
J’fini par l’accoster. Le barman occupé. Au milieu du brouhaha et de cette chanson qui s’appelle shut ut and fish (sans déconner !!!) j’réclame ma boisson préférée. Et j’croyais être arrivé au bout d’mes peines, mais j’reconnais d’emblée celui qui s’assoit à mes côtés. Réclame un whisky-coca sans hésiter.
Sebastian Hayes !
Dure journée qui m’demande, comme si s’était écrit sur mon front et aussi visible qu’mon pif au milieu d’mon visage. Comme si la solitude laissait sur son passage une trace indélébile. Je ris. Un de ces rires narquois qui acquiesce sans rien dire ! Non ma journée n’a pas été à marquer d'une pierre blanche. Pénible ou difficile. Ça a été un jour comme tous les autres, sans surprise, sans bévue, et sans joie particulière.
- Pas spécialement non… Tellement routinière et prévisible si tu vois c’que j’veux dire… Sur ce j’attrape mon verre. Cheers !
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I was thinking that a life is just the history of what we give our attention to.
Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Le besoin de boire de l’alcool se faisait ressentir intensément. Primordial. D’où ma venue dans ce bar. Boire seul ne m’a jamais dérangé, j’avais besoin de moments comme celui-ci pour me retrouver avec moi-même, pour me vider la tête de mes pensées. Cette fois, je tombe sur une personne que je connais, que j’ai l’habitude de côtoyer, un joueur du casino fidèle au poste avec qui je prenais plaisir à jouer. Je m’installe à ses côtés sans invitation, et commande à mon tour mon alcool. Patrick n’a pas l’air en forme et je préfère mettre ça sur le dos d’une journée difficile, ce que je n’hésite pas à lui faire souligner. Routinière et prévisible sont les mots qu’il choisit d’utiliser pour la décrire, oui je connais oui, je sais très bien ce que ça veut dire. Je sais ce que c’est. “Ce qui veut dire que tu tires cette tronche tous les jours ?” je demande de façon assez franche.
Plutôt brute comme phrase mais qui a pour but de le secouer un peu, de lui faire voir les choses en face. Il est de dix ans mon cadet, mais j’étais capable de lui parler comme je parle à un de mes enfants, de façon brute et sans chichis, lorsque certains prenaient des pincettes pour parler. Des séquelles de l’armée sans doute, le côté autoritaire est en plus toujours là. Patrick semblait au fond du trou et je commence à croire que ce n’est pas juste une impression. C’est dommage, parce qu’il est plutôt intelligent comme gars, propre sur lui, il pourrait même être drôle s’il se lâchait un peu. Avec un peu plus de confiance en lui, il irait sans doute mieux. “Je réitère ma question : Dure vie ?” Je tournais pour la première fois ma tête vers lui, depuis mon arrivée. Il devait se reprendre en main le garçon, car se lamenter devant la table de jeu ou le bar est une solution temporaire mais absolument pas définitif. Je ne sais pas ce qu’il a vécu, je ne connais ni son passé, ni ses traumatismes, ni même son présent. Mais noyer ses problèmes comme il le fait ne le mènera nulle part. Les jeux, l’alcool… tout est très bon pour passer un bon moment et oublier, mais avec modération bien sûr.
Je pose enfin ma main sur mon verre que je soulève, partageant le cheers de Patrick. “Qu’est-ce qu’on fête ?” Je prends une gorgée de mon alcool, que j’avale d’une traite, la laissant me bruler la gorge. Une drôle de musique arriva jusqu'à mes oreilles, mais... D'où ça sort, ça ? “C'est quoi cette musique ?” Je fronce les sourcils, mais je ne l'entends déjà presque plus, perdu dans mes pensées. Récemment, ma vie a pris un tournent que je n’ai pas forcément anticipé, que je n’ai clairement pas vu venir. Je pousse un soupire, regardant dans le vide. Il n’y a qu’une seule chose, une seule raison qui peut mettre un homme dans un tel état. “Ne me dis pas que c’est une femme derrière tout ça…” je dis en soufflant. Mais oui mais bien sûr, j’aurais dû le deviner.
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Benedict Cumberbatch
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Sylvia Norwood (Brit Marling)
44 ans, né en plein été le 19 juillet 1980. Sa mère lui a raconté que big ben chantait lorsqu’il est arrivé.
Célibataire endurci, il porte en lui les stigmates d’une solitude pourtant consentie.
Depuis que le scandale a entaché sa notoriété, qu’elle a éclaboussé de ses embruns outragés sa probité Smith a été écarté de la chaire universitaire qu’il occupait. Abandonnant définitivement les espaces d’Hilbert et autre Sobolev, Patrick a troqué son costume (en tweed évidemment) de professeur pour devenir instituteur.
Un appartement dans le centre ville à deux pas de l'école.
❶ Je suis myope comme une taupe et ne voit rien sans mes lunettes que je porte exclusivement chez moi quand la porte est fermée. Le binoclard c'est comme ça que l'on m'a surnommé pendant toute ma scolarité. Depuis mon undergraduate en mathématiques appliquées je ne sors qu'avec une paire de lentilles que je change tous les jours de l'année.
❷ Je suis un allergique compulsif. Poussière, pollen, poils d'animaux. Si vous comptiez m'offrir un chien ou un chat pour briser ma solitude autant oublier, c'est une très mauvaise idée !
❸ Je milite à mon échelle contre le harcèlement scolaire, sensibilise mes élèves aux différences, ne supporte pas que l'on s'en prenne aux plus faibles. Je sanctionne sévèrement tous ceux qui dérogent aux règles.
❹ addicted L'odeur de la cigarette imprègne mes vêtements, mes cheveux. Je fume en prenant mon café, me couche après une dernière bouffée. Le poison m'accompagne à longueur de journée mais il n'est pas le seul à m'intoxiquer. Le gin est mon alcool préféré je m'en sers toujours un avant le dîner. La bouteille ouverte traine devant l'unique assiette et si par malheur je m'en sert un deuxième je ne sais plus m'arrêter. Seul le jeu est capable de m'y faire renoncer. Les soirs de casino la sobriété est mon meilleur allié. Compter les cartes, compter les points, ne jamais arriver à 21. Compter enfin...
❺ Je préfère la pluie au soleil, l'automne à l'été ce qui est un comble quand on a élu domicile sur la côte Californienne ♤ Si les mathématiques sont mon domaine de prédilection la littérature est une de mes passions. Enfant j'ai dévoré Arthur Conan Doyle et retourne avec une certaine délectation au 221B Baker Street comme on rentre à la maison ♤ Mélomane à mes heures perdues je joue du violon ♤ Je suis extrêmement maniaque et peux vraiment m'énerver si je ne retrouve pas un livre, un objet à la place qui lui est précisément dédiée ♤
Comme d’habitude je choisis un bar pour ignorer ma solitude. Je tourne le dos et m’éloigne des rues du centre, de cet appartement qui ne me sert qu’à dormir quand j’y arrive, parfaitement silencieux, méticuleusement rangé, comme si personne n’y vivait ! Dans une certaine mesure c’est un peu le cas… quoique mes cartons aient été depuis longtemps déballés, mes vêtements religieusement alignés, mes livres savamment classés. Je n’étais pas chez moi en Amérique et ce malgré ces huit longs automnes passées sur le sol étranger. Après tout ce que j’ai accompli, j’suis toujours en transit prêt à rejoindre instantanément mon île ! C’te nuit, encore et malheureusement, je suis ici, accoudé. Inexorablement seul, en espérant que le bruit, le mouvement, pourront m’exténuer avant que je n’me décide finalement de m’coucher ! Mais rien n’y fait. Personne n’est là pour me soulager et j’ai la vague impression que je n’aurais pas dû céder à la facilité ! Qu’un verre de plus, de trop, pris dans un quelconque troquet ne me calmera ou m’aidera à oublier le lit froid qui fatalement patientait. Plus ou moins j’attends un dégoût particulier, une lassitude éprouvée afin de rejoindre mes pénates sans rechigner…
Là où j’pensais ne jamais devoir parler, m’expliquer ni m’exprimer, que tout à chacun me fuirait de la même manière que je m’oubliais, j’étais surpris qu’un autre s’assoit à mes côtés. Qu’il partage ce naufrage à demi voilée. Oui j’tire le diable par la queue, en croyant, naïvement, que l’pire j’l’avais déjà croisé, combattu, et qu’il avait gagné. L’enfoiré m’a tout pris. Mon honneur, mon métier. Pis elle, ma cadette d’une dizaine d’années. Depuis notre séparation l’eau avait coulé sous les ponts, le soleil s’était mille fois levé, puis couché sans que nous nous soyons contactés, rapprochés. Exactement comme si nous n’avions jamais existé…
Alors quand Hayes me demande si la vie est dure j’hausse les épaules. J’ai tellement l’habitude de ne pas la nommer, cette liaison secrète qui n’aurait jamais dû naître, de la nier. Alors j’choisis de l’éluder et lève mon verre pour trinquer. Ce qu’on fête ?! Sûrement ma détresse, mais j’étais trop fier pour l’évoquer. Heureusement mon coéquipier mentionne c’te drôle de musique, complètement imbécile qui a le pouvoir "magique" d’annihiler toutes pensées. Le refrain grotesque, le message burlesque nous ferait presque passer au rire si nous voulions nous soumettre à la désinvolture ambiante. C’était sans compter sur sa clairvoyance. Un joueur de poker ne peut qu’anticiper ! Sa question résonne encore et encore sans que je ne sache articuler. Une femme oui mais pas n’importe laquelle. Celle qui m’a fait tomber !
J’reprends une gorgée. J’dis rien, comment pourais-je avouer ?!
- Et toi personne ne t’attends?!
Gagner du temps, prévoir la prochaine manche… c’est habituellement ce que deux équipiers font !
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Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Ma question frôle l’innocence, même si je cherche réellement à comprendre les maux qui le tourmentent. Il n’y a qu’une seule et unique raison qui peut le tracasser de la sorte : une femme. Parce que c’est la même raison qui me tourmente en ce moment-même et depuis des jours. Patrick ne répond pas, mais il ne nie pas non plus, un sujet sensible sans aucun doute. J’acquiesce sans répondre, comprenant que j’ai tapé en plein dans le mil, bravo monsieur Hayes. “Je vois…” Je vois très bien même. Je souffle en arquant un sourcil, je ne savais pas qu’il fréquentait quelqu’un et à vrai dire, nous sommes tous les deux très discrets sur notre vie privée, préférant gardant notre bulle et notre jardin secret. “Il n’y a plus à rien à faire ? Tu ne veux pas te battre un peu si ça te met dans cet état ?” Patrick semble avoir le cœur lourd, une histoire qui a mal fini sans doute, alors que de mon côté, la mienne n’a pas encore commencé. Avais-je seulement envie qu’elle commence ? Je secouais la tête. Il en est hors de question, ce n’est même pas envisageable, ça ne devrait pas l’être en tout cas. Je fis tournoyer l’alcool dans mon verre avant d’en boire une gorgée, face au bar, un brin nostalgique des dernières semaines. Mon retour de Cuba date d’à peine une dizaine de jours et depuis que j’ai posé le pied sur le sol américain, depuis que nous nous sommes séparés, un immense vide a pris place dans ma vie et dans mon quotidien. Je ne comprends pas comment en une semaine, j’ai pu acquérir de nouvelles habitudes, c’est hallucinant et affreusement effrayant à la vois. Ce qui est encore plus incroyable, c’est de ne plus pouvoir me réadapter à mon ‘ancienne vie’, celle d’avant les vacances, celle où nous étions amis, où nous n’avions pas d’attentes l’un envers l’autre. Celle où il n’y avait pas d’ambiguïté, où les choses étaient plus simples... “Mon fils cadet, ça compte ?” Je réponds vaguement lorsqu’il me pose la question, choisissant de changer de sujet, pour me souvenir ensuite que Wallace m’avait prévenu qu’il ne serait pas là ce soir.
Je soupire une nouvelle fois. Je n’arrête pas de penser à ces vacances, à nos journées, à nos discussions, à nos soirées, à nos nuits. J’ai beau faire du sport, m’occuper du bar, passer du temps avec mes enfants, elle est toujours là, quelque part dans un coin de mon esprit. J’ai cette impression de la voir partout, d’entendre ses rires, de m’impatienter à chaque fois que mon téléphone vibre, espérant que son nom s’y affiche. Et là, une entre question me traverse l’esprit. Est-ce qu’elle m’attendrait, elle ? Est-ce que j’avais particulièrement envie qu’elle m’attende ? Pourquoi mes premières pensées vont forcément vers elle ? Oh bon dieu… Dans quel pétrin suis-je en train de me fourrer. Je poussais un soupir avant de reprendre une gorgée de mon whiskey. Je pensais que les tourments de mon passé militaires étaient épouvantables, ceux d’une femme le sont encore plus décidément. “Je rentre tout juste de vacances.” Je complète avec une petite moue, comme si cette petite phrase réussirait à expliquer mon état. Ses vacances à Cuba ont été exceptionnels, bien plus que je ne l’aurais imaginé. Ce qui rend le retour à la réalité encore plus violent. Je me sens vide, complètement vide et plus seul que jamais. Pourtant, il est clair qu’aucune autre issue que celle de l’amitié n’est envisageable pour nous deux, m’efforçais-je de me convaincre. “Il y a bien une femme.” Finis-je par lâcher en fermant les yeux et en rejetant ma tête en arrière, espérant que l’alcool réussisse enfin à la sortir de mes pensées.
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Sylvia Norwood (Brit Marling)
44 ans, né en plein été le 19 juillet 1980. Sa mère lui a raconté que big ben chantait lorsqu’il est arrivé.
Célibataire endurci, il porte en lui les stigmates d’une solitude pourtant consentie.
Depuis que le scandale a entaché sa notoriété, qu’elle a éclaboussé de ses embruns outragés sa probité Smith a été écarté de la chaire universitaire qu’il occupait. Abandonnant définitivement les espaces d’Hilbert et autre Sobolev, Patrick a troqué son costume (en tweed évidemment) de professeur pour devenir instituteur.
Un appartement dans le centre ville à deux pas de l'école.
❶ Je suis myope comme une taupe et ne voit rien sans mes lunettes que je porte exclusivement chez moi quand la porte est fermée. Le binoclard c'est comme ça que l'on m'a surnommé pendant toute ma scolarité. Depuis mon undergraduate en mathématiques appliquées je ne sors qu'avec une paire de lentilles que je change tous les jours de l'année.
❷ Je suis un allergique compulsif. Poussière, pollen, poils d'animaux. Si vous comptiez m'offrir un chien ou un chat pour briser ma solitude autant oublier, c'est une très mauvaise idée !
❸ Je milite à mon échelle contre le harcèlement scolaire, sensibilise mes élèves aux différences, ne supporte pas que l'on s'en prenne aux plus faibles. Je sanctionne sévèrement tous ceux qui dérogent aux règles.
❹ addicted L'odeur de la cigarette imprègne mes vêtements, mes cheveux. Je fume en prenant mon café, me couche après une dernière bouffée. Le poison m'accompagne à longueur de journée mais il n'est pas le seul à m'intoxiquer. Le gin est mon alcool préféré je m'en sers toujours un avant le dîner. La bouteille ouverte traine devant l'unique assiette et si par malheur je m'en sert un deuxième je ne sais plus m'arrêter. Seul le jeu est capable de m'y faire renoncer. Les soirs de casino la sobriété est mon meilleur allié. Compter les cartes, compter les points, ne jamais arriver à 21. Compter enfin...
❺ Je préfère la pluie au soleil, l'automne à l'été ce qui est un comble quand on a élu domicile sur la côte Californienne ♤ Si les mathématiques sont mon domaine de prédilection la littérature est une de mes passions. Enfant j'ai dévoré Arthur Conan Doyle et retourne avec une certaine délectation au 221B Baker Street comme on rentre à la maison ♤ Mélomane à mes heures perdues je joue du violon ♤ Je suis extrêmement maniaque et peux vraiment m'énerver si je ne retrouve pas un livre, un objet à la place qui lui est précisément dédiée ♤
Derrière l’air affable de Sebastian Hayes se cache un redoutable compétiteur. J’l’ai appris à mes dépends lorsque nous jouions ensemble au poker. Doté d’un sang-froid légendaire, il est imperturbable quand, derrière son jeu, il se prépare tout bonnement à écraser ses partenaires. Il vous ruine souvent, vous plume, en tirant de longues bouffées d'un cigare, dont les volutes de fumée cachent un sourire satisfait. Il se sert indubitablement de son passé de militaire… Et j’suis assis là à demander si, lors d’une discussion pour le moins routinière, tout à fait coutumière, il calcule son prochain coup, comme il joue aux cartes. S’il se contentera de répondre à ma question et d’oublier la sienne ?
Évidemment, j’m’en tirerait pas à aussi bon compte, il est dubitatif mon voisin d’comptoir, mon meilleur adversaire. Après un je vois, qui, pourrait laisser croire qu’il lâche finalement l’affaire, il attaque de nouveau à sa manière… Se battre qu’il fait ! Comme si l’amour s’apparente d’une quelconque manière à la guerre ?!
J’réfléchis, les yeux baissés. C’est moi qui l’aie quitté, moi qui suis parti, et changé par la même occasion d’hémisphère. J’ai pris mes jambes à mon cou, j’ai abandonné l’navire, traversé l’Atlantique, mis un océan entre nous comme des milliers de kilomètres. Surtout je n’ai laissé aucune adresse. Aujourd’hui encore, j’peux pas dire que j’regrette. J’espère de tout mon cœur qu’elle a compris que j’n’étais pas la meilleure option pour elle. Qu’elle méritait mieux que l’histoire scandaleuse, que je lui ai malgré-moi offerte. Mais elle me manque. Atrocement, terriblement même…
- Non, dis-je simplement, y’a plus rien à faire… Le triste constat posé, j’vide la fin d'mon gin cul sec. J’m’apprête à lever l’bras pour commander la prochaine tournée mais apparemment Hayes est plus bavard qui en à l’air. T’as d’la chance d’avoir des enfants !
Sous-entendu trop éloquent sur le fait que je ne le sois pas moi-même reproduit ! J’ai un filleul à qui je sers plus ou moins de figure paternelle, trente nouveaux gamins qui m’attendent à la rentrée prochaine. Mais je sais au fond d’moi que c’est pas pareil… aucun ne sont la chair de ma chair, le sang de mon sang, le fruit d’un amour inconditionnel. Et il n’y a qu’avec elle que j’aurais pu envisager de devenir père. Je hausse une fois de plus les épaules, et hèle finalement le barman en lui montrant nos deux verres. La même chose que j’lui demande puis reporte mon attention sur mon acolyte, lui-même perdu dans ses propres pensées. Seuls deux piliers d’bar peuvent apparemment comprendre la solitude extrême et vouloir partager leurs déboires avec le premier v’nu. Il me raconte qu’il est parti en vacances, ce à quoi je ne réponds rien. Je sens bien qu’il y autre chose derrière la simple carte postale qui lui sert de souvenirs, que ce qui va suivre ne sera pas un coin d’ciel bleu, une plage paradisiaque, où un magnifique hôtel… Ni une, ni deux il embraye. Dans l’paysage apparaît effectivement LA femme qui assombrit son horizon dénué de soleil !
- À ouais, dis-je à mon tour un sourire arqué !
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I was thinking that a life is just the history of what we give our attention to.
Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Patrick est dans un état… que je ne saurais même pas qualifier. Pas en très bon état en tout cas, c’est certain. Les indices ne trompent pas, seul un sujet, une personne peut être responsable d’une expression aussi tragique sur son visage. Je l’ai souvent côtoyé à la salle de jeu, le joueur parfait qui manque cependant un brin de confiance en lui. Ma répartie je le touche, mon côté observateur le remarque lorsqu’il baisse les yeux, peu sûr de lui. Il croule sous les regrets, difficile de ne pas le constater. Mais c’est difficile de me faire mon idée si je ne sais pas de quoi il s’agit réellement. « Qu’est-ce que tu regrettes le plus ? » ma question est assez directe, mais je préfère mettre les pieds dans le plat plutôt que de tourner autour du pot.
Je ne veux pas le forcer à parler, juste lui tendre la main et qu’il la saisisse s’il en ressent le besoin. « Je peux quand même avoir une version courte pour donner mon avis, même si tu n’en veux pas ? » je l’ai bien compris, qu’il se passerait volontiers d’une leçon de moral. Ce n’est néanmoins pas ce que je cherche à lui fournir, pas du tout même. J’aimerais au contraire lui apporter une forme de soutien, celle dont il a besoin, même s’il se persuade du contraire. « Ce n’est peut-être pas aussi foutu que tu ne le crois ? » je tente de demander, sur un ton débordant d’espoir, puisqu’il en a bien besoin. « Ce n’est jamais trop tard pour en avoir. » le rassurais-je avec un sourire en coin, au sujet des enfants.
A mon tour de me livrer, car moi-même je suis tourmenté. Que dis-je ? Je suis hanté, obsédé par une femme qui ne quitte plus mon esprit depuis des jours, des semaines, des mois peut-être ? Que je le veuille ou non, les choses ont changé entre nous, elles ont évolué, chose que je refusais catégoriquement d’accepter. Il parait surpris de ce que j’avance, son air me fit sourire bien malgré moi. « Eh ouais… » Un sourire amer sans doute, la situation n’étant pas simple, elle est en réalité hors de contrôle. Choque avec laquelle j’ai beaucoup de mal, fou de contrôle que j’étais. « Tu considères que je suis trop vieux pour ça ? » je demande en arquant un sourcil à mon tour. Je le taquine, bien évidemment, mais je ne laisse pas du tout paraître mon amusement. Je reste de marbre, histoire de le faire paniquer un peu. Il finira bien par se détendre, bien que la partie soit loin d’être gagnée sur ce terrain. Je prends une inspiration, bois quelques gorgées de ma boisson. Maintenant que j’ai commencé, que j’ai embrayé, difficile de faire machine arrière. « Une amie de longue date, des vacances ensemble…» je continue en haussant les épaules, puis soupire, les pensées un peu perdues face à la complexité de la situation qui paraîtrait sûrement simple aux yeux de certains, mais clairement pas aux miens.
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I know a lot. But I didn't see anything.
Patrick Smith
972
Dawn
Benedict Cumberbatch
ava. angemorose ♡ - sign. ice and fire
Sylvia Norwood (Brit Marling)
44 ans, né en plein été le 19 juillet 1980. Sa mère lui a raconté que big ben chantait lorsqu’il est arrivé.
Célibataire endurci, il porte en lui les stigmates d’une solitude pourtant consentie.
Depuis que le scandale a entaché sa notoriété, qu’elle a éclaboussé de ses embruns outragés sa probité Smith a été écarté de la chaire universitaire qu’il occupait. Abandonnant définitivement les espaces d’Hilbert et autre Sobolev, Patrick a troqué son costume (en tweed évidemment) de professeur pour devenir instituteur.
Un appartement dans le centre ville à deux pas de l'école.
❶ Je suis myope comme une taupe et ne voit rien sans mes lunettes que je porte exclusivement chez moi quand la porte est fermée. Le binoclard c'est comme ça que l'on m'a surnommé pendant toute ma scolarité. Depuis mon undergraduate en mathématiques appliquées je ne sors qu'avec une paire de lentilles que je change tous les jours de l'année.
❷ Je suis un allergique compulsif. Poussière, pollen, poils d'animaux. Si vous comptiez m'offrir un chien ou un chat pour briser ma solitude autant oublier, c'est une très mauvaise idée !
❸ Je milite à mon échelle contre le harcèlement scolaire, sensibilise mes élèves aux différences, ne supporte pas que l'on s'en prenne aux plus faibles. Je sanctionne sévèrement tous ceux qui dérogent aux règles.
❹ addicted L'odeur de la cigarette imprègne mes vêtements, mes cheveux. Je fume en prenant mon café, me couche après une dernière bouffée. Le poison m'accompagne à longueur de journée mais il n'est pas le seul à m'intoxiquer. Le gin est mon alcool préféré je m'en sers toujours un avant le dîner. La bouteille ouverte traine devant l'unique assiette et si par malheur je m'en sert un deuxième je ne sais plus m'arrêter. Seul le jeu est capable de m'y faire renoncer. Les soirs de casino la sobriété est mon meilleur allié. Compter les cartes, compter les points, ne jamais arriver à 21. Compter enfin...
❺ Je préfère la pluie au soleil, l'automne à l'été ce qui est un comble quand on a élu domicile sur la côte Californienne ♤ Si les mathématiques sont mon domaine de prédilection la littérature est une de mes passions. Enfant j'ai dévoré Arthur Conan Doyle et retourne avec une certaine délectation au 221B Baker Street comme on rentre à la maison ♤ Mélomane à mes heures perdues je joue du violon ♤ Je suis extrêmement maniaque et peux vraiment m'énerver si je ne retrouve pas un livre, un objet à la place qui lui est précisément dédiée ♤
Les années ont passées depuis mon installation en Amérique et ça m’fait toujours aussi mal d’y penser. De l’évoquer. Je n’ai toujours pas compris comment ça m’était tombé dessus, ni comment mon existence jusqu’alors tranquille allait être chamboulée par c’te coup d’coeur, cette erreur, car c’en fut bien une puisque notre couple a été largement désapprouvé. Elle était étudiante et moi professeur. Point. L’histoire était d’avance condamnée… Quant à savoir ce que je regrette le plus difficile de trancher !
J’y réfléchis vaguement en observant le barman qui attrape nos verres. "Double dose" que j’lui fait en sortant de mon portefeuille un autre billet. C’est le prix à payer des gins bien frappés pour que je puisse enrayer la culpabilité, et peut-être que ma langue va s’délier ?! Je reste néanmoins persuadé qu’il n’y a rien de bon à faire état du passé. J’ai eu beau refaire mille et une fois le schéma complexe de notre relation, c’est moi qui aies merdé. J’étais l’adulte responsable, le garant de notre probité, un représentant moral de l’université. Mais j’ai agi comme un jeune puceau écervelé.
- C’était il y a huit ans… que j’commence prudemment, comme pour souligner ma stupidité, mon incapacité à tourner la dernière page d’une vieille légende oubliée ! J’enseignais les mathématiques à l’université Impérial de Londres… Elle… elle étudiait la littérature… Je désaltère mon irresponsabilité à grand coup de gorgées. J’suis sûr que t’as déjà compris c’qui s’est passé…putain ça se boit comme du p’tit lait !Bref j’ai démissionné pis j’me suis barré…
J’me doutais que parler d’Eli raviverait des blessures mal cicatrisées. L’alcool pourtant fait sauter mon inhibition innée, je continue sur ma lancée…
- Tu m’as demandé ce que je regrette le plus… Tout, j’regrette absolument tout ! D’l’avoir croisé, d’lui avoir parlé puis un jour de l’avoir embrassé… Si seulement j’avais pu m’arrêter mais non j’ai continué, encore et encore jusqu’à ce que s’fasse gauler. Pour couronner l’tout j’l’ai quitté comme un salaud en lui faisant croire que j’m’en foutais… alors qu’il ne s’est pas passé depuis une putain journée sans que j’pense à elle… ça n’s’arrête jamais ! Mon enfer ressemble à une jeune fille aux cheveux couleurs de blés, à un sourire figé que le temps n’a pas altérés. Tu vois bien que c’est mort, j’suis carrément foutu ! Quant aux gamins… j’me contente de ceux à qui j’fais classe !
J’ai vidé mon sac, c’est à son tour de parler. Lui aussi noie le poisson en me demandant s’il est trop vieux pour aimer. Ça m’fait marrer. Tant que les deux parties sont consentantes j’vois vraiment pas le problème à soulever. Surtout qu’il a quoi mon compère, tout au plus une dizaine d’années de plus que moi ?! Ca n'fait pas de lui un grabataire, loin de là !
- Une amie tu m’en diras tant ! Je m’esclaffe le nez dans mon verre presque terminé. Des vacances hein… Ça devait être romantique les couchés de soleil… ensemble !
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I was thinking that a life is just the history of what we give our attention to.
Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Enfin, il se livre aux confidences. Je l’écoute attentivement, il a donc été professeur de mathématiques à Londres. Dans une autre vie, il faut croire. Je comprends mieux son accent british qu’il peine à dissimuler. Avec une étudiante. Il y a huit ans et n’a toujours pas tourné la page. Seigneur… Même après tout ce temps, il en parle avec nostalgie, ce qui veut bien dire à quel point il est toujours mordu. “L’université… Elle devait donc à minima être majeure” Premier constat monsieur Hayes, mais je voulais tout de même m’en assurer à voix haute. La différence d’âge devait certainement être significative, sûrement le point bloquant de cette histoire alors que de mon point de vue, je ne comprends toujours pas où est le problème. “Elle a quel âge ?!” je me permets de demander, pointant du doigt ce qui le chiffonne.
Lorsqu’il parle de s’être ‘barré’, j’écarquille les yeux. “Alors ça, je n’étais clairement pas prêt.” Lui avouais-je alors en toute honnêteté. Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux alors qu'il continue son récit, alors qu'il continue à me lâcher des bombes, plutôt. Je m’étais levé pour faire les cent pas, un moyen efficace de mon côté pour mettre de l’ordre dans mes pensées, mais à présent, j’avais besoin d’un pied à terre. Je m’installais face à Patrick qui semblait perdu et bu quelques gorgées de ma boisson avant de la reposer. Je pense avoir enfin retrouvé mes esprits, et à cet instant, une phrase qu’il a prononcée fait tilt dans mon esprit. “Comment ça sans rien dire ? Tu t’es juste… Barré ?” Pas sûr de suivre, pas sûr de comprendre, je prends une inspiration, reprenant un peu à boire avant de finalement lâcher sans aucune finesse. “Mais tu es un crétin de ce genre-là, toi ?” soufflais-je avec une retenue considérable de ne pas lui mettre une tape derrière la tête.
J’écoute attentivement la suite. Il a beaucoup de regrets ce jeune homme et pourtant, je n’ai pas l’impression qu’il fasse grand-chose pour y remédier. Le plus naturellement du monde, je lui pose la plus innocente des questions. “Je ne vois pas en quoi c’est mort. Pourquoi tu ne l’appelles pas ?” Mes conseils sont parfois beaucoup trop sages pour les oreilles qui ne sont pas prêtes à les entendre. “Même après tout ce temps, appelle là. Prends des nouvelles. Reprends contacte.” En tout cas, cette jeune femme semble l’avoir sorti de sa zone de confort, elle l’a complètement chamboulé et il semble très, mais alors très attaché à elle. Il ne s’en rend pas encore suffisamment compte, je ne me priverais pas de lui ouvrir les yeux.
Il n’en loupe pas une pour me retourner les questions, je lève les yeux au ciel, sourire en coin, me demandant quelle tournure devra prendre ma réponse. “Très romantique, je te le confirme.” Répondis-je avec plein de malice. Je bus une gorgée d’alcool qui me brule la gorge. “Suffisamment du moins, pour lever certaines barrière et franchir des limites.” Ma réponse est je le pense, assez clair pour décrire ce qui s’est passé à Cuba.
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Patrick Smith
972
Dawn
Benedict Cumberbatch
ava. angemorose ♡ - sign. ice and fire
Sylvia Norwood (Brit Marling)
44 ans, né en plein été le 19 juillet 1980. Sa mère lui a raconté que big ben chantait lorsqu’il est arrivé.
Célibataire endurci, il porte en lui les stigmates d’une solitude pourtant consentie.
Depuis que le scandale a entaché sa notoriété, qu’elle a éclaboussé de ses embruns outragés sa probité Smith a été écarté de la chaire universitaire qu’il occupait. Abandonnant définitivement les espaces d’Hilbert et autre Sobolev, Patrick a troqué son costume (en tweed évidemment) de professeur pour devenir instituteur.
Un appartement dans le centre ville à deux pas de l'école.
❶ Je suis myope comme une taupe et ne voit rien sans mes lunettes que je porte exclusivement chez moi quand la porte est fermée. Le binoclard c'est comme ça que l'on m'a surnommé pendant toute ma scolarité. Depuis mon undergraduate en mathématiques appliquées je ne sors qu'avec une paire de lentilles que je change tous les jours de l'année.
❷ Je suis un allergique compulsif. Poussière, pollen, poils d'animaux. Si vous comptiez m'offrir un chien ou un chat pour briser ma solitude autant oublier, c'est une très mauvaise idée !
❸ Je milite à mon échelle contre le harcèlement scolaire, sensibilise mes élèves aux différences, ne supporte pas que l'on s'en prenne aux plus faibles. Je sanctionne sévèrement tous ceux qui dérogent aux règles.
❹ addicted L'odeur de la cigarette imprègne mes vêtements, mes cheveux. Je fume en prenant mon café, me couche après une dernière bouffée. Le poison m'accompagne à longueur de journée mais il n'est pas le seul à m'intoxiquer. Le gin est mon alcool préféré je m'en sers toujours un avant le dîner. La bouteille ouverte traine devant l'unique assiette et si par malheur je m'en sert un deuxième je ne sais plus m'arrêter. Seul le jeu est capable de m'y faire renoncer. Les soirs de casino la sobriété est mon meilleur allié. Compter les cartes, compter les points, ne jamais arriver à 21. Compter enfin...
❺ Je préfère la pluie au soleil, l'automne à l'été ce qui est un comble quand on a élu domicile sur la côte Californienne ♤ Si les mathématiques sont mon domaine de prédilection la littérature est une de mes passions. Enfant j'ai dévoré Arthur Conan Doyle et retourne avec une certaine délectation au 221B Baker Street comme on rentre à la maison ♤ Mélomane à mes heures perdues je joue du violon ♤ Je suis extrêmement maniaque et peux vraiment m'énerver si je ne retrouve pas un livre, un objet à la place qui lui est précisément dédiée ♤
Mon récit terminé, comme mon verre soit-dit en passant, je fais de nouveau signe au barman pour qu’il nous donne, encore, un peu de courage à avaler. J’aimerai me sentir tel un Ron Weasley, qui croit gober une potion de confiance avant de jouer son meilleur match de quidditch, mais je ne suis que Patrick Smith pas même éméché après deux gins, liquéfié au souvenir d’Eli… Non, toujours pas la moindre once d’une quelconque gaieté, par contre un mal de crâne qui commence à tambouriner entre mes tempes. Je ferme les yeux et masse du bout des doigts entre mon front et mes pommettes en espérant y voir plus clair… seul s’impose son visage dans le brouillard de mon esprit, avant de ne s’effacer petit à petit. Bref, un instant de répit avant les questions embarrassantes !
- Franchement, tu m’prends pour qui Hayes ! Tu crois vraiment que je puisse m’intéresser aux gamines ! Dis-je en le regardant soudain courroucé. Tu m’écoutes quand j’te parle, c’était il y a huit ans, j’en avais 36 et elle 25 ! Je me rends compte que je beugle et que tout le monde autour de moi doit être au courant de ma vie sentimentale à commencer par le dealer qui se cache derrière le bar. Il me regarde dubitatif avant de s’éloigner en jetant négligemment sur une épaule, son torchon taché. Je sais, une décennie nous ont séparés, que j’reprends plus doucement, elle a fêté sa trente-troisième année en mars dernier…
Ni une ni deux, je vois effaré mon copain d’comptoir s’lever, faire les cent pas derrière moi. Il doit sans doute réfléchir à une solution pour nous réunir… comme si je ne l’avais pas fait un milliard de fois, comme si je n’avais pas étudié la plus infime des possibilités pour la serrer un jour prochain ses bras ! Je le laisse à ses spéculations et retourne à ma boisson mais le bougre, lui, demande encore plus d’explications !
- Mais non Sebastian, j’me suis pas juste barré… Je l’ai quitté en bonne et due forme comme un gentleman l’aurait fait ! Je suis avant tout bien élevé et quoique mon passeport indique un pur produit britannique. Un homme digne de ce nom ne disparaît pas sans donner de raisons. Les miennes n’étaient pas les bonnes et là il marque un point. Évidemment que j’suis un crétin !
- Tu n’comprends pas… si j’l’ai quitté c’est par amour. Elle méritait mieux que ce que j’avais à lui offrir… Cette histoire cachée aux yeux de tous. J’espère qu’aujourd’hui elle est heureuse et pour rien au monde je ne me permettrai de briser encore son monde… Cherche pas il n’y a pas de solutions… je n’aurais pas de couché de soleil Cubain ! Mais assez parlé d’tout ça, vend moi du rêve par procuration… Un regard imbibé, j’lui demande avec un sourire niais ! Raconte-moi plutôt quelles limites tu as franchi avec ta dulcinée ?!
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Célibataire, divorcé de sa femme, la mère de ses enfants depuis des années. Malgré ce qu’il tente de se convaincre, son cœur bat pour une amie chère à ses yeux.
Il a été militaire pendant de très longues années avant de se tourner vers autre chose. Il a fondé le bar familiale Hayes'Bar qu'il gère depuis des années.
Il vit dans la maison familiale Hayes, qu'il surnomme la Casa de l'amour. Il y a vu ses enfants grandir. Il l'a toutefois rénové il y a quelques années, pour se créer de nouveaux souvenirs. Un parfait mélange entre charme de l’ancien et contemporain.
ses enfants sont ce qu'il a de plus précieux au monde + ne commence jamais une journée sans son café, il en prends un autre au cours de la matinée et un thé après le déjeuner et après le dîner + il entretien une bonne activité sportive malgré son âge, il fait de la course à pied et parfois du baseball + il a toujours aimé la musique, il joue du violon depuis qu'il est enfant et il chante aussi parfois, seulement avec les personnes qui le mettent à l'aise, il a une très jolie voix et a transmis ce don à sa fille + le poker est bien plus qu'une passion, il a failli être une dépendance, heureusement, il est resté uniquement un passe-temps + il a un chat appelé Berlioz + il écoute de la musique classique pour se détendre + il fait encore quelques cauchemars de ses années à l'armée, malgré le temps qui est passé + c'est un homme qui aime toujours prendre soin de lui, ne sort jamais sans une chemise non repassée ou décoiffé + il a une moto qu'il ne laisse personne toucher, une Delahaye 135, une voiture de collection qu'il chérit et un mini van dans lequel il sortait ses enfants et qu'il garde comme souvenir.
Les verres s’enchainent, Patrick vide le sien beaucoup trop rapidement à mon goût, mais j’imagine que replonger dans son passé doit être bien douloureux. J’essaye de suivre, voyant à son visage à quel point il est mal en point. Il n’est pas passé à autre chose, bien sûr que non, ce serait trop facile sinon. Il s’emballe lorsque je remarque à voix haute qu’elle est majeure, s’emportant même légèrement. Lui qui d’habitude est si discret. Il avait 36 ans et elle 25 ans, bien compris, par contre ce que je ne comprends pas… « Elle était donc suffisamment mature pour savoir ce qu’elle veut ! » enfin je pense, bien que 25 ans reste tout de même assez jeune.
Je reste perplexe face à ses explications, Patrick semble à la fois confus et peu sûr de lui. Comme s’il était nostalgique du passé, mais à la fois avec le besoin de tourner la page et avancer. Il ne s’est pas juste barré, ouf, s’il pense pouvoir me rassurer. Je lève les yeux au ciel et soupire. « Ah oui d’accord, ça change tout, monsieur le gentleman. » je fais signe au serveur pour avoir à mon tour un second verre, j’en bois une première gorgée et le repose sur le bar avant de… Plus fort que moi, la petite tape part à l’arrière de sa tête en secouant la mienne. « Crétin va. » Il n’a pas pris assez de recul sur le moment et a agit tête baissée. Je me tourne vers lui, impatient d’entendre la suite.
Par amour, bien sûr. On en fait des choses par amour, des belles bêtises et je constate qu’il en a fait une bien grosse. Je comprends son raisonnement, mais, ce n’est pas suffisant. « Epargne moi tes discours à deux balles. Pas à moi, Smith. Si tu l’as quitté, c’est parce que tu avais beaucoup à perdre et que tu n’étais sûrement pas assez courageux pour te battre et prendre ces risques. » je continue en buvant de nouveau quelques gorgées. Je regarde mon ami du coin de l’œil et comprend que je suis peut-être allé un peu fort. On m’a souvent dit de prendre des pincettes. « M’enfin bon. » Ce qui est fait est fait, le passé ne peut pas être changé, malheureusement. « Et toi, tu es heureux aujourd’hui ? » je demande quand même, alors que la réponse est sous mes yeux. « Aucune qui te fait de l’œil à l’école ? Un instit’ avec un accent british, j’imagine que ça doit en faire chavirer des cœurs. » je conclue avec un sourire amusé en coin.
Mais il n’en a pas fini avec moi non plus, demandant plus de détails quant à ma situation. « A ton avis, quelles limites ? Tu veux un dessin ? » je soufflais en roulant des yeux. « Je ne peux pas t’en dire plus au risque de te choquer. » je dis avec un sourire. « Une décennie nous sépare, et honnêtement, je ne le vis pas trop mal. » contrairement à lui.